Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-10-04
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 04 octobre 1864 04 octobre 1864
Description : 1864/10/04 (Numéro 278). 1864/10/04 (Numéro 278).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
49' ANNEE.—M.. $78»
ABONNUJIENS DES DÉPARTE5IENS.
BUREAÇX^A I : nl&dg Valois (ftdals-Kpyai), ni iOj t *f
MARDI 4 OCTOBRE 1864«
trois Mpis ai ;ï.«'r*i% 48 fr.
six mois . •.ï:?r;rr.ï 32 fr.
1 i3n ak .....'....r..r. 64 fr.
p ira iïs pats étbangers , voir le tableau
publié les S et 20 de chaque mois.
imp. I» BONIFACE, r. des Bons-Enfans, 19.
^JOURNAL POLITIQUE, LITTERAIRE, UNIVERSEL.
trois môis..^i^v2 13 fr.
. .six mpis^...t;.ïvï:i.;^ 26 fr.
' ■ un an;;ô^v.v^ • s2 fr:
; 'US .UUMÉRO CENTIMES.
, s -, , ■»' ... . '•
&P3 aboimeiiens datent des 1'; et le
■ j}e cbaq^e mois. - ;
Le ino.de d'abonnement I& plus simple est l'envol d'un bon de poste ou d'un efiei J
Isur P^iis, à l'ordre de L'ADsiiNisxRATEra du journal, rue de Valois, ii'10. 1
Lei îetffêt ou envoi» dargent non affranchis soHt refutk.
Les articles déposés ne sont pas rendu?»
I ! Les Annonces sont reçues chez M. Pasis , rue Notre-Dame-des- Vict{)lreSj u*
1 ! - ^ " (place dè la Bourse). • - ; .
PARIS, 3 OCTOBRE.
"Nous publions aujourd'hui, d'après fe
Moniteur, la dépêche que S. Exc, M. le mi
nistre des affaires étrangères a adressée^
à la date du 12 septembr e, à l'ambassadeur
de Franceà Rome. Nousn'avons pas besoin
d'insister sur la haute importance de ce
document qui expose avec autant de clar
té que d'élévation, avec autant de mode-?
ration que de logique, la politique adop
tée par le gouvernement de l'Empereur
dans la question italienne. Après la lec
ture de la dépêche ; de M. Drouyn de
Lhuys il lie saurait plus subsister de doute
sur les sentimens qui ont inspiré la con
vention récemment conclue avec le royau
me d'Italie. "
La presse italienne continue à se -mon
trer sympathique aux arrangemens inter
venus entre le gouvernement français et
-le gouvernement - italien. Presque tous
. les hommes notables du Parlement pro
mettent leur appui au ministère La Mar-
inora.
M. Ricasoli, de retour à Florence, a réur
-ni chez lui un grand nombre de ses amis
politiques, pour leur exposer la situation
et pour leur déclarer qu 'après les explica
tions si franches de M. de La Marmora il
était décidé à seconder la politique du
nouveau ministère. ,
VOpinione émet le vœu que le prochain
Parlement soit encore réuni à Turin. Cette
feuille est convaincue que Turin saisira
cette occasion pour donner une preuve
éclatante de sa modération et da sa sa
gesse. « Que le Parlement, dit VOpinio-
» neait confiance en Turin , et Tlîrin,
a montrera, par son attitude calme et .sal
age, qu'elle n'est pas uiie ville favorable
» aux propagateurs de scandale et aux fau-
» teurs de désordres, mais qu'elle est tou-
» jours la Turin dè Géaar Balbo, de Vin-
» cent Gioberti, de Massimo d'Azeglio et,
» de Camille de Gavour..» . ,
' Plusieurs journaux de la Péninsule an
noncent qu'en vue de la translation de la'
capitale^ à- Florence, les fortifications de.
cette ville seront considérablement accrues,
et aftnées. . . . -
Les journaux devienne discutent a per-,
te de vue slir'la convention du 13: septem
bre dont* ils avouent toutefois ne pas con
naître le texte.. Ce texte, disentils, n'aurait
même ,pas été communiqué au cabinet au-,
trichien, et tout se bornerait jusqu'ici à.
dés explications données de vive voix'par
KL le duc de.Gramont. -Quant à lavisite de
lord Glarendonj presque toutes.les feuilles
de vienne la rattachent à la question ita
lienne, tout eîi.se prononçant; d'une.façon,
tout à fait contradictoire. sur ; la politique
présumée du cabinet britannique.
L'es plénipotentiaires à Ja'conférence de
Vienne travaillent activement à la conclu
sion de la paix, et, malgré ..quelques inci--
dens, de- peu d'imp,o,rtançp,;On considère
une solution comme, prochaine. jiLes. re-,
pïésëiitans du > Danemark,' suivant la Ga
zette autrichienne, se; seraient plaints auprès
de leur gouvernement de l'attitude jd.e la
presse' de; Copenhague qui, en provoquant
de sténles agitations, dans le,.Nord-Sies-
wig, ne ferait qu'entraver.là,tâche.dfiià. ,si
ardue des plénipotentiaires,Au jeste^eette
agitation, à l'heure qu'il est, a à peu près
cessé, et tout porte, à croire que les hosti
lités ne seront pas reprises entre le Dane
mark et l'Allemagne. Dans les duchés, en
partipulier, on attend avec impatience la
signature de la paix qui seule pourrait
mettre fin à un provisoire devenu intolé
rable.'
L'époque de la convocation des Cham
bres prussiennes n'est pas encore fixée.
Une décision à cet égard ne sera prise qu'aù
retour du roi de Bade, c'est-à-dire vers le
milieu d'octobre. Les organes ministériels
de Berlin ne croient pas à une réconcilia
tion entre lè ministère et la majorité, mais
ils déclarent que le gouvernement laissera
dire l'oppesition sans s'écarter de la voie
suivie jusqu'ici.
Les journaux de Madrid rendent compte
de l'arrivée de la reine-mère et constatent
la grande cordialité qui a présidé à l'en
trevue des deux reines, après une si lon
gue et douloureuse séparation.
; Le Moniteur publie ce matin un rapport
du ministre de la guerre, relatif à la di
minution de la mortalité dans l'armée.
Ce rapport fait ressortir d'une manière
irréfragable les heur eu^' : effets^ delà ■ loi
de là dotation de l'armée qui, en adon
nant plus de solidité à nos forces militaires
et en constituant la carrière du soldat,
présente en outre les résultats les plus
favorables au point de vue sanitaire de
l'arméç.
édodabdsimon.
Un. journal de Turin, cité par une feuille
française,' annonce que « des négociations
» diplomatiques vont être ouvertes avec la
» France afin d'obtenir à la convention du
» 15 septembre des modifications dont: la
» principale portèrait que la translation
« de'la capitale n'aurait lieu qu'après le
» départ de Rome du. dernier soldat fran-
» çais. »
Cette information est erronée. Ce qui a
déterminé le gouvernement français àen-
trer dans des pourparlers'tepdant à l'éya-
cuation par nos troupes du territoire pbn--
tifical, c'est la déclaration',dty'Cabinefde
Turin que, par "des considérations politi
ques, administratives; et stratégiques, il
était résolu à transférer la capitale du
royaume d'Italie à Florence." Cette trans
lation étant -le -motif déterminant des né
gociations etla. principale, ; .condition du
rappel de notre corps d'armée,doit précé
der,et nonsuivre l'exécution de cette der
nière mesure. "i
■ ,r. ... l. boniface. ;
Le ministre des affairés étrangères a
adressé^ par, ordre de l'Empereur, à S'. Exc."'
M.-'leicoiùt© de Sartiçes, ambassadeur Ûe
France, à. Rome, la dépêche suivante :
- r - Paris, le. 12 septembre1864.
Monsieur le comte, la position que nous oc
cupons à Rome est, depuis longtemps 'déjà, le
sujet Qè^' plus sérieuses . préoccupations- du
gouvernement de.rEmpereur.' Les circo'nstan-,,
ces "nous ont paru favorables "pour "examiner'
dé nouveau l'état réel; des jchoges^efe npus/.
croyons utile de Communiquer au Saint-Siège
le résultat de nos réâexionsi
" Je n'ai pas besoin de rappeler les considéra-;
lions qui ont conduit à Rome le drapeau dé
la France et qui nous ont déterminés à 1 y
maintenir jusqu'ici. Nous étions résolus à ne
point abandonner ce poste d'honneur tant que
le but" de Inoccupation ne serait pas atteint.
Cependant nous n'avons jamais pensé que cet-'
te situation dût être permanente 5 toujours
nous l'avons considérée GÔmme anormale et
temporaire. C'est dans ces termes que le pre
mier plénipotentiaire de l'Empereur au con
grès de Paris la caractérisait il y a huit ans. il
ajoutait, conformément aux ordres de Sa Ma
jesté, que nous appelions de tous nos vpeux le
moment où nous pourrions retirer nos troupes
de Rome sans. compromettre la tranquillité
intérieure du pays et l'autorité ' du gouvernei
ment pontifical. Eh toute occasion nous avons,
renouvelé les mêmes déclarations.
Au commencement de 18S9, le Saint-Père
avait fait de son côté la proposition de fixer à
la fin de cette année l'évacuation du territoire
gardé par nos troupes. La guerre qui éclata
alors en Italie ayant décidé l'Empereur à re
noncer à leur rappel, la même pensée fut re
prise aussitôt que les évènemens parurent au
toriser l'espoir que le gouvernement pontifical
serait en mesure de pourvoir à sa sûreté avec
ses propres forces. De là l'entente établie eh
1860, et en vertu de laquelle, le départ des
troupes françaises devait être effectué au mois
d'août. Let agitations qui survinrent à,la mô
me époque empêchèrent encore une fois l'exé
cution d'une mesure'que le Saint-Siège dési
rait comme nous. Mais le gouvernement de
l'Empereur n'en a pas moins continué de voir
dans la présence de nos troupes àRome un "fait
exceptionnel et passager, auquel, dans un in
térêt mutuel, nous devions, mettre' un ' terrfae
dès que la-sureté et l'indépendance du Saint-
Siège seraient à l'abri de nouveaux périls! • ■'
Combien de raisons, en effet, n'avons-nous
pas de souhaiter que l'occupation ne se pro
longe pas indéfiniment? Elle constitue un ac->
le d'intervention contraire à l'un des princi-'
pes fondamentaux - de notre dreit public et
d'autant plus difficile à justifier pour nous
que notre but, en prêtant au Piémont l'appui
de nos armes, a été d'affranchir l'Italie ■ de
l'intervention étrangère. -t
Cette situation s, -en 'outre, pour conséquen
ce de placer face à facej-sur lo même terrain;
deux souveraineté? ' distinctes et : d'être ainsi 1
fréquemment une cause de difficultés graves.'
La nature des choses est plus forte- ici • que le'
bon vouloir des ho'mmes. De 'nombreuses' mu
tations ont eu lièu dans le commandement
supérieur de l ! armée française, et les mêmes
dissentimens, les mêmes conflits de juridic-;
tion se sont reproduits, à toutes les époques,/
entre nos généraux en chef, dont le premier'
devoir est évidemment de veiller à la sécurité-
de leur, armée, et les réprésentans de l'autori
té pontificale; jaloux de- maintenir 'dans les
actes d'administration intérieure l'indépen-'
dance du souverain territorial/ ' ' •'
;A ces- inconvéniens'ihévitables que lës-agens
français les p'iiis;! sincèrement* dévoués au'
Saint-Sièg-e. ne 'sdnt pas parvenus â écarter,-
viennent se joindre ceux qui -résultent fatale
ment de la différence des points de vue politi
ques. Les deux gôuvernemens n'obéissent pas'
aux mêmes inspirations et ne procèdent pas-
d'après les même'a priocipes. Notre conscience,
nous.oblige, trop souvent à donner des con-"
seils que trop souvent- aussi «elle de la cour do,
R'ome.croît devoir décliner. Si notre insistance'
prenait un caractère trop marqué, nous sem-
blerions abuser 1 de là force de notre position,"
et, dans ce cas,Me gouvernement pontifical.,
perdrait devant ïopinion ■ publique, le mé- "
rite des Tésolutions les plus sages. D'antres'î
part, en 'assistant à des actes en désaccord-
avec notre état' social et -avec 'les^ 'maximes*
de notre législation, 1 nous échappons diffi
cilement à la responsabilité d'une^ politique-
que nous ne saurions approuver. Le: Sainte
Siège, en raison de sa nature propre* a ses co
des et son droit particuliers, qui, dans bien
dés-occasions, sa trouvent malheureusement
■en opposition avec les idées de ce temps. Eloi
gnés de Rome, nous regretterions certaine
ment encore de le voir en faire l'application
rigoureuse; et, -guidés parun~ dévoftment fl-~
liai, nous ne croirions pas sans doute pouvoir/
garder le sllsnce quand .des faits? semblables"
viendraient donner-des ; prétextes aux accusa
tions de ses adversaires^ mais notre présence
i-Eame, qui nou^ crée à cet éga?d des obliga
tions plus impérieuses^ rend aussi; dans ces
circonstances, les rapports des deux gouverne*
méns plus délicats et met davantage en cause
leurs susceptibilités récipi'ôçtufeâ. ' . '
Si manifestes que soient ces inconvéniens,
nous avons tenu à ne pas nous laisser détour
ner de la mission que noûs ; avions acceptée.
Le Saint-Père n'avait pas d'armée pour proté
ger son autorité à l'intérieur contre les projets
du parti révolutionnaire, et, d'un autre côté,'
les dispositions les plus inquiétantes régnaient
dans la Péninsule au sujet de la possession de.
Rome, que le gouvernement italien lui-même
par la bouche-dès ministres dans le Parle
ment, aussi bien que par les communications
diplomatiques, réclamait comme, la capitale
de l'Italie. Tant.. que ces vues occupaient la
pensée du cabinet de Turin, nous devions'
craindre que , si nos troupes étaient rap
pelées, le territoire du Saint-Siège ne fût ex-
posé'à des attaques que le gouvernement pon
tifical n'aurait pas été en mesure de repous
ser. Nous avons voulu lui conserver notre ap-,
pui armé jusqu'à ce que le danger de ces en-
trainemens irréfléchis nous parût écarté.
Nous sommes frappés aujourd'hui, Monsieur
le comte, des heureux changemens qui se ma-'
nifestent, sous ce rapport, dans la situation
. générale de la Péninsule. Le gouvernement
italien s'efforce, depuis .deux ans, de faire dis
paraître les derniers débris de ces associations
redoutables qui,' à la-faveur des circonstances,
gâtaient formées-en dehors de son action, et
dont les projets étaient principalement dirigés
contre Rome. Après les. avoir cembattues ou
vertement, il est parvenu à les. dissoudre; et,
chaque fois qu'elles ont" essayé de se re-
. constituer, il a faeilement déjoué leurs corn*
plots. .
Ce gouvernement ne s'est: pas borné à empê
cher qu'aucune force irrégulière ne pût s'orga
niser sur son territoire pour attaquer les pro
vinces placées sous la souveraineté pontificale,
il a donné à sa politique envers le Saint-Siège
une attitude plus en harmonie avec ses devoirs-
internationaux. Il a cessé de mettre en avant
dans les Chambres le programme absolu qui
proclamait Rome capitale de l'Italie, et de nous
adresser à ce sujet des déclarations péremp-
toires auparavant si fréquentes. D'autres idées
se sont fait place dans les meilleurs esprits et.
tendent de. plus en plus à prévaloir; Renon-'
çant à poursuivre par la force la réalisation
d'un projet auquel nous étions résolus de nous
- opposer, et ne pouvant, d'autre part, mainte
nir à Turin, lé 'siège d'une autorité dont la
présence'est nécessaire- sur un point plus cen
tral du nouvel 'Etat, le cabinet de Turin aurait
lui-même l'intention de transporter sj, capi
tale dans une autre ville. ■ . , ■
" A nos yeuxMonsieur le comte, cette éven^"
tualité est ,d'une importance majeure 'pour le
Saint-Siège comme • pour, le gouvernement de
l'Empereur ; car,- en se réalisant, elle' consti
tuerait une situation nouvelle qui n'offrirait'
plus les. mêmes ? dangers. Après* avoir vpbtènti 1
dé l'Italie les garanties que nous croirions de-'
voir stipuler en faveùr du Saint-Siè^e contre;
les attaques extérieures y il ne nous resterait
• plus qu'à- aider le gouvernement pontifical à
former une armée assez bien organisée et as-'
■ sez nombreuse pôur ;faire respecter son au-'
torité-à l'intérieur, -Il nous trouverait dis
posés. à'i'etf'seconder, fe -recrutement de torçt-
notre pouvoir; 'Ses ressources-actuelles, nous
le- savons , ■ ne lui permettraient pas de sub
venir à l'entretièn d'un effectif considéra-i
bl'e ;"rafe'îs - des arrangémens* à prendre dé
chargeraient le'-Saint-Siège d'une partie'de la
dette-ifont il a cru de sa-dignité de continuer
jusqù ; ici à'se/vir les intérêts; Rentré ainsi en-
possession de sommes importantes^ défendu au
dedans par une armée dévouée, protégé au de
hors par lesengagemens que nous aurions de
mandés & l'Italie, -le gouvernement pontifical
se retrouverait-placé dans des conditions qui,'
en assurant son indépendance et ça sécurité,■
nous permettraient'd ? assignèr un terme à la
présence de'nos, troupes dans- les' Etats-Ro
mains. Ainsi se : vérifieraient ces paroles adres-
sées pâr l'Empereur'au roi d'Italie dans une
lettre du 12 juillet '1861 : Je laisserai mes
troupes; à Rome tant que Votre 1 Majesté ne
' sera pas réconciliée avec le Pape, on que le ;
Saint-Pèfe sera menacé de voir les Etats qui
lui restent envahis par une force régulière ou-
irrégulière.» 1 • ■ ■ -
^Telles sont, monsieur le comte, les observa
tions :que noua 1 suggère un examen-'attentif et
consciencieux dès 'circonstances actuelles, et
dont le gouvernement ' de l'Empéifêfiïr" croit
opportun de faire part à la cour de R^me. Le
Safnt-Siège appelle; certainement comme nous,
de ses vœux les plds sincères le mouent oft la'
protection de nos armes-ne serait plus néces
saire à sa sûreté, et où il pourrait, sans péril
pour les grands Intérêts qu'il représente, ren-
içer dans la situation normale d'un gouverne
ment indépendant. Nous. avoas donc'la con
fiance qu'il rendra pleine justice.aux sentir
mens qui nous guident , et c'est dans, eette
persuasion que je vous autorise à appeler l'at
tention dù' cardinal Antonelli sur les. considé
rations que je vièns de vous exposer.
Vous pouvez donner à Son Ëminenee lecturs
de cette dépêche. .
Agréez, etc. brôuyn de lhuys.
. TELEGRAPHIE PRIVEE.
. ■; .. , ■■ ■. ■ : . Stockholm, 2 octobre. •
. Le départ du ■ prihc.e et de la princesse de
Galles pour Copenhague a été ajourné à mardi
prochain. Le prince Oscar accompagnera Leurs
i Altesses. , • - -
Voici les dépêches que nous recevons ce
soir : • r ■ ■ " .*■. '■ •
• Sùnderland, 3 octobre.: «
Un banquet fraternel a- été donné par la vil-
j le de Sùnderland aux équipages des navires
(français et anglais. Des démonstrations cha-
i leureuses ont eu lieu à" cette occasion'en fa-
; veur de l'alliance de la' France etr de l'Angle-,
i terre. Les toasts à- la suinté de la reine, de
: l'Empereur èt de l'Impératrice "ont été accueil-'
lis-par-desapplau disse mens enthousiastes. La
ville est en fête et pavoisée. - r o
Francfort, 3 octobre.
Le journal, les Deux-Mondes annonce que
l'Impératrice Eugénie quitte demain Schwal-
bach et qu'elle se rend à Bade par Wiesbaden
et. Francfort. - , ; r
' Vienne, 3 octobre..
Le gouvernement danois, refusant d'admet
tre les duchés au partage de l'actif de la mo
narchie, la conférence a commencé sps délibé-,
rations sur la fixation d'une somme à payer
par le Danemark pour liquider les "demandes
' des duchés. ( Hnvas-Mllier.)
COURS DE LA BOURSE.
cours de clotubb le 30 le 1 er hausse. baisse
•3'O/Oaucompt'. 63.60 65.60 »' » » »;
~Fin-diimois.' 65.95 65.85' » r » 10»
.4i/ïaucompti ;;92.15 92.40- «i25 » ».
—.Fip du mois. ; 92 75, ; r * « a,- » s
. . , • ' - ; t * ' '
■Le Moniteur a confirmé la nouvelle que
nous'avions "donnée iLy a quelques jours :
la niaréchal' Foréy est' 'appellé au com
mandement dû 3° corps d'armée è'n'rem-
placement •'du' maréchal ' de- 'Mac - Ma-]
h'oj., et le général de;'divïsiôn Cousin dé'
; Montauban, corrite.de Palikap,, est appelé
au çomixjagdement du 2 e corps,- en rem-
' placement; du -maréchal Forey., <<*. r
Ges deux noms se'passent- û'élpgesy èV
nous nous serions borné à faire-conhaître
la décision' du 1§ septembre, si le maré
chal Forey et -le-général comte de Pa-
likâo ne rappellaient l'un et l'autre deux
belles pages de l'histoire du second Em-' 5
pire : l'expédition du Mexique, èt l'expé
dition de Chine. - ,
- Ce sont là de nobles souvenirs, et l'on
est heureux de saluer, quand on les.ren
contre, ces illustres serviteurs de l'Empe-î
reur et du pays "qui ont porté si loin et à
travers tant de dangers le drapeau delà,
France, et qui l'ont rapporté couvert d'une
gloire nouvelle.
j -_iM - /' j i
PAULIN HiîAYRAH^'
L&Timés et les finances de l'Empire.'
* s ; r : (2« artiefe.) - - \
j • Notre organisation financière a-su.
double épreuve' de la diseussion et' de
pratique; et depuis longtemps il n'y a
qu'une voii sur l'ordre, la clarté et la ri?
î gueur d8 notre comptabilité, dont les rè-'
i gles ont été adoptées successivement par,
i teutes les nations et par/l'Angleterre elle-
; même: Si donc il est une accusation dont
! on ait lieu d'être surpris, c'est d'entendre^
j dire que nos finances sont couvertes d'une
! obscurité profonde, et qu'il est impossible
i aux contribuables de suivre' l'emploi de
; leurs deniers. Tel est cependant le reproche
qu'un journal anglais adressait récem-
i ment à l'administration française.
? Âeri croire le Tïmesj'l'un de^principaux
i soucis du gouvernement impérial serait de
cacher à la nation le chilfreréel des dépenses
; publiques ; le budfet ne'serait qu'un men-
• songe annuel ; et le ministre des finances
dissimulerait et' supprimerait une portion
; des dépenses afin de maintenir le budget
5 dans des prfaportions modestes. Le fîmes
i s'imagine apparemment que les choses se '
j passent en France comme éri Angleterre, 1
ioù chaqiié ministre vient tour à; tour de-
î mander à la Chambre des communes la
i somme nécessaire au service' dont il est
| chargé, et où la Chambre vote cette sopim'e,
'sur saparole, de confiance et sans contrôle
(préalable. En France, le gouvernement
propose seulement le budget, chaque cha
pitre est examiné en détail par uns com-
imissiori qui ; 'le. plus souvent, diminue
des crédits demandés,mais qui les augmen--
te aussi quelquefois ; et cet examen préa-
ilable ne dispensé pas lé Corps Législatif de
soumettre toutes lés. parties .du budget à
une.discussion approfondie. Pour pouvoir'
tromper'la. nation j en omettant de 'porter
àu budget une'partie des dépenses néces
saires, il'faudràit d'oncquele gouvernement
, eûtpour complices, non-seulement tous les-
: membres du conseil d'Etat et de là coîu-'
' mission du budget, mais le Corps Législa^
tif tout entier.
Il est .vrai que le Times ne veut voir au -
budget rectificatif ,e,t au budget ' supplô-
, meritairé d'autre utilité qiie de faire voter
petit à petit et én détail' dès crédits qu'on'
: n'ose demander en bloc! Quoi'dé plus sim
ple, cependant, içt'de plusirâtuf,el7'Le gou-:.
• v'érnement présenté, chaque anriée; le l)ud-
| get de l'année suivante ; les chefs des di
verses adlftnistrations et le conseil d'Etat
ont évahié,d'après les résultats ordinaires,'-
; les besoins dé chaque service. Si, lorsque •
; l'exercice, est commencé, on vient à recon--
n aître que, p'ar suite de circonstances impré
vues^ certains services ne sont,pas suffisam--
ment dotés, un budget rectificatif diminue
les crédits trop"considérables et'accroitles
; crédits insuffisans.'Si, avant la séparation
,du Corps Législatif, de .nouveaux besoins
, viennentàse révéler, s'il faut mettre le gou-
: vernement en mesure de parer à cértaines
i éventualités, un budget supplémentaire y
■pourvoit. N'y a-t-il pas dans cette inter--
* (C'est par 1 erreur, que, dans ootre premier arti-;
. cle, nous avons Indiqué comme étant du 17 sep"
itembre, l'article du limes auquel nous faisions-al-
j luîion ; .^article eniquestion .a paru dans le Times
du. l. e Frseptembre. - ...
Fèailletori du Constitutionnel,'* cet'.
LA FORÊT DÉ BdWDY
EPOQUE- DE LA.' RÉGENCE.'
Troisième partie.
VI
ou jteanneton brille par son absence.
Remarquant le froid et la gravité sileh^-
cieuse de ses hôtes qui mangeaient et bu
vaient sans entraiu, Mme de Berry pensa
qu'un peu de controverse, animerait, .cette,
morne attitude, et commençant par faire
enlever le couvert resté sans emploi à sa,
droite, lequel menaçait plus peut-être que
le convive lui-même:
_ Dites donc, Monsieur Million, fit-elle
en s'adressant à LawL, savez-vous que votre
filleule, comme il vous plaît modestement
l'appeler, est passablement insolente !
— Et en quoi j Madame la duchesse,
Jeanneton a-trelle pu mériter cette dure
épithète? . - , -
r- En ce qu'à aucun prix elle n'a voulu,
me céder le tableau dont je viens de faire,
hommage h. Papa-Régent. Je l'avais vu chez
elle en allant lui acheter des "tulipes que,
par parenthèse, elle m'a vendues queue et
oMlles; mais J'ai eu . beau lui en offrir
une-somme folle, ing)ossible de décider
MaMme. Depuis votre manie d'enrichisse
ment uni versel en chiffons de papier , _ une
princesse du sang est obligée de baisser,
pavillon devant une marchande ; il a fallu,
que, pour m^empècher de tomber dans le
désespoir, Wàtteau consentît à me faire-
une répétition. .
— Gomment vouliez-vous, Madame la
duchesse, que Jeanneton consentît à se dé
faire de -ce tableau?,Il a été fait pour elle-
et par elle. ' ' " ,
—Cominentpar elle ?demandale Regent.
— Oui, Monseigneur, par elle, on peut
le dire.
Et le financier conta comment wàtteau
s'était entiiousiasmé des la figure de sa fil
leule en la rencontrant un matin dans son
antichambre; comment, jour pris :pour
fairesonportrait,M. de Gharolais avait
brutalement traversé la première séance,
et comment en 'somme - ce portrait n'ayant,
!jamaisp|i se renouer, le peintre avait fini
par le tourner en un tableau, dont ïéann'e-,,
ton étaitdeveiiùë le pripcipal persbnna^e^
! Dans les. dimensiqns donpées à ; ses|fi- ;
! gures, ajouta La\v, Wàtteau à pu'se passer,
du modèle et travailler,de souvenir., mais,
il ne s'en est pas moins cru l'obligé de
icëlle qui avait inspiré le 'chef-d*œuvre et'
'n'apa^'ou dé cesse qu'elle n'eût consenti-
,à'l'accepter.'.
. — Eh bien! c'est'ijaoi,.dit méchamment^
;Mme de Berry, qui aurai ,fait lès frais de.
cette galantei'ie-, sans compter que mon
sieur l'artiste se «era -peut-être fait payer >
;en autre monnaie. " ' ' 1 ■
— NoUs avons^u à péu de'choèe près la
,même idée, Madariie'la duchesse, répliqua
le financier avec une accentuation grave,';
•qui sentait la leçon, j'avais pensé que-
Jeannetonj;unOi belle, e,t honnête, femme,,
pouvait devenir le prix d'elle-même et l'i
dée m'était venue de la marier à-Watteau.
: Mais il n J a pas dèux ans à vivre; il est •
;poitrinaire jusque dans la moelle des os,
dit Niké tout en dépeçant savamment
une fine poularde de Bresse. Sa .théorie
était qu'en "'bonne gastronomie' certaines ,
pièceà délicates ne doivent point être dé-,
coupées par les valets.
Oui, je crois, comme vous, repartit
le grand spéculateur, que ce pauvre Wat
teau n'est pas destiné à une bien longue
carrière; mais cela rentrait dans mes cal-'
culs. Je veux à ma filleule un bel avenir,
et avec un artiste -de ce talent et de cette
renommée, je commençais par la débçu--
ibouiller d'un premier sot mariage, où on
l'avait embourbée. Ensuite, en troisième
noce, je la donnais à quelque duc besoi-
gneux dont j'eusse fait la fortune.
— Eh bien! ce mariage avec Watteau
ne s'est pas fait ? demanda curieusement
ile comte de Horn, qui, pour violerla for
tune j devait aller, on le sait déjà, bien au-
delà d'une mésalliance. -
— Non, Monsieur lé comte, répondit-
;Law ; il y manquait les deux volontés :
ima' filleule avait dans la tête je ne sais
quel vaporeux amour tout en souvenirs,
:Quant à Watteau : « Je me ferais cons- ,
cience, m'a-t-il dit , de donner, le" jour,à
;queique petit malheureux à qui j,'assure- ;
rais la phtisie pour héritage. » <
— Oui, il s r eut durer un peu plus long
temps, dit Mme de Berry, et drape sa peur
,à l'héroïque :'c'est un sot. Courte et bon
ne, voilà ma devise ! .
- En.foi de qqpi elle vida d'un trait son,
verre■ qu'au même moment, .sans se, re^,
tourner, elle tendit à ua laquais par des- :
sus l'épàUle, afin qu'il le'Iuv remplît. /.
— Mais, Monsieur, dit'le comte de Horn
en insistant, cptte personne à.laquelle vous ■
voulez .du bien!, la làiss'er toujours Vendre -
^de^ bouquets, cela, ce semble,, ne la mon- ;
tè pas trop ,à être duqhesse^. - : . -j
— AhI Monsieur, répliqua.le grand fi- -
nancier, vous croyez que l'on fait ce que-
Ton- veut de ma fillèule? Demandez un
péu' voir à M. le H'égent. : 4 - \
- — Mon cher,'dit le prince, ce n'est pas
.moi,. c'est Couche qui tournait, autour '
d'elle èt je lui; avais expressément àrd.on-%
;,rié de; cesser:,ses poursuites/ci partir du",
.moment où j'ayais connu l'intérêt tout pa-,
ternel que vous,portez à cette belle enfant.,
.— Eh bien'1 'vous avez, sagement, ' fait' j
Monseigneur,, car, depuis l'affaire Gharo-•
lai's*, surtout, vous' étiez horriblement mal
dans ses papiers; elle parlait de vous comme
l'eût fait Mme du Maine, et, le croiriez-
vous? d'avoir,-pour toute punition, ordon
né au prince de voyager, ce qu'elle ap
pelait votre déni de justice a été sur le
point de la jeter dans un couvent.
■ — Une belle idée ! dit" Mme de Téncin,
iqui n'avait pas 'eu de repos qu'elle ne fût
-sortie, de celui où on lui avait farit prendre
le voile dans sa jeunesse.
~ Mais vous savez, dit le Régent à Lâw:
pasplustardqu'hièr nousavons fait lapaix.
— Elle me l'a conté, Monseigneur^ et
j'ose vous demander protection pour elle;
M. de Gharolais est revenu de ses voyages»
et a fait, des menaces. De nouveau insul
tée, elle ferait quelque coup de tête. Une ,
première fois elle a disparu pendant près
d'une année,, ayant sans doute pris retrai-,
te dans quelque maison religieuse ; une
autre violence, elle y retournerait et pro
bablement n'en sortirait plus. .
Comprenant mal que pendant si long- -
temps ons'occupât d'une petite bourgeoise,
—r. Ah çà I dit la princesse'de Léon, cette.'
Jeanneton, dont on nous rebatlesoreilles,.,
est-ce que pat hasard ca serait cette plai
sante personne qui a ou la baroque idée -
d'ouvrir, place Vendôme, une boutique de '
fleurs dans un des.hôtels dont- on a fait-
rendre gorge' :aux traitans et qui sur la '
porte,s!est affublée du titre de Bouquetière'
ae la Compagnie.des Indesl
— C'est elle justement, Madame laprin-.
cesse, répondit Law,et son idée ne devrait
pas vous paraître si baroque, car elle a.
beaucoup aidé etaide. encOre' à l'aifaire du
Mississipi-où déjà, pour votre'part, v'oyA
avez récolté, approchant, quatre millions;
— Mais l'idéen'ëst pas de Jeanneton,,
dit Canillâc, doctoral à manger et à boire,
de même qu'à parler! dans-cette galante
manière d'attirer l'attention.sur votre ter
re promise, qui ne reçohnaîtrait, mon cher
Law, votre main si savante et «i exercée à
battre le-rappel des'actionnaires! '; ' - , '
— Je vous dëma'nde pardon-, marquis,
répondit \e grand fihânçier^ridéô èstbien'
dè Jeanneton, derJeannetqn. ; seule ; ,un ma-;
tin après son éclipse,quand vint à ; reparak
tre l'enfant prodigue, comme je parlais de
la mettre sur un certain pie(3,jîans le mon"
de -: « Monsieur,'me dit-elle,'] J aimé mieux
»" être *1$ . première * des; bouquetières, que ,
» l'a d'ei'riiere des enrichies', » et'là^dessusi,
avec une* lucidité d'aperçus,; une entente,
commerciale admirable^ elle; se-mit à me
développer le projet d'une sorte d'exposi
tion florale qui, réunissant les produits de
toutes lés contrées-lointaines où s'étend le
privilège de. la Compagnie des Indes, so-
rait én même teriips l'affirmation de leur,
existènce r et"le témoignage dé leur splen-
dide fécondité. .
C'est tout simple, dit M. de Riom,
bon chien chasse de race. , , ,t
— Ce qu'il y a de sûr, ajouta Nocé, c'est:
que ce moyen de publicité et d'ébrUite-
meut vaut bien, Monsieur le financier/les
bourdes que vous, nous aviez fait débiter
par Watteau; les Indiens dansant d'enthou
siasme à la nouvelle qu'on allait leur ou-
'vrir des collèges de Jésuites, c'était comme ,
ce hâchis de bécasses, dont j0 redemande,
diablement épicé et monté en goût.
— Eh bien ! Monsieur, dit le Père Rei-
glet, que voyez-vous là de si incroyable ?
-N'est-il pas vrai qu'en tout lieu les Jésui
tes portent avec eux la civilisation ?
— Vous, mon père, (lit Mme de Mou-
chy, on peut être sûr qusrvous y porteriez
la civilisation du vin de Tokai et celle des
ortolans tarcis,.car en voilà sept .que vous
avalez coup sur coup, et, un jour maigre
encore, je vous prie de le remarquer.
— J'ai une dispense pour faiblesse d'es-'
tomac, répondit l'apôtre.
— Avec tout cela,'Monsieur Million , dit
Mme de Bar/v, cette idé<î si fécoiïde a dû
vous coûter le"» yeux de la tête; des salons
dorés, des serres aménagées magnifique
ment, des chinoiseries sans fin t Riencoûteux arrivage et à la mortalité des
plantes, il doit y avoir un côté ruineux.
— Madame ia duchesse, répondit le fi-;
nantior,-nous-faisons déjà nos frais. Sans
comptèrcet éblouissement et cette t poudre
jetée' aux yeux','la beautéde Jeanneton et sa
gracieuse habileté à la vente ; amènent chez
nous tout Paris. Les plus gros Mississi-
piens n'en bougent. Se retrouvant là, ils y
continuent..leurs opérations, cn.sorte.que
s l'hôtel de la jilace Vendôme est devenu
: une SHCcursale'de la,rue Quincampioix ; on
■ s'arrache nos raretés, que parfois l'on est;
foroa.de vendre aux enchères ; hier, .une
bruyèÉedu Gap (Ërioaitomentosa) a" mon té:
au prix ( de-trois-mille livres.- - - "■
,fJ »- Monsieur Law, cria Mme- de Tèncin- r
;d'un accent où se peignait l'envie de la pe- 1
•tite noblesse contre la haute aristocratie,
on (lit aussLq.us vous avez, la clientèle, de
,Mines ; les'duchèsses. > ' - -
, r- Ç'on est.honteux, dit Law,-non con
tentes d'être -partout sur. mes talons com
me des furies^ sachant que Jeanneton-- est ;
auprès de moi en quelque crédit, elles'lui
ifo'rment une cour et vont la relancer jus-
•qu!à sa toilette; l!autre jour, Mme .d'Es,- ;
itrées et Mme de La Force se sont presque ,
'disputées à ; qui lui: donnerait la chemise,-,
elles n'eussent pas plus - fait pour Mme -la ■
duchesse de Bourgogne.
A ce moment ùnè grande horloge enfer
mée dans uncartel do- Boulfe a incrusta-,
tion^^'écaille; so'qna lentement onze heu-'
•reg.: „,/ r ;
:--Eh mais ! fît le Régent, la soirée s'a-.,
vance, et m'est avis que M. le commandeur
nous brûle Ta politesse.- -,
Près qu'au même instant entra un mire-
balais ; on appelait ainsi - des laquais de
itaille et de force herculéennes que Mme de
Berry choisissait de cette encolure pour se
faire respecter à outrance.
La réclusion aux- soupers du Luxem
bourg n'étant pas commandée aussi lier-.
métique qu'à ceux du Palais-Royal,
— De la part de l'abbé Dubois, dit le la?
quais en présentant au-Régent un pli sur
une assiette de vermeil. Le prince essaya
de lire, mais, on se le rappelle, il avait.les
yeux malades. ,
— Ce Dubois, ditTil, écrit comme un.
chat, et passant le billet à Brancas, tiens,
lis, ajouta-t-il*, ce te sera'une occasion:de
remuer la langue, que tu as ce soir com
me clouée au palais. , r .
La remarque était juste, absorbé dans
une étrange ' préoccupation, ce soupeur
qui parmi les roués avait le surnom de la
fiaillette gaie, .épithète supposant' un flux
habituel de paroles, n'avait pas ouvert
la Ifbuche de la soirée, et il avait im
perceptiblement bu.
: «Monseigneur, lut.Brancas, n'attendez'
» pas votre homme dè ; l'autre monde, je
» lé tiens sous clé' et vous/en rendrai bon
» "compte. A deiriairi les'détails,
. . » Votrç fidèle et affectionné,
•il'- ,"f, » D UBOJS, » , -
. .-Personne jusqu'au,.moment où le Ité-
{gent avait remarqué l'heure, n'avait vou-
l lu paraître préoccupé'du convive absent;-'
■ mais au plus intime de l'a pensée de cha
cun;, avait tdû se' fair&'un certain-travail-
'■ d'inquiète curiosité donfr l'attitude consta
tée chez Brancas^ s'était montrée la plus'
: naïve expression. À,,y Jbipn -'regarder en',
îeffetjcen'étaltpas là ùn dè'cesorageux sou-\
;ps^-de'la duchesse de-Berry dont le scan- }
t dal'e devait retentir dans la lointaine pos-
:téritè:Un autrè jour, jamais une si longue '
; audience n'eût été donnée4,1a chaste et ;
-bourgeoise figure de Jeanneton. Il'sem-"
blait que d'instinct l'on s'y fût cramponnée '
-ef qu'on l'eût tenue sur le tapis pour y
faire-'honnêtement l'intérim dM propos-"
libre, impie, ofdûrier;- de la gueulée en un
mot, pour nous servir du terme tachni-',
;que dont on. .ne s'était, pas -trop senti le
îcourage.
| Lorsqu'on* f^t assuré que personne ne
viendrait; il y, eut copime. une détente et
june' respiration générales ; •••--. : ■
< C'est déôidéinent quelqu'un et quel-'-
;que chose que cet intrigant de. Dubois ! dit >
le Régent avec expansion.
— Pour moi, tout, est fini, dit Mme de
B.ôtryen jetant son verre en l'air, après l'a
voir mis à sec; je ne crois plus à rien , pas
même au'Mïi de Cliatapagne". Moi qui pour- r
plaire à ce déterré avais pris un,costume '
lamentable, jusqu'à me brouiller avec ce-*
gros bête de Riom- qui m'en avait fait une ■>
scène.. -... , . . _
i — Mesdames.et,Messieurs,.dit Brancas,.:
Je plus - soulagé de tous., il faut ; è"tre piétfx J £
envers les morts ; jo propose une santé à' r -
la mémoire de ce pauvre Liliers, coffré en
ce moment par procuration chez notre
vertueux abbé. ■ ,
Gela disant,, il s'était levé :1e verre à la '
main et la compagnie tout entière moins
Monsieur le Régent que
si grandeur, attachait an rivage, - *
était debout pour lui faire raison.
; Encore un moment et le repas,]ùsque-là
• si bavàrdet si glacial, allait entrer dans la'
zônetorride, mais l'élan -fut aussitôt Com
primé : ouverte à deux battans, la porte
faisait attendre une visite d'importance : '
d'unp voix oùsemarquaitune émotion qui*
s'explique, un des grands laquais annonça :
FEU MONWElîH XE ; GUEVALIËR I)E LILIERS. ,
Charles.£5ABÎOtl,
{La tuite à demain.) *
ABONNUJIENS DES DÉPARTE5IENS.
BUREAÇX^A I : nl&dg Valois (ftdals-Kpyai), ni iOj t *f
MARDI 4 OCTOBRE 1864«
trois Mpis ai ;ï.«'r*i% 48 fr.
six mois . •.ï:?r;rr.ï 32 fr.
1 i3n ak .....'....r..r. 64 fr.
p ira iïs pats étbangers , voir le tableau
publié les S et 20 de chaque mois.
imp. I» BONIFACE, r. des Bons-Enfans, 19.
^JOURNAL POLITIQUE, LITTERAIRE, UNIVERSEL.
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, s -, , ■»' ... . '•
&P3 aboimeiiens datent des 1'; et le
■ j}e cbaq^e mois. - ;
Le ino.de d'abonnement I& plus simple est l'envol d'un bon de poste ou d'un efiei J
Isur P^iis, à l'ordre de L'ADsiiNisxRATEra du journal, rue de Valois, ii'10. 1
Lei îetffêt ou envoi» dargent non affranchis soHt refutk.
Les articles déposés ne sont pas rendu?»
I ! Les Annonces sont reçues chez M. Pasis , rue Notre-Dame-des- Vict{)lreSj u*
1 ! - ^ " (place dè la Bourse). • - ; .
PARIS, 3 OCTOBRE.
"Nous publions aujourd'hui, d'après fe
Moniteur, la dépêche que S. Exc, M. le mi
nistre des affaires étrangères a adressée^
à la date du 12 septembr e, à l'ambassadeur
de Franceà Rome. Nousn'avons pas besoin
d'insister sur la haute importance de ce
document qui expose avec autant de clar
té que d'élévation, avec autant de mode-?
ration que de logique, la politique adop
tée par le gouvernement de l'Empereur
dans la question italienne. Après la lec
ture de la dépêche ; de M. Drouyn de
Lhuys il lie saurait plus subsister de doute
sur les sentimens qui ont inspiré la con
vention récemment conclue avec le royau
me d'Italie. "
La presse italienne continue à se -mon
trer sympathique aux arrangemens inter
venus entre le gouvernement français et
-le gouvernement - italien. Presque tous
. les hommes notables du Parlement pro
mettent leur appui au ministère La Mar-
inora.
M. Ricasoli, de retour à Florence, a réur
-ni chez lui un grand nombre de ses amis
politiques, pour leur exposer la situation
et pour leur déclarer qu 'après les explica
tions si franches de M. de La Marmora il
était décidé à seconder la politique du
nouveau ministère. ,
VOpinione émet le vœu que le prochain
Parlement soit encore réuni à Turin. Cette
feuille est convaincue que Turin saisira
cette occasion pour donner une preuve
éclatante de sa modération et da sa sa
gesse. « Que le Parlement, dit VOpinio-
» neait confiance en Turin , et Tlîrin,
a montrera, par son attitude calme et .sal
age, qu'elle n'est pas uiie ville favorable
» aux propagateurs de scandale et aux fau-
» teurs de désordres, mais qu'elle est tou-
» jours la Turin dè Géaar Balbo, de Vin-
» cent Gioberti, de Massimo d'Azeglio et,
» de Camille de Gavour..» . ,
' Plusieurs journaux de la Péninsule an
noncent qu'en vue de la translation de la'
capitale^ à- Florence, les fortifications de.
cette ville seront considérablement accrues,
et aftnées. . . . -
Les journaux devienne discutent a per-,
te de vue slir'la convention du 13: septem
bre dont* ils avouent toutefois ne pas con
naître le texte.. Ce texte, disentils, n'aurait
même ,pas été communiqué au cabinet au-,
trichien, et tout se bornerait jusqu'ici à.
dés explications données de vive voix'par
KL le duc de.Gramont. -Quant à lavisite de
lord Glarendonj presque toutes.les feuilles
de vienne la rattachent à la question ita
lienne, tout eîi.se prononçant; d'une.façon,
tout à fait contradictoire. sur ; la politique
présumée du cabinet britannique.
L'es plénipotentiaires à Ja'conférence de
Vienne travaillent activement à la conclu
sion de la paix, et, malgré ..quelques inci--
dens, de- peu d'imp,o,rtançp,;On considère
une solution comme, prochaine. jiLes. re-,
pïésëiitans du > Danemark,' suivant la Ga
zette autrichienne, se; seraient plaints auprès
de leur gouvernement de l'attitude jd.e la
presse' de; Copenhague qui, en provoquant
de sténles agitations, dans le,.Nord-Sies-
wig, ne ferait qu'entraver.là,tâche.dfiià. ,si
ardue des plénipotentiaires,Au jeste^eette
agitation, à l'heure qu'il est, a à peu près
cessé, et tout porte, à croire que les hosti
lités ne seront pas reprises entre le Dane
mark et l'Allemagne. Dans les duchés, en
partipulier, on attend avec impatience la
signature de la paix qui seule pourrait
mettre fin à un provisoire devenu intolé
rable.'
L'époque de la convocation des Cham
bres prussiennes n'est pas encore fixée.
Une décision à cet égard ne sera prise qu'aù
retour du roi de Bade, c'est-à-dire vers le
milieu d'octobre. Les organes ministériels
de Berlin ne croient pas à une réconcilia
tion entre lè ministère et la majorité, mais
ils déclarent que le gouvernement laissera
dire l'oppesition sans s'écarter de la voie
suivie jusqu'ici.
Les journaux de Madrid rendent compte
de l'arrivée de la reine-mère et constatent
la grande cordialité qui a présidé à l'en
trevue des deux reines, après une si lon
gue et douloureuse séparation.
; Le Moniteur publie ce matin un rapport
du ministre de la guerre, relatif à la di
minution de la mortalité dans l'armée.
Ce rapport fait ressortir d'une manière
irréfragable les heur eu^' : effets^ delà ■ loi
de là dotation de l'armée qui, en adon
nant plus de solidité à nos forces militaires
et en constituant la carrière du soldat,
présente en outre les résultats les plus
favorables au point de vue sanitaire de
l'arméç.
édodabdsimon.
Un. journal de Turin, cité par une feuille
française,' annonce que « des négociations
» diplomatiques vont être ouvertes avec la
» France afin d'obtenir à la convention du
» 15 septembre des modifications dont: la
» principale portèrait que la translation
« de'la capitale n'aurait lieu qu'après le
» départ de Rome du. dernier soldat fran-
» çais. »
Cette information est erronée. Ce qui a
déterminé le gouvernement français àen-
trer dans des pourparlers'tepdant à l'éya-
cuation par nos troupes du territoire pbn--
tifical, c'est la déclaration',dty'Cabinefde
Turin que, par "des considérations politi
ques, administratives; et stratégiques, il
était résolu à transférer la capitale du
royaume d'Italie à Florence." Cette trans
lation étant -le -motif déterminant des né
gociations etla. principale, ; .condition du
rappel de notre corps d'armée,doit précé
der,et nonsuivre l'exécution de cette der
nière mesure. "i
■ ,r. ... l. boniface. ;
Le ministre des affairés étrangères a
adressé^ par, ordre de l'Empereur, à S'. Exc."'
M.-'leicoiùt© de Sartiçes, ambassadeur Ûe
France, à. Rome, la dépêche suivante :
- r - Paris, le. 12 septembre1864.
Monsieur le comte, la position que nous oc
cupons à Rome est, depuis longtemps 'déjà, le
sujet Qè^' plus sérieuses . préoccupations- du
gouvernement de.rEmpereur.' Les circo'nstan-,,
ces "nous ont paru favorables "pour "examiner'
dé nouveau l'état réel; des jchoges^efe npus/.
croyons utile de Communiquer au Saint-Siège
le résultat de nos réâexionsi
" Je n'ai pas besoin de rappeler les considéra-;
lions qui ont conduit à Rome le drapeau dé
la France et qui nous ont déterminés à 1 y
maintenir jusqu'ici. Nous étions résolus à ne
point abandonner ce poste d'honneur tant que
le but" de Inoccupation ne serait pas atteint.
Cependant nous n'avons jamais pensé que cet-'
te situation dût être permanente 5 toujours
nous l'avons considérée GÔmme anormale et
temporaire. C'est dans ces termes que le pre
mier plénipotentiaire de l'Empereur au con
grès de Paris la caractérisait il y a huit ans. il
ajoutait, conformément aux ordres de Sa Ma
jesté, que nous appelions de tous nos vpeux le
moment où nous pourrions retirer nos troupes
de Rome sans. compromettre la tranquillité
intérieure du pays et l'autorité ' du gouvernei
ment pontifical. Eh toute occasion nous avons,
renouvelé les mêmes déclarations.
Au commencement de 18S9, le Saint-Père
avait fait de son côté la proposition de fixer à
la fin de cette année l'évacuation du territoire
gardé par nos troupes. La guerre qui éclata
alors en Italie ayant décidé l'Empereur à re
noncer à leur rappel, la même pensée fut re
prise aussitôt que les évènemens parurent au
toriser l'espoir que le gouvernement pontifical
serait en mesure de pourvoir à sa sûreté avec
ses propres forces. De là l'entente établie eh
1860, et en vertu de laquelle, le départ des
troupes françaises devait être effectué au mois
d'août. Let agitations qui survinrent à,la mô
me époque empêchèrent encore une fois l'exé
cution d'une mesure'que le Saint-Siège dési
rait comme nous. Mais le gouvernement de
l'Empereur n'en a pas moins continué de voir
dans la présence de nos troupes àRome un "fait
exceptionnel et passager, auquel, dans un in
térêt mutuel, nous devions, mettre' un ' terrfae
dès que la-sureté et l'indépendance du Saint-
Siège seraient à l'abri de nouveaux périls! • ■'
Combien de raisons, en effet, n'avons-nous
pas de souhaiter que l'occupation ne se pro
longe pas indéfiniment? Elle constitue un ac->
le d'intervention contraire à l'un des princi-'
pes fondamentaux - de notre dreit public et
d'autant plus difficile à justifier pour nous
que notre but, en prêtant au Piémont l'appui
de nos armes, a été d'affranchir l'Italie ■ de
l'intervention étrangère. -t
Cette situation s, -en 'outre, pour conséquen
ce de placer face à facej-sur lo même terrain;
deux souveraineté? ' distinctes et : d'être ainsi 1
fréquemment une cause de difficultés graves.'
La nature des choses est plus forte- ici • que le'
bon vouloir des ho'mmes. De 'nombreuses' mu
tations ont eu lièu dans le commandement
supérieur de l ! armée française, et les mêmes
dissentimens, les mêmes conflits de juridic-;
tion se sont reproduits, à toutes les époques,/
entre nos généraux en chef, dont le premier'
devoir est évidemment de veiller à la sécurité-
de leur, armée, et les réprésentans de l'autori
té pontificale; jaloux de- maintenir 'dans les
actes d'administration intérieure l'indépen-'
dance du souverain territorial/ ' ' •'
;A ces- inconvéniens'ihévitables que lës-agens
français les p'iiis;! sincèrement* dévoués au'
Saint-Sièg-e. ne 'sdnt pas parvenus â écarter,-
viennent se joindre ceux qui -résultent fatale
ment de la différence des points de vue politi
ques. Les deux gôuvernemens n'obéissent pas'
aux mêmes inspirations et ne procèdent pas-
d'après les même'a priocipes. Notre conscience,
nous.oblige, trop souvent à donner des con-"
seils que trop souvent- aussi «elle de la cour do,
R'ome.croît devoir décliner. Si notre insistance'
prenait un caractère trop marqué, nous sem-
blerions abuser 1 de là force de notre position,"
et, dans ce cas,Me gouvernement pontifical.,
perdrait devant ïopinion ■ publique, le mé- "
rite des Tésolutions les plus sages. D'antres'î
part, en 'assistant à des actes en désaccord-
avec notre état' social et -avec 'les^ 'maximes*
de notre législation, 1 nous échappons diffi
cilement à la responsabilité d'une^ politique-
que nous ne saurions approuver. Le: Sainte
Siège, en raison de sa nature propre* a ses co
des et son droit particuliers, qui, dans bien
dés-occasions, sa trouvent malheureusement
■en opposition avec les idées de ce temps. Eloi
gnés de Rome, nous regretterions certaine
ment encore de le voir en faire l'application
rigoureuse; et, -guidés parun~ dévoftment fl-~
liai, nous ne croirions pas sans doute pouvoir/
garder le sllsnce quand .des faits? semblables"
viendraient donner-des ; prétextes aux accusa
tions de ses adversaires^ mais notre présence
i-Eame, qui nou^ crée à cet éga?d des obliga
tions plus impérieuses^ rend aussi; dans ces
circonstances, les rapports des deux gouverne*
méns plus délicats et met davantage en cause
leurs susceptibilités récipi'ôçtufeâ. ' . '
Si manifestes que soient ces inconvéniens,
nous avons tenu à ne pas nous laisser détour
ner de la mission que noûs ; avions acceptée.
Le Saint-Père n'avait pas d'armée pour proté
ger son autorité à l'intérieur contre les projets
du parti révolutionnaire, et, d'un autre côté,'
les dispositions les plus inquiétantes régnaient
dans la Péninsule au sujet de la possession de.
Rome, que le gouvernement italien lui-même
par la bouche-dès ministres dans le Parle
ment, aussi bien que par les communications
diplomatiques, réclamait comme, la capitale
de l'Italie. Tant.. que ces vues occupaient la
pensée du cabinet de Turin, nous devions'
craindre que , si nos troupes étaient rap
pelées, le territoire du Saint-Siège ne fût ex-
posé'à des attaques que le gouvernement pon
tifical n'aurait pas été en mesure de repous
ser. Nous avons voulu lui conserver notre ap-,
pui armé jusqu'à ce que le danger de ces en-
trainemens irréfléchis nous parût écarté.
Nous sommes frappés aujourd'hui, Monsieur
le comte, des heureux changemens qui se ma-'
nifestent, sous ce rapport, dans la situation
. générale de la Péninsule. Le gouvernement
italien s'efforce, depuis .deux ans, de faire dis
paraître les derniers débris de ces associations
redoutables qui,' à la-faveur des circonstances,
gâtaient formées-en dehors de son action, et
dont les projets étaient principalement dirigés
contre Rome. Après les. avoir cembattues ou
vertement, il est parvenu à les. dissoudre; et,
chaque fois qu'elles ont" essayé de se re-
. constituer, il a faeilement déjoué leurs corn*
plots. .
Ce gouvernement ne s'est: pas borné à empê
cher qu'aucune force irrégulière ne pût s'orga
niser sur son territoire pour attaquer les pro
vinces placées sous la souveraineté pontificale,
il a donné à sa politique envers le Saint-Siège
une attitude plus en harmonie avec ses devoirs-
internationaux. Il a cessé de mettre en avant
dans les Chambres le programme absolu qui
proclamait Rome capitale de l'Italie, et de nous
adresser à ce sujet des déclarations péremp-
toires auparavant si fréquentes. D'autres idées
se sont fait place dans les meilleurs esprits et.
tendent de. plus en plus à prévaloir; Renon-'
çant à poursuivre par la force la réalisation
d'un projet auquel nous étions résolus de nous
- opposer, et ne pouvant, d'autre part, mainte
nir à Turin, lé 'siège d'une autorité dont la
présence'est nécessaire- sur un point plus cen
tral du nouvel 'Etat, le cabinet de Turin aurait
lui-même l'intention de transporter sj, capi
tale dans une autre ville. ■ . , ■
" A nos yeuxMonsieur le comte, cette éven^"
tualité est ,d'une importance majeure 'pour le
Saint-Siège comme • pour, le gouvernement de
l'Empereur ; car,- en se réalisant, elle' consti
tuerait une situation nouvelle qui n'offrirait'
plus les. mêmes ? dangers. Après* avoir vpbtènti 1
dé l'Italie les garanties que nous croirions de-'
voir stipuler en faveùr du Saint-Siè^e contre;
les attaques extérieures y il ne nous resterait
• plus qu'à- aider le gouvernement pontifical à
former une armée assez bien organisée et as-'
■ sez nombreuse pôur ;faire respecter son au-'
torité-à l'intérieur, -Il nous trouverait dis
posés. à'i'etf'seconder, fe -recrutement de torçt-
notre pouvoir; 'Ses ressources-actuelles, nous
le- savons , ■ ne lui permettraient pas de sub
venir à l'entretièn d'un effectif considéra-i
bl'e ;"rafe'îs - des arrangémens* à prendre dé
chargeraient le'-Saint-Siège d'une partie'de la
dette-ifont il a cru de sa-dignité de continuer
jusqù ; ici à'se/vir les intérêts; Rentré ainsi en-
possession de sommes importantes^ défendu au
dedans par une armée dévouée, protégé au de
hors par lesengagemens que nous aurions de
mandés & l'Italie, -le gouvernement pontifical
se retrouverait-placé dans des conditions qui,'
en assurant son indépendance et ça sécurité,■
nous permettraient'd ? assignèr un terme à la
présence de'nos, troupes dans- les' Etats-Ro
mains. Ainsi se : vérifieraient ces paroles adres-
sées pâr l'Empereur'au roi d'Italie dans une
lettre du 12 juillet '1861 : Je laisserai mes
troupes; à Rome tant que Votre 1 Majesté ne
' sera pas réconciliée avec le Pape, on que le ;
Saint-Pèfe sera menacé de voir les Etats qui
lui restent envahis par une force régulière ou-
irrégulière.» 1 • ■ ■ -
^Telles sont, monsieur le comte, les observa
tions :que noua 1 suggère un examen-'attentif et
consciencieux dès 'circonstances actuelles, et
dont le gouvernement ' de l'Empéifêfiïr" croit
opportun de faire part à la cour de R^me. Le
Safnt-Siège appelle; certainement comme nous,
de ses vœux les plds sincères le mouent oft la'
protection de nos armes-ne serait plus néces
saire à sa sûreté, et où il pourrait, sans péril
pour les grands Intérêts qu'il représente, ren-
içer dans la situation normale d'un gouverne
ment indépendant. Nous. avoas donc'la con
fiance qu'il rendra pleine justice.aux sentir
mens qui nous guident , et c'est dans, eette
persuasion que je vous autorise à appeler l'at
tention dù' cardinal Antonelli sur les. considé
rations que je vièns de vous exposer.
Vous pouvez donner à Son Ëminenee lecturs
de cette dépêche. .
Agréez, etc. brôuyn de lhuys.
. TELEGRAPHIE PRIVEE.
. ■; .. , ■■ ■. ■ : . Stockholm, 2 octobre. •
. Le départ du ■ prihc.e et de la princesse de
Galles pour Copenhague a été ajourné à mardi
prochain. Le prince Oscar accompagnera Leurs
i Altesses. , • - -
Voici les dépêches que nous recevons ce
soir : • r ■ ■ " .*■. '■ •
• Sùnderland, 3 octobre.: «
Un banquet fraternel a- été donné par la vil-
j le de Sùnderland aux équipages des navires
(français et anglais. Des démonstrations cha-
i leureuses ont eu lieu à" cette occasion'en fa-
; veur de l'alliance de la' France etr de l'Angle-,
i terre. Les toasts à- la suinté de la reine, de
: l'Empereur èt de l'Impératrice "ont été accueil-'
lis-par-desapplau disse mens enthousiastes. La
ville est en fête et pavoisée. - r o
Francfort, 3 octobre.
Le journal, les Deux-Mondes annonce que
l'Impératrice Eugénie quitte demain Schwal-
bach et qu'elle se rend à Bade par Wiesbaden
et. Francfort. - , ; r
' Vienne, 3 octobre..
Le gouvernement danois, refusant d'admet
tre les duchés au partage de l'actif de la mo
narchie, la conférence a commencé sps délibé-,
rations sur la fixation d'une somme à payer
par le Danemark pour liquider les "demandes
' des duchés. ( Hnvas-Mllier.)
COURS DE LA BOURSE.
cours de clotubb le 30 le 1 er hausse. baisse
•3'O/Oaucompt'. 63.60 65.60 »' » » »;
~Fin-diimois.' 65.95 65.85' » r » 10»
.4i/ïaucompti ;;92.15 92.40- «i25 » ».
—.Fip du mois. ; 92 75, ; r * « a,- » s
. . , • ' - ; t * ' '
■Le Moniteur a confirmé la nouvelle que
nous'avions "donnée iLy a quelques jours :
la niaréchal' Foréy est' 'appellé au com
mandement dû 3° corps d'armée è'n'rem-
placement •'du' maréchal ' de- 'Mac - Ma-]
h'oj., et le général de;'divïsiôn Cousin dé'
; Montauban, corrite.de Palikap,, est appelé
au çomixjagdement du 2 e corps,- en rem-
' placement; du -maréchal Forey., <<*. r
Ges deux noms se'passent- û'élpgesy èV
nous nous serions borné à faire-conhaître
la décision' du 1§ septembre, si le maré
chal Forey et -le-général comte de Pa-
likâo ne rappellaient l'un et l'autre deux
belles pages de l'histoire du second Em-' 5
pire : l'expédition du Mexique, èt l'expé
dition de Chine. - ,
- Ce sont là de nobles souvenirs, et l'on
est heureux de saluer, quand on les.ren
contre, ces illustres serviteurs de l'Empe-î
reur et du pays "qui ont porté si loin et à
travers tant de dangers le drapeau delà,
France, et qui l'ont rapporté couvert d'une
gloire nouvelle.
j -_iM - /' j i
PAULIN HiîAYRAH^'
L&Timés et les finances de l'Empire.'
* s ; r : (2« artiefe.) - - \
j • Notre organisation financière a-su.
double épreuve' de la diseussion et' de
pratique; et depuis longtemps il n'y a
qu'une voii sur l'ordre, la clarté et la ri?
î gueur d8 notre comptabilité, dont les rè-'
i gles ont été adoptées successivement par,
i teutes les nations et par/l'Angleterre elle-
; même: Si donc il est une accusation dont
! on ait lieu d'être surpris, c'est d'entendre^
j dire que nos finances sont couvertes d'une
! obscurité profonde, et qu'il est impossible
i aux contribuables de suivre' l'emploi de
; leurs deniers. Tel est cependant le reproche
qu'un journal anglais adressait récem-
i ment à l'administration française.
? Âeri croire le Tïmesj'l'un de^principaux
i soucis du gouvernement impérial serait de
cacher à la nation le chilfreréel des dépenses
; publiques ; le budfet ne'serait qu'un men-
• songe annuel ; et le ministre des finances
dissimulerait et' supprimerait une portion
; des dépenses afin de maintenir le budget
5 dans des prfaportions modestes. Le fîmes
i s'imagine apparemment que les choses se '
j passent en France comme éri Angleterre, 1
ioù chaqiié ministre vient tour à; tour de-
î mander à la Chambre des communes la
i somme nécessaire au service' dont il est
| chargé, et où la Chambre vote cette sopim'e,
'sur saparole, de confiance et sans contrôle
(préalable. En France, le gouvernement
propose seulement le budget, chaque cha
pitre est examiné en détail par uns com-
imissiori qui ; 'le. plus souvent, diminue
des crédits demandés,mais qui les augmen--
te aussi quelquefois ; et cet examen préa-
ilable ne dispensé pas lé Corps Législatif de
soumettre toutes lés. parties .du budget à
une.discussion approfondie. Pour pouvoir'
tromper'la. nation j en omettant de 'porter
àu budget une'partie des dépenses néces
saires, il'faudràit d'oncquele gouvernement
, eûtpour complices, non-seulement tous les-
: membres du conseil d'Etat et de là coîu-'
' mission du budget, mais le Corps Législa^
tif tout entier.
Il est .vrai que le Times ne veut voir au -
budget rectificatif ,e,t au budget ' supplô-
, meritairé d'autre utilité qiie de faire voter
petit à petit et én détail' dès crédits qu'on'
: n'ose demander en bloc! Quoi'dé plus sim
ple, cependant, içt'de plusirâtuf,el7'Le gou-:.
• v'érnement présenté, chaque anriée; le l)ud-
| get de l'année suivante ; les chefs des di
verses adlftnistrations et le conseil d'Etat
ont évahié,d'après les résultats ordinaires,'-
; les besoins dé chaque service. Si, lorsque •
; l'exercice, est commencé, on vient à recon--
n aître que, p'ar suite de circonstances impré
vues^ certains services ne sont,pas suffisam--
ment dotés, un budget rectificatif diminue
les crédits trop"considérables et'accroitles
; crédits insuffisans.'Si, avant la séparation
,du Corps Législatif, de .nouveaux besoins
, viennentàse révéler, s'il faut mettre le gou-
: vernement en mesure de parer à cértaines
i éventualités, un budget supplémentaire y
■pourvoit. N'y a-t-il pas dans cette inter--
* (C'est par 1 erreur, que, dans ootre premier arti-;
. cle, nous avons Indiqué comme étant du 17 sep"
itembre, l'article du limes auquel nous faisions-al-
j luîion ; .^article eniquestion .a paru dans le Times
du. l. e Frseptembre. - ...
Fèailletori du Constitutionnel,'* cet'.
LA FORÊT DÉ BdWDY
EPOQUE- DE LA.' RÉGENCE.'
Troisième partie.
VI
ou jteanneton brille par son absence.
Remarquant le froid et la gravité sileh^-
cieuse de ses hôtes qui mangeaient et bu
vaient sans entraiu, Mme de Berry pensa
qu'un peu de controverse, animerait, .cette,
morne attitude, et commençant par faire
enlever le couvert resté sans emploi à sa,
droite, lequel menaçait plus peut-être que
le convive lui-même:
_ Dites donc, Monsieur Million, fit-elle
en s'adressant à LawL, savez-vous que votre
filleule, comme il vous plaît modestement
l'appeler, est passablement insolente !
— Et en quoi j Madame la duchesse,
Jeanneton a-trelle pu mériter cette dure
épithète? . - , -
r- En ce qu'à aucun prix elle n'a voulu,
me céder le tableau dont je viens de faire,
hommage h. Papa-Régent. Je l'avais vu chez
elle en allant lui acheter des "tulipes que,
par parenthèse, elle m'a vendues queue et
oMlles; mais J'ai eu . beau lui en offrir
une-somme folle, ing)ossible de décider
MaMme. Depuis votre manie d'enrichisse
ment uni versel en chiffons de papier , _ une
princesse du sang est obligée de baisser,
pavillon devant une marchande ; il a fallu,
que, pour m^empècher de tomber dans le
désespoir, Wàtteau consentît à me faire-
une répétition. .
— Gomment vouliez-vous, Madame la
duchesse, que Jeanneton consentît à se dé
faire de -ce tableau?,Il a été fait pour elle-
et par elle. ' ' " ,
—Cominentpar elle ?demandale Regent.
— Oui, Monseigneur, par elle, on peut
le dire.
Et le financier conta comment wàtteau
s'était entiiousiasmé des la figure de sa fil
leule en la rencontrant un matin dans son
antichambre; comment, jour pris :pour
fairesonportrait,M. de Gharolais avait
brutalement traversé la première séance,
et comment en 'somme - ce portrait n'ayant,
!jamaisp|i se renouer, le peintre avait fini
par le tourner en un tableau, dont ïéann'e-,,
ton étaitdeveiiùë le pripcipal persbnna^e^
! Dans les. dimensiqns donpées à ; ses|fi- ;
! gures, ajouta La\v, Wàtteau à pu'se passer,
du modèle et travailler,de souvenir., mais,
il ne s'en est pas moins cru l'obligé de
icëlle qui avait inspiré le 'chef-d*œuvre et'
'n'apa^'ou dé cesse qu'elle n'eût consenti-
,à'l'accepter.'.
. — Eh bien! c'est'ijaoi,.dit méchamment^
;Mme de Berry, qui aurai ,fait lès frais de.
cette galantei'ie-, sans compter que mon
sieur l'artiste se «era -peut-être fait payer >
;en autre monnaie. " ' ' 1 ■
— NoUs avons^u à péu de'choèe près la
,même idée, Madariie'la duchesse, répliqua
le financier avec une accentuation grave,';
•qui sentait la leçon, j'avais pensé que-
Jeannetonj;unOi belle, e,t honnête, femme,,
pouvait devenir le prix d'elle-même et l'i
dée m'était venue de la marier à-Watteau.
: Mais il n J a pas dèux ans à vivre; il est •
;poitrinaire jusque dans la moelle des os,
dit Niké tout en dépeçant savamment
une fine poularde de Bresse. Sa .théorie
était qu'en "'bonne gastronomie' certaines ,
pièceà délicates ne doivent point être dé-,
coupées par les valets.
Oui, je crois, comme vous, repartit
le grand spéculateur, que ce pauvre Wat
teau n'est pas destiné à une bien longue
carrière; mais cela rentrait dans mes cal-'
culs. Je veux à ma filleule un bel avenir,
et avec un artiste -de ce talent et de cette
renommée, je commençais par la débçu--
ibouiller d'un premier sot mariage, où on
l'avait embourbée. Ensuite, en troisième
noce, je la donnais à quelque duc besoi-
gneux dont j'eusse fait la fortune.
— Eh bien! ce mariage avec Watteau
ne s'est pas fait ? demanda curieusement
ile comte de Horn, qui, pour violerla for
tune j devait aller, on le sait déjà, bien au-
delà d'une mésalliance. -
— Non, Monsieur lé comte, répondit-
;Law ; il y manquait les deux volontés :
ima' filleule avait dans la tête je ne sais
quel vaporeux amour tout en souvenirs,
:Quant à Watteau : « Je me ferais cons- ,
cience, m'a-t-il dit , de donner, le" jour,à
;queique petit malheureux à qui j,'assure- ;
rais la phtisie pour héritage. » <
— Oui, il s r eut durer un peu plus long
temps, dit Mme de Berry, et drape sa peur
,à l'héroïque :'c'est un sot. Courte et bon
ne, voilà ma devise ! .
- En.foi de qqpi elle vida d'un trait son,
verre■ qu'au même moment, .sans se, re^,
tourner, elle tendit à ua laquais par des- :
sus l'épàUle, afin qu'il le'Iuv remplît. /.
— Mais, Monsieur, dit'le comte de Horn
en insistant, cptte personne à.laquelle vous ■
voulez .du bien!, la làiss'er toujours Vendre -
^de^ bouquets, cela, ce semble,, ne la mon- ;
tè pas trop ,à être duqhesse^. - : . -j
— AhI Monsieur, répliqua.le grand fi- -
nancier, vous croyez que l'on fait ce que-
Ton- veut de ma fillèule? Demandez un
péu' voir à M. le H'égent. : 4 - \
- — Mon cher,'dit le prince, ce n'est pas
.moi,. c'est Couche qui tournait, autour '
d'elle èt je lui; avais expressément àrd.on-%
;,rié de; cesser:,ses poursuites/ci partir du",
.moment où j'ayais connu l'intérêt tout pa-,
ternel que vous,portez à cette belle enfant.,
.— Eh bien'1 'vous avez, sagement, ' fait' j
Monseigneur,, car, depuis l'affaire Gharo-•
lai's*, surtout, vous' étiez horriblement mal
dans ses papiers; elle parlait de vous comme
l'eût fait Mme du Maine, et, le croiriez-
vous? d'avoir,-pour toute punition, ordon
né au prince de voyager, ce qu'elle ap
pelait votre déni de justice a été sur le
point de la jeter dans un couvent.
■ — Une belle idée ! dit" Mme de Téncin,
iqui n'avait pas 'eu de repos qu'elle ne fût
-sortie, de celui où on lui avait farit prendre
le voile dans sa jeunesse.
~ Mais vous savez, dit le Régent à Lâw:
pasplustardqu'hièr nousavons fait lapaix.
— Elle me l'a conté, Monseigneur^ et
j'ose vous demander protection pour elle;
M. de Gharolais est revenu de ses voyages»
et a fait, des menaces. De nouveau insul
tée, elle ferait quelque coup de tête. Une ,
première fois elle a disparu pendant près
d'une année,, ayant sans doute pris retrai-,
te dans quelque maison religieuse ; une
autre violence, elle y retournerait et pro
bablement n'en sortirait plus. .
Comprenant mal que pendant si long- -
temps ons'occupât d'une petite bourgeoise,
—r. Ah çà I dit la princesse'de Léon, cette.'
Jeanneton, dont on nous rebatlesoreilles,.,
est-ce que pat hasard ca serait cette plai
sante personne qui a ou la baroque idée -
d'ouvrir, place Vendôme, une boutique de '
fleurs dans un des.hôtels dont- on a fait-
rendre gorge' :aux traitans et qui sur la '
porte,s!est affublée du titre de Bouquetière'
ae la Compagnie.des Indesl
— C'est elle justement, Madame laprin-.
cesse, répondit Law,et son idée ne devrait
pas vous paraître si baroque, car elle a.
beaucoup aidé etaide. encOre' à l'aifaire du
Mississipi-où déjà, pour votre'part, v'oyA
avez récolté, approchant, quatre millions;
— Mais l'idéen'ëst pas de Jeanneton,,
dit Canillâc, doctoral à manger et à boire,
de même qu'à parler! dans-cette galante
manière d'attirer l'attention.sur votre ter
re promise, qui ne reçohnaîtrait, mon cher
Law, votre main si savante et «i exercée à
battre le-rappel des'actionnaires! '; ' - , '
— Je vous dëma'nde pardon-, marquis,
répondit \e grand fihânçier^ridéô èstbien'
dè Jeanneton, derJeannetqn. ; seule ; ,un ma-;
tin après son éclipse,quand vint à ; reparak
tre l'enfant prodigue, comme je parlais de
la mettre sur un certain pie(3,jîans le mon"
de -: « Monsieur,'me dit-elle,'] J aimé mieux
»" être *1$ . première * des; bouquetières, que ,
» l'a d'ei'riiere des enrichies', » et'là^dessusi,
avec une* lucidité d'aperçus,; une entente,
commerciale admirable^ elle; se-mit à me
développer le projet d'une sorte d'exposi
tion florale qui, réunissant les produits de
toutes lés contrées-lointaines où s'étend le
privilège de. la Compagnie des Indes, so-
rait én même teriips l'affirmation de leur,
existènce r et"le témoignage dé leur splen-
dide fécondité. .
C'est tout simple, dit M. de Riom,
bon chien chasse de race. , , ,t
— Ce qu'il y a de sûr, ajouta Nocé, c'est:
que ce moyen de publicité et d'ébrUite-
meut vaut bien, Monsieur le financier/les
bourdes que vous, nous aviez fait débiter
par Watteau; les Indiens dansant d'enthou
siasme à la nouvelle qu'on allait leur ou-
'vrir des collèges de Jésuites, c'était comme ,
ce hâchis de bécasses, dont j0 redemande,
diablement épicé et monté en goût.
— Eh bien ! Monsieur, dit le Père Rei-
glet, que voyez-vous là de si incroyable ?
-N'est-il pas vrai qu'en tout lieu les Jésui
tes portent avec eux la civilisation ?
— Vous, mon père, (lit Mme de Mou-
chy, on peut être sûr qusrvous y porteriez
la civilisation du vin de Tokai et celle des
ortolans tarcis,.car en voilà sept .que vous
avalez coup sur coup, et, un jour maigre
encore, je vous prie de le remarquer.
— J'ai une dispense pour faiblesse d'es-'
tomac, répondit l'apôtre.
— Avec tout cela,'Monsieur Million , dit
Mme de Bar/v, cette idé<î si fécoiïde a dû
vous coûter le"» yeux de la tête; des salons
dorés, des serres aménagées magnifique
ment, des chinoiseries sans fin t Rien
plantes, il doit y avoir un côté ruineux.
— Madame ia duchesse, répondit le fi-;
nantior,-nous-faisons déjà nos frais. Sans
comptèrcet éblouissement et cette t poudre
jetée' aux yeux','la beautéde Jeanneton et sa
gracieuse habileté à la vente ; amènent chez
nous tout Paris. Les plus gros Mississi-
piens n'en bougent. Se retrouvant là, ils y
continuent..leurs opérations, cn.sorte.que
s l'hôtel de la jilace Vendôme est devenu
: une SHCcursale'de la,rue Quincampioix ; on
■ s'arrache nos raretés, que parfois l'on est;
foroa.de vendre aux enchères ; hier, .une
bruyèÉedu Gap (Ërioaitomentosa) a" mon té:
au prix ( de-trois-mille livres.- - - "■
,fJ »- Monsieur Law, cria Mme- de Tèncin- r
;d'un accent où se peignait l'envie de la pe- 1
•tite noblesse contre la haute aristocratie,
on (lit aussLq.us vous avez, la clientèle, de
,Mines ; les'duchèsses. > ' - -
, r- Ç'on est.honteux, dit Law,-non con
tentes d'être -partout sur. mes talons com
me des furies^ sachant que Jeanneton-- est ;
auprès de moi en quelque crédit, elles'lui
ifo'rment une cour et vont la relancer jus-
•qu!à sa toilette; l!autre jour, Mme .d'Es,- ;
itrées et Mme de La Force se sont presque ,
'disputées à ; qui lui: donnerait la chemise,-,
elles n'eussent pas plus - fait pour Mme -la ■
duchesse de Bourgogne.
A ce moment ùnè grande horloge enfer
mée dans uncartel do- Boulfe a incrusta-,
tion^^'écaille; so'qna lentement onze heu-'
•reg.: „,/ r ;
:--Eh mais ! fît le Régent, la soirée s'a-.,
vance, et m'est avis que M. le commandeur
nous brûle Ta politesse.- -,
Près qu'au même instant entra un mire-
balais ; on appelait ainsi - des laquais de
itaille et de force herculéennes que Mme de
Berry choisissait de cette encolure pour se
faire respecter à outrance.
La réclusion aux- soupers du Luxem
bourg n'étant pas commandée aussi lier-.
métique qu'à ceux du Palais-Royal,
— De la part de l'abbé Dubois, dit le la?
quais en présentant au-Régent un pli sur
une assiette de vermeil. Le prince essaya
de lire, mais, on se le rappelle, il avait.les
yeux malades. ,
— Ce Dubois, ditTil, écrit comme un.
chat, et passant le billet à Brancas, tiens,
lis, ajouta-t-il*, ce te sera'une occasion:de
remuer la langue, que tu as ce soir com
me clouée au palais. , r .
La remarque était juste, absorbé dans
une étrange ' préoccupation, ce soupeur
qui parmi les roués avait le surnom de la
fiaillette gaie, .épithète supposant' un flux
habituel de paroles, n'avait pas ouvert
la Ifbuche de la soirée, et il avait im
perceptiblement bu.
: «Monseigneur, lut.Brancas, n'attendez'
» pas votre homme dè ; l'autre monde, je
» lé tiens sous clé' et vous/en rendrai bon
» "compte. A deiriairi les'détails,
. . » Votrç fidèle et affectionné,
•il'- ,"f, » D UBOJS, » , -
. .-Personne jusqu'au,.moment où le Ité-
{gent avait remarqué l'heure, n'avait vou-
l lu paraître préoccupé'du convive absent;-'
■ mais au plus intime de l'a pensée de cha
cun;, avait tdû se' fair&'un certain-travail-
'■ d'inquiète curiosité donfr l'attitude consta
tée chez Brancas^ s'était montrée la plus'
: naïve expression. À,,y Jbipn -'regarder en',
îeffetjcen'étaltpas là ùn dè'cesorageux sou-\
;ps^-de'la duchesse de-Berry dont le scan- }
t dal'e devait retentir dans la lointaine pos-
:téritè:Un autrè jour, jamais une si longue '
; audience n'eût été donnée4,1a chaste et ;
-bourgeoise figure de Jeanneton. Il'sem-"
blait que d'instinct l'on s'y fût cramponnée '
-ef qu'on l'eût tenue sur le tapis pour y
faire-'honnêtement l'intérim dM propos-"
libre, impie, ofdûrier;- de la gueulée en un
mot, pour nous servir du terme tachni-',
;que dont on. .ne s'était, pas -trop senti le
îcourage.
| Lorsqu'on* f^t assuré que personne ne
viendrait; il y, eut copime. une détente et
june' respiration générales ; •••--. : ■
< C'est déôidéinent quelqu'un et quel-'-
;que chose que cet intrigant de. Dubois ! dit >
le Régent avec expansion.
— Pour moi, tout, est fini, dit Mme de
B.ôtryen jetant son verre en l'air, après l'a
voir mis à sec; je ne crois plus à rien , pas
même au'Mïi de Cliatapagne". Moi qui pour- r
plaire à ce déterré avais pris un,costume '
lamentable, jusqu'à me brouiller avec ce-*
gros bête de Riom- qui m'en avait fait une ■>
scène.. -... , . . _
i — Mesdames.et,Messieurs,.dit Brancas,.:
Je plus - soulagé de tous., il faut ; è"tre piétfx J £
envers les morts ; jo propose une santé à' r -
la mémoire de ce pauvre Liliers, coffré en
ce moment par procuration chez notre
vertueux abbé. ■ ,
Gela disant,, il s'était levé :1e verre à la '
main et la compagnie tout entière moins
Monsieur le Régent que
si grandeur, attachait an rivage, - *
était debout pour lui faire raison.
; Encore un moment et le repas,]ùsque-là
• si bavàrdet si glacial, allait entrer dans la'
zônetorride, mais l'élan -fut aussitôt Com
primé : ouverte à deux battans, la porte
faisait attendre une visite d'importance : '
d'unp voix oùsemarquaitune émotion qui*
s'explique, un des grands laquais annonça :
FEU MONWElîH XE ; GUEVALIËR I)E LILIERS. ,
Charles.£5ABÎOtl,
{La tuite à demain.) *
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