Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-09-27
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 27 septembre 1864 27 septembre 1864
Description : 1864/09/27 (Numéro 270). 1864/09/27 (Numéro 270).
Description : Note : erreur de numérotation. Note : erreur de numérotation.
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
J
49 MXÉ&.—X.- î7o!
ÂBOMEHÉNS DES DÉPARTEMENT.
' TROIS .MOIS .< - «- * . it)-FR.
SIX MOIS -. B2 FR.
; ÙN AS,... 64 FR.
•ou» uu r\Ts ÉTR4NGEBS, voir le tableau
■ publié 193 5 et-20 de chaque mois.
imp. L. BONiFic^ ï ; 4cs Boas-Eofans/lS;
& ÏÏMfOURNAL POLITIQUE, IJITÏ^Ï^ UNIVERBEL.
^OMEMEXS M PARIS,
»_— M?#*-
i» m
r-fenvi■pf'Hcswftiê#-
citisj
&S.
L6 mode i>'Aao?wj3MEKï le plus simple est l'envoi, d'un bon dû poste ou d'un efiai
sur Paris, "à ^ordrë de l'adhixist&atbub du journal, rue de Valois, n° 10.
■ ' ■* \ - - i . -,
, \.i | * 'r f 'jf**,'- * } * ' r
Le s lettres ou envois a'argetU NpN' a - ffranc ^ i ^^ W , reftisèî,..'
Les articfes déposés nb jBÔnt 'pas 'Eehdus.
• *;.îîJŒ • I ; ' ... V u * -
MM. les souscripteurs dont l'abonne»
mentexpire le 30 septembre^ sont- priés 1
dè le" rfenphveler immédiatement, s'ils -ïj$.
veulent pas éprouver de retard dans la ré
ception du journal. • -=•- - f
.Le mode d'abonnement" le plus simple
et le plus prompt est un .mandat sur la poste
■ ou un effet à vue sur une maison de Paris,
à l'ordre de l'administrateur du Constitu
tionnel.
i'AIllS, 26 SEPTEMBRE
D'après les dépêches de Turin d'hier au
soir, le nouveau ministè-e italien serait
ainsi composé : M. le général de La Mar
inera, présidence du conseil et affaires
étrangères ; Sslja, aux finances; Petitti,
guerre ; Matteucci, instruction publique;;
Morandifrr, travaux publics; Conforti, jus
tice; Longo, mariné; Natoli, agriculture.
Le cabinet espagnol applique avec une,
évidente • franchise son. programme de
conciliation. Après l'amnistie accordée à
la presse, il vient de xaire acte à la fois
' dç sagesse et dç ïorce en levant les arrêts
infligés au général Prim et à plusieurs
Outrés officiers par le précédent cabinet 1 ;
ils sont autorisésià revenir à Madrid s'ils
le jugent convenable, • - 5
Les journaux annoncent, la rentrée en
Espagne de S. M. la reine Christine, qui
doit, arriver à Madrid.le 28 ou le 29. S. M»
descendra au palais du marquis 'de Remi
sa; On dit quelareine Christine ne passera
'pas plus de huit jours dans la capitale. Le
Conlemporaneo assure que le parti progres
siste se propose de faire en l'honneur delà
reine-mère une démonstration d'affection^
dé "sympathie et de respect;
-La convention Iranço-italienne inspire
à quelques journaux espagnols des ré
flexions où l'on peut voir le symptôme
d'un' changement favorable, au-delà des
Pyrénées, dans la politique, à l'égard de
l'Italie..
;Le Botschafter assure que le grand-duc
d'Oldenbourg a l'ait savoir conlidentiella-
melit à Berlin et à Francfort que son
Mémoire justificatif serait soumis à la
Diete germanique dans délai de quin
ze jours. liû Gazette autrichienne, de son
côté, déclare que .le cabinet de Vienne n'a
pris aucune résolution sur la question dè
succession et n'en prendra aucune avant
d'avoir pesé les prétentions respectives
des divers compétiteurs.
On parle -dé la convocation du Ileichs-
rath autrichien \)Our le 8 novembre pro
chain.
Le baron de Bach, ambassadeur d'Au
triche auprès du Saint-Siège, doit retour
ner à son poste dans le courant de cette
semaine-ci.
Les nouvelles de New-York datées du
16 septembre annoncent que les démocra
tes de la paix abandonnent la candidature
du général Mac-Clellan; il? tiendront pro
bablement un. meeting pour décider la
conduite à tenir dans les élections prési
dentielles. „UnQ pareille décision dans le
parti démocrate offrirait de nouvelles
chances pour la réélection du président
Lincoln. , Auguste Vitu.
-^s
Les questions elfe réforme politique inté
rieure continuent à être reléguées au se
cond rang dans les préoccupations du pu
blic anglais; Ce sont ljes affaires étrangè
res, hier celles du Danemark, aujourd'hui
celles d'Italie, et constamment les évène-
mens d'Amérique , qui monopolisent à
péù près l'attention des- journaux d'ou-
tré-Mançhe.
43n paraît avoir complètement oublié,
en 'Angleterre j qu'il fut jadis question
d'élargir la .cercle du privilège électo
ral 5 et; • d'adtoetti'ë su droit ;de voter
Une portion ■ plus considérable de ces.
classes '.ouvrières'") doiit k sage condui
te pendant la récente crise de l'industrie
du coton a été l'objet d'éloges univer
sels. Un discours assez 'libéral prononcé
pendant la dernière session par M. Glads
tone, mais que soft auteur lui-même s'est
efforcé plus tard d'atténuer, n'a point
réussi à provoquer une de ces agitations
comme en suscitent clieg nos voisins tou
tes les grandes causes adoptées par l'opi
nion. Les vacances parlemôntaires parais
sent devoir s'achever :sans qu'on ait vu se
-renouveler ces meetings monstres que les
chefs du parti démocratique ne se las
saient pas d'organiser il y a quelque? an*
nées, La Chambre des coffîttiiiiies actuelle
approcha du tel'me de sa carrière- légale
feans manifester le moindre remords et
avec la plus paisible indifférence, bien
qu'elle ait complètement négligé les pro
messes de réforme électorale qui bril
laient sur les hustings , ily â six ans en
tète de toutes les professions de foi.
:Cette -pénurie de sujets importans dé
discussion à l'intérieiir S 'âperçoit jusque
dans les discours que les personnages por
iitiques les -plus éminens se yoieht obligés
de faire daps des circonstances spéciales»
Ainsi;, l'autre jour, lofd ^almerstonj-sur ce
ton humoristique qu'il semble affectionner
de plus en plus comme si les années
le rajeunissaient, ne trouvait rien de
mieux à dire du régime -parlementaire an
glais quode le comparer, dans un parallèle
abondant en détails et irôme en jeux de
mots, au plus noble des diverlissemons
britanniques, !i une Coursé db chevaux.
Plus récemment, M. Disraeli, dans une
réunion agricole de so'n comté de Buckir.
gbarn, se livrait a une longue dissertation
sur les mérites des 'divers croisemens de
la race ovine-, dissertation à peine inter
rompue par quelques réflexions sur la
guerre d'Amérique. Il est à croire que
les. chefs (Tes deux grands partis politi
ques de l'Angleterre choisiraient d'autres
sujets de discours si de part et d'autre on
ne trouvait plus commode d.c laisser som-
meiller'la polilique intérieure. '
"Mais c'est Surtout la presse qui porte té
moignage du calme, prolongé de l'opinion
publique en Angleterre.' Ainsi, après'Ici.
politique extérieure, c'est l'assassin présu
mé Millier qui, pour le moment, fait dans
ses colonnes l'objet des commentaires les
plus sérieux. La grève des ouvriers mi
neurs ne" vient elle-même qu'en seconde li
gne. Laréuniondel'associalion britannique
pour le progrès des sciences proprement
dites, \ient d'être suivie, il est vrai, de la.
session annuelle d'une autre association
fondée il y a cinq ans, et qqi s'est donné
peur mission l'étude des sciences sociales.
Le discours d'ouverture de lord Brougham
embrasse une multitude de sujets qui,
comme le fait justement remarquer le
Times , ne. rentrent pas rigoureusement
dans le programme, d'ailleurs très vaste,
de cette association. L' Angleterre est peut-
être le pays de l'Europe qui appelle le
plus de réformes sociales, où ces sortes de
questions provoquent le plus de discours,
de- mémoires et de dissertations , mais
où Tes actes sont le moins proportionnés
aux paroles. Bien peu de, chose .a été
fait encore pour détruire 1 les inégalités
que les mœurs, aussi bien que les institu
tions; établissent entre les diverses classes
dela'société anglaise. La justice y .est tou
jours à peu près hors de la portée du pau
vre dans les matières civiles; et si l'on en
tend à chaque instant des" seigneurs, des
financiers, des industriels, des commer-
çans, porter aux nues la prospérité de la
Grande-Bretagne, la misère ne continue
£ » ! 'tes abonnemèris: datent des fl ; v .
t^ ?, s .' ' ; ' '.' , ia ?- 'pSkqiiêt-pôlaï-i*- 1 ï ••
l ' ■ T i : C. ; - "li il . i ; f - J k < ! *.. '
Les AmûnCES sont reçûes chez ^anis, ;rîiâ Rytre-Dame^des-Victoires, à*. 40. - !
• M-.'. a ^ i» •<(»»,; • •, , r .î . r .
» j 5 i
{place de la pourse}».':
î î'
pasimoins de présenier un triste contraste,^!»»*-
avec : ce'tte opulence si -vantée. "
L.es philanthropes de rdssdciatiori dëâ ,
'sciences-sociales reproduisent chaque uht
née leurs observations sévères et leurs sta
tistiques peu consolantes sur la condir
tion morale et matérielle d'un grand nom
bre de lëurs compatriotes, ils iiisisteiit
généralement sur les pinçonvéniens hygié
niques et les influences démoralisatrices
des habitations des paysans dans les cam-.
pagnes et de célles des classes inférieu
res dans les villesi Mais,} â qiiels rêstil- .
tats pratiques ont jusqu'ici abouti cés do
léances humanitaires ? C'est ce que
nous n'apercevons pas bien; - car, on sait
combien, en Angleterre, tous, les progrès
sont lents à se réaliserr :
Sous le rapport social, pas plus que
sous le rapport politique ,' l'Angleterre
ne peut donc prétendre avoir atteint
3a perfection suprême.- il s'en: faut que
l'indifférencë des ' classes dirigeantes à
l'égard du progrès ou des- réformes inté
rieures doive être' ainsi interprétée. Mais
cette indiffiérencej'çiui se fait'surtèut séâ 1
tir dâns les questions politiques, peut-
èlle durera long-temps/C'est-ce que apprendront les élections de l'année pro
chaine,t"
" , . H.-Marie Martin.
TELEGRAPHIE P1UVEB.
"i:
Londres, '<£6 septembre.
Le Times considère le traité franco-italien,
commetrès favorable aux Ita .lieDs .Les partisans
du Pape, dit -il, perdrontl'espoir de dominer la
situation avant le triomphe delà révolution ita
lienne. La situation actuelle ne leur s.ulflsait
prts> mais ils l'auraient niainteuue crainte de
pis. Le gouvernement pontitical comprendra
mieux maintenant la nécessité d'une réconci
liation que lorsqu'il était, protégé par les baïon
nettes françaises. ,
: Le M'irhing-lUrald soutient rfue le roi d'Italie
ne pourrait, en aucun cas, combattre la révo
lution à' Rome. La feuille anglaise dit encore
Que l'autorité morale du Pape gagnera à la
perte de son pouvoir temporel,
i Le Daily-News dit que, parle traité du la sep
tembre, le roi d'Italie s-'ong-'age à renoncer à
Rome pour capitale. ' 'C'est une épreuve durë
pour les Italiens;-ils doivent ■ néanmoins tdut
espérer du temps s'ils restent unis. - ■ ■
Liverpool, 28 septembre.
L'Europe a apporté lî>,-847 dollars. '
New-York, 16 septembre.
Un arrêté du général Sherman'enjoint à tous
les habitans d'Atlanta de quitter cette ville,
ijivec leurs ■ propriétés mo hilières, et 9 e se rendre
dans le Nord oit dans le Sud: Hood a consenti
à une trêve de dix jours ; mais en prolestaiit
çontre l'inhumanité des mesures de 9herman<
' Grant a avancé ses lignes sur sa gaucho. 11
prépare une attaque vigoureuse contre Lee.
: Stieridan a fait prisonnier un régiment con
fédéré dans la valléo delà Shenandoah;
; Les communications entre Murfreesboro et
Atlanta sont rétablies. Wheeler est en retraite.
: Le parti jépublicain a été victorieux dans
les élections de l'Etat du Maine.
: Les chefs du parti démocratique favorables
à la paix ont abandonné la candidature de
tyiac-CÎellan. Ils tiendront probablement un
meeting pour décider la conduite que le parti
doit suivre dans les élections présidentielles,
i Le3 vapeurs Old-Dominion et City-Petersburg
sont arrivés à Halifax avec 1,800 balles de co
ton pour l'Angleterre; le bruit court que ce
coton doit servir au paiement d'un emprunt
confédéré. .
Or, 223 1/2 en hausse. Change agité. Le co
ton est calme à 180.
! - Copenhague, 25 septembre.
Les fiançailles de la princesse Dagmar avec
]je grand-duc héritier de Russie sont décidées.
i Berlin, 2b septembre, soir.
Le grand-duc héritier de Russie est parti
pour aller faire une visite à la! cour de Copen
hague. '
! Locarno, 25 septembre.
Les lettres de Turin du 24 au soir consta
tent que la tranquillité était rétablie. De nom
breuses troupes occupaient toujours la ville.
Des bruits contradictoires couraient au sujet
nouveau ministère.- < t
i Les journaux des :provinces sont unanimes
pour applaudir àla convention franco-italienne*
! Turin, 25 septembre, 10 h. 1/2 soir.
La ville est tranquille.
Les journaux assurent que le ministère est
ainsi composé : ,
MM. de La Marmora, président du conseil, af-
-""ïtiires étrangèresf
• tanzd ? - iûlMout'5 - -
Sell&,, finances 1 -; - ' - ' v, •
*> Petitti, guerreY < ■ '
■ • . Matteuctiîi irisiFueticto publique ;
Morandinîy travaux publics ;
Gonforti, justice; ^
Longo^ marine ;
Natoli, agriculture.
t Cherbourg 20septembre, Oh. matin.
Le Lafayette, de la Compagnie transatlanti
que, venant de New-York , passe en .vue. Il
porte des.nouvelles du 14 septembre au soir (1).
i ,\Huvas-BuUier.)
Joici les dépêches que nous recevons ce
soir ; ■ .
Londres, 26 septembre.
Le correspondant spécial du Times à New-
York lui écrit, en date du 14. septembre, que
le parti de là paix refuse"d'appuyer la candi
dature du général Mac-Clellan. Des mesures
Vont être prises pdtir réunir une nouvelle con
vention démocratique. .
Rien de nouveau" à Mobile. Par ordre de
Sherman, tous les liàbitans blancs quittent
Atlanta ; ceux qui prêtent serment' de fidélité
il l'Union sont dirigés ?érs le N.ord, ceux qui
ne.^prêtent pas te serment sont dirigés vers le
Grant et Sherman demandent instamment
des renforts et. ils,sollicitent M. Lincoln de re- -
cOurtf-a la conscription. 1 • .
M. Stanton annoncé officiellement que les
opérations de la conscription' commenceront
le-19 septembre.. :■
: Berlin, 26 septembre.
Le gouvernement dE Nassau a notifié ici son
adhésion aux traités douaniers' du-SS8- juin et
du41 juillets etaaoxmaé ^plénipotentiaires
"prendre part aux délibérations. . . j;
. ! , Berne^ 25 septembre. •
Le conseil des Ëtats a rejeté, à l'unanimitéj
le recours du bureau électoral de Genève' con
tre l'arrêté fédéral qui a validé l'élection de M.
Chenevière. Des pleins pouvoirs sont accordés
au conseil fédéral.
Le conseil des liStats a commencé la discus
sion du traité franco-suissei
Turin, 26 septembre, matid.
La tranquillité n'a p$s été troublée.
MM. de .La Marmora, Lanza, Sella et Petitti
ont pris possession, ce matin, de leurs minis
tères respectifs» •
1 ■ Bruxelles, 2"6 septembre, 6 h. 15 s.
Le ballon le Géant, monté par 1 M. Nadar,
s'est enlevé ce soir à cinq-heures Quarante- 1
cincj minutes.. Lèvent le polisse vers 1 la Fran
ce. Le-temps est' splendide. Une foule immen
se et la faïUille royalè assistaient à l'ascension.
La fête nationale à été très'brillante. Tout
s'est passé' dans Un ordre parfait i Le Géant
avait attiré un grand nombre d'étrangers.
' l ', ; ' ' ; . {Iluvas-Bullier.}
COURS DE I>A BOipRSK,
CODBS DE CLOTURE 16 24 le 26 (MUSSE. B4ISSB •
3 0/0 Au compt. 63 80 65.s » » »
--Fin du mois. G5 9.0, 65.9Q s » » »,
41/2 au q'iiçaptJ 9210 92 TO * » » »'
—Fin du mois. 92 70 9â 75 . 05 * »
Outre sa proclamation à la population
européenne et à la population arabe, le-
maréchal duc.de Magenta a adressé l'ordre
du jour suivant à» l'année i ■
ORDRE DIT JOUR.
Officiers, sous-officiers et soldats,
Je pose de nouveau le pied sur la terre d'A
frique et je tiens à vous idire immédiatement
combien je me suis réjouile jour où l'Empereur,
mi me confiant le gouvernement de l'Algérie,
m'a appelé à l'honneur de vous commander.
Mon cœur a bondi '4e la joie du soldat qui re
trouve ses vieu? corupagcons d'armes.
Je sais déjà avçc quelle impatience vous at
tendez le signal qui -vous appellera à de nou
veaux combats; je sais queivous êtes prépa
rés pour^ous l Ce que vous venez de faire récemment contre
une insurrection imprévue, dans une saison
redoutable par ses chaleurs , les difficultés
de toutes sortes que • vous avez vaincues,
ce que je connais enfin votre rprésent,,tout me dit que l'Empereur
peut compter sur votre- expériepoe de la guer
re^ sur votre' couraja et spr, votre dévoû-
: ment. ' - - .
Si les tribus qui ont levé de nouveau l'é
tendard de la révolte ne répondent pas immé-
diatement à l'appel que je fais à leur raison, je
ne retarderai pas plus longtemps votre ardeur,
et vous levfr montrerez une. fois de plus leur
impuissance .à résistelr à vos armes.
! Alger, lç 21 septemhrè^ï,
r*"- '-Le maréchaldeftfâûcc.'gouverncur
■-yvp --■i--:igéBéral« i ^ie^'yAlgéne>
Maréchal de MACTMAHONj-nuc de maOenta.
(1) Une dépêche télégraphique du Havre n
apprend'que .Ie p^qUebot-posté .Za/ai/eMe eSt
tré dans le port aujourd'hui lundi, à deux heures
-dusoir. • i ' i1, " / 4'*.') -
nous
eir-
ITALIE.
turiîî , 24 septembre. — La municipalité de
Turin a fait afficher ce matin la proclamation
suivante ::
• Concitoyens !
Grâce à votr.e sagesse et à votre patriotisme, les
exhortations de ceux qui vous conseillaient d'es«
péfer n'ont pas été vaines. .
; Lé calme de' la nuit passée est un sûr présage
pour l'avenir. ■ n . ;
La garde nationale répondra aujourd'hui, com
me toujours, à la confiance du pays,
i Turin, de l'Hôtel-de-Yille, le 24 septembre 1864.
; Le syndic, koiu < '
—.Nous lisons dans la feuille pfficielle :
» feris toute la journée d'hier,et pendant la
nuit dernière la tranquillité 1 n'a pas été trou
blée, et aujourd'hui la ville a repris son aspect
ordinaire. » :
La députation provinciale , convoquée
d'urgênc'e llïer j sur une demande formelle
adressée p. M. le préfet dès.mercrédi matinj'a
adopté, la délibération suivante, 1 '' . " 1
: Oonaidêçant que les nouvelles du traité récent
avec la,KraÙ£e au,sujet du traaefeit immédiat de
le capitale 4' F]qi>ence' Ont prpfo'ndiment ému les
esprits; ' -? • < ; . , • • •
I Que, par ce fait, ■ les intérOts matériels et' filo-
raux,- moins encore de la 1 ville d-e Turin que do
toute la province, ainsi que de la» nation entière,
étant gravëffient menacés, il esttfu devoir des re-
"pïèwn-tajj^jprOvinoia'fM do pourvoir, ;îi8Jjs la gphé-
re -de leurs attributions, à la.défense dé leurs ad
ministrés;
Que ce deveir est devenu plus impérieux et ur
gent en présence des faits incroyables qui ont si
douloureusement ensanglanté cette ville ; •
i Considérant que, dans les circonstances actuel-
Ies,ila convocation immédiate; du conseil provin
cial serait impossible ; : ^
Vu l'art. *72 de la loi communale et provincia
le,.paragraphes 4 qt 7 ; .
Attendu l'urgence,
* ' Délibère:
1° D'aviser, de la 'manière la plus énergique
possible, tout en observant la loi, au maintien du
vote, dù .20 mars, qui proc'aipe.Rprae capitale de
l'Itali^...
go D'inviter toutes lés communes de cette pro-
viriôe, ainsi que des autres provinces, à tendre à
ce "but t>ar tous lés moyens légaux ; ■ 1 ' • «
3» Que la province' concoure,'.en attendant^ pour,
la somme de 3,Q0(i fr. A ,1a.souscription:nationale
es faveur des victimesides 21 et -22, du courant;
4" Que la présente spit imprimée et répandue
dans toutes î,es.communes. . , . -
i A cette réunion n'ont pu assister que les
conseillers MM: Bertea, député — avocat Fili-
bei'to frescot comte Ceresa de Bonvillaret
i- -avocat Yittorio'Vilk, députa r --,Kiva, sénse
teur. ' ' • •• ; ni'ï t; ,
— L'avis suivant a été placardé ce matin
Bur les murs dé n.otre villç r
SOCIÉTÉ DiS OUVBlÉa» HE TUJilN.
A la suite des évènemens* arrivés hier, et se
condant les exhortations de la municipalité, • qui
recommande, le calma aux citoyens, la direction,
avertit toua les sociétaires qu'elle a décidé de
suspendre la réunion de ce soir.
Elle les invite donc à une réunion ordinaire
pour,demain, dimanche, à neuf heures, afin de
discuter une adresse au conseil.municipal.
I LA DIRECTION.
; .i- :
— Nous lisons dans la Gazette des Romagms
du 23: ; j
i « Les très graves nouvelles de Turin ont
produit hier une douloureuse émotion à Bo
logne. Si nous avons jamais regretté que notre
voix soit faible et peu autorisée, c'est certai
nement en aette circonstance où nous vou
drions qu'elle criât concorde d'un bout à l'au
tre de l'Italie; :
» Nous voudrions que toutes les municipali
tés du. royaume votassent unanimement, avec
un élan sublime, une adresse à la noble et
généreuse Tiurin, en la proclamant bien méri
tante de la nation italienne, et lui offrissent,
avec le témoignage de .la reconnaissance uni
verselle, une compensation pour le dernier et
grand sacrifice que l'Italie exige d'elle au nom
de l'unité nationale.
i » Nous serions,heureux que ce fût notre ville
qui en prit l'initiative. » .
' — Diverses lettres-reçues de nos provinces,
dit le Monitore delle Marche, nous apprennent
que dans les centres où la réaction cléricale
est plus hardie, la nouvelle favorable aux
vœux nationaux a produit une joie plus vive
a!u milieu des populations.
' Ainsi, dans diverses localités, et spéciale^
ment dans la ville de Cagli,; lorsqu'on apprit
que le traité de l'évacuation de Rome par les
troupes françaises avait été signé, la bande
musicale de la ville se mit aussitôt à parcou
rir toutes les rues principales,- et les citoyens,
se serrant la main, répétaient, transportés par
la joie, et d 'une voix unanime : Damdeux ansl
mots -devenus le symbole de la concorde, la
, ippeuvait arteridrÉi'• i
gesse :e£ 4»' p^içtime 1 iiU ftps populations..
i — Sous le titre derrières muvilles, l'Italie
publie diverses: rumeurs sur une recompos-
tion du cabinet, sans,-intérêt maiaitenant que
l'on oonnait d'une façon ^presque certaine les
noms ; des : nouveaux: ministres. Nous y trou-
yans en outre les nouvelles suivantes :
' « Aujourd'hui, une grande partie des trou
pes a été retirée des-places publiques. Un seul
régiment occupe encore les portiques des mi
nistères, et une compagnie de bersaillers est
installée en face de la questure.
» Les^ et 10 e régimens d'infanterie, brigade
de la reine, sont arrivés cette nuit à Turin. Les
troupes actuellement à Turin se composent de
douze régimens d'infanterie, do trois batail
lons de i bersaillers, une brigade de icavalerie et
un demitrégiment d'artillerie. ;
» On nous assure-.que l'état de santé du co
lonel Colombini,- oounnandant du : 17 e ,- s'est
amélioréipend-ant ces deux-;, jours; et que les
médecins aie désespèrent pas de le sauver.
1 Le:numéra ^aujourd'hui-du journal II
JJov'ere, de Gênes, a été saisi sur l'ordre du pro
cureur du- roi* pour, une 'lettre de Mazzini
adressée à M. Campanella.i -
s » Ce soir Çii), au moment de mettre sous
presse, le calme le plus profond règne dans la
ville. »
ESPAGNE,
i madrii S, 23 septembre. La Gazetti de Ma
drid publie les documléns suivâns :
' EXPOSITION A SA MAJESTÉ.
Madaçje, d88 circonstances connues ide'-tous ont
aigri les passions politiques dans 'ces, .derniers
t^mps; "et 'il- n'est "pas 1 6tonn?mf que 31 la pressa en
ait été plusieurs ijois l'expression,; ainsi qu'elle
est l'organe des opinions des partis militans.
11 était naturel, en.conséquence,.q.u nemens chargés de l'exécution des lois et de la
conservation de l'ordre public employassent la ré
pression, traduisant devant les tribunaux ceux
qu'ils croyaient avoir abusé do ce mo^en. Mais Vo-
tfO'Majesté s 'élevant toujours au-dessus des partis
politiques et inaccessible à leu-rs passions, réstrve
llusage de sa prérogative royale' pour l'appliquer
au moment ou elle Juge que son exercice ne sau
rait préjudicier à l'action du gouvernement. Vo
tre Bouverneinent le sait; aussi, m'inspirant des
hauts et nobles sentimensvde Votre Majesté, do
ljavis du conseil dos ministres' 4 j'ai l'honneur
de proposer à Votre Majesté le projet de décret
ci-joint.
! Madrid, le 21 septembre 1864.
Madame, aux royaux pieds de Votre Majesté,
: LE DUC DE VALENCE.
DÉCRET ROYAL.
Conformément à ce qui m'a été proposé par
mon conseil des ministres, je décrète cequisuit:
l Art. l«r J'accorde amnistie pour tous les délits
de pressa commis jusqu'au jour'de la publication
d|u présent décret.
j Art ?. Il sera sursis immédiatement à tous les
procès pendans et il ne sera pas procédé à d'au
tres pour les délits faits et : leurs conséquences,
i Art.',:3. Les-ministres'à' qur 11 appartiendra,adop
teront les résolutions nécessaires pour que ma
volonté soit exécutée.
I Donné au palais, le-21 septembre J 80*.
( Signé : la beine.
Contresigné; le -président-dû conseil des
ministres,
. RAM0ÏWUR1A NABVAKK.
Considérant les faisons qui ont motivé mon dé
cret d'amnistie pour les délits de presse, et de
Pavis' de mon conseil des ministre?, je décrête ce
rfui sUit: > ' .
I Art.'!"". Il est fait remise de toutes les amendes
imposées depuis le l".janvier I8fi7 jusqu'à ae
jour, aux feuilles périodiques qui se publient et
sja eont publiées dans le royaume,
i Art. 2. On procédera immédiatement à la liqui
dation du montant des amendes payées et leur
restitution sera mise àla ctarse du budget actuel
aussitôt qu'il aura été obtenu,un crédit législatif.
Mon gouvernement présentera à cette fin aux Cor-
tès un projet de.loi spécial, dans la prochaine
session.
' Donné au palais, le 22 septembre 1864.
Signé : la kbinb.
Contresigné : le président du conseil des
ininistres,
, IU mon -M ama N auvaez.
Usant de la prérogatîVé' quj m'appartient aux
termes de l'art. 26 de la Constitution de la monar-
cliieet de l'avis :de mon .'conseil, des ministres, jo ,
décrète co qui suit r iï'i, - '
Art. 1 er . Le congrès des députés est dissous.
Art. 2. Il sera procédé 4 de nouvelles élections
conformément à la loi électorale én vigueur."
i Art. 3. Les cortès du,royaume se réuniront dans
la capitale de la monarchie, -le 22 décembre de
l'année courante.
Donné au palais, le 22 septembre 18G4.
Signé : la risime.
Contresigné :
Le président du conseil des ministres,
R amon -M aria N arvmez.
, A fln d'exécution de l'art. S de mon décret royal
de cette date, considérant les raisons exposées par
le ministre de l'intérieur, et de l'avis de mon
conseil des ministres, je décrète ce qui suit :
■ Articlé unique. — Il sera procédé aux élections
générales des députés aux Cortès;-le 22 novembre
prochain. Signé : la heine.
Contresigné, -le ministre de l'intérieur :
LUIS GONZALEZ BRAVO.
Feuilleton flu CoBStitutionriel, 27 sept.
r : t; K > n . •
LÀ FORÊT IDE BONDY
EPOQUE DE LA RÉGENCE.
Troisième partie.
I.
CLÉOPATBE.
A l'époque où se reprend notre récif, il
n'était bruit en Europe que d.e !a collec
tion formée par Frédéric Ruysch> célèbre
médecin hollandais.
A l'aide d'un secret que malheureuse
ment il â emporté avec lui,' il donnait à
to'ys les débris animaux une sorte d'exis
tence posthume, et-telle était l'inaltérable
beauté dû ses préparations, qu'un jour,
visitant son cabinet dont il seïendit plus
tard acquéreur, le czar Pierre-le-Grand
se prit à embrasser les gracieux restes d-un[
enfant qui, merveilleusement disputé à li
destruction, du fond de sa vie artificielle;
semblait lui sourire.'
Entre, ce merveilleux trompe-la-mort et
l'abbé de Livry se suivait une correspon
dance scientifique et bien qu'avec son
confrère, de France, le Hollandais ne se fût
pas 'entièrement ouvert dp'la composition
qui servait à la conservation de'ses pièces
anatomiqueir, il lui avait fait - d'assex pré
cieuses confidences pour, que l'at-bé, de
son côté, eû't obtenu de beaux résultats;
Quelques-uns des loisirâ que lui laissait
ga pratique chirurgicale, il les employait à
des recherches de cp genre, et, un soir du
ois de novembre 1718, dans ce'cabinet
m .
Ïue, grâde à sa communication avec la'
'osse-Maussoin, nous avons pu faire entre
voir au lecteur dès le début de notre dra
me, M. de Livry était occupé à injecter
un sujet qui dans la matinée lui avait été
apporté de l'Hôtel-Dieu -de Pàris^ quand il
vit entrer Golingry. "
— Qu'est-ce ? dit-il d'un- ton à faire
comprendre qu ? il lui déplaisait d'être in
terrompu au milieu de son travail.
' — Il y a là, dans la cour, répondit le
factotum dé l'abbaye, un 'charretier ame
nant un foudre de vin.
— Eh! je n'ai pas commandé de vin,
répondit M. de Livry avec impatience.
•— C'est ce que-j'ai dit-, mais ce serait 1
un cadeau de vin du Rhin que l'on adres
se à Votre Révérence, etT,e diable d'hom
me qui l'amène ne veut ni s'en aller, ni dé
charger son haquet, qu'il n'ait un récépis
sé du destinataire inscrit sur sa lettre'dti
voiture. : '
— Eh bien! où est-elle cette lettre?.elle
nous dira peut-être de qui est l'envoi?
— Le charretier veut absolument la re
mettre en'mains propres.
— Qu'il aille au diable, lui et son vin!
dit l'abbé impatienté.
— Je l'y aurais bien envoyé de moi-mê
me, répondit Golingry; mais je dois dire
que, dans l'allure du personnage, 1 il y a
quelque chose de singulier-et de mysté
rieux, qui m'a décidé à venir interrom
pre Votre Révérence : je parierais presque
pour un homme dé qualité se cachant sous
un déguisement. •
— Allons ! faites entrer, pour en finir,
dit l'abbé en se résignant. ■
Il achevait d'étendre- "sur la vaste table
où reposait le disgracieux objet livré ô ses
études, un ample tapis de- serge verte,
quand, son fouet à la main, pour plus de
vraisemblance, p.arut un homme sèc et dô
haute taille; à la façon des roUliers, ; il, était
vêtu de grandes guêtres «n toile et d'une
blouse bleuâtre; sa coiffure consistait en
iln Mouchoir à carreaux fôuges qui, lui
enveloppant toute la tête, venait-se nouer
gous le mentoni Par dessus, il portait, en
foncé jusqu'aux yeux, un vaste feutre gris
qu'il se contenta de lever en entrant. En
suite, d'un portefeuille graisseux, il tira
ùn 'papier et-le remit à M. de Livry.
Aussitôt que celui-ci y eut jeté les yeux :
— C'est bien, dit-il, laissez-nous, Co-
lingry. - : '
•Puis, comme ce zélé serviteur semblait
marchander à obéir :
— Vôus avez deviné; mou cher, ajouta-
t-il, allez; sans vous inquiéter.
Après que ; Colingry fut sorti :
— A quoi bon ce déguisement, Mon
sieur le comte? demanda l'abbé au soi-di
sant charretier; est-ce que dans cette bles
sure qui nécessite à perpétuité le main
tien d'un appareil, vous n'aviez pas une
occasion toute naturelle de venir ici, sans
mystère, prendrede moi une consultation?
— Sans doute, répondit M. de Laval, que
l'abbé vient, ce semble, de dés'gner suffi
samment au lecteur, si j'étais seul.
— Commentj si vous étiez seul ?
— Oui, Monsieur l'âbbé, veuillez ordon
ner que, dans ce cabinet, heureusement
situé, au rez-de-chaussée, soit entreposé
le vin que je vous amène et mon déguise
ment vous sera, expliqué. .
— Ah çà mais ! dit vivement M. de Livry,
qu'y a-t-il dans ce fût ? Tout votre pro
cédé me paraît d'un romanesque qui, jé
vous l'avoue, ne me plaît guère.
—Votre Révérence le reconnaîtra bien
tôt : rien n'est plus sérieux et plus positif
que ma démarche. Vous aviez là tout à
l'heure un homme sûr; à ce qu'il m'a sem
blé: lui et moi suffirons parfaitement à
conduire jusqu'ici mon cheval de Troie.
— Mais, répliqua l'abbé en souriant,
c'est pôut-être le cas du fameux : timeo
Danaos et dona ferentes.
— Non Monsieur, tout le péril était de
venir jusqu'à l'abbaye, nous y sommés
; arrivés à bon port ét, dârig tlîf instant, j'en
ai la pleine confiance^ "Vous me remer
cierez. ■ 1 ' . 1 < • -.
L'abbé se rendit, et l'-ôn peut croire que
la curiosité'était pour 1 quelque chose dans
son 1 acquiescement;'r \V-ut.
Colingry fut appelé, il fit glisser le ton-'
nea'u le long des brâncards ; du haquet et
• engagé à le manœuvrer dôiicement en le'
déplaçant sans le 'faire rouler^ il Feut bien 1
tôt amené ^destination; le poids s'en était
trouvé fdrt'inférieur à ceflÉfl que devait fai
re supposer sa vaste capacité. :
Colingry de nouveau' reh^oyé, M. dé
Laval s'approcha de la futaille, qu'il par
vint à dresser sur l'une de ses extrémités.
L'extrémité opposée, sous la pression d'un
ressort caché dans la cerclurç, sWvrit 'à
la façon d'un couvercle à charnières ; alors ,
comme d'un joujou à surprise, jaillit
une miniature de femme : dans ce réduit
oir une prise d'air occulte avait été soi
gneusement ménagée, elle n'avait ^as dû
voyager trop mal à l'aise, l'intérieur en
étant rembourré et capitoné désatin blanc.
i-Mme la duchesso du Maine! dit M. de
LaVal, après avoir aidé le vin du Rhin à
sortir de sa cachette. "
L'histoire nous représente la petite-fille
du grand Condé, avec la taille d'une hainé,
et au moral, voilà le portrait que nous en
a laissé Saint-Simon. «Son esprit, et elle
» en avoit infiniment, avoit achevé de se
» gâter et 'de se corrompre par la lecture
» desromaris et des pièces de-théâtre dans
» les passions desquels elle s'abandonnoit
» tellement, qu'elle a passé des années à
»" en apprendre par cœur et à les jouer
<) publiquement elle-même. Elle avoit du
» coùra£e à l'excès, entreprenante, auda-
» cieuse, furieuse , ne connoissant que la
» passion présente et y post-posant tout.»
Une femme ainsi faite, doublée surtout
dêM. de Laval, sera-t-elle chicanée sur le
moyen théâtral d'introduction auquel
elle s'était résolue; et sg faisant voiturér
dans un espace qui suffisait l'habitation
da Blogène paraitra-t-slle plus invraisem
blable que Gleopâtro transportée à. dos
d'homme, danfe'la chambre de César, rou
lée dans les plis d'un tapis ? - -
— En vérité, Madame, dit l'abbé, je suis
confus-que vous ayez cru avoir besoin de
recourir à- d'aussi étranges -précautions;
un'simplé désir exprimé et' je me îerais
rendu à Sceaux.
— Oui, répondit Mme du Maine en se
perchant ^sur un vaste siège en tapisserie
où elle faisait l'effet d'-une enfant installée
dans 1» grand -fauteuil de- l'aïeul, pour
qu'une heure - plus tard, ■ votre visite et
peut-être tout ce qui s'y serait dit fût-por-
té à la connaissance de l'infernal' Dubois.
Un immense espionnage, mon Révérend,
est étendu autour'de moi, je. n'ai plus un
doniéstique,' plus un'e femme de chambre
dont j'ose être sûre. L'autre jour, pour me
rendre nuitamment à mon appartement
de l'Arsenal où je devais me rencontrer
avec M. l'ambassadeur d'Espagne; il a fal
lu que M. de Laval voulût bieri s'affubler
d'une casaque et me servir de cocher. -
— Ce cher comte, dit ên riant l'abbé, le
voilà rtiaint'enant chàrroyartt des barri
ques 1 Convenez-en, Madame la duchesse,
son avancementestétrangeà votre service!
-'- Monsieur l'abbé, répondit Laval avec
un peu d'emphase, le but fait passer sui
tes moyens; pour vous,comme pour nous,
■il s'agit de lagloire et du salut de laFrance.
Affectant au contraire le terre à terre le
plus humble :
— Si la France pouvait être sauvée ou
glorifiée par quelqu'opération chirurgica
le, répondit M. de Livry, j'y serais peut-
être bon à quelque chose.
—Mon Révérend, reprit Mme du Maine,
vous êtes trop modeste et nous vous savons
une portée plus haute ; M. de Laval m'a
mise au fait. '
—■ Mais de quoi, s'il yous plaît, Ma
dame? 1 î , ,
— De la haute preuve de'confiance que
veus avait donnée le feu roi mon beau- ~
père et 'da cet acte de sa dernière volonté
déposé dans vos mains.
— Moasieur, dit l'abbé en se tournant
avec animation vers Laval, est-il bien
possible que, ma^ré les engagemens les
plus sacrés, vous ayez disposé d'un Secret
qui n'était ni le vôtre ni le mien,?
( —. permettez, mon cher abbé, répliqua
le comte. Dans un testament ce qu'il faut
surtout considérer, c'est l'intention du
testateur ; certes, je serais coupable d'une
énorme indiscrétion, si, suivant ma pente
première, j'avais avisé l'ennemi de l'arme
terrible dont vous étiez détenteur, mais le-
testament du Roi ne déférait-il pas la
lieutenance du royaume à M. le duc du
Maine? Et quand taut est prêt d'ailleurs
pour un retour à bette volonté sainte,-ai-je
d»nc manqué à un devoir en avertissant
Mme la duchesse de l'existence du fou
droyant appoint que vous pouvez nous ap
porter ?
1 — Vous n'avez pas manqué à un devoir,
Monsieur le comte, vous avez manqué à
un serment.
—Devoir ou serment, c'est tout un dans
la circonstance. Etait-il ou non dans la
pensée de Louis XIV, que M. le duc du
Maine, à l'exclusion de M. d'Orléans, eût
là conduite' des affaires et la tutelle du roi
son petit-fils?. •
—-Mais, je ne sache pas, dit l'abbé,
que M. le duc du Maine m'ait fait l'hon-'
neur de venir conférer de tout ceci avec
moi- et probablement, si nous avions dû *
nous .rencontrer, un moyen de rappro-
chément moin s .cherché et moins t héâtral
eût assuré à une rencontre devant porter
sur du si grands intérêts toute la gravité
désirable. ■ ! ^
' — Dans ce sac ridicule où Scapin l'enveloppe,
Je ne reconnais plus l'auteur du Misantrope.
Voilà ce que vous voulez dire, Monsieur
l'abbé? répliqua-vivement Mme du* Maine,
49 MXÉ&.—X.- î7o!
ÂBOMEHÉNS DES DÉPARTEMENT.
' TROIS .MOIS .< - «- * . it)-FR.
SIX MOIS -. B2 FR.
; ÙN AS,... 64 FR.
•ou» uu r\Ts ÉTR4NGEBS, voir le tableau
■ publié 193 5 et-20 de chaque mois.
imp. L. BONiFic^ ï ; 4cs Boas-Eofans/lS;
& ÏÏMfOURNAL POLITIQUE, IJITÏ^Ï^ UNIVERBEL.
^OMEMEXS M PARIS,
»_— M?#*-
i» m
r-fenvi■pf'Hcswftiê#-
citisj
&S.
L6 mode i>'Aao?wj3MEKï le plus simple est l'envoi, d'un bon dû poste ou d'un efiai
sur Paris, "à ^ordrë de l'adhixist&atbub du journal, rue de Valois, n° 10.
■ ' ■* \ - - i . -,
, \.i | * 'r f 'jf**,'- * } * ' r
Le s lettres ou envois a'argetU NpN' a - ffranc ^ i ^^ W , reftisèî,..'
Les articfes déposés nb jBÔnt 'pas 'Eehdus.
• *;.îîJŒ • I ; ' ... V u * -
MM. les souscripteurs dont l'abonne»
mentexpire le 30 septembre^ sont- priés 1
dè le" rfenphveler immédiatement, s'ils -ïj$.
veulent pas éprouver de retard dans la ré
ception du journal. • -=•- - f
.Le mode d'abonnement" le plus simple
et le plus prompt est un .mandat sur la poste
■ ou un effet à vue sur une maison de Paris,
à l'ordre de l'administrateur du Constitu
tionnel.
i'AIllS, 26 SEPTEMBRE
D'après les dépêches de Turin d'hier au
soir, le nouveau ministè-e italien serait
ainsi composé : M. le général de La Mar
inera, présidence du conseil et affaires
étrangères ; Sslja, aux finances; Petitti,
guerre ; Matteucci, instruction publique;;
Morandifrr, travaux publics; Conforti, jus
tice; Longo, mariné; Natoli, agriculture.
Le cabinet espagnol applique avec une,
évidente • franchise son. programme de
conciliation. Après l'amnistie accordée à
la presse, il vient de xaire acte à la fois
' dç sagesse et dç ïorce en levant les arrêts
infligés au général Prim et à plusieurs
Outrés officiers par le précédent cabinet 1 ;
ils sont autorisésià revenir à Madrid s'ils
le jugent convenable, • - 5
Les journaux annoncent, la rentrée en
Espagne de S. M. la reine Christine, qui
doit, arriver à Madrid.le 28 ou le 29. S. M»
descendra au palais du marquis 'de Remi
sa; On dit quelareine Christine ne passera
'pas plus de huit jours dans la capitale. Le
Conlemporaneo assure que le parti progres
siste se propose de faire en l'honneur delà
reine-mère une démonstration d'affection^
dé "sympathie et de respect;
-La convention Iranço-italienne inspire
à quelques journaux espagnols des ré
flexions où l'on peut voir le symptôme
d'un' changement favorable, au-delà des
Pyrénées, dans la politique, à l'égard de
l'Italie..
;Le Botschafter assure que le grand-duc
d'Oldenbourg a l'ait savoir conlidentiella-
melit à Berlin et à Francfort que son
Mémoire justificatif serait soumis à la
Diete germanique dans délai de quin
ze jours. liû Gazette autrichienne, de son
côté, déclare que .le cabinet de Vienne n'a
pris aucune résolution sur la question dè
succession et n'en prendra aucune avant
d'avoir pesé les prétentions respectives
des divers compétiteurs.
On parle -dé la convocation du Ileichs-
rath autrichien \)Our le 8 novembre pro
chain.
Le baron de Bach, ambassadeur d'Au
triche auprès du Saint-Siège, doit retour
ner à son poste dans le courant de cette
semaine-ci.
Les nouvelles de New-York datées du
16 septembre annoncent que les démocra
tes de la paix abandonnent la candidature
du général Mac-Clellan; il? tiendront pro
bablement un. meeting pour décider la
conduite à tenir dans les élections prési
dentielles. „UnQ pareille décision dans le
parti démocrate offrirait de nouvelles
chances pour la réélection du président
Lincoln. , Auguste Vitu.
-^s
Les questions elfe réforme politique inté
rieure continuent à être reléguées au se
cond rang dans les préoccupations du pu
blic anglais; Ce sont ljes affaires étrangè
res, hier celles du Danemark, aujourd'hui
celles d'Italie, et constamment les évène-
mens d'Amérique , qui monopolisent à
péù près l'attention des- journaux d'ou-
tré-Mançhe.
43n paraît avoir complètement oublié,
en 'Angleterre j qu'il fut jadis question
d'élargir la .cercle du privilège électo
ral 5 et; • d'adtoetti'ë su droit ;de voter
Une portion ■ plus considérable de ces.
classes '.ouvrières'") doiit k sage condui
te pendant la récente crise de l'industrie
du coton a été l'objet d'éloges univer
sels. Un discours assez 'libéral prononcé
pendant la dernière session par M. Glads
tone, mais que soft auteur lui-même s'est
efforcé plus tard d'atténuer, n'a point
réussi à provoquer une de ces agitations
comme en suscitent clieg nos voisins tou
tes les grandes causes adoptées par l'opi
nion. Les vacances parlemôntaires parais
sent devoir s'achever :sans qu'on ait vu se
-renouveler ces meetings monstres que les
chefs du parti démocratique ne se las
saient pas d'organiser il y a quelque? an*
nées, La Chambre des coffîttiiiiies actuelle
approcha du tel'me de sa carrière- légale
feans manifester le moindre remords et
avec la plus paisible indifférence, bien
qu'elle ait complètement négligé les pro
messes de réforme électorale qui bril
laient sur les hustings , ily â six ans en
tète de toutes les professions de foi.
:Cette -pénurie de sujets importans dé
discussion à l'intérieiir S 'âperçoit jusque
dans les discours que les personnages por
iitiques les -plus éminens se yoieht obligés
de faire daps des circonstances spéciales»
Ainsi;, l'autre jour, lofd ^almerstonj-sur ce
ton humoristique qu'il semble affectionner
de plus en plus comme si les années
le rajeunissaient, ne trouvait rien de
mieux à dire du régime -parlementaire an
glais quode le comparer, dans un parallèle
abondant en détails et irôme en jeux de
mots, au plus noble des diverlissemons
britanniques, !i une Coursé db chevaux.
Plus récemment, M. Disraeli, dans une
réunion agricole de so'n comté de Buckir.
gbarn, se livrait a une longue dissertation
sur les mérites des 'divers croisemens de
la race ovine-, dissertation à peine inter
rompue par quelques réflexions sur la
guerre d'Amérique. Il est à croire que
les. chefs (Tes deux grands partis politi
ques de l'Angleterre choisiraient d'autres
sujets de discours si de part et d'autre on
ne trouvait plus commode d.c laisser som-
meiller'la polilique intérieure. '
"Mais c'est Surtout la presse qui porte té
moignage du calme, prolongé de l'opinion
publique en Angleterre.' Ainsi, après'Ici.
politique extérieure, c'est l'assassin présu
mé Millier qui, pour le moment, fait dans
ses colonnes l'objet des commentaires les
plus sérieux. La grève des ouvriers mi
neurs ne" vient elle-même qu'en seconde li
gne. Laréuniondel'associalion britannique
pour le progrès des sciences proprement
dites, \ient d'être suivie, il est vrai, de la.
session annuelle d'une autre association
fondée il y a cinq ans, et qqi s'est donné
peur mission l'étude des sciences sociales.
Le discours d'ouverture de lord Brougham
embrasse une multitude de sujets qui,
comme le fait justement remarquer le
Times , ne. rentrent pas rigoureusement
dans le programme, d'ailleurs très vaste,
de cette association. L' Angleterre est peut-
être le pays de l'Europe qui appelle le
plus de réformes sociales, où ces sortes de
questions provoquent le plus de discours,
de- mémoires et de dissertations , mais
où Tes actes sont le moins proportionnés
aux paroles. Bien peu de, chose .a été
fait encore pour détruire 1 les inégalités
que les mœurs, aussi bien que les institu
tions; établissent entre les diverses classes
dela'société anglaise. La justice y .est tou
jours à peu près hors de la portée du pau
vre dans les matières civiles; et si l'on en
tend à chaque instant des" seigneurs, des
financiers, des industriels, des commer-
çans, porter aux nues la prospérité de la
Grande-Bretagne, la misère ne continue
£ » ! 'tes abonnemèris: datent des fl ; v .
t^ ?, s .' ' ; ' '.' , ia ?- 'pSkqiiêt-pôlaï-i*- 1 ï ••
l ' ■ T i : C. ; - "li il . i ; f - J k < ! *.. '
Les AmûnCES sont reçûes chez ^anis, ;rîiâ Rytre-Dame^des-Victoires, à*. 40. - !
• M-.'. a ^ i» •<(»»,; • •, , r .î . r .
» j 5 i
{place de la pourse}».':
î î'
pasimoins de présenier un triste contraste,^!»»*-
avec : ce'tte opulence si -vantée. "
L.es philanthropes de rdssdciatiori dëâ ,
'sciences-sociales reproduisent chaque uht
née leurs observations sévères et leurs sta
tistiques peu consolantes sur la condir
tion morale et matérielle d'un grand nom
bre de lëurs compatriotes, ils iiisisteiit
généralement sur les pinçonvéniens hygié
niques et les influences démoralisatrices
des habitations des paysans dans les cam-.
pagnes et de célles des classes inférieu
res dans les villesi Mais,} â qiiels rêstil- .
tats pratiques ont jusqu'ici abouti cés do
léances humanitaires ? C'est ce que
nous n'apercevons pas bien; - car, on sait
combien, en Angleterre, tous, les progrès
sont lents à se réaliserr :
Sous le rapport social, pas plus que
sous le rapport politique ,' l'Angleterre
ne peut donc prétendre avoir atteint
3a perfection suprême.- il s'en: faut que
l'indifférencë des ' classes dirigeantes à
l'égard du progrès ou des- réformes inté
rieures doive être' ainsi interprétée. Mais
cette indiffiérencej'çiui se fait'surtèut séâ 1
tir dâns les questions politiques, peut-
èlle durera long-temps/C'est-ce que
chaine,t"
" , . H.-Marie Martin.
TELEGRAPHIE P1UVEB.
"i:
Londres, '<£6 septembre.
Le Times considère le traité franco-italien,
commetrès favorable aux Ita .lieDs .Les partisans
du Pape, dit -il, perdrontl'espoir de dominer la
situation avant le triomphe delà révolution ita
lienne. La situation actuelle ne leur s.ulflsait
prts> mais ils l'auraient niainteuue crainte de
pis. Le gouvernement pontitical comprendra
mieux maintenant la nécessité d'une réconci
liation que lorsqu'il était, protégé par les baïon
nettes françaises. ,
: Le M'irhing-lUrald soutient rfue le roi d'Italie
ne pourrait, en aucun cas, combattre la révo
lution à' Rome. La feuille anglaise dit encore
Que l'autorité morale du Pape gagnera à la
perte de son pouvoir temporel,
i Le Daily-News dit que, parle traité du la sep
tembre, le roi d'Italie s-'ong-'age à renoncer à
Rome pour capitale. ' 'C'est une épreuve durë
pour les Italiens;-ils doivent ■ néanmoins tdut
espérer du temps s'ils restent unis. - ■ ■
Liverpool, 28 septembre.
L'Europe a apporté lî>,-847 dollars. '
New-York, 16 septembre.
Un arrêté du général Sherman'enjoint à tous
les habitans d'Atlanta de quitter cette ville,
ijivec leurs ■ propriétés mo hilières, et 9 e se rendre
dans le Nord oit dans le Sud: Hood a consenti
à une trêve de dix jours ; mais en prolestaiit
çontre l'inhumanité des mesures de 9herman<
' Grant a avancé ses lignes sur sa gaucho. 11
prépare une attaque vigoureuse contre Lee.
: Stieridan a fait prisonnier un régiment con
fédéré dans la valléo delà Shenandoah;
; Les communications entre Murfreesboro et
Atlanta sont rétablies. Wheeler est en retraite.
: Le parti jépublicain a été victorieux dans
les élections de l'Etat du Maine.
: Les chefs du parti démocratique favorables
à la paix ont abandonné la candidature de
tyiac-CÎellan. Ils tiendront probablement un
meeting pour décider la conduite que le parti
doit suivre dans les élections présidentielles,
i Le3 vapeurs Old-Dominion et City-Petersburg
sont arrivés à Halifax avec 1,800 balles de co
ton pour l'Angleterre; le bruit court que ce
coton doit servir au paiement d'un emprunt
confédéré. .
Or, 223 1/2 en hausse. Change agité. Le co
ton est calme à 180.
! - Copenhague, 25 septembre.
Les fiançailles de la princesse Dagmar avec
]je grand-duc héritier de Russie sont décidées.
i Berlin, 2b septembre, soir.
Le grand-duc héritier de Russie est parti
pour aller faire une visite à la! cour de Copen
hague. '
! Locarno, 25 septembre.
Les lettres de Turin du 24 au soir consta
tent que la tranquillité était rétablie. De nom
breuses troupes occupaient toujours la ville.
Des bruits contradictoires couraient au sujet
nouveau ministère.- < t
i Les journaux des :provinces sont unanimes
pour applaudir àla convention franco-italienne*
! Turin, 25 septembre, 10 h. 1/2 soir.
La ville est tranquille.
Les journaux assurent que le ministère est
ainsi composé : ,
MM. de La Marmora, président du conseil, af-
-""ïtiires étrangèresf
• tanzd ? - iûlMout'5 - -
Sell&,, finances 1 -; - ' - ' v, •
*> Petitti, guerreY < ■ '
■ • . Matteuctiîi irisiFueticto publique ;
Morandinîy travaux publics ;
Gonforti, justice; ^
Longo^ marine ;
Natoli, agriculture.
t Cherbourg 20septembre, Oh. matin.
Le Lafayette, de la Compagnie transatlanti
que, venant de New-York , passe en .vue. Il
porte des.nouvelles du 14 septembre au soir (1).
i ,\Huvas-BuUier.)
Joici les dépêches que nous recevons ce
soir ; ■ .
Londres, 26 septembre.
Le correspondant spécial du Times à New-
York lui écrit, en date du 14. septembre, que
le parti de là paix refuse"d'appuyer la candi
dature du général Mac-Clellan. Des mesures
Vont être prises pdtir réunir une nouvelle con
vention démocratique. .
Rien de nouveau" à Mobile. Par ordre de
Sherman, tous les liàbitans blancs quittent
Atlanta ; ceux qui prêtent serment' de fidélité
il l'Union sont dirigés ?érs le N.ord, ceux qui
ne.^prêtent pas te serment sont dirigés vers le
Grant et Sherman demandent instamment
des renforts et. ils,sollicitent M. Lincoln de re- -
cOurtf-a la conscription. 1 • .
M. Stanton annoncé officiellement que les
opérations de la conscription' commenceront
le-19 septembre.. :■
: Berlin, 26 septembre.
Le gouvernement dE Nassau a notifié ici son
adhésion aux traités douaniers' du-SS8- juin et
du41 juillets etaaoxmaé ^plénipotentiaires
"prendre part aux délibérations. . . j;
. ! , Berne^ 25 septembre. •
Le conseil des Ëtats a rejeté, à l'unanimitéj
le recours du bureau électoral de Genève' con
tre l'arrêté fédéral qui a validé l'élection de M.
Chenevière. Des pleins pouvoirs sont accordés
au conseil fédéral.
Le conseil des liStats a commencé la discus
sion du traité franco-suissei
Turin, 26 septembre, matid.
La tranquillité n'a p$s été troublée.
MM. de .La Marmora, Lanza, Sella et Petitti
ont pris possession, ce matin, de leurs minis
tères respectifs» •
1 ■ Bruxelles, 2"6 septembre, 6 h. 15 s.
Le ballon le Géant, monté par 1 M. Nadar,
s'est enlevé ce soir à cinq-heures Quarante- 1
cincj minutes.. Lèvent le polisse vers 1 la Fran
ce. Le-temps est' splendide. Une foule immen
se et la faïUille royalè assistaient à l'ascension.
La fête nationale à été très'brillante. Tout
s'est passé' dans Un ordre parfait i Le Géant
avait attiré un grand nombre d'étrangers.
' l ', ; ' ' ; . {Iluvas-Bullier.}
COURS DE I>A BOipRSK,
CODBS DE CLOTURE 16 24 le 26 (MUSSE. B4ISSB •
3 0/0 Au compt. 63 80 65.s » » »
--Fin du mois. G5 9.0, 65.9Q s » » »,
41/2 au q'iiçaptJ 9210 92 TO * » » »'
—Fin du mois. 92 70 9â 75 . 05 * »
Outre sa proclamation à la population
européenne et à la population arabe, le-
maréchal duc.de Magenta a adressé l'ordre
du jour suivant à» l'année i ■
ORDRE DIT JOUR.
Officiers, sous-officiers et soldats,
Je pose de nouveau le pied sur la terre d'A
frique et je tiens à vous idire immédiatement
combien je me suis réjouile jour où l'Empereur,
mi me confiant le gouvernement de l'Algérie,
m'a appelé à l'honneur de vous commander.
Mon cœur a bondi '4e la joie du soldat qui re
trouve ses vieu? corupagcons d'armes.
Je sais déjà avçc quelle impatience vous at
tendez le signal qui -vous appellera à de nou
veaux combats; je sais queivous êtes prépa
rés pour^ous l
une insurrection imprévue, dans une saison
redoutable par ses chaleurs , les difficultés
de toutes sortes que • vous avez vaincues,
ce que je connais enfin
peut compter sur votre- expériepoe de la guer
re^ sur votre' couraja et spr, votre dévoû-
: ment. ' - - .
Si les tribus qui ont levé de nouveau l'é
tendard de la révolte ne répondent pas immé-
diatement à l'appel que je fais à leur raison, je
ne retarderai pas plus longtemps votre ardeur,
et vous levfr montrerez une. fois de plus leur
impuissance .à résistelr à vos armes.
! Alger, lç 21 septemhrè^ï,
r*"- '-Le maréchaldeftfâûcc.'gouverncur
■-yvp --■i--:igéBéral« i ^ie^'yAlgéne>
Maréchal de MACTMAHONj-nuc de maOenta.
(1) Une dépêche télégraphique du Havre n
apprend'que .Ie p^qUebot-posté .Za/ai/eMe eSt
tré dans le port aujourd'hui lundi, à deux heures
-dusoir. • i ' i1, " / 4'*.') -
nous
eir-
ITALIE.
turiîî , 24 septembre. — La municipalité de
Turin a fait afficher ce matin la proclamation
suivante ::
• Concitoyens !
Grâce à votr.e sagesse et à votre patriotisme, les
exhortations de ceux qui vous conseillaient d'es«
péfer n'ont pas été vaines. .
; Lé calme de' la nuit passée est un sûr présage
pour l'avenir. ■ n . ;
La garde nationale répondra aujourd'hui, com
me toujours, à la confiance du pays,
i Turin, de l'Hôtel-de-Yille, le 24 septembre 1864.
; Le syndic, koiu < '
—.Nous lisons dans la feuille pfficielle :
» feris toute la journée d'hier,et pendant la
nuit dernière la tranquillité 1 n'a pas été trou
blée, et aujourd'hui la ville a repris son aspect
ordinaire. » :
La députation provinciale , convoquée
d'urgênc'e llïer j sur une demande formelle
adressée p. M. le préfet dès.mercrédi matinj'a
adopté, la délibération suivante, 1 '' . " 1
: Oonaidêçant que les nouvelles du traité récent
avec la,KraÙ£e au,sujet du traaefeit immédiat de
le capitale 4' F]qi>ence' Ont prpfo'ndiment ému les
esprits; ' -? • < ; . , • • •
I Que, par ce fait, ■ les intérOts matériels et' filo-
raux,- moins encore de la 1 ville d-e Turin que do
toute la province, ainsi que de la» nation entière,
étant gravëffient menacés, il esttfu devoir des re-
"pïèwn-tajj^jprOvinoia'fM do pourvoir, ;îi8Jjs la gphé-
re -de leurs attributions, à la.défense dé leurs ad
ministrés;
Que ce deveir est devenu plus impérieux et ur
gent en présence des faits incroyables qui ont si
douloureusement ensanglanté cette ville ; •
i Considérant que, dans les circonstances actuel-
Ies,ila convocation immédiate; du conseil provin
cial serait impossible ; : ^
Vu l'art. *72 de la loi communale et provincia
le,.paragraphes 4 qt 7 ; .
Attendu l'urgence,
* ' Délibère:
1° D'aviser, de la 'manière la plus énergique
possible, tout en observant la loi, au maintien du
vote, dù .20 mars, qui proc'aipe.Rprae capitale de
l'Itali^...
go D'inviter toutes lés communes de cette pro-
viriôe, ainsi que des autres provinces, à tendre à
ce "but t>ar tous lés moyens légaux ; ■ 1 ' • «
3» Que la province' concoure,'.en attendant^ pour,
la somme de 3,Q0(i fr. A ,1a.souscription:nationale
es faveur des victimesides 21 et -22, du courant;
4" Que la présente spit imprimée et répandue
dans toutes î,es.communes. . , . -
i A cette réunion n'ont pu assister que les
conseillers MM: Bertea, député — avocat Fili-
bei'to frescot comte Ceresa de Bonvillaret
i- -avocat Yittorio'Vilk, députa r --,Kiva, sénse
teur. ' ' • •• ; ni'ï t; ,
— L'avis suivant a été placardé ce matin
Bur les murs dé n.otre villç r
SOCIÉTÉ DiS OUVBlÉa» HE TUJilN.
A la suite des évènemens* arrivés hier, et se
condant les exhortations de la municipalité, • qui
recommande, le calma aux citoyens, la direction,
avertit toua les sociétaires qu'elle a décidé de
suspendre la réunion de ce soir.
Elle les invite donc à une réunion ordinaire
pour,demain, dimanche, à neuf heures, afin de
discuter une adresse au conseil.municipal.
I LA DIRECTION.
; .i- :
— Nous lisons dans la Gazette des Romagms
du 23: ; j
i « Les très graves nouvelles de Turin ont
produit hier une douloureuse émotion à Bo
logne. Si nous avons jamais regretté que notre
voix soit faible et peu autorisée, c'est certai
nement en aette circonstance où nous vou
drions qu'elle criât concorde d'un bout à l'au
tre de l'Italie; :
» Nous voudrions que toutes les municipali
tés du. royaume votassent unanimement, avec
un élan sublime, une adresse à la noble et
généreuse Tiurin, en la proclamant bien méri
tante de la nation italienne, et lui offrissent,
avec le témoignage de .la reconnaissance uni
verselle, une compensation pour le dernier et
grand sacrifice que l'Italie exige d'elle au nom
de l'unité nationale.
i » Nous serions,heureux que ce fût notre ville
qui en prit l'initiative. » .
' — Diverses lettres-reçues de nos provinces,
dit le Monitore delle Marche, nous apprennent
que dans les centres où la réaction cléricale
est plus hardie, la nouvelle favorable aux
vœux nationaux a produit une joie plus vive
a!u milieu des populations.
' Ainsi, dans diverses localités, et spéciale^
ment dans la ville de Cagli,; lorsqu'on apprit
que le traité de l'évacuation de Rome par les
troupes françaises avait été signé, la bande
musicale de la ville se mit aussitôt à parcou
rir toutes les rues principales,- et les citoyens,
se serrant la main, répétaient, transportés par
la joie, et d 'une voix unanime : Damdeux ansl
mots -devenus le symbole de la concorde, la
, ippeuvait arteridrÉi'• i
gesse :e£ 4»' p^içtime 1 iiU ftps populations..
i — Sous le titre derrières muvilles, l'Italie
publie diverses: rumeurs sur une recompos-
tion du cabinet, sans,-intérêt maiaitenant que
l'on oonnait d'une façon ^presque certaine les
noms ; des : nouveaux: ministres. Nous y trou-
yans en outre les nouvelles suivantes :
' « Aujourd'hui, une grande partie des trou
pes a été retirée des-places publiques. Un seul
régiment occupe encore les portiques des mi
nistères, et une compagnie de bersaillers est
installée en face de la questure.
» Les^ et 10 e régimens d'infanterie, brigade
de la reine, sont arrivés cette nuit à Turin. Les
troupes actuellement à Turin se composent de
douze régimens d'infanterie, do trois batail
lons de i bersaillers, une brigade de icavalerie et
un demitrégiment d'artillerie. ;
» On nous assure-.que l'état de santé du co
lonel Colombini,- oounnandant du : 17 e ,- s'est
amélioréipend-ant ces deux-;, jours; et que les
médecins aie désespèrent pas de le sauver.
1 Le:numéra ^aujourd'hui-du journal II
JJov'ere, de Gênes, a été saisi sur l'ordre du pro
cureur du- roi* pour, une 'lettre de Mazzini
adressée à M. Campanella.i -
s » Ce soir Çii), au moment de mettre sous
presse, le calme le plus profond règne dans la
ville. »
ESPAGNE,
i madrii S, 23 septembre. La Gazetti de Ma
drid publie les documléns suivâns :
' EXPOSITION A SA MAJESTÉ.
Madaçje, d88 circonstances connues ide'-tous ont
aigri les passions politiques dans 'ces, .derniers
t^mps; "et 'il- n'est "pas 1 6tonn?mf que 31 la pressa en
ait été plusieurs ijois l'expression,; ainsi qu'elle
est l'organe des opinions des partis militans.
11 était naturel, en.conséquence,.q.u
conservation de l'ordre public employassent la ré
pression, traduisant devant les tribunaux ceux
qu'ils croyaient avoir abusé do ce mo^en. Mais Vo-
tfO'Majesté s 'élevant toujours au-dessus des partis
politiques et inaccessible à leu-rs passions, réstrve
llusage de sa prérogative royale' pour l'appliquer
au moment ou elle Juge que son exercice ne sau
rait préjudicier à l'action du gouvernement. Vo
tre Bouverneinent le sait; aussi, m'inspirant des
hauts et nobles sentimensvde Votre Majesté, do
ljavis du conseil dos ministres' 4 j'ai l'honneur
de proposer à Votre Majesté le projet de décret
ci-joint.
! Madrid, le 21 septembre 1864.
Madame, aux royaux pieds de Votre Majesté,
: LE DUC DE VALENCE.
DÉCRET ROYAL.
Conformément à ce qui m'a été proposé par
mon conseil des ministres, je décrète cequisuit:
l Art. l«r J'accorde amnistie pour tous les délits
de pressa commis jusqu'au jour'de la publication
d|u présent décret.
j Art ?. Il sera sursis immédiatement à tous les
procès pendans et il ne sera pas procédé à d'au
tres pour les délits faits et : leurs conséquences,
i Art.',:3. Les-ministres'à' qur 11 appartiendra,adop
teront les résolutions nécessaires pour que ma
volonté soit exécutée.
I Donné au palais, le-21 septembre J 80*.
( Signé : la beine.
Contresigné; le -président-dû conseil des
ministres,
. RAM0ÏWUR1A NABVAKK.
Considérant les faisons qui ont motivé mon dé
cret d'amnistie pour les délits de presse, et de
Pavis' de mon conseil des ministre?, je décrête ce
rfui sUit: > ' .
I Art.'!"". Il est fait remise de toutes les amendes
imposées depuis le l".janvier I8fi7 jusqu'à ae
jour, aux feuilles périodiques qui se publient et
sja eont publiées dans le royaume,
i Art. 2. On procédera immédiatement à la liqui
dation du montant des amendes payées et leur
restitution sera mise àla ctarse du budget actuel
aussitôt qu'il aura été obtenu,un crédit législatif.
Mon gouvernement présentera à cette fin aux Cor-
tès un projet de.loi spécial, dans la prochaine
session.
' Donné au palais, le 22 septembre 1864.
Signé : la kbinb.
Contresigné : le président du conseil des
ininistres,
, IU mon -M ama N auvaez.
Usant de la prérogatîVé' quj m'appartient aux
termes de l'art. 26 de la Constitution de la monar-
cliieet de l'avis :de mon .'conseil, des ministres, jo ,
décrète co qui suit r iï'i, - '
Art. 1 er . Le congrès des députés est dissous.
Art. 2. Il sera procédé 4 de nouvelles élections
conformément à la loi électorale én vigueur."
i Art. 3. Les cortès du,royaume se réuniront dans
la capitale de la monarchie, -le 22 décembre de
l'année courante.
Donné au palais, le 22 septembre 18G4.
Signé : la risime.
Contresigné :
Le président du conseil des ministres,
R amon -M aria N arvmez.
, A fln d'exécution de l'art. S de mon décret royal
de cette date, considérant les raisons exposées par
le ministre de l'intérieur, et de l'avis de mon
conseil des ministres, je décrète ce qui suit :
■ Articlé unique. — Il sera procédé aux élections
générales des députés aux Cortès;-le 22 novembre
prochain. Signé : la heine.
Contresigné, -le ministre de l'intérieur :
LUIS GONZALEZ BRAVO.
Feuilleton flu CoBStitutionriel, 27 sept.
r : t; K > n . •
LÀ FORÊT IDE BONDY
EPOQUE DE LA RÉGENCE.
Troisième partie.
I.
CLÉOPATBE.
A l'époque où se reprend notre récif, il
n'était bruit en Europe que d.e !a collec
tion formée par Frédéric Ruysch> célèbre
médecin hollandais.
A l'aide d'un secret que malheureuse
ment il â emporté avec lui,' il donnait à
to'ys les débris animaux une sorte d'exis
tence posthume, et-telle était l'inaltérable
beauté dû ses préparations, qu'un jour,
visitant son cabinet dont il seïendit plus
tard acquéreur, le czar Pierre-le-Grand
se prit à embrasser les gracieux restes d-un[
enfant qui, merveilleusement disputé à li
destruction, du fond de sa vie artificielle;
semblait lui sourire.'
Entre, ce merveilleux trompe-la-mort et
l'abbé de Livry se suivait une correspon
dance scientifique et bien qu'avec son
confrère, de France, le Hollandais ne se fût
pas 'entièrement ouvert dp'la composition
qui servait à la conservation de'ses pièces
anatomiqueir, il lui avait fait - d'assex pré
cieuses confidences pour, que l'at-bé, de
son côté, eû't obtenu de beaux résultats;
Quelques-uns des loisirâ que lui laissait
ga pratique chirurgicale, il les employait à
des recherches de cp genre, et, un soir du
ois de novembre 1718, dans ce'cabinet
m .
Ïue, grâde à sa communication avec la'
'osse-Maussoin, nous avons pu faire entre
voir au lecteur dès le début de notre dra
me, M. de Livry était occupé à injecter
un sujet qui dans la matinée lui avait été
apporté de l'Hôtel-Dieu -de Pàris^ quand il
vit entrer Golingry. "
— Qu'est-ce ? dit-il d'un- ton à faire
comprendre qu ? il lui déplaisait d'être in
terrompu au milieu de son travail.
' — Il y a là, dans la cour, répondit le
factotum dé l'abbaye, un 'charretier ame
nant un foudre de vin.
— Eh! je n'ai pas commandé de vin,
répondit M. de Livry avec impatience.
•— C'est ce que-j'ai dit-, mais ce serait 1
un cadeau de vin du Rhin que l'on adres
se à Votre Révérence, etT,e diable d'hom
me qui l'amène ne veut ni s'en aller, ni dé
charger son haquet, qu'il n'ait un récépis
sé du destinataire inscrit sur sa lettre'dti
voiture. : '
— Eh bien! où est-elle cette lettre?.elle
nous dira peut-être de qui est l'envoi?
— Le charretier veut absolument la re
mettre en'mains propres.
— Qu'il aille au diable, lui et son vin!
dit l'abbé impatienté.
— Je l'y aurais bien envoyé de moi-mê
me, répondit Golingry; mais je dois dire
que, dans l'allure du personnage, 1 il y a
quelque chose de singulier-et de mysté
rieux, qui m'a décidé à venir interrom
pre Votre Révérence : je parierais presque
pour un homme dé qualité se cachant sous
un déguisement. •
— Allons ! faites entrer, pour en finir,
dit l'abbé en se résignant. ■
Il achevait d'étendre- "sur la vaste table
où reposait le disgracieux objet livré ô ses
études, un ample tapis de- serge verte,
quand, son fouet à la main, pour plus de
vraisemblance, p.arut un homme sèc et dô
haute taille; à la façon des roUliers, ; il, était
vêtu de grandes guêtres «n toile et d'une
blouse bleuâtre; sa coiffure consistait en
iln Mouchoir à carreaux fôuges qui, lui
enveloppant toute la tête, venait-se nouer
gous le mentoni Par dessus, il portait, en
foncé jusqu'aux yeux, un vaste feutre gris
qu'il se contenta de lever en entrant. En
suite, d'un portefeuille graisseux, il tira
ùn 'papier et-le remit à M. de Livry.
Aussitôt que celui-ci y eut jeté les yeux :
— C'est bien, dit-il, laissez-nous, Co-
lingry. - : '
•Puis, comme ce zélé serviteur semblait
marchander à obéir :
— Vôus avez deviné; mou cher, ajouta-
t-il, allez; sans vous inquiéter.
Après que ; Colingry fut sorti :
— A quoi bon ce déguisement, Mon
sieur le comte? demanda l'abbé au soi-di
sant charretier; est-ce que dans cette bles
sure qui nécessite à perpétuité le main
tien d'un appareil, vous n'aviez pas une
occasion toute naturelle de venir ici, sans
mystère, prendrede moi une consultation?
— Sans doute, répondit M. de Laval, que
l'abbé vient, ce semble, de dés'gner suffi
samment au lecteur, si j'étais seul.
— Commentj si vous étiez seul ?
— Oui, Monsieur l'âbbé, veuillez ordon
ner que, dans ce cabinet, heureusement
situé, au rez-de-chaussée, soit entreposé
le vin que je vous amène et mon déguise
ment vous sera, expliqué. .
— Ah çà mais ! dit vivement M. de Livry,
qu'y a-t-il dans ce fût ? Tout votre pro
cédé me paraît d'un romanesque qui, jé
vous l'avoue, ne me plaît guère.
—Votre Révérence le reconnaîtra bien
tôt : rien n'est plus sérieux et plus positif
que ma démarche. Vous aviez là tout à
l'heure un homme sûr; à ce qu'il m'a sem
blé: lui et moi suffirons parfaitement à
conduire jusqu'ici mon cheval de Troie.
— Mais, répliqua l'abbé en souriant,
c'est pôut-être le cas du fameux : timeo
Danaos et dona ferentes.
— Non Monsieur, tout le péril était de
venir jusqu'à l'abbaye, nous y sommés
; arrivés à bon port ét, dârig tlîf instant, j'en
ai la pleine confiance^ "Vous me remer
cierez. ■ 1 ' . 1 < • -.
L'abbé se rendit, et l'-ôn peut croire que
la curiosité'était pour 1 quelque chose dans
son 1 acquiescement;'r \V-ut.
Colingry fut appelé, il fit glisser le ton-'
nea'u le long des brâncards ; du haquet et
• engagé à le manœuvrer dôiicement en le'
déplaçant sans le 'faire rouler^ il Feut bien 1
tôt amené ^destination; le poids s'en était
trouvé fdrt'inférieur à ceflÉfl que devait fai
re supposer sa vaste capacité. :
Colingry de nouveau' reh^oyé, M. dé
Laval s'approcha de la futaille, qu'il par
vint à dresser sur l'une de ses extrémités.
L'extrémité opposée, sous la pression d'un
ressort caché dans la cerclurç, sWvrit 'à
la façon d'un couvercle à charnières ; alors ,
comme d'un joujou à surprise, jaillit
une miniature de femme : dans ce réduit
oir une prise d'air occulte avait été soi
gneusement ménagée, elle n'avait ^as dû
voyager trop mal à l'aise, l'intérieur en
étant rembourré et capitoné désatin blanc.
i-Mme la duchesso du Maine! dit M. de
LaVal, après avoir aidé le vin du Rhin à
sortir de sa cachette. "
L'histoire nous représente la petite-fille
du grand Condé, avec la taille d'une hainé,
et au moral, voilà le portrait que nous en
a laissé Saint-Simon. «Son esprit, et elle
» en avoit infiniment, avoit achevé de se
» gâter et 'de se corrompre par la lecture
» desromaris et des pièces de-théâtre dans
» les passions desquels elle s'abandonnoit
» tellement, qu'elle a passé des années à
»" en apprendre par cœur et à les jouer
<) publiquement elle-même. Elle avoit du
» coùra£e à l'excès, entreprenante, auda-
» cieuse, furieuse , ne connoissant que la
» passion présente et y post-posant tout.»
Une femme ainsi faite, doublée surtout
dêM. de Laval, sera-t-elle chicanée sur le
moyen théâtral d'introduction auquel
elle s'était résolue; et sg faisant voiturér
dans un espace qui suffisait l'habitation
da Blogène paraitra-t-slle plus invraisem
blable que Gleopâtro transportée à. dos
d'homme, danfe'la chambre de César, rou
lée dans les plis d'un tapis ? - -
— En vérité, Madame, dit l'abbé, je suis
confus-que vous ayez cru avoir besoin de
recourir à- d'aussi étranges -précautions;
un'simplé désir exprimé et' je me îerais
rendu à Sceaux.
— Oui, répondit Mme du Maine en se
perchant ^sur un vaste siège en tapisserie
où elle faisait l'effet d'-une enfant installée
dans 1» grand -fauteuil de- l'aïeul, pour
qu'une heure - plus tard, ■ votre visite et
peut-être tout ce qui s'y serait dit fût-por-
té à la connaissance de l'infernal' Dubois.
Un immense espionnage, mon Révérend,
est étendu autour'de moi, je. n'ai plus un
doniéstique,' plus un'e femme de chambre
dont j'ose être sûre. L'autre jour, pour me
rendre nuitamment à mon appartement
de l'Arsenal où je devais me rencontrer
avec M. l'ambassadeur d'Espagne; il a fal
lu que M. de Laval voulût bieri s'affubler
d'une casaque et me servir de cocher. -
— Ce cher comte, dit ên riant l'abbé, le
voilà rtiaint'enant chàrroyartt des barri
ques 1 Convenez-en, Madame la duchesse,
son avancementestétrangeà votre service!
-'- Monsieur l'abbé, répondit Laval avec
un peu d'emphase, le but fait passer sui
tes moyens; pour vous,comme pour nous,
■il s'agit de lagloire et du salut de laFrance.
Affectant au contraire le terre à terre le
plus humble :
— Si la France pouvait être sauvée ou
glorifiée par quelqu'opération chirurgica
le, répondit M. de Livry, j'y serais peut-
être bon à quelque chose.
—Mon Révérend, reprit Mme du Maine,
vous êtes trop modeste et nous vous savons
une portée plus haute ; M. de Laval m'a
mise au fait. '
—■ Mais de quoi, s'il yous plaît, Ma
dame? 1 î , ,
— De la haute preuve de'confiance que
veus avait donnée le feu roi mon beau- ~
père et 'da cet acte de sa dernière volonté
déposé dans vos mains.
— Moasieur, dit l'abbé en se tournant
avec animation vers Laval, est-il bien
possible que, ma^ré les engagemens les
plus sacrés, vous ayez disposé d'un Secret
qui n'était ni le vôtre ni le mien,?
( —. permettez, mon cher abbé, répliqua
le comte. Dans un testament ce qu'il faut
surtout considérer, c'est l'intention du
testateur ; certes, je serais coupable d'une
énorme indiscrétion, si, suivant ma pente
première, j'avais avisé l'ennemi de l'arme
terrible dont vous étiez détenteur, mais le-
testament du Roi ne déférait-il pas la
lieutenance du royaume à M. le duc du
Maine? Et quand taut est prêt d'ailleurs
pour un retour à bette volonté sainte,-ai-je
d»nc manqué à un devoir en avertissant
Mme la duchesse de l'existence du fou
droyant appoint que vous pouvez nous ap
porter ?
1 — Vous n'avez pas manqué à un devoir,
Monsieur le comte, vous avez manqué à
un serment.
—Devoir ou serment, c'est tout un dans
la circonstance. Etait-il ou non dans la
pensée de Louis XIV, que M. le duc du
Maine, à l'exclusion de M. d'Orléans, eût
là conduite' des affaires et la tutelle du roi
son petit-fils?. •
—-Mais, je ne sache pas, dit l'abbé,
que M. le duc du Maine m'ait fait l'hon-'
neur de venir conférer de tout ceci avec
moi- et probablement, si nous avions dû *
nous .rencontrer, un moyen de rappro-
chément moin s .cherché et moins t héâtral
eût assuré à une rencontre devant porter
sur du si grands intérêts toute la gravité
désirable. ■ ! ^
' — Dans ce sac ridicule où Scapin l'enveloppe,
Je ne reconnais plus l'auteur du Misantrope.
Voilà ce que vous voulez dire, Monsieur
l'abbé? répliqua-vivement Mme du* Maine,
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