Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-09-21
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 21 septembre 1864 21 septembre 1864
Description : 1864/09/21 (Numéro 265). 1864/09/21 (Numéro 265).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
49' ANNÉE.—N. 268.
ABOIVIV SENS DES DÉPARTEMENT
: „ - T7t „
TROIS 16 FR.
six M0is..r. ; ;?:.r.ï 32 fr.
unjak.;.;7....v.r.: 64 fr.
roor les pj I y? étrangers , voir le tableau
publié les s et 20 de chaque mois.
I np. L. BON1FACE, r. des Bons-Enfans, 19,
: ÊUREAliX A ÊAftfS | ruç <|o Valois (^alais-^Loyal); n: 10?
- JOURNAL POLITIQUE, LITTERAIRE, UNIVERSEL.
B MERCREDI -lî SEPTEMBRE 1864.
^SOi^ŒMENS. DE PARIS'
* ta
trois mois.t; r ..£wt 13 fr.
sixi MOIS ..;î^ ! î; T îï 36 fr.
un an ; S2 FR.'
un numéro 20 centimes;
; tes sboonemens datent deç 1*1 et i®
de'cbaque mois; ... ,/?■.>
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, MM. les abonnés nouveaux peuvent
faire retirer dans les bureaux du journal
les feuilles contenant'les parties de liA
FORET'DE publiées avant
la date de leur abonnement, et se mettre
ainsi au courant de cette œuvre si drama
tique dans son ensemble, et si attachante,
dans ses détails.
PARIS, 20 SEPTEMBRE
.. Lé Moniteur publie une convention si
gnée entre la France et le Portugal pour le
tarif des postes. Ce tarif est fixé à 20 c. par
lettre de 10 grammes expédiée de France
ou d'Algérie au Portugal et aux Açores, et
à 80 c. pour les'lettres expédiées du Portu
gal ou des Açores à destination de France
ou d'Algérie.
Des décrets publiés par le Journal de
Saint-Pétersbourg réorganisent l'instruc -
tion publique en Pologne ; il est créé une
université à Varsovie; la langue polonaise
est consérvée; par un décret spécial le Gode
pénal est modifié et les peines corporelles
sont abolies.
M. Bravo Gonzales, ministre de la gober-;
nacidn (intérieur), en donna*^ audience
aux employés dp ^ on département, leur a
adsess^ yue^nes paroles qui caractérisent
la . oVtuation prise par le nouveau minis-r
tère espagnol ; ce ministère est la person
nification duparti modéré; il sera On même
temps très libéral, non-seulement libéral,
mais aussi conciliant ; il acceptera avec
plaisir le concours de tous ceux qui vien
dront à .lui, sans leur demander d'où ils
viennent ; il disposera uniquement des
seuls postes de confiance, et il conservera
dans leurs emplois ceux dont les antécé-
dens sônt irréprochables et qui veulent
loyalement servir le gouvernement.
Les journaux démentant le bruit d'un
voyage du maréchal O'Donnell et de la dé
mission du général Manuel de la Concha.
On dit que le ministère se propose de
concéder' immédiatement le chemin de fer
des Aldudes, destiné à abréger les .com
munications entre l'Espagne et le midi de
la France.
D'après la Fremdenblalt de Vienne, .la
conférence aurait adopté, relativement à
la.liquidation pendante entre, les duohés
et le Danemark, les résolutions.sui vantes :
1°.les duchés ont le droit de réclamer leur
part dans l'actif de la monarchie danoise ;
2° le t5 novembre 1863, jour du décès du
i-oi Frédéric VII, sera pris pour base dans
le règlement de cette quote-part; 3° le.
partage se fera&. raison de 36 2/3 0/0 pour
le Sleswig - Holstein et de 63 1/3 0/0'
pour les autres parties de la monarchie
danoise; 4° tous les cautiofinemens au do
micile légal du déposant; 5° il y aura par
tage : (a) des fonds de la caisse générale
des veuves s'élevant à 924,387- rixdaters
39 sch.; (6) des fonds des rentes viagè-'
reset de la maison d'asile, de l'an. 1842 qui
se montent, suivant les comptes du bud
get de 1862-63, à4,620,473 rixdalers 28 sch.
et à 1,336,057 rixdalers 3 sch.; (c) des fonds
de la caisse d'assurance sur la vie se mon
tant à 1,119,378 rixdalers ; 6° les châ
teaux, les domaines, forêts, carrières sei
gneuriales, marais et étangs, les forte-p
resses, casernes, arsenaux etautres édifices
militaires, ports, phares, chemins, loge-
mens de service et locaux de service des
employés seront tous considérés comme
des dépendances relevant du pays oî^ ils
se trouvent ; 7° le canal du Sleswig-Hols-
tein sera considéré comme une œuvre
construite, à frais-communs, en' vue des
intérêts spéciaux, des. duchés.
La même feuille dit que, jusqu'ici, les
plénipotentiairô's' danois s'opposent éner-
giquementj à tout partage des fonds du
péage du Sund ; mais la Gazette autrichien
ne assure, au contraire, qu'ils ont reconnu
en principe l'équité dè cette Semande*
D'après ce.journal-, la recôimàisSclneedu
futur souverain des duchés paraît devoir
traîner en longueur; M. Von der Pfordten,
chargé de présenter un nouveau rapport
sur la question dè succession, est en ce
moment absent de Francfort ; le mémoire
d'Oldenbourg n'est pas arrivé, et, comme
on n'a fixé au grand-duc aucun délai pé-
remptoire, quelques semaines au moins
.s'écouleront avant qu'on puisse procédér
plus amplement.
L 'Opinione et l'Italie de Turin du 19, ar
rivées ce matin à Paris-, discutent longué-
ment,.comme l'annonçait hi« soir l'agen
ce Hayas, la question éventuelle du trans
fert de la capitale italienne de .Turin à Flo
rence. D'après, ces mêmes journaux, le
Parlement italien serait convoqué potijr le
4 octobre afin de recevoir les communica
tions à ce sujet, ..... Aogcste Vito,
Plusieurs journaux demandent où en
sont les travaux de la commission insti
tuée pour examiner le projet de loi sur les
chèques.
Après une enquête très-sérieusement
faite, la commission a préparé un projet
de loi qui, par ordre de l'Empereur, a été
envoyé, le 20 août dernier, au.conseil d'E
tat. ( Moniteur du soir.)
Notre chargé d'affaires et consul géné
ral à Caracas avait, au mois de février
dernier, conclu avec le gouvernement vé
nézuélien un'ë convention destinée à assu
rer le règlement des nombreuses réclama
tions de nos nationaux. Cet acte a "été sanc
tionné ultérieurementpar l'assemblée cons
tituante du Vénézuéla, mais il restaità con
venir des dispositions qui en fixeraient et en
garantiraient le mode d'exécution. Le gou
vernement vénézuélien ayant muni des
pouvoirs nécessaires à cet effet M. le gé
néral Guzman Blanco, vice-président et
ministre des relations extérieures de la
république, envoyé en mission à Paris et
Londres; le: gouvernement de l'Empereur
a, de son côté, jugé à propos de mander
près de lui dans le môme but son agent à
Caracas, M.-Mellinet. • •
La négociation qui s'en est suivie vient
d'aboutir 'à un arrangement complémen
taire de la convention du mois de février,
grâce auquel ceux de nos nationaux qui
avaient formulé, jusqu'à la date de cette
dernière, des réclamations reconnues bien
fondées, sont assurés d'obtenir une équi
table réparation.
L'esprit de justice et la loyauté appor
tés dans tout le cours de cette négociation
par le général Guzman Blanco ont certai
nement contribué pour une grande part à
son heureuse et prompte.issue. {Id-m.)
COURS BE LA BOURSE. ...
COURS de CLOTURE lâ 19 le 20 HAUSSE. BAISSE .
3 0/0 au compt. 65 90 65.90 » » » »
—Fin du mois. 66 05 66 05 » » ' » ■ >»
41/2 au compt. S2 40 92 50 » 10 » »
—Fin du mois. Q2 70 » . ». » » »
• • .... HJJIf 11. — ■
TELEGRAPHIE PRIVEE.
Saint-Pétersbourg, 20 septembre. '
Le Journal de Sam<-Pé«ersfcoMrg publie aujour
d'hui un rescrit de l'empereur au cofnta Berg,
et cinq décrets qui contiennent une série de
mesures très larges concernant l'instruction
publique en Pologne : la création d'une uni
versité à Varsovie, d'un grand nombre d'écoles
supérieures, moyennes et primaires,d'une école
gratuite pour les femmes. Les Polonais con
servent l'usage de leur langue nationale; poul
ies autres nationalités du royaume des écoles
spéciales sont instituées," avec l'usage de leurs
idiomes respectifs. • ■ i
Un sixième décret modifie le Code pénal,
dans le sans d'un adoucissement des peines et
abolit les peines corporelles;
Marseille, 20 septembre.
Les correspondances de Rome du 17 annon
cent la publication de l'encyclique adressés
par lé Pape aux évêqucs poldnals.. Dans cette
pièce, Pie IX fait le tableau de la persécu
tion russe et déplore qu'un mouvement témé
raire lui ait fourni un nouveau prétexte. 11
recommande la soumission aux autoritésîcons-
tituées, mais en.même temps il-flétrit et ré
prouve les excès du gouvernement rùsse Con
tre les catholiques, les confiscations , les dé
portations et l'attentat inouï par lequel l'ar
chevêque de Varsovie a été dépouillé de sa ju-
• ridiction; Le Saint-Père avertit le .clergé et les
fidèles qu'ils ne doivent pas obéissahce: à des
mesures contraires à leur Conscience et aul
lois .de Dieu; Il menace les persécuteurs de la
justice divine ; 'qui « apparaîtra bientôt, car le
tt temps de la miséricdrde est court et les
» puissans seront puissamment châtiés. #
(Cette dernière phrase est textuelle.) '
- .Madrid, 19 septembre. .
La l'alitica dit que ie nouveau cabinet agira -
énejgiquement dans la question du Pérou,
mais que; relativement aux affaires de Sari-
Domingo, il ne prendra aucune résolution
définitive sans avoir consulté les Cortès.
{HaVas-BulliUr.)
... ,. s ^
Voici les dépêches que nous recevons ce
soir : v
Londres* 20 septembre* soin .
Il a été déposé aujourd'hui 34,000 liv. st. à la
Banque d'Angleterre et il en a été retiré 25,000
•pour le.Brésil.
Le prince Humbert s'est rendu ce matin à
Windsor.
New-York, 10 septembre
(par le Jura) .
Le World mentionne un bruit, apporté par
des déserteurs, .d'après lequel la flotte de l'a
miral Farragut aurait passé le Bog-River et
obligé, après un court bombardement, Mobile
,à se rendre. Les confédérés se retiraient dans
l'intérieur du pays.
New-York, 10 septembre.
•Le général Sheraan mande qu'il a poursui
vi Hood jusqu'à Lovejoys, station située à
trente milles au sud d'Atlanta, mais que là,
ayant rencontré lés confédérés dans une posi
tion fortifiée, il est revenu à Atlanta, le but
de la campagne étant atteint.
Les journaux du Sud paraissent attacher
pou d'importance à la prise d'Atlanta.
Lee a reçu des renforts du corps d'Early et a
concentré de grandes forces pour attaquer la
gauche de Grant.
. . Le général Mac-Clellan a accepté la.candicfa-
ture qui lui était offerte par la convention de
Chicago. Il s'est prononcé en faveur de l'u
nion à tout prix. 11 a dit que l'esprit de con
ciliation devait être employé pour arriver à
un arrangement-, amical, mai? que l'union
était une condition do la.paix. Tout Etat vou
lant rentrer dans l'union devra être reçu avec
■ses pleins droits constitutionnels. '
Grant a écrit une lettre dans laquelle il as
sure que le dernier homme du Sud est entré
dans les rangs confédérés, et que si le Nord
reste uni, la fin de la guerre n'est pas éloi
gnée.
. Or, 120 1/8.—Change sur Londres, 250.— Co
ton, 184 1/2 à 185.
, New-York, 10 septembre, soir.
On fait toujours courir le bruit de la prise
de Mobile.
Berlin, 20 septembre.
Une dépêche de Sclvwalbacli annonce que
l'empereur de Russie dbit arriver demain dans
cette localité pour rendre visite à l'Inîpératri-
ce Eugénie. L'empereur de Russie sera accom
pagné de l'adjudant-général le comté d'Adler-
berg.
Francfort, 20 septembre.
L'Europe, au sujet de la question romaine,
fait observer qu'il est naturel que le même
ministre de l'empereur, qui naguère a refusé
avec énergie de recevoir la note comminatoire
du générai Durando, puisse seul négocier avec
succès le règlenient de là question romaine sur
des bases honorables pour toutes les parties
intéressées, maintenant que la Péninsule est
tranquille' et que le mouvement garibaldien
n'existe plus.
Vienne, 20 septembre.
On lit dans la Correspondance generale :
Les journaux du pays et de l'étranger se plai
sent à répandre des nouvelles inquiétantes sur
l'état des néogciations pendantes entre le Da
nemark et les grandes - puissances alleman
des. Pendant que les uns prétendent qu'on
veut tentér dé revenir à l'union personnelle,
les autres pai-lenWune évacuation imminen
te duJutland ou d!un, règlement de frontière
qui s'écarterait des.bases établies, dans les
préliminaires de paix. Nous sommes en me
sure de déclarer que ces bruits et autres
semblables sont privés de tout fondement.
' ijl cinquième conférence a dû avoir lieu au-
-jonrd'kui ou bien elle aura lieu demain.
L'êmperetir d'Autriche est attendu ce soir &
Vienne. ' UIuvcis-Bullier.)
On écrit dé New-York, le 7 septembre :
Suivant une opinion généralement ré
pandue dans le Missouri, il serait à crain
dre que les confédérés n# lissant, cet au-
tomnej une invasion du genre ae celles
qu'ils ont entreprises chaquè année depuis
le commencement de la guerre. Les nou
velles reçues de l'Arkansas et de la Loui
siane viennent à l'appui de cette opinion!
dans ces deux Etats, les freupes confédé
rées se prépareraient, dit-on, à.ce mouve
ment et profiteraient, pour cette expédi
tion, de répoqû# dè la maturité des grains
dans l'ArkaKsas^t le Missouri. ' ' ,
fiepuis la désastreuse expédition du gé
néral Banks sur la rivière Rouge, les for
ces confédérées, sous les ordres des géné
raux Kirby- Smith et Price, ont leurs
mouvemens libres, et le rappel de presquè
toutes les troùpes fédérales dti Texas
permettrà àu'x forces dè cet Etat dé se,
joindre à celles.de Price; il paraît assez
probable que c,es, forcespeuvent s'élever à vingt ou trente mille
hommes, ne pouvant traverser le Mis-
sissipi et porter du renfort aux armées
de l'Est, ne resteront pas dans l'inaction
et tenteront une invasion du Missouri.
Cette invasion Tie pourrait guère se faire
avec une armée complète, tant que les gé-
nêràux fédéraux Steelô et Thayer occupe
ront la rivière Arkarisas, mais une expé
dition de cavalerie présenterait de gran
des chances de succès. On sait d'une ma
nière positive qu'un certain nombre .des
troupes de Price se trouvent dans l'État
du- Missouri où elles sont disséminées
par bandes de 'guérillas, mais prêtes
a se réunir lorsque le moment oppor
tun sera venu; à l'arrivée des . trou
pes confédérées dans le Missoufi, ces
. bandes de guérillas, en se_ concentrant
sur un point donné, formeraiant un
corps assez considérable pour inquiéter
sérieusement les mouvemens des fédé
raux qui seraient chargés de défendre
l'entrée de l'Etat. Jamais, du reste, le Mis
souri ne s'est trouvé dans des conditions
plus favorables, aupoint dé vue confédéré,
pour tenter cette expédition. Les comtés
frontières sant le théâtre journalier d'ex
ploits qu'on n'oserait attribuer qu'à des
brigands de profession ; des bandes de
guérillas et les troupes-de milice de l'Etat
rivalisent de cruauté, pillant et assassinant
indistinctement fédéraux et confédérés.
Les habitans des campagnes redoutent
peut r être plus: aujourd'hui l'apparition
des troupes de la milice envoyées à leur
secours que celle des guérillas elles-
mêmes. D'ans le centre et le nord, de
l'Etat, la situation n'est guère meilleure
et le comté; de. Jeffsrson, entre autres,
est soumis à un véritable régime de ter
reur, régittu» institué par 1 la milice, qui
vole et fusille les. habitans en toute li
berté; les plaintes portées devant l'au
torité supérieure.sont rarement écoutées,
deviennent un arrêt de mort pour le plai
gnant lorsqu'il -rentre ehez lui, La navi
gation du Missouri est presque impossi
ble : les bateaux sont exposés à dcs.-atta-
ques continuelles, et cela, souvent, à quel
ques pas des postes militaires établis pour
protéger cette navigation.
Les conditions dans lesquelles se trou
vent les Etats voisins sont .à' peu près les
mêmes : dans le Kansas, la tranquillité a
entièrement • disparu, et, d'après les ob
servations faites : au fort Laramée,. il y
est passé , depuis le 15 mars jusqu'au
10 juillet , 6,161 wagons, 25,000 ani
maux et plus de 19,000 émigrans al
lant vers l'ouest ; l'émigration -générale
pendant la même époque est esti
mée a environ 50,000 individus. Dans
les plaines du nord-ouest,.. la guerre
contre les Indiens se soutient à l'avantage
de ces derniers ., jusqu'à présent. Ces In
diens, sont généralement bien armés et
supérieurs en nombreaux détar.hemens en
voyés contre eux : c'est ainsi, du moins, que
l'on explique les échecs éprouvés parles
fédéraux. Les Indiens occupent les routeSj
pillant et, tuant les émigrans, è't ont forcé la
malle dite Ôyerland, de cesser ses t'oya- s
ges; la plupart d'enti-'eux sont des Sioux '
du haut Missouri refoulés par l'expédition
du général Sully ; on les divise générale
ment de la Manière suivante :
SiouS,
Arapahoes, 3,300
Cheyennes, 2,320
Comanches, 1,800
Kiawas, 1,800
Apaches, §00
soit. 17,603 Indiens représentant environ
4,000 guerrieïS ; quelques personnes por
tent le Chiffre des^ guerriers à 8,000, mais
je le crois exagéré. s ,
Le Colorado est égaîeîaent aux prises
avec les Indiens; le général Curtis qui, a la
direction des affaires,' a commis l'impru
dence d'envoyer le gros de ses troupes
couvrir I«ï frontières du côté du Texas et
"d'envoyer en mémè temps de petites expé
ditions contre les territoires occupés par
les Indiens quî *e so*t soulevés en masse
et ont pu pénétrer, sails rencontrer de ré
sistance, dans le Colorado, jusqu'à quel
ques ndilles de Deuvçr. Les mesures prise*
parle général Curtis sont attribuées à la
crainte q|ue l'on avait d'une attaque des
confédérés venant du Texas ou de la
rivière Rouge. Le géaérail Curtis a en
gagé les fermiers' de Colorado à sè dé
fendre eux-mêmes , mais la distance à
laquelle se trouvent les unes des autres
leurs habitations disséminées sur les bords
des cours d'édri, reïtd ce conseil imprati
cable. S'armer et s'orgafïïser en milice se
rait pour ces fermiers l'abandon de leurs
maisons et de leurs récoltes et les obligerait
à compter sur les productions du Kansas ■
et du Missouri pour se fournir de grains
cet hiver; ce qui équivaudrait ^ leur ruine.
Comment, en outre, une milice organisée
ainsi pourrait-elle protéger efficacement
lés routes qui, dans ce pays, traversent
des territoires inhabités de plusieurs cen
taines de milles d'étendue ? On assure que
le général Ourtis songé à organiser une
expédition sérieuse contre les Indiens,
mais il est à craindre que la plus grande
partie du mal nesoit déjà, faite.
Au sud du Missouri et le long du Mis-
sissipi les choses n'ont guère changé d'as
pect ; le fait le plus saillant a été le coup
de main du général Forrest (confédéré)
qui, à la tête d'un corps de troupes peu
considérable, est entré le 20 août dans la
ville de Memphis, y a fait sôs provisions
et s f est retiré sans ' être molesté, emme
nant avac lui 2Ckj prisonniers et. 400 che
vaux. La conduite officiers fédéraux,
dans cette affaire, a été dss plus étranges :
le général Washburne, coffiiS &ndant la
place, a cru devoir, accompagné dè son
état-major, se mettre à l'abri dans un fort,
à la nouvelle de ^'arrivée de l'eiinemi,
abandonnant à eux-mêmes les habitans, et
la milice de la ville. v»
■ La .presse fédérale n'a pas manqué,
comme d'habitude^ de nommer ,l'attaque
de Forrest un .échec, grâce à l'énergie du
général Washburne. En somme> le dom
mage matériel causé aux fédéraux par
cette expédition n'a pas une grande im
portance, mais il n'en est pas de même de
l'effet .moral.
Pour extrait : l. bontf ace.
Nouvelles diverses.
PARIS, 20 SEPTEMBRE.
L'Empereur assistait hier soir à la représen
tation de l'Opéra. On jouait le Comte Ory, et Ni-
méa. Sa Majesté est arrivée vers la fin du pre
mier acte du Comte Ory.
— Le duc de Cambridge est arrivé samedi
soir à Londres; pendant son passage à Paris,
S. A. Ri avait eu l'honneur de déjeûner avec
l'Empereur. ,
— Un décret Impérial du 17 de'ce mois por
te que les taxes ou droits à percevoir par l'ad
ministration des postes sur les lettres, jour
naux, ouvrages périodiques, prospectus, cata
logues, annonces et avis divers, imprimés,
gravés, lithographies ou autographiés, échan
gés, par la voie de l'Espagne, entre les habi
tans de là France et de l'Algérie, d'une part,
et les habitans du Portugal et des Açores
d'autre part, seront payés conformément au
tarif ci-après :
' France et Algérie, pour Portugal et Açores
■Lettres, 2.0 eenk-PâT JO. êrammes au fraction..
;de 10 gr. — Journaux, gazettes, ouvrages pé
riodiques, prospectus, catalogues, annonces et
avis divers imprimés, gravés, lithographiés ou
autographiés, 3 cent, par 40 gram. ou fraction
de 40 gr/
Portugal et Açores, p'?ur France et Algérie t
Lettrés, 80 cent, par 10 g?am. ou fraction de
10 b T._ Journaux, gazettes, ouvrages périodi
ques: prospectus, catalogues, annonces et avis
divers imprimés, gravés, lithographes ou au
tographiés, 10 cent, par 40 gram. ou uaction
de 40 gTj (droit de timbre compris).
Pour jouir des modérations de port accor
dées par le tarif ci-dessus aux journaux, ga
zettes, ouvrages périodiques, prospectus, cata"-:
logues, annonces et avis divers imprimés, gra
vés, lithographiés ou autographiés, ces objets,
devront être mis sous-bandes et ne contenir
aucune écriture, chiffre ou signe quelconque
à la main, si ce n'est l'adresse du destinataire.
Ceux qui ne réuniront pas ces conditions se--
ront considérés comme lettres et taxés, en con
séquence. . . .
Les journaux, gazettes et autres imprimé#
désignés dans 1'ai'ticle précédent ne seront re
çus ou distribués par les bureaux de poste
français qu'autant qu'il aura été satisfait a
leur égara aux lois, décrets', ordonnances ou
arrêtés qui fixent les conditions de leur publi
cation et de leur circulation en France.;
Il ne sera reçu dans les bureaux dépendant
de l'administration des postes de France,. pour
être expédié par la voie de l'Espagne, aucun
paquét ou-lettre à destination du Portugal, ou
des Açores qui contiendrait soit de l'or ou de
l'argent monnayé, soit des bijoux ou effets pré
cieux-; soit des papiers de musique, des livres
brochés, des brochures et autres imprimés non
mentionnés dans 1 article 1" précédent, soit
des gravures ou des. lithographies ne faisant
point partie- d'nn journal, soit enfin tout au
tre oùjet passiole de droits de douane.
Les dispositions du présent, décret serent
exécutoires à partir du 1 er janvier 1885.
Sont et demeurent abrogées les dispositions
de notre décret susvisé du 16;février 1856.
— Une notification du cardinal Antonelli,'
publiée dans le Journal de Rome, réduit à 20
Moques (environ 1 fr.) la taxe du télégramme •
simple, composé de vingt mots, transmissibla
à toute station de l'Etat pontifical.
' — Par d&ision de S. Exc. le ministre de l'a-»
griculture, du commerce et des travaux pu
blics,- et d'après les résultats des examens gé
néraux de l'année scolaire 1863 ^-1864, des bre
vets ont été délivrés aux élèves externes d.e
l'Ecole impériale des! mines dOJit les noms sui
vent : 1 „ •, _
t MM. Dolfus (Auguste), du Havre; De Préau-»
deau, de Nogent-le-Roi ; Chesnée, de Quévilly-
le-Petit ; Hermant , d'Arras ;. Viellard, de Mé-
zières (Ha.ut-Rhin) ; Robillard, d'Alger; Çazalis,'
de Cette; Durand, d'Ouroux; Libaudière, de
Nantes ; De La Garde, de Poitiers ; Paillotte,
Paris; Bruyant, de Chaulnes. ;
■ ^ On écrit de Berfie, 17 septembre.:
« Une pétition signéa.par quelques-uns des
membres du bureau électoral genevois qui
avait.prononcé la nullité de l'élection du 21
août dernier a-été remise au grand conseil-de
Berne. Cette pétition demandait que la pres
tation dé serment dé M. Ohenevière fût ajour
née, attendit' qu'un, recours allait être adres
sé à l'assemblée fédérale contre la décision du
pouvoir central de la Confédération, décision
qui, comme on sait, a prononcé la validité de
l'élection de Genève.
» Le grand conseil n'a pàs aaCJis la préten
tion des pétitionnaires. M. Cliene-i'ièro a, en
conséquence, prêté serment et été déclaré
membre du conseil d'Etat. Il prendra la direc
tion du département des finances.
; Voici d'après le Bulletin de VObservatoire
publié hier,- la situation générale du temps s
j La hausse barométrique continue lentement
sur les côtes.ouest de l'Europe; sur la Manche,
les vents faiblissent tout en restant du sud-
ouest; le ciel est toujours très nuageux ou
couvert sur l'ouest et le nord de la France. La
Méditerranée est d» nouveau calme, mais le
baromètre est bas sur le centre de" l'Autriche
et l'Adriatique; quelques bourrasque^! sem
blent menacer les côtes d'Italie.
: — Le 53* régiment d'infanterie de ligne, ve
nant par étapes-de Givet, est arrivé aujourd'hui
à Paris pour y tenir garnison, et a été caserné
au quârtier du Prince-Eugène; Le 89 e régiment
de même arme est parti aujourd'hui.de Paris,
également par étapes^ pour aller tenir garni
son à Neufbrisach. ■ < . ; .
— C(h écrit de Toulon, le 17 septembre :
« M. de Valgrenant, officier d'ordonnance de
M. le maréchal de Mac-Mahon, est arrivé jeudi
soir à Toulon, pour surveiller l'embarquement
des bagages et des cheVaux de M. le gouver
neur général de l'Algérie. Les chevaux ont été
conduits ce matin à Castigneau,où des chalands
les ont transportés à bord de là frégate là Thé-
Feuilleton du Gonstilutir>nnel, 21 s p pt.
LA FORÊT DE BONDY
EPOQUE DE LA RÉGENCE.
Deuxième partie.
XVII.
LA GAZETTE DE FRANCE.
Philippe s'était bien gardé de prendre la
route que lui avaiUindiquée Colingry.
. Ayant encore assez de jour pour retrou
ver le chemin suivi la veille par là caval
cade do-la basoche, il gagna,d'un côté tout
différent, la clairière qui avait été le théâ
tre de son triomphe oratoire et, donnant
un coup d'œil à l'Orme aux harangués, ma
gnifique açhre séculaire dont la cime était
encore éclairée parles dernières lueurs du
crépuscule, il pensa qu'au dessus de sa
vie planait une clarté aussi pâle et aussi
fugitive. . - ,
Avant d'entrer dans la ville inconnue
aux portes de laquelle l'a conduit une
longue journée de marche, souvent le
voyageur fait une halte jusqu'à l'heure où
les ténèbres déroberont aux regards sa
chaussure déformée el ses vêtemens pou
dreux! A l'entrée de la Mort l'infortuné
jeune homme s'arrêta aussi : ce qu'il crai
gnait, lui, c'était de voir la mise en scène
de son' suicide dérangée par quelque im
portun.
Afin donc d'être assuré qu'autour du lo
gis maternel la solitude se serait faite as
sez profonde pour que rien ne vînt trou
bler son sacrifice expiatoire, il pensa de
voir attendre que la soirée fût plus avan
cée. La demi-heure de sursis qu'il venait
de s'accorder, il comptait, avant de s'en
gager dans l'avenue qui menait à Mont-
fermeil, la passer assis sur le talus d'un
fossé creusé au bord de la clairière pour
l'écoulement des eaux,
La soirée était calme, les étoiles bril
laient au ciel, et les pénétrantes senteurs
de mai embaumaient au loin la forêt.
Pendant qu'enveloppé de silence, le con
damné adressait un mélancolique adieu au
printemps qu'il croyait saluer pour la der
nière lois, un bruit de pas se dirigeant de
son côté vint attirer son attention.
Deux, individus, dont l'un portait une
lanterne sourde qu'il démasqua, parurent
au milieu de l'espace découvert et s'y ar
rêtèrent. :
-— C'est bi6n ici, dit l'homme à fa lan
terne, après avoir "un moment sondé avec
le rayon lumineux les ténèbres environ
nantes. Voilà l'arbre de la basoche 1 com
bien d'hommes as-tu commandé ?
— Dix-neuf et moi font vingt, répondit
celui qu'on interrogeait; ils connaissent
tous la forêt et doivent converger isolé
ment, les uns à travers le taillis, les au
tres par les différentes routes qui aboutis
sent ici.
En présence de ces singuliers et téné
breux préparatifs, la curiosité de Philippe
sera comprise.
Tout- désintéressé qu'il fât des choses
de la vie, il subit, cette invincible attrac
tion qu'exerce toujours le mystère et dési
ra savoir où aboutirait ce rassemblement
nocturne.
Afin de l'observer sans avoir à compter
avec lui, il se laissa glisser au fond du
fossé, et se coucha à plat ventre sur la
pente adossée au lieu de Ta spène. L'œil
ainsi à fleur de terre et protégé d'ailleurs
par un massif de broussailles, bientôt il
fut installé de façon à tout voir et à tout
entendre sans presqu'aucun danger pour
lui-même d'être éventé ou aperçu. ;
: Pendant qu'il faisait sans bruit ses dis
positions, la boule de , neige avait grossi et.,
à la faible lueur que projetait la lanterne,
rendu à son observation, Philippe compta
quatre nouveaux venus. Cette bande de
vait être remarquablement disciplinée,
car, dans l'espace de dix minutes,'arrivant
de tous les points du cercle, le nombre
attendu se trouva complété. Une sorte de •
revue fut alors passée par celui qui avait
la lumière à la main; la portant successi
vement. au visage de chacun de ses hom
mes, il laissa entrevoir au spectateur ca
ché de cette minuLieuse inspection, quel
ques tnines assez patibulaires. ' '
Son monde reconnu :
— Allez, mes gars, dit l'homme à la lan
terne, qui, décidément, devait être leur
chef.
Aussitôt, comme une troupe de singes,
le- rassemblement se dispersa et ,chacun i
de ceux qui le composaient s'attacha au
tronc d'un arbre qu'il escalada avec rapi
dité; De terrestre qu'elle était, en un mo-
ment la réunion devint aérienne. Ainsi
invisiblement soutenu par vingt hammes
adroits et résolus, après avoir caché sa lu
mière, seul, le chef mystérieux de ces
grimpeurs resta sur le terrain, où. il se j
promena de long en large et attendit.
Au bout de quelques minutes, à travers
.le feuillage encore mal touffu, parut une
lueur lointaine qu'on eût pu prendre pour
un incendie. ,
Mais alors, c'aurait été un incendie am- ■
bulant, car, sans gagner en étendue, "la !
clarté, en se déplaçant, de moment en mo- ;
ment, brillait plus intense.
Bientôt, le phénomène fut expliqué ; six ;
hommes portant des torches débouché-j
rent dans la clairière autour de laquelle :
ils s'espacèrent comme autant de candé- -
labres; puis sous cette lumière fumeuse, i
commença un défilé étrange.
Là où le jour précédent s'était pacifique- :
ment réunie la basoche, parut une troupe :
pour laquelle les questions de droit et de
procédure semblaient devoir être un mé- :
diocre souci.
; Hommes défait ^ïl en fût, leur code;
était un sabre, des-pistolets et une cara- ;
bine. • . j
' Leur uniforme, anarchique au possible,
était d'être vêtus comme il plaisait à cha
cun et au diable, mais pourtant chez ces ;
hommes si débraillés tout marquait l'al
lure et les habitudes de la vie militaire :
leur air rude, résolu et martial, leur façon
savante d'emboîter le pas et surtout la ma-r
nière alignée et régulière dont en un mo
ment ils eurent formé sur deux rangs un
carré appuyant sa droite et à gauche à
l'Orme aux harangues.
Cette manœuvre exécutée, au milieu du
•carré, parut une' sorte d'ètat-major. Qu'on
se figure alors l'étonnement de Philippe :
l'imprévu, nous avons presque dit l'in
croyable, se présentant à lui sous une dou-r
ble forme ! Dans le chef de la bande d'en
haut, celle qui perche, il a reconnu le chaf»-
. fouin, personnage de Cartouche ; dans le
chef de la troupe d'en bas, celle qui pose
si fièrement et si carrément sur le sol, il a
reconnu l'ex-sergent Colingry. i
Celui-ci se contenta de lever son cha-î-
peau sans prendre la main .que Cartouche
"lui tendait, puis il lui dit :
• '—Monsieur, vous m ? avez écrit que vous
aviez sur mon compte des renseignemenSj
et qu'il vous serait agréable d'avoir avec
moi une entrevue. Vous êtes venu seul
au rendez-vous que je yous ai donné; c'est
une confiance qui vous honore...
Avant ..que Colingry eût achevé sa phra
se un de ses lieutenants lui parla à l'o
reille. Aussitôt son regard se porta vers la
cime des arbres et y découvrant une gar
nison:
— Diable, Monsieur, reprit-il, j'adres
sais mal mes éloges; ce n'est pas votre
grandeur d'âme,, je le vois, que* je dois ad-
mirer, mais votre prudence et votre haute
capacité militaire; vous êtes dans les bons
principes, toujours occuper les hauteurs!
Un peu penaud, Cartouchë réponditque,
dans son dangereux métier, il devait tou
jours être sur ses gardes; que d'ailleurs
il était payé pour se défier de la forêt de
Bondy et qu'on le trouvait accompagné
de trop peu de monde pour qu'il ne fût
pas le très humble serviteur des forces
imposantes dont il se voyait environné. »
—Passons, dit Colingry, chacun se gou
verne comme il l'entend; mais n'étiez-
vous pas dans l'intention - de me livrer un
mauvais drôle dont vous me dénonciez les
turpitudes en me laissant le soin de son
châtiment?
—"Je joue de malheur, répliqua piteu
sement Cartouche, impossible de mettre
la main sur ce misérable,, mais le rendezT
vous était pris et malgré ce mécompte je
suis venu.
— Moi, .fit Colingry, .j'ai la main plus
heureuse je me suis procuré cet homme
resté pour vous insaisissable et vous allez
le voir dans un moment; mais votre inten
tion-comme la mienne" étant de donner à
son jugement une solennité qui vous ex
plique l'appareil déployé autour - de vous,
serez-vous assez bon pour - vous, tenir un
moment à l'écart et ne paraître qu'au mo
ment où votre témoignage sera invoqué?
— Parfaitement, dit Cartouche en se
laissant conduire hors du carré. .
Un homme y fut peu après introduit;
tête nue , les bras liés.derrière le des, il
portait l'uniforme des gardes françaises.
Pour Philippe qui ne perdait ni un mot ni
•un geste de cette singulière scène, nouvel
obj.et de surprise! Le prisonnier, il le con
naissait, c'était ce soldat à la miné inso
lente qui du temps où il se croyait amou
reux de Jeanneton , lui avait mis si fort
martel en tête, en d'autres termes, c'était
Duplessis d'Antragues,le scandaleux mari
de la belle bouquetière.
■ L'accusé débarrassé do ses liens, Colin
gry se plaça sur un petit tertre gazonné,
qui servait de tribune à l'orateur de la
basoche et de là dominant l'assemblée :.
— Camarades,:dit-il, l'homme que vous
voyez devant vous a été autrefois mon
ami. Je lui avais donné en mariage ma
nièce, une belle, bonne et aimable créa
ture, que-ce misérable a traitée.indigne-
ment. Quelques-uns, parmi vous, ont été
témoins de l'état où il s'était mis la nuit
de l'incendie du Petit-Pont, et ils peuvent
se rappeler l'odieuse scène qu'il était venu
faire au domicile de sa femme.
— Tiens ! je l'avais surprise avec un
amant! osa dire l'accusé. >
— Tu mens, s'écria Colingry, les cama 1 -
rades qui m'assistèrent, savent que celle
qufetu outrageais avait donné l'hospitalité
à un magistrat, homme respectable, et à
sa fille qu'elle venait de centribuer à sau
ver des flammes. Il te- va bien d'ailleurs de
faire le jaloux quand il y a> deux jours, ta
femme, tu la vendais à un grand seigneur
qui en était amoureux.
Un long murmure ayant couru dans
l'auditoire :
— C'est une calomnie infâme ! dit le
prisonnier en gesticulant. Oh veut me per
dre pour que ma femme soit-veuve ; elle
rougit d'avoir épousé u» : soldat. Elle
a retrouvé un parrain, si c'est bien un
parrain, qui promet de l'enrichir ;on veut
la marier plus magnifiquement. Déjà on a
entamé contre moi un procès en sépa
ration.- ' i
— Ainsi, dit Colingry, tu nies avoir fait
enlever ta femme pour la liv^pr à l'infâme
comte de Charolais?' .
' _— Oui, je le nie, et qu'on me le prouve,
dit Duplessis d'Antraguss avec assu
rance.
' — Qu'on introduise le témoin ! fit Co
lingry.
En voyant paraître Cartouche, l'accusé
changea de visage ; à une forte coloration
succéda une pâleur livide. Il essaya pour
tant encore de l'audace et de l'insolence
qui lui étaient naturelles, et dit avec dé
dain, :
r— Il est propre, le témoin ! Le premier
voleur, de Paris !
t --Et d'où saurais-tu qui je suis, répli
qua Cartouche,- si toi et plusieurs autres
de ton régiment vous n'étiez mes pour
voyeurs et - mes affiliés ? <
— Un' soldât , répliqua théâtralement
Duplessis d'Antragues, pactiser avec des
malfaiteurs et des assassins ! >
. — Capitaine, pardon d'interrompre, dit-
un des hommes de Colingry, mais le soir
du Petit-Pont, quand je sifflais pour'appe
ler ^ les camarades, vous souvfnez-vous
qu'il a dit dans son vin, : on siffle mieux que
ça dans la troupe à Cartouche? Je mot n'est
pas tombé par terre. . -
—■ Moi, aussi répondit Colingry, il m'a
vait frappé ; mais laissons parler le té
moin;'-
— Messieurs, dit Cartouche, vous êtes
ABOIVIV SENS DES DÉPARTEMENT
: „ - T7t „
TROIS 16 FR.
six M0is..r. ; ;?:.r.ï 32 fr.
unjak.;.;7....v.r.: 64 fr.
roor les pj I y? étrangers , voir le tableau
publié les s et 20 de chaque mois.
I np. L. BON1FACE, r. des Bons-Enfans, 19,
: ÊUREAliX A ÊAftfS | ruç <|o Valois (^alais-^Loyal); n: 10?
- JOURNAL POLITIQUE, LITTERAIRE, UNIVERSEL.
B MERCREDI -lî SEPTEMBRE 1864.
^SOi^ŒMENS. DE PARIS'
* ta
trois mois.t; r ..£wt 13 fr.
sixi MOIS ..;î^ ! î; T îï 36 fr.
un an ; S2 FR.'
un numéro 20 centimes;
; tes sboonemens datent deç 1*1 et i®
de'cbaque mois; ... ,/?■.>
Le mode d'abonnement le plus simple est l'eavoi d'un bon de poste ou d'
sur Paris, à l'ordre de l'administrateur du journal, rue de Valois, n'
un eflet
<0, . .
Ici lettre« ou envois
é
Les Annonces sont reçues chez M. Panis , rue Notre -Dame-des-VictCires, n 40 L-
(place de la Bourse). f ^
: : : ' \/l
, MM. les abonnés nouveaux peuvent
faire retirer dans les bureaux du journal
les feuilles contenant'les parties de liA
FORET'DE publiées avant
la date de leur abonnement, et se mettre
ainsi au courant de cette œuvre si drama
tique dans son ensemble, et si attachante,
dans ses détails.
PARIS, 20 SEPTEMBRE
.. Lé Moniteur publie une convention si
gnée entre la France et le Portugal pour le
tarif des postes. Ce tarif est fixé à 20 c. par
lettre de 10 grammes expédiée de France
ou d'Algérie au Portugal et aux Açores, et
à 80 c. pour les'lettres expédiées du Portu
gal ou des Açores à destination de France
ou d'Algérie.
Des décrets publiés par le Journal de
Saint-Pétersbourg réorganisent l'instruc -
tion publique en Pologne ; il est créé une
université à Varsovie; la langue polonaise
est consérvée; par un décret spécial le Gode
pénal est modifié et les peines corporelles
sont abolies.
M. Bravo Gonzales, ministre de la gober-;
nacidn (intérieur), en donna*^ audience
aux employés dp ^ on département, leur a
adsess^ yue^nes paroles qui caractérisent
la . oVtuation prise par le nouveau minis-r
tère espagnol ; ce ministère est la person
nification duparti modéré; il sera On même
temps très libéral, non-seulement libéral,
mais aussi conciliant ; il acceptera avec
plaisir le concours de tous ceux qui vien
dront à .lui, sans leur demander d'où ils
viennent ; il disposera uniquement des
seuls postes de confiance, et il conservera
dans leurs emplois ceux dont les antécé-
dens sônt irréprochables et qui veulent
loyalement servir le gouvernement.
Les journaux démentant le bruit d'un
voyage du maréchal O'Donnell et de la dé
mission du général Manuel de la Concha.
On dit que le ministère se propose de
concéder' immédiatement le chemin de fer
des Aldudes, destiné à abréger les .com
munications entre l'Espagne et le midi de
la France.
D'après la Fremdenblalt de Vienne, .la
conférence aurait adopté, relativement à
la.liquidation pendante entre, les duohés
et le Danemark, les résolutions.sui vantes :
1°.les duchés ont le droit de réclamer leur
part dans l'actif de la monarchie danoise ;
2° le t5 novembre 1863, jour du décès du
i-oi Frédéric VII, sera pris pour base dans
le règlement de cette quote-part; 3° le.
partage se fera&. raison de 36 2/3 0/0 pour
le Sleswig - Holstein et de 63 1/3 0/0'
pour les autres parties de la monarchie
danoise; 4° tous les cautiofinemens au do
micile légal du déposant; 5° il y aura par
tage : (a) des fonds de la caisse générale
des veuves s'élevant à 924,387- rixdaters
39 sch.; (6) des fonds des rentes viagè-'
reset de la maison d'asile, de l'an. 1842 qui
se montent, suivant les comptes du bud
get de 1862-63, à4,620,473 rixdalers 28 sch.
et à 1,336,057 rixdalers 3 sch.; (c) des fonds
de la caisse d'assurance sur la vie se mon
tant à 1,119,378 rixdalers ; 6° les châ
teaux, les domaines, forêts, carrières sei
gneuriales, marais et étangs, les forte-p
resses, casernes, arsenaux etautres édifices
militaires, ports, phares, chemins, loge-
mens de service et locaux de service des
employés seront tous considérés comme
des dépendances relevant du pays oî^ ils
se trouvent ; 7° le canal du Sleswig-Hols-
tein sera considéré comme une œuvre
construite, à frais-communs, en' vue des
intérêts spéciaux, des. duchés.
La même feuille dit que, jusqu'ici, les
plénipotentiairô's' danois s'opposent éner-
giquementj à tout partage des fonds du
péage du Sund ; mais la Gazette autrichien
ne assure, au contraire, qu'ils ont reconnu
en principe l'équité dè cette Semande*
D'après ce.journal-, la recôimàisSclneedu
futur souverain des duchés paraît devoir
traîner en longueur; M. Von der Pfordten,
chargé de présenter un nouveau rapport
sur la question dè succession, est en ce
moment absent de Francfort ; le mémoire
d'Oldenbourg n'est pas arrivé, et, comme
on n'a fixé au grand-duc aucun délai pé-
remptoire, quelques semaines au moins
.s'écouleront avant qu'on puisse procédér
plus amplement.
L 'Opinione et l'Italie de Turin du 19, ar
rivées ce matin à Paris-, discutent longué-
ment,.comme l'annonçait hi« soir l'agen
ce Hayas, la question éventuelle du trans
fert de la capitale italienne de .Turin à Flo
rence. D'après, ces mêmes journaux, le
Parlement italien serait convoqué potijr le
4 octobre afin de recevoir les communica
tions à ce sujet, ..... Aogcste Vito,
Plusieurs journaux demandent où en
sont les travaux de la commission insti
tuée pour examiner le projet de loi sur les
chèques.
Après une enquête très-sérieusement
faite, la commission a préparé un projet
de loi qui, par ordre de l'Empereur, a été
envoyé, le 20 août dernier, au.conseil d'E
tat. ( Moniteur du soir.)
Notre chargé d'affaires et consul géné
ral à Caracas avait, au mois de février
dernier, conclu avec le gouvernement vé
nézuélien un'ë convention destinée à assu
rer le règlement des nombreuses réclama
tions de nos nationaux. Cet acte a "été sanc
tionné ultérieurementpar l'assemblée cons
tituante du Vénézuéla, mais il restaità con
venir des dispositions qui en fixeraient et en
garantiraient le mode d'exécution. Le gou
vernement vénézuélien ayant muni des
pouvoirs nécessaires à cet effet M. le gé
néral Guzman Blanco, vice-président et
ministre des relations extérieures de la
république, envoyé en mission à Paris et
Londres; le: gouvernement de l'Empereur
a, de son côté, jugé à propos de mander
près de lui dans le môme but son agent à
Caracas, M.-Mellinet. • •
La négociation qui s'en est suivie vient
d'aboutir 'à un arrangement complémen
taire de la convention du mois de février,
grâce auquel ceux de nos nationaux qui
avaient formulé, jusqu'à la date de cette
dernière, des réclamations reconnues bien
fondées, sont assurés d'obtenir une équi
table réparation.
L'esprit de justice et la loyauté appor
tés dans tout le cours de cette négociation
par le général Guzman Blanco ont certai
nement contribué pour une grande part à
son heureuse et prompte.issue. {Id-m.)
COURS BE LA BOURSE. ...
COURS de CLOTURE lâ 19 le 20 HAUSSE. BAISSE .
3 0/0 au compt. 65 90 65.90 » » » »
—Fin du mois. 66 05 66 05 » » ' » ■ >»
41/2 au compt. S2 40 92 50 » 10 » »
—Fin du mois. Q2 70 » . ». » » »
• • .... HJJIf 11. — ■
TELEGRAPHIE PRIVEE.
Saint-Pétersbourg, 20 septembre. '
Le Journal de Sam<-Pé«ersfcoMrg publie aujour
d'hui un rescrit de l'empereur au cofnta Berg,
et cinq décrets qui contiennent une série de
mesures très larges concernant l'instruction
publique en Pologne : la création d'une uni
versité à Varsovie, d'un grand nombre d'écoles
supérieures, moyennes et primaires,d'une école
gratuite pour les femmes. Les Polonais con
servent l'usage de leur langue nationale; poul
ies autres nationalités du royaume des écoles
spéciales sont instituées," avec l'usage de leurs
idiomes respectifs. • ■ i
Un sixième décret modifie le Code pénal,
dans le sans d'un adoucissement des peines et
abolit les peines corporelles;
Marseille, 20 septembre.
Les correspondances de Rome du 17 annon
cent la publication de l'encyclique adressés
par lé Pape aux évêqucs poldnals.. Dans cette
pièce, Pie IX fait le tableau de la persécu
tion russe et déplore qu'un mouvement témé
raire lui ait fourni un nouveau prétexte. 11
recommande la soumission aux autoritésîcons-
tituées, mais en.même temps il-flétrit et ré
prouve les excès du gouvernement rùsse Con
tre les catholiques, les confiscations , les dé
portations et l'attentat inouï par lequel l'ar
chevêque de Varsovie a été dépouillé de sa ju-
• ridiction; Le Saint-Père avertit le .clergé et les
fidèles qu'ils ne doivent pas obéissahce: à des
mesures contraires à leur Conscience et aul
lois .de Dieu; Il menace les persécuteurs de la
justice divine ; 'qui « apparaîtra bientôt, car le
tt temps de la miséricdrde est court et les
» puissans seront puissamment châtiés. #
(Cette dernière phrase est textuelle.) '
- .Madrid, 19 septembre. .
La l'alitica dit que ie nouveau cabinet agira -
énejgiquement dans la question du Pérou,
mais que; relativement aux affaires de Sari-
Domingo, il ne prendra aucune résolution
définitive sans avoir consulté les Cortès.
{HaVas-BulliUr.)
... ,. s ^
Voici les dépêches que nous recevons ce
soir : v
Londres* 20 septembre* soin .
Il a été déposé aujourd'hui 34,000 liv. st. à la
Banque d'Angleterre et il en a été retiré 25,000
•pour le.Brésil.
Le prince Humbert s'est rendu ce matin à
Windsor.
New-York, 10 septembre
(par le Jura) .
Le World mentionne un bruit, apporté par
des déserteurs, .d'après lequel la flotte de l'a
miral Farragut aurait passé le Bog-River et
obligé, après un court bombardement, Mobile
,à se rendre. Les confédérés se retiraient dans
l'intérieur du pays.
New-York, 10 septembre.
•Le général Sheraan mande qu'il a poursui
vi Hood jusqu'à Lovejoys, station située à
trente milles au sud d'Atlanta, mais que là,
ayant rencontré lés confédérés dans une posi
tion fortifiée, il est revenu à Atlanta, le but
de la campagne étant atteint.
Les journaux du Sud paraissent attacher
pou d'importance à la prise d'Atlanta.
Lee a reçu des renforts du corps d'Early et a
concentré de grandes forces pour attaquer la
gauche de Grant.
. . Le général Mac-Clellan a accepté la.candicfa-
ture qui lui était offerte par la convention de
Chicago. Il s'est prononcé en faveur de l'u
nion à tout prix. 11 a dit que l'esprit de con
ciliation devait être employé pour arriver à
un arrangement-, amical, mai? que l'union
était une condition do la.paix. Tout Etat vou
lant rentrer dans l'union devra être reçu avec
■ses pleins droits constitutionnels. '
Grant a écrit une lettre dans laquelle il as
sure que le dernier homme du Sud est entré
dans les rangs confédérés, et que si le Nord
reste uni, la fin de la guerre n'est pas éloi
gnée.
. Or, 120 1/8.—Change sur Londres, 250.— Co
ton, 184 1/2 à 185.
, New-York, 10 septembre, soir.
On fait toujours courir le bruit de la prise
de Mobile.
Berlin, 20 septembre.
Une dépêche de Sclvwalbacli annonce que
l'empereur de Russie dbit arriver demain dans
cette localité pour rendre visite à l'Inîpératri-
ce Eugénie. L'empereur de Russie sera accom
pagné de l'adjudant-général le comté d'Adler-
berg.
Francfort, 20 septembre.
L'Europe, au sujet de la question romaine,
fait observer qu'il est naturel que le même
ministre de l'empereur, qui naguère a refusé
avec énergie de recevoir la note comminatoire
du générai Durando, puisse seul négocier avec
succès le règlenient de là question romaine sur
des bases honorables pour toutes les parties
intéressées, maintenant que la Péninsule est
tranquille' et que le mouvement garibaldien
n'existe plus.
Vienne, 20 septembre.
On lit dans la Correspondance generale :
Les journaux du pays et de l'étranger se plai
sent à répandre des nouvelles inquiétantes sur
l'état des néogciations pendantes entre le Da
nemark et les grandes - puissances alleman
des. Pendant que les uns prétendent qu'on
veut tentér dé revenir à l'union personnelle,
les autres pai-lenWune évacuation imminen
te duJutland ou d!un, règlement de frontière
qui s'écarterait des.bases établies, dans les
préliminaires de paix. Nous sommes en me
sure de déclarer que ces bruits et autres
semblables sont privés de tout fondement.
' ijl cinquième conférence a dû avoir lieu au-
-jonrd'kui ou bien elle aura lieu demain.
L'êmperetir d'Autriche est attendu ce soir &
Vienne. ' UIuvcis-Bullier.)
On écrit dé New-York, le 7 septembre :
Suivant une opinion généralement ré
pandue dans le Missouri, il serait à crain
dre que les confédérés n# lissant, cet au-
tomnej une invasion du genre ae celles
qu'ils ont entreprises chaquè année depuis
le commencement de la guerre. Les nou
velles reçues de l'Arkansas et de la Loui
siane viennent à l'appui de cette opinion!
dans ces deux Etats, les freupes confédé
rées se prépareraient, dit-on, à.ce mouve
ment et profiteraient, pour cette expédi
tion, de répoqû# dè la maturité des grains
dans l'ArkaKsas^t le Missouri. ' ' ,
fiepuis la désastreuse expédition du gé
néral Banks sur la rivière Rouge, les for
ces confédérées, sous les ordres des géné
raux Kirby- Smith et Price, ont leurs
mouvemens libres, et le rappel de presquè
toutes les troùpes fédérales dti Texas
permettrà àu'x forces dè cet Etat dé se,
joindre à celles.de Price; il paraît assez
probable que c,es, forces
hommes, ne pouvant traverser le Mis-
sissipi et porter du renfort aux armées
de l'Est, ne resteront pas dans l'inaction
et tenteront une invasion du Missouri.
Cette invasion Tie pourrait guère se faire
avec une armée complète, tant que les gé-
nêràux fédéraux Steelô et Thayer occupe
ront la rivière Arkarisas, mais une expé
dition de cavalerie présenterait de gran
des chances de succès. On sait d'une ma
nière positive qu'un certain nombre .des
troupes de Price se trouvent dans l'État
du- Missouri où elles sont disséminées
par bandes de 'guérillas, mais prêtes
a se réunir lorsque le moment oppor
tun sera venu; à l'arrivée des . trou
pes confédérées dans le Missoufi, ces
. bandes de guérillas, en se_ concentrant
sur un point donné, formeraiant un
corps assez considérable pour inquiéter
sérieusement les mouvemens des fédé
raux qui seraient chargés de défendre
l'entrée de l'Etat. Jamais, du reste, le Mis
souri ne s'est trouvé dans des conditions
plus favorables, aupoint dé vue confédéré,
pour tenter cette expédition. Les comtés
frontières sant le théâtre journalier d'ex
ploits qu'on n'oserait attribuer qu'à des
brigands de profession ; des bandes de
guérillas et les troupes-de milice de l'Etat
rivalisent de cruauté, pillant et assassinant
indistinctement fédéraux et confédérés.
Les habitans des campagnes redoutent
peut r être plus: aujourd'hui l'apparition
des troupes de la milice envoyées à leur
secours que celle des guérillas elles-
mêmes. D'ans le centre et le nord, de
l'Etat, la situation n'est guère meilleure
et le comté; de. Jeffsrson, entre autres,
est soumis à un véritable régime de ter
reur, régittu» institué par 1 la milice, qui
vole et fusille les. habitans en toute li
berté; les plaintes portées devant l'au
torité supérieure.sont rarement écoutées,
deviennent un arrêt de mort pour le plai
gnant lorsqu'il -rentre ehez lui, La navi
gation du Missouri est presque impossi
ble : les bateaux sont exposés à dcs.-atta-
ques continuelles, et cela, souvent, à quel
ques pas des postes militaires établis pour
protéger cette navigation.
Les conditions dans lesquelles se trou
vent les Etats voisins sont .à' peu près les
mêmes : dans le Kansas, la tranquillité a
entièrement • disparu, et, d'après les ob
servations faites : au fort Laramée,. il y
est passé , depuis le 15 mars jusqu'au
10 juillet , 6,161 wagons, 25,000 ani
maux et plus de 19,000 émigrans al
lant vers l'ouest ; l'émigration -générale
pendant la même époque est esti
mée a environ 50,000 individus. Dans
les plaines du nord-ouest,.. la guerre
contre les Indiens se soutient à l'avantage
de ces derniers ., jusqu'à présent. Ces In
diens, sont généralement bien armés et
supérieurs en nombreaux détar.hemens en
voyés contre eux : c'est ainsi, du moins, que
l'on explique les échecs éprouvés parles
fédéraux. Les Indiens occupent les routeSj
pillant et, tuant les émigrans, è't ont forcé la
malle dite Ôyerland, de cesser ses t'oya- s
ges; la plupart d'enti-'eux sont des Sioux '
du haut Missouri refoulés par l'expédition
du général Sully ; on les divise générale
ment de la Manière suivante :
SiouS,
Arapahoes, 3,300
Cheyennes, 2,320
Comanches, 1,800
Kiawas, 1,800
Apaches, §00
soit. 17,603 Indiens représentant environ
4,000 guerrieïS ; quelques personnes por
tent le Chiffre des^ guerriers à 8,000, mais
je le crois exagéré. s ,
Le Colorado est égaîeîaent aux prises
avec les Indiens; le général Curtis qui, a la
direction des affaires,' a commis l'impru
dence d'envoyer le gros de ses troupes
couvrir I«ï frontières du côté du Texas et
"d'envoyer en mémè temps de petites expé
ditions contre les territoires occupés par
les Indiens quî *e so*t soulevés en masse
et ont pu pénétrer, sails rencontrer de ré
sistance, dans le Colorado, jusqu'à quel
ques ndilles de Deuvçr. Les mesures prise*
parle général Curtis sont attribuées à la
crainte q|ue l'on avait d'une attaque des
confédérés venant du Texas ou de la
rivière Rouge. Le géaérail Curtis a en
gagé les fermiers' de Colorado à sè dé
fendre eux-mêmes , mais la distance à
laquelle se trouvent les unes des autres
leurs habitations disséminées sur les bords
des cours d'édri, reïtd ce conseil imprati
cable. S'armer et s'orgafïïser en milice se
rait pour ces fermiers l'abandon de leurs
maisons et de leurs récoltes et les obligerait
à compter sur les productions du Kansas ■
et du Missouri pour se fournir de grains
cet hiver; ce qui équivaudrait ^ leur ruine.
Comment, en outre, une milice organisée
ainsi pourrait-elle protéger efficacement
lés routes qui, dans ce pays, traversent
des territoires inhabités de plusieurs cen
taines de milles d'étendue ? On assure que
le général Ourtis songé à organiser une
expédition sérieuse contre les Indiens,
mais il est à craindre que la plus grande
partie du mal nesoit déjà, faite.
Au sud du Missouri et le long du Mis-
sissipi les choses n'ont guère changé d'as
pect ; le fait le plus saillant a été le coup
de main du général Forrest (confédéré)
qui, à la tête d'un corps de troupes peu
considérable, est entré le 20 août dans la
ville de Memphis, y a fait sôs provisions
et s f est retiré sans ' être molesté, emme
nant avac lui 2Ckj prisonniers et. 400 che
vaux. La conduite officiers fédéraux,
dans cette affaire, a été dss plus étranges :
le général Washburne, coffiiS &ndant la
place, a cru devoir, accompagné dè son
état-major, se mettre à l'abri dans un fort,
à la nouvelle de ^'arrivée de l'eiinemi,
abandonnant à eux-mêmes les habitans, et
la milice de la ville. v»
■ La .presse fédérale n'a pas manqué,
comme d'habitude^ de nommer ,l'attaque
de Forrest un .échec, grâce à l'énergie du
général Washburne. En somme> le dom
mage matériel causé aux fédéraux par
cette expédition n'a pas une grande im
portance, mais il n'en est pas de même de
l'effet .moral.
Pour extrait : l. bontf ace.
Nouvelles diverses.
PARIS, 20 SEPTEMBRE.
L'Empereur assistait hier soir à la représen
tation de l'Opéra. On jouait le Comte Ory, et Ni-
méa. Sa Majesté est arrivée vers la fin du pre
mier acte du Comte Ory.
— Le duc de Cambridge est arrivé samedi
soir à Londres; pendant son passage à Paris,
S. A. Ri avait eu l'honneur de déjeûner avec
l'Empereur. ,
— Un décret Impérial du 17 de'ce mois por
te que les taxes ou droits à percevoir par l'ad
ministration des postes sur les lettres, jour
naux, ouvrages périodiques, prospectus, cata
logues, annonces et avis divers, imprimés,
gravés, lithographies ou autographiés, échan
gés, par la voie de l'Espagne, entre les habi
tans de là France et de l'Algérie, d'une part,
et les habitans du Portugal et des Açores
d'autre part, seront payés conformément au
tarif ci-après :
' France et Algérie, pour Portugal et Açores
■Lettres, 2.0 eenk-PâT JO. êrammes au fraction..
;de 10 gr. — Journaux, gazettes, ouvrages pé
riodiques, prospectus, catalogues, annonces et
avis divers imprimés, gravés, lithographiés ou
autographiés, 3 cent, par 40 gram. ou fraction
de 40 gr/
Portugal et Açores, p'?ur France et Algérie t
Lettrés, 80 cent, par 10 g?am. ou fraction de
10 b T._ Journaux, gazettes, ouvrages périodi
ques: prospectus, catalogues, annonces et avis
divers imprimés, gravés, lithographes ou au
tographiés, 10 cent, par 40 gram. ou uaction
de 40 gTj (droit de timbre compris).
Pour jouir des modérations de port accor
dées par le tarif ci-dessus aux journaux, ga
zettes, ouvrages périodiques, prospectus, cata"-:
logues, annonces et avis divers imprimés, gra
vés, lithographiés ou autographiés, ces objets,
devront être mis sous-bandes et ne contenir
aucune écriture, chiffre ou signe quelconque
à la main, si ce n'est l'adresse du destinataire.
Ceux qui ne réuniront pas ces conditions se--
ront considérés comme lettres et taxés, en con
séquence. . . .
Les journaux, gazettes et autres imprimé#
désignés dans 1'ai'ticle précédent ne seront re
çus ou distribués par les bureaux de poste
français qu'autant qu'il aura été satisfait a
leur égara aux lois, décrets', ordonnances ou
arrêtés qui fixent les conditions de leur publi
cation et de leur circulation en France.;
Il ne sera reçu dans les bureaux dépendant
de l'administration des postes de France,. pour
être expédié par la voie de l'Espagne, aucun
paquét ou-lettre à destination du Portugal, ou
des Açores qui contiendrait soit de l'or ou de
l'argent monnayé, soit des bijoux ou effets pré
cieux-; soit des papiers de musique, des livres
brochés, des brochures et autres imprimés non
mentionnés dans 1 article 1" précédent, soit
des gravures ou des. lithographies ne faisant
point partie- d'nn journal, soit enfin tout au
tre oùjet passiole de droits de douane.
Les dispositions du présent, décret serent
exécutoires à partir du 1 er janvier 1885.
Sont et demeurent abrogées les dispositions
de notre décret susvisé du 16;février 1856.
— Une notification du cardinal Antonelli,'
publiée dans le Journal de Rome, réduit à 20
Moques (environ 1 fr.) la taxe du télégramme •
simple, composé de vingt mots, transmissibla
à toute station de l'Etat pontifical.
' — Par d&ision de S. Exc. le ministre de l'a-»
griculture, du commerce et des travaux pu
blics,- et d'après les résultats des examens gé
néraux de l'année scolaire 1863 ^-1864, des bre
vets ont été délivrés aux élèves externes d.e
l'Ecole impériale des! mines dOJit les noms sui
vent : 1 „ •, _
t MM. Dolfus (Auguste), du Havre; De Préau-»
deau, de Nogent-le-Roi ; Chesnée, de Quévilly-
le-Petit ; Hermant , d'Arras ;. Viellard, de Mé-
zières (Ha.ut-Rhin) ; Robillard, d'Alger; Çazalis,'
de Cette; Durand, d'Ouroux; Libaudière, de
Nantes ; De La Garde, de Poitiers ; Paillotte,
Paris; Bruyant, de Chaulnes. ;
■ ^ On écrit de Berfie, 17 septembre.:
« Une pétition signéa.par quelques-uns des
membres du bureau électoral genevois qui
avait.prononcé la nullité de l'élection du 21
août dernier a-été remise au grand conseil-de
Berne. Cette pétition demandait que la pres
tation dé serment dé M. Ohenevière fût ajour
née, attendit' qu'un, recours allait être adres
sé à l'assemblée fédérale contre la décision du
pouvoir central de la Confédération, décision
qui, comme on sait, a prononcé la validité de
l'élection de Genève.
» Le grand conseil n'a pàs aaCJis la préten
tion des pétitionnaires. M. Cliene-i'ièro a, en
conséquence, prêté serment et été déclaré
membre du conseil d'Etat. Il prendra la direc
tion du département des finances.
; Voici d'après le Bulletin de VObservatoire
publié hier,- la situation générale du temps s
j La hausse barométrique continue lentement
sur les côtes.ouest de l'Europe; sur la Manche,
les vents faiblissent tout en restant du sud-
ouest; le ciel est toujours très nuageux ou
couvert sur l'ouest et le nord de la France. La
Méditerranée est d» nouveau calme, mais le
baromètre est bas sur le centre de" l'Autriche
et l'Adriatique; quelques bourrasque^! sem
blent menacer les côtes d'Italie.
: — Le 53* régiment d'infanterie de ligne, ve
nant par étapes-de Givet, est arrivé aujourd'hui
à Paris pour y tenir garnison, et a été caserné
au quârtier du Prince-Eugène; Le 89 e régiment
de même arme est parti aujourd'hui.de Paris,
également par étapes^ pour aller tenir garni
son à Neufbrisach. ■ < . ; .
— C(h écrit de Toulon, le 17 septembre :
« M. de Valgrenant, officier d'ordonnance de
M. le maréchal de Mac-Mahon, est arrivé jeudi
soir à Toulon, pour surveiller l'embarquement
des bagages et des cheVaux de M. le gouver
neur général de l'Algérie. Les chevaux ont été
conduits ce matin à Castigneau,où des chalands
les ont transportés à bord de là frégate là Thé-
Feuilleton du Gonstilutir>nnel, 21 s p pt.
LA FORÊT DE BONDY
EPOQUE DE LA RÉGENCE.
Deuxième partie.
XVII.
LA GAZETTE DE FRANCE.
Philippe s'était bien gardé de prendre la
route que lui avaiUindiquée Colingry.
. Ayant encore assez de jour pour retrou
ver le chemin suivi la veille par là caval
cade do-la basoche, il gagna,d'un côté tout
différent, la clairière qui avait été le théâ
tre de son triomphe oratoire et, donnant
un coup d'œil à l'Orme aux harangués, ma
gnifique açhre séculaire dont la cime était
encore éclairée parles dernières lueurs du
crépuscule, il pensa qu'au dessus de sa
vie planait une clarté aussi pâle et aussi
fugitive. . - ,
Avant d'entrer dans la ville inconnue
aux portes de laquelle l'a conduit une
longue journée de marche, souvent le
voyageur fait une halte jusqu'à l'heure où
les ténèbres déroberont aux regards sa
chaussure déformée el ses vêtemens pou
dreux! A l'entrée de la Mort l'infortuné
jeune homme s'arrêta aussi : ce qu'il crai
gnait, lui, c'était de voir la mise en scène
de son' suicide dérangée par quelque im
portun.
Afin donc d'être assuré qu'autour du lo
gis maternel la solitude se serait faite as
sez profonde pour que rien ne vînt trou
bler son sacrifice expiatoire, il pensa de
voir attendre que la soirée fût plus avan
cée. La demi-heure de sursis qu'il venait
de s'accorder, il comptait, avant de s'en
gager dans l'avenue qui menait à Mont-
fermeil, la passer assis sur le talus d'un
fossé creusé au bord de la clairière pour
l'écoulement des eaux,
La soirée était calme, les étoiles bril
laient au ciel, et les pénétrantes senteurs
de mai embaumaient au loin la forêt.
Pendant qu'enveloppé de silence, le con
damné adressait un mélancolique adieu au
printemps qu'il croyait saluer pour la der
nière lois, un bruit de pas se dirigeant de
son côté vint attirer son attention.
Deux, individus, dont l'un portait une
lanterne sourde qu'il démasqua, parurent
au milieu de l'espace découvert et s'y ar
rêtèrent. :
-— C'est bi6n ici, dit l'homme à fa lan
terne, après avoir "un moment sondé avec
le rayon lumineux les ténèbres environ
nantes. Voilà l'arbre de la basoche 1 com
bien d'hommes as-tu commandé ?
— Dix-neuf et moi font vingt, répondit
celui qu'on interrogeait; ils connaissent
tous la forêt et doivent converger isolé
ment, les uns à travers le taillis, les au
tres par les différentes routes qui aboutis
sent ici.
En présence de ces singuliers et téné
breux préparatifs, la curiosité de Philippe
sera comprise.
Tout- désintéressé qu'il fât des choses
de la vie, il subit, cette invincible attrac
tion qu'exerce toujours le mystère et dési
ra savoir où aboutirait ce rassemblement
nocturne.
Afin de l'observer sans avoir à compter
avec lui, il se laissa glisser au fond du
fossé, et se coucha à plat ventre sur la
pente adossée au lieu de Ta spène. L'œil
ainsi à fleur de terre et protégé d'ailleurs
par un massif de broussailles, bientôt il
fut installé de façon à tout voir et à tout
entendre sans presqu'aucun danger pour
lui-même d'être éventé ou aperçu. ;
: Pendant qu'il faisait sans bruit ses dis
positions, la boule de , neige avait grossi et.,
à la faible lueur que projetait la lanterne,
rendu à son observation, Philippe compta
quatre nouveaux venus. Cette bande de
vait être remarquablement disciplinée,
car, dans l'espace de dix minutes,'arrivant
de tous les points du cercle, le nombre
attendu se trouva complété. Une sorte de •
revue fut alors passée par celui qui avait
la lumière à la main; la portant successi
vement. au visage de chacun de ses hom
mes, il laissa entrevoir au spectateur ca
ché de cette minuLieuse inspection, quel
ques tnines assez patibulaires. ' '
Son monde reconnu :
— Allez, mes gars, dit l'homme à la lan
terne, qui, décidément, devait être leur
chef.
Aussitôt, comme une troupe de singes,
le- rassemblement se dispersa et ,chacun i
de ceux qui le composaient s'attacha au
tronc d'un arbre qu'il escalada avec rapi
dité; De terrestre qu'elle était, en un mo-
ment la réunion devint aérienne. Ainsi
invisiblement soutenu par vingt hammes
adroits et résolus, après avoir caché sa lu
mière, seul, le chef mystérieux de ces
grimpeurs resta sur le terrain, où. il se j
promena de long en large et attendit.
Au bout de quelques minutes, à travers
.le feuillage encore mal touffu, parut une
lueur lointaine qu'on eût pu prendre pour
un incendie. ,
Mais alors, c'aurait été un incendie am- ■
bulant, car, sans gagner en étendue, "la !
clarté, en se déplaçant, de moment en mo- ;
ment, brillait plus intense.
Bientôt, le phénomène fut expliqué ; six ;
hommes portant des torches débouché-j
rent dans la clairière autour de laquelle :
ils s'espacèrent comme autant de candé- -
labres; puis sous cette lumière fumeuse, i
commença un défilé étrange.
Là où le jour précédent s'était pacifique- :
ment réunie la basoche, parut une troupe :
pour laquelle les questions de droit et de
procédure semblaient devoir être un mé- :
diocre souci.
; Hommes défait ^ïl en fût, leur code;
était un sabre, des-pistolets et une cara- ;
bine. • . j
' Leur uniforme, anarchique au possible,
était d'être vêtus comme il plaisait à cha
cun et au diable, mais pourtant chez ces ;
hommes si débraillés tout marquait l'al
lure et les habitudes de la vie militaire :
leur air rude, résolu et martial, leur façon
savante d'emboîter le pas et surtout la ma-r
nière alignée et régulière dont en un mo
ment ils eurent formé sur deux rangs un
carré appuyant sa droite et à gauche à
l'Orme aux harangues.
Cette manœuvre exécutée, au milieu du
•carré, parut une' sorte d'ètat-major. Qu'on
se figure alors l'étonnement de Philippe :
l'imprévu, nous avons presque dit l'in
croyable, se présentant à lui sous une dou-r
ble forme ! Dans le chef de la bande d'en
haut, celle qui perche, il a reconnu le chaf»-
. fouin, personnage de Cartouche ; dans le
chef de la troupe d'en bas, celle qui pose
si fièrement et si carrément sur le sol, il a
reconnu l'ex-sergent Colingry. i
Celui-ci se contenta de lever son cha-î-
peau sans prendre la main .que Cartouche
"lui tendait, puis il lui dit :
• '—Monsieur, vous m ? avez écrit que vous
aviez sur mon compte des renseignemenSj
et qu'il vous serait agréable d'avoir avec
moi une entrevue. Vous êtes venu seul
au rendez-vous que je yous ai donné; c'est
une confiance qui vous honore...
Avant ..que Colingry eût achevé sa phra
se un de ses lieutenants lui parla à l'o
reille. Aussitôt son regard se porta vers la
cime des arbres et y découvrant une gar
nison:
— Diable, Monsieur, reprit-il, j'adres
sais mal mes éloges; ce n'est pas votre
grandeur d'âme,, je le vois, que* je dois ad-
mirer, mais votre prudence et votre haute
capacité militaire; vous êtes dans les bons
principes, toujours occuper les hauteurs!
Un peu penaud, Cartouchë réponditque,
dans son dangereux métier, il devait tou
jours être sur ses gardes; que d'ailleurs
il était payé pour se défier de la forêt de
Bondy et qu'on le trouvait accompagné
de trop peu de monde pour qu'il ne fût
pas le très humble serviteur des forces
imposantes dont il se voyait environné. »
—Passons, dit Colingry, chacun se gou
verne comme il l'entend; mais n'étiez-
vous pas dans l'intention - de me livrer un
mauvais drôle dont vous me dénonciez les
turpitudes en me laissant le soin de son
châtiment?
—"Je joue de malheur, répliqua piteu
sement Cartouche, impossible de mettre
la main sur ce misérable,, mais le rendezT
vous était pris et malgré ce mécompte je
suis venu.
— Moi, .fit Colingry, .j'ai la main plus
heureuse je me suis procuré cet homme
resté pour vous insaisissable et vous allez
le voir dans un moment; mais votre inten
tion-comme la mienne" étant de donner à
son jugement une solennité qui vous ex
plique l'appareil déployé autour - de vous,
serez-vous assez bon pour - vous, tenir un
moment à l'écart et ne paraître qu'au mo
ment où votre témoignage sera invoqué?
— Parfaitement, dit Cartouche en se
laissant conduire hors du carré. .
Un homme y fut peu après introduit;
tête nue , les bras liés.derrière le des, il
portait l'uniforme des gardes françaises.
Pour Philippe qui ne perdait ni un mot ni
•un geste de cette singulière scène, nouvel
obj.et de surprise! Le prisonnier, il le con
naissait, c'était ce soldat à la miné inso
lente qui du temps où il se croyait amou
reux de Jeanneton , lui avait mis si fort
martel en tête, en d'autres termes, c'était
Duplessis d'Antragues,le scandaleux mari
de la belle bouquetière.
■ L'accusé débarrassé do ses liens, Colin
gry se plaça sur un petit tertre gazonné,
qui servait de tribune à l'orateur de la
basoche et de là dominant l'assemblée :.
— Camarades,:dit-il, l'homme que vous
voyez devant vous a été autrefois mon
ami. Je lui avais donné en mariage ma
nièce, une belle, bonne et aimable créa
ture, que-ce misérable a traitée.indigne-
ment. Quelques-uns, parmi vous, ont été
témoins de l'état où il s'était mis la nuit
de l'incendie du Petit-Pont, et ils peuvent
se rappeler l'odieuse scène qu'il était venu
faire au domicile de sa femme.
— Tiens ! je l'avais surprise avec un
amant! osa dire l'accusé. >
— Tu mens, s'écria Colingry, les cama 1 -
rades qui m'assistèrent, savent que celle
qufetu outrageais avait donné l'hospitalité
à un magistrat, homme respectable, et à
sa fille qu'elle venait de centribuer à sau
ver des flammes. Il te- va bien d'ailleurs de
faire le jaloux quand il y a> deux jours, ta
femme, tu la vendais à un grand seigneur
qui en était amoureux.
Un long murmure ayant couru dans
l'auditoire :
— C'est une calomnie infâme ! dit le
prisonnier en gesticulant. Oh veut me per
dre pour que ma femme soit-veuve ; elle
rougit d'avoir épousé u» : soldat. Elle
a retrouvé un parrain, si c'est bien un
parrain, qui promet de l'enrichir ;on veut
la marier plus magnifiquement. Déjà on a
entamé contre moi un procès en sépa
ration.- ' i
— Ainsi, dit Colingry, tu nies avoir fait
enlever ta femme pour la liv^pr à l'infâme
comte de Charolais?' .
' _— Oui, je le nie, et qu'on me le prouve,
dit Duplessis d'Antraguss avec assu
rance.
' — Qu'on introduise le témoin ! fit Co
lingry.
En voyant paraître Cartouche, l'accusé
changea de visage ; à une forte coloration
succéda une pâleur livide. Il essaya pour
tant encore de l'audace et de l'insolence
qui lui étaient naturelles, et dit avec dé
dain, :
r— Il est propre, le témoin ! Le premier
voleur, de Paris !
t --Et d'où saurais-tu qui je suis, répli
qua Cartouche,- si toi et plusieurs autres
de ton régiment vous n'étiez mes pour
voyeurs et - mes affiliés ? <
— Un' soldât , répliqua théâtralement
Duplessis d'Antragues, pactiser avec des
malfaiteurs et des assassins ! >
. — Capitaine, pardon d'interrompre, dit-
un des hommes de Colingry, mais le soir
du Petit-Pont, quand je sifflais pour'appe
ler ^ les camarades, vous souvfnez-vous
qu'il a dit dans son vin, : on siffle mieux que
ça dans la troupe à Cartouche? Je mot n'est
pas tombé par terre. . -
—■ Moi, aussi répondit Colingry, il m'a
vait frappé ; mais laissons parler le té
moin;'-
— Messieurs, dit Cartouche, vous êtes
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