Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-09-09
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 septembre 1864 09 septembre 1864
Description : 1864/09/09 (Numéro 253). 1864/09/09 (Numéro 253).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
49' AJV&ÉE.--X. 355,
BUREAUX À PARIS : rue de Valois (Palais-Royal), n: 10;
VF,NinRFnT 9 SEPTEMBRE 1864*
ABOKS-.-.MENS DES DÉPARTEMEKS.
mois MOIS 5. ;,,; 16 FR.
SIX MOIS.... 82 FR.
UN;AN 64 FR.
fou» les i>ays étrangers , voir le iaijleau
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(place de la Bourse), ■ "
Jl,
PARIS, 8 SEPTEMBRE»
Les feuilles et les correspondances de
Berlin s'occupent de la dépêche que le ca
binet de Londres a adressée à celui de
Berlin, en réponse à la communication des
préliminaires:de paix.
La Gazette de l'Allemagne du Nord appré
cie comme il suit la dépêche anglaise :
« Il était à prévoir, d'après la politique
» suivie jusqu'ici parle cabinet de Londres
» dans la question danoise, que cette ré-
» ponse porterait le cachet de la mauvaise
» humeur. Mais il est singulier que le ca-
» bfnet de Saint-James met,te au j aur d'hui en
» avant le vote populaire quand les repré-
» séntans de la politique anglaise ont com-
» tiattu avec passion le principe de ce vote
» dans la conférence de Londres, tandis
» qué la Prusse ne s'opposait nullement à
» la demande de consulter les vœux des
» populations. »
D'après une correspondance privée de
l'agence Havas, on serait peu disposé, à
Berlin, à tenir compte des observations
du comte Russell, et on regarderait comme
impossible, dans l'état actuel des choses,
de revenir au vote populaire qui a été re
poussé à Londres par l'Angleterre, l'Au
triche et le Danemark*
Après les nombreuses versions qui ont
circulé sur l'alliance austro-prussienne
dans la question des duchés, les explica
tions du Botschafter méritent d'être signa
lées. La feuille viennoise s'attaçhe surtout
à défendre l'Autriche contre le reproche
de sacrifier les Etats secondaires à l'allian
ce prussienne.
Voici les passages les plus significatifs
{le l'article du Botschafter:
Si nous jetons un coup d'œilsurlesintentions
4e l'Autriche dans son alliance avec la Prusse,
nous.reconnaîtrons que cette alliance a exercé
l'influence' européenne qu'elle devait avoir.
Mais l'Autriche a voulu, encore une autre fin,
EllaJ, 7 ouIait modérer la Pitisse, ôter à la poé
tique prussienne son caractère impétueux, ar
bitraire, empiétant, et la maintenir dans les
limites de 1 ordre de choses existant. Nous
reconnaissons que le but do l'alliance a été
aussi rempli dans es sens. [Ahre aux Etats
"Secondaires de réciter à la Prusse une litanie
de péchés , aussi longue que c^lle que Lc-
porello déroule à don-Juan; il ne tant pas
oublier que les péchés de in. Prusse auraient
pu 'pren 'lr .i une faut autre extension sans
l'actîou de l'Autriche. Au lieu- de supputer
ce qui s'est passé, on ferait, peut être mieux
de c-ileuler le mal qui ne s'est pa? commis, i.a
Prti-se s'agite, s'etend et s'allonge, elle a. c!"s
manières quelquetois- incommodes pour .ses
-faibles voisins. Par son alliance avec elle-,
l'Autriche l';l disciplinée. ■ Mais la question
est th; savoir si >:es moyens suffiront à la
longue ou s'il ne faudra pas, quand l'efficacité
européenne de l'alliance dura été complète
ment usée, quand les questions pendantes se
ront résolues, que l'Autriche ait recours à une-
autre système.
Le journal viennois conclut en disant
que l'Autriche doit s'opposer aux projets
de médiatisation et qu'elle doit remplir sa
mission qui consiste à défendre les Etats
secondaires et la Confédération gfermani-
que.
Ainsi, comme on le voit, depuis l'entre
vue de Vienne, le langage des journaux
autrichiens n'est pas devenu plus ami
cal h l'égard de la Prusse:, et les feuille?
prussiennes le rendent bien à celles ,d§
l'Autriche. Il paraît à peu près, certain
aussi que M. c|e Bismark est résolu à ii^
concéder au cabinet de Vienne, dans la
question douanière, rien qui altère les ba
ses du traité conclu avec la France.
Dans la question successorale des du
chés, la majorité de la Diète semble être
acquise au duc d'Augustenbourg. Sur l'in
vitation pressante du cabinet de Vienne
giii à hâte d'en finir avec cette question ,
le grand-duc d'Oldenbourg s'est enfin dé
cidé à faire terminer le Mémoire à l'appui
de ses prétentions : co travail doit arriver à
Francfort dans quelques jours. On écrit
de cotte ville à la Correspondance générale
de Vienne, que le Mémoire du duc d'Au-
gustenbourg a produit une bonne impres
sion et que le grand : duc d'Oldenbouig
réussira difficilement, à réfuter l'exposé
•de Kiel. Il n'y a que quelques-unes des
cours de quatrième prdre qui paraissent
vouloir donner leurs voix au grand-duc
d'Oldenbourg; mais, n'ayant que ce qu'on
appelle à Francfort voix collective avec
d'autres Etats favorables au duc d'Au-
gustenbourg, leur opinion ne pourra pas
prévalo'r.
D'après un bruit dant le Daily-Nem se
fait l'écho, le Brésil aurait rejeté la mé
diation portugaise dans son conflit avec
l'Angleterre.
Par un décret, en date du 1" septembre,
le général de division de Martimprey ,
gouverneur-général de l'Algérie par inté
rim, est élevé à la dignité r dé sénateur.
G'est la légitime récompense dè grands et
loyaux services.
EDOUARD SIMON.
Le Moniteur d'aujourd'hui 8 septembre
publie le décret qui nomme M. le maré
chal de Mae-Mahon, duc de Magenta, gou
verneur général de l'Algérie.
Ce choix sera accueilli par la France et
par l'armée avec la plus sympathique et
la plus chaleureuse approbation.
Le nom du duc de Magenta est un des
plus glorieux et des plus populaires qu'aient
consacrés les victoires du second Empi
re. La haute intelligence de l'homme de
guerre et l'éclat, du courage ont fait du
maréchal de, Mac-Mahon une des person
nifications les plus brillantes de l'armée
française sous Napoléon III.
Et qui ne remarquera cette date du 8
septembre ! C'est à pareil jour, en effet, il
y a neuf ans, que le général de Mac-Ma
hon, parla prise de Malakolf, ajoutait à
notre histoire militaire une de ses plus
belles pages.
Ce fut dans cette journée mémorable,
au moment suprême, que le général de
Mac-Mahon prononça ceite parole dont le
soldat se souvient rncrirc et. qu'il répétera
longtemps : < Allez d « s' ) £>/t s> 11 rs ir uioiis. 'd nouille pas de
» fans imniodintjinat' conronn r les enton-
» noirs. »
Nues ne connaissons pas un plus bel
exemple de sangfroid et d'héroïsme.
Le gouverneur général de l'Algérie va
trouver, dans le poste où l'appelle la con
fiance du Souverain, une nouvelle occa
sion de rendre d'éclatans services à la
France et à l'Empereur.
- paulin limaybac.
Par un décret impérial du 1 er de ce
mois, rendu sur la proposition de S. Exc.
le ministre d'Etat, M, le maréchal de Mac-
Mahon, duc de Magenta, commandant le
3" corps d'armée, est nommé gouverneur
général de l'Algérie.
Rar uu autre décret de. la même date,
M. le général de division de Martimprey,
gouverneur général de l'Algérie par inté
rim, est élevé la dignité de sénateur.
Par décrets du S septembre , rendus
sur, le rapport du ministre de la guerre,
d'aprèsles propositions du gouverneur gé
néral de l'Algérie : "
M. Lapaine, préfet de Constantine, est nom
mé secrétaire général du gouvernement.
M. deToustain du Manoir, conseiller rappor
teur au conseil de gouvernement, est nommé
préfet de Constantine, en remplacement ne M.
Lapaine. -
M. Testu, chef de division à l'ancienne di
rection générale des services civils, esi nom
mé "conseiller rapporteur de 1'° classe au con
seil de gouvernement, en remplacement de M.
de Toustain du Manoir. ■
M. Brosselard, secrétaire générai ue ia pré
fecture d'Alger, est nomme préfet d'Oran, en
remplacement de M. Majorel, appelé sur sa de
mande à d'autres fonctions.
- M. Poignant, sous-préfet de l'arrondisse
ment de Mayenne,est nommé préfet d'Alger. -
M. Tellier, sous-préfet de l'arrondissement de
Médéah, est nommé secrétaire général de la
préfecture d'Alger, en remplacement de • M.
Brosselard.
- Par .décret du. même,, jour,.,il, est créé
près du conseil de gouvernement de l'Ai*
gérie un troisième emploi de conseiller
rapporteur.
M. Majorel, ancien préfet d'Oran, est
nommé conseille!' rapporteur, hors classe,
au conseil de gouvernement.
Le Pays développe dans une argumen
tation vigoureuse cette double vérité déjà,
reconnue de tous les esprits impartiaux,
que les trois gouvernemens, de 1814«à 1852,
ont vécu dans une lutte perpétuelle con
tre la liberté, tandis que le second Em
pire, incontestablement maître d'un pou r
voir que lui ont donné les suffrages pres
que unanimes de la France, choisit les.
circonstances propices pour étendre la li^-
berté et l 'asseoir sur des fondemeiis'iné
branlables, sans rien livrer au hasard-. Cet
article sera très remarqué, à coup sûr.
Nous en détachons le passage suivant qui
le résume avec autant de bon sens que
d'énergie. — Paulin Limayrac.
En résumé, si l'histoire interrogée sans pré
vention ne nous trompe pas, les régimes précé
dons ont essayé de la liberté ; ils l'ont pratiquée
ou permise dans les rares et courtes heures dè'.
crise politique, alors qu'elle s'imposait. L'o
rage passé; l'intérêt de leur propre conserva-
tion leur a fait à tous une loi de la combattre
assidûment et de la restreindre sans relâche,
de telle façon qu'à leur chute la liberté s'est
toujours trouvée moindre, on France, qu'à leur
avènement.
Ces régimes (nous n'en exceptons aucun),
la Restauration , le gouvernement de Juil
let, la République, sont partis du plus pour
arriver au moins ; ils ont marché en ar
rière et, pour ainsi dire, à reculons ; à me
sure qu'ils duraient, ils s'éloignaient davanta
ge de la liberté, et rompaient plus ouverte
ment avee-ellc; nés de la liberté-on avéc la li
berté, ils sont morts dans la dictature ou dans
des tentatives et des avortemens de dictature.
Au contraire, le gouvernement impérial,
à ses commencemens, a été investi, d'une
dictature incontestée et sans limites. 11 pos
sédait une telle plénitude de pouvoir et de
force que toute proie?tatioa, toute résistance
eût été une folie;-, aus yeux mêmes des mé-
coulens lts plus résolu?. Le sort de la liberté
était dans la m'ai ri de l'Empereur; U dépen
dait d-i lui qu'elle reparût ou ne reparût pas
de longues années. • :
L'Empereur l'a fait reparaître. Aux momens
propices- et lixés par sa sagesse, il a; de son gré,
limité une autorité qu'il tenait directement non
pas de la coalition maîtresse de Paris, com
me en 1814 et 181H, non pas d'une centaine
de députés, comme en 1830, mais de la pres
que unanimité de la nation, c'est-à-dire de 8
millions de citoyens français, et que consé-
quemment il était en droit d'exercer sans par
tage et sans contrôle.
Ainsi, ; tandis que les pouvoirs sont, de leur_
nature, portés à s'étenéfre, à s'accroître, à
usurper, à empiéter ou à ne céder rien que par
force; la pouvoir impérial, lui, a donné cet
exemple sans précédens de se restreindre
lui-même, et il l'a fait sans obéir à aucune
autre contrainte qu'à celle de sa propre volon
té. De la sorte,-au lieu de marcher en tour
nant le dos à la liberté, la France, depuis 1852,
â marché et marche vers la liberté.
C'est là un fait que l'on peut établir avec
les termes précis de la statistique.
; Il y avait moins de liberté en France, en
1847 qu'en 1839 , moins-en 1839 qu'en 1838 ,
moins en 1835 qu'en 1831 , moins en l83f
qu'en J830.
11 y avait moins de liberté en France, en
juillet 1848 qu'en mai 1848, moins en mai
qu'en ; avril, moins en avril qu'en mars de la
même année.
Depuis 1852, le phénomène se présente dans
un sens inverse et suit une progression heu
reusement opposée.
Il y a plus de liberté en France > en 1864 ,
qu'il n'y en avait en 1861 ; il y en avait plus
en 1861 qu'en 1859, plus en 1859 qu'en 1856 ,
pins en 1850 qu'en 1852. '
Rien donc n'est plus* mathématiquement
vrai que la parole de M. de Pérsigny : napo
léon m est Lis fondateur de la liberté es
France. —a. Grenier.
- telegraphie privee.
Londres, 7 septembre, 7 h. du soir.
ficDsolidés anglais, 87 i/i.
il à été déposé aujourd'haiy 4,000 livres ster
ling à la Banque d'Angleterre. -
Le marché monétaire est calme. ,
Londres, 8 septembre.
Le Baily-News mentionne le bruit que le Bré
sil aurait rejeté les propositions de l'Angleter
re, au sujet de.la reprise des rapports : diplo
matiques, recommandée par le roi de Portu
gal et acceptée par le gouvernement anglais.
Le duc de Cléveland est mort.
On pense que Muller sera embarqué à New-
York, le 6, et qu'il arrivera ici le 15.
Londres. 8 septembre. .
La Banque d'Angleterre vient d'élever le
taux de l'escompte de 8 à 9 0/0.
Berlin, 8 septembre.
La Correspondance provinciale annonce que les
négociations commerciales avec l'Autriche com
menceront probablementlasemaine prochaine.
La base et le point de départ de ces négociations
seront uniquement, du côté de la Prusse, -la
position commerciale obtenue par le traité de-
commerce avee la France et par le Zollverein
nouvellement établi sur ce traité. Il est abso
lument impossible à la Prusse d'abandonner
cette position. Il ne s'agit donc que de
trouver les moyens d'arciener une union de
l'Autriche aussi intime et fconde 'que possible
avec le nouveau ZoIIverëin.'
Naples, 8 septembre.
L'anniversaire de l'entrée de Garibal^i et de
l'expulsion des Bourbons a été célébré avôC
beaucoup d'animation-.
Palerme, 8 septembre.
Quatre bâtimens anglais, avec le pavillon
d'un contre-amiral, sont aftivés ici. Ils repar
tiront samedi pour Messine, Catane et Naples.
■ Madrid, 7 septembre.
Le marquis de Rivera a été nommé ambas
sadeur d'Espagne auprès de l'empereur Maxi-
milien, (Havas-Bulher.)
Voici les dépêches que nous recevons ce
soir :
Londres, 8 septembre, 4 h. 20 soir.
Consolidés anglais, 87 7/8 et 3/4.
Le marché est meilleur.
Il a été déposé 25,000 liv. sterl. à la Banque
d'Angleterre, et"il en a- été retiré 73,000.
On iie s'attendait pas à l'élévation de l'es-
pompte. On croit que la situation ne tardera
pas à s'améliorer.
Copenhague, 7 septembre soir.
Le grand-duc Nicolas de Russie assistait à
l 'arrivée du prince et delà princesse deGal-
lçs, à Fredensborg. Il est parti aujourd'hui de
Fredensborg dans la direction d'Elseneur.
. Berlin, 8 septembre.
Le c-ardioai-archevêque de Cologne, Mgr Jean
de Geissel, vient cTe mourir." (llavas-Bullier.)
I -rr- i jv-'j»» , .
COURS DE LA BOURSE,
couits dë clôture le 7 le 8 hausse, uaissk
3 u;0 aucûui[it. G6.45 66 50 >• 03 » »
—Fin du mois. 66.70 66 70 » » » »
4i/2aucompt. 92 50 94 55 >> 05 » »
r—5?in du mois. 93 60 b , » s » s »
L'histoire offre parfois de singuliers rap-
"prochemens et dés contradictions non
moins singulières. S'il- est' une chose qui
paraisse aujourd'hui hors de toute contro
verse, c'est certainementl'alliance delà po
litique autrichienne et des traditions de
l'ancienne cour de Naples avec le principe
du pouvoir temporel du Saint-Père et tou
tes ses conséquences. Cette alliance se pré
sente tellement comme tine alliance de
doctrine et de principe, qu'il est difficile
d'admettre qu'elle n'ait pas toujours existé.
Et cependant, elle s'est, comme toutes cho
ses,\|)ien modifiée au contact des intérêts
et des ambitions. ' • -
Lorsque 'le • sacré collège ' $e réunit en
1799 pour donner tin successeur au pape
Pïp. Vf nW>p.ie/ïmftnf 'rlûo An.
^ „ préoccupations.
Dans Y Histoire du Consulat et de l'Empire
M. Thiers dit :
■.« Un conclave s'était réuni à Venise et
» avait obtenu avec beaucôpp de peine du
# cabinet autrichien la periùission de don-
» ner un succésseur au papfe défunt. »
Etr après avoir rendu compte des travaux
du conclave, et il ajoute :•
. » Le nouveau pape était à Venise, n'ayant
>j pu obtenir de la cour'de Vienne qu'on
» le couronnât à Saint-Marc, ni do la cour
» de Naples qu'on'lui reridît Rome. »
Une publication récente , celle des Mé
moires du cardinal Consplvi , jette un jour
curieux sur cette politique si nettement
opposée à de certaines prétentions moder
nes.
Les importantes fonctions-dont le cardi-
.nal a été revêtu, les.opinions qu'il a tou
jours professées, donnent un grand poids
à son témoignage sur cette question. Il
ne faut point oublier non plus que ces
Mémoires ont éjépubliéspar M. Grétineau-
Joly. Les tendances politiques bien-con
nues de cet : écrivain < contribueront peut-
être à rendre ce témoignage assez embar
rassant pour un certain nombre de ses
amis politiques d'aujourd'hui. ^
Nos lecteurs nous sauront gré de mettre
sous leurs yeux plusieurs passages des mé'
moires du cardinal, et ils nous pardonne
ront la longueuf des citations à cause de
l'intérêt du Sujet. - , -,
. Au début du conclave, dix-huit vou S'é
taient réunies en; faveur du cardinal Belli-
2omi. — 11 était permis de supposer que
les voix incertaines ne tarderaient pas h se
rallier à elles, et qué la majorité des deux
tiers serait promptement acquise. Voici
comment, aux pages 221 et suivantes du
tome I er , le cardinal Consalvi rend compte
des inquiétudes, des espérances et des dé
marches du cardinal Herzan qui représen
tait au conclave l'intérêt autrichien :
» Il faut savoir que le but dô la cour Viennej dans le choix du nouyeau Pape,
était de s'assurer, en tant qu'il lu! serait
possible,-la tranquille possession des trois
légations. Elle les avait dernièrement ac
quises après la bataille de la'Trebbia, lors
de la retraite dos' Français. Ceux-ci en
avaient arraché la'cession : àu- Pontife dé
font, dans lé traité de To'lèntino. On eut
ensuite sur les intentions de l'Autriche,
jene dirai pas les'plus clairs indices, mais
encore les preuves* les plus décisives, lés
plus évidentes. Pour arrivfer à ses fins, la
cour impériale désirait un Pape qui con
firmât en sa faveur la cession imposée à
Pie VI, ou tout au moins qui n'y mît
pas opposition j quand l'ancien état de
choses se rétablirait. Or, les revers de
l'armée française'faisaient espérer et mê
me rendaient certainement prochaine cet
te restauration en Italie.
» Le cabinet autrichien, considérant
que le cardinal Mkttèi avait, négocié et si
gné le traité de Tolentino, s'imagina qu'il
pourrait moins que tout autre l'attaquer
et chercher à le réduire à "néant. Se figu
rant que Mattei condescendrait à sa volon
té, il tenta de le faire no'mmè'r'Pape à l'ex
clusion de tout autre. On alla jusqu'à dire
que la cour de Vienne s'était déjà sssuréé
des favorables.dispositions de ce-cardinal,
m'ême avant son entrée au conclave. Je n'ai
pas à ce sujeC (1e notiqh où de preuve pro
portionnée à. l'importance 'dtl eoupçon;
toutefois, réminontè piété du cardinal me
lait croire que ces liruits étaient faux, ou
tout au plus oecasionés par une parole
assez peu réfléchie de'Mattoi,' que, dans le
cas de son élection, de plus vives lumières
ou de plus mûi'es' inspirations l'auraient
empêché de tenir.
» Cependant, la cour impériale avait en
joint au cardinal Herzan de favoriser par
ses soins l'élection du cardinal Mattei,
donnant, si je puis parler airia, une exclu
sive à tous les autres. D'après ce que je
viens de dire, il est facile de comprendre
à quel point flerzan fut troublé, quand il
vit Bellisomi à la veille d'être élu. Ce prin
ce de l'Eglise ne plaisait aucunement à
l'Autriche, malgré sa qualité do sujet,—il
était né à Pavie. — Cette circonstance, en
toute autre occasion, eût été très appré
ciée. Elle aurait suscité des obstacles plu
tôt de la part des cours rivales de Vienne
que de ce cabinet lui-même. Mais les or
dres intimés à Herzan étaient trop précis
pour qu'il se crût autorise à ne pas s'y
conformer d'une manière absolue. »
Le cardinal Herzan sut obtenir du cardi
nal Albani, doyen du conclave, un délai de
quinze jours, sous prétexte d'envoyer un
courrier à Vienne, et « s'empressa de pro-
» fiter de cet intervalle pour former une
» faction qui, en tmpêçhant le nombre
» des votes d'augmenter , rendît impossi-
» ble l'élection de Bellisomi. »
Sous l'influence de ces manœuvres, le
conclave se prolongea pendant plus de six
mois, et lérsque, à la fin, la transaction
proposée par le cardinal Maury fut ac
cueillie et amena l'élection dû cardinal
'Chiaramonti, évêque d'ïmola, il est cu
rieux de voir comment le désappointement
de la cour de Vienne se traduisit par ses
procédés à l'égard du nùuveau pape.
On lit aux pages 270 et suivantes du'
même volumé :
« On sait que, huit jours après l'élection
du Pape, on'le couronne en grande pompe
dans l'églièe de Saint-Pierre, s'il est élu à
llome, ou dans l'église principale de la
ville où l'élection a eu lteu. Chacun pen
■m&ïA z
sait rue le couronnement de Pie VI® s
•rait célébré dans la bastliW de Sfflp ,
Marc, tant à cau„ cp âe sa dignité oiie
ouvrir dans une aussi.vaste.enceinte
pace nécessaire au concouJ'® t,out ,
peuple. Chacun croyait ehep^ ,i a
fonction serait préparée avec m^ n W"
cence, que l'on ornerait le temple, qu. e
l'armée et les représentans du gouverne^-
ment y assisteraient ; en un mot, on se
figunait qu'aucune des manifestations pur
bliques dignes d'une pareille solennité
ne serait omise. Mais chacun fut trompé
dans son attente. Les agens du gouverne
ment impérial à Venise avaient, dès iç
commencement du conclave, demandé »
Vienne quelles seraient les intentions de
leur cour par rapport à ce qu'ils devaient
faire après l'élection du nouveau Pape.
C'était, par conséquent,.'interroger sur la
grande fonction, du couronnement, afin
d'en régler la forme et les dépenses. Pen
dant trois mois, ils n'obtinrçnt pas de ré
ponse, d'après ce qu'ils dirent. Peut-être
en reçurent-ils une expressément négative,
•avec l'ordre de soutenir qu'ils ne l'a
vaient pas reçue. C'est du moins ce
que quelques-uns pensèrent, Qftoi _ qu'il
en soit,; ils prétendirent n'-®R ^YQir ja
mais eu, et ils ajoutèrent. qp'i.is ne
croyaient pouvoir rien pr,eiiç!f0 ?uf eux,
après avoir demandé des insînictiong
à ce sujet, .fies agens - impériaux dé *
clarèrent enfin qu'ils posaient permettre
que la fonction se cêlébrâtdanSj l'église de
Saint-Marc. Et cependant les offrandes vo
lontaires des fidèles devaient fournir aux.
frais; sans qu'il en coûtât une ohole à la
cour impériale. C'est du moins ce que la
pieuse générosité des Vénitiens, laissait en-
trevdir :et ce qû'elie réalisa avec up em*
pressement extraordinaire. ,
- irLè Pape témoigna au cardinal Ilerzan
son étonneraient de tout ce qui arrivait.
Celui-ci, haussant les épaules, répondit
qu'il n'y comprenait rien, qu'il n'avait ja
mais reçu d'ordres à ce sujet et qu'il
croyait né devoir rien prendre sur lui.-En
cet état de choses, le , Pape résolut de ne
faillir à aucune coutume-de cette cérémof
nie sacrée, et il déclara qu'elle aurait lieu
dans l'église des moines annexée au con
clave, faréférant la solennisor de n'impor
te quelle façon plutôt que de ne point la
célébrer du tout.
• » La 1 piété d'un gentilhomme vénitien
avait fourm la stdia gestatoria sur laquelle
on porte'le souverain pontife.
» Lo2t, c'est-à-dire le huitième jour après
son élection, on procéda il la cérémonie
dans ïVglise du mhii'astère,'ati milieu d'un
immense concours de'peuple; ■ •
d Le temple 'ne. put bas' sùjflre'f et la
foule se tint stjs la pètite place, dans les
gondoles, sur les to.its et sur.là place do
la ville, occupant la'ifivè opposée; Le soir^
toutes les maisons , toué les palais, tous
les canaux, furent " illumines à giorno
fràcè à la piété et à la bonne volonté des
abitans. Et cependant le gouvernement
n'avait pas même notifié d'ordres sur ces
détails.* afin d'honorer le Pontife nouvel-:
lement élu. Il ne serait pas possible d'ex4.
primer combien furent Significatives la
douleur et la surprise de tous, en appré :
ciant la conduite tenue par l'Autriche
dans l'affaire du couronnement. On en conj
nui; bientôt le motif, et, durant les fêtes',
ce motif devint le sujet de tous les entre
tiens. ,
h Le couronnement du Pape était la ma
nifestation de son pouvoir temporel ; tel,
était, de l'avis de chacun, la cause diri
geante de la cour impériale. Non-seule
ment elle n'était pas déterminée à restituer
les provinces des Efats du Saint-Siège,
qu'elle devait à l-abandon des armees
françaises, mais éneore elle se mon
trait peu décidée à renoncer au do
maine temporel des Papes, tant qu'u
ne portion de l'Etat ecclésiastique, y com
pris la ville . de Rome, ne serait pas oc
cupée par ses soldats, et que les tr-oupes
du roi de Naples y séjourneraient. On vou
lait attendre la Un de la guerre contre les
français, et, dans l'espoir de nouvelles
' victoires, assurant une libre et entière
possession de l'Italie, on pensait que
l'aigle germanique étendrait . son vol
sans obstacle même au-delà' du Capitole.
On obligerait ainsi le souverain des Deux-
Siciles à quitter Rome et à se retirer d'un
territoire qu'il n'était pas certain de con
server à cause des vues ambitieuses de la
cour de Vienne. Ce fut la seule raison qui,
dans celte seconde occupation, détermina
l'e gouvernement napolitain à déclarer
. qu'il ne conservait Rome que pour la ren
dre au Souverain-Pontife.
\ Cyf
A la demande d'un grand nombre d'a
bonnés nouveaux, nous venons de faire
réimprimer tout, ce qui a paru jusqu'ici
du roman do m. chajiles kabod,
MM. les abonnés nouveaux peuvent
faire retirer dans les bureaux du journal
les feuilles contenant les parties de ibA
sem'SBT, publiées avant
la date de leur abonnement,, et se mettre
ainsi au courant de celte œuvre si drama
tique dans son ensemble et si attachante
dans ses détails.
Feuilleton du Constitutionnel, 9 sept-
LA FORÊT DE B0NDY
EPOQUE DE LA BÉGEXC1S.
Deuxième partie.
VII.
SECOUES COATKK L'IKCEXDIE.
Le journal de Mlle deLambilly a encore
quelques pages datées du 27 avril, époque
où il fut inîerroriipH.
Le journal de Barbier, chronique de la
Régence et du règne de Louis XV, que nous
avons déjà cité, commence précisément à
cette date du 27 avril 17i8. On peut donc
dire queces deux Mémoriaux, quoique d'un
genre différent, se font suite l'un à l'au
tre : qu'on lise les premières lignes du
Journal de Barbier et l'on verra si elles
n'ont pas l'air de continuer notre récit.
«Le mercredi, 27 avril 1718,dit l'avocat-
chroniqueur, qui ne brille pas précisément
par la force et la beauté du style, il y eut
un incendie effroyable sur le Petit-Poi t,
$u Petit-Châtelet, et les maisons qui dé-
Éordaient toutes sunl'eau et qui,étoient
posées sur des pilotis de bois, qui cr'ai-
gnoieat à toutes les grandes eaux de périr
dans les dégels par les débâcles dés gla
çons, furent consumées et détruites entiè
rement en sept à huit heures de temps par
le feu ; ce qui doit paraître bien surpre
nant. Ce qui a été cause est encore plus
extraordinaire., -
» Une femme avoit perdii son fils qui
s'étoit noyé. On lui dit qu'elle trouverait
le corps de son fils en mettant dans une
sébille de bois un pain de saint Nicolas de
Tolentin... avec un cierge allumé. Elle le
fit. Cette sébille se promena sur l'eau et
alla s'arrêter contre un bateau de foin qui
était attaché sur le quai de la Tournelle.
Le feu y prit. »
A l'heure même où la bonne femme li
vrait au fil de la rivière cette dangereuse
et singulière embarcation, Galoppe fils en
trait chez maître Pralart, venant y repren
dre avec le conseiller de Bretagne l'exa
men du grand procès qu'il était pour ce
lui-ci question d'entamer. ■
Au lieu do recevoir le surybnant avec ce
ton de tendre familiarité qu'une connais
sance datant déplus d'une semaine avait
commencé à établir entre eux, Mlle de
Lambilly, comme elle se l'était promis,
eut pour lui un abord glacial ; puis; quand
elle eût joui un moment de l'étonne'ment
inquiet où son patito menait d'être jeté par
la froideur de son accueil, elle se leva et
sortit, sans répondre à son père qui lui
demandait pourquoi elle les quittait.
La séquestration volontaire à laquelle
allait se soumettre la pauvre enfant était
d'autant plus méritoire, que, par une soi»
rée encore froide d'avril, elle se confinait
dans une chambrette située au dernier
étage de la maison dont nous savons déjà
que l'aménagement n'était pas splendide.
Là, sans leu, à la lueur d'une mauvajse
chandelle dé. suif, le seul luminaire en
usage chez : l'austere Pralart, depuis sept
heures qu'il était alors, jusqu'à neuf où l'on
soupait, elleavait la perspective dépasser en
tête-à-tête avec ses pensées qu'elle appelait
des remords, une soirée mortellement
triste. Tout au plus, pour tuer le temps,
.elle avait la ressource d'ajouter quelques
pages à son journal et encore devait-ellé
marchander avec-cette distraction, car ce
journal elle l'écrivait en secret et à la dé
robée, et à tout moment Véronique, mon
tant pour s'informer de ce qu'elle devenait,
pouvait entrer et la surprendre.
r-.Qa'a donc ce soir Mlle Thérèse?
avait demandé, le jeune Galoppe au mo
ment où;la quinteuse fille, sans mot dire,
était sortie de l'appartement.
— Rien que je sache, répondit M. de
Lambilly. ?
— Elle m'a accueilli, d'un air si étran
ge ! continua le jeune clerc d'un ton pé
nétré; je ne pense pas pourtant avoir
rien fait qui ait pu lui déplaire?
— Evidemment non, répliqua le con
seiller, il y a deux jours, vous vous quit
tiez les meilleurs amis dû ihonde. C'est
une lubie qui lui a passé. Depuis quel
que temps, du reste, je la: trouve préoc-
1 cupée, rêveuse : toujours ce - diable de
cousin que vous lui avez fâppelé.
— Il serait cruel, en vérité, dit Galoppe,
qu'elle se mît à me détester de toute l'af
fection qu'elle lui conserve. Peut-être, à
bien y regarder, ajouta-t-il d'un accent
ému,vaudrait-il mieux que je m'abstinsse
de venir ici. , . . . ,
— A llons donc ! fit M. de Larabilly, faut-
il prendre âu sérieux les visées d'une pe- <
tite fille? Occupons-nous plutôt de notre
affaire. Tenez ! j'ai rédigé quelques notes,
qui pourront vous servir pour votre plai
doirie, ;
~ Mais, Monsieur, dit modestement le
elere, je ne suis pas du tout décidé à m'â-
yenturer dans cette entreprise, d'autant
mieux qu'il est presque impossible d'espé
rer une dispense de Messieurs.
— Je m'en charge, répliqua le conseil
ler, j'ai quelques amis dans le Parlement
de Paris; cela d'ailleurs peut-il se refuser
au fils d'un maître Considéré comme l'est
votre père ? ' '
Cela dit, il entama avec un peu d'em
phase la lecture d'un volumineux manus
crit.
Il n'en était pas à la fin de la seconde
page, qu'une commotion "violente parut
agiter la maison jusque dans ses fonde
meiis.
— Qu'est-ce que c'est que ça, dit M. de
Lambilly, un tremblement de terre?
— Un tremblement d'eau, plutôt, ré
pondit maître Pralart; la maison est bâtie
sur pilotis, au-'dessus de la rivière. Quel
que marinier maladroit se Sera heurté "à
l'une des arches, cela, arrive quelquefois :
ces diables de constructions de bois le
moindre choc retentit dans toute la,char
pente. : . :
Là dessus, comme la îllle du libraire,
pour vérifier l'explication paternelle, s'é
tait mise en devoir d'ouvrir une fenêtre
donnant sur la rivière et se fermant, la
nuit venue, par un volet intérieur ; c'est
bien Véronique, dit le conseiller, en ter
mes de Palais; la cause est entendue ; laissez-
moi continuer ma lecture.
Véronique ne donna pas suite à sa cu
riosité; mais, au liéu de se rasseoir, elle
sortit pour aller voir ce que faisait Thé
rèse.
M. de Lambilly se remit.à son factum :
bientôt Galoppe et maître Pralart y furent
frappés d'une allure et d'un ton passion
nés qu'ils prirent sur eux de lui faire re
marquer. Le magistrat n'était pas natu
rellement très docile à la critique et,, plai
dant dans sa propre cause, il devait d'au
tant tenir au fond comme à la forme de
ses argumens. De là , entre le lecteur et
son auditoire, une discussion qui bientôt
s'anima, de telle sorte , que d'abord elle
laissa pour eux inaperçu un assez grand
mouvement ^'opérant à l'extérieur de la
maison.
L'ardeur du débat n'allait pas pourtant
à ce point, qu'à la manière d'Archimède
cherchant la solution de son problème,
les trois disputeurs pussent rester indiffé
rons à tout ce qui se passait d'extraordi
naire autour d'eux.
Déjà un long craquement s'était fait en
tendre dans les solives placées au-dessus
de leurs têtes, et des cris traversant de
lointaines rumeurs avaient attiré leur at
tention, quand un bruit de crosses de fu
sil retentissant sur le pavé du pont et bien
tôt suivi de l'intimation militaire souvent
répétée : Passez au large! vint annoncer la
présence de la force armée.
— Est-cé que le peuple se soulèverait ?
dit M. de Lambilly, dont le tempérament
était assez conspirateur.
— Je vais aller voir ce que cola signifie,
dit le jeune Galoppe en se levant.
Mais au moment où il ouvrait la porte
pour sortir, il se heurta à la servante de la
maison qui accourait en criant :
— Nous sommes perdus! le pont est en
feu, tout brûle ! "
— Où est Véronique? où est ma fille?
demandèrent en même temps le libraire,
et M. dè Lambilly. '
— Elles étaient'ensemble dans ia cham
bre de Mlle Thérèse, répondit la servante,
les flammes gagnent l'escalier; il n'y a pas
moyen qu'elles s'en sauvent, • .
. Ce consolant pronostic fut au même mo
ment démenti par l'apparition de Véroni
que; haletante et les vètemens en désordre,
elle ne put que s'écrier :
— Thérèse est perdue; elle s'est éva,nouie •
à la vue du danger; .je n'étais pas assez
forte pour la descendre dans me§ bras.
— Courez vite, dit le libraire au conseil
ler et à Galoppe, moi avec Véronique, j'ai ■>
des papiers à sauver. '
Papiers médiocrement précieux, il faut
bien en convenir: c'étaient les archives du
jansénisme dantle parti avait fait maître
Pralart dépositaire, mais à ses yeux ils
étaient sans prix, ! ,
D'un même élan, Galoppe et le conseil
ler se précipitèrent; déjà l'escalier était à
BUREAUX À PARIS : rue de Valois (Palais-Royal), n: 10;
VF,NinRFnT 9 SEPTEMBRE 1864*
ABOKS-.-.MENS DES DÉPARTEMEKS.
mois MOIS 5. ;,,; 16 FR.
SIX MOIS.... 82 FR.
UN;AN 64 FR.
fou» les i>ays étrangers , voir le iaijleau
publié les 5 et 20 de chaque mois,
icip. L, BONIFACE. t, ÛOS tioss-F.nrans. 19,
La modo d'abonnement le plus simple est l'envoi d 'un bon da poste ou d'un effet
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JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
TROIS mois 18 FR.
SIX, MOIS 26 FR.
UN AN..,.. 52 FR.
UN NUMÉRO 20 CENTIMES.
£es abonnemens datent des 1 er et 16
(Je ,chaqu9 mois. :
Let lettres ou envois a*argent, non AFFRANCHIS sont refusés.
Les articles déposes ne sont pas rendus. ■ .
Les Annonces «sont reçues cîiez M. Panis , rue Notre-Dam6°des- Victoires, n* 40
(place de la Bourse), ■ "
Jl,
PARIS, 8 SEPTEMBRE»
Les feuilles et les correspondances de
Berlin s'occupent de la dépêche que le ca
binet de Londres a adressée à celui de
Berlin, en réponse à la communication des
préliminaires:de paix.
La Gazette de l'Allemagne du Nord appré
cie comme il suit la dépêche anglaise :
« Il était à prévoir, d'après la politique
» suivie jusqu'ici parle cabinet de Londres
» dans la question danoise, que cette ré-
» ponse porterait le cachet de la mauvaise
» humeur. Mais il est singulier que le ca-
» bfnet de Saint-James met,te au j aur d'hui en
» avant le vote populaire quand les repré-
» séntans de la politique anglaise ont com-
» tiattu avec passion le principe de ce vote
» dans la conférence de Londres, tandis
» qué la Prusse ne s'opposait nullement à
» la demande de consulter les vœux des
» populations. »
D'après une correspondance privée de
l'agence Havas, on serait peu disposé, à
Berlin, à tenir compte des observations
du comte Russell, et on regarderait comme
impossible, dans l'état actuel des choses,
de revenir au vote populaire qui a été re
poussé à Londres par l'Angleterre, l'Au
triche et le Danemark*
Après les nombreuses versions qui ont
circulé sur l'alliance austro-prussienne
dans la question des duchés, les explica
tions du Botschafter méritent d'être signa
lées. La feuille viennoise s'attaçhe surtout
à défendre l'Autriche contre le reproche
de sacrifier les Etats secondaires à l'allian
ce prussienne.
Voici les passages les plus significatifs
{le l'article du Botschafter:
Si nous jetons un coup d'œilsurlesintentions
4e l'Autriche dans son alliance avec la Prusse,
nous.reconnaîtrons que cette alliance a exercé
l'influence' européenne qu'elle devait avoir.
Mais l'Autriche a voulu, encore une autre fin,
EllaJ, 7 ouIait modérer la Pitisse, ôter à la poé
tique prussienne son caractère impétueux, ar
bitraire, empiétant, et la maintenir dans les
limites de 1 ordre de choses existant. Nous
reconnaissons que le but do l'alliance a été
aussi rempli dans es sens. [Ahre aux Etats
"Secondaires de réciter à la Prusse une litanie
de péchés , aussi longue que c^lle que Lc-
porello déroule à don-Juan; il ne tant pas
oublier que les péchés de in. Prusse auraient
pu 'pren 'lr .i une faut autre extension sans
l'actîou de l'Autriche. Au lieu- de supputer
ce qui s'est passé, on ferait, peut être mieux
de c-ileuler le mal qui ne s'est pa? commis, i.a
Prti-se s'agite, s'etend et s'allonge, elle a. c!"s
manières quelquetois- incommodes pour .ses
-faibles voisins. Par son alliance avec elle-,
l'Autriche l';l disciplinée. ■ Mais la question
est th; savoir si >:es moyens suffiront à la
longue ou s'il ne faudra pas, quand l'efficacité
européenne de l'alliance dura été complète
ment usée, quand les questions pendantes se
ront résolues, que l'Autriche ait recours à une-
autre système.
Le journal viennois conclut en disant
que l'Autriche doit s'opposer aux projets
de médiatisation et qu'elle doit remplir sa
mission qui consiste à défendre les Etats
secondaires et la Confédération gfermani-
que.
Ainsi, comme on le voit, depuis l'entre
vue de Vienne, le langage des journaux
autrichiens n'est pas devenu plus ami
cal h l'égard de la Prusse:, et les feuille?
prussiennes le rendent bien à celles ,d§
l'Autriche. Il paraît à peu près, certain
aussi que M. c|e Bismark est résolu à ii^
concéder au cabinet de Vienne, dans la
question douanière, rien qui altère les ba
ses du traité conclu avec la France.
Dans la question successorale des du
chés, la majorité de la Diète semble être
acquise au duc d'Augustenbourg. Sur l'in
vitation pressante du cabinet de Vienne
giii à hâte d'en finir avec cette question ,
le grand-duc d'Oldenbourg s'est enfin dé
cidé à faire terminer le Mémoire à l'appui
de ses prétentions : co travail doit arriver à
Francfort dans quelques jours. On écrit
de cotte ville à la Correspondance générale
de Vienne, que le Mémoire du duc d'Au-
gustenbourg a produit une bonne impres
sion et que le grand : duc d'Oldenbouig
réussira difficilement, à réfuter l'exposé
•de Kiel. Il n'y a que quelques-unes des
cours de quatrième prdre qui paraissent
vouloir donner leurs voix au grand-duc
d'Oldenbourg; mais, n'ayant que ce qu'on
appelle à Francfort voix collective avec
d'autres Etats favorables au duc d'Au-
gustenbourg, leur opinion ne pourra pas
prévalo'r.
D'après un bruit dant le Daily-Nem se
fait l'écho, le Brésil aurait rejeté la mé
diation portugaise dans son conflit avec
l'Angleterre.
Par un décret, en date du 1" septembre,
le général de division de Martimprey ,
gouverneur-général de l'Algérie par inté
rim, est élevé à la dignité r dé sénateur.
G'est la légitime récompense dè grands et
loyaux services.
EDOUARD SIMON.
Le Moniteur d'aujourd'hui 8 septembre
publie le décret qui nomme M. le maré
chal de Mae-Mahon, duc de Magenta, gou
verneur général de l'Algérie.
Ce choix sera accueilli par la France et
par l'armée avec la plus sympathique et
la plus chaleureuse approbation.
Le nom du duc de Magenta est un des
plus glorieux et des plus populaires qu'aient
consacrés les victoires du second Empi
re. La haute intelligence de l'homme de
guerre et l'éclat, du courage ont fait du
maréchal de, Mac-Mahon une des person
nifications les plus brillantes de l'armée
française sous Napoléon III.
Et qui ne remarquera cette date du 8
septembre ! C'est à pareil jour, en effet, il
y a neuf ans, que le général de Mac-Ma
hon, parla prise de Malakolf, ajoutait à
notre histoire militaire une de ses plus
belles pages.
Ce fut dans cette journée mémorable,
au moment suprême, que le général de
Mac-Mahon prononça ceite parole dont le
soldat se souvient rncrirc et. qu'il répétera
longtemps : < Allez d
» fans imniodintjinat' conronn r les enton-
» noirs. »
Nues ne connaissons pas un plus bel
exemple de sangfroid et d'héroïsme.
Le gouverneur général de l'Algérie va
trouver, dans le poste où l'appelle la con
fiance du Souverain, une nouvelle occa
sion de rendre d'éclatans services à la
France et à l'Empereur.
- paulin limaybac.
Par un décret impérial du 1 er de ce
mois, rendu sur la proposition de S. Exc.
le ministre d'Etat, M, le maréchal de Mac-
Mahon, duc de Magenta, commandant le
3" corps d'armée, est nommé gouverneur
général de l'Algérie.
Rar uu autre décret de. la même date,
M. le général de division de Martimprey,
gouverneur général de l'Algérie par inté
rim, est élevé la dignité de sénateur.
Par décrets du S septembre , rendus
sur, le rapport du ministre de la guerre,
d'aprèsles propositions du gouverneur gé
néral de l'Algérie : "
M. Lapaine, préfet de Constantine, est nom
mé secrétaire général du gouvernement.
M. deToustain du Manoir, conseiller rappor
teur au conseil de gouvernement, est nommé
préfet de Constantine, en remplacement ne M.
Lapaine. -
M. Testu, chef de division à l'ancienne di
rection générale des services civils, esi nom
mé "conseiller rapporteur de 1'° classe au con
seil de gouvernement, en remplacement de M.
de Toustain du Manoir. ■
M. Brosselard, secrétaire générai ue ia pré
fecture d'Alger, est nomme préfet d'Oran, en
remplacement de M. Majorel, appelé sur sa de
mande à d'autres fonctions.
- M. Poignant, sous-préfet de l'arrondisse
ment de Mayenne,est nommé préfet d'Alger. -
M. Tellier, sous-préfet de l'arrondissement de
Médéah, est nommé secrétaire général de la
préfecture d'Alger, en remplacement de • M.
Brosselard.
- Par .décret du. même,, jour,.,il, est créé
près du conseil de gouvernement de l'Ai*
gérie un troisième emploi de conseiller
rapporteur.
M. Majorel, ancien préfet d'Oran, est
nommé conseille!' rapporteur, hors classe,
au conseil de gouvernement.
Le Pays développe dans une argumen
tation vigoureuse cette double vérité déjà,
reconnue de tous les esprits impartiaux,
que les trois gouvernemens, de 1814«à 1852,
ont vécu dans une lutte perpétuelle con
tre la liberté, tandis que le second Em
pire, incontestablement maître d'un pou r
voir que lui ont donné les suffrages pres
que unanimes de la France, choisit les.
circonstances propices pour étendre la li^-
berté et l 'asseoir sur des fondemeiis'iné
branlables, sans rien livrer au hasard-. Cet
article sera très remarqué, à coup sûr.
Nous en détachons le passage suivant qui
le résume avec autant de bon sens que
d'énergie. — Paulin Limayrac.
En résumé, si l'histoire interrogée sans pré
vention ne nous trompe pas, les régimes précé
dons ont essayé de la liberté ; ils l'ont pratiquée
ou permise dans les rares et courtes heures dè'.
crise politique, alors qu'elle s'imposait. L'o
rage passé; l'intérêt de leur propre conserva-
tion leur a fait à tous une loi de la combattre
assidûment et de la restreindre sans relâche,
de telle façon qu'à leur chute la liberté s'est
toujours trouvée moindre, on France, qu'à leur
avènement.
Ces régimes (nous n'en exceptons aucun),
la Restauration , le gouvernement de Juil
let, la République, sont partis du plus pour
arriver au moins ; ils ont marché en ar
rière et, pour ainsi dire, à reculons ; à me
sure qu'ils duraient, ils s'éloignaient davanta
ge de la liberté, et rompaient plus ouverte
ment avee-ellc; nés de la liberté-on avéc la li
berté, ils sont morts dans la dictature ou dans
des tentatives et des avortemens de dictature.
Au contraire, le gouvernement impérial,
à ses commencemens, a été investi, d'une
dictature incontestée et sans limites. 11 pos
sédait une telle plénitude de pouvoir et de
force que toute proie?tatioa, toute résistance
eût été une folie;-, aus yeux mêmes des mé-
coulens lts plus résolu?. Le sort de la liberté
était dans la m'ai ri de l'Empereur; U dépen
dait d-i lui qu'elle reparût ou ne reparût pas
de longues années. • :
L'Empereur l'a fait reparaître. Aux momens
propices- et lixés par sa sagesse, il a; de son gré,
limité une autorité qu'il tenait directement non
pas de la coalition maîtresse de Paris, com
me en 1814 et 181H, non pas d'une centaine
de députés, comme en 1830, mais de la pres
que unanimité de la nation, c'est-à-dire de 8
millions de citoyens français, et que consé-
quemment il était en droit d'exercer sans par
tage et sans contrôle.
Ainsi, ; tandis que les pouvoirs sont, de leur_
nature, portés à s'étenéfre, à s'accroître, à
usurper, à empiéter ou à ne céder rien que par
force; la pouvoir impérial, lui, a donné cet
exemple sans précédens de se restreindre
lui-même, et il l'a fait sans obéir à aucune
autre contrainte qu'à celle de sa propre volon
té. De la sorte,-au lieu de marcher en tour
nant le dos à la liberté, la France, depuis 1852,
â marché et marche vers la liberté.
C'est là un fait que l'on peut établir avec
les termes précis de la statistique.
; Il y avait moins de liberté en France, en
1847 qu'en 1839 , moins-en 1839 qu'en 1838 ,
moins en 1835 qu'en 1831 , moins en l83f
qu'en J830.
11 y avait moins de liberté en France, en
juillet 1848 qu'en mai 1848, moins en mai
qu'en ; avril, moins en avril qu'en mars de la
même année.
Depuis 1852, le phénomène se présente dans
un sens inverse et suit une progression heu
reusement opposée.
Il y a plus de liberté en France > en 1864 ,
qu'il n'y en avait en 1861 ; il y en avait plus
en 1861 qu'en 1859, plus en 1859 qu'en 1856 ,
pins en 1850 qu'en 1852. '
Rien donc n'est plus* mathématiquement
vrai que la parole de M. de Pérsigny : napo
léon m est Lis fondateur de la liberté es
France. —a. Grenier.
- telegraphie privee.
Londres, 7 septembre, 7 h. du soir.
ficDsolidés anglais, 87 i/i.
il à été déposé aujourd'haiy 4,000 livres ster
ling à la Banque d'Angleterre. -
Le marché monétaire est calme. ,
Londres, 8 septembre.
Le Baily-News mentionne le bruit que le Bré
sil aurait rejeté les propositions de l'Angleter
re, au sujet de.la reprise des rapports : diplo
matiques, recommandée par le roi de Portu
gal et acceptée par le gouvernement anglais.
Le duc de Cléveland est mort.
On pense que Muller sera embarqué à New-
York, le 6, et qu'il arrivera ici le 15.
Londres. 8 septembre. .
La Banque d'Angleterre vient d'élever le
taux de l'escompte de 8 à 9 0/0.
Berlin, 8 septembre.
La Correspondance provinciale annonce que les
négociations commerciales avec l'Autriche com
menceront probablementlasemaine prochaine.
La base et le point de départ de ces négociations
seront uniquement, du côté de la Prusse, -la
position commerciale obtenue par le traité de-
commerce avee la France et par le Zollverein
nouvellement établi sur ce traité. Il est abso
lument impossible à la Prusse d'abandonner
cette position. Il ne s'agit donc que de
trouver les moyens d'arciener une union de
l'Autriche aussi intime et fconde 'que possible
avec le nouveau ZoIIverëin.'
Naples, 8 septembre.
L'anniversaire de l'entrée de Garibal^i et de
l'expulsion des Bourbons a été célébré avôC
beaucoup d'animation-.
Palerme, 8 septembre.
Quatre bâtimens anglais, avec le pavillon
d'un contre-amiral, sont aftivés ici. Ils repar
tiront samedi pour Messine, Catane et Naples.
■ Madrid, 7 septembre.
Le marquis de Rivera a été nommé ambas
sadeur d'Espagne auprès de l'empereur Maxi-
milien, (Havas-Bulher.)
Voici les dépêches que nous recevons ce
soir :
Londres, 8 septembre, 4 h. 20 soir.
Consolidés anglais, 87 7/8 et 3/4.
Le marché est meilleur.
Il a été déposé 25,000 liv. sterl. à la Banque
d'Angleterre, et"il en a- été retiré 73,000.
On iie s'attendait pas à l'élévation de l'es-
pompte. On croit que la situation ne tardera
pas à s'améliorer.
Copenhague, 7 septembre soir.
Le grand-duc Nicolas de Russie assistait à
l 'arrivée du prince et delà princesse deGal-
lçs, à Fredensborg. Il est parti aujourd'hui de
Fredensborg dans la direction d'Elseneur.
. Berlin, 8 septembre.
Le c-ardioai-archevêque de Cologne, Mgr Jean
de Geissel, vient cTe mourir." (llavas-Bullier.)
I -rr- i jv-'j»» , .
COURS DE LA BOURSE,
couits dë clôture le 7 le 8 hausse, uaissk
3 u;0 aucûui[it. G6.45 66 50 >• 03 » »
—Fin du mois. 66.70 66 70 » » » »
4i/2aucompt. 92 50 94 55 >> 05 » »
r—5?in du mois. 93 60 b , » s » s »
L'histoire offre parfois de singuliers rap-
"prochemens et dés contradictions non
moins singulières. S'il- est' une chose qui
paraisse aujourd'hui hors de toute contro
verse, c'est certainementl'alliance delà po
litique autrichienne et des traditions de
l'ancienne cour de Naples avec le principe
du pouvoir temporel du Saint-Père et tou
tes ses conséquences. Cette alliance se pré
sente tellement comme tine alliance de
doctrine et de principe, qu'il est difficile
d'admettre qu'elle n'ait pas toujours existé.
Et cependant, elle s'est, comme toutes cho
ses,\|)ien modifiée au contact des intérêts
et des ambitions. ' • -
Lorsque 'le • sacré collège ' $e réunit en
1799 pour donner tin successeur au pape
Pïp. Vf nW>p.ie/ïmftnf 'rlûo An.
^ „ préoccupations.
Dans Y Histoire du Consulat et de l'Empire
M. Thiers dit :
■.« Un conclave s'était réuni à Venise et
» avait obtenu avec beaucôpp de peine du
# cabinet autrichien la periùission de don-
» ner un succésseur au papfe défunt. »
Etr après avoir rendu compte des travaux
du conclave, et il ajoute :•
. » Le nouveau pape était à Venise, n'ayant
>j pu obtenir de la cour'de Vienne qu'on
» le couronnât à Saint-Marc, ni do la cour
» de Naples qu'on'lui reridît Rome. »
Une publication récente , celle des Mé
moires du cardinal Consplvi , jette un jour
curieux sur cette politique si nettement
opposée à de certaines prétentions moder
nes.
Les importantes fonctions-dont le cardi-
.nal a été revêtu, les.opinions qu'il a tou
jours professées, donnent un grand poids
à son témoignage sur cette question. Il
ne faut point oublier non plus que ces
Mémoires ont éjépubliéspar M. Grétineau-
Joly. Les tendances politiques bien-con
nues de cet : écrivain < contribueront peut-
être à rendre ce témoignage assez embar
rassant pour un certain nombre de ses
amis politiques d'aujourd'hui. ^
Nos lecteurs nous sauront gré de mettre
sous leurs yeux plusieurs passages des mé'
moires du cardinal, et ils nous pardonne
ront la longueuf des citations à cause de
l'intérêt du Sujet. - , -,
. Au début du conclave, dix-huit vou S'é
taient réunies en; faveur du cardinal Belli-
2omi. — 11 était permis de supposer que
les voix incertaines ne tarderaient pas h se
rallier à elles, et qué la majorité des deux
tiers serait promptement acquise. Voici
comment, aux pages 221 et suivantes du
tome I er , le cardinal Consalvi rend compte
des inquiétudes, des espérances et des dé
marches du cardinal Herzan qui représen
tait au conclave l'intérêt autrichien :
» Il faut savoir que le but dô la cour
était de s'assurer, en tant qu'il lu! serait
possible,-la tranquille possession des trois
légations. Elle les avait dernièrement ac
quises après la bataille de la'Trebbia, lors
de la retraite dos' Français. Ceux-ci en
avaient arraché la'cession : àu- Pontife dé
font, dans lé traité de To'lèntino. On eut
ensuite sur les intentions de l'Autriche,
jene dirai pas les'plus clairs indices, mais
encore les preuves* les plus décisives, lés
plus évidentes. Pour arrivfer à ses fins, la
cour impériale désirait un Pape qui con
firmât en sa faveur la cession imposée à
Pie VI, ou tout au moins qui n'y mît
pas opposition j quand l'ancien état de
choses se rétablirait. Or, les revers de
l'armée française'faisaient espérer et mê
me rendaient certainement prochaine cet
te restauration en Italie.
» Le cabinet autrichien, considérant
que le cardinal Mkttèi avait, négocié et si
gné le traité de Tolentino, s'imagina qu'il
pourrait moins que tout autre l'attaquer
et chercher à le réduire à "néant. Se figu
rant que Mattei condescendrait à sa volon
té, il tenta de le faire no'mmè'r'Pape à l'ex
clusion de tout autre. On alla jusqu'à dire
que la cour de Vienne s'était déjà sssuréé
des favorables.dispositions de ce-cardinal,
m'ême avant son entrée au conclave. Je n'ai
pas à ce sujeC (1e notiqh où de preuve pro
portionnée à. l'importance 'dtl eoupçon;
toutefois, réminontè piété du cardinal me
lait croire que ces liruits étaient faux, ou
tout au plus oecasionés par une parole
assez peu réfléchie de'Mattoi,' que, dans le
cas de son élection, de plus vives lumières
ou de plus mûi'es' inspirations l'auraient
empêché de tenir.
» Cependant, la cour impériale avait en
joint au cardinal Herzan de favoriser par
ses soins l'élection du cardinal Mattei,
donnant, si je puis parler airia, une exclu
sive à tous les autres. D'après ce que je
viens de dire, il est facile de comprendre
à quel point flerzan fut troublé, quand il
vit Bellisomi à la veille d'être élu. Ce prin
ce de l'Eglise ne plaisait aucunement à
l'Autriche, malgré sa qualité do sujet,—il
était né à Pavie. — Cette circonstance, en
toute autre occasion, eût été très appré
ciée. Elle aurait suscité des obstacles plu
tôt de la part des cours rivales de Vienne
que de ce cabinet lui-même. Mais les or
dres intimés à Herzan étaient trop précis
pour qu'il se crût autorise à ne pas s'y
conformer d'une manière absolue. »
Le cardinal Herzan sut obtenir du cardi
nal Albani, doyen du conclave, un délai de
quinze jours, sous prétexte d'envoyer un
courrier à Vienne, et « s'empressa de pro-
» fiter de cet intervalle pour former une
» faction qui, en tmpêçhant le nombre
» des votes d'augmenter , rendît impossi-
» ble l'élection de Bellisomi. »
Sous l'influence de ces manœuvres, le
conclave se prolongea pendant plus de six
mois, et lérsque, à la fin, la transaction
proposée par le cardinal Maury fut ac
cueillie et amena l'élection dû cardinal
'Chiaramonti, évêque d'ïmola, il est cu
rieux de voir comment le désappointement
de la cour de Vienne se traduisit par ses
procédés à l'égard du nùuveau pape.
On lit aux pages 270 et suivantes du'
même volumé :
« On sait que, huit jours après l'élection
du Pape, on'le couronne en grande pompe
dans l'églièe de Saint-Pierre, s'il est élu à
llome, ou dans l'église principale de la
ville où l'élection a eu lteu. Chacun pen
■m&ïA z
sait rue le couronnement de Pie VI® s
•rait célébré dans la bastliW de Sfflp ,
Marc, tant à cau„ cp âe sa dignité oiie
ouvrir dans une aussi.vaste.enceinte
pace nécessaire au concouJ'® t,out ,
peuple. Chacun croyait ehep^ ,i a
fonction serait préparée avec m^ n W"
cence, que l'on ornerait le temple, qu. e
l'armée et les représentans du gouverne^-
ment y assisteraient ; en un mot, on se
figunait qu'aucune des manifestations pur
bliques dignes d'une pareille solennité
ne serait omise. Mais chacun fut trompé
dans son attente. Les agens du gouverne
ment impérial à Venise avaient, dès iç
commencement du conclave, demandé »
Vienne quelles seraient les intentions de
leur cour par rapport à ce qu'ils devaient
faire après l'élection du nouveau Pape.
C'était, par conséquent,.'interroger sur la
grande fonction, du couronnement, afin
d'en régler la forme et les dépenses. Pen
dant trois mois, ils n'obtinrçnt pas de ré
ponse, d'après ce qu'ils dirent. Peut-être
en reçurent-ils une expressément négative,
•avec l'ordre de soutenir qu'ils ne l'a
vaient pas reçue. C'est du moins ce
que quelques-uns pensèrent, Qftoi _ qu'il
en soit,; ils prétendirent n'-®R ^YQir ja
mais eu, et ils ajoutèrent. qp'i.is ne
croyaient pouvoir rien pr,eiiç!f0 ?uf eux,
après avoir demandé des insînictiong
à ce sujet, .fies agens - impériaux dé *
clarèrent enfin qu'ils posaient permettre
que la fonction se cêlébrâtdanSj l'église de
Saint-Marc. Et cependant les offrandes vo
lontaires des fidèles devaient fournir aux.
frais; sans qu'il en coûtât une ohole à la
cour impériale. C'est du moins ce que la
pieuse générosité des Vénitiens, laissait en-
trevdir :et ce qû'elie réalisa avec up em*
pressement extraordinaire. ,
- irLè Pape témoigna au cardinal Ilerzan
son étonneraient de tout ce qui arrivait.
Celui-ci, haussant les épaules, répondit
qu'il n'y comprenait rien, qu'il n'avait ja
mais reçu d'ordres à ce sujet et qu'il
croyait né devoir rien prendre sur lui.-En
cet état de choses, le , Pape résolut de ne
faillir à aucune coutume-de cette cérémof
nie sacrée, et il déclara qu'elle aurait lieu
dans l'église des moines annexée au con
clave, faréférant la solennisor de n'impor
te quelle façon plutôt que de ne point la
célébrer du tout.
• » La 1 piété d'un gentilhomme vénitien
avait fourm la stdia gestatoria sur laquelle
on porte'le souverain pontife.
» Lo2t, c'est-à-dire le huitième jour après
son élection, on procéda il la cérémonie
dans ïVglise du mhii'astère,'ati milieu d'un
immense concours de'peuple; ■ •
d Le temple 'ne. put bas' sùjflre'f et la
foule se tint stjs la pètite place, dans les
gondoles, sur les to.its et sur.là place do
la ville, occupant la'ifivè opposée; Le soir^
toutes les maisons , toué les palais, tous
les canaux, furent " illumines à giorno
fràcè à la piété et à la bonne volonté des
abitans. Et cependant le gouvernement
n'avait pas même notifié d'ordres sur ces
détails.* afin d'honorer le Pontife nouvel-:
lement élu. Il ne serait pas possible d'ex4.
primer combien furent Significatives la
douleur et la surprise de tous, en appré :
ciant la conduite tenue par l'Autriche
dans l'affaire du couronnement. On en conj
nui; bientôt le motif, et, durant les fêtes',
ce motif devint le sujet de tous les entre
tiens. ,
h Le couronnement du Pape était la ma
nifestation de son pouvoir temporel ; tel,
était, de l'avis de chacun, la cause diri
geante de la cour impériale. Non-seule
ment elle n'était pas déterminée à restituer
les provinces des Efats du Saint-Siège,
qu'elle devait à l-abandon des armees
françaises, mais éneore elle se mon
trait peu décidée à renoncer au do
maine temporel des Papes, tant qu'u
ne portion de l'Etat ecclésiastique, y com
pris la ville . de Rome, ne serait pas oc
cupée par ses soldats, et que les tr-oupes
du roi de Naples y séjourneraient. On vou
lait attendre la Un de la guerre contre les
français, et, dans l'espoir de nouvelles
' victoires, assurant une libre et entière
possession de l'Italie, on pensait que
l'aigle germanique étendrait . son vol
sans obstacle même au-delà' du Capitole.
On obligerait ainsi le souverain des Deux-
Siciles à quitter Rome et à se retirer d'un
territoire qu'il n'était pas certain de con
server à cause des vues ambitieuses de la
cour de Vienne. Ce fut la seule raison qui,
dans celte seconde occupation, détermina
l'e gouvernement napolitain à déclarer
. qu'il ne conservait Rome que pour la ren
dre au Souverain-Pontife.
\ Cyf
A la demande d'un grand nombre d'a
bonnés nouveaux, nous venons de faire
réimprimer tout, ce qui a paru jusqu'ici
du roman do m. chajiles kabod,
MM. les abonnés nouveaux peuvent
faire retirer dans les bureaux du journal
les feuilles contenant les parties de ibA
sem'SBT, publiées avant
la date de leur abonnement,, et se mettre
ainsi au courant de celte œuvre si drama
tique dans son ensemble et si attachante
dans ses détails.
Feuilleton du Constitutionnel, 9 sept-
LA FORÊT DE B0NDY
EPOQUE DE LA BÉGEXC1S.
Deuxième partie.
VII.
SECOUES COATKK L'IKCEXDIE.
Le journal de Mlle deLambilly a encore
quelques pages datées du 27 avril, époque
où il fut inîerroriipH.
Le journal de Barbier, chronique de la
Régence et du règne de Louis XV, que nous
avons déjà cité, commence précisément à
cette date du 27 avril 17i8. On peut donc
dire queces deux Mémoriaux, quoique d'un
genre différent, se font suite l'un à l'au
tre : qu'on lise les premières lignes du
Journal de Barbier et l'on verra si elles
n'ont pas l'air de continuer notre récit.
«Le mercredi, 27 avril 1718,dit l'avocat-
chroniqueur, qui ne brille pas précisément
par la force et la beauté du style, il y eut
un incendie effroyable sur le Petit-Poi t,
$u Petit-Châtelet, et les maisons qui dé-
Éordaient toutes sunl'eau et qui,étoient
posées sur des pilotis de bois, qui cr'ai-
gnoieat à toutes les grandes eaux de périr
dans les dégels par les débâcles dés gla
çons, furent consumées et détruites entiè
rement en sept à huit heures de temps par
le feu ; ce qui doit paraître bien surpre
nant. Ce qui a été cause est encore plus
extraordinaire., -
» Une femme avoit perdii son fils qui
s'étoit noyé. On lui dit qu'elle trouverait
le corps de son fils en mettant dans une
sébille de bois un pain de saint Nicolas de
Tolentin... avec un cierge allumé. Elle le
fit. Cette sébille se promena sur l'eau et
alla s'arrêter contre un bateau de foin qui
était attaché sur le quai de la Tournelle.
Le feu y prit. »
A l'heure même où la bonne femme li
vrait au fil de la rivière cette dangereuse
et singulière embarcation, Galoppe fils en
trait chez maître Pralart, venant y repren
dre avec le conseiller de Bretagne l'exa
men du grand procès qu'il était pour ce
lui-ci question d'entamer. ■
Au lieu do recevoir le surybnant avec ce
ton de tendre familiarité qu'une connais
sance datant déplus d'une semaine avait
commencé à établir entre eux, Mlle de
Lambilly, comme elle se l'était promis,
eut pour lui un abord glacial ; puis; quand
elle eût joui un moment de l'étonne'ment
inquiet où son patito menait d'être jeté par
la froideur de son accueil, elle se leva et
sortit, sans répondre à son père qui lui
demandait pourquoi elle les quittait.
La séquestration volontaire à laquelle
allait se soumettre la pauvre enfant était
d'autant plus méritoire, que, par une soi»
rée encore froide d'avril, elle se confinait
dans une chambrette située au dernier
étage de la maison dont nous savons déjà
que l'aménagement n'était pas splendide.
Là, sans leu, à la lueur d'une mauvajse
chandelle dé. suif, le seul luminaire en
usage chez : l'austere Pralart, depuis sept
heures qu'il était alors, jusqu'à neuf où l'on
soupait, elleavait la perspective dépasser en
tête-à-tête avec ses pensées qu'elle appelait
des remords, une soirée mortellement
triste. Tout au plus, pour tuer le temps,
.elle avait la ressource d'ajouter quelques
pages à son journal et encore devait-ellé
marchander avec-cette distraction, car ce
journal elle l'écrivait en secret et à la dé
robée, et à tout moment Véronique, mon
tant pour s'informer de ce qu'elle devenait,
pouvait entrer et la surprendre.
r-.Qa'a donc ce soir Mlle Thérèse?
avait demandé, le jeune Galoppe au mo
ment où;la quinteuse fille, sans mot dire,
était sortie de l'appartement.
— Rien que je sache, répondit M. de
Lambilly. ?
— Elle m'a accueilli, d'un air si étran
ge ! continua le jeune clerc d'un ton pé
nétré; je ne pense pas pourtant avoir
rien fait qui ait pu lui déplaire?
— Evidemment non, répliqua le con
seiller, il y a deux jours, vous vous quit
tiez les meilleurs amis dû ihonde. C'est
une lubie qui lui a passé. Depuis quel
que temps, du reste, je la: trouve préoc-
1 cupée, rêveuse : toujours ce - diable de
cousin que vous lui avez fâppelé.
— Il serait cruel, en vérité, dit Galoppe,
qu'elle se mît à me détester de toute l'af
fection qu'elle lui conserve. Peut-être, à
bien y regarder, ajouta-t-il d'un accent
ému,vaudrait-il mieux que je m'abstinsse
de venir ici. , . . . ,
— A llons donc ! fit M. de Larabilly, faut-
il prendre âu sérieux les visées d'une pe- <
tite fille? Occupons-nous plutôt de notre
affaire. Tenez ! j'ai rédigé quelques notes,
qui pourront vous servir pour votre plai
doirie, ;
~ Mais, Monsieur, dit modestement le
elere, je ne suis pas du tout décidé à m'â-
yenturer dans cette entreprise, d'autant
mieux qu'il est presque impossible d'espé
rer une dispense de Messieurs.
— Je m'en charge, répliqua le conseil
ler, j'ai quelques amis dans le Parlement
de Paris; cela d'ailleurs peut-il se refuser
au fils d'un maître Considéré comme l'est
votre père ? ' '
Cela dit, il entama avec un peu d'em
phase la lecture d'un volumineux manus
crit.
Il n'en était pas à la fin de la seconde
page, qu'une commotion "violente parut
agiter la maison jusque dans ses fonde
meiis.
— Qu'est-ce que c'est que ça, dit M. de
Lambilly, un tremblement de terre?
— Un tremblement d'eau, plutôt, ré
pondit maître Pralart; la maison est bâtie
sur pilotis, au-'dessus de la rivière. Quel
que marinier maladroit se Sera heurté "à
l'une des arches, cela, arrive quelquefois :
ces diables de constructions de bois le
moindre choc retentit dans toute la,char
pente. : . :
Là dessus, comme la îllle du libraire,
pour vérifier l'explication paternelle, s'é
tait mise en devoir d'ouvrir une fenêtre
donnant sur la rivière et se fermant, la
nuit venue, par un volet intérieur ; c'est
bien Véronique, dit le conseiller, en ter
mes de Palais; la cause est entendue ; laissez-
moi continuer ma lecture.
Véronique ne donna pas suite à sa cu
riosité; mais, au liéu de se rasseoir, elle
sortit pour aller voir ce que faisait Thé
rèse.
M. de Lambilly se remit.à son factum :
bientôt Galoppe et maître Pralart y furent
frappés d'une allure et d'un ton passion
nés qu'ils prirent sur eux de lui faire re
marquer. Le magistrat n'était pas natu
rellement très docile à la critique et,, plai
dant dans sa propre cause, il devait d'au
tant tenir au fond comme à la forme de
ses argumens. De là , entre le lecteur et
son auditoire, une discussion qui bientôt
s'anima, de telle sorte , que d'abord elle
laissa pour eux inaperçu un assez grand
mouvement ^'opérant à l'extérieur de la
maison.
L'ardeur du débat n'allait pas pourtant
à ce point, qu'à la manière d'Archimède
cherchant la solution de son problème,
les trois disputeurs pussent rester indiffé
rons à tout ce qui se passait d'extraordi
naire autour d'eux.
Déjà un long craquement s'était fait en
tendre dans les solives placées au-dessus
de leurs têtes, et des cris traversant de
lointaines rumeurs avaient attiré leur at
tention, quand un bruit de crosses de fu
sil retentissant sur le pavé du pont et bien
tôt suivi de l'intimation militaire souvent
répétée : Passez au large! vint annoncer la
présence de la force armée.
— Est-cé que le peuple se soulèverait ?
dit M. de Lambilly, dont le tempérament
était assez conspirateur.
— Je vais aller voir ce que cola signifie,
dit le jeune Galoppe en se levant.
Mais au moment où il ouvrait la porte
pour sortir, il se heurta à la servante de la
maison qui accourait en criant :
— Nous sommes perdus! le pont est en
feu, tout brûle ! "
— Où est Véronique? où est ma fille?
demandèrent en même temps le libraire,
et M. dè Lambilly. '
— Elles étaient'ensemble dans ia cham
bre de Mlle Thérèse, répondit la servante,
les flammes gagnent l'escalier; il n'y a pas
moyen qu'elles s'en sauvent, • .
. Ce consolant pronostic fut au même mo
ment démenti par l'apparition de Véroni
que; haletante et les vètemens en désordre,
elle ne put que s'écrier :
— Thérèse est perdue; elle s'est éva,nouie •
à la vue du danger; .je n'étais pas assez
forte pour la descendre dans me§ bras.
— Courez vite, dit le libraire au conseil
ler et à Galoppe, moi avec Véronique, j'ai ■>
des papiers à sauver. '
Papiers médiocrement précieux, il faut
bien en convenir: c'étaient les archives du
jansénisme dantle parti avait fait maître
Pralart dépositaire, mais à ses yeux ils
étaient sans prix, ! ,
D'un même élan, Galoppe et le conseil
ler se précipitèrent; déjà l'escalier était à
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