Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-08-08
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 août 1863 08 août 1863
Description : 1863/08/08 (Numéro 220). 1863/08/08 (Numéro 220).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
48* ANNEE.—N. 220#
•A30NKSMENSIDES DÉPARTEJMENS
SAMEDI 8 AOUT 18.65,
tr0is 4 m01s..-.'.7.-.- 46 fb;
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fous LES PATS^ËTBANGEBS, VOlT le tableSQ
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Les Annonces sont reçues chez M. Panis , rue Notre-Dame-des-Victg£
(Place de la Bourse).
PARIS, ? AOUT.
La télégraphie privée nous apporte l'a
nalyse très développée de la nouvelle dé
pêche du gouvernement russe au gouver
nement français, dont nous avons parlé
•Mer. ' •
On verra, à la lecture de ce document,
.que nos informations étaient sûres, et
combien le jugement que nous avons por
té dès hier était fondé. -
La presse anglaise, en présence ou mal
gré les bruits d'un changement de dispo
sitions de la part de la Russie, affirme,
comme nous l'avons affirmé nous-mêmes,
que les trois puissances continuent à agir
d'accord. Yoici en quels termes s'exprime
le Globe sur la nouvelle démarche diplo
matique des cabinets de Londres, de Paris
et de Vienne : ,
.« Les journaux disposés à être agréables
Uu gouvernement russe prétendent' que
l'esprit de conciliation règne à Saint-Pé
tersbourg et que le prince Gortchakoiî est
disposé à examiner les six points de la fa
çon la plus amicale. Quoi qu'il en soit de
ces assertions, il n'y à pas de raisons pour,
supposer que les trois puissances soient ani
mées d'un autre esprit que celui que l'on
prête à la Russie. Les trois puissances agis
sent de concert suivent la marche diplomati
que la plus appropriée à la gravité du sujet
de manière à blesser le moins possible les
sentimensetlafierté delà Russie. L'intérêt
qu'a l'Europe à l'arrangement du différend
est admis par le gouvernement russe qui
g, fini par confesser que les parties au trai
té de Vienne ont pu droit d'intervention.
Agissant dans un esprit de conciliation et
défendant fermement les intérêts de l'Eu r
rope au nom desquels elles agissent,
les trois puissances ne - failliront pas"
à' faire ce que leur haute position lëur
commande. Jusqu'à ce moment, il n'y a
eu de changement ni dans la forme ni
dans la substance de la politique que les
.puissances ont jugé juste-de suivre.Il a été
proposé cependant, ainsi que quelquesruns
de nos confrères étrangers l'ont fait remar
quer, de changer la forme; mais cette pro
position n'a pas eu l'approbation du gou
vernement anglais. Dès le commencement
les négociations ont été séparées, les notes
ont été séparées; lapolitiquea été la même.
Adopter une note identiquè au lieu de no
tes séparées, c'eût été, sans raison valable,
changermatériellementialigned'action.On
ne se départira pas de la voie suivie depuis
le commencement, et de la sorte seront
évités les embarras qui auraient pu résul-
■ tsr d'une action collective. »
Parlant ensuite de la dépêche du prince
Gortcliakoff au cabinet de Vienne, le Globe
déclare qu'il ne saurait modifier son im
pression première, partagée du reste par
toute l'Europe.
« En considérant que le diplomate russe,
dit le Globe, est un écrivain consommé en
fait de dépêches officielles, nous ne pou
vons pas nous imaginer comment il a pu
s'exprimer en termes qui ont fait la même
impression sur tout le monde..La méprise
a été commune à toute l'Europe, sauf le
cabinet russe. Dans l'opinion de tous, les
termes employés par le prince Gortcliakoff
signifient que les- puissances seules qui,
dans le principe, ont copartagé la Polo
gne, ont le droit d'intervenir dans les
affaires de la Pologne. On devait inférer
de la dépêche du prince que le gou
vernement russe désirait détacher l'Au
triche des autres puissances et faire re
vivre ainsi l'état de choses existant alors
que le cabinet de Vienne et l'empereur de
Russie aient si bien travaillé ensemble.
Mais il paraît que nous avions tous tort,
ou du moins le prince Gortchakoff a écrit
une chose tandis qu'il voulait en écrire
une autre. Il est étonné que l'on puisse
c roire à des secrets desseins de 'la Russie.
Il doit penser alors que les populations
et les hommes d'Etat d'Europe ont lamé-
moire courte. »
Le gouvernement moldo-valaque vient
de faire embarquer, à ses frais, pour la
Turquie, les prisonniers polonais qui
avaient été internés à Kaboul.
L'attitude prise par l'empereur d'Autri
che dans la question de la réforme alle
mande, a causé de l'autre côté du Rhin
une sensation facile à comprendre. Autant
qu'il est permis de juger jusqu'à présent,
l'opinion publique a accueilli avec une
faveur marquée la politique de l'Autu
che, ët à Francfort, c'est-à'dire au centre
de la Confédération, la lettre dé l'empi
reur François-Joseph a été saluée avec un
véritable enthousiasme.
L'empereur viendra à Francfort le 16 de
ce mois, et il y sera accompagné par M.
de Schmerling. S. M. a porté elle-même, a
Gastein, l'invitation au çoi de Prusse. Plu
sieurs journaux de Vienne croient déjà
pouvoir annoncer que le roi Guillaume se
rendra à Francfort. S'il en est ainsi, nul
doute que tous les autres souverains alle
mands, grands et petits, ne paraisse à ce
congrès.: ; .
Quoi sera le caractère 4«-plan de réfor
me dont l'initiative appartient au cabinet
devienne? Les traditions et les intérêts de
l'Autriche le font pressentir. L'Autriche
ne saurait admettre l'unité de l'Allemagne,
telle qu'elle est imaginée et demandée par
les partisans du Nationalverèin. On peut
considérer comme certain que le nouveau
plan, tout en modifiant les rouages com
pliqués du mécanisme actuel, ne chan
gera rieij au principe fédératif .qui est la
base du pacte germanique de 1815. L'Au
triche ne saurait s'écarter de ce principe
sans se heurter aux mêmes obstacles qui
ont entravé, on 1830, les plans unionistes
de la Prusse et sans porter atteinte à son
unité intérieure qui, depuis douze ans, est
le but de tous ses efforts.
C'est dans ce sons aussi que le Boschaf-
ter apprécie l'important acte de la politi
que autrichienne :
« Une réforme fédérale, dit la feuille
viennoise, due à l'initiative de l'empereur
François-Joseph, ne peut être que pleine
de loyauté et d'égards-pour toutes les
parties intéressées. Ce que l'Autriche tend
à réaliser pour la Confédération allemande
doit être la même chose que ce qu'elle pos
sède heureusement pour elle-même dans
sa constitution actuelle. La tâche entre
prise se tiendra sans doute rigoureuse
ment dans les limites d'une réforme inté
rieure du système fédéral, et elle n'inspi
rera pas une ombre d'inquiétude à l'Eu
rope. »
• Hier a été signé, à Turin, le nouveau
traité de commerce entre l!Angleterre et
le royaume d'Italie. , .
Nous avons reproduit, ainsi que plu
sieurs journaux, d'après le Sémaphore, de
Marseille ( dépèches télégraphiques de
nuit), du 5 août, des nouvelles que ce
journal aurait reçues deLa Réunion, en da
te du 7 juillet, annonçant de nouveaux
évènemens accomplis à Madagascar, à la
suite desquels le consul, de France, M- La-
borde, jurait amené son pavillon et se se
rait retiré de la capitale.
Des renseignemens précis, puisés aux
meilleures sources, nous permettent d'af
firmer que les dernières nouvelles de Ma
dagascar, reçues à la Réunion le 6 juillet,
et transmises en France à la date du 7, ne
confirment nullement les assertions du
Sémaphore. Elles présentent, au contraire,
les dispositions de la cour de Tananarive
comme beaucoup plus favorables aux Eu
ropéens. Edouard Simon.
TELEGRAPHIE PRIVEE
Londres, 7 août.
On lit dans le Moming-Post :
« Le roi des Hellènes aura le titre de roi élu.
X ttlACJlllUlXL lUillOXX va UfUU .iuwihw
t. Après ce vote, seulement, les puissances
nt consultées sur la cession des îles Ionien-
II s'entourera prosque exclusivement de Grecs.
Le comte: de Sponnek est le seul Danois qui
doive accompagner S. M. à Athènes. Aucune
armée étrangère n'occupera la Grèce. Le vote
du Parlement ionien va avoir lieu .mainte
nant,
seront <
nesi »
Saint-Pétersbourg, 6 août.
r .o ïmivntil dp Çinint.-Vttfirshmim nubile TlTlft dé
pêche du prince Gortcliakoff au baron de Bud-
Derg. dont 1 objet est de répondre au jugement
de M.Drouyn de Lhuys sur la réponse de la
Russie. Le prince dit :
1" M. Drouyn de Lhuys semble conclure que
la réponse do la Russie implique une fin de
non-recevoir au sujet des six points sous
r apparence ✓-d une adhésion. Cette réponse
démontre que lapiupartdes mesures.impliquées
dans les six points étaient octroyees, mais que,
loin do pacifier le royaume ? eues étaient le
point de départ de l insurrection. Le6 agitateurs
s étant servis des réformes 'pour soulever h
pavs. et ayant conçu, lespoir- d une indépen
dance complété à l aide d une intervention
étrangère, ne pouvaient pas se montrer satis
faits des institutions libérales dont lo gouver
nement posait les bases.
Si le gouvernement russe ne répudiait pas
la mauvaise fol et les voies détournées, il au
rait peut-être montré de " l'habileté en accep
tant catégoriquement les six points. Mais nous
avons voulu dire loyalement notre pensée : les
six points ne peuvent recevoir de solution pra
tique qu'après le "rétablissement de l'ordre.
2° M. Drouyn do Lhùys voit une accusation
contre le gouvernement français dans l'asser
tion d'une coasfùraLioB^pprmanente &ur le tor^.
ritoire étranger. Une'iptehtion semblable ne
pouvait pas entrer dans notre pensée. Nous
sommes persuadés que le gouvernement fran
çais a vu ces menées avec regret ; mais il reste
vrai qu'elles existent malgré lui et que Paris
est un des foyers principaux; elles alimentent
l'agitation morale dans le royaume et lui four
nissent des ressources matérielles.
La dépêche démontre longuement que le
mouvement est le fait d'une minorité turbu
lente. Elle constate que la Russie possède la
Pologne depuis un demi-siècle seulement ; elle
rappelle les mesures adoptées qui s'écartaient
peu des bases recommandées par les trois cours
et démontre l'influence extérieure. ■
Les meneurs, dit le prince Gortcliakoff, n'ont
pas pris les armes pour des institutions libé
rales; ils ont hautement déclaré que leur but
exclusif était la reconstitution'de la Pologne
avec les limites de 1772 et ils ont présenté l'in
tervention étrangère comme le couronnement
certain de l'entreprise. Le langage de la presse
occidentale n'a pas diminué ces entourage-
mens. Voilà pourquoi nous avons constaté que
la conviction d'une assistance étrangère était
la principale cause de la persistance de l'insur
rection. ;
3° Nous maintenons nos observations relati-
ment à la suspension des hostilités. Il faut que
les rebelles déposent les armes ou que le gou
vernement abdique toute autorité. Il est im
possible de comprendre autrement la question
de dignité et d'ordre public.
4° La proposition d'une conférence préalable
entre les trois cours nous était suggérée par
Jes principes du traité de 18!o qui estla base,
de l'action diplomatique. L'opinion expri
mée -par M. Drouyn de Lhuys confirme
notre conviction que cette question con
duit à des difficultés parce qu'elle a été mal
posée et que les débats ont engagé la dignité
des cabinets. Notre proposition était inspirée
par lin désir de conciliation. Nous regrettons
le jugement de M. Drouyn de Lliuys. Nous
sommes aussi péniblement surpris dé son im
pression sur. le sens général de notre dépêche ;
il n'y a ni ironie ni provocation. Mais le sen
timent de notre dignité. blessée a pu se ma
nifester d'ans l'expression de notre pensée. En
présence des outrages prodigués , il nous
était impossible de méconnaître la force et
l'énergie du sentiment national, le gouverne
ment s'efi'orce de calmer, d'éclairer, de conte
nir l'explosion de l'esprit public profon
dément blessé. Le devoir des gouverne-
mens, la tâche de la diplomatie est d'écarter
de la conduite des alfaires les entraînemens
passionnés qui compliquent les situations et
pourraient être un danger pour la paix. Nous
avons la conscience de n'avoir rien négligé
pour l'œuvre de la conciliation, pour arriver
a une entente conforme aux relations qui nous
unissent depuis longtemps, au gouvernement
de Napoléon. Mais nous aimons à compter de
sa part sur les mêmes dispositions. Notre tâ
che serait difficile si la France méconnaissait
les difficultés que nous imposent les sentimens
nationaux qui se rattachent aux traditions et
aux intérêts vitaux du pays..
Vienne, 7 août.
Le Botscliafter dit qu'il y tout lieu de suppo
ser que le roi de Prusse paraîtra au congrès
des souverains allemands à Francfort.
La Presse annonce que l'empereur d'Autriche
sera accompagné à Francfort par M. de Schmer
ling. Elle ajoute que si le roi de Prusse n'a pas
encore définitivement promis de prendre part
au congrès, il a encore moins refusé de s'y
rendre.
Bucharest, 5 août.
A la sollicitation du gouverneur de Widdin,
le prince Alexandre a autorisé .le passage par
le territoire roumain, de "Voucclierova à Jou-
.ravoya, trajet d'une heure, de deux bataillons
"turcs, revenant do Bosnie à Constantinople.- < -
Ces troupes se trouvaient dans l'impossibilité
de continuer leur marche, par suite de la
grande baisse du Danube aux Portes-de-Fer.
Bucharest, S août.
Les prisonniers polonais, internés à Kahoul,
ont été embarqués pour la Turquie aux frais
du gouvernement moldo-valaque.
Trieste, 6 août.
Les lettres d'Athènes en date du 1 er août por
tent que les séances de l'assemblée nationale
ont été suspendues à cause de l'absence.de bon
nombre de députés, . .,
L'ambassadeur de Danemarck a. été reçu
avec enthousiasme au Pirée.
Constantinople, 6 août.
Le bruit d'une modification ministérielle
ayant pour cause des dissentiment survenus
.Mitre Fuad-Pacha et Halil-Pacha est officielle
ment démenti.
< - . ■ Turin, 6 août.
La Stampa annonce que le ministre anglais à
Turin, lord Hudson,: va.recevoir pour succes-
.seur M.Elliot. ;
. Le traité de commerce entre l'Angleterre et
l'Italie a été signé aujourd'hui.
Madrid, 6 août.
M. Permanyer, le futur ministre d'outre
mer, est attendu. •
On assure que la circulaire du ministre de
l'intérieur au sujet des élections est conçue
dans un sens très libéral et conciliant. ■
(Havas-Bullier.)
COURS DE LA BOURSE.
COURS DB ÇLOTOBB. le 6 le 7 HAUSSE. B.USSB.
3 0/0aucompt. 67.75 67.45 » » » 3b
—Fin du mois. 67.73 67.33 » » » 40
41/2 au cornpt. 96.50 96.40 » » » 10
—Fin du mois. 96 50 ». » » » » »
Le Moming-Post nous transmet des dé
tails intéressans sur les dispositions qui
seront prises au moment où le roi Geor
ges I er viendra s'asseoir sur le trône hellé
nique.
Le nouveau roi portera le titre de roi
élu. Le cabinet de Copenhague, éclairé par
l'expérience, évite la faute que commit au-
"trefois la cour de Munich et dont les con
séquences furent si fatales à la jeune royau
té d'Othon.
Ce prince, mal conseillé et mal dirigé,
se présenta, en 1832, à ses nouveaux su-
■ jets avec une armée bavaroise, une régen
ce bavaroise, une cour bavaroise. Ce spec
tacle, cette intrusion d'un régime si peu
national, blessa profondément la Grecé.
Les hommes importahs du pays, se
voyant, pour prix des services rendus à
la cause de l'indépendance,'pour prix de
-leur sang versé et de leur fortune sacrifiée,
dépossédés par des étrangers de toute in-
.fiuenca.et de toute participation aux affai
res , eurent recours à une Opposition
violente pour revendiquer .leurs droits et
rentrer en possession de ce qu'ils re
gardaient comme leur bien. Ils communi
quèrent leur mécontentement et leur dé
pit à la population. De là d'incessantes in
surrections;: de là enfin le : mouvement na
tional du 3 septembre.
Georges I e1 inaugure son règne sous de
meilleurs auspices. Il se confie à'son peu
ple; la Grèce sera moins son royaume que
sa patrie. Roi de Grèce, il se fera dès le
premier jour Grec lui-même. 11 choisira
ses ministres parmi ses nouveaux sujets,
et il n'aura d'autre garde que l'armée na
tionale.
P. de T r OIMONTS .
On écrit de Yeddo, le 27 mai :
" Le fonctionnaire japonais qui avait été por
ter au taïcoun, en ce moment à Kioto, les pro
positions des représentais de la France et de
l'Angleterre tendant à lui offrir leur appui
contre les daïmios récalcitrans, est revenu à
Yeddo. Comme on pouvait le prévoir, ces pro
positions ont été déclinées. L'envoyé du gou
vernement japonais a toutefois déclaré que le
taïcoun avait été très sensible à,la démarche
amicale des puissances. 11 a ajouté que le taï
coun reviendrait prochainement dans sa capi
tale (Yeddo) pour y régler les affaires pendan
tes, en se conformant à une politique toute fa
vorable à l'extension des relations commercia
les avec les étrangers. Si ses vues à cet égard
devaient être entravées par quelques daïmios
hostiles,, le taïcoun les combattrait et ferait:
même peut-être appel à l'appui des puissan
ces; mais une telle détermination ne pourrait
"être prise que lorsqu'on connaîtrait exacte
ment quels sont les daïmios récalcitrans. En
outre, en pareil cas, ce ne serait pas au Japon,
mais par l'envoi d'une nouvelle ambassade en
Europe qu'on pourrait résoudre cette impor
tante question.
En ce qui concerne les questions posées par
le gouvernement britannique à l'occasion ,de
l'attentat du 14 septembre et du meurtre des
deux sentinelles de la légation anglaise; l'en
voyé du gozogio a déclaré que le gouverne
ment du taïcoun était d'avis qu'il fallait satis
faire aux demandes d'indemnité, mais qu'en
présence de l'opposition que cette manière de
voir avait rencontrée de plusieurs côtés, il était
opportun d'attendre jusqu'au retour du taï
coun, c'est-à-dire pendant environ cinquante
jours, pour régler définitivement cette ques
tion. Il a ajouté cependant qu'il avait les pou
voirs nécessaires pour consentir au paiement
d'un à-compte sur la plus grande partie de ces
indemnités. ;
_Si la réponse du gouvernement japonais
n'est pas tout' à fait conforme aux termes dans
lesquels l'ultimatum anglais avait été posé,
l'admission du principe du paiement d'une in
demnité n'en est pas moins un résultat im
portant, et c'est un grand pas de fait vers la
solution des difficultés qui paralysent depuis
quelque temps les relations des étrangers avec
le Japon. ~ : • •
Il est donc vraisemblable aujourd'hui que
les. hostilités n'éclateront pas, car on ne sau
rait douter de la ponctualité des autorités ja
ponaises, à remplir l'çngagement que leur
mandataire vient de prendre solennellement.
■ La présence des amiraux français et anglais
et leur attitude.énergique au milieu des ten
tatives d'intimidation qui se sont produites
sur tous les points du pays, à puissamment
contribué à amener les résultats obtenus. Ce
qu'il y a de certain, c'est qu'elle a mis à l'abri
de tout danger les personnes et les intérêts de
la colonie étrangère. {Moniteur.)
On nous écrit de Shanghaï, à la date du
5 juin 1863 :
« La situation est de plus en plus tendue au
Japon. Un Certain nombre de résidons, de Yoko
hama et de Nagasaki se sont déjà réfugiés à
Shanghaï ; ceux qui restent, se barricadant dans
leurs maisons, ont organisé une garde pour
leur sûreté, et les çompag-nies de débarque
ment de bàtimens de guerre anglais et français
sont employées à la défense des légations des
deux pays.
» Jusqu'à présent la question était restée pu
rement anglaise; aujourd'hui elle est devenue
à peu près européenne; ce sont les étrangers en
général que les Japonais veulent mettre hors de
leurs îles : leur grand argument est qu'ils n'ont
aucunement besoin de nous, et le fait est que
leur civilisation est autrement curieuse que
Celle des Chinois dont on parle tant. Si par
malheur la guerre éclatait, les puissances euro
péennes auraient fort à faire avec ce peuple
éminemment intelligent et guerrier.
» Les nouvelles aujourd'hui sont un peu
plus rassurantes. Le bruit s'était répandu
hier que tous nosbàtimens de' guerre do la
station, c'est-à-dire le Monge] commandant de
Marelles, le Tancrêclà, le Dupleix, commandant
Massot, quittaient Shanghaï et emportaient au
Japon 300 hommes du 3" bataillon d'Afrique,
ce qui aurait singulièrement dégarni notre
garnison au moment ordinaire des invasions
des taepingsj mais il paraît certain aujourd'hui
que le Monge et le Tancréde partent seuls et
n'emmènent que 75 zéphyrs. On parlait
même de paix au Japon, mais il né s'agirait
tout au plus que d'iin armistice.
»_ A Shanghaï, rien de nouveau.— Les négo-
cians sont partis pour l'intérieur, la saison
des soies va commencer ; les achats sur pla
ce se sont faits d'abord à des prix assez é-
levés à cause da la concurrence produite
par la foule des commissionnaires qui veu
lent remplir les engageinens pris d'avance
et sans tenir compté d'une récolte plus fai
ble encore que celle de l'année précéden
te. Les prix baissent en ce moment. Si , la
situation n'empire pas au Japon, l'équilibre se
rétablira peut-être, cependant, par suite des en
vois qui seront faits de ce côté.
» Les Français continuent à arriver ici; mais,
comme toujours, il en est un certain nombre
qui viennent chercherfortune, c'est-à-dire qu'ils
arrivent sans ressources. Shanghaï est, dans
ces conditions, le dernier endroit où l'on puis
se réaliser les rêves d'avenir qui font quit
ter la patrie. » r. d'olivier.
Les dernières nouvelles reçues de Bue-
nos-Ayres peignent .sous un assez triste,
jour la situation de la république Argen-'
tine. A de sérieux embarras intérieurs sont
venues s'ajouter des complications exté
rieures non moins graves. Lo général Pe-
naloza que, d'après le précédent courrier,
on avait lieu de croire irrévocablement
battu, se trouverait aujourd'hui en état de
reprendre l'offensive, tout au moins de
prolonger sa "résistance. Ce qui paraît
prouvé, c'est qu'il est maître de la ville de
Cordova. Voici par suite de quels incidens
cette place est tombée inopinément dan's
ses mains :
Le 10 juin, un sergent, nommé Luengo,
qui commandait le poste de la prison, ou
vrit la porte aux prisonniers, et s'étant em
paré du dépôt d'armes, il répandit la ter
reur en faisant arrêter i
toyens les plus considéré
neur P'osse et ses ministre
de se cacher, et de la sorte
pouvoir4es'prisonniers. Ils ciioTSTFent en
suite un des coryphées du parti vaincu à
Pavon, et ils envoyèrent des émissaires à"
Penaloza et à Urquiza pour leur demander
des secours. '
Le général Penaloza, battu à la,Rioja,
était poursuivi dans les environs de Cor-
dovâ, où il fuyait, ayant avec lui à peine
soixante-dix hommes ; le hasard voulut •
qu'un courrier qui portait des communi
cations au colonel Alvarez, l'un des chefs
qui le poursuivaient, tombât entre ses
mains, et il apprit ainsi la révolte de Cor
dova; il se rendit aussitôt dans cette ville,
et les révoltés le nommèrent général en
chef. Des forces du gouvernement, au
nombre do plus de trois mille hommes,
marchent de différens points sur Cordova.
A l'extérieur, .le conflit avec la républi
que Orientale de l'Uruguay s'est subite
ment envenimé. Les négociations pendan
tes ont été intérrompues par des violences
et des agressions réciproques. Des deux
parts, dos navires ont-ete captures, et cet
( change de iuproSaiHu a pruduit dans les
deux pays une irritation populaire dont les
! omerntmensneic terontpisin ntressans
quelque peine, si toutetois ils y réussis
sent. ce qui; nous semble douteux au point
où en sont venues les choses. C'est aipsi
qu a Montevideo. une ûuieuie populaire
ou mashorcaaa ayant à sa teto des per
sonnes influentes du parti blanco s est je
tée la. mut uilfiu lduio sul ugw tin,
brisant les vitres, lançant des pierres, lacé
rant les armes de la confédération et profé-
rcintdt on domoitcontielug uurdMitre,
président de la république Argentine, et
contre les Portenos. On dit que le gouver
nement oriental, mû du désir d'empêcher
le conflit actuel de tourner en guerre ou
verte, a sollicité les bons officos du Brésil.
■■lï. VIERNE.
NOUVELLES DE POLOGNE.
La Gazette de Breslau du 4 août donne les
■détails suivans sur l'organisation de l'insur
rection polonaise :
« Le gouvernement national est un sphinx
dont bien des gens cherchent le mot sans
pouvoir jamais y parvenir ; aussi depuis
le commencement de l'insurrection a-t-on fait
une foule d'hypothèses sur son origine, son
organisation et ses pouvoirs, toutes plus ou
moins vraisemblables. Or, comme ce gouver
nement est réellement le mobile le plus puis
sant de l'insurrectiou, comme c'est le centre au
tour duquel tournent lestasses, toutessoumises
comme un seul homme aux volontés suprêmes
du comité , il nous semble d'une grande utilité
et du plus haut int'érêt d'étudier cette organi
sation occulte, mais puissante, qui maintient
l'ordre et parvient à l'aire respecter ses édite,
au sein même du gouvSrnement ennemi..
Voici doncles donnéespriiicipaleset certaines
que nous avons pu recueillir : le gouvernement
national se réserve la nomination d'un chef
suprême pour chaque province. Ce chef sii-
prême nomme les différens chefs chargés de
conduire les détachemens insurgés au combat.
Chacun de ces chefs prend un nom de guerre et
n'a de rapports a rendre qu a son chef suprême
qui les transmet a son tour au gouvernement na
tional. Les chers des detacnemens ont le droit
de nommer leurs neutenans et leurs ■officiers et
ces nominations sont toujours ratifiées par le
gouvernement national auquel elles-sont sou
mises par l entremise du eiiei suprême de
chaque province.
Les détachemens ou compagnies se recru
tent dans les cercles de 80,000 habitans envi
ron et doivent compter 100 à 120 liommes au
moins. Chaque compagnie d'Infanterie a dix
ou douze chevaux à son service, et un dé
tachement 'de 0 à 20 tirailleurs est tou
jours mis à la disposition de chaque compagnie
de cavalerie. La mise des insurgés est des plus
simples. Les armes sont leur uniquo luxe et les
carabines tendent à remplacer de plus en plus
"les faux et-les haches ; cependant un détache
ment de faucheurs fait toujours partie de cha
que cpriipagnie. Si un dispersement est inévi
table les armes sont soigneusement cachées et
on les retrouve presque toujours au lieu du ral
liement. Les chefs sont responsables des abus
dont leurs troupes se rendraient coupables : ils
correspondent avec le chef suprême de la
province et relèvent en tout de lui. Les chefs
des détachemens ne peuvent rien exiger desha-
bitans, dç leur propre chef : les vivres et les
munitionsleursont délivrés par les communes
qui- leur so'ut désignées dans les instructions du
chef suprême : il paient tout le reste comp
tant ou en délivrant aux habitans des quit
tances du. gouvernement national, que ceux-ci
peuvent faire valoir lors du paiement de l'im
pôt. Ceux seulement des chefs qui sont pourvus
de blanquets- du gouvernement national peu
vent délivrer de pareilles quittances. Chaque lo-
Feuilleton du Constitutionnel, 8 août.
EN PROVINCE
VII.
(Suite.) ^
Tout à coup, lorsqu'elle en vint à ces
paroles où respire une passion à la fois
si profonde et si sereine :
Puisque j'ai vu pleurer, puisque j'ai vu sourire,
Ta bouche sur ma bouche, et tes yeux sur mes
(yeux...
Je puis maintenant dire aux rapides années :
Tassez, passez toujours, je n'ai plus à vieillir;
' Allez vous-en avec vos fleurs toutes fanées
J'ai dans l'àme une fleur que nul n'a pu cueillir.
Mon il me a plus de feu que vous n'avez do cendre
Mon cujur a plus d'amour que vous n'avez d'oubli!
Saint -Wandrille se leva brusquement et
prit la main de la jeune femme, en lui di
sant : Assez! chère Edmée, assez! Je vous
en confhre f ne chantez plus jamais ceci
devant moi !
Edmée s'arrêta tout interdite, et regar
da Philippe, sans lui dire une parole. Elle
craignait de l'interroger, et d'irriter encore
les douloureux souvenirs que, sans le vou
loir, elle venait dé réveiller en lui. Il mar
chait à pas lents d'ans le salon. Bientôt il
revint près d'elle, et après avoir un mo
ment contemplé- son visage, qui n'expri
mait que la sympathie la plus affectueuse
et la plus dévouée :
— Vous êtes bonne, vous, dit-il en pre
nant sa main.
— Je ne sais pas, répondit-elle avec une
candeur d'enfant; mais, vrai,,je tâche de
l'être. * .
— Et avec vous, vouloir c'est pouvoir!
Qu'il serait doux, Edmée, de vous consa
crer sa vie !
— Vous avez bien mieux, à faire de la
vôtre.
—Ne parlez pas ainsi, car mon plus grand
chagrin c'est qu'elle soit si indigne de vous
être offerte. Entourer de soins, de respects,
d'hommages, d'affection la plus adorable
créature qui soit au monde, n'est-ce pas
là vraiment le plus grand bonheur quel'on
puisse souhaiter?
Lés mains de Mme Delaunay eurent un
léger tremblement, et elle; laissa tomber
sur ses genoux la broderie qu'elle venait
de reprendre :
— Monsieur de Saint-Wandrille, dit-elle
enfin au bout d'un instant, les yeux tou
jours baissés, mais cependant d'une voix
très' ferme et très nette, vous savez,
je l'espère, que je suis une femme fran
che et loyale; je ne me pose point en
puritaine farouche, et j'écoute volontiers
tout ce que je puis entendre; mais si vous
avez la même sincérité que moi, vous con
viendrez bientôt que vous ne devez point
me parler ainsi: que voulez-vous que je
fasse de -votre vie ? Vous savez bien que je
n'ai pas le droit de l'accepter !
— Vous avez raison, j'arrive trop tard !
murmura Philippe avec une tristesse poi
gnante; quand déjà les rudes épreuves,les ex
périences cruelles et les déceptions d'une
existence si longtemps aventureuse ont
largement entamé le faible bien que je
voulais mettre à vos pieds...
— Je crois, répondit Edmée avec un
sourire plein de grâce, que ce qui vous en
reste peut suffire encore au bonheur d'u
ne femme ; mais, vdus ne voulez pas me
comprendre... je suis mariée !
— Ah ! c'est vrai; vous êtes mariée. Je
n'y pensais plus !
Philippe prononça ces mot,à avec une
certaine âpreté; il n'aimait pas les maris :
c'était son caractère; mais je suis lé pre
mier à reconnaître qu'il avait un très-mau
vais caractère.
— Oui, vous êtes mariée, reprit-il au
bout d'un instant; je l'avais oublié... Mais,
Dieu me pardonne! il y a quelqu'un au
monde qui l'oublie encore davantage.
— Eh! qui donc? demanda Mme Delau
nay avec une vivacité singulière.
— Eh bien! votre mari. Où est-il? que
fait-il? Pourquoi ne l'ai-je jamais vu à vos
côtés? Pourquoi n'est-il point ici à. vous
défendre contre moi? Ah ! si vous étiez ma
femme, Edmée, je n'aurais pas le triste
courage de m'éloignçr de vous.
— Il est toujours facile d'accuser... sur
tout un mari, et de lui donner des torts,
alors même qu'il n'en a point. Un mari
n'est pas un amant, et il ne peut s'astrein
dre à faire à sa femme une cour assidue :
il est chargé, lui, de l'avenir de sa maison,
de la fortune ét des affaires du ménage; où
vous ne voyez que des plaisirs, il aperçoit
des devoirs. Mais il serait vraiment trop
malheureux, et nous trop ingrates, si nous
devenions les complices de vos injustices
en les écoutant.
Tout cela fut dit d'un seul trait, sans re
prendre haleine, comme une leçon qu'on
aurait apprise, ou, du moins, comme une
tirade préparée d'avance. Ce n'est point là
le fait de l'éloquence véritable. Aussi, Phi
lippe ne se montra guère convaincu.
—Je vous sais trop d'esprit, dit-il, pour
croire que vous puissiez me dire sérieuse
ment de telles banalités, et trop de tact
pour vous persuader qu'un homme com
me moi peut s'y laisser prendre. D'ail
leurs, je n'attaque en rien l'honorable M.
Delaunay, et il n'est point dans ma pen
sée de lui faire aucun tort. Je le laisse
pour ce qu'il est, et ne veux point m'en
occuper. Permettez-moi seulement de vous
dire que vous ne lui donnez point' ce que
je vous demande, et que vous ne recevez
pas de lui ce que je vous offre. Nos do
maines à tous deux sont bien nettement
séparés. • •
Edmée, fermement résolue à maintenir là
position jusqu'au bout, déclara qu'elle
n'entendait , rien à toutes ces subtilités, et
qu'elle ne les admettrait jamais. Cepen
dant le baron lui parlait avec tant d'assu
rance, ét prenait vis-à-vis d'elle un tel air
d'autorité qu'elle ne se défendait pas d'un
certain trouble ; elle était forcée de s'a
vouer à elle-même qué tout ce que lui di
sait Philippe était vrai... Mais elle ajou
tait aussitôt que tout cela ne devait pas
être dit par lui, ni écouté par elle : elle lui
savait mauvais gré de l'avoir ainsi entraî
née dans cette conversation périlleuse qu'il
eût été plus généreux à lui d'éviter. Mais
les hommes sont-ils jamais généreux quand
Ils se trouvent sous l'empire de leurs pas
sions? , •
La pauvre créature se sentit bientôt
vaincue par l'évidence accablante des rai
sons que Philippe accumulait sur elle avec
une cruauté égoïste. Au bout d'un instant,
comme si, en les lui présentant toutes à la
fois, il eût rendu plus visibles et pîùs pal
pables ses griefs contre le mariage et con
tre la vie, elle courba la tète pour ne pas
lui laisser voir une émotion que son pre
mier devoir, en de telles circonstances,
était de lui cacher. Mais une larme qu'elle
ne put retenir brilla un instant entre ses
cils, roula lentement sur sa joue et tomba
sur sa main.
— A moi du moins tes pleurs ! s'écria
Philippe, qui se crut assez fort en ce mo-'
ment pour lui rappeler d'un mot le mo
ment passionné qui avait failli les séparer
à jamais, et le sonnet amoureux qu'il avait
improvisé pour elle à la porte de sa cham
bre fermée.
— Jamais ! jamais ! dit Edmée, en se re
culant vivement.
. — Je vous fais horreur ! répliqua Saint-
Wandrille avec une hypocrite humilité.
— Non, mais vous me faites de la peine,
et.ee doit être assez pour vous !
— Comment peut-on faire de la peine en
aimant ?
— Vous ne m'aimez pas ! répondit Ed
mée avec beaucoup de fermeté. N'aime
paâ qui veut ! et, laissez-moi vous le dire :
Si ce que vous éprouvez pour moi vous
semble en effet de l'amour, c'est que vous
avez* 1 de l'amour une idée bien vaine.
Ecoutez-moi, Monsieur de Saint-Wan-
drille; vous êtes venu ici, l'âme toute
pleine d'une autre, portant son deuil sur
le visage aussi bien que dans le cœur ; je
ne m'y suis pas trompée; il y a des choses
sur lesquelles une femme ne se trompe
point Et tout-à-coup, parce que vous
avez senti le besoin de vous consoler oy
de vous étourdir, et que, dans ce moment-
là, je vous aurai, par hasard, moins déplu
qu'une.autre, vous prétendez m'aimër! Al
lez ! dans quelques jours, et plus tôt enco
re, peut-être, quand vous serez revenu à
vous, non-seulement vous conviendrez que
j'ai eu raison, mais vous me saurez grêde
n'avoir pas eu tort, et vous me remercie
rez de ne vous avoir pas cru.
Tout cela fut dit avec une netteté et
une fermeté que Philippe ne soupçonnait
pas chez Edmée. Les . femmes nous font
parfois de ces surprises.
Mais l'étonnement chez lui ne dura pas
longtemps, et il fit bientôt place à cette
•A30NKSMENSIDES DÉPARTEJMENS
SAMEDI 8 AOUT 18.65,
tr0is 4 m01s..-.'.7.-.- 46 fb;
six.mois..32 fr;
on ajn...7....v.-.ï 64 fr,
fous LES PATS^ËTBANGEBS, VOlT le tableSQ
publié les 5 et 20 de^chaqucmois.
Imp. t. boniface, r. des Bons-Enfans, 19.
Le mode d'abonnement le plus simple est l'envoi d'un bon de poste ou d'un effet
sur Paris, à l'ordre de l'administrateur du journal, rue de Valois, n° 10.'
rmrr
j H M.
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
trois mois .v.v.".".ï 13 fr."
six mois 26 fr;
un an.. .........r; 52 fr,
un numéro 20 centimes,'
Lu lettres ou envois d'argent nos affranchis sont refusés.
Les articles déposé? ne sont pas rendus.
■ Les abonnemens datent des 1" et 16
de chaque mois.
Les Annonces sont reçues chez M. Panis , rue Notre-Dame-des-Victg£
(Place de la Bourse).
PARIS, ? AOUT.
La télégraphie privée nous apporte l'a
nalyse très développée de la nouvelle dé
pêche du gouvernement russe au gouver
nement français, dont nous avons parlé
•Mer. ' •
On verra, à la lecture de ce document,
.que nos informations étaient sûres, et
combien le jugement que nous avons por
té dès hier était fondé. -
La presse anglaise, en présence ou mal
gré les bruits d'un changement de dispo
sitions de la part de la Russie, affirme,
comme nous l'avons affirmé nous-mêmes,
que les trois puissances continuent à agir
d'accord. Yoici en quels termes s'exprime
le Globe sur la nouvelle démarche diplo
matique des cabinets de Londres, de Paris
et de Vienne : ,
.« Les journaux disposés à être agréables
Uu gouvernement russe prétendent' que
l'esprit de conciliation règne à Saint-Pé
tersbourg et que le prince Gortchakoiî est
disposé à examiner les six points de la fa
çon la plus amicale. Quoi qu'il en soit de
ces assertions, il n'y à pas de raisons pour,
supposer que les trois puissances soient ani
mées d'un autre esprit que celui que l'on
prête à la Russie. Les trois puissances agis
sent de concert suivent la marche diplomati
que la plus appropriée à la gravité du sujet
de manière à blesser le moins possible les
sentimensetlafierté delà Russie. L'intérêt
qu'a l'Europe à l'arrangement du différend
est admis par le gouvernement russe qui
g, fini par confesser que les parties au trai
té de Vienne ont pu droit d'intervention.
Agissant dans un esprit de conciliation et
défendant fermement les intérêts de l'Eu r
rope au nom desquels elles agissent,
les trois puissances ne - failliront pas"
à' faire ce que leur haute position lëur
commande. Jusqu'à ce moment, il n'y a
eu de changement ni dans la forme ni
dans la substance de la politique que les
.puissances ont jugé juste-de suivre.Il a été
proposé cependant, ainsi que quelquesruns
de nos confrères étrangers l'ont fait remar
quer, de changer la forme; mais cette pro
position n'a pas eu l'approbation du gou
vernement anglais. Dès le commencement
les négociations ont été séparées, les notes
ont été séparées; lapolitiquea été la même.
Adopter une note identiquè au lieu de no
tes séparées, c'eût été, sans raison valable,
changermatériellementialigned'action.On
ne se départira pas de la voie suivie depuis
le commencement, et de la sorte seront
évités les embarras qui auraient pu résul-
■ tsr d'une action collective. »
Parlant ensuite de la dépêche du prince
Gortcliakoff au cabinet de Vienne, le Globe
déclare qu'il ne saurait modifier son im
pression première, partagée du reste par
toute l'Europe.
« En considérant que le diplomate russe,
dit le Globe, est un écrivain consommé en
fait de dépêches officielles, nous ne pou
vons pas nous imaginer comment il a pu
s'exprimer en termes qui ont fait la même
impression sur tout le monde..La méprise
a été commune à toute l'Europe, sauf le
cabinet russe. Dans l'opinion de tous, les
termes employés par le prince Gortcliakoff
signifient que les- puissances seules qui,
dans le principe, ont copartagé la Polo
gne, ont le droit d'intervenir dans les
affaires de la Pologne. On devait inférer
de la dépêche du prince que le gou
vernement russe désirait détacher l'Au
triche des autres puissances et faire re
vivre ainsi l'état de choses existant alors
que le cabinet de Vienne et l'empereur de
Russie aient si bien travaillé ensemble.
Mais il paraît que nous avions tous tort,
ou du moins le prince Gortchakoff a écrit
une chose tandis qu'il voulait en écrire
une autre. Il est étonné que l'on puisse
c roire à des secrets desseins de 'la Russie.
Il doit penser alors que les populations
et les hommes d'Etat d'Europe ont lamé-
moire courte. »
Le gouvernement moldo-valaque vient
de faire embarquer, à ses frais, pour la
Turquie, les prisonniers polonais qui
avaient été internés à Kaboul.
L'attitude prise par l'empereur d'Autri
che dans la question de la réforme alle
mande, a causé de l'autre côté du Rhin
une sensation facile à comprendre. Autant
qu'il est permis de juger jusqu'à présent,
l'opinion publique a accueilli avec une
faveur marquée la politique de l'Autu
che, ët à Francfort, c'est-à'dire au centre
de la Confédération, la lettre dé l'empi
reur François-Joseph a été saluée avec un
véritable enthousiasme.
L'empereur viendra à Francfort le 16 de
ce mois, et il y sera accompagné par M.
de Schmerling. S. M. a porté elle-même, a
Gastein, l'invitation au çoi de Prusse. Plu
sieurs journaux de Vienne croient déjà
pouvoir annoncer que le roi Guillaume se
rendra à Francfort. S'il en est ainsi, nul
doute que tous les autres souverains alle
mands, grands et petits, ne paraisse à ce
congrès.: ; .
Quoi sera le caractère 4«-plan de réfor
me dont l'initiative appartient au cabinet
devienne? Les traditions et les intérêts de
l'Autriche le font pressentir. L'Autriche
ne saurait admettre l'unité de l'Allemagne,
telle qu'elle est imaginée et demandée par
les partisans du Nationalverèin. On peut
considérer comme certain que le nouveau
plan, tout en modifiant les rouages com
pliqués du mécanisme actuel, ne chan
gera rieij au principe fédératif .qui est la
base du pacte germanique de 1815. L'Au
triche ne saurait s'écarter de ce principe
sans se heurter aux mêmes obstacles qui
ont entravé, on 1830, les plans unionistes
de la Prusse et sans porter atteinte à son
unité intérieure qui, depuis douze ans, est
le but de tous ses efforts.
C'est dans ce sons aussi que le Boschaf-
ter apprécie l'important acte de la politi
que autrichienne :
« Une réforme fédérale, dit la feuille
viennoise, due à l'initiative de l'empereur
François-Joseph, ne peut être que pleine
de loyauté et d'égards-pour toutes les
parties intéressées. Ce que l'Autriche tend
à réaliser pour la Confédération allemande
doit être la même chose que ce qu'elle pos
sède heureusement pour elle-même dans
sa constitution actuelle. La tâche entre
prise se tiendra sans doute rigoureuse
ment dans les limites d'une réforme inté
rieure du système fédéral, et elle n'inspi
rera pas une ombre d'inquiétude à l'Eu
rope. »
• Hier a été signé, à Turin, le nouveau
traité de commerce entre l!Angleterre et
le royaume d'Italie. , .
Nous avons reproduit, ainsi que plu
sieurs journaux, d'après le Sémaphore, de
Marseille ( dépèches télégraphiques de
nuit), du 5 août, des nouvelles que ce
journal aurait reçues deLa Réunion, en da
te du 7 juillet, annonçant de nouveaux
évènemens accomplis à Madagascar, à la
suite desquels le consul, de France, M- La-
borde, jurait amené son pavillon et se se
rait retiré de la capitale.
Des renseignemens précis, puisés aux
meilleures sources, nous permettent d'af
firmer que les dernières nouvelles de Ma
dagascar, reçues à la Réunion le 6 juillet,
et transmises en France à la date du 7, ne
confirment nullement les assertions du
Sémaphore. Elles présentent, au contraire,
les dispositions de la cour de Tananarive
comme beaucoup plus favorables aux Eu
ropéens. Edouard Simon.
TELEGRAPHIE PRIVEE
Londres, 7 août.
On lit dans le Moming-Post :
« Le roi des Hellènes aura le titre de roi élu.
X ttlACJlllUlXL lUillOXX va UfUU .iuwihw
t. Après ce vote, seulement, les puissances
nt consultées sur la cession des îles Ionien-
II s'entourera prosque exclusivement de Grecs.
Le comte: de Sponnek est le seul Danois qui
doive accompagner S. M. à Athènes. Aucune
armée étrangère n'occupera la Grèce. Le vote
du Parlement ionien va avoir lieu .mainte
nant,
seront <
nesi »
Saint-Pétersbourg, 6 août.
r .o ïmivntil dp Çinint.-Vttfirshmim nubile TlTlft dé
pêche du prince Gortcliakoff au baron de Bud-
Derg. dont 1 objet est de répondre au jugement
de M.Drouyn de Lhuys sur la réponse de la
Russie. Le prince dit :
1" M. Drouyn de Lhuys semble conclure que
la réponse do la Russie implique une fin de
non-recevoir au sujet des six points sous
r apparence ✓-d une adhésion. Cette réponse
démontre que lapiupartdes mesures.impliquées
dans les six points étaient octroyees, mais que,
loin do pacifier le royaume ? eues étaient le
point de départ de l insurrection. Le6 agitateurs
s étant servis des réformes 'pour soulever h
pavs. et ayant conçu, lespoir- d une indépen
dance complété à l aide d une intervention
étrangère, ne pouvaient pas se montrer satis
faits des institutions libérales dont lo gouver
nement posait les bases.
Si le gouvernement russe ne répudiait pas
la mauvaise fol et les voies détournées, il au
rait peut-être montré de " l'habileté en accep
tant catégoriquement les six points. Mais nous
avons voulu dire loyalement notre pensée : les
six points ne peuvent recevoir de solution pra
tique qu'après le "rétablissement de l'ordre.
2° M. Drouyn do Lhùys voit une accusation
contre le gouvernement français dans l'asser
tion d'une coasfùraLioB^pprmanente &ur le tor^.
ritoire étranger. Une'iptehtion semblable ne
pouvait pas entrer dans notre pensée. Nous
sommes persuadés que le gouvernement fran
çais a vu ces menées avec regret ; mais il reste
vrai qu'elles existent malgré lui et que Paris
est un des foyers principaux; elles alimentent
l'agitation morale dans le royaume et lui four
nissent des ressources matérielles.
La dépêche démontre longuement que le
mouvement est le fait d'une minorité turbu
lente. Elle constate que la Russie possède la
Pologne depuis un demi-siècle seulement ; elle
rappelle les mesures adoptées qui s'écartaient
peu des bases recommandées par les trois cours
et démontre l'influence extérieure. ■
Les meneurs, dit le prince Gortcliakoff, n'ont
pas pris les armes pour des institutions libé
rales; ils ont hautement déclaré que leur but
exclusif était la reconstitution'de la Pologne
avec les limites de 1772 et ils ont présenté l'in
tervention étrangère comme le couronnement
certain de l'entreprise. Le langage de la presse
occidentale n'a pas diminué ces entourage-
mens. Voilà pourquoi nous avons constaté que
la conviction d'une assistance étrangère était
la principale cause de la persistance de l'insur
rection. ;
3° Nous maintenons nos observations relati-
ment à la suspension des hostilités. Il faut que
les rebelles déposent les armes ou que le gou
vernement abdique toute autorité. Il est im
possible de comprendre autrement la question
de dignité et d'ordre public.
4° La proposition d'une conférence préalable
entre les trois cours nous était suggérée par
Jes principes du traité de 18!o qui estla base,
de l'action diplomatique. L'opinion expri
mée -par M. Drouyn de Lhuys confirme
notre conviction que cette question con
duit à des difficultés parce qu'elle a été mal
posée et que les débats ont engagé la dignité
des cabinets. Notre proposition était inspirée
par lin désir de conciliation. Nous regrettons
le jugement de M. Drouyn de Lliuys. Nous
sommes aussi péniblement surpris dé son im
pression sur. le sens général de notre dépêche ;
il n'y a ni ironie ni provocation. Mais le sen
timent de notre dignité. blessée a pu se ma
nifester d'ans l'expression de notre pensée. En
présence des outrages prodigués , il nous
était impossible de méconnaître la force et
l'énergie du sentiment national, le gouverne
ment s'efi'orce de calmer, d'éclairer, de conte
nir l'explosion de l'esprit public profon
dément blessé. Le devoir des gouverne-
mens, la tâche de la diplomatie est d'écarter
de la conduite des alfaires les entraînemens
passionnés qui compliquent les situations et
pourraient être un danger pour la paix. Nous
avons la conscience de n'avoir rien négligé
pour l'œuvre de la conciliation, pour arriver
a une entente conforme aux relations qui nous
unissent depuis longtemps, au gouvernement
de Napoléon. Mais nous aimons à compter de
sa part sur les mêmes dispositions. Notre tâ
che serait difficile si la France méconnaissait
les difficultés que nous imposent les sentimens
nationaux qui se rattachent aux traditions et
aux intérêts vitaux du pays..
Vienne, 7 août.
Le Botscliafter dit qu'il y tout lieu de suppo
ser que le roi de Prusse paraîtra au congrès
des souverains allemands à Francfort.
La Presse annonce que l'empereur d'Autriche
sera accompagné à Francfort par M. de Schmer
ling. Elle ajoute que si le roi de Prusse n'a pas
encore définitivement promis de prendre part
au congrès, il a encore moins refusé de s'y
rendre.
Bucharest, 5 août.
A la sollicitation du gouverneur de Widdin,
le prince Alexandre a autorisé .le passage par
le territoire roumain, de "Voucclierova à Jou-
.ravoya, trajet d'une heure, de deux bataillons
"turcs, revenant do Bosnie à Constantinople.- < -
Ces troupes se trouvaient dans l'impossibilité
de continuer leur marche, par suite de la
grande baisse du Danube aux Portes-de-Fer.
Bucharest, S août.
Les prisonniers polonais, internés à Kahoul,
ont été embarqués pour la Turquie aux frais
du gouvernement moldo-valaque.
Trieste, 6 août.
Les lettres d'Athènes en date du 1 er août por
tent que les séances de l'assemblée nationale
ont été suspendues à cause de l'absence.de bon
nombre de députés, . .,
L'ambassadeur de Danemarck a. été reçu
avec enthousiasme au Pirée.
Constantinople, 6 août.
Le bruit d'une modification ministérielle
ayant pour cause des dissentiment survenus
.Mitre Fuad-Pacha et Halil-Pacha est officielle
ment démenti.
< - . ■ Turin, 6 août.
La Stampa annonce que le ministre anglais à
Turin, lord Hudson,: va.recevoir pour succes-
.seur M.Elliot. ;
. Le traité de commerce entre l'Angleterre et
l'Italie a été signé aujourd'hui.
Madrid, 6 août.
M. Permanyer, le futur ministre d'outre
mer, est attendu. •
On assure que la circulaire du ministre de
l'intérieur au sujet des élections est conçue
dans un sens très libéral et conciliant. ■
(Havas-Bullier.)
COURS DE LA BOURSE.
COURS DB ÇLOTOBB. le 6 le 7 HAUSSE. B.USSB.
3 0/0aucompt. 67.75 67.45 » » » 3b
—Fin du mois. 67.73 67.33 » » » 40
41/2 au cornpt. 96.50 96.40 » » » 10
—Fin du mois. 96 50 ». » » » » »
Le Moming-Post nous transmet des dé
tails intéressans sur les dispositions qui
seront prises au moment où le roi Geor
ges I er viendra s'asseoir sur le trône hellé
nique.
Le nouveau roi portera le titre de roi
élu. Le cabinet de Copenhague, éclairé par
l'expérience, évite la faute que commit au-
"trefois la cour de Munich et dont les con
séquences furent si fatales à la jeune royau
té d'Othon.
Ce prince, mal conseillé et mal dirigé,
se présenta, en 1832, à ses nouveaux su-
■ jets avec une armée bavaroise, une régen
ce bavaroise, une cour bavaroise. Ce spec
tacle, cette intrusion d'un régime si peu
national, blessa profondément la Grecé.
Les hommes importahs du pays, se
voyant, pour prix des services rendus à
la cause de l'indépendance,'pour prix de
-leur sang versé et de leur fortune sacrifiée,
dépossédés par des étrangers de toute in-
.fiuenca.et de toute participation aux affai
res , eurent recours à une Opposition
violente pour revendiquer .leurs droits et
rentrer en possession de ce qu'ils re
gardaient comme leur bien. Ils communi
quèrent leur mécontentement et leur dé
pit à la population. De là d'incessantes in
surrections;: de là enfin le : mouvement na
tional du 3 septembre.
Georges I e1 inaugure son règne sous de
meilleurs auspices. Il se confie à'son peu
ple; la Grèce sera moins son royaume que
sa patrie. Roi de Grèce, il se fera dès le
premier jour Grec lui-même. 11 choisira
ses ministres parmi ses nouveaux sujets,
et il n'aura d'autre garde que l'armée na
tionale.
P. de T r OIMONTS .
On écrit de Yeddo, le 27 mai :
" Le fonctionnaire japonais qui avait été por
ter au taïcoun, en ce moment à Kioto, les pro
positions des représentais de la France et de
l'Angleterre tendant à lui offrir leur appui
contre les daïmios récalcitrans, est revenu à
Yeddo. Comme on pouvait le prévoir, ces pro
positions ont été déclinées. L'envoyé du gou
vernement japonais a toutefois déclaré que le
taïcoun avait été très sensible à,la démarche
amicale des puissances. 11 a ajouté que le taï
coun reviendrait prochainement dans sa capi
tale (Yeddo) pour y régler les affaires pendan
tes, en se conformant à une politique toute fa
vorable à l'extension des relations commercia
les avec les étrangers. Si ses vues à cet égard
devaient être entravées par quelques daïmios
hostiles,, le taïcoun les combattrait et ferait:
même peut-être appel à l'appui des puissan
ces; mais une telle détermination ne pourrait
"être prise que lorsqu'on connaîtrait exacte
ment quels sont les daïmios récalcitrans. En
outre, en pareil cas, ce ne serait pas au Japon,
mais par l'envoi d'une nouvelle ambassade en
Europe qu'on pourrait résoudre cette impor
tante question.
En ce qui concerne les questions posées par
le gouvernement britannique à l'occasion ,de
l'attentat du 14 septembre et du meurtre des
deux sentinelles de la légation anglaise; l'en
voyé du gozogio a déclaré que le gouverne
ment du taïcoun était d'avis qu'il fallait satis
faire aux demandes d'indemnité, mais qu'en
présence de l'opposition que cette manière de
voir avait rencontrée de plusieurs côtés, il était
opportun d'attendre jusqu'au retour du taï
coun, c'est-à-dire pendant environ cinquante
jours, pour régler définitivement cette ques
tion. Il a ajouté cependant qu'il avait les pou
voirs nécessaires pour consentir au paiement
d'un à-compte sur la plus grande partie de ces
indemnités. ;
_Si la réponse du gouvernement japonais
n'est pas tout' à fait conforme aux termes dans
lesquels l'ultimatum anglais avait été posé,
l'admission du principe du paiement d'une in
demnité n'en est pas moins un résultat im
portant, et c'est un grand pas de fait vers la
solution des difficultés qui paralysent depuis
quelque temps les relations des étrangers avec
le Japon. ~ : • •
Il est donc vraisemblable aujourd'hui que
les. hostilités n'éclateront pas, car on ne sau
rait douter de la ponctualité des autorités ja
ponaises, à remplir l'çngagement que leur
mandataire vient de prendre solennellement.
■ La présence des amiraux français et anglais
et leur attitude.énergique au milieu des ten
tatives d'intimidation qui se sont produites
sur tous les points du pays, à puissamment
contribué à amener les résultats obtenus. Ce
qu'il y a de certain, c'est qu'elle a mis à l'abri
de tout danger les personnes et les intérêts de
la colonie étrangère. {Moniteur.)
On nous écrit de Shanghaï, à la date du
5 juin 1863 :
« La situation est de plus en plus tendue au
Japon. Un Certain nombre de résidons, de Yoko
hama et de Nagasaki se sont déjà réfugiés à
Shanghaï ; ceux qui restent, se barricadant dans
leurs maisons, ont organisé une garde pour
leur sûreté, et les çompag-nies de débarque
ment de bàtimens de guerre anglais et français
sont employées à la défense des légations des
deux pays.
» Jusqu'à présent la question était restée pu
rement anglaise; aujourd'hui elle est devenue
à peu près européenne; ce sont les étrangers en
général que les Japonais veulent mettre hors de
leurs îles : leur grand argument est qu'ils n'ont
aucunement besoin de nous, et le fait est que
leur civilisation est autrement curieuse que
Celle des Chinois dont on parle tant. Si par
malheur la guerre éclatait, les puissances euro
péennes auraient fort à faire avec ce peuple
éminemment intelligent et guerrier.
» Les nouvelles aujourd'hui sont un peu
plus rassurantes. Le bruit s'était répandu
hier que tous nosbàtimens de' guerre do la
station, c'est-à-dire le Monge] commandant de
Marelles, le Tancrêclà, le Dupleix, commandant
Massot, quittaient Shanghaï et emportaient au
Japon 300 hommes du 3" bataillon d'Afrique,
ce qui aurait singulièrement dégarni notre
garnison au moment ordinaire des invasions
des taepingsj mais il paraît certain aujourd'hui
que le Monge et le Tancréde partent seuls et
n'emmènent que 75 zéphyrs. On parlait
même de paix au Japon, mais il né s'agirait
tout au plus que d'iin armistice.
»_ A Shanghaï, rien de nouveau.— Les négo-
cians sont partis pour l'intérieur, la saison
des soies va commencer ; les achats sur pla
ce se sont faits d'abord à des prix assez é-
levés à cause da la concurrence produite
par la foule des commissionnaires qui veu
lent remplir les engageinens pris d'avance
et sans tenir compté d'une récolte plus fai
ble encore que celle de l'année précéden
te. Les prix baissent en ce moment. Si , la
situation n'empire pas au Japon, l'équilibre se
rétablira peut-être, cependant, par suite des en
vois qui seront faits de ce côté.
» Les Français continuent à arriver ici; mais,
comme toujours, il en est un certain nombre
qui viennent chercherfortune, c'est-à-dire qu'ils
arrivent sans ressources. Shanghaï est, dans
ces conditions, le dernier endroit où l'on puis
se réaliser les rêves d'avenir qui font quit
ter la patrie. » r. d'olivier.
Les dernières nouvelles reçues de Bue-
nos-Ayres peignent .sous un assez triste,
jour la situation de la république Argen-'
tine. A de sérieux embarras intérieurs sont
venues s'ajouter des complications exté
rieures non moins graves. Lo général Pe-
naloza que, d'après le précédent courrier,
on avait lieu de croire irrévocablement
battu, se trouverait aujourd'hui en état de
reprendre l'offensive, tout au moins de
prolonger sa "résistance. Ce qui paraît
prouvé, c'est qu'il est maître de la ville de
Cordova. Voici par suite de quels incidens
cette place est tombée inopinément dan's
ses mains :
Le 10 juin, un sergent, nommé Luengo,
qui commandait le poste de la prison, ou
vrit la porte aux prisonniers, et s'étant em
paré du dépôt d'armes, il répandit la ter
reur en faisant arrêter i
toyens les plus considéré
neur P'osse et ses ministre
de se cacher, et de la sorte
pouvoir4es'prisonniers. Ils ciioTSTFent en
suite un des coryphées du parti vaincu à
Pavon, et ils envoyèrent des émissaires à"
Penaloza et à Urquiza pour leur demander
des secours. '
Le général Penaloza, battu à la,Rioja,
était poursuivi dans les environs de Cor-
dovâ, où il fuyait, ayant avec lui à peine
soixante-dix hommes ; le hasard voulut •
qu'un courrier qui portait des communi
cations au colonel Alvarez, l'un des chefs
qui le poursuivaient, tombât entre ses
mains, et il apprit ainsi la révolte de Cor
dova; il se rendit aussitôt dans cette ville,
et les révoltés le nommèrent général en
chef. Des forces du gouvernement, au
nombre do plus de trois mille hommes,
marchent de différens points sur Cordova.
A l'extérieur, .le conflit avec la républi
que Orientale de l'Uruguay s'est subite
ment envenimé. Les négociations pendan
tes ont été intérrompues par des violences
et des agressions réciproques. Des deux
parts, dos navires ont-ete captures, et cet
( change de iuproSaiHu a pruduit dans les
deux pays une irritation populaire dont les
! omerntmensneic terontpisin ntressans
quelque peine, si toutetois ils y réussis
sent. ce qui; nous semble douteux au point
où en sont venues les choses. C'est aipsi
qu a Montevideo. une ûuieuie populaire
ou mashorcaaa ayant à sa teto des per
sonnes influentes du parti blanco s est je
tée la. mut uilfiu lduio sul ugw tin,
brisant les vitres, lançant des pierres, lacé
rant les armes de la confédération et profé-
rcintdt on domoitcontielug uurdMitre,
président de la république Argentine, et
contre les Portenos. On dit que le gouver
nement oriental, mû du désir d'empêcher
le conflit actuel de tourner en guerre ou
verte, a sollicité les bons officos du Brésil.
■■lï. VIERNE.
NOUVELLES DE POLOGNE.
La Gazette de Breslau du 4 août donne les
■détails suivans sur l'organisation de l'insur
rection polonaise :
« Le gouvernement national est un sphinx
dont bien des gens cherchent le mot sans
pouvoir jamais y parvenir ; aussi depuis
le commencement de l'insurrection a-t-on fait
une foule d'hypothèses sur son origine, son
organisation et ses pouvoirs, toutes plus ou
moins vraisemblables. Or, comme ce gouver
nement est réellement le mobile le plus puis
sant de l'insurrectiou, comme c'est le centre au
tour duquel tournent lestasses, toutessoumises
comme un seul homme aux volontés suprêmes
du comité , il nous semble d'une grande utilité
et du plus haut int'érêt d'étudier cette organi
sation occulte, mais puissante, qui maintient
l'ordre et parvient à l'aire respecter ses édite,
au sein même du gouvSrnement ennemi..
Voici doncles donnéespriiicipaleset certaines
que nous avons pu recueillir : le gouvernement
national se réserve la nomination d'un chef
suprême pour chaque province. Ce chef sii-
prême nomme les différens chefs chargés de
conduire les détachemens insurgés au combat.
Chacun de ces chefs prend un nom de guerre et
n'a de rapports a rendre qu a son chef suprême
qui les transmet a son tour au gouvernement na
tional. Les chers des detacnemens ont le droit
de nommer leurs neutenans et leurs ■officiers et
ces nominations sont toujours ratifiées par le
gouvernement national auquel elles-sont sou
mises par l entremise du eiiei suprême de
chaque province.
Les détachemens ou compagnies se recru
tent dans les cercles de 80,000 habitans envi
ron et doivent compter 100 à 120 liommes au
moins. Chaque compagnie d'Infanterie a dix
ou douze chevaux à son service, et un dé
tachement 'de 0 à 20 tirailleurs est tou
jours mis à la disposition de chaque compagnie
de cavalerie. La mise des insurgés est des plus
simples. Les armes sont leur uniquo luxe et les
carabines tendent à remplacer de plus en plus
"les faux et-les haches ; cependant un détache
ment de faucheurs fait toujours partie de cha
que cpriipagnie. Si un dispersement est inévi
table les armes sont soigneusement cachées et
on les retrouve presque toujours au lieu du ral
liement. Les chefs sont responsables des abus
dont leurs troupes se rendraient coupables : ils
correspondent avec le chef suprême de la
province et relèvent en tout de lui. Les chefs
des détachemens ne peuvent rien exiger desha-
bitans, dç leur propre chef : les vivres et les
munitionsleursont délivrés par les communes
qui- leur so'ut désignées dans les instructions du
chef suprême : il paient tout le reste comp
tant ou en délivrant aux habitans des quit
tances du. gouvernement national, que ceux-ci
peuvent faire valoir lors du paiement de l'im
pôt. Ceux seulement des chefs qui sont pourvus
de blanquets- du gouvernement national peu
vent délivrer de pareilles quittances. Chaque lo-
Feuilleton du Constitutionnel, 8 août.
EN PROVINCE
VII.
(Suite.) ^
Tout à coup, lorsqu'elle en vint à ces
paroles où respire une passion à la fois
si profonde et si sereine :
Puisque j'ai vu pleurer, puisque j'ai vu sourire,
Ta bouche sur ma bouche, et tes yeux sur mes
(yeux...
Je puis maintenant dire aux rapides années :
Tassez, passez toujours, je n'ai plus à vieillir;
' Allez vous-en avec vos fleurs toutes fanées
J'ai dans l'àme une fleur que nul n'a pu cueillir.
Mon il me a plus de feu que vous n'avez do cendre
Mon cujur a plus d'amour que vous n'avez d'oubli!
Saint -Wandrille se leva brusquement et
prit la main de la jeune femme, en lui di
sant : Assez! chère Edmée, assez! Je vous
en confhre f ne chantez plus jamais ceci
devant moi !
Edmée s'arrêta tout interdite, et regar
da Philippe, sans lui dire une parole. Elle
craignait de l'interroger, et d'irriter encore
les douloureux souvenirs que, sans le vou
loir, elle venait dé réveiller en lui. Il mar
chait à pas lents d'ans le salon. Bientôt il
revint près d'elle, et après avoir un mo
ment contemplé- son visage, qui n'expri
mait que la sympathie la plus affectueuse
et la plus dévouée :
— Vous êtes bonne, vous, dit-il en pre
nant sa main.
— Je ne sais pas, répondit-elle avec une
candeur d'enfant; mais, vrai,,je tâche de
l'être. * .
— Et avec vous, vouloir c'est pouvoir!
Qu'il serait doux, Edmée, de vous consa
crer sa vie !
— Vous avez bien mieux, à faire de la
vôtre.
—Ne parlez pas ainsi, car mon plus grand
chagrin c'est qu'elle soit si indigne de vous
être offerte. Entourer de soins, de respects,
d'hommages, d'affection la plus adorable
créature qui soit au monde, n'est-ce pas
là vraiment le plus grand bonheur quel'on
puisse souhaiter?
Lés mains de Mme Delaunay eurent un
léger tremblement, et elle; laissa tomber
sur ses genoux la broderie qu'elle venait
de reprendre :
— Monsieur de Saint-Wandrille, dit-elle
enfin au bout d'un instant, les yeux tou
jours baissés, mais cependant d'une voix
très' ferme et très nette, vous savez,
je l'espère, que je suis une femme fran
che et loyale; je ne me pose point en
puritaine farouche, et j'écoute volontiers
tout ce que je puis entendre; mais si vous
avez la même sincérité que moi, vous con
viendrez bientôt que vous ne devez point
me parler ainsi: que voulez-vous que je
fasse de -votre vie ? Vous savez bien que je
n'ai pas le droit de l'accepter !
— Vous avez raison, j'arrive trop tard !
murmura Philippe avec une tristesse poi
gnante; quand déjà les rudes épreuves,les ex
périences cruelles et les déceptions d'une
existence si longtemps aventureuse ont
largement entamé le faible bien que je
voulais mettre à vos pieds...
— Je crois, répondit Edmée avec un
sourire plein de grâce, que ce qui vous en
reste peut suffire encore au bonheur d'u
ne femme ; mais, vdus ne voulez pas me
comprendre... je suis mariée !
— Ah ! c'est vrai; vous êtes mariée. Je
n'y pensais plus !
Philippe prononça ces mot,à avec une
certaine âpreté; il n'aimait pas les maris :
c'était son caractère; mais je suis lé pre
mier à reconnaître qu'il avait un très-mau
vais caractère.
— Oui, vous êtes mariée, reprit-il au
bout d'un instant; je l'avais oublié... Mais,
Dieu me pardonne! il y a quelqu'un au
monde qui l'oublie encore davantage.
— Eh! qui donc? demanda Mme Delau
nay avec une vivacité singulière.
— Eh bien! votre mari. Où est-il? que
fait-il? Pourquoi ne l'ai-je jamais vu à vos
côtés? Pourquoi n'est-il point ici à. vous
défendre contre moi? Ah ! si vous étiez ma
femme, Edmée, je n'aurais pas le triste
courage de m'éloignçr de vous.
— Il est toujours facile d'accuser... sur
tout un mari, et de lui donner des torts,
alors même qu'il n'en a point. Un mari
n'est pas un amant, et il ne peut s'astrein
dre à faire à sa femme une cour assidue :
il est chargé, lui, de l'avenir de sa maison,
de la fortune ét des affaires du ménage; où
vous ne voyez que des plaisirs, il aperçoit
des devoirs. Mais il serait vraiment trop
malheureux, et nous trop ingrates, si nous
devenions les complices de vos injustices
en les écoutant.
Tout cela fut dit d'un seul trait, sans re
prendre haleine, comme une leçon qu'on
aurait apprise, ou, du moins, comme une
tirade préparée d'avance. Ce n'est point là
le fait de l'éloquence véritable. Aussi, Phi
lippe ne se montra guère convaincu.
—Je vous sais trop d'esprit, dit-il, pour
croire que vous puissiez me dire sérieuse
ment de telles banalités, et trop de tact
pour vous persuader qu'un homme com
me moi peut s'y laisser prendre. D'ail
leurs, je n'attaque en rien l'honorable M.
Delaunay, et il n'est point dans ma pen
sée de lui faire aucun tort. Je le laisse
pour ce qu'il est, et ne veux point m'en
occuper. Permettez-moi seulement de vous
dire que vous ne lui donnez point' ce que
je vous demande, et que vous ne recevez
pas de lui ce que je vous offre. Nos do
maines à tous deux sont bien nettement
séparés. • •
Edmée, fermement résolue à maintenir là
position jusqu'au bout, déclara qu'elle
n'entendait , rien à toutes ces subtilités, et
qu'elle ne les admettrait jamais. Cepen
dant le baron lui parlait avec tant d'assu
rance, ét prenait vis-à-vis d'elle un tel air
d'autorité qu'elle ne se défendait pas d'un
certain trouble ; elle était forcée de s'a
vouer à elle-même qué tout ce que lui di
sait Philippe était vrai... Mais elle ajou
tait aussitôt que tout cela ne devait pas
être dit par lui, ni écouté par elle : elle lui
savait mauvais gré de l'avoir ainsi entraî
née dans cette conversation périlleuse qu'il
eût été plus généreux à lui d'éviter. Mais
les hommes sont-ils jamais généreux quand
Ils se trouvent sous l'empire de leurs pas
sions? , •
La pauvre créature se sentit bientôt
vaincue par l'évidence accablante des rai
sons que Philippe accumulait sur elle avec
une cruauté égoïste. Au bout d'un instant,
comme si, en les lui présentant toutes à la
fois, il eût rendu plus visibles et pîùs pal
pables ses griefs contre le mariage et con
tre la vie, elle courba la tète pour ne pas
lui laisser voir une émotion que son pre
mier devoir, en de telles circonstances,
était de lui cacher. Mais une larme qu'elle
ne put retenir brilla un instant entre ses
cils, roula lentement sur sa joue et tomba
sur sa main.
— A moi du moins tes pleurs ! s'écria
Philippe, qui se crut assez fort en ce mo-'
ment pour lui rappeler d'un mot le mo
ment passionné qui avait failli les séparer
à jamais, et le sonnet amoureux qu'il avait
improvisé pour elle à la porte de sa cham
bre fermée.
— Jamais ! jamais ! dit Edmée, en se re
culant vivement.
. — Je vous fais horreur ! répliqua Saint-
Wandrille avec une hypocrite humilité.
— Non, mais vous me faites de la peine,
et.ee doit être assez pour vous !
— Comment peut-on faire de la peine en
aimant ?
— Vous ne m'aimez pas ! répondit Ed
mée avec beaucoup de fermeté. N'aime
paâ qui veut ! et, laissez-moi vous le dire :
Si ce que vous éprouvez pour moi vous
semble en effet de l'amour, c'est que vous
avez* 1 de l'amour une idée bien vaine.
Ecoutez-moi, Monsieur de Saint-Wan-
drille; vous êtes venu ici, l'âme toute
pleine d'une autre, portant son deuil sur
le visage aussi bien que dans le cœur ; je
ne m'y suis pas trompée; il y a des choses
sur lesquelles une femme ne se trompe
point Et tout-à-coup, parce que vous
avez senti le besoin de vous consoler oy
de vous étourdir, et que, dans ce moment-
là, je vous aurai, par hasard, moins déplu
qu'une.autre, vous prétendez m'aimër! Al
lez ! dans quelques jours, et plus tôt enco
re, peut-être, quand vous serez revenu à
vous, non-seulement vous conviendrez que
j'ai eu raison, mais vous me saurez grêde
n'avoir pas eu tort, et vous me remercie
rez de ne vous avoir pas cru.
Tout cela fut dit avec une netteté et
une fermeté que Philippe ne soupçonnait
pas chez Edmée. Les . femmes nous font
parfois de ces surprises.
Mais l'étonnement chez lui ne dura pas
longtemps, et il fit bientôt place à cette
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