Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-08-01
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 août 1863 01 août 1863
Description : 1863/08/01 (Numéro 213). 1863/08/01 (Numéro 213).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
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48* ANNEE.--N.m5«
BUREAUX A PARIS ï ruë»de Valois (Palais^Royal);
SAMEDI 1" AOUT 1865.
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» DES DÉPARTEMENS
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f >QPB ira pats étkaksebs , Tolr le tableau
publié, les 5 et 20 deficliaque mois.
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i, Ce paiement est indépendant de celui du
dividende de 1862 , coupon n° 30 , dont le
chiffre sera fixé par la prochaine assemblée
générale; d'ici là ? MM. les actionnaires
recevront à domicile un compte-rendu de
la situation de la Société,
PARIS', 51 JUILLET.
Nos affaires au Mexique sont dans l'état
le plus satisfaisant, comme l'attestent le
rapport du général Forey daté de Mexico
14 juin, et celui du colonel Jeqpningros,
commandant supérieur de Verà-Cruz , en
date du 30 du même mois. A ces docu-
mens, que nous reproduisons plus loin d'a^
près le Moniteur , nous joignons une corres
pondance particulière publiée par le Times
dont les détails nous paraissent de nature
. à intéresser nas lecteurs. L'œuvre glorieu
se que nous avons entreprise dans l'inté
rêt de l'Europe et de. la civilisation se pour
suit aujourd'hui avec l'appui chaleureux
des populations du Mexique, et tout an- •
nonce que ce riche pays, si_ longtemps en
proie aux divisions intestines, va être ap
pelé à une vie nouvelle.
La Gazette de Vienne se dit autorisée à
déclarer que le projet de note à la Russie
dont la Presse de Vienne a publié une ana
lyse que nous avons fait connaître hier,
n'a pas été jusqu'à présent communiqué
au cabinet autrichien par l'ambassadeur
français. AcettedéclarationlaPmse oppose
un démenti formel et prétend qu'il n'existe
pas seulement un projet français de note
identique, mais encore un projet autri
chien et un projet anglais et que ces trois
documens sont entre les mains de MM. de
Rechberg, Drouyn de Lhuys et ltussell. Le
fait en lui-même ne nous paraît pas très
important : ce qui nous touche, c'est qiie
les puissances se mettent d'alccord sur la
rédaction définitive et, 1 cet égard, le
moindre doute n'est pas permis.
. Dans la situation de plus en plus difficile
que lui crée l'entente des trois puissances,
la Russie â songé, assure-t-on, à se rap
procher plus étroitement de la Prusse.
D'après une correspondance de Berlin, pu-
~ bl'.ée par la Presse de Vienne, le cabinet
(Jé .Saint-Pétersbourg aurait expédié au ca
binet prussien une note pour lui rappeler
d'une manière amicale, mais pressante,
les stipulations de la convention du 8 fé
vrier dernier.
■ Gettenote devrait être considérée comme
un post-scriptum de la réponse de la Rus
sie aux trois puissances. On prétend qu'à
la réception de cette note qui aurait fait
une vive impression sur son esprit, le
roi Guillaume aurait envoyé une lettre
autographe à l'empereur Alexandre. La
correspondance dont nous parlons, ajou
te même un détail que nous ne repro
duisons bien entendu que sous toute ré
serve: elle assure que,peu de temps après,
le roi de Prusse aurait adressé à l'Empe
reur Napoléon une autre lettre autogra
phe. Suivant les bruits accrédités dans les
cercles politiques de Berlin, ces deux let
tres auraient trait à l'offre d'une média
tion delà pïirt de la Prusse. , *:
Ces bruits, il faut bien le dire, coïnci
dent avec les conseils contenus dans un
article du Baily-News, journal qui passe
pour recevoir les inspirations du comte
Russell. Le Daily-Neim annonce que la
Prassese serait décidée à faire des remon
trances à la Russie, et à proposer une con
férence à laquelle les puissances occiden
tales prendraient part. Tel serait l'objet
des deux lettres de Guillaume I er . La Prusse
insisterait auprès du cabinet russe pour lui
faire accepter cette proposition qui lui se
rait renouvelée sous une autre forme, et,
forte de cette adhésion, elle agirait auprès
des puissances comme médiatrice, relati
vement aux bases de la conférence.
Ce qui pourrait donner une certaine con
sistance à ces bruits c'est le changement
de langage de 3a Gazette de la Croix depuis
quelques jours. On a beaucoup remarqué
à Berlin les articles où, après avoir déclaré
que la Russie seule n'est pas une alliée assez
sûre pour la Prusse, elle recommandait au
gouvernement de se rapprocher de l'Au
triche et de l'Angleterre. On a vu dans ce
conseil l'indice d'un revirement de politi
que de la part de M. de Bismark.
Pour compléter toutes les interpréta
tions auxquelles ces faits vrais ou faux ont
donné lieu, ajoutons que, selon la Presse
de Vienne, les offres de la Prusse, au point
où en sont v#nues les choses, auraient
été jugées tardives. Le journal anglais, le
Globe, ne va pas aussi loin admettant
comme fondé le bruit d'après lequel
la Prusse aurait pressé le czar d'accepter
les six points, il ajoute : « Il serait bon que
la Russie examinât si les voix des trois puis
sances ne seront pas renforcées d'une qua
trième. En réfléchissant à sa véritable si
tuation,legouvernementprussien doit com
prendre qu'il n'est pas en sûreté. Ilestdel'in-
térêt de la Russie, de l'intérêt de la Prusse
surtout que la colère ne*fasse pas tirer un
seul coup de fusil... Si même à la onziè
me heure le gouvernement prussien se re
tire et retire la Prusse de la position faus
se et périlleuse dans laquelle il s'est placé,
les risques de la guerre ont grandement
diminué. »
Les Etats du Centre-Amérique, sauf Cos-
ta-Rica, sont toujours livrés à l'anarchie.
Voici les dernières nouvelles que le Moni
teur publie dans son Bulletin :
« La nouvelle constitution a été procla
mée le 8 mai dernier à Bogota. Le général
Mosquera a accepté la présidence de la ré :
publique pour les dix mois qui vont s'écou
ler jusqu'au 1 er avril prochain , époque à
laquelle il devra remettre le pouvoir entre
les mains de celui qui aura été élu par les
suffrages de la nation.
» Le Guatemala a de nouveau déclaré la
guerre au Salvador. Le général Carrera
s'est mis en campagne à la tête de 5,000
hommes ; de plus, il compte sur l'alliance
du Nicaragua contre le général Barrios,
qui n'a que 2,000 hommes à opposer; en
fin il fait une démonstration militaire du
côté du Honduras afin d'isoler complète
ment le général Barrios. »
Il faut espérer que l'exemple de la régé
nération du Mexique ramènera l'ordre et
la prospérité dans ces petites républiques
hispano-américaines.
JoNCIÊKES.
Feuilleton du Constitutionnel, l"août.
EN PROVINCE
m.
Toujours^ mais surtout dans la jeunes
se, nous sommes sou% l'influence du mi
lieu qui nous entoure. Brusquement chas
sé de Paris par un de ces évenemens dou
loureux dont le contre-coup se fait long
temps sentir dans la vie, — une rupture
violente avec une femme aimée, — Philip
pe devait, qu'il le voulût ou qu'il ne le
■voulût pas, se laisser peu à peu enva
hir par la province. Dans cette atmos
phère égale et tiède , «ans trouble et
sans orage; auprès de copieux vieillard,
dont la vie était limpide comme l'eau des
fontaines, il sentit que ses nerfs se déten
daient; une paix qu'il ne connaissait plus
redescendit dans son âme, et, malgré d'iné
vitables retours vers le passé, la douleur
lui laissait maintenant des trêves plus lon
gues que ses accès. Sans doute la belle
et fatale image n'était point encore ef-
"f&cée de son souvenir; peut-être ne de-
y.aît-fille jamais s'en effacer complètement;
aWi îiîfln souvent elle étrlit pour lui
A" -
jtnmm buuvDni, était pour lui
(SomïM à demi-voilée; il n'avait pas ou
blié ces gpgnds yeux, si sombres et si doux
tour à tour, ftsg yeux noirs et profonds, où
son regard, tant fois, s'était noyé; mais
il échappait du moins à leur obsession
cruelle et incessante. Il les revoyait sou
vent encore ; il ne les revoyait plus tou
TELEGRAPUIE PRIVEE
Londres, 31 juillet.
On lit dans le Times :
a La continuation de l'expédition du Mexi
que, en dehors de l'Espagne et de l'Angleterre,
fut chez l'Empereur une idée hardie. Aujour
d'hui, la France est suffisamment récompen
sée par l'accroissement de gloire et de puis
sance qui en est résulté pour elle. Le succès
couronne les efforts de l'Empereur.
» Que va faire l'Empereur? Va-t-il ré
tablir la république ou fonder un empire
ayant à sa tête l'archiduc Maximilien, ou faire
du Mexique une nouvelle Algérie, ou enfin oc
cuper temporairement Mexico comme Rome ?
11 est probable que ses intentions, à cet égard,
ne sont pas encore arrêtées. Nous ne sommes
pas jaloux des succès de la France. »
Londres, 31 juillet.
Le Baily-News parle de dangers de guerre
pour la Prusse. Cette puissance, conseillée par
son propre intérêt et par son amitié pour la
Russie, s'est décidée à adresser des remontran
ces au cabiret de Saint-Pétersbourg. On assure
qu'elle a proposé une conférence à laquelle pren
draient part les puissances occidentales. Cette
proposition pourrait être renouvelée sous une
forme qui permettrait à la Russie de la pren
dre eii considération. La Prusse pourrait agir
comme médiateur auprès des puissances occi
jours. C'était un symptôme heureux. Il
n'était pas encore guéri, mais on pouvait
déjà prévoir qu'il le serait un jour. Il n'a
vait rien dit a son oncle, et son oncle ne
lui avait rien demandé.
Le chanoine savait que certains cha
grins ont leurs pudeurs et qu'il faut savoir
les respecter, et bien que les mains pures
et délicates du prêtre soient plus habiles
que toutes à sonder et à toucher les plaies
secrètes de nos âmes, il n'avait cependant
essayé encore ni consolation, ni remède.
Il laissait au temps, ce grand médecin, le
soin de poser le premier appareil sur la
blessure et de la cicatriser.Lui ne voulait ve
nir qu'après pour pratiquer une sorte d'ho-
mœopathie morale et guérir de la femme par
la femme, en. faisant succéder aux orageu
ses délices de l'amour coupable les joies
paisibles do l'amourpermis; en substituant
le mariage éternel aux liaisons éphémè
res , en remplaçant la maîtresse par l'é
pouse. Mais comme il ne voulait rien li
vrer au hasard, qui, s'il nous sert parfois,
nous perd plus souvent encore, il atten
dait. « Si je ne réussis pas, se disait-il,
j'aurai du moins tout fait pour réussir. »
Cet onele-là valait un père.
Malgré les erreurs et les dissipations de
sa jeunesse, Philippe, élevé par une«-mère
pieuse, avait gardé un certain sentiment
religieux , — sentiment trop vague sans
doute, et qui n'avait poiift une influence
< pratique sur sa vie, mais qui lui fesait du
moins comprendre toutes les poésies du
catholicisme; il était sensible aux belles
cérémonies, et aux pompes grandioses de
ce culte qui satisfait également et le cœur,
et l'esprit,et les yeux; il ajmait, avec une
naïveté d'enfant, le déploiement despfOr
cessions dans les longues nefs des çathé-
dralesj et les chants de l'orgue^ suaves et
dentales. Les puissances tiendraient grand
compte de ses propositions sachant qu'elles se
raient sanctionnées par la Russie. La Russie
doit maintenant savoir quelles demandes des
puissances constituaient un minimum^
Cracovié, 30 juillet," S lîTclû soir! •
Piontek 'a mis en déroute les Russes près de
SMerniewice, lè 24; les renforts demandés sont
arrivés trop tard.
Chmielinski a combattu avec succès, le 28
contre huit compagnies russes.
La Gazette officielle de Lemberg annonce le pas
sage en Volhynie d'un petit corps de 200 hom
mes sans donner d'autres détails'.
Flensbourg, 30 juillet.
Trois députés seulement, parmi ceux qui
ont remplacé les députés démissionnaires, ont
paru à l'assemblée des Etats. La minorité (da
noise a fait des réserves contre lès conséquen
ces résultant de la démission des députés. Le
commissaire royal a lu une déclaration minis
térielle sur le même sujet. La session a ensuite
été çlose.
Vienne, 31 juillet, 7 h. du matin.
La nouvelle donnée par le Neueste Nachrich-
tsn, sur la proclamation du général prussien
Werder, dans le grand-duché de Posen, fait
grande sensation; car, pour justifier l'établis
sement de l'état de siège, le commandant en
chef invoque les articles 9 et 10 de la fameuse
convention du 8 février,conclue entre la Prus
se et la Russie. „
Vienne, 3) juillet.
L'empereur part demain pour Gastein, où ïl
va rendre visite au roi de Prusse. La Presse dit
que S. M. ne sera accompagnée d'aucun de ses
ministres.
: Turin, 31 juillet, soir.
. L'escadre de l'amiral Provana, composée de
huit frégates et d'un aviso, se réunira à Ca-
gliarij d'où elle ira visiter les ports siciliens et
napolitains. .
La Chambre des députés a adopté le projet
de levée de 55,000 hommes du premier ban et
l'armement des gardes nationales.
Marseille, 31 juillet.
La fausse rumeur de l'insurrection de Nau-
plie est enfin expliquée. Le bataillon dé Leot-
I zacos refusait obstinément de . s'embarquer
pour le Péloponèse. Le ministre de la guerre
le força d'obéir; mais les villes d'Argos et de
Tripolitza refusèrent de recevoir ce corps de
perturbateurs. La réaction de l'esprit public,
en faveur de l'ordre, est générale en province.
Los troupes restées fidèles de Coroneos, ont
été parfaitement accueillies parles populations,
sur leur passage. Le ministre des finances.a dé
claré que le déficit s'élevait à un million et
demi de drachmes (1,330,000 fr. L'Assemblée
nationale a pris des mesures pour en couvrir
une partie.
Rio de Janeiro, 9 juillet.
M. Elliot,«secrétaire de la légation anglaise ,
a reçu ses passeports, mais il n'a pas quitté le
Brésil.
Madrid, 30 juillet.
, Il est inexact qu'il soit question de donner,
lin successeur au général Dulce. ,
La convention postale entre la Suisse et l'Es
pagne a été signée. -
Voici les dépêches que nous recevons ce
soir : .. - -
Hambourg, 31 juillet.
Le journal officiel, l'Invalide russe, reproduit
l'article du Courrier du Dimanche du 19 juillet
sur la question polonaise, et félicite la feuille.-,
hebdomadaire parisienne de son esprit conci
liant et vraiment libéral. ■
Vienne, 31 j uillet.
On lit dans la Correspondance générale :
Nous apprenons que l'empereur doit se ren
dre demain à Gastein pour rendre visite au
roi de Prusse. S. M. sera accompagnée de son
premier adjudant général, le comte de Crèn-
neville, et d'un aide-de-camp. L'empereur sera
de retour à Vienne lundi soir.
(Hav as-Huilier.)
COURS DE LA BOURSE.
le 31 HAUSSE. BAISSB.
67.13 66.90 » »
66.95 60.85 » »
95.80 96. » » 20
97.20 '- » . » » »
COURS DE CLOTUHE. le 30
3 0/0aucompt.
—Fin du mois.
4 l/2aucompt.
—Fin du mois.
» 28
» i 0
» »
S. Exc. le ministre de la guerre a reçu
du général commandant en chef le corps
expéditionnaire du Mexique le rapport sui
vant :
Mexico, 14 juin 1869.
Monsieur le maréchal,
J'ai l'honneur de rendre compte à Votre Ex
cellence des évènemens survenus depuis mon
dernier rapport du 2 juin,
Le 3 juin , une colonne de troupes-alliées
a quitté Puebla pour rejoindre le général Mar
quez.
Le 4, une forte colonne de matériel du génie
et de l'artillerie, avec l'ambulance du grand
quartier général, ainsi que le matériel néces
saire pour établir un hôpital à Mexico, est par
tie de Puebla sous l'escorte d'un bataillon
puissans sous leurs voûtes sonores, et les
vapeurs de l'encens, nuage mystique qui
flotte autour de l'autel.
On se trouvait précisément à l'une des
plus belles époques de l'année religieuse,
à ce mois de mai, que l'on appelle aussi le
mois de Marie , et qu'une pensée touchante;
a consacré avec ses parfums et ses fleurs
à la reine des anges, et à la patronne des
femmes.
Chaque soir, la longue chapelle de la
' Vierge, qui occupe l'abside de la cathé
drale, était remplie d'une nombreuse as
sistance. Rien ne manquait à l'éclat ni au
charme de la fête renouvelée chaque jour:
ni les belles tentures décorant les murail
les, ni les arbustes rares entourant le ta
bernacle d'un bocage sacré, ni les ban
nières des confréries pieuses , suspendues
aux ogives, et laissant flotter sur la tête
des fidèles leurs emblèmes figurées en fi
ches couleurs. Les plus"*jolis lévites du
grand séminaire étaient chargés d'accom
plir les cérémonies, ce dontils s'acquittaient
avec des gestes gracieux et de jolis regards
d'ange. Des jeunes filles, auxquelles se joi
gnaient des femmes enedre jeunes , orga
nisaient des chœurs et chantaient des
hymnes et des cantiques.
De temps en temps, du milieu de ces
chœurs un solo se détachait, pareil à une
broderie éclatante sur une trame plus sim
ple. Sans être d'une puissance exception
nelle, la voix qui les chantait se distinguait
par la fraîcheur et la suavité de son tim
bre, par une sonorité limpide, si j'ose as
socier ces deux mots, par le charme infini
de jl'expression , et surtout par l'accent,
bien vite reconnu , d'une sensibilité pro-
fond,8.
Philippe eût voulu n'entendre qu'elle ;
elle l'attirait invinciblement; Quelquefois",
du 93 e , pour se rendre à Buena Vista.
Ce même jour, à l'occasicfti de. la Fête-Dieu,
j'ai assisté à la messe et à la procession. Tou
tes les troupes présentes à Puebla accompa
gnaient le cortège ou bordaient la haie sur son
ffeeagû, vJiiyaia .pru convenable de donner
Beaucoup d'éclat à cette cérémonie religieuse,
et la bonne tenue de nos troupes a dû pro
duire une grande impression sur cette popu
lation.
Dans l'après-midi, je reçus à Puebla une dé-
putation des notables de Mexico, chargée de
m'annoncer qu'il y avait eiugtn pronuncia-
mento en' faveur de l'InterverWm de la part
'des habitans de la capitale. Cette dépûtation
formait à peu près la contre-partie de celle
des consuls étrangers qui était venue me trou
ver deux jours avant. Je remis aux notables
une note dans laquelle j'invitais les habitans
de Mexico à la modération ; je leur faisais con
naître mon intention formelle de ne pas souf
frir de réaction violente; et je leur demandais,
comme la meilleure preuve de leur sympathie
pour nous, le calme et la confiance dans l'in
tervention française.
Le 5 juin, je suis parti de Puebla avec tous
les services du grand quartier général et une
colonne de troupes de toutes armes. j 'ai cou
ché le même jour à l'hacienda de Santo Do
mingo, et le è au Puente Tezmelucan. Sur la
rive droite du Rio de Tezmelucan, existe une
série de retranchemens assez bien entendus,
qui forment , une espèce de camp et auraient
permis à nos adversaires de faire là une résis
tance prolongée s'ils l'eussent voulu.
Le 7 juin, je campais au Rio Frio, presque à
la crête des montagnes. Plusieurs chevaux ou
mulets moururent-de congestions occasionnes
par la raréfaction de l'air dans cette région
élevée.L'altitude du col est d'environ 3,300mè
tres. ' . ■ " •
Ce même jour,, le général Bazaine est entré
ft Mexico, avec sa division. Il a occupé la ville
et pris toutes les dispositions nécessaires pour
pourvoir à la sécurité ainsi qu'à la défense de
cette cité.
Le 8, j'ai bivouaqué à Buena Vista.
Le 9, joignant à ma colonne le général Douay
et les troupes de sa division réunies à Buena
Vista, je suis allé coucher au Penon, où j'ai
trouvé une nouvelle dépûtation de notables
de la ville qui venait me complimenter.
Parti le 10 de Penon avec toutes les troupes
qui m'y avaient accompagné la veille, je suis
arrivé à la porte de Mexico, à dix heures du
matin. J'y ai trouvé les autorités provisoires et
les principaux habitans, qui m'ont offert les
elês de la ville. Quelques instans après, les
troupes alliées ont fait leur enîrée dans la ca
pitale du Mexique, au son des cloches de tou
tes les églises et au bruit du canon. J'avais
laissé aux forces du général Marquez l'hon
neur de prendre la droite, et l'armée alliée s'est
placée en tête des troupes du corps expédition
naire. Les rues étaient pavoisées et garnies de
tentures, de feuillage et de fleurs. Deux arcs
< do triomphe s'élevaient dans la principale rue,
La population se pressait aux fenêtres, aux
balcons, sur les terrasses etdansles rues. Toutes
les classes delà société semblaiéntrivaliserd'ar-
deur pour témoigner leur sympathie aux trou
pes françaises qui s'avançaient au milieu d'im
menses acclamations et couvertes do couron
nes et de fleurs. Ces démonstrations ont été
plus Yives encore, s'il estpopsible, enapproehant
du premier arc de triomphe, élevépar les soins
(loï- f'rançais de Mexico, et au pied duquel se trou-
vaient réunis tous nos compatrio tes,([iii sont ici
animés des meilleurs sentimens en faveur do
i intervention. -A la porte de la cathédrale, j'ai
été reçu par le cierge. Un Te Deum et le Domine
salvum ont été chantés en grande pompe. Après
la cérémonie religieuse, je suis remonté.à che
val, et les troupes franco-mexicaines ont défilé
devant moi au milieu d'un immense "concours
de population. Quoique depuis longtemps éloi
gnées de France, bien qu'elles aient supporté
les travaux d'un siège de deux mois et accom
pli des marches pénibles, nos troupes avaient
une tenue magnifique et elles ont été très ad
mirées par les Mexicains. Le soir, la ville était
brillamment illuminée, et un feu d'artifice a
été tiré sur la place devant le palais.
Le U juin, les voitures de batterie et de ma
tériel laissées à Buena Vista sont arrivées à
Mexico escortées par le 18° bataillon de chas
seurs à pied.
Ce jour était l'octave de la Fête-Die i et il y
a eu une procession solennelle. De même qu'à
Puebla j'ai cru de mon devoir d'y assister
avec toutes les troupes de la garnison.
Le soir il y a eu au palais un grand banquet
offert par la ville aux armées française et al
liée. Des toasts chaleureux ont été portés au
corps expéditionnaire, à la France, et les noms
de Leurs Majestés l'Empereur et 1 Impératrice
ont été vivement acclamés.
Le 13, la colonne du colonel Mangin et le
convoi qu'elle a ramené de Vera-Cruz arrivent
à Mexico.
Le 1 i, le général Neigre est arrivé à Mexico
avec toutes les troupes restées en arrière. Ou
tre la garnison dePuebla, j'ai fait occuper trois
points de la route entre cette ville et Mexico,
savoir : San Martin. Puente Tezmelucan et Bue-
îia Vista, dans chacun desquels il y a deux
compagnies d'infanterie.
Ayant appris que l'ennemi dirigeait ses for
ces sur Real-del-Monte pour détruire les ma
chines et piller des mines qui produisent une
quantité considérable d'argent, j'envole des
cependant, on eût dit qu'elle réveillait en
lui de tristes échos, car il détournait brus
quement la tête, et cachait son visage con
tre un pilier, comme s'il eût voulu déro
ber à tous les yeux des émotions ou trop
pénibles ou trop vives.
Qui donc chantait ainsi ? il n'avait pas
encore pu le découvrir, et il ne voulait le
demander à personne. Il s'imaginait vo
lontiers qu'entre cette femme et lui il y
avait déjà je ne sais quelle affinité mysté
rieuse, dont il gardait le secret avec un
soin jaloux. Appuyé à la grille de la cha
pelle, il ne manquait jamais le coup-d'œil
de la sortie, et surveillait attentivement le
défilé assez long des chanteuses.Cen'étaient
que des inconnues et des indifférentes qui
passaient ainsi devant lui. Quand ils aper
cevait une tournure élégante, ou une phy
sionomie gracieuse, « Je voudrais que ce
fût elle ! » pensâit-il.
Plus d'une l'avait aussi remarqué , et
comme il venait toujours à l'église sans
aucune espèce de livre, et qu'il ne laissait
peint voir sur son visage le recueillement"
et la béatitude des vrais dévots, il ne man
quait point de gens pour dire que ce n'é
tait pas exclusivement la'Vierge Marie qui
l'attirait tous les soirs au pied de ses aur
tels. r
Dans une petite ville, les moindres cho
ses ont leur importance ; l'oisiveté, de sa
nature, est inquiète, et, pour peu qu'on ne
l'arrête pas, tracassière. La chronique quo
tidiènne ne tarda point à s'occuper de Phi
lippe : elle fit circuler ses rapports. M. du
Genestel était parfaitement posé ; son ne
veu eût été reçu et fêté partout. Mais, jus
qu'ici, Philippe n'était allô nulle part, et
n -3 voyait personne. Cette réserve extrême
piquait" singulièrement la curiosité d 'une
gtiu^prSî^ctùre ennuyée. Lë bar'cJn de Sft&t-
troupes pour sauvegarder cet établissement F
important. Une colonne composée du C2 U , d^u- i
ne section d'artillerie, d'un bataillon du gémi-
ral Marquez et de 400 clievascx. aîlié^ paxiîra
demain dejiexico et ira .occuper Pat.iiuca, qui
en est éloigné de 80 à 84 kilomètres»
Là, le commandant dè la colon nef prwlra
les mesures nécessaires ponr,prolégec l'exploi
tation des mines de Real del Monté, dont l'é
tablissement s'étend depuis Paehuca jusqu'à
Régla. ' - ■ •* ■ - , . ' -
Je m'occupe en ce moment de constituer un
gouvernement provisoire qui, d'après les in
tentions de l'Empereur, doit être composé
d'hommes modérés appartenant à tous les
partis.
Agréez, etc.
Le général de division commandant
en Chef le corps expéditionnaire,
FOREY.
Dans un rapport adressé au maréchal
ministre de la guerre et daté du 30 juin,
le colonel Jeanningros, commandant su
périeur de la Yera-Cruz et des Terres-Chau
des, rend compte' de la situation de son
commandement depuis l'occupation de
Mexico par l'armée française.
L'accueil enthousiaste fait au général en chef
et à nos troupes, la nomination d'une junte,
l 'élection d'un gouvernement, provisoire, tous
ces évènemens se sont succédé avec une telle
rapidité qu'ils ont réduit au silence les rares
partisans du gouvernement de Juarez à la Ve
ra-Cruz. La situation politique de cette ville
est transformée, et si des guérilleros commet
tent encore dans la campagne quelques actes
isolés de vol et de brigandage, ils fuient à
l'approche de nos soldats. Bientôt sans doute
ils seront complètement dispersés et l 'occupa
tion de Jalapa permcttra d'en débarrasser tou
te la contrée.
Le général mexicain Marin occupe Tabasco ;
depuis le 18 juin, il tient tout le pays avec le
secours de la marine stationnée à Carmen.
Les travaux du chemin de fer ont reçu pen
dant la deuxième quinzaine une impulsion
immense; à partir du 1" juillet la Purga est
devenue tête de ligne. Ce résultat dépasse de
beaucoup les prévisions; les convois s'organi
sent maintenant à la Purga, et le poste de la
Tejeria, si dangereux pour la santé des troupes
est supprimé.
Les travaux entre la Purga et la Soledad
ont été poursuivis activement ; ouvriers et ma
tériel y abondent ; on présumait que la voie
ferrée aurait atteint la Soledad le 15 août au
plus tard, même on admettant que les pluies
deviennent plus fortes.
Des' patrouilles de cavalerie, de petits postes
qui sont échelonnés sur la ligne, donnent tou
te sécurité aux travailleurs.
Le colonel Du pin a fait une excursion qui a
duré plus de trois semaines, sans-coup férir.
Les villages ont manifesté l'intention de se ral
lier à nous. Le commandant supérieur de la
Vera-Cruz espérait recevoir bientôt la soumis
sion dujDays de Tlaliscoyan et des environs
d'Alvarfflol L'éloigneme'nt des guérilleros, en
rendant les populations à leur liberté d'action,
hâtera la pacification de tonte la contrée.
Des dispositions sont prises pour ménager
autant que possible la santé de nos troupes ;
la présence de trois compagnies d'Egyptiens et
de deux compagnies dê marins des colonies
mises a la disposition de la place par l'amiral
Bosse, a -perifiis -d'éloigner -les: soldats venus
de France. A la l'iifga, il n'y a pas eu de ma
lades. A la Soledad, l'état sanitaire est assez sa
tisfaisant.
En terminant son-rapport, le colonel com
mandant supérieur exprime sa reconnaissance
pour le concours tout fraternel que prêtent à
la guerre les officiers de la marine et les ma
rins débarqués ; chacun d'eux rivalise de zèle
et d'abnégation pour assurer tous les détails
du service dans ces circonstances qui ont sou
vent été si difficiles.
La contre-gueril la du colonel Dupin
« rnparêe de lluatusco. Ce point aval,
ù^puis l'origine de la guerre, le ce
^ juvemens'des guérilleros qui in
riws convois. Dès que la colonne
taires mexicains qui s'organise en!
ment à Vera-Cruz aura réussi à
maîtresse de Minatitlan et dc Kacotc?
la. terre chaude de Yera-Cruz sera
plètement purgée de ces bandes de
laiteurs. (Moniteur.)
mal-
Dès dépêches de la Yera-Cruz, à la date
du 1 er juillet annoncent que le corps de
Mexicains alliés qui avait été expédié de
Carmen par le général Marin, après avoir
occupé le village de la Frontera, s'est em
paré de San-Juan-Bautista, capitale de
l'Etat de Tabasco, après une lutte qui a
duré un jour.
L'honneur de cette expédition appartient
à notre allié le général Marin qui l'avait
entreprise, malgré les périls qu'elle offrait.
Mais, bloque dans Garmen, il a compris
que le seul moyen de dégager la place était
d'aller attaquer l'ennemi dans sa capitale,
sachant d'ailleurs qu'au Mexique le succès
est toujours la récompense de l'audace. Le
résultat est très important au point de vue
militaire et commercial.
Grâce à ce succès, le général Marin a
recouvré toute la liberté de ses mouve-
mens et il a rendu à notre marine mar
chande la faculté de se procurer des char-
gemons de retour avec les bois de teintu
re auxquels Campêche et Tabasco servent
d'entrepôts pour toute cette contrée.
On écrit de Mexieo,le 25 juin, au Times:
u Le général Forey a publié une proclama
tion que la portion respectable et sensée de la
population a, je n'ai pas besoin de le dire, ac
cueilli avec enthousiasme. C'est aux Mexicains
de profiter des occasions favorables qui leur sont
offertes. Beaucoup d'individus, appartenant
au parti ultra-réactionnaire, qui s'attendaient
à la restitution de tous les biens de l'Eglise et
au rétablissement de la hiérarchie dans toute
sa splendeur sont naturellement désappoin
tés. A cela près, je crois volontiers que le ma
nifeste sera bien reçu dans toute l'étendue
de la république et qu'il exercera une gran
de ' influence. La conduite des Français a été
admirable. Je ne sache pas qu'il ait été
porté une seule plainte contre eux. Leur éloge
est dans toutes les bouches. Dans la ville de
Mexico il règne aujourd'hui autant d'ordre et
de sécurité qu'à Londres, à Paris ou dans
toute autre capitale européenne. Les revolvers
sont mis de côté; l'on peut.se promener à la-
nuit close sans nulle crainte, d'être assassiné.
. Le changement est merveilleux, en vérité.
Auprès du général français affluent de tous les
points du pays des personnes qui demandent
qu!on envoie pour les protéger de petits corps
de troupes françaises. Il est impossible de sa
tisfaire à toutes ces réclamations, mais le gé
néral fait de son mieux pour contenter tout le
monde. Juarez, qui a quitté Mexico avec 9,000
hommes, est arrivé à San Luis seulement avec
3,000. Le reste s'est débandé en route. Orlega,
Antilion et d'au très généraux qui se sont échap
pés d'Orizaba l'ont rejoint depuis.
Le 18 du courant il a été publié un décret
qui nomme trente-cinq personnes membres
d'une junte supérieure. La junte devait procé
der d'abord à la nomination d'un président et
de deux secrétaires, puis à l'élection de trois
citoyens mexicains qui seront investis du pou
voir exécutif.
Après cela, lajun^e supérieure d' vait s'ad
joindre 21 o membres choisis indistinctement
parmi tous les citoyens mexicains, pour former
une assemblée de notables; tous les membres
de cette assemblée devront être âgés d'au moins
vingt-cinq ans.
. Par l'art. 14, l'assemblée des notables discu
tera en premier lieu, quelle forme de gouver
nement doit être définitivement, établie au
Mexique; le vote sur cette question devra réu
nir au moins les deux tiers du suffrage?.
Art. 15. Dans le cas où cette majorité ne se
rait pas obtenue, le pouvoir exécutif devra
dissoudre l'assemblée, et la junte supérieure
procédera sans délai à la formation d'une
nouvelle assemblée.
Art. 16. Les membres de la précédante as
semblée pourront être réélus.
Art. 17. Après avoir décidé de la forma do
gouvernement qu'il faudra définitivement-
adopter, l'assemblée des notables prendra en
considération les questions à ellofoumises par
le pouvoir exécutif.
Art. 21. Les membres du pouvoir exécutif se
distribueront entre eux les six déyartemens
ministériels, et nommeront à tous les emplois
qui en» relèvent.
Art. 22. Le pouvoir exécutif recevra les réso
lutions de l'assemblée des notables, et les pro
mulguera sous forma de décret ; il aura le
•droit de veto sur ces résolutions. Les lois éla
borées par la junte supérieure seront transmis
ses à l'assemblée des notables. >
Art. 23. Les fonctions du pouvoir exécutif
cesseront dès que l'assemblée des notables au
ra proclamé l'installation du gauvernemen t
définitif. On peut donc dire que notre forme
actuelle de gouvernement consiste en un
triumvirat auquel sont adjoints un sénat et. une
assemblée de notables. Ceci naturellement
n'est que provisoire, et tout le monde se li
vre maintenant à des conjectures sur ce qu»
sera probablement la décision de l'assemblée
des notables. Je ne doute nullement qu'elle na
soit en faveur d'une monarchie, et quo la
grande majorité de la nation n'accueille cetta
décision avec allégresse. Lo général Almonte,
l'archevêque de Mexico et M. Salas ont été
nommés membres du pouvoir exécutif. L'as-
sembléo des notables n'a point encore été
élue.
Le la au matin, un corps de troupes d'envi-,
ron 2,000 hommes a été envoyé à Pacliuca. tjt h
Real del Monte pour protéger les min.os et l'on
pense que dans le cours d'une semaine ou de
dix jours, il sera expédié des, troupes pour
occuper Toluca et Queretaro. La première
ville est importante, parce qu'elle fournit des
approvisionnemens considérables de froment et
de grains; la seconde parce qu'elle est le point
d'où rayonnent les différentes routes condui
sant dans l'intérieur. Comme les pluies vien
nent de commencer à tomber avec une extrême
violence, je doute beaucoup que ces troupes
Wandrille, sans qu'il s'en doutât, était l'ob
jet des conversations de plus d'un salon.
Une douairière assura qu'il était horrible
ment changé : c'était l'effet de « cette vie
de Paris. »
Un notaire, qui n'était pas celui de sa
famille, assura qu'il devait être ruiné...
sans cela serait-il venu à Coutances ? un
avoué gras lui reprocha d'être maigre ; un
médecin lui trouva l'œil fatal, et nota sur
son front des protubérances compromet
tantes. Le cheval, amené de la capitale par
le chemin de fer, avait aussi exercé la verve
critique des pères de famille vertueux.
« Yoilà pourtant' comme on dévore le
patrimoine de ses ancêtres! disait à son
fils, un épurateur d'huile, riche d»
cinquante mille livres de rentes, et qui
n'avait pas encore trouvé le moyen de don
ner à sa femme le modeste cabriolet, sou
haité par elle depuis vingt ans.
Mais si l'opinion des hommes était gé
néralement peu favorable à Philippe, il
trouvait peut-être dans celle des femmes
une compensation suffisante. Elles le ju
geaient, en effet, beaucoup moins défavo
rablement que Messieurs leuvs maris,
Ce qu'il y avait de caché, au fond de c^tte
existence, dont on soupçonnait les aven
tures beaucoup plusqu'onn'on connaissait
l'histoire, lui valait, de la part do ces filles
d'Eve, curieuses comme leurs mères, et
comme elles friandes du fruit défendu,
une secrète sympathie, que,peut-être, elles
n'eussent point accordée à un hom^ne va
lant dix fois mieux.
Aussi plus d'un rideau se soulevait discrè
tement aux fenêtres de la rue Notre-Dame,
quand on entendait retentir sur le, pavé.les
quatre fers de Sélim, faisant jaillir decha-
?ue caillou des. gerb,es d'étincelles, se-
o'uaftt la 'tète fine, et couvrant sbh poi
trail de blanche écume. Philippe montait,
avec une rare audace cet animal impé
tueux, qui n'était pas seulement la plus
noble, mais aussi la plus difficile conquê
te que l'homme eût jamais faite sur la na
ture. Le cheval, a-t-on dit, est le piédestal
des princes. L'expression est beileet l'idco
juste ; mais il n'est pas besoin d'être prin
ce pour aimer oo piédestal, qui a l'avanta
ge sur tout autre^ de promener sa statue.
Le cheval est beaucoup dans la vie d'un
jeune homme ; il l'isole un peu des aut^s
et l'élève au-dessus d'eux de toute - sa - nau _
teur. Sélim contribuait donc ^ our sa p ar j
à renfermer le baron ; lô Saint-Wan-
drille dans l'existence Solitaire qu'il avait
choisie.
Cependant ï,ï. du. Genestel entourait son
neveu d.'une surveillance morale des plus
attentives; il épiait avec une anxieuse avi
dité tous les symptômes d'un changèrnent
favorable. La vérité nous contraint d'a
vouer qu'il n'avait pas jusqu'ici à s'ap
plaudir beaucoup de ses découvertes. Plr-
lippe prenait son parti de Coutances; ce qui,
de sa part, pouvait paraître héroïque. Au
fond, il lui était fort indifférent d'être ici
ou là; et citait cette indifférence même qui
rendait son commerce si facile: il laissait
dire et faire les autres, en homme qui n'a
plus d'intérêt dans ce bas monde. « G,a~„
gnons du temps, pensait le bon chanoine;
nous le gagnons sur 1 : ennemi! » Jacinthe
4o son côte déployait, un talent hors ligne
pour faire à son favori des dîners d'arche
vêque; quant à Madeleine, un peu mien s
peignée que d'habitude, elle passait les
trois quarts de ses journées à frotter, bros-
' ser, cirer, astiquer dans la chambre du Pa
risien, qui reluisait comme une châsse. C'é
tait à gui le gâterait dayantage.
Philippe allait a§?e
48* ANNEE.--N.m5«
BUREAUX A PARIS ï ruë»de Valois (Palais^Royal);
SAMEDI 1" AOUT 1865.
VT1
» DES DÉPARTEMENS
V» î ' . 'i
v>. v <
I
-SIX MOIS...?...t. S
DN AJN4..T ff.'a
f >QPB ira pats étkaksebs , Tolr le tableau
publié, les 5 et 20 deficliaque mois.
• Imp. t. BONiFic», r. des Bons-Enfans, 19,
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL,
Le mode d'abonnement le plus simple est l'envoi d'an bon de poste oufd'un effet r
sur Paris, à l'ordre de l'ad M otstrateur du journal, rue de Valois, n° 10. |
Lu lettres ou envois et argent non affranchis sont réfutés,
Les articles déposés ne sont pas rendus.
Les Annonces sont reçues chezM» Panis , rue JSotre-Dame-des-Victoires, n®
(Place- Ô& la Bourse}.
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de chaque mois.
40
■ MM. les Actionnaires de la Société des
journaux réunis, le Constitutionnel et le
Pays , sont prévenus qu'ils peuvent tou
cher, .de midi - à ;quatre heures, excepté le
dimanche et les jours fériés, à la Caisse
d a Constitutionnel, rue de Valois, n° 10, à
valoir sur l'exercice de 1863, la somme de
42 fr. 50 par action, contre le coupon n° 31.
i, Ce paiement est indépendant de celui du
dividende de 1862 , coupon n° 30 , dont le
chiffre sera fixé par la prochaine assemblée
générale; d'ici là ? MM. les actionnaires
recevront à domicile un compte-rendu de
la situation de la Société,
PARIS', 51 JUILLET.
Nos affaires au Mexique sont dans l'état
le plus satisfaisant, comme l'attestent le
rapport du général Forey daté de Mexico
14 juin, et celui du colonel Jeqpningros,
commandant supérieur de Verà-Cruz , en
date du 30 du même mois. A ces docu-
mens, que nous reproduisons plus loin d'a^
près le Moniteur , nous joignons une corres
pondance particulière publiée par le Times
dont les détails nous paraissent de nature
. à intéresser nas lecteurs. L'œuvre glorieu
se que nous avons entreprise dans l'inté
rêt de l'Europe et de. la civilisation se pour
suit aujourd'hui avec l'appui chaleureux
des populations du Mexique, et tout an- •
nonce que ce riche pays, si_ longtemps en
proie aux divisions intestines, va être ap
pelé à une vie nouvelle.
La Gazette de Vienne se dit autorisée à
déclarer que le projet de note à la Russie
dont la Presse de Vienne a publié une ana
lyse que nous avons fait connaître hier,
n'a pas été jusqu'à présent communiqué
au cabinet autrichien par l'ambassadeur
français. AcettedéclarationlaPmse oppose
un démenti formel et prétend qu'il n'existe
pas seulement un projet français de note
identique, mais encore un projet autri
chien et un projet anglais et que ces trois
documens sont entre les mains de MM. de
Rechberg, Drouyn de Lhuys et ltussell. Le
fait en lui-même ne nous paraît pas très
important : ce qui nous touche, c'est qiie
les puissances se mettent d'alccord sur la
rédaction définitive et, 1 cet égard, le
moindre doute n'est pas permis.
. Dans la situation de plus en plus difficile
que lui crée l'entente des trois puissances,
la Russie â songé, assure-t-on, à se rap
procher plus étroitement de la Prusse.
D'après une correspondance de Berlin, pu-
~ bl'.ée par la Presse de Vienne, le cabinet
(Jé .Saint-Pétersbourg aurait expédié au ca
binet prussien une note pour lui rappeler
d'une manière amicale, mais pressante,
les stipulations de la convention du 8 fé
vrier dernier.
■ Gettenote devrait être considérée comme
un post-scriptum de la réponse de la Rus
sie aux trois puissances. On prétend qu'à
la réception de cette note qui aurait fait
une vive impression sur son esprit, le
roi Guillaume aurait envoyé une lettre
autographe à l'empereur Alexandre. La
correspondance dont nous parlons, ajou
te même un détail que nous ne repro
duisons bien entendu que sous toute ré
serve: elle assure que,peu de temps après,
le roi de Prusse aurait adressé à l'Empe
reur Napoléon une autre lettre autogra
phe. Suivant les bruits accrédités dans les
cercles politiques de Berlin, ces deux let
tres auraient trait à l'offre d'une média
tion delà pïirt de la Prusse. , *:
Ces bruits, il faut bien le dire, coïnci
dent avec les conseils contenus dans un
article du Baily-News, journal qui passe
pour recevoir les inspirations du comte
Russell. Le Daily-Neim annonce que la
Prassese serait décidée à faire des remon
trances à la Russie, et à proposer une con
férence à laquelle les puissances occiden
tales prendraient part. Tel serait l'objet
des deux lettres de Guillaume I er . La Prusse
insisterait auprès du cabinet russe pour lui
faire accepter cette proposition qui lui se
rait renouvelée sous une autre forme, et,
forte de cette adhésion, elle agirait auprès
des puissances comme médiatrice, relati
vement aux bases de la conférence.
Ce qui pourrait donner une certaine con
sistance à ces bruits c'est le changement
de langage de 3a Gazette de la Croix depuis
quelques jours. On a beaucoup remarqué
à Berlin les articles où, après avoir déclaré
que la Russie seule n'est pas une alliée assez
sûre pour la Prusse, elle recommandait au
gouvernement de se rapprocher de l'Au
triche et de l'Angleterre. On a vu dans ce
conseil l'indice d'un revirement de politi
que de la part de M. de Bismark.
Pour compléter toutes les interpréta
tions auxquelles ces faits vrais ou faux ont
donné lieu, ajoutons que, selon la Presse
de Vienne, les offres de la Prusse, au point
où en sont v#nues les choses, auraient
été jugées tardives. Le journal anglais, le
Globe, ne va pas aussi loin admettant
comme fondé le bruit d'après lequel
la Prusse aurait pressé le czar d'accepter
les six points, il ajoute : « Il serait bon que
la Russie examinât si les voix des trois puis
sances ne seront pas renforcées d'une qua
trième. En réfléchissant à sa véritable si
tuation,legouvernementprussien doit com
prendre qu'il n'est pas en sûreté. Ilestdel'in-
térêt de la Russie, de l'intérêt de la Prusse
surtout que la colère ne*fasse pas tirer un
seul coup de fusil... Si même à la onziè
me heure le gouvernement prussien se re
tire et retire la Prusse de la position faus
se et périlleuse dans laquelle il s'est placé,
les risques de la guerre ont grandement
diminué. »
Les Etats du Centre-Amérique, sauf Cos-
ta-Rica, sont toujours livrés à l'anarchie.
Voici les dernières nouvelles que le Moni
teur publie dans son Bulletin :
« La nouvelle constitution a été procla
mée le 8 mai dernier à Bogota. Le général
Mosquera a accepté la présidence de la ré :
publique pour les dix mois qui vont s'écou
ler jusqu'au 1 er avril prochain , époque à
laquelle il devra remettre le pouvoir entre
les mains de celui qui aura été élu par les
suffrages de la nation.
» Le Guatemala a de nouveau déclaré la
guerre au Salvador. Le général Carrera
s'est mis en campagne à la tête de 5,000
hommes ; de plus, il compte sur l'alliance
du Nicaragua contre le général Barrios,
qui n'a que 2,000 hommes à opposer; en
fin il fait une démonstration militaire du
côté du Honduras afin d'isoler complète
ment le général Barrios. »
Il faut espérer que l'exemple de la régé
nération du Mexique ramènera l'ordre et
la prospérité dans ces petites républiques
hispano-américaines.
JoNCIÊKES.
Feuilleton du Constitutionnel, l"août.
EN PROVINCE
m.
Toujours^ mais surtout dans la jeunes
se, nous sommes sou% l'influence du mi
lieu qui nous entoure. Brusquement chas
sé de Paris par un de ces évenemens dou
loureux dont le contre-coup se fait long
temps sentir dans la vie, — une rupture
violente avec une femme aimée, — Philip
pe devait, qu'il le voulût ou qu'il ne le
■voulût pas, se laisser peu à peu enva
hir par la province. Dans cette atmos
phère égale et tiède , «ans trouble et
sans orage; auprès de copieux vieillard,
dont la vie était limpide comme l'eau des
fontaines, il sentit que ses nerfs se déten
daient; une paix qu'il ne connaissait plus
redescendit dans son âme, et, malgré d'iné
vitables retours vers le passé, la douleur
lui laissait maintenant des trêves plus lon
gues que ses accès. Sans doute la belle
et fatale image n'était point encore ef-
"f&cée de son souvenir; peut-être ne de-
y.aît-fille jamais s'en effacer complètement;
aWi îiîfln souvent elle étrlit pour lui
A" -
jtnmm buuvDni, était pour lui
(SomïM à demi-voilée; il n'avait pas ou
blié ces gpgnds yeux, si sombres et si doux
tour à tour, ftsg yeux noirs et profonds, où
son regard, tant fois, s'était noyé; mais
il échappait du moins à leur obsession
cruelle et incessante. Il les revoyait sou
vent encore ; il ne les revoyait plus tou
TELEGRAPUIE PRIVEE
Londres, 31 juillet.
On lit dans le Times :
a La continuation de l'expédition du Mexi
que, en dehors de l'Espagne et de l'Angleterre,
fut chez l'Empereur une idée hardie. Aujour
d'hui, la France est suffisamment récompen
sée par l'accroissement de gloire et de puis
sance qui en est résulté pour elle. Le succès
couronne les efforts de l'Empereur.
» Que va faire l'Empereur? Va-t-il ré
tablir la république ou fonder un empire
ayant à sa tête l'archiduc Maximilien, ou faire
du Mexique une nouvelle Algérie, ou enfin oc
cuper temporairement Mexico comme Rome ?
11 est probable que ses intentions, à cet égard,
ne sont pas encore arrêtées. Nous ne sommes
pas jaloux des succès de la France. »
Londres, 31 juillet.
Le Baily-News parle de dangers de guerre
pour la Prusse. Cette puissance, conseillée par
son propre intérêt et par son amitié pour la
Russie, s'est décidée à adresser des remontran
ces au cabiret de Saint-Pétersbourg. On assure
qu'elle a proposé une conférence à laquelle pren
draient part les puissances occidentales. Cette
proposition pourrait être renouvelée sous une
forme qui permettrait à la Russie de la pren
dre eii considération. La Prusse pourrait agir
comme médiateur auprès des puissances occi
jours. C'était un symptôme heureux. Il
n'était pas encore guéri, mais on pouvait
déjà prévoir qu'il le serait un jour. Il n'a
vait rien dit a son oncle, et son oncle ne
lui avait rien demandé.
Le chanoine savait que certains cha
grins ont leurs pudeurs et qu'il faut savoir
les respecter, et bien que les mains pures
et délicates du prêtre soient plus habiles
que toutes à sonder et à toucher les plaies
secrètes de nos âmes, il n'avait cependant
essayé encore ni consolation, ni remède.
Il laissait au temps, ce grand médecin, le
soin de poser le premier appareil sur la
blessure et de la cicatriser.Lui ne voulait ve
nir qu'après pour pratiquer une sorte d'ho-
mœopathie morale et guérir de la femme par
la femme, en. faisant succéder aux orageu
ses délices de l'amour coupable les joies
paisibles do l'amourpermis; en substituant
le mariage éternel aux liaisons éphémè
res , en remplaçant la maîtresse par l'é
pouse. Mais comme il ne voulait rien li
vrer au hasard, qui, s'il nous sert parfois,
nous perd plus souvent encore, il atten
dait. « Si je ne réussis pas, se disait-il,
j'aurai du moins tout fait pour réussir. »
Cet onele-là valait un père.
Malgré les erreurs et les dissipations de
sa jeunesse, Philippe, élevé par une«-mère
pieuse, avait gardé un certain sentiment
religieux , — sentiment trop vague sans
doute, et qui n'avait poiift une influence
< pratique sur sa vie, mais qui lui fesait du
moins comprendre toutes les poésies du
catholicisme; il était sensible aux belles
cérémonies, et aux pompes grandioses de
ce culte qui satisfait également et le cœur,
et l'esprit,et les yeux; il ajmait, avec une
naïveté d'enfant, le déploiement despfOr
cessions dans les longues nefs des çathé-
dralesj et les chants de l'orgue^ suaves et
dentales. Les puissances tiendraient grand
compte de ses propositions sachant qu'elles se
raient sanctionnées par la Russie. La Russie
doit maintenant savoir quelles demandes des
puissances constituaient un minimum^
Cracovié, 30 juillet," S lîTclû soir! •
Piontek 'a mis en déroute les Russes près de
SMerniewice, lè 24; les renforts demandés sont
arrivés trop tard.
Chmielinski a combattu avec succès, le 28
contre huit compagnies russes.
La Gazette officielle de Lemberg annonce le pas
sage en Volhynie d'un petit corps de 200 hom
mes sans donner d'autres détails'.
Flensbourg, 30 juillet.
Trois députés seulement, parmi ceux qui
ont remplacé les députés démissionnaires, ont
paru à l'assemblée des Etats. La minorité (da
noise a fait des réserves contre lès conséquen
ces résultant de la démission des députés. Le
commissaire royal a lu une déclaration minis
térielle sur le même sujet. La session a ensuite
été çlose.
Vienne, 31 juillet, 7 h. du matin.
La nouvelle donnée par le Neueste Nachrich-
tsn, sur la proclamation du général prussien
Werder, dans le grand-duché de Posen, fait
grande sensation; car, pour justifier l'établis
sement de l'état de siège, le commandant en
chef invoque les articles 9 et 10 de la fameuse
convention du 8 février,conclue entre la Prus
se et la Russie. „
Vienne, 3) juillet.
L'empereur part demain pour Gastein, où ïl
va rendre visite au roi de Prusse. La Presse dit
que S. M. ne sera accompagnée d'aucun de ses
ministres.
: Turin, 31 juillet, soir.
. L'escadre de l'amiral Provana, composée de
huit frégates et d'un aviso, se réunira à Ca-
gliarij d'où elle ira visiter les ports siciliens et
napolitains. .
La Chambre des députés a adopté le projet
de levée de 55,000 hommes du premier ban et
l'armement des gardes nationales.
Marseille, 31 juillet.
La fausse rumeur de l'insurrection de Nau-
plie est enfin expliquée. Le bataillon dé Leot-
I zacos refusait obstinément de . s'embarquer
pour le Péloponèse. Le ministre de la guerre
le força d'obéir; mais les villes d'Argos et de
Tripolitza refusèrent de recevoir ce corps de
perturbateurs. La réaction de l'esprit public,
en faveur de l'ordre, est générale en province.
Los troupes restées fidèles de Coroneos, ont
été parfaitement accueillies parles populations,
sur leur passage. Le ministre des finances.a dé
claré que le déficit s'élevait à un million et
demi de drachmes (1,330,000 fr. L'Assemblée
nationale a pris des mesures pour en couvrir
une partie.
Rio de Janeiro, 9 juillet.
M. Elliot,«secrétaire de la légation anglaise ,
a reçu ses passeports, mais il n'a pas quitté le
Brésil.
Madrid, 30 juillet.
, Il est inexact qu'il soit question de donner,
lin successeur au général Dulce. ,
La convention postale entre la Suisse et l'Es
pagne a été signée. -
Voici les dépêches que nous recevons ce
soir : .. - -
Hambourg, 31 juillet.
Le journal officiel, l'Invalide russe, reproduit
l'article du Courrier du Dimanche du 19 juillet
sur la question polonaise, et félicite la feuille.-,
hebdomadaire parisienne de son esprit conci
liant et vraiment libéral. ■
Vienne, 31 j uillet.
On lit dans la Correspondance générale :
Nous apprenons que l'empereur doit se ren
dre demain à Gastein pour rendre visite au
roi de Prusse. S. M. sera accompagnée de son
premier adjudant général, le comte de Crèn-
neville, et d'un aide-de-camp. L'empereur sera
de retour à Vienne lundi soir.
(Hav as-Huilier.)
COURS DE LA BOURSE.
le 31 HAUSSE. BAISSB.
67.13 66.90 » »
66.95 60.85 » »
95.80 96. » » 20
97.20 '- » . » » »
COURS DE CLOTUHE. le 30
3 0/0aucompt.
—Fin du mois.
4 l/2aucompt.
—Fin du mois.
» 28
» i 0
» »
S. Exc. le ministre de la guerre a reçu
du général commandant en chef le corps
expéditionnaire du Mexique le rapport sui
vant :
Mexico, 14 juin 1869.
Monsieur le maréchal,
J'ai l'honneur de rendre compte à Votre Ex
cellence des évènemens survenus depuis mon
dernier rapport du 2 juin,
Le 3 juin , une colonne de troupes-alliées
a quitté Puebla pour rejoindre le général Mar
quez.
Le 4, une forte colonne de matériel du génie
et de l'artillerie, avec l'ambulance du grand
quartier général, ainsi que le matériel néces
saire pour établir un hôpital à Mexico, est par
tie de Puebla sous l'escorte d'un bataillon
puissans sous leurs voûtes sonores, et les
vapeurs de l'encens, nuage mystique qui
flotte autour de l'autel.
On se trouvait précisément à l'une des
plus belles époques de l'année religieuse,
à ce mois de mai, que l'on appelle aussi le
mois de Marie , et qu'une pensée touchante;
a consacré avec ses parfums et ses fleurs
à la reine des anges, et à la patronne des
femmes.
Chaque soir, la longue chapelle de la
' Vierge, qui occupe l'abside de la cathé
drale, était remplie d'une nombreuse as
sistance. Rien ne manquait à l'éclat ni au
charme de la fête renouvelée chaque jour:
ni les belles tentures décorant les murail
les, ni les arbustes rares entourant le ta
bernacle d'un bocage sacré, ni les ban
nières des confréries pieuses , suspendues
aux ogives, et laissant flotter sur la tête
des fidèles leurs emblèmes figurées en fi
ches couleurs. Les plus"*jolis lévites du
grand séminaire étaient chargés d'accom
plir les cérémonies, ce dontils s'acquittaient
avec des gestes gracieux et de jolis regards
d'ange. Des jeunes filles, auxquelles se joi
gnaient des femmes enedre jeunes , orga
nisaient des chœurs et chantaient des
hymnes et des cantiques.
De temps en temps, du milieu de ces
chœurs un solo se détachait, pareil à une
broderie éclatante sur une trame plus sim
ple. Sans être d'une puissance exception
nelle, la voix qui les chantait se distinguait
par la fraîcheur et la suavité de son tim
bre, par une sonorité limpide, si j'ose as
socier ces deux mots, par le charme infini
de jl'expression , et surtout par l'accent,
bien vite reconnu , d'une sensibilité pro-
fond,8.
Philippe eût voulu n'entendre qu'elle ;
elle l'attirait invinciblement; Quelquefois",
du 93 e , pour se rendre à Buena Vista.
Ce même jour, à l'occasicfti de. la Fête-Dieu,
j'ai assisté à la messe et à la procession. Tou
tes les troupes présentes à Puebla accompa
gnaient le cortège ou bordaient la haie sur son
ffeeagû, vJiiyaia .pru convenable de donner
Beaucoup d'éclat à cette cérémonie religieuse,
et la bonne tenue de nos troupes a dû pro
duire une grande impression sur cette popu
lation.
Dans l'après-midi, je reçus à Puebla une dé-
putation des notables de Mexico, chargée de
m'annoncer qu'il y avait eiugtn pronuncia-
mento en' faveur de l'InterverWm de la part
'des habitans de la capitale. Cette dépûtation
formait à peu près la contre-partie de celle
des consuls étrangers qui était venue me trou
ver deux jours avant. Je remis aux notables
une note dans laquelle j'invitais les habitans
de Mexico à la modération ; je leur faisais con
naître mon intention formelle de ne pas souf
frir de réaction violente; et je leur demandais,
comme la meilleure preuve de leur sympathie
pour nous, le calme et la confiance dans l'in
tervention française.
Le 5 juin, je suis parti de Puebla avec tous
les services du grand quartier général et une
colonne de troupes de toutes armes. j 'ai cou
ché le même jour à l'hacienda de Santo Do
mingo, et le è au Puente Tezmelucan. Sur la
rive droite du Rio de Tezmelucan, existe une
série de retranchemens assez bien entendus,
qui forment , une espèce de camp et auraient
permis à nos adversaires de faire là une résis
tance prolongée s'ils l'eussent voulu.
Le 7 juin, je campais au Rio Frio, presque à
la crête des montagnes. Plusieurs chevaux ou
mulets moururent-de congestions occasionnes
par la raréfaction de l'air dans cette région
élevée.L'altitude du col est d'environ 3,300mè
tres. ' . ■ " •
Ce même jour,, le général Bazaine est entré
ft Mexico, avec sa division. Il a occupé la ville
et pris toutes les dispositions nécessaires pour
pourvoir à la sécurité ainsi qu'à la défense de
cette cité.
Le 8, j'ai bivouaqué à Buena Vista.
Le 9, joignant à ma colonne le général Douay
et les troupes de sa division réunies à Buena
Vista, je suis allé coucher au Penon, où j'ai
trouvé une nouvelle dépûtation de notables
de la ville qui venait me complimenter.
Parti le 10 de Penon avec toutes les troupes
qui m'y avaient accompagné la veille, je suis
arrivé à la porte de Mexico, à dix heures du
matin. J'y ai trouvé les autorités provisoires et
les principaux habitans, qui m'ont offert les
elês de la ville. Quelques instans après, les
troupes alliées ont fait leur enîrée dans la ca
pitale du Mexique, au son des cloches de tou
tes les églises et au bruit du canon. J'avais
laissé aux forces du général Marquez l'hon
neur de prendre la droite, et l'armée alliée s'est
placée en tête des troupes du corps expédition
naire. Les rues étaient pavoisées et garnies de
tentures, de feuillage et de fleurs. Deux arcs
< do triomphe s'élevaient dans la principale rue,
La population se pressait aux fenêtres, aux
balcons, sur les terrasses etdansles rues. Toutes
les classes delà société semblaiéntrivaliserd'ar-
deur pour témoigner leur sympathie aux trou
pes françaises qui s'avançaient au milieu d'im
menses acclamations et couvertes do couron
nes et de fleurs. Ces démonstrations ont été
plus Yives encore, s'il estpopsible, enapproehant
du premier arc de triomphe, élevépar les soins
(loï- f'rançais de Mexico, et au pied duquel se trou-
vaient réunis tous nos compatrio tes,([iii sont ici
animés des meilleurs sentimens en faveur do
i intervention. -A la porte de la cathédrale, j'ai
été reçu par le cierge. Un Te Deum et le Domine
salvum ont été chantés en grande pompe. Après
la cérémonie religieuse, je suis remonté.à che
val, et les troupes franco-mexicaines ont défilé
devant moi au milieu d'un immense "concours
de population. Quoique depuis longtemps éloi
gnées de France, bien qu'elles aient supporté
les travaux d'un siège de deux mois et accom
pli des marches pénibles, nos troupes avaient
une tenue magnifique et elles ont été très ad
mirées par les Mexicains. Le soir, la ville était
brillamment illuminée, et un feu d'artifice a
été tiré sur la place devant le palais.
Le U juin, les voitures de batterie et de ma
tériel laissées à Buena Vista sont arrivées à
Mexico escortées par le 18° bataillon de chas
seurs à pied.
Ce jour était l'octave de la Fête-Die i et il y
a eu une procession solennelle. De même qu'à
Puebla j'ai cru de mon devoir d'y assister
avec toutes les troupes de la garnison.
Le soir il y a eu au palais un grand banquet
offert par la ville aux armées française et al
liée. Des toasts chaleureux ont été portés au
corps expéditionnaire, à la France, et les noms
de Leurs Majestés l'Empereur et 1 Impératrice
ont été vivement acclamés.
Le 13, la colonne du colonel Mangin et le
convoi qu'elle a ramené de Vera-Cruz arrivent
à Mexico.
Le 1 i, le général Neigre est arrivé à Mexico
avec toutes les troupes restées en arrière. Ou
tre la garnison dePuebla, j'ai fait occuper trois
points de la route entre cette ville et Mexico,
savoir : San Martin. Puente Tezmelucan et Bue-
îia Vista, dans chacun desquels il y a deux
compagnies d'infanterie.
Ayant appris que l'ennemi dirigeait ses for
ces sur Real-del-Monte pour détruire les ma
chines et piller des mines qui produisent une
quantité considérable d'argent, j'envole des
cependant, on eût dit qu'elle réveillait en
lui de tristes échos, car il détournait brus
quement la tête, et cachait son visage con
tre un pilier, comme s'il eût voulu déro
ber à tous les yeux des émotions ou trop
pénibles ou trop vives.
Qui donc chantait ainsi ? il n'avait pas
encore pu le découvrir, et il ne voulait le
demander à personne. Il s'imaginait vo
lontiers qu'entre cette femme et lui il y
avait déjà je ne sais quelle affinité mysté
rieuse, dont il gardait le secret avec un
soin jaloux. Appuyé à la grille de la cha
pelle, il ne manquait jamais le coup-d'œil
de la sortie, et surveillait attentivement le
défilé assez long des chanteuses.Cen'étaient
que des inconnues et des indifférentes qui
passaient ainsi devant lui. Quand ils aper
cevait une tournure élégante, ou une phy
sionomie gracieuse, « Je voudrais que ce
fût elle ! » pensâit-il.
Plus d'une l'avait aussi remarqué , et
comme il venait toujours à l'église sans
aucune espèce de livre, et qu'il ne laissait
peint voir sur son visage le recueillement"
et la béatitude des vrais dévots, il ne man
quait point de gens pour dire que ce n'é
tait pas exclusivement la'Vierge Marie qui
l'attirait tous les soirs au pied de ses aur
tels. r
Dans une petite ville, les moindres cho
ses ont leur importance ; l'oisiveté, de sa
nature, est inquiète, et, pour peu qu'on ne
l'arrête pas, tracassière. La chronique quo
tidiènne ne tarda point à s'occuper de Phi
lippe : elle fit circuler ses rapports. M. du
Genestel était parfaitement posé ; son ne
veu eût été reçu et fêté partout. Mais, jus
qu'ici, Philippe n'était allô nulle part, et
n -3 voyait personne. Cette réserve extrême
piquait" singulièrement la curiosité d 'une
gtiu^prSî^ctùre ennuyée. Lë bar'cJn de Sft&t-
troupes pour sauvegarder cet établissement F
important. Une colonne composée du C2 U , d^u- i
ne section d'artillerie, d'un bataillon du gémi-
ral Marquez et de 400 clievascx. aîlié^ paxiîra
demain dejiexico et ira .occuper Pat.iiuca, qui
en est éloigné de 80 à 84 kilomètres»
Là, le commandant dè la colon nef prwlra
les mesures nécessaires ponr,prolégec l'exploi
tation des mines de Real del Monté, dont l'é
tablissement s'étend depuis Paehuca jusqu'à
Régla. ' - ■ •* ■ - , . ' -
Je m'occupe en ce moment de constituer un
gouvernement provisoire qui, d'après les in
tentions de l'Empereur, doit être composé
d'hommes modérés appartenant à tous les
partis.
Agréez, etc.
Le général de division commandant
en Chef le corps expéditionnaire,
FOREY.
Dans un rapport adressé au maréchal
ministre de la guerre et daté du 30 juin,
le colonel Jeanningros, commandant su
périeur de la Yera-Cruz et des Terres-Chau
des, rend compte' de la situation de son
commandement depuis l'occupation de
Mexico par l'armée française.
L'accueil enthousiaste fait au général en chef
et à nos troupes, la nomination d'une junte,
l 'élection d'un gouvernement, provisoire, tous
ces évènemens se sont succédé avec une telle
rapidité qu'ils ont réduit au silence les rares
partisans du gouvernement de Juarez à la Ve
ra-Cruz. La situation politique de cette ville
est transformée, et si des guérilleros commet
tent encore dans la campagne quelques actes
isolés de vol et de brigandage, ils fuient à
l'approche de nos soldats. Bientôt sans doute
ils seront complètement dispersés et l 'occupa
tion de Jalapa permcttra d'en débarrasser tou
te la contrée.
Le général mexicain Marin occupe Tabasco ;
depuis le 18 juin, il tient tout le pays avec le
secours de la marine stationnée à Carmen.
Les travaux du chemin de fer ont reçu pen
dant la deuxième quinzaine une impulsion
immense; à partir du 1" juillet la Purga est
devenue tête de ligne. Ce résultat dépasse de
beaucoup les prévisions; les convois s'organi
sent maintenant à la Purga, et le poste de la
Tejeria, si dangereux pour la santé des troupes
est supprimé.
Les travaux entre la Purga et la Soledad
ont été poursuivis activement ; ouvriers et ma
tériel y abondent ; on présumait que la voie
ferrée aurait atteint la Soledad le 15 août au
plus tard, même on admettant que les pluies
deviennent plus fortes.
Des' patrouilles de cavalerie, de petits postes
qui sont échelonnés sur la ligne, donnent tou
te sécurité aux travailleurs.
Le colonel Du pin a fait une excursion qui a
duré plus de trois semaines, sans-coup férir.
Les villages ont manifesté l'intention de se ral
lier à nous. Le commandant supérieur de la
Vera-Cruz espérait recevoir bientôt la soumis
sion dujDays de Tlaliscoyan et des environs
d'Alvarfflol L'éloigneme'nt des guérilleros, en
rendant les populations à leur liberté d'action,
hâtera la pacification de tonte la contrée.
Des dispositions sont prises pour ménager
autant que possible la santé de nos troupes ;
la présence de trois compagnies d'Egyptiens et
de deux compagnies dê marins des colonies
mises a la disposition de la place par l'amiral
Bosse, a -perifiis -d'éloigner -les: soldats venus
de France. A la l'iifga, il n'y a pas eu de ma
lades. A la Soledad, l'état sanitaire est assez sa
tisfaisant.
En terminant son-rapport, le colonel com
mandant supérieur exprime sa reconnaissance
pour le concours tout fraternel que prêtent à
la guerre les officiers de la marine et les ma
rins débarqués ; chacun d'eux rivalise de zèle
et d'abnégation pour assurer tous les détails
du service dans ces circonstances qui ont sou
vent été si difficiles.
La contre-gueril la du colonel Dupin
« rnparêe de lluatusco. Ce point aval,
ù^puis l'origine de la guerre, le ce
^ juvemens'des guérilleros qui in
riws convois. Dès que la colonne
taires mexicains qui s'organise en!
ment à Vera-Cruz aura réussi à
maîtresse de Minatitlan et dc Kacotc?
la. terre chaude de Yera-Cruz sera
plètement purgée de ces bandes de
laiteurs. (Moniteur.)
mal-
Dès dépêches de la Yera-Cruz, à la date
du 1 er juillet annoncent que le corps de
Mexicains alliés qui avait été expédié de
Carmen par le général Marin, après avoir
occupé le village de la Frontera, s'est em
paré de San-Juan-Bautista, capitale de
l'Etat de Tabasco, après une lutte qui a
duré un jour.
L'honneur de cette expédition appartient
à notre allié le général Marin qui l'avait
entreprise, malgré les périls qu'elle offrait.
Mais, bloque dans Garmen, il a compris
que le seul moyen de dégager la place était
d'aller attaquer l'ennemi dans sa capitale,
sachant d'ailleurs qu'au Mexique le succès
est toujours la récompense de l'audace. Le
résultat est très important au point de vue
militaire et commercial.
Grâce à ce succès, le général Marin a
recouvré toute la liberté de ses mouve-
mens et il a rendu à notre marine mar
chande la faculté de se procurer des char-
gemons de retour avec les bois de teintu
re auxquels Campêche et Tabasco servent
d'entrepôts pour toute cette contrée.
On écrit de Mexieo,le 25 juin, au Times:
u Le général Forey a publié une proclama
tion que la portion respectable et sensée de la
population a, je n'ai pas besoin de le dire, ac
cueilli avec enthousiasme. C'est aux Mexicains
de profiter des occasions favorables qui leur sont
offertes. Beaucoup d'individus, appartenant
au parti ultra-réactionnaire, qui s'attendaient
à la restitution de tous les biens de l'Eglise et
au rétablissement de la hiérarchie dans toute
sa splendeur sont naturellement désappoin
tés. A cela près, je crois volontiers que le ma
nifeste sera bien reçu dans toute l'étendue
de la république et qu'il exercera une gran
de ' influence. La conduite des Français a été
admirable. Je ne sache pas qu'il ait été
porté une seule plainte contre eux. Leur éloge
est dans toutes les bouches. Dans la ville de
Mexico il règne aujourd'hui autant d'ordre et
de sécurité qu'à Londres, à Paris ou dans
toute autre capitale européenne. Les revolvers
sont mis de côté; l'on peut.se promener à la-
nuit close sans nulle crainte, d'être assassiné.
. Le changement est merveilleux, en vérité.
Auprès du général français affluent de tous les
points du pays des personnes qui demandent
qu!on envoie pour les protéger de petits corps
de troupes françaises. Il est impossible de sa
tisfaire à toutes ces réclamations, mais le gé
néral fait de son mieux pour contenter tout le
monde. Juarez, qui a quitté Mexico avec 9,000
hommes, est arrivé à San Luis seulement avec
3,000. Le reste s'est débandé en route. Orlega,
Antilion et d'au très généraux qui se sont échap
pés d'Orizaba l'ont rejoint depuis.
Le 18 du courant il a été publié un décret
qui nomme trente-cinq personnes membres
d'une junte supérieure. La junte devait procé
der d'abord à la nomination d'un président et
de deux secrétaires, puis à l'élection de trois
citoyens mexicains qui seront investis du pou
voir exécutif.
Après cela, lajun^e supérieure d' vait s'ad
joindre 21 o membres choisis indistinctement
parmi tous les citoyens mexicains, pour former
une assemblée de notables; tous les membres
de cette assemblée devront être âgés d'au moins
vingt-cinq ans.
. Par l'art. 14, l'assemblée des notables discu
tera en premier lieu, quelle forme de gouver
nement doit être définitivement, établie au
Mexique; le vote sur cette question devra réu
nir au moins les deux tiers du suffrage?.
Art. 15. Dans le cas où cette majorité ne se
rait pas obtenue, le pouvoir exécutif devra
dissoudre l'assemblée, et la junte supérieure
procédera sans délai à la formation d'une
nouvelle assemblée.
Art. 16. Les membres de la précédante as
semblée pourront être réélus.
Art. 17. Après avoir décidé de la forma do
gouvernement qu'il faudra définitivement-
adopter, l'assemblée des notables prendra en
considération les questions à ellofoumises par
le pouvoir exécutif.
Art. 21. Les membres du pouvoir exécutif se
distribueront entre eux les six déyartemens
ministériels, et nommeront à tous les emplois
qui en» relèvent.
Art. 22. Le pouvoir exécutif recevra les réso
lutions de l'assemblée des notables, et les pro
mulguera sous forma de décret ; il aura le
•droit de veto sur ces résolutions. Les lois éla
borées par la junte supérieure seront transmis
ses à l'assemblée des notables. >
Art. 23. Les fonctions du pouvoir exécutif
cesseront dès que l'assemblée des notables au
ra proclamé l'installation du gauvernemen t
définitif. On peut donc dire que notre forme
actuelle de gouvernement consiste en un
triumvirat auquel sont adjoints un sénat et. une
assemblée de notables. Ceci naturellement
n'est que provisoire, et tout le monde se li
vre maintenant à des conjectures sur ce qu»
sera probablement la décision de l'assemblée
des notables. Je ne doute nullement qu'elle na
soit en faveur d'une monarchie, et quo la
grande majorité de la nation n'accueille cetta
décision avec allégresse. Lo général Almonte,
l'archevêque de Mexico et M. Salas ont été
nommés membres du pouvoir exécutif. L'as-
sembléo des notables n'a point encore été
élue.
Le la au matin, un corps de troupes d'envi-,
ron 2,000 hommes a été envoyé à Pacliuca. tjt h
Real del Monte pour protéger les min.os et l'on
pense que dans le cours d'une semaine ou de
dix jours, il sera expédié des, troupes pour
occuper Toluca et Queretaro. La première
ville est importante, parce qu'elle fournit des
approvisionnemens considérables de froment et
de grains; la seconde parce qu'elle est le point
d'où rayonnent les différentes routes condui
sant dans l'intérieur. Comme les pluies vien
nent de commencer à tomber avec une extrême
violence, je doute beaucoup que ces troupes
Wandrille, sans qu'il s'en doutât, était l'ob
jet des conversations de plus d'un salon.
Une douairière assura qu'il était horrible
ment changé : c'était l'effet de « cette vie
de Paris. »
Un notaire, qui n'était pas celui de sa
famille, assura qu'il devait être ruiné...
sans cela serait-il venu à Coutances ? un
avoué gras lui reprocha d'être maigre ; un
médecin lui trouva l'œil fatal, et nota sur
son front des protubérances compromet
tantes. Le cheval, amené de la capitale par
le chemin de fer, avait aussi exercé la verve
critique des pères de famille vertueux.
« Yoilà pourtant' comme on dévore le
patrimoine de ses ancêtres! disait à son
fils, un épurateur d'huile, riche d»
cinquante mille livres de rentes, et qui
n'avait pas encore trouvé le moyen de don
ner à sa femme le modeste cabriolet, sou
haité par elle depuis vingt ans.
Mais si l'opinion des hommes était gé
néralement peu favorable à Philippe, il
trouvait peut-être dans celle des femmes
une compensation suffisante. Elles le ju
geaient, en effet, beaucoup moins défavo
rablement que Messieurs leuvs maris,
Ce qu'il y avait de caché, au fond de c^tte
existence, dont on soupçonnait les aven
tures beaucoup plusqu'onn'on connaissait
l'histoire, lui valait, de la part do ces filles
d'Eve, curieuses comme leurs mères, et
comme elles friandes du fruit défendu,
une secrète sympathie, que,peut-être, elles
n'eussent point accordée à un hom^ne va
lant dix fois mieux.
Aussi plus d'un rideau se soulevait discrè
tement aux fenêtres de la rue Notre-Dame,
quand on entendait retentir sur le, pavé.les
quatre fers de Sélim, faisant jaillir decha-
?ue caillou des. gerb,es d'étincelles, se-
o'uaftt la 'tète fine, et couvrant sbh poi
trail de blanche écume. Philippe montait,
avec une rare audace cet animal impé
tueux, qui n'était pas seulement la plus
noble, mais aussi la plus difficile conquê
te que l'homme eût jamais faite sur la na
ture. Le cheval, a-t-on dit, est le piédestal
des princes. L'expression est beileet l'idco
juste ; mais il n'est pas besoin d'être prin
ce pour aimer oo piédestal, qui a l'avanta
ge sur tout autre^ de promener sa statue.
Le cheval est beaucoup dans la vie d'un
jeune homme ; il l'isole un peu des aut^s
et l'élève au-dessus d'eux de toute - sa - nau _
teur. Sélim contribuait donc ^ our sa p ar j
à renfermer le baron ; lô Saint-Wan-
drille dans l'existence Solitaire qu'il avait
choisie.
Cependant ï,ï. du. Genestel entourait son
neveu d.'une surveillance morale des plus
attentives; il épiait avec une anxieuse avi
dité tous les symptômes d'un changèrnent
favorable. La vérité nous contraint d'a
vouer qu'il n'avait pas jusqu'ici à s'ap
plaudir beaucoup de ses découvertes. Plr-
lippe prenait son parti de Coutances; ce qui,
de sa part, pouvait paraître héroïque. Au
fond, il lui était fort indifférent d'être ici
ou là; et citait cette indifférence même qui
rendait son commerce si facile: il laissait
dire et faire les autres, en homme qui n'a
plus d'intérêt dans ce bas monde. « G,a~„
gnons du temps, pensait le bon chanoine;
nous le gagnons sur 1 : ennemi! » Jacinthe
4o son côte déployait, un talent hors ligne
pour faire à son favori des dîners d'arche
vêque; quant à Madeleine, un peu mien s
peignée que d'habitude, elle passait les
trois quarts de ses journées à frotter, bros-
' ser, cirer, astiquer dans la chambre du Pa
risien, qui reluisait comme une châsse. C'é
tait à gui le gâterait dayantage.
Philippe allait a§?e
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