Titre : Les Ailes : journal hebdomadaire de la locomotion aérienne / directeur, rédacteur en chef, Georges Houard
Éditeur : [s.n. ?] (Paris)
Date d'édition : 1935-09-19
Contributeur : Houard, Georges (1893-1964). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326846379
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 12981 Nombre total de vues : 12981
Description : 19 septembre 1935 19 septembre 1935
Description : 1935/09/19 (A15,N744). 1935/09/19 (A15,N744).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6553899m
Source : Musée Air France, 2013-273367
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2013
L«S AILES
L'AVIATION PRIVEE
N°744 — 19-9-35 —' PAGE 1 1
LES EXPLOITS DE L'AVIATION NOUVELLE
Theret, avec le motoplanenr S M.N-1 de 25 CV.
a traversé les Alpes de Chambéry à Turin
Pendant tout son voyage, le pilote a été gêné par le mauvais temps
Grâce à l'avion léger de la Société Française d'Aviation Nouvelle, que dirige M. Chasseric, et au moteur Poincard
de 25 CV Thoret, le pilote des remous, a pu effectuer une très belle performance en volant de Paris à Turin et
retour par le col du Mont-Cenis, et cela malgré un temps, qui fut par moment, franchement défavorable.
T
HORET a réussi l'exploit qu'il méditail
depuis de longs mois : franchir les
Alpes sur un avion léger et rééditer
la performance qu'il effeciua en i~u a~~
le petit avion Tellier-Albert, équipé du
moteur Salmson de 40 CV.
Cette fois, Thoret a eu à sa disposiion
encore moins de puissance puisque le mo-
toplaneur S.F.A.N.-1 qu'il pilotait n'était
propulsé que par les 25 CV du Poinsard.
Depuis quelque temps, Thoret s'entrai-
nait régulièrement sur cet appareil à Mois--
selles. Le jeudi 12 fut le jour du départ.
Fidèle à ses principes chamoniards qui, en
particulier, veulent « que la montagne ap-
partient à ceux qui se lèvent tôt », Thoret
décolla à 5 h. 10 du matin. Il arriva a
Auxerre-à 7 h.. 20, fit. ses pleins d'essence
et d'huile, redécolla vers 7 h. 50 et mit le
cap au sud-est. Arrivé au-dessus de Bourg-
en-Bresse vers 10 heures, Thoret se heurta
à un orage qu'il contourna par le Nord,
ce qui le Et atterrir à Lons-le-Saunier a
10 h. 15; en un quart d'heure, il avait
franchi 60 km., naturellement aidé par un
fort vent du Sud-Ouest. Notre pilote atten-
dit quelque peu que les grains aient perdu
de leur violence et il repartait à 17 h, 50
pour Chambéry-Challes-les-Eaux où il at-
terrissait à 19 h. 50.
Le lendemain, vendredi 13, Thoret atten-
dit que la montagne veuille bien de lui.
A lOh.15 ce fut l'éclaircie et le départ pour
Turin. Là, il était en pays de connaissance,
car il avait pratiqué toutes les cheminées
d'ascendances de la région dans sa fameuse
« Ecole des Remous ». Cette connaissance
des propriétés aérologiques des cimes alpes-
tres servit notre -homme; car, après avoir
chappé à la rencontre d'un câble ee télé-
phérique, le moteur eut une défaillance qui
se traduisit par l'hélice en croix, Pendant
un quart d'heure, Thoret se frotta à toutes
les ascendances et réussit à revenir à quinze
kilomètres en arrière et à se poser sans
incident à Aiguebelle. Un mécanicien
constata que le moteur manquait simple-
ment d'un correcteur altimétrique, Thorei:
repartit alors, passa le col du. Mont-Cenis
à 3.000 mètres et réussit sa traversée des
Alpes dans de bonnes conditions puisqu'à
16 h. 16, il se posait à Turin, malgré une
belle mer de nuages rencontrée sur le ver-
sant italien.
Le samedi 14, Thoret fit quelques dé-
monstrations de vol à voile pour les pilotes
italiens; puis, à la. fin de la matinée, il
reprit le chemin de France; à 10 h. 30,
il quitta Turin; en une demi-heure, il
monta à 3.300 mètres et franchit le col du
Mont-Cenis et enfin il atterrit à Chambéry-
Challes-les-Eaux à 12 h.5; les 170 km. du
parcours de montagne avaient été franchis'
en 1 h. 45, à 3.000 mètres, ce qui est un fort
beau résultat.
,- Malheurensement, le - ravitaillement du
petit Poinsard demanda 3 heures. Cela
retarda Thoret qui ne put repartir que
tard dans l'après-midi. Une escale à Am-
bérieu pour compléter les pleins, la ren-
contre d'un violent vent de travers aux
environs, de Bourg-en-Bresse et Thoret
dut s'arrêter à la nuit à Auierre.
Le. lendemain dimanche, la derniere,
étape fut effectuée dans le brouillard. L'ar-
rivée au Bourget fut enregistrée à 10 h. 35.
Là, outre la presse, on remarqua la pré-
sence du Colonel Davet, du Commandant
Dévé, de MM. Jacquot, directeur de l'aéro-
port, Chasserio, directeur de la Société
Française d'Aviation Nouvelle qui cons-
truisit ,le motoplaneur. -,.
Au cours de ce voyage difficile, cet appa-
reil a fait preuve de très belles qualités;
également le moteur Poinsard, dont le
fonctionnement fut très correct. Du reste,
l'essence contenait de l'Anthène de Des-
parmet- et le résultat fflt très heureux.
Mais c'est surtout le pilote que nous
admirons. C'est un rude exploit que d'ef-
fectuer un tel voyage avec des conditions
météorologiques aussi défavorables, c'est
une belle performance que de traverser
les Alpes avec un avion de 25 CV. Thoret
possède évidemment une personnalité, met-
tons coriace et très, accusée. Mais quel
magnifique pilote il est.
-, R. R.
1 -- CHRONIQUE - DE L'AVIATION LEGERE
+ ON SE SOUVIENT de l'intéressant avion léger Lachas-
sagne,. doté d'une voilure et d'un empennage horizontal à
courbure varrable, qui avait été présenté à Orly, notam-
ment par Maurice Arnoux. :
Deux appareils de ce type ont été commandés par des ,
amateurs à M. Lachassagne et c'est l'un d'eux que le
constructeur vient de faire réceptionner avec succès sur
un aérodrome parisien.
L'avion, du type A.L.-5 N" 2, est équipé d'un moteur
A.B.C. de 18 CV.; il a été amené le 11 septembre sur
le terrain et les premiers vols, effectués soùs la direction
du pilote Bouré, - ont donné toute satisfaction. Grâce à,
la vàriation du profil, le petit monoplan grimpe facilement
et file à bonne allure en palier..
Le lendemain matin, le pilote exécuta une nouvelle sortie,
pour avotr l'appareil bien en mains. Puis, dans l'après-midi,
il réussissait, au cours du même vol ,devant un expert du
Bureau Véritas, les essais officiels qui lui étaient imposés.
Tout d'abord l'épreuve de décollage consistant à franchir
au bout de 250 mètres un obstacle de 8 mètres de J
haut, obstacle qui a été passé à 9 m. 50. Ensuite une
montée continue, à 600 mètres, a été réussie, en cinq
minutes. L'atterrissage, enfin, dans les mêmes conditions
que le décollage. a été également satisfaisant.
Le vendredi 13, deux jours après sa sortie de l'atelier,
,- le petit avion Lachassagne était démonté, mise en caisse
et expédié dans un temps record à son propriétaire, M.
Barbaroux, qui l'attend avec impatience, quelque part au
Cameroun. t
+ LA SEMAINE DERNIERE, à l'aérodrome municipal
d'Enghien-Moissolles, le Capitaine Thoret et l'ingénieur
Blazy ont effectué de nombreux vols sur le monoplaneur
S.F.A,N-1 à moteur Poinsard de 25 CV. En particulier
M. Blazy a réalisé l'autre samedi une montée à 2.000
mètres et le- lendemain une autre montée à 2.500 m.
sans - utiliser toute la puissance du moteur; cette dernière
montée s'est ; effectuée- en moins d'une demi-heure; la
vitesse verticale de descent en plané serait approximative-
ment de 1 m. 20 par seconde. • •
IL NOUS SEMBLE INTERESSANT de donner les ca.-
ractéristiques du moto-planeur Chasserio S.F.A.N.-l, utilisé
par Thoret pour ses voyages à Turer
- Caractéristiques. — Poids total en ordre de vol, 285
kg.; surface 16 mq 5; poids au mq 17 kg; 2; poids au
CY. -10-kg- -6.puissance. au mq. CV. 64.
Performances. — Vitesse maximum 115 km.-h.; vitesse
de croisière 90 km.-h.; vitesse d'atterrissage, par vent
nul 35 km.-h.; longueur d'atterrissage, sans freins 50
mètres; longueur de décollage 50 mètres, en 9 ";
temps de montée à 360 mètres en moins de 3'; à 500
en 4'; à 1.000 en 9'; plafond.6000 mètres; -auto-
nomie 5 heures; consommation aux 100 km- 6 litres
d'essence et 150 gr. d'huile. ,
+ AU NOM DU CLUB D'AVIONS LECERS et Economi-
ques de la Somme, affilié à l'Aéro-Club de la Somme,, Mi-
chel Doré a commandé un monoplace S.F.A.N.-Chasserio
à moteur Poinsard 25 CV. Ce monoplace permettra, des
heures de-vol à 60 fr. En outre, grâce à lui, les-amateurs
de vol à voile prendront la hauteur nécessaire, puis ayant
trouvé un courant favorable, couperont le moteur et se
maintiendront - aussi longtemps que leur « flair » leur
permettra de trouver des ascendances.
Le comité du C.L.A.E.S. est composé de MM. Marcel
Dhome, président d'honneur; Michel Dore, président actif;
Mathieu de Cossette et Pierre Chalochet, vice-présidents;
Edmond Cuilbaut, trésorier; Pierre de Cossette. secrétaire;
Jean Capy et Paul Petit, moniteurs,
Deux vues en vol du motoplaneur S.F.A.N., à moteur Poinsard de e 25 CV., avec lequel Thoret a franchi les Alpes.
• - : - - - { , i;
La gazette
du mouvement "Pou"
L'accident de Marseille
et ses enseignements
~U
N douloureux accident vient de plon- -
ger dans le deuil, pour la seconde
fois, le mouvement « Pou-du-Ciel ».
Sur l'appareil des frères Mouriès, Henri
Chapelet, chef-pilote du Club Provençal
de Tourisme Aéi-ieiij a trouvé la mort
dimanche dernia., C'est une nouvelle et
affreuse épreuve.
L'appareil avait clé parfaitement cons-
truit par un mécanicien habile et intelli-
gent, suivant -la formule Mignet 100 pour
100. Les essais, menés méthodiquement
par Chapelet, avec prudence, s'étaient
effectués- dans le calme, à Salon. Ils
avaient été très salisfmsàqts. Chapelet qui,
auparavant, témoignait d'une certaine mé-
fiance à l'égard de la formule, était de-
venu, après avoir piloté l'appareil, entiè-
rement -confiant. Il voyait, comme nous,
dans le « Pou », une réalisation de l'Avia-
tion économiaue. -
Après trois heures de vol impeccable
sur le terrain de Salon, Henri Chapelet
était parti le 15 de la petite piste du Lu-
quet, pour rallier Marignane. Le petit
voyage s'était accompli sans incident; le
« Pou » ayant atteint Marignane, survo-
lait bientôt l'aérodrome, à 800 mètres —
comme en fait foi la feuille du bàrogra-
phe. L'impression des témoins semble
être que le pilote ne put alors effectuer
une descente normale. Ils le virent accom-
plir trois tours du terrain, au bout des-
quels l'appareil se mit à piquer à la ver-
ticale, pendant environ 500 mètres; il se
redressa, amorça une chandelle, piqua de
nouveau pour passer sur le dos. C'est
dans celle position, nous dit-on, qu'il per-
cuta sur l'étang de Berre.
Les secours furent rapides, En dépit
des soins qui lui furent prodigués - res-
piration artificielle notainiiient le
malheureux Chapelet ne put être rappelé
à la vie. Il portait d'ailleurs une blessure
assez profonde au front. >
Henri Chapelet était un excellent piloté.
Adjudant retraité de l'Armée, il n'avait
que trente-huit ans. Il était, pour ses ca-
marades du club le modèle des moniteurs.
« Grand travailleur, nous dit le Dr Gleize-
Bambal, toujours présent sur le terrain,
soucieux ide- son matériel et de ses éleves,
le Club Provençal de Tourisme Aérien lui
devait toute sa vitalité actuelle Très
cnmc de ses élèves, il dirigeait les écoles
de pilotage aux couleurs du C. P. T. A., à
Marignane, à Salon et à Saint-Autan.
-
De cet accident désolant, peut-on, au
moins, tirer une leçon? D'abord. celle
constatation que le « Pou » est une lÛú:"
chine nouvelle — à l'intérêt de laquelle
nous persistons. a croire — dont les essais
doivent être menés avec la plus grandi-
prudence. Pour la seconde fois, iiii
« Pou » pique à la verticale, sans qu'on
en connaise les raisons.
Evidemment, des avions normaux, étu-
diés au laboratoire et en vol, ont connu
cette aventure. Mais elle est d'autant plus
troublante, avec le « Pou-du-Ciel », qllt.
la plupart d'entre ceux qui volent ne pa-
raissent pas manifester cette tendante.
Mignet, Robineau, Kohler, qui ont entre
50 et 150 heures de vol, sur « Pou-du-
Ciel » ne Vont jamais signalée.
Il faut éviter le retour des accidents
d'Alger et de Marseille, inciter les pilotes
à étudier prudemment les réactions du
«Pou», en adoptait strictement le cen-
trage indiqué par Mignet et que nous don-
nons aujourd'hui dans ce numéro. Il ne
faut pas se lancer dans l'inconnu -avant
d'avoir longuement éprouvé l'appareil. ;
D'autre part - et nous Savons que le
Mnistère de l'Air s'y - emploie -, une
étude aérodynamique de l'appareil s'im-
pose. Des recherches ont déjà été faites à
isainî-Cyr. Une maquette existe qui va'
être essayée au tunnel Lioré-et-Olivier.
Enfin, l'Air a acheté un .« Pou » qui doit
lui être livré incessamment. Nous souhai-
tous que cette livraison soit activée, - et
qu'ont soumette ; l'appareil à toutes les
expériences désirables. ,-
Nous disons encore iwtrè. confiance
dans la formule. il est possible et même
certain qu'elle n'est pas parfaite. Si l'on
peut. bien étudier l'appareil, avec le souci,
non pas de le démolir d'avance, mais de
déceler ses imperfections pour les corri-
ger, ilolis soiiiinfis persuadés qu'on abou-
tir, avec le principe Mignet, à une sécurité
- plus grande de l'Aviation privée.
Nous avons soutenu, aux -Ailes la for-
Wtule MitJnd, de toute notre foi, dans un
désintéressement absolu. Uous continue-
rons à la soutenir, parce que nous pen-
sons que-cette formule, en dépit -de aeux
accidents cruels, est viable et qu'elle of fre
des avantages que les antres n'ont pas.
Mais nous avons été et nous sommes
; i- - r "t
L'AVIATION PRIVEE
N°744 — 19-9-35 —' PAGE 1 1
LES EXPLOITS DE L'AVIATION NOUVELLE
Theret, avec le motoplanenr S M.N-1 de 25 CV.
a traversé les Alpes de Chambéry à Turin
Pendant tout son voyage, le pilote a été gêné par le mauvais temps
Grâce à l'avion léger de la Société Française d'Aviation Nouvelle, que dirige M. Chasseric, et au moteur Poincard
de 25 CV Thoret, le pilote des remous, a pu effectuer une très belle performance en volant de Paris à Turin et
retour par le col du Mont-Cenis, et cela malgré un temps, qui fut par moment, franchement défavorable.
T
HORET a réussi l'exploit qu'il méditail
depuis de longs mois : franchir les
Alpes sur un avion léger et rééditer
la performance qu'il effeciua en i~u a~~
le petit avion Tellier-Albert, équipé du
moteur Salmson de 40 CV.
Cette fois, Thoret a eu à sa disposiion
encore moins de puissance puisque le mo-
toplaneur S.F.A.N.-1 qu'il pilotait n'était
propulsé que par les 25 CV du Poinsard.
Depuis quelque temps, Thoret s'entrai-
nait régulièrement sur cet appareil à Mois--
selles. Le jeudi 12 fut le jour du départ.
Fidèle à ses principes chamoniards qui, en
particulier, veulent « que la montagne ap-
partient à ceux qui se lèvent tôt », Thoret
décolla à 5 h. 10 du matin. Il arriva a
Auxerre-à 7 h.. 20, fit. ses pleins d'essence
et d'huile, redécolla vers 7 h. 50 et mit le
cap au sud-est. Arrivé au-dessus de Bourg-
en-Bresse vers 10 heures, Thoret se heurta
à un orage qu'il contourna par le Nord,
ce qui le Et atterrir à Lons-le-Saunier a
10 h. 15; en un quart d'heure, il avait
franchi 60 km., naturellement aidé par un
fort vent du Sud-Ouest. Notre pilote atten-
dit quelque peu que les grains aient perdu
de leur violence et il repartait à 17 h, 50
pour Chambéry-Challes-les-Eaux où il at-
terrissait à 19 h. 50.
Le lendemain, vendredi 13, Thoret atten-
dit que la montagne veuille bien de lui.
A lOh.15 ce fut l'éclaircie et le départ pour
Turin. Là, il était en pays de connaissance,
car il avait pratiqué toutes les cheminées
d'ascendances de la région dans sa fameuse
« Ecole des Remous ». Cette connaissance
des propriétés aérologiques des cimes alpes-
tres servit notre -homme; car, après avoir
chappé à la rencontre d'un câble ee télé-
phérique, le moteur eut une défaillance qui
se traduisit par l'hélice en croix, Pendant
un quart d'heure, Thoret se frotta à toutes
les ascendances et réussit à revenir à quinze
kilomètres en arrière et à se poser sans
incident à Aiguebelle. Un mécanicien
constata que le moteur manquait simple-
ment d'un correcteur altimétrique, Thorei:
repartit alors, passa le col du. Mont-Cenis
à 3.000 mètres et réussit sa traversée des
Alpes dans de bonnes conditions puisqu'à
16 h. 16, il se posait à Turin, malgré une
belle mer de nuages rencontrée sur le ver-
sant italien.
Le samedi 14, Thoret fit quelques dé-
monstrations de vol à voile pour les pilotes
italiens; puis, à la. fin de la matinée, il
reprit le chemin de France; à 10 h. 30,
il quitta Turin; en une demi-heure, il
monta à 3.300 mètres et franchit le col du
Mont-Cenis et enfin il atterrit à Chambéry-
Challes-les-Eaux à 12 h.5; les 170 km. du
parcours de montagne avaient été franchis'
en 1 h. 45, à 3.000 mètres, ce qui est un fort
beau résultat.
,- Malheurensement, le - ravitaillement du
petit Poinsard demanda 3 heures. Cela
retarda Thoret qui ne put repartir que
tard dans l'après-midi. Une escale à Am-
bérieu pour compléter les pleins, la ren-
contre d'un violent vent de travers aux
environs, de Bourg-en-Bresse et Thoret
dut s'arrêter à la nuit à Auierre.
Le. lendemain dimanche, la derniere,
étape fut effectuée dans le brouillard. L'ar-
rivée au Bourget fut enregistrée à 10 h. 35.
Là, outre la presse, on remarqua la pré-
sence du Colonel Davet, du Commandant
Dévé, de MM. Jacquot, directeur de l'aéro-
port, Chasserio, directeur de la Société
Française d'Aviation Nouvelle qui cons-
truisit ,le motoplaneur. -,.
Au cours de ce voyage difficile, cet appa-
reil a fait preuve de très belles qualités;
également le moteur Poinsard, dont le
fonctionnement fut très correct. Du reste,
l'essence contenait de l'Anthène de Des-
parmet- et le résultat fflt très heureux.
Mais c'est surtout le pilote que nous
admirons. C'est un rude exploit que d'ef-
fectuer un tel voyage avec des conditions
météorologiques aussi défavorables, c'est
une belle performance que de traverser
les Alpes avec un avion de 25 CV. Thoret
possède évidemment une personnalité, met-
tons coriace et très, accusée. Mais quel
magnifique pilote il est.
-, R. R.
1 -- CHRONIQUE - DE L'AVIATION LEGERE
+ ON SE SOUVIENT de l'intéressant avion léger Lachas-
sagne,. doté d'une voilure et d'un empennage horizontal à
courbure varrable, qui avait été présenté à Orly, notam-
ment par Maurice Arnoux. :
Deux appareils de ce type ont été commandés par des ,
amateurs à M. Lachassagne et c'est l'un d'eux que le
constructeur vient de faire réceptionner avec succès sur
un aérodrome parisien.
L'avion, du type A.L.-5 N" 2, est équipé d'un moteur
A.B.C. de 18 CV.; il a été amené le 11 septembre sur
le terrain et les premiers vols, effectués soùs la direction
du pilote Bouré, - ont donné toute satisfaction. Grâce à,
la vàriation du profil, le petit monoplan grimpe facilement
et file à bonne allure en palier..
Le lendemain matin, le pilote exécuta une nouvelle sortie,
pour avotr l'appareil bien en mains. Puis, dans l'après-midi,
il réussissait, au cours du même vol ,devant un expert du
Bureau Véritas, les essais officiels qui lui étaient imposés.
Tout d'abord l'épreuve de décollage consistant à franchir
au bout de 250 mètres un obstacle de 8 mètres de J
haut, obstacle qui a été passé à 9 m. 50. Ensuite une
montée continue, à 600 mètres, a été réussie, en cinq
minutes. L'atterrissage, enfin, dans les mêmes conditions
que le décollage. a été également satisfaisant.
Le vendredi 13, deux jours après sa sortie de l'atelier,
,- le petit avion Lachassagne était démonté, mise en caisse
et expédié dans un temps record à son propriétaire, M.
Barbaroux, qui l'attend avec impatience, quelque part au
Cameroun. t
+ LA SEMAINE DERNIERE, à l'aérodrome municipal
d'Enghien-Moissolles, le Capitaine Thoret et l'ingénieur
Blazy ont effectué de nombreux vols sur le monoplaneur
S.F.A,N-1 à moteur Poinsard de 25 CV. En particulier
M. Blazy a réalisé l'autre samedi une montée à 2.000
mètres et le- lendemain une autre montée à 2.500 m.
sans - utiliser toute la puissance du moteur; cette dernière
montée s'est ; effectuée- en moins d'une demi-heure; la
vitesse verticale de descent en plané serait approximative-
ment de 1 m. 20 par seconde. • •
IL NOUS SEMBLE INTERESSANT de donner les ca.-
ractéristiques du moto-planeur Chasserio S.F.A.N.-l, utilisé
par Thoret pour ses voyages à Turer
- Caractéristiques. — Poids total en ordre de vol, 285
kg.; surface 16 mq 5; poids au mq 17 kg; 2; poids au
CY. -10-kg- -6.puissance. au mq. CV. 64.
Performances. — Vitesse maximum 115 km.-h.; vitesse
de croisière 90 km.-h.; vitesse d'atterrissage, par vent
nul 35 km.-h.; longueur d'atterrissage, sans freins 50
mètres; longueur de décollage 50 mètres, en 9 ";
temps de montée à 360 mètres en moins de 3'; à 500
en 4'; à 1.000 en 9'; plafond.6000 mètres; -auto-
nomie 5 heures; consommation aux 100 km- 6 litres
d'essence et 150 gr. d'huile. ,
+ AU NOM DU CLUB D'AVIONS LECERS et Economi-
ques de la Somme, affilié à l'Aéro-Club de la Somme,, Mi-
chel Doré a commandé un monoplace S.F.A.N.-Chasserio
à moteur Poinsard 25 CV. Ce monoplace permettra, des
heures de-vol à 60 fr. En outre, grâce à lui, les-amateurs
de vol à voile prendront la hauteur nécessaire, puis ayant
trouvé un courant favorable, couperont le moteur et se
maintiendront - aussi longtemps que leur « flair » leur
permettra de trouver des ascendances.
Le comité du C.L.A.E.S. est composé de MM. Marcel
Dhome, président d'honneur; Michel Dore, président actif;
Mathieu de Cossette et Pierre Chalochet, vice-présidents;
Edmond Cuilbaut, trésorier; Pierre de Cossette. secrétaire;
Jean Capy et Paul Petit, moniteurs,
Deux vues en vol du motoplaneur S.F.A.N., à moteur Poinsard de e 25 CV., avec lequel Thoret a franchi les Alpes.
• - : - - - { , i;
La gazette
du mouvement "Pou"
L'accident de Marseille
et ses enseignements
~U
N douloureux accident vient de plon- -
ger dans le deuil, pour la seconde
fois, le mouvement « Pou-du-Ciel ».
Sur l'appareil des frères Mouriès, Henri
Chapelet, chef-pilote du Club Provençal
de Tourisme Aéi-ieiij a trouvé la mort
dimanche dernia., C'est une nouvelle et
affreuse épreuve.
L'appareil avait clé parfaitement cons-
truit par un mécanicien habile et intelli-
gent, suivant -la formule Mignet 100 pour
100. Les essais, menés méthodiquement
par Chapelet, avec prudence, s'étaient
effectués- dans le calme, à Salon. Ils
avaient été très salisfmsàqts. Chapelet qui,
auparavant, témoignait d'une certaine mé-
fiance à l'égard de la formule, était de-
venu, après avoir piloté l'appareil, entiè-
rement -confiant. Il voyait, comme nous,
dans le « Pou », une réalisation de l'Avia-
tion économiaue. -
Après trois heures de vol impeccable
sur le terrain de Salon, Henri Chapelet
était parti le 15 de la petite piste du Lu-
quet, pour rallier Marignane. Le petit
voyage s'était accompli sans incident; le
« Pou » ayant atteint Marignane, survo-
lait bientôt l'aérodrome, à 800 mètres —
comme en fait foi la feuille du bàrogra-
phe. L'impression des témoins semble
être que le pilote ne put alors effectuer
une descente normale. Ils le virent accom-
plir trois tours du terrain, au bout des-
quels l'appareil se mit à piquer à la ver-
ticale, pendant environ 500 mètres; il se
redressa, amorça une chandelle, piqua de
nouveau pour passer sur le dos. C'est
dans celle position, nous dit-on, qu'il per-
cuta sur l'étang de Berre.
Les secours furent rapides, En dépit
des soins qui lui furent prodigués - res-
piration artificielle notainiiient le
malheureux Chapelet ne put être rappelé
à la vie. Il portait d'ailleurs une blessure
assez profonde au front. >
Henri Chapelet était un excellent piloté.
Adjudant retraité de l'Armée, il n'avait
que trente-huit ans. Il était, pour ses ca-
marades du club le modèle des moniteurs.
« Grand travailleur, nous dit le Dr Gleize-
Bambal, toujours présent sur le terrain,
soucieux ide- son matériel et de ses éleves,
le Club Provençal de Tourisme Aérien lui
devait toute sa vitalité actuelle Très
cnmc de ses élèves, il dirigeait les écoles
de pilotage aux couleurs du C. P. T. A., à
Marignane, à Salon et à Saint-Autan.
-
De cet accident désolant, peut-on, au
moins, tirer une leçon? D'abord. celle
constatation que le « Pou » est une lÛú:"
chine nouvelle — à l'intérêt de laquelle
nous persistons. a croire — dont les essais
doivent être menés avec la plus grandi-
prudence. Pour la seconde fois, iiii
« Pou » pique à la verticale, sans qu'on
en connaise les raisons.
Evidemment, des avions normaux, étu-
diés au laboratoire et en vol, ont connu
cette aventure. Mais elle est d'autant plus
troublante, avec le « Pou-du-Ciel », qllt.
la plupart d'entre ceux qui volent ne pa-
raissent pas manifester cette tendante.
Mignet, Robineau, Kohler, qui ont entre
50 et 150 heures de vol, sur « Pou-du-
Ciel » ne Vont jamais signalée.
Il faut éviter le retour des accidents
d'Alger et de Marseille, inciter les pilotes
à étudier prudemment les réactions du
«Pou», en adoptait strictement le cen-
trage indiqué par Mignet et que nous don-
nons aujourd'hui dans ce numéro. Il ne
faut pas se lancer dans l'inconnu -avant
d'avoir longuement éprouvé l'appareil. ;
D'autre part - et nous Savons que le
Mnistère de l'Air s'y - emploie -, une
étude aérodynamique de l'appareil s'im-
pose. Des recherches ont déjà été faites à
isainî-Cyr. Une maquette existe qui va'
être essayée au tunnel Lioré-et-Olivier.
Enfin, l'Air a acheté un .« Pou » qui doit
lui être livré incessamment. Nous souhai-
tous que cette livraison soit activée, - et
qu'ont soumette ; l'appareil à toutes les
expériences désirables. ,-
Nous disons encore iwtrè. confiance
dans la formule. il est possible et même
certain qu'elle n'est pas parfaite. Si l'on
peut. bien étudier l'appareil, avec le souci,
non pas de le démolir d'avance, mais de
déceler ses imperfections pour les corri-
ger, ilolis soiiiinfis persuadés qu'on abou-
tir, avec le principe Mignet, à une sécurité
- plus grande de l'Aviation privée.
Nous avons soutenu, aux -Ailes la for-
Wtule MitJnd, de toute notre foi, dans un
désintéressement absolu. Uous continue-
rons à la soutenir, parce que nous pen-
sons que-cette formule, en dépit -de aeux
accidents cruels, est viable et qu'elle of fre
des avantages que les antres n'ont pas.
Mais nous avons été et nous sommes
; i- - r "t
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