Titre : L'Athlétisme : organe officiel de la Fédération française d'athlétisme
Auteur : Fédération française d'athlétisme. Auteur du texte
Éditeur : Fédération française d'athlétisme (Paris)
Date d'édition : 1940-05-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344216180
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 21454 Nombre total de vues : 21454
Description : 01 mai 1940 01 mai 1940
Description : 1940/05/01 (N173)-1940/05/31. 1940/05/01 (N173)-1940/05/31.
Description : Collection numérique : Musée national du sport. Collection numérique : Musée national du sport.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6423549m
Source : Fédération Française d'Athlétisme, 2012-247438
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
NOUVELLE SÉRIE - N° 173
MAI 1940
ORGANE OFFICIEL
DE LA FÉDÉRATION
FRANÇAISE?
D'ATHLÉTISME
RECONNUE D'UTILITÉ PUBLIQUE
0
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
32, BOULEVARD HAUSSMANN
TÉLÉPHONE : PROVENCE 69-78
Adresse Télégraphique ;
FÉDATHLÉTI
A nos Camarades
mobilisés
par René MOURLON
—•—
Nous vivons actuellement des heures graves.
Le destin de notre pays est entre les mains de
nos soldats. Toute notre pensée va vers ceux
qui combattent pour nos libertés, et les meil-
leurs de notre grande famille athlétique sont,
parmi tous, au premier rang.
Quoiqu'il en coûte, quelles que soient nos pei-
nes, notre anxiété, il est juste que le danger
venu, nos amis, nos champions soient à leur
place de combat.
Penser ainsi n'est pas, je l'affirme, marquer
de l'indifférence envers eux ; c'est, au contraire,
donner à leur valeur morale, à leur virilité phy-
sique la place qu'elles méritent.
Et pendant qu'ils montent la garde, face à
l'ennemi, instruire les jeunes de leur exemple
est notre devoir ; faire aimer l'athlétisme aux
cadets, aux juniors, c'est leur faire aimer nos
champions, c'est leur faire mesurer la valeur
de leurs exploits, c'est continuer leur œuvre.
J'ai connu, comme bien d'autres jeunes cham-
pions, en 1914, ces heures difficiles et dange-
reuses ; peut-être les vivrai-je encore, ce n'est
donc pas d'un cœur léger que j'écris ces lignes,
mais il est nécessaire qu'on sache que quand la
Patrie est en danger, ceux qui, dans les luttes
pacifiques du stade, représentaient leur pays, se
battent aujourd'hui pour défendre leur drapeau.
Pendant les huit mois qui ont précédé la ruée
ennemie, dans le cadre de ce qui nous était per-
mis, nous n'avons pas cessé d'éclairer les pou-
voirs dirigeants, par des visites, par des rap-
ports, sur une utilisation logique de nos éduca-
teurs sportifs et de nos champions. Nous avons
proposé leur compétence athlétique et leur
exemple ; afin que l'on s'en serve pour édu-
quer nos soldats, pendant les longues journées
d'hiver, il nous apparaissait, en effet, que l'édu-
cation physique et les sports devaient trouver
une grande place parmi la troupe. Nous avons
en vérité obtenu peu de succès !
Est-ce notre faute si la conception que nous
proposions pour l'entraînement physique des
hommes n'a pas été prise en considération ?
Contre le cafard engendré par l'oisiveté, nous
avons vivement encouragé nos camarades à
rechausser les pointes, à s'entraîner où et com-
me ils pourraient ; nous avons sollicité et ob-
tenu de leurs chefs les autorisations néces-
saires, lorsque celles-ci nous étaient deman-
dées, et nous espérions enfin les réunir, à Char-
tres pour les championnats de France de
Cross-Country, à Paris pour une rencontre Ar-
mée Britanniqu'e-Armée Française ; il ne nous
a pas été permis de le faire !
Nous l'avons regretté. Nous le regrettons plus
amèrement encore.
Mais nous espérons bien qu'il nous sera don-
né de pouvoir, en des jours meilleurs, accueil-
lir nos vaillants camarades sur les stades re-
verdis et rendus à nos pacifiques et virils ébats.
René MOURLON.
Serrons les rangs
par Elie MERCIER
—•—
Au moment où tous les Français sont amenés
à montrer leur énergie et leur attachement à
nos institutions, il importe que les sportifs s'ef-
forcent de donner un exemple de foi dans les
destinées du Pays en ne ralentissant pas leur
effort et en groupant le plus de jeunes possi-
ble pour orienter leur formation physique.
*
* *
Le temps des bysantinismes doit être passé et
nous devons tous tirer sur le même timon.
En créant la Direction Technique de l'Athlé-
tisme national, M. le ministre de l'Education
Nationale pensait, avec raison, offrir à toute la
jeunesse libre de France un instrument techni-
que de coordination et d'évolution.
Tous les groupements intéressés furent invi-
tés à collaborer « techniquement » à cette orga-
nisation. Des contacts furent établis ; il sem-
blait bien que la foi, l'enthousiasmant senti-
ment de servir, l'altruisme, allaient triompher
des égoïsmes sinon de ï'égoïsme !
Les difficultés créées par la guerre amenè-
rent un resserrement de collaboration avec cer-
tains alors que d'autres semblèrent se détacher
de l'effort commun.
La Direction ae l'athlétisme national, en par-
fait accord avec les services compétents du mi-
nistère de l'Education Nationale, continua son
effort de coordination et travailla au grand jour
au bénéfice de tous, indistinctement.
Cependant, des critiques franches ou insidieu-
ses se sont progressivement manifestées pour
détruire au moment où il fallait construire. Au
lieu de participER au regroupement des jeunes
par la « technique * sportive des fissures, dans
la sincérité des relations se produisirent et c'est
ainsi que, par exemple, l'âge des cadets et des
juniors (1) qui avait été fixé d'un commun ac-
cord, subit, chez certains, des modifications, sans
avertissement, les programmes transformés, les
noms eux-mêmes, puérilement altérés créant
ainsi une anarchie d'expressions et d'apprécia-
tions au milieu desquelles la jeunesse du Pays
risque de ne plus se reconnaître.
*
*'"
Il n'échappe à personne que le problème de
l'athlétisme, pour être nationalement résolu,
comporte de nombreuses solutions..
Dans le dernier numéro de l'Athlétisme, Al-
fred Spitzer a écrit :
« Il existe, dans notre sport, trois stades
« bien distincts :
« 1° L'éducation athlétique, méthode corpo-
« relle utilitaire ;
« 2° L'athlétisme, sport facile, éducatif et
« distrayant ;
« 3° L'athlétisme de haute compétition qui
« demande des qualités naturelles supérieures
« ou parfaitement cultivées pendant plusieurs
« années. »
Chacune de ces propositions est une solution
qui en comporte elle-même plusieurs.
Et en admettant que ces solutions, transfor-
mant progressivement les données du problème,
fassent naître une féconde résolution, celle-ci
ne pourrait être encore considérée que comme
une phase d'un progrès qui fournirait les don-
nées d'un nouveau problème à résoudre.
Si bien que l'étude et le travail apparaissent
incessants et constituent la caractéristique de
« l'athlétisme ».méthode essentiellement évolu-
tive du fait qu'elle suit le progrès humain et
ne prétend en rien l'arrêter par une barrière
de formules, de théories, de dogmes autori-
taires.
*
**
La Direction de l'Athlétisme national forte
de sa conviction de servir son prochain et son
Pays a tenu à améliorer la condition physique
des Jeunes Français.
Elle a considéré les besoins moyens de la mas-
se populaire et a pris ses directives dans les
exemples connus, vérifiés, offerts par les hom-
mes les plus aptes à accomplir le plus brillam-
ment un effort déterminé.
Ces exemples, après analyses motrice, anato-
mique, physiologique, ont fourni les éléments
économiques de l'Education Physique et ceux,
analytiques, de la culture physique de formation
et d'entretien.
L'instrument éducatif étant établi, un ins-
trument de contrôle a été créé pour vérifier
l'existence et la qualité des facultés qui prési-
dent à la croissance et à l'évolution physique
des humains.
Un tableau de six épreuves a été dressé :
60 m., 300 m., 1.000 m., saut en hauteur, saut
en longueur, poids.
Ces épreuves peuvent se passer partout sans
matériel excessif (à quoi il fallait penser dans
la période que nous vivons).
La cotation des résultats est assurée par
l'emploi d'une « Table Française » permettant
à tous de contrôler les déficiences et de s'em-
ployer à les supprimer. Chaque entraîneur ou
éducateur peut composer ses triathlons à sa
guise dans l'intérieur de son groupement.
Si nous l'avions ignoré, les résultats déjà con-
nus nous auraient fait apercevoir que nos
efforts doivent s'orienter vers le développement
du train supérieur pour obtenir un équilibre
physique favorable à la pratique de tous les
sports.
*
♦ V
Indépendamment du Triathlon, il a été aussi
proposé un « Brevet de l'Espoir Français » qui
se présente comme un additif à l'excellent
« Brevet Sportif Populaire » qui se trouve être
à la portée du plus grand nombre sans consti-
tuer un attrait suffisant pour les meilleurs et
sans provoquer le désir de perfectionnement
chez les plus faibles.
Et nous ne prétendons pas que « Triathlons »
et « Brevet de l'Espoir Français » soient autre
chose que des solutions intermédiaires vers
l'épanouissement complet de l'individu.
*
* *
Il faut, aussi, que la pratique de la marche
soit exaltée.
Des épreuves progressives échelonnées de 5 à
25 kilomètres sont offertes aux jeunes pour re-
trouver la possibilité de se déplacer sans fati-
gue par ce moyen naturel de locomotion que la
vie moderne a trop fait oublier.
Quand on aura accordé une part de l'activité
physique à la natation dans le programme
d' « athlétisation » de la Nation, la revue de
tous les efforts utiles aura été passée puisque
la préparation à l'atihlétislme comprend des
exercices d'agrès, pour la mise en condition du
sauteur à la perche, des exercices de poids et
haltères, pour la préparation des lanceurs de
poids et de disque.
*
*■«
Ne laissons pas la Jeunesse sans idéal de per-
fectionnement et, au-dessus des conceptions par-
ticulières, démontrons que « l'Union fait la
Force » !
Elie MERCIER.
(1) L'AGE DES JUNIORS
L'AGE DES CADETS
« L'Athlétisme » rappelle les renseignements
précédemment donnés sur l'âge des Cadets et sur
l'âge des Juniors :
« Sont Cadets, les jeunes gens nés entre le 15
« novembre 1922 et le 14 novembre inclus.
« Sont Juniors, les jeunes gens nés avant le
« 15 novembre 1922 et dont la classe ou le con-
« tingent de la classe n'a pas encore été incor-
« poré sous les drapeaux. Actuellement, par exem-
« ple, le deuxième contingent de la classe 1939
« n'ayant pas encore été incorporé, tous les jeu-
« nés gens nés après le 30 juin 1919 sont Juniors.
a A partir du 15 avril prochain, la première
« moitié du deuxième contingent de la classe
« 1939 étant incorporée sous les drapeaux, seront
« Juniors les jeunes gens nés après le 30 septem-
» bre 1919 et ainsi de suite.
« Les réformés temporaires, affectés spéciaux,
« etc., ne peuvent être considérés comme Ju-
ii niors si le contingent de la classe à laquelle ils
« appartiennent est incorporé sous les drapeaux. »
LA VIE CONTINUE
par Paul MÉRICAMP
Depuis la parution de notre dernier numéro,
le cours des événements s'est largement mo-
difié.
Certains qui avaient pu croire que la guerre
de mouvements ne pourrait se produire sur
notre front sont revenus de leur erreur, et nous-
mêmes, après avoir prévu un calendrier presque
normal de réunions nationales et de matches
internationaux pour nos juniors et cadets, nous
nous voyons obligés de revoir nos plans.
Notre foi demeure entière dans l'issue des
durs combats présents et si notre cœur se serre
à la pensée de nos camarades dans la fournaise,
c'est avec la certitude que des jours meilleurs
les attendent.
Mais il nous faut prévoir.
Les décisions du ministère de l'Intérieur à
l'égard des réunions sportives nous empêche-
raient à elles seules de réaliser nos projets anté-
rieurs.
Nous avons fait certaines suggestions. Souhai-
tons qu'elles soient prises en considération et
que les réunions d'athlétisme ne soient pas
soumises à un régime plus draconien que les
parties des boules du bois de Vincennes suivies
par des centaines et des centaines de specta-
teurs.
Quoi qu'il en soit, nous allons sérier notre
effort, cet effort qui doit continuer partout où
il est possible.
S'il est des régions où la situation militaire
gêne jusqu'à l'empêcher la vie sportive, s'il est
des ligues, parmi nos plus vivantes, dont une
partie est territorialement envahie, il en est
d'autres dont l'activité ne doit pas décroître et
qui, par l'afflux de jeunes réfugiés, verront
augmenter le nombre des pratiquants.
C'est à celles-là que je fais ici appel.
Dans le cadre des décisions prises par notre
bureau sur la suggestion de la Direction de
l'Athlétisme et de nos techniciens, il faut
que chaque Ligue, chaque club appelle la jeu-
nesse de France, lui donne le goût du stade,
prépare son corps et son esprit à la lutte et
collabore ainsi, en même temps qu'à la vie spor-
tive de notre patrie, à sa défense et à sa gran-
deur.
Paul MERICAMP.
Diriger,
c'est prévoir !
par Alfred SPITZER
—•—
Lorsque la guerre éclata, il fut indispensable
pour notre athlétisme d'envisager la situation
créée par elle. Il en résulta un changement
complet d'orientation. Ce furent donc vers Ca-
dets et Juniors que furent dirigés les efforts.
La guerre, pendant quelques mois, se pré-
senta de manière larvée. Cela suffit pour que fut
critiquée pourtant la sage et utile politique
adoptée.
Mais voilà subitement venue la guerre, la
vraie. On peut donc demander aujourd'hui où on
en serait, si on n'avait pas, de suite, en sep-
tembre dernier, adopté d'abord, adapté ensuite,
des formules et des conceptions véritablement en
rapport avec la situation.
Tout aurait été subitement bouleversé. Il fau-
drait improviser. On peut même se demander
si la chose eût été possible et s'il n'eût pas fallu
de longs mois pour mettre en route d'abord des
formules semblables à celles conçues dès sep-
tembre.
Combien de temps eût-il encore fallu pour
donner aux jeunes un dynamisme égal à celui
qui est présentement le leur.
La prévoyance montrée, permet, dans la limite
des circonstances, bien entendu, de n'avoir qu'à
continuer.
Tout l'appareil athlétique est en place et en
bon ordre de marche. Une bonne saison de cross
dés Cadets et des Juniors a créé l'ambiance. Les
nombreux Triatlhons l'ont harmonisée et ont
orienté avec enthousiasme la jeunesse athlétique
vers la saison estivale.
Que sera celle-ci ? Ce que les événements
permettront. Mais par la prévoyance montrée,
elle sera quoi qu'il advienne. C'est là le principal
pour l'avenir de notre athlétisme.
Préparation Militaire
par Élie MERCIER
—•—
Au risque de passer pour radoteur, je per-
siste à dire que la VRAIE préparation mili-
taire est, avant tout, une préparation physi-
que.
Les heures que nous vivons en sont une
preuve irréfutable.
Il ne s'agit pas de récriminer sur les erreurs
du passé. Il s'agit maintenant de serrer les
dents et d'exiger de la préparation militaire un
programme viril, rude, à la hauteur des besoins
réels de la nation.
Il nous faut des hommes habitués à se com-
mander et à se contrôler plus que réciteurs de
théories.
Faisons des gars solides et l'armée se char-
gera de les adapter à leur fonction.
Qu'il soit nécessaire de débrouiller de futurs
soldats pour que leur instruction au régiment
soit écourtée, le point de vue se défend pour
les spécialités.
Mais, avant tout, il faut des sujets maîtres
d'eux-mêmes, maîtres de leurs nerfs.
La belle affaire d'avoir des spécialistes inca-
pables, physiquement, de servir leur arme et
de s'en servir pendant le temps nécessaire à
la réalisation entière de leur mission faute d'en-
durance et de libre arbitre.
La meilleure arme du monde devient un
manche à balai entre les mains d'un endormi.
Alerte ! la P. M., ce n'est pas le moment de
supprimer le B. S. P.; il faut l'intensifier au
contraire.
Il n'y a pas à perdre de temps. Il faut que
les détenteurs des brevets militaires aient réelle-
ment passé leur examen physique.
Et ce qui est vrai, car c'est vrai, pour les
civils l'est également pour les écoles militaires.
Il faut modeler les corps, renforcer les cœurs,
assouplir les poumons et élever l'âme !
ELIE MERCIER.
DIRIGEANTS
DE LIGUES
ET DE SOCIETES
Lisez et faites lire
LAlr H L É ir i S M E Y"
de la première à la dernière
ligne, vous trouverez des choses inté-
ressantes, des renseignements utiles.
: ':;. .::"t. ";"':"
MAI 1940
ORGANE OFFICIEL
DE LA FÉDÉRATION
FRANÇAISE?
D'ATHLÉTISME
RECONNUE D'UTILITÉ PUBLIQUE
0
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
32, BOULEVARD HAUSSMANN
TÉLÉPHONE : PROVENCE 69-78
Adresse Télégraphique ;
FÉDATHLÉTI
A nos Camarades
mobilisés
par René MOURLON
—•—
Nous vivons actuellement des heures graves.
Le destin de notre pays est entre les mains de
nos soldats. Toute notre pensée va vers ceux
qui combattent pour nos libertés, et les meil-
leurs de notre grande famille athlétique sont,
parmi tous, au premier rang.
Quoiqu'il en coûte, quelles que soient nos pei-
nes, notre anxiété, il est juste que le danger
venu, nos amis, nos champions soient à leur
place de combat.
Penser ainsi n'est pas, je l'affirme, marquer
de l'indifférence envers eux ; c'est, au contraire,
donner à leur valeur morale, à leur virilité phy-
sique la place qu'elles méritent.
Et pendant qu'ils montent la garde, face à
l'ennemi, instruire les jeunes de leur exemple
est notre devoir ; faire aimer l'athlétisme aux
cadets, aux juniors, c'est leur faire aimer nos
champions, c'est leur faire mesurer la valeur
de leurs exploits, c'est continuer leur œuvre.
J'ai connu, comme bien d'autres jeunes cham-
pions, en 1914, ces heures difficiles et dange-
reuses ; peut-être les vivrai-je encore, ce n'est
donc pas d'un cœur léger que j'écris ces lignes,
mais il est nécessaire qu'on sache que quand la
Patrie est en danger, ceux qui, dans les luttes
pacifiques du stade, représentaient leur pays, se
battent aujourd'hui pour défendre leur drapeau.
Pendant les huit mois qui ont précédé la ruée
ennemie, dans le cadre de ce qui nous était per-
mis, nous n'avons pas cessé d'éclairer les pou-
voirs dirigeants, par des visites, par des rap-
ports, sur une utilisation logique de nos éduca-
teurs sportifs et de nos champions. Nous avons
proposé leur compétence athlétique et leur
exemple ; afin que l'on s'en serve pour édu-
quer nos soldats, pendant les longues journées
d'hiver, il nous apparaissait, en effet, que l'édu-
cation physique et les sports devaient trouver
une grande place parmi la troupe. Nous avons
en vérité obtenu peu de succès !
Est-ce notre faute si la conception que nous
proposions pour l'entraînement physique des
hommes n'a pas été prise en considération ?
Contre le cafard engendré par l'oisiveté, nous
avons vivement encouragé nos camarades à
rechausser les pointes, à s'entraîner où et com-
me ils pourraient ; nous avons sollicité et ob-
tenu de leurs chefs les autorisations néces-
saires, lorsque celles-ci nous étaient deman-
dées, et nous espérions enfin les réunir, à Char-
tres pour les championnats de France de
Cross-Country, à Paris pour une rencontre Ar-
mée Britanniqu'e-Armée Française ; il ne nous
a pas été permis de le faire !
Nous l'avons regretté. Nous le regrettons plus
amèrement encore.
Mais nous espérons bien qu'il nous sera don-
né de pouvoir, en des jours meilleurs, accueil-
lir nos vaillants camarades sur les stades re-
verdis et rendus à nos pacifiques et virils ébats.
René MOURLON.
Serrons les rangs
par Elie MERCIER
—•—
Au moment où tous les Français sont amenés
à montrer leur énergie et leur attachement à
nos institutions, il importe que les sportifs s'ef-
forcent de donner un exemple de foi dans les
destinées du Pays en ne ralentissant pas leur
effort et en groupant le plus de jeunes possi-
ble pour orienter leur formation physique.
*
* *
Le temps des bysantinismes doit être passé et
nous devons tous tirer sur le même timon.
En créant la Direction Technique de l'Athlé-
tisme national, M. le ministre de l'Education
Nationale pensait, avec raison, offrir à toute la
jeunesse libre de France un instrument techni-
que de coordination et d'évolution.
Tous les groupements intéressés furent invi-
tés à collaborer « techniquement » à cette orga-
nisation. Des contacts furent établis ; il sem-
blait bien que la foi, l'enthousiasmant senti-
ment de servir, l'altruisme, allaient triompher
des égoïsmes sinon de ï'égoïsme !
Les difficultés créées par la guerre amenè-
rent un resserrement de collaboration avec cer-
tains alors que d'autres semblèrent se détacher
de l'effort commun.
La Direction ae l'athlétisme national, en par-
fait accord avec les services compétents du mi-
nistère de l'Education Nationale, continua son
effort de coordination et travailla au grand jour
au bénéfice de tous, indistinctement.
Cependant, des critiques franches ou insidieu-
ses se sont progressivement manifestées pour
détruire au moment où il fallait construire. Au
lieu de participER au regroupement des jeunes
par la « technique * sportive des fissures, dans
la sincérité des relations se produisirent et c'est
ainsi que, par exemple, l'âge des cadets et des
juniors (1) qui avait été fixé d'un commun ac-
cord, subit, chez certains, des modifications, sans
avertissement, les programmes transformés, les
noms eux-mêmes, puérilement altérés créant
ainsi une anarchie d'expressions et d'apprécia-
tions au milieu desquelles la jeunesse du Pays
risque de ne plus se reconnaître.
*
*'"
Il n'échappe à personne que le problème de
l'athlétisme, pour être nationalement résolu,
comporte de nombreuses solutions..
Dans le dernier numéro de l'Athlétisme, Al-
fred Spitzer a écrit :
« Il existe, dans notre sport, trois stades
« bien distincts :
« 1° L'éducation athlétique, méthode corpo-
« relle utilitaire ;
« 2° L'athlétisme, sport facile, éducatif et
« distrayant ;
« 3° L'athlétisme de haute compétition qui
« demande des qualités naturelles supérieures
« ou parfaitement cultivées pendant plusieurs
« années. »
Chacune de ces propositions est une solution
qui en comporte elle-même plusieurs.
Et en admettant que ces solutions, transfor-
mant progressivement les données du problème,
fassent naître une féconde résolution, celle-ci
ne pourrait être encore considérée que comme
une phase d'un progrès qui fournirait les don-
nées d'un nouveau problème à résoudre.
Si bien que l'étude et le travail apparaissent
incessants et constituent la caractéristique de
« l'athlétisme ».méthode essentiellement évolu-
tive du fait qu'elle suit le progrès humain et
ne prétend en rien l'arrêter par une barrière
de formules, de théories, de dogmes autori-
taires.
*
**
La Direction de l'Athlétisme national forte
de sa conviction de servir son prochain et son
Pays a tenu à améliorer la condition physique
des Jeunes Français.
Elle a considéré les besoins moyens de la mas-
se populaire et a pris ses directives dans les
exemples connus, vérifiés, offerts par les hom-
mes les plus aptes à accomplir le plus brillam-
ment un effort déterminé.
Ces exemples, après analyses motrice, anato-
mique, physiologique, ont fourni les éléments
économiques de l'Education Physique et ceux,
analytiques, de la culture physique de formation
et d'entretien.
L'instrument éducatif étant établi, un ins-
trument de contrôle a été créé pour vérifier
l'existence et la qualité des facultés qui prési-
dent à la croissance et à l'évolution physique
des humains.
Un tableau de six épreuves a été dressé :
60 m., 300 m., 1.000 m., saut en hauteur, saut
en longueur, poids.
Ces épreuves peuvent se passer partout sans
matériel excessif (à quoi il fallait penser dans
la période que nous vivons).
La cotation des résultats est assurée par
l'emploi d'une « Table Française » permettant
à tous de contrôler les déficiences et de s'em-
ployer à les supprimer. Chaque entraîneur ou
éducateur peut composer ses triathlons à sa
guise dans l'intérieur de son groupement.
Si nous l'avions ignoré, les résultats déjà con-
nus nous auraient fait apercevoir que nos
efforts doivent s'orienter vers le développement
du train supérieur pour obtenir un équilibre
physique favorable à la pratique de tous les
sports.
*
♦ V
Indépendamment du Triathlon, il a été aussi
proposé un « Brevet de l'Espoir Français » qui
se présente comme un additif à l'excellent
« Brevet Sportif Populaire » qui se trouve être
à la portée du plus grand nombre sans consti-
tuer un attrait suffisant pour les meilleurs et
sans provoquer le désir de perfectionnement
chez les plus faibles.
Et nous ne prétendons pas que « Triathlons »
et « Brevet de l'Espoir Français » soient autre
chose que des solutions intermédiaires vers
l'épanouissement complet de l'individu.
*
* *
Il faut, aussi, que la pratique de la marche
soit exaltée.
Des épreuves progressives échelonnées de 5 à
25 kilomètres sont offertes aux jeunes pour re-
trouver la possibilité de se déplacer sans fati-
gue par ce moyen naturel de locomotion que la
vie moderne a trop fait oublier.
Quand on aura accordé une part de l'activité
physique à la natation dans le programme
d' « athlétisation » de la Nation, la revue de
tous les efforts utiles aura été passée puisque
la préparation à l'atihlétislme comprend des
exercices d'agrès, pour la mise en condition du
sauteur à la perche, des exercices de poids et
haltères, pour la préparation des lanceurs de
poids et de disque.
*
*■«
Ne laissons pas la Jeunesse sans idéal de per-
fectionnement et, au-dessus des conceptions par-
ticulières, démontrons que « l'Union fait la
Force » !
Elie MERCIER.
(1) L'AGE DES JUNIORS
L'AGE DES CADETS
« L'Athlétisme » rappelle les renseignements
précédemment donnés sur l'âge des Cadets et sur
l'âge des Juniors :
« Sont Cadets, les jeunes gens nés entre le 15
« novembre 1922 et le 14 novembre inclus.
« Sont Juniors, les jeunes gens nés avant le
« 15 novembre 1922 et dont la classe ou le con-
« tingent de la classe n'a pas encore été incor-
« poré sous les drapeaux. Actuellement, par exem-
« ple, le deuxième contingent de la classe 1939
« n'ayant pas encore été incorporé, tous les jeu-
« nés gens nés après le 30 juin 1919 sont Juniors.
a A partir du 15 avril prochain, la première
« moitié du deuxième contingent de la classe
« 1939 étant incorporée sous les drapeaux, seront
« Juniors les jeunes gens nés après le 30 septem-
» bre 1919 et ainsi de suite.
« Les réformés temporaires, affectés spéciaux,
« etc., ne peuvent être considérés comme Ju-
ii niors si le contingent de la classe à laquelle ils
« appartiennent est incorporé sous les drapeaux. »
LA VIE CONTINUE
par Paul MÉRICAMP
Depuis la parution de notre dernier numéro,
le cours des événements s'est largement mo-
difié.
Certains qui avaient pu croire que la guerre
de mouvements ne pourrait se produire sur
notre front sont revenus de leur erreur, et nous-
mêmes, après avoir prévu un calendrier presque
normal de réunions nationales et de matches
internationaux pour nos juniors et cadets, nous
nous voyons obligés de revoir nos plans.
Notre foi demeure entière dans l'issue des
durs combats présents et si notre cœur se serre
à la pensée de nos camarades dans la fournaise,
c'est avec la certitude que des jours meilleurs
les attendent.
Mais il nous faut prévoir.
Les décisions du ministère de l'Intérieur à
l'égard des réunions sportives nous empêche-
raient à elles seules de réaliser nos projets anté-
rieurs.
Nous avons fait certaines suggestions. Souhai-
tons qu'elles soient prises en considération et
que les réunions d'athlétisme ne soient pas
soumises à un régime plus draconien que les
parties des boules du bois de Vincennes suivies
par des centaines et des centaines de specta-
teurs.
Quoi qu'il en soit, nous allons sérier notre
effort, cet effort qui doit continuer partout où
il est possible.
S'il est des régions où la situation militaire
gêne jusqu'à l'empêcher la vie sportive, s'il est
des ligues, parmi nos plus vivantes, dont une
partie est territorialement envahie, il en est
d'autres dont l'activité ne doit pas décroître et
qui, par l'afflux de jeunes réfugiés, verront
augmenter le nombre des pratiquants.
C'est à celles-là que je fais ici appel.
Dans le cadre des décisions prises par notre
bureau sur la suggestion de la Direction de
l'Athlétisme et de nos techniciens, il faut
que chaque Ligue, chaque club appelle la jeu-
nesse de France, lui donne le goût du stade,
prépare son corps et son esprit à la lutte et
collabore ainsi, en même temps qu'à la vie spor-
tive de notre patrie, à sa défense et à sa gran-
deur.
Paul MERICAMP.
Diriger,
c'est prévoir !
par Alfred SPITZER
—•—
Lorsque la guerre éclata, il fut indispensable
pour notre athlétisme d'envisager la situation
créée par elle. Il en résulta un changement
complet d'orientation. Ce furent donc vers Ca-
dets et Juniors que furent dirigés les efforts.
La guerre, pendant quelques mois, se pré-
senta de manière larvée. Cela suffit pour que fut
critiquée pourtant la sage et utile politique
adoptée.
Mais voilà subitement venue la guerre, la
vraie. On peut donc demander aujourd'hui où on
en serait, si on n'avait pas, de suite, en sep-
tembre dernier, adopté d'abord, adapté ensuite,
des formules et des conceptions véritablement en
rapport avec la situation.
Tout aurait été subitement bouleversé. Il fau-
drait improviser. On peut même se demander
si la chose eût été possible et s'il n'eût pas fallu
de longs mois pour mettre en route d'abord des
formules semblables à celles conçues dès sep-
tembre.
Combien de temps eût-il encore fallu pour
donner aux jeunes un dynamisme égal à celui
qui est présentement le leur.
La prévoyance montrée, permet, dans la limite
des circonstances, bien entendu, de n'avoir qu'à
continuer.
Tout l'appareil athlétique est en place et en
bon ordre de marche. Une bonne saison de cross
dés Cadets et des Juniors a créé l'ambiance. Les
nombreux Triatlhons l'ont harmonisée et ont
orienté avec enthousiasme la jeunesse athlétique
vers la saison estivale.
Que sera celle-ci ? Ce que les événements
permettront. Mais par la prévoyance montrée,
elle sera quoi qu'il advienne. C'est là le principal
pour l'avenir de notre athlétisme.
Préparation Militaire
par Élie MERCIER
—•—
Au risque de passer pour radoteur, je per-
siste à dire que la VRAIE préparation mili-
taire est, avant tout, une préparation physi-
que.
Les heures que nous vivons en sont une
preuve irréfutable.
Il ne s'agit pas de récriminer sur les erreurs
du passé. Il s'agit maintenant de serrer les
dents et d'exiger de la préparation militaire un
programme viril, rude, à la hauteur des besoins
réels de la nation.
Il nous faut des hommes habitués à se com-
mander et à se contrôler plus que réciteurs de
théories.
Faisons des gars solides et l'armée se char-
gera de les adapter à leur fonction.
Qu'il soit nécessaire de débrouiller de futurs
soldats pour que leur instruction au régiment
soit écourtée, le point de vue se défend pour
les spécialités.
Mais, avant tout, il faut des sujets maîtres
d'eux-mêmes, maîtres de leurs nerfs.
La belle affaire d'avoir des spécialistes inca-
pables, physiquement, de servir leur arme et
de s'en servir pendant le temps nécessaire à
la réalisation entière de leur mission faute d'en-
durance et de libre arbitre.
La meilleure arme du monde devient un
manche à balai entre les mains d'un endormi.
Alerte ! la P. M., ce n'est pas le moment de
supprimer le B. S. P.; il faut l'intensifier au
contraire.
Il n'y a pas à perdre de temps. Il faut que
les détenteurs des brevets militaires aient réelle-
ment passé leur examen physique.
Et ce qui est vrai, car c'est vrai, pour les
civils l'est également pour les écoles militaires.
Il faut modeler les corps, renforcer les cœurs,
assouplir les poumons et élever l'âme !
ELIE MERCIER.
DIRIGEANTS
DE LIGUES
ET DE SOCIETES
Lisez et faites lire
LAlr H L É ir i S M E Y"
de la première à la dernière
ligne, vous trouverez des choses inté-
ressantes, des renseignements utiles.
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