Titre : La Vie quotidienne : journal hebdomadaire / directeur : Gaston Lèbre ; rédacteur en chef : Georges Labouchère
Éditeur : (Paris)
Date d'édition : 1899-12-10
Contributeur : Lèbre, Gaston (1857-1939). Directeur de publication
Contributeur : Labouchère, Georges. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328893220
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 747 Nombre total de vues : 747
Description : 10 décembre 1899 10 décembre 1899
Description : 1899/12/10 (A2,N50). 1899/12/10 (A2,N50).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6343512w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, FOL-Z-819
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
- 399
-voir les trésors de puissance, do richesse et d'influence
que notre pays en retirerait.
Et môme, ce n'est pas tout : je parle de rapidité, de
richesse, de suprématie économique. Il y a encore
autre chose, et autre chose de très-important.
Il y a. je crois, un intérêt primordial à réunir notre
flotte transatlantique sous la protection immédiate de
notre flotte de guerre. Au Havre, au jour d'une guerre
maritime, nos paquebots sont en l'air, sans appui, sans
soutien, sans protection réellement efficaces. Certaine-
ment le Havre sera protégé : mais le sera-t-il suffi-
samment contre un ennemi résolu, autant que supé-
rieurement, armé. contre un ennemi décidé à jouer une
partie décisive, à sacrifier une partie de ses forces
pour nous inlliger un désastre complet en saccageant
nos docks et en capturant ou détruisant notre Hutte
transatlantique, supprimant ainsi nos croiseurs auxi-
liaires et en même temps réduisant à néant nos moyens
d'action pour les temps de paix à venir? J'avoue que
j'ai des doutes inquiétants,
A Brest au contraire il n'existe pas l'ombre d'un
danger de ce genre, et l'ennemi, quel qu'il soit, aura
fort a faire pour arriver seulement. jusqu'à l'elltrée du
Goulet. Y arriverait-il môme, qu'il serait dans un piètre
état pour tenter le forcement de cette terrible passe,
sans compter qu'aux batteries de terre si formidable-
ment armées pourrait venir s'ajouter le concours d'une
flotte absolument intacte et tenue jusqu'à ce moment
à l'abri dans la rade. Réunis à Brest, nos transatlan-
tiques seraieiit parfaitement à couvert de tout accident
et auraient une retraite infiniment plus sûre qu'au
Hàvie. De plus, grâce aux ressources de l'arsenal ils
pOllrraipllt, avec la plus grande rapidité, être trans-
formés eu croiseurs auxiliaires et même, profilant, de
l'immense étendue de la rade, faire avec leur nouvel
armement des évolutions et exercices d'essais en par-
faite sécurité, ce qui leur serait impossible au Havre.
L'homogénéité de la flotte serait ainsi assurée d'avance,
alors qu'avec ce stationnement, au Havre, elle reste
problématique, pour ne pas dire davantage; et nous ne
sommes véritablement pas assez riches en navires en
face de nos principaux rivaux, pour nous permettre
une fantaisie de ce genre.
A tout cela je ne vois pas qu'on puisse opposer de
raisons vraiment sérieuses.
Il y avait contre Brest un grand argument que l'on
ne manquait jamais de mettre en avant : et c'était,
d'ailleurs le seul qui parut avoir une réelle valeur: on
prétendait que les atterrages de Brest n'étaient pas sûrs.
Si même cette raison a pu avuir Da gravité à un mo-
ment donné, elle n'a plus maintenant la moindre va-
leur, depuis la magistrale exploration des abords de
Brest et de Molène, faIte cette année-ci de mai à octo-
bre 1899 par la mission hydrographique de MM. Re-
naud, Ganthier, etc. Avec la carte à laquelle ces mes-
sieurs mettent la. dernière main et qui est, assise sur
des sondages réitérés (- je puis en parler sciemment,
ayant, eu la bonne fortune d'en être te spectateur et
ayant été fort, gracie.usement accueilli à bord de l'un
des navires de la mission), tout navire, quel qu'il
soit, pourra entrer à Brest comme il voudra, avec cet
avantage, inestimable pour les transatlantiques et in-
connu au lIÙvre, de n'avoir pas à se préoccuper des
heures de marée. Il y a toujours de l'eau dans le port
de Brest et c'est encore un avantage qui milite en fa-
veur de ce site incomparable, qui était jugé dernière-
ment avec juste raison par un Américain : le plus beau
port de l'Europe.
Créons donc enfin Brest port d'attache des trans-
atlantiques.
Et sur cette conclusion, une pensée mélancolique me
prend, en songeant qu'en France il faut dire des choses
comme cela; et, c'est que non-seulement il faut les dire
une fois, mais dix fois, mais cent fois, mais cinq cents
fois, qu'il faut les ressasser, les rallâcher sans trêve,
ni relâche, comme Caton l'Ancien répétait son inva-
riable : Delcnda est Garthago! Seulement le peuple ro-
main finit par écouter Caton : au lieu qu'en France.. !
Nous autres; nous attendons que l'étranger, qui se
rit de nous. vienne en s'en emparant et en en faisant
son profit, nous montrer les richesses naturelles que
nous possédons. Alors nous poussons des exclamations
de stupeur et nous recommençons à la prochaine oc-
casion. Que Brest soit le port terminus rêvé pour une
ligne transatlantique, cela ne fait l'ombre d'un doute
pour personne, et à l'étranger on ne comprend pas
pourquoi nous n'utilisons pas ce port qui éclipserait
tous les autres : on ne le comprend pas, mais on s'en
réjouit.
'£.' Aurons-nous la honte de voir, comme on l'annonçait
f dernièrement, une compagnie américaine faire toucher
',' ses paquebots à Brest pendanttouteta durée de l'Expo-
sition? Ce serait vraiment d'une sottise inouïe. Espé-
rons qu'il n'en sera rien et qu'au contraire nous nous
acheminons vers le transfert tant désiré et si indis-
pensable : pour arriver à ce résultat dont dépend l'ave-
nir économique et militaire de la France il faut lutter
et lutter infatigablement. L'idée a d'ailleurs de bons
et fermes soutiens, des champions de haute valeur,
comme notre aimable et vaillant confrère la Dépêche
de Brest; il faut faire plus encore, profiter de l'impul-
sion donnée par la Ligue Maritime Française et cmpor-
ter la position de haute lutte dans ta Tresse et dans
le Parlement. Nous finirons par vaincre et par obtenir
au nom des intérêts supérieurs du pays cette chose
qui devrait être fait e depuis des années : le transfert
des transatlantiques à Brest.
f1 L' F X POSITION
On sait quelle place occuperont les inventions
scientifiques à l'Exposition de igoo; mais, parmi
ces inventions, il yen a qui ne s'adresseront qu'aux
initiés, aux adeptes de la science pure. Tel n'est
pas le gigantesque projet qu'a conçu M. Galeron,
membre de la Société des Architectes diplômés,
son Globe Céleste de 40 mètres de diamètre! per-
mettra au plus humble paysan de se faire une idée
exacte du système cosmique. « Les Sphères cé-
lestes en usage dans nos écoles ou exposées
dans nos musées, disait M. Galeron ne 1895 (con-
férence faite à l'Ecole des Beaux-Arts), ont le tort
grave d'être convexes, ce qui déroute le specta-
teur, supposé en dehors de l'Univers. Celle-ci est
creuse, ei l'observateur est au-dedans. Cet obser-
vateur, nous le plaçons à la surface d'une autre
boule pltfs petite de 12 mètres de diamètre (1), cen-
trale, qui représente la Terre qui nous porte. Or
(et c'est ici que la nouveauté de l'idée s'accentue)
la boule de 12 mètres qui figure la Tene tournera
sur son axe, entrainant avec elle les personnes
qui l'habitent, d'Occident eu Orient. Quelle sera
la conséquence de cette disposition, calquée sur
la nature Vous la saisissez sans peine. Les ob-
servateurs auront l'impression exacte que produit
la rotation diurne de la vraie Terre sur son axe,
c'est-à-dire que c'est la Sphère céleste qui les en-
toure qui leur semblera tourner d'Orient rn Occi-
dent. Les astres se lèveront pour eux comme ils se
lèvent à l'horizon véritable, ils monteront dans le
ciel visible, passeront au méridien de chacun, des-
cendront et viendront se coucher à l'Occident. Ici
tout en observant le phénomène, on en saisira la
cause, car il n'y a pas de mystère, tout le monde
est prévenu; l'on sait à n'en point douter, qu'on
se trouve dans une petite Sphère tournante, au cen-
tre d'une grande Sphère immobile, et pourtant on
éprouvera la sensation du contraire. La situation,
est identiquement semblable à celle ou les hommes
sont placés sur la vraie planète qu'ils habitent. »
Tout autour s'étendra la voûte céleste, formée par
une étoffe bleu foncé, et tapissée de Constellations
figurées par des lampes à incandescence; on pourra
contempler les corps stellaires de tout ordre et de
toute grandeur, la Voie lactée, les Nébuleuses, les
Etoiles, le Soleil gravitant sur l'écliptique, !a Lune
décrivant sa révolution autour de la terre. Des as-
censeurs obliques permettront d'atteindre une pla-
teforme supérieure d'où l'onjouira d'uncoup d'œil
merveilleux sur l'ensemble de l'Exposition. Et, en
s'arrêtant aux paliers ménagés à l'intérieur et à la
base, on pourra contempler les astres sous les di-
verses latitudes, sous les tropiques, sous l'Equa-
teur; quel voyage à faire en 10 minutes seulement!
La grande difficulté était d'établir la relation exacte
entre les différents corps célestes, dans l'espace
et dans le temps. On connait la célèbre comparai-
son de John Herschell. « Le célèbre astronome,
disait M. Galeron en 1895, nous propose d'imagi-
ner une plaine de plusieurs lieues. Au milieu de
cette plaine, un vulgaire potiron joue le rôle du
(1) De 8 mètres, dans le projet définitif-
soleil, à 3o mètres de cette citroui le un grain de -
millet, posé également sur le sol, est Mercure,Ma
première planète. A 60 mètres, Vénus est figurée V
par un petit pois sec, la Terre, que nous sommes
portés à croire un monde immense, par un pois à - ;
peine plus gros, situé à 100 mètres du potiron.,
Mars est un grain de chènevis à près de deux ki-
lomètres. Le gros Jupiter, une orange à 1 kilomè- ;
tre environ; puis une pèche, plus éloignée repré-
sente Saturne; une cerise, Uranus. et enfin, pou-
vons-nous ajouter depuis Herschell, Neptune, le
nouveau venu, aux confins probables du système
planétaire, esrt représenté par une prune de Reine-
Claude, à plusieurs lieues du potifon-Soleil. Vous
voyez qu'il est tout-à-fait impraticable de tracer
un pareil plan dans un espace moindre que la
plaine en question. » Pour trancher lh difficulté,
M. Galeron a réduit la révolution diurne de la ;'
Terre à cinq minutes au lieu de 24 heures, et il a
réussi avec une précision merveilleuse à conser-
ver le synchronisme exact des divers mouvements
de la Terre, de la Lune, du Soleil et des planètes. v
Nous n'avons parlé ici que de l'intérieur du gi-
gantesque Globe Céleste ; - c'est du r^ste la par-
tie la plus originale de la nouvelle invention.
mais l'extérieur ne sera pas moins digne d'attirer :
les regards. Sur le fond bleu d'azur de la sphère se
détacheront les figures mythologiques des cons-'
tellations, qui le soir, seront éclaitées par de gros
cabochons stellaires. Le globe repose sur un pié-
destal ajouré, et chaque angle du socle est orné
d'une colossale figure symbolique, due au statuaire
Cordier, et qui tient dans ses mains une des qua-
tre grandes planètes. La décoration extérieure a
donc un caractère grandiose. Mais voici une nou- .,
velle attraction artistique celle-là à laquelle
on ne se serait guère attendu. Les organisateurs
du Globe Céleste ont fait constiuire un grand or-,-
gue automatique, qui pendant la promenade à tra- ;
vers le monde olanétaire, exécutera une musique ,' :
céleste composée par M. Camille Saint-Saëns. i
De grands concerts d'orgue et d'orchestre seront 'v
donnés sous le patronage du maître ; quelle émo-
tion n'éprouvera-t-on pas, dans cette salle unique ':~
au monde, en écoutant ces harmonies célestes, x , ,
troublantes et mystérieuses 1. D'autre part, '1
comme il ne taut jamais oublier le côte matériel et
pratique, le Globe Céleste s'clevera sur un terrain
attenant au Champ de Mars, et longeant le quai de (
la gare ; plusieurs entrées mettront cette attraction •*
unique en communication avec l'Exposition. N'ou- :.
blions pas enfin les annexes nombreuses toutes ba-
sées sur le même plan, qui viendront s'ajouter à
l'edifice du Globe Céleste; à citer en première li- ̃̃̃
gne les remarquables projections de M. Leclerc :
'Paris et VExposition à vol d'oiseau.. Nous le ré- <
pétons rien ne pourra égaler le Globe Céleste de f
M. Galeron comme moyen de vulgarisation scien-
tifique. , ;
tCHDS
La poignéede mains, dernier cri: Vous levez d'un
mouvement vif le coude à hauteur de l'œil en lais-
sant retomber mollement le poignet. Vous saisis-
sez la main qui vous est tendue et vous la secouez
deux ou trois fois, en relevant le poignet et en abais- ;i
sant le coude.
Le chic consiste à im primer aux secousses un mou-
vement proportionné à l'importance et à la qualité
de la personne à laquelle vous donnez le shake-
hand. Des secoussss brusques et vives convien-
nent à un ami. Des secousses alanguies seront de
mise pour une jolie femme. Des secousses à peine
indiquées marqueront la déférence ou tout au con- '':
traire le dédain. C'est tout un art.
-voir les trésors de puissance, do richesse et d'influence
que notre pays en retirerait.
Et môme, ce n'est pas tout : je parle de rapidité, de
richesse, de suprématie économique. Il y a encore
autre chose, et autre chose de très-important.
Il y a. je crois, un intérêt primordial à réunir notre
flotte transatlantique sous la protection immédiate de
notre flotte de guerre. Au Havre, au jour d'une guerre
maritime, nos paquebots sont en l'air, sans appui, sans
soutien, sans protection réellement efficaces. Certaine-
ment le Havre sera protégé : mais le sera-t-il suffi-
samment contre un ennemi résolu, autant que supé-
rieurement, armé. contre un ennemi décidé à jouer une
partie décisive, à sacrifier une partie de ses forces
pour nous inlliger un désastre complet en saccageant
nos docks et en capturant ou détruisant notre Hutte
transatlantique, supprimant ainsi nos croiseurs auxi-
liaires et en même temps réduisant à néant nos moyens
d'action pour les temps de paix à venir? J'avoue que
j'ai des doutes inquiétants,
A Brest au contraire il n'existe pas l'ombre d'un
danger de ce genre, et l'ennemi, quel qu'il soit, aura
fort a faire pour arriver seulement. jusqu'à l'elltrée du
Goulet. Y arriverait-il môme, qu'il serait dans un piètre
état pour tenter le forcement de cette terrible passe,
sans compter qu'aux batteries de terre si formidable-
ment armées pourrait venir s'ajouter le concours d'une
flotte absolument intacte et tenue jusqu'à ce moment
à l'abri dans la rade. Réunis à Brest, nos transatlan-
tiques seraieiit parfaitement à couvert de tout accident
et auraient une retraite infiniment plus sûre qu'au
Hàvie. De plus, grâce aux ressources de l'arsenal ils
pOllrraipllt, avec la plus grande rapidité, être trans-
formés eu croiseurs auxiliaires et même, profilant, de
l'immense étendue de la rade, faire avec leur nouvel
armement des évolutions et exercices d'essais en par-
faite sécurité, ce qui leur serait impossible au Havre.
L'homogénéité de la flotte serait ainsi assurée d'avance,
alors qu'avec ce stationnement, au Havre, elle reste
problématique, pour ne pas dire davantage; et nous ne
sommes véritablement pas assez riches en navires en
face de nos principaux rivaux, pour nous permettre
une fantaisie de ce genre.
A tout cela je ne vois pas qu'on puisse opposer de
raisons vraiment sérieuses.
Il y avait contre Brest un grand argument que l'on
ne manquait jamais de mettre en avant : et c'était,
d'ailleurs le seul qui parut avoir une réelle valeur: on
prétendait que les atterrages de Brest n'étaient pas sûrs.
Si même cette raison a pu avuir Da gravité à un mo-
ment donné, elle n'a plus maintenant la moindre va-
leur, depuis la magistrale exploration des abords de
Brest et de Molène, faIte cette année-ci de mai à octo-
bre 1899 par la mission hydrographique de MM. Re-
naud, Ganthier, etc. Avec la carte à laquelle ces mes-
sieurs mettent la. dernière main et qui est, assise sur
des sondages réitérés (- je puis en parler sciemment,
ayant, eu la bonne fortune d'en être te spectateur et
ayant été fort, gracie.usement accueilli à bord de l'un
des navires de la mission), tout navire, quel qu'il
soit, pourra entrer à Brest comme il voudra, avec cet
avantage, inestimable pour les transatlantiques et in-
connu au lIÙvre, de n'avoir pas à se préoccuper des
heures de marée. Il y a toujours de l'eau dans le port
de Brest et c'est encore un avantage qui milite en fa-
veur de ce site incomparable, qui était jugé dernière-
ment avec juste raison par un Américain : le plus beau
port de l'Europe.
Créons donc enfin Brest port d'attache des trans-
atlantiques.
Et sur cette conclusion, une pensée mélancolique me
prend, en songeant qu'en France il faut dire des choses
comme cela; et, c'est que non-seulement il faut les dire
une fois, mais dix fois, mais cent fois, mais cinq cents
fois, qu'il faut les ressasser, les rallâcher sans trêve,
ni relâche, comme Caton l'Ancien répétait son inva-
riable : Delcnda est Garthago! Seulement le peuple ro-
main finit par écouter Caton : au lieu qu'en France.. !
Nous autres; nous attendons que l'étranger, qui se
rit de nous. vienne en s'en emparant et en en faisant
son profit, nous montrer les richesses naturelles que
nous possédons. Alors nous poussons des exclamations
de stupeur et nous recommençons à la prochaine oc-
casion. Que Brest soit le port terminus rêvé pour une
ligne transatlantique, cela ne fait l'ombre d'un doute
pour personne, et à l'étranger on ne comprend pas
pourquoi nous n'utilisons pas ce port qui éclipserait
tous les autres : on ne le comprend pas, mais on s'en
réjouit.
'£.' Aurons-nous la honte de voir, comme on l'annonçait
f dernièrement, une compagnie américaine faire toucher
',' ses paquebots à Brest pendanttouteta durée de l'Expo-
sition? Ce serait vraiment d'une sottise inouïe. Espé-
rons qu'il n'en sera rien et qu'au contraire nous nous
acheminons vers le transfert tant désiré et si indis-
pensable : pour arriver à ce résultat dont dépend l'ave-
nir économique et militaire de la France il faut lutter
et lutter infatigablement. L'idée a d'ailleurs de bons
et fermes soutiens, des champions de haute valeur,
comme notre aimable et vaillant confrère la Dépêche
de Brest; il faut faire plus encore, profiter de l'impul-
sion donnée par la Ligue Maritime Française et cmpor-
ter la position de haute lutte dans ta Tresse et dans
le Parlement. Nous finirons par vaincre et par obtenir
au nom des intérêts supérieurs du pays cette chose
qui devrait être fait e depuis des années : le transfert
des transatlantiques à Brest.
f1 L' F X POSITION
On sait quelle place occuperont les inventions
scientifiques à l'Exposition de igoo; mais, parmi
ces inventions, il yen a qui ne s'adresseront qu'aux
initiés, aux adeptes de la science pure. Tel n'est
pas le gigantesque projet qu'a conçu M. Galeron,
membre de la Société des Architectes diplômés,
son Globe Céleste de 40 mètres de diamètre! per-
mettra au plus humble paysan de se faire une idée
exacte du système cosmique. « Les Sphères cé-
lestes en usage dans nos écoles ou exposées
dans nos musées, disait M. Galeron ne 1895 (con-
férence faite à l'Ecole des Beaux-Arts), ont le tort
grave d'être convexes, ce qui déroute le specta-
teur, supposé en dehors de l'Univers. Celle-ci est
creuse, ei l'observateur est au-dedans. Cet obser-
vateur, nous le plaçons à la surface d'une autre
boule pltfs petite de 12 mètres de diamètre (1), cen-
trale, qui représente la Terre qui nous porte. Or
(et c'est ici que la nouveauté de l'idée s'accentue)
la boule de 12 mètres qui figure la Tene tournera
sur son axe, entrainant avec elle les personnes
qui l'habitent, d'Occident eu Orient. Quelle sera
la conséquence de cette disposition, calquée sur
la nature Vous la saisissez sans peine. Les ob-
servateurs auront l'impression exacte que produit
la rotation diurne de la vraie Terre sur son axe,
c'est-à-dire que c'est la Sphère céleste qui les en-
toure qui leur semblera tourner d'Orient rn Occi-
dent. Les astres se lèveront pour eux comme ils se
lèvent à l'horizon véritable, ils monteront dans le
ciel visible, passeront au méridien de chacun, des-
cendront et viendront se coucher à l'Occident. Ici
tout en observant le phénomène, on en saisira la
cause, car il n'y a pas de mystère, tout le monde
est prévenu; l'on sait à n'en point douter, qu'on
se trouve dans une petite Sphère tournante, au cen-
tre d'une grande Sphère immobile, et pourtant on
éprouvera la sensation du contraire. La situation,
est identiquement semblable à celle ou les hommes
sont placés sur la vraie planète qu'ils habitent. »
Tout autour s'étendra la voûte céleste, formée par
une étoffe bleu foncé, et tapissée de Constellations
figurées par des lampes à incandescence; on pourra
contempler les corps stellaires de tout ordre et de
toute grandeur, la Voie lactée, les Nébuleuses, les
Etoiles, le Soleil gravitant sur l'écliptique, !a Lune
décrivant sa révolution autour de la terre. Des as-
censeurs obliques permettront d'atteindre une pla-
teforme supérieure d'où l'onjouira d'uncoup d'œil
merveilleux sur l'ensemble de l'Exposition. Et, en
s'arrêtant aux paliers ménagés à l'intérieur et à la
base, on pourra contempler les astres sous les di-
verses latitudes, sous les tropiques, sous l'Equa-
teur; quel voyage à faire en 10 minutes seulement!
La grande difficulté était d'établir la relation exacte
entre les différents corps célestes, dans l'espace
et dans le temps. On connait la célèbre comparai-
son de John Herschell. « Le célèbre astronome,
disait M. Galeron en 1895, nous propose d'imagi-
ner une plaine de plusieurs lieues. Au milieu de
cette plaine, un vulgaire potiron joue le rôle du
(1) De 8 mètres, dans le projet définitif-
soleil, à 3o mètres de cette citroui le un grain de -
millet, posé également sur le sol, est Mercure,Ma
première planète. A 60 mètres, Vénus est figurée V
par un petit pois sec, la Terre, que nous sommes
portés à croire un monde immense, par un pois à - ;
peine plus gros, situé à 100 mètres du potiron.,
Mars est un grain de chènevis à près de deux ki-
lomètres. Le gros Jupiter, une orange à 1 kilomè- ;
tre environ; puis une pèche, plus éloignée repré-
sente Saturne; une cerise, Uranus. et enfin, pou-
vons-nous ajouter depuis Herschell, Neptune, le
nouveau venu, aux confins probables du système
planétaire, esrt représenté par une prune de Reine-
Claude, à plusieurs lieues du potifon-Soleil. Vous
voyez qu'il est tout-à-fait impraticable de tracer
un pareil plan dans un espace moindre que la
plaine en question. » Pour trancher lh difficulté,
M. Galeron a réduit la révolution diurne de la ;'
Terre à cinq minutes au lieu de 24 heures, et il a
réussi avec une précision merveilleuse à conser-
ver le synchronisme exact des divers mouvements
de la Terre, de la Lune, du Soleil et des planètes. v
Nous n'avons parlé ici que de l'intérieur du gi-
gantesque Globe Céleste ; - c'est du r^ste la par-
tie la plus originale de la nouvelle invention.
mais l'extérieur ne sera pas moins digne d'attirer :
les regards. Sur le fond bleu d'azur de la sphère se
détacheront les figures mythologiques des cons-'
tellations, qui le soir, seront éclaitées par de gros
cabochons stellaires. Le globe repose sur un pié-
destal ajouré, et chaque angle du socle est orné
d'une colossale figure symbolique, due au statuaire
Cordier, et qui tient dans ses mains une des qua-
tre grandes planètes. La décoration extérieure a
donc un caractère grandiose. Mais voici une nou- .,
velle attraction artistique celle-là à laquelle
on ne se serait guère attendu. Les organisateurs
du Globe Céleste ont fait constiuire un grand or-,-
gue automatique, qui pendant la promenade à tra- ;
vers le monde olanétaire, exécutera une musique ,' :
céleste composée par M. Camille Saint-Saëns. i
De grands concerts d'orgue et d'orchestre seront 'v
donnés sous le patronage du maître ; quelle émo-
tion n'éprouvera-t-on pas, dans cette salle unique ':~
au monde, en écoutant ces harmonies célestes, x , ,
troublantes et mystérieuses 1. D'autre part, '1
comme il ne taut jamais oublier le côte matériel et
pratique, le Globe Céleste s'clevera sur un terrain
attenant au Champ de Mars, et longeant le quai de (
la gare ; plusieurs entrées mettront cette attraction •*
unique en communication avec l'Exposition. N'ou- :.
blions pas enfin les annexes nombreuses toutes ba-
sées sur le même plan, qui viendront s'ajouter à
l'edifice du Globe Céleste; à citer en première li- ̃̃̃
gne les remarquables projections de M. Leclerc :
'Paris et VExposition à vol d'oiseau.. Nous le ré- <
pétons rien ne pourra égaler le Globe Céleste de f
M. Galeron comme moyen de vulgarisation scien-
tifique. , ;
tCHDS
La poignéede mains, dernier cri: Vous levez d'un
mouvement vif le coude à hauteur de l'œil en lais-
sant retomber mollement le poignet. Vous saisis-
sez la main qui vous est tendue et vous la secouez
deux ou trois fois, en relevant le poignet et en abais- ;i
sant le coude.
Le chic consiste à im primer aux secousses un mou-
vement proportionné à l'importance et à la qualité
de la personne à laquelle vous donnez le shake-
hand. Des secoussss brusques et vives convien-
nent à un ami. Des secousses alanguies seront de
mise pour une jolie femme. Des secousses à peine
indiquées marqueront la déférence ou tout au con- '':
traire le dédain. C'est tout un art.
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