Titre : La Sylphide : journal de modes, de littérature, de théâtres et de musique / directeur : de Villemessant
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1855-03-30
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34444962f
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 30 mars 1855 30 mars 1855
Description : 1855/03/30 (A16,VOL1). 1855/03/30 (A16,VOL1).
Description : Note : GRAV. Note : GRAV.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k61098215
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-4145-4208
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/12/2010
XVIe ANNÉE.
9" LIVRAISON.
30 MARS 4855.
UN ROMAN DE CHEVALERIE
^ L est mort, il y a
. quelque temps, un
-poète dont la fin a
! produit une grande
sensation.
Ce rêveur, que je ne nom-
merai pas, de peur d'avoir l'air
de faire à mon profit une ré -
clame funèbre, n'aimait pas
seulement les légendes mysti-
ques de l'Allemagne ni les tra-
ditions de l'Orient. Les ro-
mans de chevalerie, aujourd'hui trop dédaignés,
étaient aussi une de ses vives prédilections.
Vingt fois nous l'avons entendu se plaindre de ce
que ces épopées du moyen âge sont reléguées
dans un oubli inglorieux et immérité. S'il eût
vécu, point de doute qu'il n'eût donné suite au
projet de faire renaître par des exhumations et
des commentaires quelques-unes de ces iliades
gothiques.
— Que faites-vous? lui demandait un jour en
ma présence un des grands faiseurs de notre
temps. Il me semble que vous ne lisez guère les
romans du jour.
.—• Vous avez deviné juste, répondit le poète.
En revanche, je feuillette fréquemment les contes
de la bibliothèque Bleue.
Cette bibliothèque Bleue, déjà si aimée de
Charles Nodier, était pour celui, dont je parle une
lecture favorite et presque journalière. — « On
y trouve tout, » ajoutait-il.
Les conteurs du temps passé y ont prodigué,
en effet, autant! de matière qu'il en faudrait pour
y tailler en plein drap des romans, des drames
et des féeries.
Un soir du mois de décembre dernier que nous
étions cinq ou six, au coin du feu, chez une
charmante actrice, femme distinguée sous tous
rapports, on pressa le poète de nous révéler une
des belles choses qu'il découvrait dans la biblio-
thèque Bleue..— Très-timide, modeste jusqu'à
l'exagération, il se fit d'abord prier; mais au
bout de cinq minutes, il finit par céder.
— Soit, dit-il, je vais vous réciter en français
d'aujourd'hui ou à peu près un des romans de
chevalerie que j'ai lus en langue du dixième
siècle.
On versa du thé dans les tasses.
Sur un signe à peine visible de la maîtresse de
la maison, l'un de nous prit un crayon, du pa
pier, un pupitre, se dissimula dans un coin et
recueillit sur le récit du conteur dix petites pages
de notes sténographiques.
C'est sur ces notes qu'a été arrangé ce qui va
suivre.
Dans une sorte de préambule, le narrateur,
dont l'esprit était très-philosophique, avait eu
soin de nous expliquer que le Roman choisi par
lui n'était pas une chose complètement inconnue.
— Cette chronique, ajouta-t-il a été écrite en
vers et est fort ancienne. Elle a fourni à Voltaire
l'idée première de l'un de ses jolis contes : Ce
qui "plaît aux dames. Je ne sache pas qu'elle
ait jamais été traduite en français du dix-neu-
vième siècle.
Après avoir formulé ce court avant-propos, il
vida sa tasse, et dit :
— Je ne vous demande pas d'être indulgents,
chers amis. Ce roman va vous intéresser assez
par lui-même. Faut-il lui donner un titre? Il en
a déjà deux. Dans la bibliothèque Bleue, il est
désigné sous cette rubrique : les Noces du sire
de Gaven, chronique du temps du roi Arthur.
Mais en voilà autant qu'il en faut là-dessus. Je
commence. Ecoutez les poètes des fées.
Il y a bien des siècles, le roi Arthur tenait sa
cour de l'autre côté de la mer, à Carlisle, avec
sa royale épouse, Gérinde-la-Resplendissante.
Pour fêter la Noël, jour anniversaire de Ta
naissance du Sauveur, il donnait un grand fes-
tin, assis sur son fauteuil à clous d'or.
A ce banquet, où l'on servit cent cinquante
hérons rôtis à là broche, assistaient en foule des
chevaliers et des barons venus de près et de loirr.
Pendant qu'il était à boire et à faire le joli
coeur, un des hérauts d'armes qui veillait sur le
seuil de la salle frappa la porte du bout de sa
hallebarde et dit :
— Sire, une demoiselle qui a la bouche de lai
9" LIVRAISON.
30 MARS 4855.
UN ROMAN DE CHEVALERIE
^ L est mort, il y a
. quelque temps, un
-poète dont la fin a
! produit une grande
sensation.
Ce rêveur, que je ne nom-
merai pas, de peur d'avoir l'air
de faire à mon profit une ré -
clame funèbre, n'aimait pas
seulement les légendes mysti-
ques de l'Allemagne ni les tra-
ditions de l'Orient. Les ro-
mans de chevalerie, aujourd'hui trop dédaignés,
étaient aussi une de ses vives prédilections.
Vingt fois nous l'avons entendu se plaindre de ce
que ces épopées du moyen âge sont reléguées
dans un oubli inglorieux et immérité. S'il eût
vécu, point de doute qu'il n'eût donné suite au
projet de faire renaître par des exhumations et
des commentaires quelques-unes de ces iliades
gothiques.
— Que faites-vous? lui demandait un jour en
ma présence un des grands faiseurs de notre
temps. Il me semble que vous ne lisez guère les
romans du jour.
.—• Vous avez deviné juste, répondit le poète.
En revanche, je feuillette fréquemment les contes
de la bibliothèque Bleue.
Cette bibliothèque Bleue, déjà si aimée de
Charles Nodier, était pour celui, dont je parle une
lecture favorite et presque journalière. — « On
y trouve tout, » ajoutait-il.
Les conteurs du temps passé y ont prodigué,
en effet, autant! de matière qu'il en faudrait pour
y tailler en plein drap des romans, des drames
et des féeries.
Un soir du mois de décembre dernier que nous
étions cinq ou six, au coin du feu, chez une
charmante actrice, femme distinguée sous tous
rapports, on pressa le poète de nous révéler une
des belles choses qu'il découvrait dans la biblio-
thèque Bleue..— Très-timide, modeste jusqu'à
l'exagération, il se fit d'abord prier; mais au
bout de cinq minutes, il finit par céder.
— Soit, dit-il, je vais vous réciter en français
d'aujourd'hui ou à peu près un des romans de
chevalerie que j'ai lus en langue du dixième
siècle.
On versa du thé dans les tasses.
Sur un signe à peine visible de la maîtresse de
la maison, l'un de nous prit un crayon, du pa
pier, un pupitre, se dissimula dans un coin et
recueillit sur le récit du conteur dix petites pages
de notes sténographiques.
C'est sur ces notes qu'a été arrangé ce qui va
suivre.
Dans une sorte de préambule, le narrateur,
dont l'esprit était très-philosophique, avait eu
soin de nous expliquer que le Roman choisi par
lui n'était pas une chose complètement inconnue.
— Cette chronique, ajouta-t-il a été écrite en
vers et est fort ancienne. Elle a fourni à Voltaire
l'idée première de l'un de ses jolis contes : Ce
qui "plaît aux dames. Je ne sache pas qu'elle
ait jamais été traduite en français du dix-neu-
vième siècle.
Après avoir formulé ce court avant-propos, il
vida sa tasse, et dit :
— Je ne vous demande pas d'être indulgents,
chers amis. Ce roman va vous intéresser assez
par lui-même. Faut-il lui donner un titre? Il en
a déjà deux. Dans la bibliothèque Bleue, il est
désigné sous cette rubrique : les Noces du sire
de Gaven, chronique du temps du roi Arthur.
Mais en voilà autant qu'il en faut là-dessus. Je
commence. Ecoutez les poètes des fées.
Il y a bien des siècles, le roi Arthur tenait sa
cour de l'autre côté de la mer, à Carlisle, avec
sa royale épouse, Gérinde-la-Resplendissante.
Pour fêter la Noël, jour anniversaire de Ta
naissance du Sauveur, il donnait un grand fes-
tin, assis sur son fauteuil à clous d'or.
A ce banquet, où l'on servit cent cinquante
hérons rôtis à là broche, assistaient en foule des
chevaliers et des barons venus de près et de loirr.
Pendant qu'il était à boire et à faire le joli
coeur, un des hérauts d'armes qui veillait sur le
seuil de la salle frappa la porte du bout de sa
hallebarde et dit :
— Sire, une demoiselle qui a la bouche de lai
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