OEIL
OEIL
OENÈ
80 J
Sagesse, i, 41. Vous savez si elles ont l'oeil au bois ;
i! ne faut pas broncher devant elles, rien ne tombe
à terre, Contés de Cholières, f° 220, dans LACURNE.
11 a un oeil à la poisle, l'aultre au chat, COTGRAVE.
X Poeil malade la lumière nuit, ID. X coeur dolent
l'oeil pleure, ID. Orgueil n'a. pas bon oeil, ID. Qui
n'a qu'un oeil bien le garde, ID. Par l'oeil, par l'o-
reille et l'espaullej Dieu a frappé trois rois en Gaulle;
Par Pespauîle, l'oreille et l'oeil, Dieu a mis trois
rois au cercueil; Par Pespauîle, l'oeil et l'oreille,
Dieu a puni par grand merveille Antoine, François
et Henri, Qui s'estoient bandés contre lui [dicton
protestant sur Henri II mort d'un coup de lance
dans Poeil, François I! mort d'un abcès à l'oreille, et
Antoine, roi de Navarre, mort d'une blessure à l'é-
paule], LEROUX DE LINCY, Prov. t. i, p. '274. Mieux
vaut un oeil que nul, ID. ib. t. n, p. 360. Quand
l'orgueil va devant, suivez le bien à l'oeil, Vous
verrez la ruine aux talons de l'orgueil, D'AUB. Tra-
giques, Vengeances.
— ETYM. Wallon, oûie; Hainaut, ouail, ouèle;
Maine, uel ; Berry, ycu : j'ai mal à mon yeu ; bourg.
lé deux euille ; provenç. olh, ol, oill, huélh, huel,
uel, uil; anc. catal. oill; catal. mod. ull; espagn.
ojo ; portug. olho ; ital. occhio; du lat. oculus, qui a
l'accent sur ô (et non de ocellus, qui l'a sur cel).
Oculus est une forme diminutive d'un radical oc,
qui se trouve dans le lithuanien akis, le russe oko,
et le sanscrit aksha, oeil. Dans l'ancien français,
la déclinaison est : nominatif li oils nu oels ou
iex, régime le oil ou oel; au pluriel li oil, au
régime les oils ou oels ou iex. Iex se prononçait
comme nous prononçons yeux. Le mot, en raison
de PI, a été traité comme les mots en al; cheval,
chevaux, de là son pluriel qui reproduit le cas ré-
gime pluriel de l'ancienne langue. Dans plusieurs
anciennes formes on trouve un i : iols, iex, etc.;
c'est une formation analogue à miel du lat. met,
mieux du lat. mclius, et aussi à biau, châliau de
plusieurs patois.
4. OEILLADE (eu-lla-d', H mouillées, et non eu-
ya-d' ; Ménage avertit de ne pas prononcer, comme
faisaient quelques-uns, è-lla-de), s. f. || 1° Coup
d'oeil (ce qui est le sens propre). D'une oeillade....
le général perce les coupables jusqu'au coeur ; et
en les regardant il les punit, BALZ. le Romain. Vous
parlez de ce regard que je lui vis jeter sur elle : obi
jamais je ne l'ai oublié! cette oeillade-là ne valait
rien : il y avait quelque chose dedans qui n'était
pas dans l'ordre, MARIVAUX, Fauss. confia, m, -2. Je
le retrouvais [un ennemi] sur ce terrain, me pour-
suivant de ses oeillades furibondes et ourdissant
contre moi des complots ténébreux, L. REYBAUD, Jêr.
Pâturot, II, 7. || 2° Particulièrement. Coup d'oeil furtif
et lancé à dessein. Et ne permettons pas qu'après
tant de bravades Mon sceptre soit le prix d'une de
ses oeillades [de Cléopatre], CORN. Pomp. n, 4. Jamais
oeillade de la dame, Propos flatteur et gracieux,
Mot d'amitié ni doux sourire, Déifiant le pauvre
sire, N'avait fait soupçonner qu'il fût vraiment
chéri, LA FONT. T-'abl. ix, 4 5. Ces oeillades qui par-
lent sans parler, et qui disent bien plus que les pa-
roles mêmes, BOURDAL. 4 4e dim. après la Pentecôte,
Dominic. t. ni, p. 244. Les oeillades à demi lâchées
et à demi rendues entre deux personnes, MARIVAUX,
Pays. pari), part. 7. Vos jeunes attraits, vos oeil-
lades Ne me rendront pas mon printemps, VOLT.
Lett. en vers et en prose, 4 45. Il avait souvent jeté
des oeillades, serré le bout des doigts, COMTE DE
CAYLUS (GROSLEY) , Étrennes de la Si-Jean, OEuv.
t. x, p. 401, dans POUGENS. Partout ses yeux, pour
m'alarmer, Provoquaient l'oeillade indiscrète, BÉ-
RANG. Rosette.
— HIST. xvie s. Depuis cela ilz s'entrejetterent
force oeillades, AMYOT, Sylla, 72. Il [le malade qui
a succombé] a descouvert son bras.... il s'est cou-
ché sur le costé gauche. ..somme, une parole, un
songe, une oeuillade leur semble [aux médecins]
suffisante excuse pour se descharger de faulte,
MONT. III, 24 0.
— ÉTYM. OEil ; -wallon, ouyâd; picard, euyade,
coup à l'oeil.
t 2. OEILLADE (eu-lla-d'), voy. OUILLIADE.
■j- OEILLADER (eu-lla-dé, Il mouillées), v. a. Lan-
cer des oeillades à quelqu'un (terme qui vieillit).
Mais as-tu vu jamais beauté plus surprenante? —
Ma foi, je n'en sais rien, j'oeillade la suivante;
Comme elle est plus mon fait, elle est plus à mon
gré, TH. CORN, le Charme de la voix, u, 2. Elle
m'oeillade, parbleu! Faisons ie pelit-maître, et
biusquons l'aventure, BOINDIN, le Bal d'Aulèuil
n, 7. ' ■ '
— HIST. xv" s. L'yeul regarde où le cueur aspire;
J'ay cecy par trop oeillade, BASSELIN, III. || xvie s.
Lorsque mon oeil pour t'oeillader s'amuse, Le tien
habile à ses traits descocher.... RONS. 4.
— ÉTYM. OEillade.
f OEILLARD (eu-llar, Il mouillées), s. m. |l 1° Sy-
nonyme de meuleau. OEillards ou meuleaux à mou-
lins, la pièce estimée 20 livres, Déclar. du roi, nov.
1040, tarif. || 2° Ouverture de 30 centimètres envi-
ron, au centre delà meule, qui donne passage au
1er de la meule. || Ouverture par laquelle passe l'ar-
bre de la roue d'un moulin.
— ÉTYM. OEil.
f OEILLÉ, ÉE (eu-llé, liée, Il mouillées), adj.
|| 1° Terme didactique. Qui porte une figure d'oeil.
|| 2° S. m. Nom de plusieurs poissons. || Nom de di-
verses pierres susceptibles de poli.
— ÉTYM. OEil.
4. OEILLÈRE (eu-llè-r', Il mouillées, et non eu-
yè-r'), adj. f. Il 1° Dents oeillères, et, substantive-
ment, les oeillères, dents canines de la mâchoire
supérieure, placées entre les incisives et les mo-
laires. Arracher une oeillère. On dit mieux dent
canine. || 2° En botanique, feuilles oeillères, feuil-
les à l'aisselle desquelles est un oeil, un bourgeon.
— HIST. XVIe s. Puis y en a deux de chacun
costé, tantdessus que dessous, nommées canines...,
aucuns les appellent dents oeillères, en haut princi-
palement— les oeillères canines froissent les mor-
ceaux, PARÉ,iv, 2.
— ÉTYM. OEil; dents ainsi dites parce qu'elles
sont placées immédiatement au-dessous de l'oeil.
2. OEILLÈRE (eu-llè-r', Il mouillées), s. f. || 1° Pe-
tit vase dont on se sert pour se baigner les yeux.
|| 2° Pièce de cuir attachée à chaque montant de la
bride du cheval, pour l'empêcher de voir de côté.
|| 3° Terme de blason. Partie de casque ou heaume
qui servait de visière aux chevaliers. || 4° Nom spé-
cifique d'un poisson, le sparus palpebratus, L.
— HIST. xive s. Il doit avoir le visage tout cou-
vert, et aura au chanpel deux oeillères par où celuy
verra, Modus, f° cxxxu.
— ÉTYM. OEil.
4. OEILLET (eu-Uè, H mouillées, et non eu-yè),
s. m. |] 1° Petit oeil. Ce sens n'existe plus que dans
la chanson que les mères chantent aux petits en-
fants, en leur touchant les yeux et toquant le front:
petit oeillet, grand oeillet, toc toc maillet. || 2" Petit
trou rond, dont le bord est retenu par un cordonnet,
un point de feston, ou un petit cercle de métal, fait
avec un poinçon à du linge, à des vêtements, etc.
pour passer un lacet. || 3° Trou, bouillon qui se forme
quelquefois sur l'émail, au feu. || 4° OEillet de ma-
rais, ou oeillet de salines, nom donné, sur les côtes
occidentales de la Bretagne, à une certaine surface
de terrain aplanie et préparée pour faire évaporer
l'eau de mer, dont on obtient le sel. Il possède qua-
rante oeillets de marais. L'oeillet de marais est un
rectangle d'environ 10 mètres sur 7, LEGOARANT.
]| 5° Terme de marine. Sorte de ganse ou.de bagues
qu'on pratique au bout de diverses manoeuvres
pour y passer un cordage
— HIST. xvie s. Ladite bande sera attachée fer-
mement aux oeillets du pourpoinct, PARÉ, xvn, 12.
— ÉTYM. Diminutif de oeil.
2. OEILLET (eu-llè, Il mouillées, et non eu-yè; le f
ne se prononce pas et ne se lie pas; au pluriel, Ps se
lie : des eu-llè-z élégants ; oeillets rime avec traits,
paix, succès, etc.),s. m. || 1° Genre de plantes qui sert
de type à la famille des caryophyllées. On y distin-
gue : l'oeillet des jardins ou oeillet des fleuristes, ou
oeillet girofle, ou grenadin, ou, simplement, oeillet,
dianthus caryophyllus, L.; oeillet velu, dianthus ar-
meria, L.; la mignardise, qui est un des noms par
lesquels on désigne l'oeillet plume, dianthus plu-
marius, L.; l'oeillet d'Espagne, qui est un des noms
vulgaires de l'oeillet piquant, dianthus pungens,
L.; l'oeillet de poêle, qui est un des noms vulgaires
de l'oeillet barbu, dianthus barbatus, Linné, appelé
encore bouquet parfait, bouquet tout fait et jalousie,
ce qui ne doit pas le faire confondre avec l'amarante
tricolore, dite aussi jalousie; l'oeillet des chartreux,
dianthus carlhusianorum, L.; Poeillet mignardise
des prés, dianthus superbus, L.; l'oeillet de Dieu,
lychnis flosJovis, Lamk.; l'oeillet des prés, lychnis
flos cuculi, L: En voyant ces oeillets qu'un illustre
guerrier Arrosa d'une main qui gagnait des batailles,
Souviens-toi qu'Apollon bâtissait des murailles, Et
ne t'étonne pas que Mars soit jardinier, Mlle DE scu-
DERY, sur M. le Prince (en visitant la Bastille où on
lui montrait le jardin que Condé prisonnier avait
cultivé). |] 2° Fleur de cette plante. Un bel oeillet.
|| 3° OEillet d'Espagne, nom donné aussi à la
princiane très-belle (légumineuses), qu'on ferait
mieux d'appeler oeillet de la nouvelle Espagne,
pour éviter la confusion, et toutefois ce serait
par abus qu'on appellerait oeillet une plante qui
n'est pas du genre dianthe, LEGOARANT. || OEillet
d'Inde, un des noms vulgaires dé la tagète dressée
(synanthérées), tagetes erecla, L., dite encore fleur
des morts et grand oeillet d'Inde, pour la distinguer
de la tagète étaléej qu'on appelle petit oeillet d'Inde,
tagetes patula, L. [| OEillet de Pâques, le narcisse
des poètes, narcissus poeticus, L. || 4° Il se dit quel-
quefois pour oeillette. L'huile d'oeillet est séparée
des graines du pavot, dont la belle fleur lé fait ap-
peler oeillet dans les départements de Nord de la
France, où on le cultive abondamment, FOURCROY,
Connaiss. chim. t. vu, p. 337, dans POUGENS.
|| 5° OEillet de mer, espèce d'actinie.
— HIST. xvie s. Se voient plusieurs espèces d'oeil-
lets ou giroflées : les principales sont les blancs,
rouges et meslangés; aucuns appellent de Provence,
ces trois sortes-ci d'oeillets; les autres et plus pe-
tits, estans dis de Rosete ; quant aux oeillets d'Inde,
appelles aussi de Turquie, l'on ne les tient au jar-
din que pour la couleur qui est belle, ressemblant
au velours orangé.... on recouvre des oeillets verts,
insérant sur des lauriers des jettons d'oeillets blancs :
des bleus, sur des buglosses..., j'estime que de tel
artifice sont sortis les oeillets meslangés qu'en Pro-
vence et Languedoc, l'on appelle piquassats, te-
nans du rouge et du blanc, o. DE SERRES, 572.
— ÉTYM. Diminutif de oeil, l'oeillet étant ainsi
nommé par assimilation.
f OEILLETERIE (eu-llè-te-rie, Il mouillées), s. /.
Lieu planté d'oeillets.
— ÉTYM. OEillet 2.
l. OEILLETON (eu-lle-ton , Il mouillées, et non
eu-ye-ton), s. m. Terme de jardinage. Kejeton que
poussent certaines racines (par exemple, l'artichaut),
Les oeilletons servent à propager la plante. || Parti-
culièrement, rejeton d'oeillet, marcotte d'oeillet.
— HIST. xvie s. OEilleton, COTGRAVE.
— ÉTYM. OEillel i, dans le sens de petit oeil.
| 2. OEILLETON (eu-lle-ton, U mouillées), s. m.
Pièce ronde de cuivre, percée d'un trou fort petit,
que l'on met dans les télescopes à l'extrémité des
oculaires.
— ÉTYM. Diminutif de oeil.
f OEILLETONNER (eu-lle-to-né, il mouillées),
v. a. Ôter les oeilletons d'une plante. Le marchand
d'arbres sépare aussi les plants enracinés qui crois-
sent au pied des sauvageons : c'est cette même opé-
ration qu'on appelle oeilletonner en fait de fleurs,
Dict. des arts et m. Jardinier. || Couper le bout de
l'oeilleton à feuilles, afin de faire profiter le fruit.
— ÉTYM. OEilleton 4.
OEILLETTE (eu-llè-f, Il mouillées, et non eu-
yè-t'),s. f. || 1° Pavot cultivé, dont on tire de l'huile.
On falsifie aussi l'huile d'olive avec l'huile d'oeil-
lette ou de graine de pavot blanc, Dict. des arts et
m. Huilier. || 2° Huile qu'on relire de l'oeillette,
dite aussi petite huile d'olive.
— HIST. xve s. Oignons, aulx, pois, fèves, oliet-
tes, FROISS. n, III, 35.
— ÉTYM. Picard, oullette. La forme o licite du
xve siècle paraît indiquer le lat. oleum, huile. Cepen-
dant Fourcroy, qui disait oeillet (voy. OEILLET 2,
n° 4), prétend que le mot représente l'oeillet fleur,
à cause de la beauté de la fleur de ce pavot. D'a-
près Legoarant, oeillette est une corruption d'olivette.
f OENANTHAL (è-nan-tal) ou OENANTHOL (è-
nan-tol), s. m. Terme de chimie. Essence obtenue
en distillant l'huile de ricin.
t OENANTHE (è-nan-f), s. f. Genre de la famille
des ombellifères, dont plusieurs espèces sont véné-
neuses, particulièrement l'oenanlhe crocata, L., vul-
gairement ciguë aquatique.
— ÉTYM. OîvâvGr], de OÏVY], vigne, et âv6oç, fleur.
j- OENANTHINE (è-nan-ti-n'), s. f. Terme de chi-
mie. Substance visqueuse, isolée des vins de Bor-
deaux, et à laquelle on attribue l'arôme et l'onctuo-
sité des vins du haut Médoc.
— ÉTYM. Oivdcv6»), fleur de vigne, de otvr), vigne,
et âv6oç, fleur.
f OENANTH1QUE (è-nan-ti-k'), adj. || 1° Qui a
rapport à l'arôme des vins. ||2° Terme de chimie.
Ether oenanthique, huile essentielle du vin, qui lui
doit en grande partie son bouquet. || Acide oenan-
thique, acide qu'on obtient en décomposant l'éther
oenanthique par une solution chaude de potasse
caustique.
— ÉTYM. Voy. OENANTHINE.
f OENANTHYLLE (è-nan-ti-P), s. m. Terme de
. chimie, Radical hypothétique de l'acide oenanthique.
T OENËLÉON (è-né-lé-on),s. m. Terme de phar-
II. - 101
DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
OEIL
OENÈ
80 J
Sagesse, i, 41. Vous savez si elles ont l'oeil au bois ;
i! ne faut pas broncher devant elles, rien ne tombe
à terre, Contés de Cholières, f° 220, dans LACURNE.
11 a un oeil à la poisle, l'aultre au chat, COTGRAVE.
X Poeil malade la lumière nuit, ID. X coeur dolent
l'oeil pleure, ID. Orgueil n'a. pas bon oeil, ID. Qui
n'a qu'un oeil bien le garde, ID. Par l'oeil, par l'o-
reille et l'espaullej Dieu a frappé trois rois en Gaulle;
Par Pespauîle, l'oreille et l'oeil, Dieu a mis trois
rois au cercueil; Par Pespauîle, l'oeil et l'oreille,
Dieu a puni par grand merveille Antoine, François
et Henri, Qui s'estoient bandés contre lui [dicton
protestant sur Henri II mort d'un coup de lance
dans Poeil, François I! mort d'un abcès à l'oreille, et
Antoine, roi de Navarre, mort d'une blessure à l'é-
paule], LEROUX DE LINCY, Prov. t. i, p. '274. Mieux
vaut un oeil que nul, ID. ib. t. n, p. 360. Quand
l'orgueil va devant, suivez le bien à l'oeil, Vous
verrez la ruine aux talons de l'orgueil, D'AUB. Tra-
giques, Vengeances.
— ETYM. Wallon, oûie; Hainaut, ouail, ouèle;
Maine, uel ; Berry, ycu : j'ai mal à mon yeu ; bourg.
lé deux euille ; provenç. olh, ol, oill, huélh, huel,
uel, uil; anc. catal. oill; catal. mod. ull; espagn.
ojo ; portug. olho ; ital. occhio; du lat. oculus, qui a
l'accent sur ô (et non de ocellus, qui l'a sur cel).
Oculus est une forme diminutive d'un radical oc,
qui se trouve dans le lithuanien akis, le russe oko,
et le sanscrit aksha, oeil. Dans l'ancien français,
la déclinaison est : nominatif li oils nu oels ou
iex, régime le oil ou oel; au pluriel li oil, au
régime les oils ou oels ou iex. Iex se prononçait
comme nous prononçons yeux. Le mot, en raison
de PI, a été traité comme les mots en al; cheval,
chevaux, de là son pluriel qui reproduit le cas ré-
gime pluriel de l'ancienne langue. Dans plusieurs
anciennes formes on trouve un i : iols, iex, etc.;
c'est une formation analogue à miel du lat. met,
mieux du lat. mclius, et aussi à biau, châliau de
plusieurs patois.
4. OEILLADE (eu-lla-d', H mouillées, et non eu-
ya-d' ; Ménage avertit de ne pas prononcer, comme
faisaient quelques-uns, è-lla-de), s. f. || 1° Coup
d'oeil (ce qui est le sens propre). D'une oeillade....
le général perce les coupables jusqu'au coeur ; et
en les regardant il les punit, BALZ. le Romain. Vous
parlez de ce regard que je lui vis jeter sur elle : obi
jamais je ne l'ai oublié! cette oeillade-là ne valait
rien : il y avait quelque chose dedans qui n'était
pas dans l'ordre, MARIVAUX, Fauss. confia, m, -2. Je
le retrouvais [un ennemi] sur ce terrain, me pour-
suivant de ses oeillades furibondes et ourdissant
contre moi des complots ténébreux, L. REYBAUD, Jêr.
Pâturot, II, 7. || 2° Particulièrement. Coup d'oeil furtif
et lancé à dessein. Et ne permettons pas qu'après
tant de bravades Mon sceptre soit le prix d'une de
ses oeillades [de Cléopatre], CORN. Pomp. n, 4. Jamais
oeillade de la dame, Propos flatteur et gracieux,
Mot d'amitié ni doux sourire, Déifiant le pauvre
sire, N'avait fait soupçonner qu'il fût vraiment
chéri, LA FONT. T-'abl. ix, 4 5. Ces oeillades qui par-
lent sans parler, et qui disent bien plus que les pa-
roles mêmes, BOURDAL. 4 4e dim. après la Pentecôte,
Dominic. t. ni, p. 244. Les oeillades à demi lâchées
et à demi rendues entre deux personnes, MARIVAUX,
Pays. pari), part. 7. Vos jeunes attraits, vos oeil-
lades Ne me rendront pas mon printemps, VOLT.
Lett. en vers et en prose, 4 45. Il avait souvent jeté
des oeillades, serré le bout des doigts, COMTE DE
CAYLUS (GROSLEY) , Étrennes de la Si-Jean, OEuv.
t. x, p. 401, dans POUGENS. Partout ses yeux, pour
m'alarmer, Provoquaient l'oeillade indiscrète, BÉ-
RANG. Rosette.
— HIST. xvie s. Depuis cela ilz s'entrejetterent
force oeillades, AMYOT, Sylla, 72. Il [le malade qui
a succombé] a descouvert son bras.... il s'est cou-
ché sur le costé gauche. ..somme, une parole, un
songe, une oeuillade leur semble [aux médecins]
suffisante excuse pour se descharger de faulte,
MONT. III, 24 0.
— ÉTYM. OEil ; -wallon, ouyâd; picard, euyade,
coup à l'oeil.
t 2. OEILLADE (eu-lla-d'), voy. OUILLIADE.
■j- OEILLADER (eu-lla-dé, Il mouillées), v. a. Lan-
cer des oeillades à quelqu'un (terme qui vieillit).
Mais as-tu vu jamais beauté plus surprenante? —
Ma foi, je n'en sais rien, j'oeillade la suivante;
Comme elle est plus mon fait, elle est plus à mon
gré, TH. CORN, le Charme de la voix, u, 2. Elle
m'oeillade, parbleu! Faisons ie pelit-maître, et
biusquons l'aventure, BOINDIN, le Bal d'Aulèuil
n, 7. ' ■ '
— HIST. xv" s. L'yeul regarde où le cueur aspire;
J'ay cecy par trop oeillade, BASSELIN, III. || xvie s.
Lorsque mon oeil pour t'oeillader s'amuse, Le tien
habile à ses traits descocher.... RONS. 4.
— ÉTYM. OEillade.
f OEILLARD (eu-llar, Il mouillées), s. m. |l 1° Sy-
nonyme de meuleau. OEillards ou meuleaux à mou-
lins, la pièce estimée 20 livres, Déclar. du roi, nov.
1040, tarif. || 2° Ouverture de 30 centimètres envi-
ron, au centre delà meule, qui donne passage au
1er de la meule. || Ouverture par laquelle passe l'ar-
bre de la roue d'un moulin.
— ÉTYM. OEil.
f OEILLÉ, ÉE (eu-llé, liée, Il mouillées), adj.
|| 1° Terme didactique. Qui porte une figure d'oeil.
|| 2° S. m. Nom de plusieurs poissons. || Nom de di-
verses pierres susceptibles de poli.
— ÉTYM. OEil.
4. OEILLÈRE (eu-llè-r', Il mouillées, et non eu-
yè-r'), adj. f. Il 1° Dents oeillères, et, substantive-
ment, les oeillères, dents canines de la mâchoire
supérieure, placées entre les incisives et les mo-
laires. Arracher une oeillère. On dit mieux dent
canine. || 2° En botanique, feuilles oeillères, feuil-
les à l'aisselle desquelles est un oeil, un bourgeon.
— HIST. XVIe s. Puis y en a deux de chacun
costé, tantdessus que dessous, nommées canines...,
aucuns les appellent dents oeillères, en haut princi-
palement— les oeillères canines froissent les mor-
ceaux, PARÉ,iv, 2.
— ÉTYM. OEil; dents ainsi dites parce qu'elles
sont placées immédiatement au-dessous de l'oeil.
2. OEILLÈRE (eu-llè-r', Il mouillées), s. f. || 1° Pe-
tit vase dont on se sert pour se baigner les yeux.
|| 2° Pièce de cuir attachée à chaque montant de la
bride du cheval, pour l'empêcher de voir de côté.
|| 3° Terme de blason. Partie de casque ou heaume
qui servait de visière aux chevaliers. || 4° Nom spé-
cifique d'un poisson, le sparus palpebratus, L.
— HIST. xive s. Il doit avoir le visage tout cou-
vert, et aura au chanpel deux oeillères par où celuy
verra, Modus, f° cxxxu.
— ÉTYM. OEil.
4. OEILLET (eu-Uè, H mouillées, et non eu-yè),
s. m. |] 1° Petit oeil. Ce sens n'existe plus que dans
la chanson que les mères chantent aux petits en-
fants, en leur touchant les yeux et toquant le front:
petit oeillet, grand oeillet, toc toc maillet. || 2" Petit
trou rond, dont le bord est retenu par un cordonnet,
un point de feston, ou un petit cercle de métal, fait
avec un poinçon à du linge, à des vêtements, etc.
pour passer un lacet. || 3° Trou, bouillon qui se forme
quelquefois sur l'émail, au feu. || 4° OEillet de ma-
rais, ou oeillet de salines, nom donné, sur les côtes
occidentales de la Bretagne, à une certaine surface
de terrain aplanie et préparée pour faire évaporer
l'eau de mer, dont on obtient le sel. Il possède qua-
rante oeillets de marais. L'oeillet de marais est un
rectangle d'environ 10 mètres sur 7, LEGOARANT.
]| 5° Terme de marine. Sorte de ganse ou.de bagues
qu'on pratique au bout de diverses manoeuvres
pour y passer un cordage
— HIST. xvie s. Ladite bande sera attachée fer-
mement aux oeillets du pourpoinct, PARÉ, xvn, 12.
— ÉTYM. Diminutif de oeil.
2. OEILLET (eu-llè, Il mouillées, et non eu-yè; le f
ne se prononce pas et ne se lie pas; au pluriel, Ps se
lie : des eu-llè-z élégants ; oeillets rime avec traits,
paix, succès, etc.),s. m. || 1° Genre de plantes qui sert
de type à la famille des caryophyllées. On y distin-
gue : l'oeillet des jardins ou oeillet des fleuristes, ou
oeillet girofle, ou grenadin, ou, simplement, oeillet,
dianthus caryophyllus, L.; oeillet velu, dianthus ar-
meria, L.; la mignardise, qui est un des noms par
lesquels on désigne l'oeillet plume, dianthus plu-
marius, L.; l'oeillet d'Espagne, qui est un des noms
vulgaires de l'oeillet piquant, dianthus pungens,
L.; l'oeillet de poêle, qui est un des noms vulgaires
de l'oeillet barbu, dianthus barbatus, Linné, appelé
encore bouquet parfait, bouquet tout fait et jalousie,
ce qui ne doit pas le faire confondre avec l'amarante
tricolore, dite aussi jalousie; l'oeillet des chartreux,
dianthus carlhusianorum, L.; Poeillet mignardise
des prés, dianthus superbus, L.; l'oeillet de Dieu,
lychnis flosJovis, Lamk.; l'oeillet des prés, lychnis
flos cuculi, L: En voyant ces oeillets qu'un illustre
guerrier Arrosa d'une main qui gagnait des batailles,
Souviens-toi qu'Apollon bâtissait des murailles, Et
ne t'étonne pas que Mars soit jardinier, Mlle DE scu-
DERY, sur M. le Prince (en visitant la Bastille où on
lui montrait le jardin que Condé prisonnier avait
cultivé). |] 2° Fleur de cette plante. Un bel oeillet.
|| 3° OEillet d'Espagne, nom donné aussi à la
princiane très-belle (légumineuses), qu'on ferait
mieux d'appeler oeillet de la nouvelle Espagne,
pour éviter la confusion, et toutefois ce serait
par abus qu'on appellerait oeillet une plante qui
n'est pas du genre dianthe, LEGOARANT. || OEillet
d'Inde, un des noms vulgaires dé la tagète dressée
(synanthérées), tagetes erecla, L., dite encore fleur
des morts et grand oeillet d'Inde, pour la distinguer
de la tagète étaléej qu'on appelle petit oeillet d'Inde,
tagetes patula, L. [| OEillet de Pâques, le narcisse
des poètes, narcissus poeticus, L. || 4° Il se dit quel-
quefois pour oeillette. L'huile d'oeillet est séparée
des graines du pavot, dont la belle fleur lé fait ap-
peler oeillet dans les départements de Nord de la
France, où on le cultive abondamment, FOURCROY,
Connaiss. chim. t. vu, p. 337, dans POUGENS.
|| 5° OEillet de mer, espèce d'actinie.
— HIST. xvie s. Se voient plusieurs espèces d'oeil-
lets ou giroflées : les principales sont les blancs,
rouges et meslangés; aucuns appellent de Provence,
ces trois sortes-ci d'oeillets; les autres et plus pe-
tits, estans dis de Rosete ; quant aux oeillets d'Inde,
appelles aussi de Turquie, l'on ne les tient au jar-
din que pour la couleur qui est belle, ressemblant
au velours orangé.... on recouvre des oeillets verts,
insérant sur des lauriers des jettons d'oeillets blancs :
des bleus, sur des buglosses..., j'estime que de tel
artifice sont sortis les oeillets meslangés qu'en Pro-
vence et Languedoc, l'on appelle piquassats, te-
nans du rouge et du blanc, o. DE SERRES, 572.
— ÉTYM. Diminutif de oeil, l'oeillet étant ainsi
nommé par assimilation.
f OEILLETERIE (eu-llè-te-rie, Il mouillées), s. /.
Lieu planté d'oeillets.
— ÉTYM. OEillet 2.
l. OEILLETON (eu-lle-ton , Il mouillées, et non
eu-ye-ton), s. m. Terme de jardinage. Kejeton que
poussent certaines racines (par exemple, l'artichaut),
Les oeilletons servent à propager la plante. || Parti-
culièrement, rejeton d'oeillet, marcotte d'oeillet.
— HIST. xvie s. OEilleton, COTGRAVE.
— ÉTYM. OEillel i, dans le sens de petit oeil.
| 2. OEILLETON (eu-lle-ton, U mouillées), s. m.
Pièce ronde de cuivre, percée d'un trou fort petit,
que l'on met dans les télescopes à l'extrémité des
oculaires.
— ÉTYM. Diminutif de oeil.
f OEILLETONNER (eu-lle-to-né, il mouillées),
v. a. Ôter les oeilletons d'une plante. Le marchand
d'arbres sépare aussi les plants enracinés qui crois-
sent au pied des sauvageons : c'est cette même opé-
ration qu'on appelle oeilletonner en fait de fleurs,
Dict. des arts et m. Jardinier. || Couper le bout de
l'oeilleton à feuilles, afin de faire profiter le fruit.
— ÉTYM. OEilleton 4.
OEILLETTE (eu-llè-f, Il mouillées, et non eu-
yè-t'),s. f. || 1° Pavot cultivé, dont on tire de l'huile.
On falsifie aussi l'huile d'olive avec l'huile d'oeil-
lette ou de graine de pavot blanc, Dict. des arts et
m. Huilier. || 2° Huile qu'on relire de l'oeillette,
dite aussi petite huile d'olive.
— HIST. xve s. Oignons, aulx, pois, fèves, oliet-
tes, FROISS. n, III, 35.
— ÉTYM. Picard, oullette. La forme o licite du
xve siècle paraît indiquer le lat. oleum, huile. Cepen-
dant Fourcroy, qui disait oeillet (voy. OEILLET 2,
n° 4), prétend que le mot représente l'oeillet fleur,
à cause de la beauté de la fleur de ce pavot. D'a-
près Legoarant, oeillette est une corruption d'olivette.
f OENANTHAL (è-nan-tal) ou OENANTHOL (è-
nan-tol), s. m. Terme de chimie. Essence obtenue
en distillant l'huile de ricin.
t OENANTHE (è-nan-f), s. f. Genre de la famille
des ombellifères, dont plusieurs espèces sont véné-
neuses, particulièrement l'oenanlhe crocata, L., vul-
gairement ciguë aquatique.
— ÉTYM. OîvâvGr], de OÏVY], vigne, et âv6oç, fleur.
j- OENANTHINE (è-nan-ti-n'), s. f. Terme de chi-
mie. Substance visqueuse, isolée des vins de Bor-
deaux, et à laquelle on attribue l'arôme et l'onctuo-
sité des vins du haut Médoc.
— ÉTYM. Oivdcv6»), fleur de vigne, de otvr), vigne,
et âv6oç, fleur.
f OENANTH1QUE (è-nan-ti-k'), adj. || 1° Qui a
rapport à l'arôme des vins. ||2° Terme de chimie.
Ether oenanthique, huile essentielle du vin, qui lui
doit en grande partie son bouquet. || Acide oenan-
thique, acide qu'on obtient en décomposant l'éther
oenanthique par une solution chaude de potasse
caustique.
— ÉTYM. Voy. OENANTHINE.
f OENANTHYLLE (è-nan-ti-P), s. m. Terme de
. chimie, Radical hypothétique de l'acide oenanthique.
T OENËLÉON (è-né-lé-on),s. m. Terme de phar-
II. - 101
DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
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