Titre : Dictionnaire de la langue française.... Tome 3 / par É. Littré,...
Auteur : Littré, Émile (1801-1881). Auteur du texte
Éditeur : L. Hachette (Paris)
Date d'édition : 1873-1874
Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30824717s
Notice d'oeuvre : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12250808s
Type : monographie imprimée monographie imprimée
Langue : français
Format : 4 vol. ; gr. in-4 4 vol. ; gr. in-4
Description : [Dictionnaire de la langue française (français)] [Dictionnaire de la langue française (français)]
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5460034d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-49513
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/05/2009
MUS
MUS
MUS
675
mussif, FOURCROY, Connaiss. chim. t. vi, p. 33,
dans POUGENS.
— HIST. xiii" s. Li estage del palais tuit [tous]
Devers la rue sont torné, Et sont d'or musique
aorné, Partonop. v. 847.
— ÉTYM. Voy. MOSAÏQUE.
MUSIQUE (mu-zi-k'), s. f. || 1° Dans le sens an-
cien et primitif, la musique n'était pas une science
particulière, c'était tout ce qui appartenait aux
Muses ou en dépendait ; c'était donc toute science
et tout art qui apportait à l'esprit l'idée d'une chose
agréable et bien ordonnée. Chez les- Égyptiens,
suivant Platon, la musique consistait dans le règle-
ment des moeurs el l'établissement des bonnes cou-
tumes. Selon Pytlmgore, les astres dans leurs mou-
vements forment une musique céleste. Il nous reste
de saint Augustin un traité de la Musique où il n'est
question que des principes et des conditions des
vers. Polybe nous dit que la musique était néces-
saire pour adoucir les moeurs des Arcades, qui ha-
bitaient un pays où l'air est triste et froid... Platon
ne craint point de dire que l'on ne peut faire de
changement dans la musique -qui n'en soit un dans
l'État ; Aristote, qui semble n'avoir fait sa Politique
que pour opposer ses sentiments à ceux de Platon,
est pourtant d'accord avec lui touchant la puissance
de la musique sur les moeurs, MONTESQ. Esp. iv,
8. U semble assez prouvé que les Grecs enten-
dirent d'abord par ce mot musique, tous les beaux-
arts ; la preuve en est que plus d'une Muse prési-
dait à un art qui n'a aucun rapport avec la musique
proprement dite, comme Clio à l'histoire, VOLT.
Pôl. et iègisl. Comm. sur l'Esp. des lois, xx. Vous
pouvez juger de notre goût pour la musique par la
multitude des acceptions que nous donnons à ce
mot : nous l'appliquons indifféremment à la mélodie,
à la mesure, àla poésie, à la danse, au geste, à la
réunion de toutes les sciences, à la connaissance
de presque tous les arts, BARTHÉL. Yoy. d'Anach.
ch. xxvn. || Ce sens a presque entièrement disparu
chez nous ; il ne se retrouve que dans quelques
phrases d'une signification très-vague. On avait alors
à l'Opéra l'esprit d'applaudir à la beauté ; la beauté
n'est-ce pas de la musique? A. HOUSSAYE, Gaier. du
xvmesièc/e, Mlle Clairon,%iY. || 2e Science ou emploi
des sons qu'on nomme rationnels, c'est-à-dire qui
entrent dans une échelle dite gamme; ce sens paraît
s'être décidé nettement dans l'école d'Aristote, mais
sans avoir jamais chez les anciens exclu absolument
les autres sens/Avoir du goût pour la musique. La
musique est un des beaux-arts. Et votre danse et ma
musique auraient à souhaiter que tout le monde lui
ressemblât [à M. Jourdain qui payait bien], MOL.
Bourg, gent.i, 1. Ignorer la musique passait dans
ces temps [l'antiquité] pour un défaut d'éducation,
ROLLIN, Hïst. anc. OEuv. t.xi, irepart. p. 213, dans
POUGENS. La musique ne fut bien cultivée qu'après
le seizième siècle; mais les plus fortes présomp-
tions font penser qu'elle est très-supérieure à celle
des Grecs, qui n'ont laissé aucun monument par
lequel on pût soupçonner qu'ils chantassent en par-
ties, VOLT. Moeurs, 131. Pythagore trouva les prin-
cipes de la musique dans l'inégalité des sons pro-
duits par plusieurs forgerons frappant ensemble sur
une enclume, SENNEBIER,_ ESS. sur l'art d'observ. 1.1,
p. 296, dans POUGENS. Ecartons ces objets étran-
gers ; il ne s'agit ici que de la musique proprement
dite, BARTHÉL. Yoy. d'Anacharsis, ch. xxvn. Autre-
fois les législateurs regardaient la musique comme
une partie essentielle de l'éducation ; les philoso-
phes ne la regardent presque plus aujourd'hui que
comme un amusement honnête, m. i&. Rien ne re-
trace le passé comme la musique, STAEL, Cor. xiv, 3.
|| Apprendre la musique, apprendre, soit à composer
soit à exécuter de la musique. Est-ce que les gens
de qualité apprennent aussi la musique? MOL. Bourg,
gent. i, 2. || On dit dans la même signification:
savoir la musique; enseigner, montrer la musique ;
classe de musique, etc. 11 Maître de musique, celui qui
enseigne la musique. Votre maître de musique est
allé aux champs, MOL. Mal. imag. n, 4. || Ecrire
la musique, représenter les sons qui la forment
par des signes qui en indiquent la hauteur, la
durée et l'intensité. || Lire la musique, reproduire
par la voix ou par les instruments, avec leur hau-
teur, leur durée et leur intensité, les sons re-
présentés par des signes écrits."|| 3° Production
- de cet art. Composer de la musique. Musique instru-
mentale, vocale. Messe, To Deum en musique. Le
milan alors lui réplique : Vraiment, nous voici
bien; lorsque je suis à jeun, Tu me viens parler de
musique, LA FONT. Fabl. ix, 18. Où sont donc les
paroles que vous dites? h n'y a là que de la musi-
que écrite, MOL. Mal. imag. n, 8. Et tous ces lieux
communs de morale lubrique, Que Lulli réchauffa
des sons de sa musique, BOIL. Sat. x. Musique ita-
lienne, française, je suis un homme à deux mains,
REGNARD, Sérénade, 7. Il écoutait cette musique de
danse, qui, comme toutes les musiques, fait rêver,
bien qu'elle ne semble destinée qu'à la joie, STAEL,
Corinne, vi, l.|| Mettre en musique, faire de la
musique sur des paroles. Lulli était plein d'esprit et
de goût ; plus il en avait, plus il lui était impossible
de mettre en musique de telles paroles [de la Fon-
taine],; Lulli même lui pardonna [la satire du Flo-
rentin] , et très-plaisamment, en disant qu'il aime-
rait mieux mettre en musique la satire de la
Fontaine que ses opéras, VOLT: Mél. lilt. Lelt. de la
Yisclède. Beuvron,qui, causant et chantant avec un
égal agrément, mettait en musique les chansons
de Coulanges, GENLIS, Mme de Maintenon, t. i,
p. 164, dans POUGENS. || Musique grise, musique
faite par des instruments qui ne donnent qu'un son
fondamental, des membranes, des diapasons, des
cordes gênées en leurs mouvements, des tuyaux
d'orgue larges et fermés ; par opposition à musique
colorée, celle qui est faite avec des cordes large-
ment vibrantes ou des tuyaux d'orgue renforcés.
|| 4° L'exécution de la musique, soit avec la voix,
soit avec les instruments. Une musique de voix
et d'instruments. Nous avons entendu de bonne
musique. Il faut qu'une personne comme vous....
ait un concert de musique chez soi tous les mer-
credis ou tous les jeudis, MOL. Bourg, gent. n, i.
Tous mes sots.... Détonnant de concert, se mettent
à chanter ; La musique sans doute était rare et
charmante, BOIL. Sat. m. On faisait chez elle une
fois la semaine de la musique, J. J. ROUSS. Conf. m.
La musique qu'on entendait avait quelque chose de
fier et de doux tout à la fois, qui conseillait noble-
ment le sacrifice de la vie, STAEL, Corinne, xvn, 6.
|| Musique enragée, ou musique de chiens et de
chats, ou musique d'enfer, détestable musique.
Concert extravagant de musique d'enfer, RÉGNIER,
Sat. i. Pour ma consolation, j'entendais les assis-
tants se dire à leur oreille, ou plutôt à la mienne,
l'un : il n'y a rien là de supportable ; un autre :
quellemusiqueenragée! J.J. ROUSS. Confess.n. || Ces
locutions se disent, figurément aussi, du bruit confus
de plusieurs personnes qui se querellent. ||S° Instru-
ment de musique, instrument avec lequel on exécute
de la musique. || 6° Notes de musique, voy. NOTE.
|| 7° Livre de musique, cahier de musique, livre,
cahier dans lequel de la musique est écrite. || Musi-
que se dit aussi pour ces livres, ces cahiers. Avez-
vous apporté votre musique ? || 8° Papier de musique,
voy. PAPIER. || 9° Concert, sérénade ; sens qui a
vieilli. On dit qu'on a donné musique à quelque
dame, CORN, le Ment, i, 6. Tel à un sermon, à une
musique a entendu des sentiments opposés'sur....
LA BRUY. XII. X une musique où le roi était, à Ver-
sailles, ST-SIM. 59, 247. || 10e Musique, compagnie
de musiciens qui ont coutume de jouer ensemble. Une
musique de régiment. La musique de cette église
est très-bonne. Toute la musique de l'opéra y fait
rage, SÉV. 113. Si vous m'en croyez, allez-vous-en
un peu prendre garde que la musique ne s'enivre ;
elle est sujette à cela ordinairement, DANCOURT,
Opéra de village, se. 7.. || 11° Fig. Certains sons
agréables ou désagréables. La voix de cette per-
sonneestunemusiquedèlicieuse. Le roi [CharlesXII]
demanda au major général Stuart ce que c'était que
ce petit sifflement qu'il entendait à ses oreilles. —
C'est le bruit que font les halles de fusil qu'on vous
tire, lui dit le major. — Bon, dit le roi; ce sera là
dorénavant ma musique, VOLT. Charles ZH,,2. ô lyre,
ô mon génie, Musique intérieure, ineffable har-
monie, LAMART. Médit. 16. || Ironiquement. Quelle
musique nous fait cet enfant avec ses cris ! || Paroles
qui flattent le coeur. Ils sont devenus muets ceux
qui semblaient si joyeux en célébrant vos louanges,
et dont les continuelles acclamations faisaient ré-
sonner à vos oreilles une musique si agréable, BOSS.
Serm. Honn. du monde, 2. || 12° Musique mécanique,
mouvements au moyen desquels des pendules, des ta-
batières jouent un certain nombre d'airs. || 13° Terme
d'ouvrier maçon. Faire de la musique, mêler du
poussier avec du plâtre. || 14"'Espèce de coquille du
•genre volute, réglée comme un papier de musique.
—HIST. xvie s; Tous les fredons de la papisterie, et
tout ce qu'ils appellent musique rompue et chose
faite, et chants à quatre parties, ne conviennent
nullementàla majesté de l'Eglise, CAL VIN, Instit 7." I.
Un asne n'entend rien en musique, COTGRAVE. ^
— ÉTYM. Bourg, musicle; provenç. muxica; esp.
et ital. musica; du latin musica; grec, p.oucrwi,
dérivé de [ioûtra, Muse. Mouoix^ est d'abord un
adjectif au féminin en sous-entendant TÉXVÏ), c'est
donc l'art des Muses, comme la rbythmique est la
science des rhythmes, comme la métrique est la
science des mètres. Cela explique le sens général
que ce mot avait dans le principe.
y MUSIQUER (mu-zi-ké). || 1° Y. n. Terme fami-
lier. Faire de la musique. Après dîner on fit
apporter de la musique; nous musiquâmes tout le
jour au clavecin du prince, J. J. ROUSS. Conf. vm.
|| 2° V. a. Mettre en musique. Il n'y a pas six vers
de suite qu'on puisse musiquer, DIDEROT, cité pai
CASTIL BLAZE, l'Art des vers lyriques, p. 103. Pres-
que tous les maîtres ont musique le Demofonte,
l'Artaserse, la Didone, CASTIL BLAZE, l'Opéra ita-
lien, Introduction.
+ MUSOLR (mu-zoir), s. m. Pointe d'une digue.
|| Tête d'une écluse.
— ÉTYM. Ce pourrait être une forme irrégulière
de museau.
t MUSOPHAGE (mu-zo-fa-j'), s. m. Genre de
passereaux amphidactyles, voisin des gallinacés,
se nourrissant de bananes. d'où leur nom (musa, ba-
nanier, et çayerv, manger). Le musophage varié
paraît être l'oiseau appelé faisan d'Afrique dans
l'édition de Buffon par Sonnini.
MUSQUÉ, ÉE (mu-ské, skée) ; part, passé de mus-
quer. || 1° Imprégné de musc. Un vêtement musqué.
Un homme musqué. Quand un galant musqué lui
offre ce service, J. i. ROUSS. Ém v. || Papier musqué,
papier qui sent le musc. Voici le papier musqué pour
le premier acte [papier où étaient des vers corrigés] ;
il n'y aura qu'à l'ajuster avec quatre petits pains,
VOLT. lett. d'Argental, 21 déc. 1768. || Fig. et fa-
milièrement. Messe musquée, la dernière messe, où
assistent ordinairement les gens du grand monde.
Il 2° Il se dit aussi de certaines choses dont l'odeur
a quelque rapport avec celle du musc. Les bisons
ou boeufs à bosse du nord de l'Amérique ont une si
forte odeur, qu'ils ont été appelés boeufs musqués
par la plupart des voyageurs, BUFF. Quadrup. t.v,
p. 107. Il Rosier musqué, rosier qui porte la rose
muscade.H 3°Quialasaveurdumusc.Poiremusquée.
Canard musqué. || 4e Fig. et familièrement. Qui a trop
d'apprêt, de manières, qui affecte les ornements futi-
les. Écrivain, orateur, poète musqué. Style musqué.
Phrases musquées. Père Ver-Vert cher à plus d'une
Hébé, Gras comme un moine et non moins véné-
rable, Civilisé, musqué, pincé rangé, GRESSET,
Ver-Vert, ch. 11. || Comédie musquée, comédie' dont
le dialogue, manquant de naturel, est semé de petits
traits maniérés. || Paroles musquées, paroles obli-
geantes et flatteuses, maniérées. || 5e Fantaisies mus-
quées, toutes sortes de petits bijoux inutiles qui ne
servent qu'à la propreté, ou à la curiosité, qui sont
entre les mains des gens élégants, des curieux,
FURETIÈRE, Dict. || Fig. On ne saurait avoir trop de
fantaisies musquées, ou point musquées, il n'im-
porte [il s'agit d'attachements], SÉV .113. Cette Bible
et cet Évangile ne répondent pas à toutes les fantai-
sies musquées des gens, MARIV. Pays.parv. 2e part.
Il L'Académie dit que fantaisies-musquées signifie
fantaisies singulières, bizarres; cette locution, qui
d'ailleurs a vieilli, n'a que le sens indiqué par Fure-
tière ; seulement elle pouvait se prendre figurément.
MUSQUER (mu-ské), je musquais, nous mus-
quions, vous musquiez ; que je musqué, que nous
musquions, que vous musquiez, u. a. || 1° Parfumer
avec du musc. Musquer des gants. || 2° Se musquer,
v. réfl. Se parfumer de musc.
— HIST. xvie s. Cent fleurs lui musquent le sein,
YVER, 627. Rejettant pour emploier en breuvage
les petites poires musquées qui se corrompent aussi
tost que cerises, 0. DE SERRES, 247. Coucher dans
des matelas musquez, MONT, I, 177.
— ÉTYM. Musc.
f MUSQUINIER (mu-ski-nié), s. m. Le tisserand
est un artisan dont la profession est de faire de la
toile sur le métier avec la navette; en quelques
lieux on le nomme toilier, télier ou tissier; en Ar-
tois et en Picardie, son nom est musquinier, Dict.
des arts et met. Tisserand.
t MUSSE (mu-s'j s. f. Terme de vénerie. Passage
étroit d'un fort ou d'une haie, pour les lièvres, les
lapins et autres gibiers. || Habitation des oies, des
canards, dans quelques lieux.
— ÉTYM. Voy. MUSSER.
MUSSE, ÉE (mu-sé, sée), part, passé de musser.
Musse derrière un buisson.
MUSSER (SE) (mu-sé), v. réfl. Se cacher (il vieillit).
Et dessous une aumusse, L'ambition, l'amour, l'ava-
rice se musse, RÉGNIER, Sat. ix. || Familièrement.
À musse-pot, et, avec une autre prononciation,
MUS
MUS
675
mussif, FOURCROY, Connaiss. chim. t. vi, p. 33,
dans POUGENS.
— HIST. xiii" s. Li estage del palais tuit [tous]
Devers la rue sont torné, Et sont d'or musique
aorné, Partonop. v. 847.
— ÉTYM. Voy. MOSAÏQUE.
MUSIQUE (mu-zi-k'), s. f. || 1° Dans le sens an-
cien et primitif, la musique n'était pas une science
particulière, c'était tout ce qui appartenait aux
Muses ou en dépendait ; c'était donc toute science
et tout art qui apportait à l'esprit l'idée d'une chose
agréable et bien ordonnée. Chez les- Égyptiens,
suivant Platon, la musique consistait dans le règle-
ment des moeurs el l'établissement des bonnes cou-
tumes. Selon Pytlmgore, les astres dans leurs mou-
vements forment une musique céleste. Il nous reste
de saint Augustin un traité de la Musique où il n'est
question que des principes et des conditions des
vers. Polybe nous dit que la musique était néces-
saire pour adoucir les moeurs des Arcades, qui ha-
bitaient un pays où l'air est triste et froid... Platon
ne craint point de dire que l'on ne peut faire de
changement dans la musique -qui n'en soit un dans
l'État ; Aristote, qui semble n'avoir fait sa Politique
que pour opposer ses sentiments à ceux de Platon,
est pourtant d'accord avec lui touchant la puissance
de la musique sur les moeurs, MONTESQ. Esp. iv,
8. U semble assez prouvé que les Grecs enten-
dirent d'abord par ce mot musique, tous les beaux-
arts ; la preuve en est que plus d'une Muse prési-
dait à un art qui n'a aucun rapport avec la musique
proprement dite, comme Clio à l'histoire, VOLT.
Pôl. et iègisl. Comm. sur l'Esp. des lois, xx. Vous
pouvez juger de notre goût pour la musique par la
multitude des acceptions que nous donnons à ce
mot : nous l'appliquons indifféremment à la mélodie,
à la mesure, àla poésie, à la danse, au geste, à la
réunion de toutes les sciences, à la connaissance
de presque tous les arts, BARTHÉL. Yoy. d'Anach.
ch. xxvn. || Ce sens a presque entièrement disparu
chez nous ; il ne se retrouve que dans quelques
phrases d'une signification très-vague. On avait alors
à l'Opéra l'esprit d'applaudir à la beauté ; la beauté
n'est-ce pas de la musique? A. HOUSSAYE, Gaier. du
xvmesièc/e, Mlle Clairon,%iY. || 2e Science ou emploi
des sons qu'on nomme rationnels, c'est-à-dire qui
entrent dans une échelle dite gamme; ce sens paraît
s'être décidé nettement dans l'école d'Aristote, mais
sans avoir jamais chez les anciens exclu absolument
les autres sens/Avoir du goût pour la musique. La
musique est un des beaux-arts. Et votre danse et ma
musique auraient à souhaiter que tout le monde lui
ressemblât [à M. Jourdain qui payait bien], MOL.
Bourg, gent.i, 1. Ignorer la musique passait dans
ces temps [l'antiquité] pour un défaut d'éducation,
ROLLIN, Hïst. anc. OEuv. t.xi, irepart. p. 213, dans
POUGENS. La musique ne fut bien cultivée qu'après
le seizième siècle; mais les plus fortes présomp-
tions font penser qu'elle est très-supérieure à celle
des Grecs, qui n'ont laissé aucun monument par
lequel on pût soupçonner qu'ils chantassent en par-
ties, VOLT. Moeurs, 131. Pythagore trouva les prin-
cipes de la musique dans l'inégalité des sons pro-
duits par plusieurs forgerons frappant ensemble sur
une enclume, SENNEBIER,_ ESS. sur l'art d'observ. 1.1,
p. 296, dans POUGENS. Ecartons ces objets étran-
gers ; il ne s'agit ici que de la musique proprement
dite, BARTHÉL. Yoy. d'Anacharsis, ch. xxvn. Autre-
fois les législateurs regardaient la musique comme
une partie essentielle de l'éducation ; les philoso-
phes ne la regardent presque plus aujourd'hui que
comme un amusement honnête, m. i&. Rien ne re-
trace le passé comme la musique, STAEL, Cor. xiv, 3.
|| Apprendre la musique, apprendre, soit à composer
soit à exécuter de la musique. Est-ce que les gens
de qualité apprennent aussi la musique? MOL. Bourg,
gent. i, 2. || On dit dans la même signification:
savoir la musique; enseigner, montrer la musique ;
classe de musique, etc. 11 Maître de musique, celui qui
enseigne la musique. Votre maître de musique est
allé aux champs, MOL. Mal. imag. n, 4. || Ecrire
la musique, représenter les sons qui la forment
par des signes qui en indiquent la hauteur, la
durée et l'intensité. || Lire la musique, reproduire
par la voix ou par les instruments, avec leur hau-
teur, leur durée et leur intensité, les sons re-
présentés par des signes écrits."|| 3° Production
- de cet art. Composer de la musique. Musique instru-
mentale, vocale. Messe, To Deum en musique. Le
milan alors lui réplique : Vraiment, nous voici
bien; lorsque je suis à jeun, Tu me viens parler de
musique, LA FONT. Fabl. ix, 18. Où sont donc les
paroles que vous dites? h n'y a là que de la musi-
que écrite, MOL. Mal. imag. n, 8. Et tous ces lieux
communs de morale lubrique, Que Lulli réchauffa
des sons de sa musique, BOIL. Sat. x. Musique ita-
lienne, française, je suis un homme à deux mains,
REGNARD, Sérénade, 7. Il écoutait cette musique de
danse, qui, comme toutes les musiques, fait rêver,
bien qu'elle ne semble destinée qu'à la joie, STAEL,
Corinne, vi, l.|| Mettre en musique, faire de la
musique sur des paroles. Lulli était plein d'esprit et
de goût ; plus il en avait, plus il lui était impossible
de mettre en musique de telles paroles [de la Fon-
taine],; Lulli même lui pardonna [la satire du Flo-
rentin] , et très-plaisamment, en disant qu'il aime-
rait mieux mettre en musique la satire de la
Fontaine que ses opéras, VOLT: Mél. lilt. Lelt. de la
Yisclède. Beuvron,qui, causant et chantant avec un
égal agrément, mettait en musique les chansons
de Coulanges, GENLIS, Mme de Maintenon, t. i,
p. 164, dans POUGENS. || Musique grise, musique
faite par des instruments qui ne donnent qu'un son
fondamental, des membranes, des diapasons, des
cordes gênées en leurs mouvements, des tuyaux
d'orgue larges et fermés ; par opposition à musique
colorée, celle qui est faite avec des cordes large-
ment vibrantes ou des tuyaux d'orgue renforcés.
|| 4° L'exécution de la musique, soit avec la voix,
soit avec les instruments. Une musique de voix
et d'instruments. Nous avons entendu de bonne
musique. Il faut qu'une personne comme vous....
ait un concert de musique chez soi tous les mer-
credis ou tous les jeudis, MOL. Bourg, gent. n, i.
Tous mes sots.... Détonnant de concert, se mettent
à chanter ; La musique sans doute était rare et
charmante, BOIL. Sat. m. On faisait chez elle une
fois la semaine de la musique, J. J. ROUSS. Conf. m.
La musique qu'on entendait avait quelque chose de
fier et de doux tout à la fois, qui conseillait noble-
ment le sacrifice de la vie, STAEL, Corinne, xvn, 6.
|| Musique enragée, ou musique de chiens et de
chats, ou musique d'enfer, détestable musique.
Concert extravagant de musique d'enfer, RÉGNIER,
Sat. i. Pour ma consolation, j'entendais les assis-
tants se dire à leur oreille, ou plutôt à la mienne,
l'un : il n'y a rien là de supportable ; un autre :
quellemusiqueenragée! J.J. ROUSS. Confess.n. || Ces
locutions se disent, figurément aussi, du bruit confus
de plusieurs personnes qui se querellent. ||S° Instru-
ment de musique, instrument avec lequel on exécute
de la musique. || 6° Notes de musique, voy. NOTE.
|| 7° Livre de musique, cahier de musique, livre,
cahier dans lequel de la musique est écrite. || Musi-
que se dit aussi pour ces livres, ces cahiers. Avez-
vous apporté votre musique ? || 8° Papier de musique,
voy. PAPIER. || 9° Concert, sérénade ; sens qui a
vieilli. On dit qu'on a donné musique à quelque
dame, CORN, le Ment, i, 6. Tel à un sermon, à une
musique a entendu des sentiments opposés'sur....
LA BRUY. XII. X une musique où le roi était, à Ver-
sailles, ST-SIM. 59, 247. || 10e Musique, compagnie
de musiciens qui ont coutume de jouer ensemble. Une
musique de régiment. La musique de cette église
est très-bonne. Toute la musique de l'opéra y fait
rage, SÉV. 113. Si vous m'en croyez, allez-vous-en
un peu prendre garde que la musique ne s'enivre ;
elle est sujette à cela ordinairement, DANCOURT,
Opéra de village, se. 7.. || 11° Fig. Certains sons
agréables ou désagréables. La voix de cette per-
sonneestunemusiquedèlicieuse. Le roi [CharlesXII]
demanda au major général Stuart ce que c'était que
ce petit sifflement qu'il entendait à ses oreilles. —
C'est le bruit que font les halles de fusil qu'on vous
tire, lui dit le major. — Bon, dit le roi; ce sera là
dorénavant ma musique, VOLT. Charles ZH,,2. ô lyre,
ô mon génie, Musique intérieure, ineffable har-
monie, LAMART. Médit. 16. || Ironiquement. Quelle
musique nous fait cet enfant avec ses cris ! || Paroles
qui flattent le coeur. Ils sont devenus muets ceux
qui semblaient si joyeux en célébrant vos louanges,
et dont les continuelles acclamations faisaient ré-
sonner à vos oreilles une musique si agréable, BOSS.
Serm. Honn. du monde, 2. || 12° Musique mécanique,
mouvements au moyen desquels des pendules, des ta-
batières jouent un certain nombre d'airs. || 13° Terme
d'ouvrier maçon. Faire de la musique, mêler du
poussier avec du plâtre. || 14"'Espèce de coquille du
•genre volute, réglée comme un papier de musique.
—HIST. xvie s; Tous les fredons de la papisterie, et
tout ce qu'ils appellent musique rompue et chose
faite, et chants à quatre parties, ne conviennent
nullementàla majesté de l'Eglise, CAL VIN, Instit 7." I.
Un asne n'entend rien en musique, COTGRAVE. ^
— ÉTYM. Bourg, musicle; provenç. muxica; esp.
et ital. musica; du latin musica; grec, p.oucrwi,
dérivé de [ioûtra, Muse. Mouoix^ est d'abord un
adjectif au féminin en sous-entendant TÉXVÏ), c'est
donc l'art des Muses, comme la rbythmique est la
science des rhythmes, comme la métrique est la
science des mètres. Cela explique le sens général
que ce mot avait dans le principe.
y MUSIQUER (mu-zi-ké). || 1° Y. n. Terme fami-
lier. Faire de la musique. Après dîner on fit
apporter de la musique; nous musiquâmes tout le
jour au clavecin du prince, J. J. ROUSS. Conf. vm.
|| 2° V. a. Mettre en musique. Il n'y a pas six vers
de suite qu'on puisse musiquer, DIDEROT, cité pai
CASTIL BLAZE, l'Art des vers lyriques, p. 103. Pres-
que tous les maîtres ont musique le Demofonte,
l'Artaserse, la Didone, CASTIL BLAZE, l'Opéra ita-
lien, Introduction.
+ MUSOLR (mu-zoir), s. m. Pointe d'une digue.
|| Tête d'une écluse.
— ÉTYM. Ce pourrait être une forme irrégulière
de museau.
t MUSOPHAGE (mu-zo-fa-j'), s. m. Genre de
passereaux amphidactyles, voisin des gallinacés,
se nourrissant de bananes. d'où leur nom (musa, ba-
nanier, et çayerv, manger). Le musophage varié
paraît être l'oiseau appelé faisan d'Afrique dans
l'édition de Buffon par Sonnini.
MUSQUÉ, ÉE (mu-ské, skée) ; part, passé de mus-
quer. || 1° Imprégné de musc. Un vêtement musqué.
Un homme musqué. Quand un galant musqué lui
offre ce service, J. i. ROUSS. Ém v. || Papier musqué,
papier qui sent le musc. Voici le papier musqué pour
le premier acte [papier où étaient des vers corrigés] ;
il n'y aura qu'à l'ajuster avec quatre petits pains,
VOLT. lett. d'Argental, 21 déc. 1768. || Fig. et fa-
milièrement. Messe musquée, la dernière messe, où
assistent ordinairement les gens du grand monde.
Il 2° Il se dit aussi de certaines choses dont l'odeur
a quelque rapport avec celle du musc. Les bisons
ou boeufs à bosse du nord de l'Amérique ont une si
forte odeur, qu'ils ont été appelés boeufs musqués
par la plupart des voyageurs, BUFF. Quadrup. t.v,
p. 107. Il Rosier musqué, rosier qui porte la rose
muscade.H 3°Quialasaveurdumusc.Poiremusquée.
Canard musqué. || 4e Fig. et familièrement. Qui a trop
d'apprêt, de manières, qui affecte les ornements futi-
les. Écrivain, orateur, poète musqué. Style musqué.
Phrases musquées. Père Ver-Vert cher à plus d'une
Hébé, Gras comme un moine et non moins véné-
rable, Civilisé, musqué, pincé rangé, GRESSET,
Ver-Vert, ch. 11. || Comédie musquée, comédie' dont
le dialogue, manquant de naturel, est semé de petits
traits maniérés. || Paroles musquées, paroles obli-
geantes et flatteuses, maniérées. || 5e Fantaisies mus-
quées, toutes sortes de petits bijoux inutiles qui ne
servent qu'à la propreté, ou à la curiosité, qui sont
entre les mains des gens élégants, des curieux,
FURETIÈRE, Dict. || Fig. On ne saurait avoir trop de
fantaisies musquées, ou point musquées, il n'im-
porte [il s'agit d'attachements], SÉV .113. Cette Bible
et cet Évangile ne répondent pas à toutes les fantai-
sies musquées des gens, MARIV. Pays.parv. 2e part.
Il L'Académie dit que fantaisies-musquées signifie
fantaisies singulières, bizarres; cette locution, qui
d'ailleurs a vieilli, n'a que le sens indiqué par Fure-
tière ; seulement elle pouvait se prendre figurément.
MUSQUER (mu-ské), je musquais, nous mus-
quions, vous musquiez ; que je musqué, que nous
musquions, que vous musquiez, u. a. || 1° Parfumer
avec du musc. Musquer des gants. || 2° Se musquer,
v. réfl. Se parfumer de musc.
— HIST. xvie s. Cent fleurs lui musquent le sein,
YVER, 627. Rejettant pour emploier en breuvage
les petites poires musquées qui se corrompent aussi
tost que cerises, 0. DE SERRES, 247. Coucher dans
des matelas musquez, MONT, I, 177.
— ÉTYM. Musc.
f MUSQUINIER (mu-ski-nié), s. m. Le tisserand
est un artisan dont la profession est de faire de la
toile sur le métier avec la navette; en quelques
lieux on le nomme toilier, télier ou tissier; en Ar-
tois et en Picardie, son nom est musquinier, Dict.
des arts et met. Tisserand.
t MUSSE (mu-s'j s. f. Terme de vénerie. Passage
étroit d'un fort ou d'une haie, pour les lièvres, les
lapins et autres gibiers. || Habitation des oies, des
canards, dans quelques lieux.
— ÉTYM. Voy. MUSSER.
MUSSE, ÉE (mu-sé, sée), part, passé de musser.
Musse derrière un buisson.
MUSSER (SE) (mu-sé), v. réfl. Se cacher (il vieillit).
Et dessous une aumusse, L'ambition, l'amour, l'ava-
rice se musse, RÉGNIER, Sat. ix. || Familièrement.
À musse-pot, et, avec une autre prononciation,
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