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ING
IMB
1NH
Zadig, 4.||Vous n'aurez pas affaire à un ingrat,
c'est-à-dire vous serez largement récompensé. Le
galant, ravi d'entendre ces paroles, remercia la sou-
brette de sa bonne volonté, et l'assura que, si elle
pouvait en venir à bout, elle n'aurait pas affaire à
un ingrat, LESAGE, Guzm. d'Alf. iv, 2. || Celui, celle
qui ne répond pas à tin amour. On plaint mort un
ingrat qu'on détestait vivant, CORN. Tois. d'or,v, 4.
Mais l'ingrate en mon coeur reprit bientôt sa place,
PAC. Andr. 1, 4. Laissez-moi le, plaisir de confondre
l'ingrat, ID Bajaz. iv, 6. Indigne de mes feux, in-
digne de mes larmes, Je renonce sans peine à tes
faibles appas; Mon amour te prêtait des charmes, In-
grate, que tu n'avais pas, Vers adressés par le Grand-
Prieur de Y. à Ninon de Lenclos qui ne répondait
pas à son amour. || Terme de théologie. Les ingrats,
les ennemis de la grâce. || Ingrat, avec un adj. pos-
sessif, celui qui a témoigné de l'ingratitude envers
quelqu'un. Je ne sais que Vous dire sûr le sujet de
M. Conrart, sinon ce vieux mot qui a été dit si sou-
vent : «Je vivrai et je mourrai son ingrat», il est
trop obligeantde la moitié, BALZ, Lett. 12, liv. xxn.
Soupçonner que. mon coeur avait là faiblesse de pen-
cher pour qui vous savez, pour mon ancien ingrat,
VOLT. lett. Bernis, 49 août 1758. || Il se dit, dans le
même emploi, de celui ou celle qui n'est pas sensible
à l'amour pour quelqu'un. Fais lin effort pour moi, va
trouver mon ingrat, CORN. Gâter, du Palais, ni, 4.
— HIST. xv" s. Ingrades non cdgnoissans ses bien-
faiz, E. DESCHAMPS, Poésies mss. f°40t. Si de l'ar-
gent voulez avoir, Il ne faut que le demander,
L'hostesse ne fut pas ingrate [avare], En disant : je
n'en ai pas haste, N'espargnez rien qui soit céans,
VILLON, 2e repue franche. || xvie s. Craignant d'estre
ingrat à la mémoire d'un si magnanime Prince, LA-
NOUE, 670. Pour n'estre point ingrat à sa bonté [de
Dieu], CALV. Inst. 4044. Que je m'appelle ingrat
des biens que tu m'as faits! DESPORTES, OEuvres
chrest. xvm, prière.
— ÉTYM. Lat. ingratus, de in.... 4, et'gratus,
agréable, recpnnaissant (vcy. GRÉ).
t INGRATEMENT (in-gra-te-man), adv. Avec in-
gratitude, sans recpnnaissance. Une amante abu-
sée Laissée ingratement en un bord solitaire,
MALH. I, 4.
— HIST. xvle s. Bien que je sois de longtemps
malheureux De voir ma peine ingratement [inutile-
ment] perdue, AM. JAMIN,-Poisies, p. 4 69, dans LA-
CORNE. Or, bien que vous m'ayez ingratement
laissé.... DESPORTES, Éligies, 1, 40.
INGRATITUDE (in-gra-ti-tu-d'), s. f. || 1° Vice des
ingrats. Ce que [le silence] Ton eût tenu pour révé-
rence, le serait maintenant pour ingratitude qu'il
lui a plu [à Henri IV], me faisant du bien, m'in-
spirer, avec un vif désir de vertu, celui de me ren-
dre digne de l'aspect du plus parfait et du plus vic-
torieux monarque du monde, RÉGNIER, Épit. didic.
X tant de perfidie et tant d'ingratitude, CORN. Ser-
tir, v, 4 L'ingratitude est le plus noir des vices,
MURET, Sophon. ni, i. Hélas I j'ai beau crier et me
rendre incommode; L'ingratitude et les abus N'en
seront pas moins à la mode; LA FONT. Fabl. xn, 4 6.
Sous les assyriens leur triste servitude [des Juifs]
Devint le juste prix de leur ingratitude [envers Dieu],
RAC. Esth. ni, 4. Il vaut mieux s'exposer à Tingrati-
tudu que de manquer aux misérables, LA BRUY. IV.
Après les preuves touchantes, madame, que j'ai eues
de votre amitié.... il y aurait à moi de l'ingratitude
de n'y pas compter toujours, J. J. nouss. Lett. à
Mme de Boufflers, 26 août 4 764. || 2° Au plur. Actes
qui proviennent de ce vice. Repasse mes bontés et
tes ingratitudes, CORN. Tois. d'or, m, 3. Voici un
trait d'ingratitude qui ne vous déplaira, et dont je
vcui faire mon profit, quand je ferai mon livre sur
les grandes ingratitudes, SÉV. 6 fév. 4 674. [Elle] Me
fait un long récit de mes ingratitudes, RAC. Brit.
n, 2. Qui doit enfin terminer.... toutes les ingrati-
tudes _ de votre vie, MASS. Carême, Rechute, 1.
Il 9e État d'un coeur qui ne répend pas à Tampur.
C'est cet àmcur payé de tant d'ingratitude Qui me
rend en ces lieux sa présence si rude, RAC. Andr.
ri, 4. Mon coeur désespéré d'un an d'ingratitude,
ID. ib. m, 7. i| 4° Qualité de ce qui ne répond pas à
la peine qu'on prend. L'ingratitude d'un sol qui ne
ui fournit rien de ce qu'exige le besDin absolu de
pus les jours, RAYNAL, Hist.phil. xn, 28.
— HIST. xme s Se nous voulons à Dieu prendre
similitude, Nous hérons [haïrons] comme lui pe-
chié d'ingratitude, J. DE MEUNG, Test. U. C'est
grant ingratitude de mettre en oblience.... ID. ib. 426.
Il XVe s. Est bien raison que je regarde, Qu'envers
vous ne soie entechié De ce faulx et mauvais pe-
chié Que Ton reprouche en toute estude, Et qui
est dit ingratitude, C'est à dire mal pour bien ren-
dre, E. DESCH. Pois. mss. f° 4S4. ||xvre s. Vice d'in-
gratitude et de mescognoissance, MONT, m, 317. Du
moins, puisqu'à la fin sorti de servitude, Je cognoy
ma sottise et leur ingratitude, DESPORTES, OEuvres
chrest. Sonnets; 8.
— ÉTYM. Provenç. ingratitut; espagn. ingratitud;
ital. ingratitudine; du lat. ingratitudinem, de in-
gratus, ingrat.
INGRÉDIENT (in-gré-di-an; quelques personnes
disent in-gré-diin, à tort ; dès 4668 Marguerite Buf-
fet disait qu'il fallait prononcer in-gré-di-an), s. m.
Nom des choses qui entrent dans la composition
d'un médicament, d'une boisson, d'un mets ou de
quelque autre mélange. Elle forme son goût décent
ingrédients, RÉGNIER, Sat. 1. Loin ces études d'oeil-
lades, Ces eaux, ces blancs, ces pommades, Et mille
ingrédients qui font des teints fleuris; Â l'honneur
tous les jours ce sont drogues mortelles, Et'les soins
de paraître belles Se prennent peu pour les maris,
MOL. Éc. des f. m, 2. Trouvant que le maléfice était
gâté par un ingrédient qui n'y convenait apparem-
ment pas, HAMILTON, flïst. de Fleur d'Épine, p. 4 73,
de Tédit. in-4 8, RENOUARD, 4 820. || Fig. C'est le der-
nier ingrédient des affairesdéplorables, PATRU, Plaid.
44, dans LACURNE. Conservez-moi vos bontés, mon-
sieur, elles sont un des ingrédients de mon paradis,
VOLT. Lett. Jaucourt, juin 1770.
— HIST. xvie s. La dose des ingrediens, PARÉ,
xxv, 27. La quantité des medicamens ingrediens
n'est point déterminée, ID. XXV, 28. Les saulses....
et puis particularisant les qualitez des ingrédients
et leurs effects, MONT, I, 384.
— ÉTYM. Lat. ingrediens, entrant, ce qui entre,
de ingredi, formé lui-même de in.... 2, et gradior,
aller (voy. GRADE).
t INGRESSION (in-grè-ssion), s. f. Ancien terme
d'astronomie. Entrée d'une planète, d'un corps cé-
leste dans un signe, dans une constellation.
— ÉTYM. Lat. ingressionem; de ingredi, marcher,
de in, en, sur, et gradior, aller.
f INGUÉABLE (in-ghé-a-bT), adj". Qui n'offre pas
de gué, qu'on ne peut pas passer à pied.
— HIST. xvie s. Ingueable, DUC DE ROHAN, Mém.
t. 1, p. 220, dans LACURNE.
— ÉTYM. In.... 4, et guéable.
INGUÉRISSABLE (in-ghé-ri-sa-bT), adj. Qui ne
peut être guéri, en parlant des personnes. Malade
en état si piteux, Direz-vous, est inguérissable ; Et
puis, que faire d'un goutteux? La goutte est un
mal incurable, CHAUL. à Mme de Stafford. Votre let-
tre m'a bien consolé, mais ne m'a pas guéri, par la
raison qu'à soixante et dix-neuf ans je suis ingué-
rissable, VOLT. Lett. d'Argental, 13 avr. 4 773. || Use
dit aussi des choses. Louis XIV ne lès chassa pas
comme Philippe II avait chassé les Maures d'Espa-
gne, ce qui avait fait à la monarchie espagnole une
plaie inguérissable, VOLT. Frag. sur l'hist. art. xxvm.
— HIST. xvr s. Inguérissable, COTGRAVE.
— ÉTY'M. In.... 4, et guérir.
INGUINAL, ALE (in-gui-nal, na-T; ui se prononce
comme dans huile), adj. Terme d'anatomie. Qui ap-
partient ou qui a rapport à l'aine. Glande inguinale.
Bandage inguinal. || Canal inguinal, espèce de canal
situé plus haut que le pli de l'aine, oblique de haut
en bas, d'arrière en avant et de dehors en dedans.
Il Hernie inguinale, hernie qui se fait dans le ca-
nal inguinal.
— HIST. xvr s. Quand la tumeur n'est qu'aux ai-
nes, ils ont nommé telle hargne bubonocele, que
nous disons inguinale, ou hargne incomplette, à cause
qu'elle ne tombe dedans le scrotum, PARÉ, VI, < 4.
— ÉTYM. Lat. inguinalis, de inguen, inguinis
(voy. AINE) .
f INGUINO-CUTANÉ, ÉE (in-gui-no-ku-tahé, née;
ùi prononcé comme dans huile), adj. Terme d'ana-
tomie. Nom donné au rameau nerveux provenant du
premier nerf lombaire.
t INGURGITATION (in-gur-ji-ta-sion), s. f. Ac-
tion d'introduire un liquide dans la gorge.
— ÉTYM. Lat. ingurgitationem, de ingurgilare
(voy. INGURGITER).
f INGURGITER (in-gur-ji-té), v. a. Avaler d'une
manière avide; engloutir. Lés liquides ingurgités.
— HIST. XVI" s. Ingurgiter, COTGRAVE.
— ÉTYM. Lat. ingurgilare, de in.... 2, dans, et
gurges, gurgilis, gouffre.
INHABILE (i-na-bi-T), adj. || i" Qui n'est pas
apte à. Ce malheureux vieillard inhabile à régner,
TRISTAN, Mariane, iv, t. Quand ils n'auraient point
d'autre inconvénient que de vous rendre inhabiles
à la prière, MASS. Carême, Prière 4. Une com-
plexion qui nous rend inhabiles à la pratique des
mortifications, ID. Panég. Stc Agnès. J'exclus un
faible roi qui ne peut gouverner, Une ombre, un
vain fantôme, inhabile à l'empire, DUCIS, Ifanit. 1,4.
Quel mortel, inhabile à la félicité, Regrettera jamais
sa triste liberté, Si jamais des amants il a connu
les chaînes? A. CHÉN. Eliçj.xxvi. Un coeur faible, étroit,
pusillanime, Inhabile aux vertus, ID. Fragment x,
éd. de 4 862. Il 2° Terme de droit. Qui n'a pas les
qualités requises pour faire: une chose. Inhabile à
tester. || 3" Qui n'est pas habile. Riches, pour tout ,
mérite, en babil importun,'Inhabiles à tout, vides
de sens commun; MOL. Fetran. sav. iv, 3. Mais pour
moi de Paris citoyen inhabile, BOIL. Épit. vi. Vingt
fois, prêt à quitter ce ministre inhabile, Je restais,
retenu par l'espoir d'être utile, PICARD, Médiocre et
rampant, n, 4.
— HIST. xive s. Inhabile à bennes oeuvres exer-
cer, ORESME, Thèse de MEUNIER. || xv" s. Elle [la
femme illégitime] degette lès foulez, Etn'a cure des
affolez, Sains les prant, et rent inhabiles, E. DESCH.
Miroir de mariage, p. 98. Il doit estre desenterré....
et tous ses biens acquis au prince, et ses enfans dé-
clarés inhabiles à toute succession, MONSTRELET, I,
39. D xvie s. Hz sont déclarez "inhabiles de jamais
tenir office, AMYOT, Agésil. 49.
— ÉTY'M. Lat. inhabilis, de in.... I, et habilts,
propre à, commode.
f TNHABILEMENT (i-na-b'i-le-man), adv. D'une
manière inhabile. Agir, se conduire inhabilement.
INHABILETÉ (i-na-bi-le-té), s. f. Manque d'ha-
bileté. Cet ouvrage a été manqué par l'inhabileté
de l'ouvrier. .
— ÉTYM. Inhabile.
INHABILITÉ (i-na-bi-li-té), s. f. Terme de juris-
prudence. Incapacité. La condamnation à une peina
infamante perpétuelle emporte inhabilité à re-
cueillir aucune successicn, Dict. de l'Académie.
— HIST. xive s. Pluseurs causes de inhabilité à
dignité sacerdetale, ORESME, ïVièse de MEUNIER.
— ÉTYM. Le même que inhabileté.
t TNHABILITER (i-na-bi-li-té), v. a. Ancien terme
de jurisprudence. Rendre inhabile; mettre dans
l'état d'inhabilité.
— HIST. xive s. On les doit inhabiliter ou priver
de office bonorable, ORESME, Thèse de MEUNIER.
— ÉTYM. Inhabile.
INHABITABLE (i-na-bi-ta-bT), adj. Qui n'est pas
habitable. Les anciens croyaient la zone tonide
inhabitable à cause'de la chaleur. L'Egypte serait
alors devenue, en grande partie, inhabitable, peu
propre du moins au commerce, RAYNAL, Hist. phil.
1, 12. Franchissons du désert le sable inhabitable,
LEMERCIER, lOUis IX, IV, 2.
— HIST. xve s. Crolierës et lieux inhabitables,
FROISS. liv. iv, p. 200, dans LACURNE, au mot sau-
vagement. || xvie s. Ceulx de qui la mer, les monta-
gnes et les déserts inhabitables ne peuvent arrestei
Tavàrice, AMYOT, Pyrrhus, 33.
— ÉÏ.YM. Lat. inhabitâbilis, de in.... 4, "et habi-
tare, habiter. ■'
f INHABÏTATION (i-na-bi-ta-sion), s. f. Non-ha-
bitation. Les maisons se dégradént'parl'inhabitation.
— ÉTYM. In.::, i, et habitation.
INHABITÉ, ÉE (i-na-bi-té, tée), adj. Qui n'est
point habité. Les hommes détruisent les bois, con-
traignent les eaux, resserrent les fleuves, dessèchent
les marais, et, avec lé temps, ils donnent à la terre
une face toute différente de celle des pays inhabités
ou nouvellement peuplés, BUFF. Hist. nat. Preuv.
théor. terr. OEuv. t. i, p. 307. Dans un vaste désert
je me crois transportée, Sur une terre aride, in-
culte, inhabitée", DUCIS, Abufar, n, 2.
— HIST. xvr s. Au lieu plus chaud d'Afrique et
plus inhabité, DESPORTES, Cleonice, LXXIV.
— ÉTYM.Lat. inhâbitatus, de in.... 4, et 7iat>i-
tatus, habité.
t INHABITUDE (i-na-bi-tu-d')', s. f. Défaut d'ha-
bitude. L'inhabitude dé penser dans l'enfance en ôte
la faculté dans le reste de la vie ; il me semble que
je pourrais aisément répondre à cela.... J. î. ROUSS.
Ém. n.
— ÉTYM. In.,.. 4, et habitude.
t INHABITUÉ, ÉE (i-nà-bi-tu-é, ée), adj. Non
habitué, qui n'a pas l'habitude.
— HIST. xvie s. Inhabitué en tels actes, PASQUIER,
Recherches, p. 872, dans LACURNE.
— ÉTYM. In.... 4, et habitué.
t INHABITUEL,- ELLE (i-na-bi-tu-èl, è-T), adj.
Qui n'est point habituel. Travail inhabituel.
— ÉTYM. In.... 4, et habituel.
t INHALANT, ANTE (i-na-lan,lan-t'),adj. Terme
d'anatomie etdephysiologie. Quiabsorbe.|| Vaisseaux
inhalants, vaisseaux dont on supposait l'existence
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Zadig, 4.||Vous n'aurez pas affaire à un ingrat,
c'est-à-dire vous serez largement récompensé. Le
galant, ravi d'entendre ces paroles, remercia la sou-
brette de sa bonne volonté, et l'assura que, si elle
pouvait en venir à bout, elle n'aurait pas affaire à
un ingrat, LESAGE, Guzm. d'Alf. iv, 2. || Celui, celle
qui ne répond pas à tin amour. On plaint mort un
ingrat qu'on détestait vivant, CORN. Tois. d'or,v, 4.
Mais l'ingrate en mon coeur reprit bientôt sa place,
PAC. Andr. 1, 4. Laissez-moi le, plaisir de confondre
l'ingrat, ID Bajaz. iv, 6. Indigne de mes feux, in-
digne de mes larmes, Je renonce sans peine à tes
faibles appas; Mon amour te prêtait des charmes, In-
grate, que tu n'avais pas, Vers adressés par le Grand-
Prieur de Y. à Ninon de Lenclos qui ne répondait
pas à son amour. || Terme de théologie. Les ingrats,
les ennemis de la grâce. || Ingrat, avec un adj. pos-
sessif, celui qui a témoigné de l'ingratitude envers
quelqu'un. Je ne sais que Vous dire sûr le sujet de
M. Conrart, sinon ce vieux mot qui a été dit si sou-
vent : «Je vivrai et je mourrai son ingrat», il est
trop obligeantde la moitié, BALZ, Lett. 12, liv. xxn.
Soupçonner que. mon coeur avait là faiblesse de pen-
cher pour qui vous savez, pour mon ancien ingrat,
VOLT. lett. Bernis, 49 août 1758. || Il se dit, dans le
même emploi, de celui ou celle qui n'est pas sensible
à l'amour pour quelqu'un. Fais lin effort pour moi, va
trouver mon ingrat, CORN. Gâter, du Palais, ni, 4.
— HIST. xv" s. Ingrades non cdgnoissans ses bien-
faiz, E. DESCHAMPS, Poésies mss. f°40t. Si de l'ar-
gent voulez avoir, Il ne faut que le demander,
L'hostesse ne fut pas ingrate [avare], En disant : je
n'en ai pas haste, N'espargnez rien qui soit céans,
VILLON, 2e repue franche. || xvie s. Craignant d'estre
ingrat à la mémoire d'un si magnanime Prince, LA-
NOUE, 670. Pour n'estre point ingrat à sa bonté [de
Dieu], CALV. Inst. 4044. Que je m'appelle ingrat
des biens que tu m'as faits! DESPORTES, OEuvres
chrest. xvm, prière.
— ÉTYM. Lat. ingratus, de in.... 4, et'gratus,
agréable, recpnnaissant (vcy. GRÉ).
t INGRATEMENT (in-gra-te-man), adv. Avec in-
gratitude, sans recpnnaissance. Une amante abu-
sée Laissée ingratement en un bord solitaire,
MALH. I, 4.
— HIST. xvle s. Bien que je sois de longtemps
malheureux De voir ma peine ingratement [inutile-
ment] perdue, AM. JAMIN,-Poisies, p. 4 69, dans LA-
CORNE. Or, bien que vous m'ayez ingratement
laissé.... DESPORTES, Éligies, 1, 40.
INGRATITUDE (in-gra-ti-tu-d'), s. f. || 1° Vice des
ingrats. Ce que [le silence] Ton eût tenu pour révé-
rence, le serait maintenant pour ingratitude qu'il
lui a plu [à Henri IV], me faisant du bien, m'in-
spirer, avec un vif désir de vertu, celui de me ren-
dre digne de l'aspect du plus parfait et du plus vic-
torieux monarque du monde, RÉGNIER, Épit. didic.
X tant de perfidie et tant d'ingratitude, CORN. Ser-
tir, v, 4 L'ingratitude est le plus noir des vices,
MURET, Sophon. ni, i. Hélas I j'ai beau crier et me
rendre incommode; L'ingratitude et les abus N'en
seront pas moins à la mode; LA FONT. Fabl. xn, 4 6.
Sous les assyriens leur triste servitude [des Juifs]
Devint le juste prix de leur ingratitude [envers Dieu],
RAC. Esth. ni, 4. Il vaut mieux s'exposer à Tingrati-
tudu que de manquer aux misérables, LA BRUY. IV.
Après les preuves touchantes, madame, que j'ai eues
de votre amitié.... il y aurait à moi de l'ingratitude
de n'y pas compter toujours, J. J. nouss. Lett. à
Mme de Boufflers, 26 août 4 764. || 2° Au plur. Actes
qui proviennent de ce vice. Repasse mes bontés et
tes ingratitudes, CORN. Tois. d'or, m, 3. Voici un
trait d'ingratitude qui ne vous déplaira, et dont je
vcui faire mon profit, quand je ferai mon livre sur
les grandes ingratitudes, SÉV. 6 fév. 4 674. [Elle] Me
fait un long récit de mes ingratitudes, RAC. Brit.
n, 2. Qui doit enfin terminer.... toutes les ingrati-
tudes _ de votre vie, MASS. Carême, Rechute, 1.
Il 9e État d'un coeur qui ne répend pas à Tampur.
C'est cet àmcur payé de tant d'ingratitude Qui me
rend en ces lieux sa présence si rude, RAC. Andr.
ri, 4. Mon coeur désespéré d'un an d'ingratitude,
ID. ib. m, 7. i| 4° Qualité de ce qui ne répond pas à
la peine qu'on prend. L'ingratitude d'un sol qui ne
ui fournit rien de ce qu'exige le besDin absolu de
pus les jours, RAYNAL, Hist.phil. xn, 28.
— HIST. xme s Se nous voulons à Dieu prendre
similitude, Nous hérons [haïrons] comme lui pe-
chié d'ingratitude, J. DE MEUNG, Test. U. C'est
grant ingratitude de mettre en oblience.... ID. ib. 426.
Il XVe s. Est bien raison que je regarde, Qu'envers
vous ne soie entechié De ce faulx et mauvais pe-
chié Que Ton reprouche en toute estude, Et qui
est dit ingratitude, C'est à dire mal pour bien ren-
dre, E. DESCH. Pois. mss. f° 4S4. ||xvre s. Vice d'in-
gratitude et de mescognoissance, MONT, m, 317. Du
moins, puisqu'à la fin sorti de servitude, Je cognoy
ma sottise et leur ingratitude, DESPORTES, OEuvres
chrest. Sonnets; 8.
— ÉTYM. Provenç. ingratitut; espagn. ingratitud;
ital. ingratitudine; du lat. ingratitudinem, de in-
gratus, ingrat.
INGRÉDIENT (in-gré-di-an; quelques personnes
disent in-gré-diin, à tort ; dès 4668 Marguerite Buf-
fet disait qu'il fallait prononcer in-gré-di-an), s. m.
Nom des choses qui entrent dans la composition
d'un médicament, d'une boisson, d'un mets ou de
quelque autre mélange. Elle forme son goût décent
ingrédients, RÉGNIER, Sat. 1. Loin ces études d'oeil-
lades, Ces eaux, ces blancs, ces pommades, Et mille
ingrédients qui font des teints fleuris; Â l'honneur
tous les jours ce sont drogues mortelles, Et'les soins
de paraître belles Se prennent peu pour les maris,
MOL. Éc. des f. m, 2. Trouvant que le maléfice était
gâté par un ingrédient qui n'y convenait apparem-
ment pas, HAMILTON, flïst. de Fleur d'Épine, p. 4 73,
de Tédit. in-4 8, RENOUARD, 4 820. || Fig. C'est le der-
nier ingrédient des affairesdéplorables, PATRU, Plaid.
44, dans LACURNE. Conservez-moi vos bontés, mon-
sieur, elles sont un des ingrédients de mon paradis,
VOLT. Lett. Jaucourt, juin 1770.
— HIST. xvie s. La dose des ingrediens, PARÉ,
xxv, 27. La quantité des medicamens ingrediens
n'est point déterminée, ID. XXV, 28. Les saulses....
et puis particularisant les qualitez des ingrédients
et leurs effects, MONT, I, 384.
— ÉTYM. Lat. ingrediens, entrant, ce qui entre,
de ingredi, formé lui-même de in.... 2, et gradior,
aller (voy. GRADE).
t INGRESSION (in-grè-ssion), s. f. Ancien terme
d'astronomie. Entrée d'une planète, d'un corps cé-
leste dans un signe, dans une constellation.
— ÉTYM. Lat. ingressionem; de ingredi, marcher,
de in, en, sur, et gradior, aller.
f INGUÉABLE (in-ghé-a-bT), adj". Qui n'offre pas
de gué, qu'on ne peut pas passer à pied.
— HIST. xvie s. Ingueable, DUC DE ROHAN, Mém.
t. 1, p. 220, dans LACURNE.
— ÉTYM. In.... 4, et guéable.
INGUÉRISSABLE (in-ghé-ri-sa-bT), adj. Qui ne
peut être guéri, en parlant des personnes. Malade
en état si piteux, Direz-vous, est inguérissable ; Et
puis, que faire d'un goutteux? La goutte est un
mal incurable, CHAUL. à Mme de Stafford. Votre let-
tre m'a bien consolé, mais ne m'a pas guéri, par la
raison qu'à soixante et dix-neuf ans je suis ingué-
rissable, VOLT. Lett. d'Argental, 13 avr. 4 773. || Use
dit aussi des choses. Louis XIV ne lès chassa pas
comme Philippe II avait chassé les Maures d'Espa-
gne, ce qui avait fait à la monarchie espagnole une
plaie inguérissable, VOLT. Frag. sur l'hist. art. xxvm.
— HIST. xvr s. Inguérissable, COTGRAVE.
— ÉTY'M. In.... 4, et guérir.
INGUINAL, ALE (in-gui-nal, na-T; ui se prononce
comme dans huile), adj. Terme d'anatomie. Qui ap-
partient ou qui a rapport à l'aine. Glande inguinale.
Bandage inguinal. || Canal inguinal, espèce de canal
situé plus haut que le pli de l'aine, oblique de haut
en bas, d'arrière en avant et de dehors en dedans.
Il Hernie inguinale, hernie qui se fait dans le ca-
nal inguinal.
— HIST. xvr s. Quand la tumeur n'est qu'aux ai-
nes, ils ont nommé telle hargne bubonocele, que
nous disons inguinale, ou hargne incomplette, à cause
qu'elle ne tombe dedans le scrotum, PARÉ, VI, < 4.
— ÉTYM. Lat. inguinalis, de inguen, inguinis
(voy. AINE) .
f INGUINO-CUTANÉ, ÉE (in-gui-no-ku-tahé, née;
ùi prononcé comme dans huile), adj. Terme d'ana-
tomie. Nom donné au rameau nerveux provenant du
premier nerf lombaire.
t INGURGITATION (in-gur-ji-ta-sion), s. f. Ac-
tion d'introduire un liquide dans la gorge.
— ÉTYM. Lat. ingurgitationem, de ingurgilare
(voy. INGURGITER).
f INGURGITER (in-gur-ji-té), v. a. Avaler d'une
manière avide; engloutir. Lés liquides ingurgités.
— HIST. XVI" s. Ingurgiter, COTGRAVE.
— ÉTYM. Lat. ingurgilare, de in.... 2, dans, et
gurges, gurgilis, gouffre.
INHABILE (i-na-bi-T), adj. || i" Qui n'est pas
apte à. Ce malheureux vieillard inhabile à régner,
TRISTAN, Mariane, iv, t. Quand ils n'auraient point
d'autre inconvénient que de vous rendre inhabiles
à la prière, MASS. Carême, Prière 4. Une com-
plexion qui nous rend inhabiles à la pratique des
mortifications, ID. Panég. Stc Agnès. J'exclus un
faible roi qui ne peut gouverner, Une ombre, un
vain fantôme, inhabile à l'empire, DUCIS, Ifanit. 1,4.
Quel mortel, inhabile à la félicité, Regrettera jamais
sa triste liberté, Si jamais des amants il a connu
les chaînes? A. CHÉN. Eliçj.xxvi. Un coeur faible, étroit,
pusillanime, Inhabile aux vertus, ID. Fragment x,
éd. de 4 862. Il 2° Terme de droit. Qui n'a pas les
qualités requises pour faire: une chose. Inhabile à
tester. || 3" Qui n'est pas habile. Riches, pour tout ,
mérite, en babil importun,'Inhabiles à tout, vides
de sens commun; MOL. Fetran. sav. iv, 3. Mais pour
moi de Paris citoyen inhabile, BOIL. Épit. vi. Vingt
fois, prêt à quitter ce ministre inhabile, Je restais,
retenu par l'espoir d'être utile, PICARD, Médiocre et
rampant, n, 4.
— HIST. xive s. Inhabile à bennes oeuvres exer-
cer, ORESME, Thèse de MEUNIER. || xv" s. Elle [la
femme illégitime] degette lès foulez, Etn'a cure des
affolez, Sains les prant, et rent inhabiles, E. DESCH.
Miroir de mariage, p. 98. Il doit estre desenterré....
et tous ses biens acquis au prince, et ses enfans dé-
clarés inhabiles à toute succession, MONSTRELET, I,
39. D xvie s. Hz sont déclarez "inhabiles de jamais
tenir office, AMYOT, Agésil. 49.
— ÉTY'M. Lat. inhabilis, de in.... I, et habilts,
propre à, commode.
f TNHABILEMENT (i-na-b'i-le-man), adv. D'une
manière inhabile. Agir, se conduire inhabilement.
INHABILETÉ (i-na-bi-le-té), s. f. Manque d'ha-
bileté. Cet ouvrage a été manqué par l'inhabileté
de l'ouvrier. .
— ÉTYM. Inhabile.
INHABILITÉ (i-na-bi-li-té), s. f. Terme de juris-
prudence. Incapacité. La condamnation à une peina
infamante perpétuelle emporte inhabilité à re-
cueillir aucune successicn, Dict. de l'Académie.
— HIST. xive s. Pluseurs causes de inhabilité à
dignité sacerdetale, ORESME, ïVièse de MEUNIER.
— ÉTYM. Le même que inhabileté.
t TNHABILITER (i-na-bi-li-té), v. a. Ancien terme
de jurisprudence. Rendre inhabile; mettre dans
l'état d'inhabilité.
— HIST. xive s. On les doit inhabiliter ou priver
de office bonorable, ORESME, Thèse de MEUNIER.
— ÉTYM. Inhabile.
INHABITABLE (i-na-bi-ta-bT), adj. Qui n'est pas
habitable. Les anciens croyaient la zone tonide
inhabitable à cause'de la chaleur. L'Egypte serait
alors devenue, en grande partie, inhabitable, peu
propre du moins au commerce, RAYNAL, Hist. phil.
1, 12. Franchissons du désert le sable inhabitable,
LEMERCIER, lOUis IX, IV, 2.
— HIST. xve s. Crolierës et lieux inhabitables,
FROISS. liv. iv, p. 200, dans LACURNE, au mot sau-
vagement. || xvie s. Ceulx de qui la mer, les monta-
gnes et les déserts inhabitables ne peuvent arrestei
Tavàrice, AMYOT, Pyrrhus, 33.
— ÉÏ.YM. Lat. inhabitâbilis, de in.... 4, "et habi-
tare, habiter. ■'
f INHABÏTATION (i-na-bi-ta-sion), s. f. Non-ha-
bitation. Les maisons se dégradént'parl'inhabitation.
— ÉTYM. In.::, i, et habitation.
INHABITÉ, ÉE (i-na-bi-té, tée), adj. Qui n'est
point habité. Les hommes détruisent les bois, con-
traignent les eaux, resserrent les fleuves, dessèchent
les marais, et, avec lé temps, ils donnent à la terre
une face toute différente de celle des pays inhabités
ou nouvellement peuplés, BUFF. Hist. nat. Preuv.
théor. terr. OEuv. t. i, p. 307. Dans un vaste désert
je me crois transportée, Sur une terre aride, in-
culte, inhabitée", DUCIS, Abufar, n, 2.
— HIST. xvr s. Au lieu plus chaud d'Afrique et
plus inhabité, DESPORTES, Cleonice, LXXIV.
— ÉTYM.Lat. inhâbitatus, de in.... 4, et 7iat>i-
tatus, habité.
t INHABITUDE (i-na-bi-tu-d')', s. f. Défaut d'ha-
bitude. L'inhabitude dé penser dans l'enfance en ôte
la faculté dans le reste de la vie ; il me semble que
je pourrais aisément répondre à cela.... J. î. ROUSS.
Ém. n.
— ÉTYM. In.,.. 4, et habitude.
t INHABITUÉ, ÉE (i-nà-bi-tu-é, ée), adj. Non
habitué, qui n'a pas l'habitude.
— HIST. xvie s. Inhabitué en tels actes, PASQUIER,
Recherches, p. 872, dans LACURNE.
— ÉTYM. In.... 4, et habitué.
t INHABITUEL,- ELLE (i-na-bi-tu-èl, è-T), adj.
Qui n'est point habituel. Travail inhabituel.
— ÉTYM. In.... 4, et habituel.
t INHALANT, ANTE (i-na-lan,lan-t'),adj. Terme
d'anatomie etdephysiologie. Quiabsorbe.|| Vaisseaux
inhalants, vaisseaux dont on supposait l'existence
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