Titre : La Presse
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1880-11-22
Contributeur : Girardin, Émile de (1806-1881). Directeur de publication
Contributeur : Laguerre, Georges (1858-1912). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 22 novembre 1880 22 novembre 1880
Description : 1880/11/22 (Numéro 322). 1880/11/22 (Numéro 322).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/03/2008
Z:Â PAM~ BU I.UNN 22 NUT~BR-È l~O
Malades, à moitié blottis sous leurs cou-
vertures, échangeaient quelques mots
enti occupés de gémissements.
Il était cinq heures du soir, une seule
petitelampe écla.iriutfortmalcettepièce,
eepeAda.nt on distinguait sur les murs un
papier blanc et des baguettes dorées qui
indiquaient qu'elle avait dû être un sa-
lon, avant de devenir une infirmerie.
A cette heure il faisait triste la fumée
des cigarettes elle-même semblait s'en-
voler d\me façon lugubre.
La porte à deux battants qui donnait
dans le vestibule fut poussée, car là ser-
rure en était'enlevée, et une forme mili-
taire se montra sur le seuil.
C'était un franc-tireur de petite taille,
'tout jeune, et littéralement enfoui sous
son manteau~ w
Il Et quelques pas, s'appuya à un lit
et attendit.
Gomme il ne disait rien, les blessés
supposèrent que la maîtresse de la mai-
son le suivait, et personne ne lui parla
tout d'abord.
Mais la porte ne se rouvrait pas.
,Est-ce.que ypus êtes blesséj cama-
rade? demanda ennn un artilleur qui
tenait le soufflet.
Un peu, répondit le nouveau
'venu d'une voix ti'es doûcé, et je suis
tien fatigue.
Et il se laissa tomber sur une chaise.
Vous avez un billet d'entrée'?
-–Maïs oui.
–Eh bien'alors, il faut aller cher-
~jchermadàme.
.J'y vais, dit un méridional qui
ia.va.itla tête eh écharpe.
-–Allez Etcheberry, allez mon ami et
~ne causez pas en route avec Birginie.
Celui qui disait cela était couché et ne
ïnontrait que le bout de son nez, il avait
]kEëvre et grelottait.
Etcheberry parti, tout le monde se
~ut.
Puis. au.; Bout. de quelques, s minutes,
'chant très vite.'Elle portait le grand ta-
Mier à bavette.
C'est vous, mon ami, qui venez
'~arriver? dit-elle en s'adressant au franc-
tireur.
Qui, madame.
Eh bien!.m0h enfant, couchez-vous
~outde suite. Pouvez-vous vous désha-
'"biller,mqn garçon? ~'1
'Le jeûne homme sourit.
'Oui, je îë peux. ~>
Tenez, ce lit-la, entre les deux fe-
nêtres. Posez votre sac par terre et don-
'~z-moi votre billet d'entrée.
.Voici, madame!
Et le franc-tireur tendit à rinnrmiëre,
non pas un billet, mais une lettre d'as-
!"pect élégant.
Ah mais, c'est de Castellani s'é-
cria la damé; et eUe lut rapidement.
<( Ma chère amie,
« Je vous envoie un dé mes'bons amis,
? Jules, un élève des beaux arts qui pro-
met beaucoup il est blesse légëre- 1
ment, mais il a une horrible bron-
~')) chite; s'il revient avec nous avant sa
parfaite guéris on, il est uni, lé méde- 1
x cin l'a dit. <
« Or, il ne vous _,parléra gàs dé- 'sav
«.Or, il ne vous parlera pas de sa j
bronchite, faites-le ausculter et gardez- Il
~a le surtout le plus longtemps possible,
y fut-ce par trahison; il a tout l'air de
~'vouloir se faire tuer exprës, parce
p qû'ilse croit poitrinaire. il ne l'est
pas et ce serait bête.
~« Je vous baise les mains.
«Cn,CASTEI~ANI,
Mme, rougit.,
Je vous demande pardon, monsieur,
'fous ne disiez pas de quelle part vous
'~ëhiez et sous ce costume.
–Cela n'a ~aucune importance, ma-
T&aNie, aucune une toux strideiite
~~ôûpa la parole au jeune homme.
'Quelques instants après il était soi-
"BLeusement couché dans le Ht, désigné
~et rinnrmiëre assise auprès de lui cau-
'Sàît des amis communs laissés aux tran-
'hées.
JFETja~ET~Nï BtE ZA P~F~~F
DCHJKM22]fOTENMEi880
MDRïE
NOUVELLE
~I(sM!'fe)'
jDisons' a. sa louange que s'il n'eût craint-'
de froisser celle dont il ne pouvait mécon-
paître les serviceset le dévouement, il eut-
'pris plus tôt cette détermination. Libre de-
tout côntroTe,.il alla chercher sa nlle.
i Ghose étrange et qui donnait un: complet'-
;dé~enti aux scrupules ,de Mlle .de Brissac,;
cette réunion du père et de la nlle s'accom-'
plit de la façon la plus ~simple et la moins-
dramatique.
Tout'en constatant la.ressemblanced A-
Sele avec sa mère, le,-marquis ne conçut:
&ucun ressentiment contre.sa Elle.
.Celle-ci trouva son père .charmant, et il-
~sut.lu~ inspirer .à première vue une sym-.
pathie profonde. Gertes,on.n'.euHrouvé ;là'
ni'cet élan involontaire, .ni cette tendresse
quasi passionnée de l'enfant pour le père
'qui ne Fa jamas quitté, mais c'était le
'sgerme d'une amitié sincère, attiédie par
les circonstances et que le temps devait
auermir.
Te voila maîtresse absolue, dit M. de
'Brissac à sa nile. Cette autorité, ta digne
tante en a fait longtemps un usage au-
~es~us de tout éloge. Tout ce que tu feras
n y resta, bien longtemps dans ce lit le
pauvre franc-tireur.
Vous souvenez-vous de ce temps là,
mon cher Jules ?
Certes c'était bien triste, et les mal-
heurs du pays nous tenaient bien au cœur;
mais nous étions jeunes et quand
la souSrance nous lâchait un peu, nous
riions de bon cœur sous les obus qui sit-
uaient.
Vous souvenez-vous de Mme que i'
nous appelions notre uz'ez'~e M?yM'MM'e?'e,
parce qu'elle n'était pas vieille, et que
nous avions trouvé cette innocente plai-
santerie fort spirituelle? 2
Vous rappelez-vous ce gamin
qui, à seize ans, ayaitj eu la main déchi~
quetée par une explosion et qu'on soi-
gnait comme un enfant qu'il était.
Depuis, ayant, reçu la médaille mili-
taire, il se livra à .une telle vie de poli-
chioelle, que le ministre de la guerre é
dut le faire admonester de la belle façon,
et qu'on faillit lui défendre de porter la-
dite médaille. Mais alors il était doux
et innocent, et il regardait les deux da-
mes qui avaient sauvé sa main avec des
yeux bleus tout candides.
EtIe~o~/ë~~M~MM qui chantait d< s
chansons à faire dresser les cheveux sur
la tête d'un carabinier
Et le pauvre Rodel avec sa tête de
.saint Michel, sa bravoure folle et ses ter-
reurs de papa et~maman. Il dort là-
bas à Bordeaux, du. son :aeil éternel, et
sur sa tombe on a placé un obus recueilli
dans le jardin de l'ambulance. 1
Et le capitaine de Gasc cet adorable
Franchetti qui nous racontait les splen-
deurs de ses écuries a Bruxelles, et com-
ment, étant lieutenant de yM~e~ dans les
Pays-Bas, il avait obtenu un congé pour
servir en F~uce. Quelle tenue quel
M~AaM! sur la poitrine! Et avec quelle
intensité il oSrait son cœur, sa main, sa
fortune et son titre de comte. Vous
souvenez-vous que dans votre .lit, vous
avez peint ses armes,- sur une toile assez
grande. Il se proposait ue se servir de
cela pour ses écuries. Etait-il assez
puissant, assez aimable et assez vani-
teux
Il est aujourd'hui directeur du casino
de Boulogne, et français tout bonne-
ment, et son titre est resté en che-
min..
Puis cet épique capitaine Roze avec
son nez écrasé, sa faconde et son air de
brigand italien, -c'était le frère de Marie
Roze, nous le trouvions tous adorable.
Et l'abbé d'Embly l'aumônier, le vi-
caire de la paroisse que notre vieille m-
/M'??M'ere plaisantait de si bon cœur,
parce qu'il ne voulait à aucun prix célé-
brer la messe en entendant situer les
obus au-dessus de sa tête elle préten-
dait qu'être tué aux pieds des autels de-
vait être le rêve d'un prêtre; et cette idée
lui paraissait excessive~–Celui-là a mal
fini, il y a deux ans il s'est pendu ann
de ne pas subir une condamnation qu'il
n'avait pas volée.
Paul Rajon, qui n'était pas encore le
.grand aqua-fortiste qu'on sait, mais qui
avait un grade quelconque dans les
francs-tireurs annexés aux compagnies
de marche, venait quelquefois lorsqu'il
avait douze ou vingt heures à.lui, se re-
poser à l'ambulance, et rire un brin avec
.les amis.
Vous rappelez-vous, mon cher Jules,.
l'histoire .du baiser?
Uue fois eu'riant, je ne sais àquel
propos, Rajon avait prétendu que sa
perspicacité était extrême et qu'il recon-
naîtrait une femme rien qu'au toucher 1
de sa main, ou de ses lèvres. Un pari
s'en suivit. ,,1
Une nuit, Rajon, venu à l'improviste,
dormait sur un matelas par terre, les lits 1
manquant.
Près de lui se trouvait votre lit et'celui
sur lequel Mme s'étendait quelquefois
toute habillée pour se re )oser quand les
blessés étaient calmes.
Il n'y avait pas de veilleuse.
Tout à coup Rajon est doucement ré-
veillé par deux lèvres fraîches qui se po-
sent sur son visage il rend le baiser,
puis étend la main et touche une étone
de laine douce il a beau ouvrir les yeux,
sera bien fait, et je ratifie d'avance, tout ce
que tu jugeras à propos de me proposer.
Adèle que l'école de sa. tante rendit un
moment sérieuse retrouva son sourire et k
tendit son front à. son père, ce qui était une 1
charmante façon dé signer le traité.
.Deux mois durant, les tapissiers se croi-
sèrent affairés dans les antichambres puis,
un soir, Adèle pria son père de donner son
avis sur quelques embellissements jugés
indispensables..
..Ne .prenant conseil que de ses instincts
d'élégance, Adèle avait opéré un miracle et
rendu l'hôtel méconnaissable. Pour mieux
juger de la métamorphose, elle avait fait
allumer toutes les bougies et renouveler
les neurs.des jardinières. Aussi le marquis
dit-il en riant à sa Elle qu'il ne manquait,
pour compléter le tableau, qu'un orchestre
caché dans la serre et de belles dames en
toilette de bal.
A vous d'agiter la baguette magique,-
mon père, répliqua la jeune fille sur le f
même ton enjoué.
M, de Brissac ne vivait plus hors de chez ¡
lui. Il donna à sa nlle une jument arabe, ï
vive comme la poudre, et douce comme un t
mouton, et chaque jour on pouvait rencon-
trer au bois le père et la fille chevauchant r.
côte à côte dans les allées ombreuses. §
Le marquis renoua sans peine de vieilles 1
relations et présenta sa Elle dans quelques ô
salons où elle obtint un grand succès d'es- j _s
prit,ef de beauté.
Enfin dans le courant de l'hiver suivant, i
le rêve d'Adèle fut réalisé. ¡
II y eut bal à l'hôtel de Brissac.
II ne se faisait pas illusion, le digne gen- ¡
tilhpmme. Une jolie iille de dix-huit ans qui 1
a un million de dot est un trésor difficile à
garder.
Déjà sé groù~iaieüt âütôür d'éllé'les aspi-
Déjà se groupaieht'àutour d'ëllë'lës aspi-
il ne voit rien, et la. vision glisse loin de
lui.
La vision, oui, mais le souvenir reste,
et le lendemain, pourvu d'un air mysté-
rieux, il commence à lancer des coups
d'céil langoureux à la citez~e x~/M'MM'erë,
qui le regardait tout étonnée.
Enfin, à l'heure du dîner, un éclat de
riie général termina cette scène muette,.
et l'artiste'fut obligé d'avouer qu'il avait
perdu son pari.
Celui qui avait donné le baiser, n'avait
pas encore de moustaches; c'était vous,
mon ami. Il n'était content qu'à moitié
le mystiné.mais il finit par bien rire avec,
nous.
Vous souvenez-vous des longues
nuits du bombardement. Tout le monde p
était dans la cave hormis l'artilleur, Ro-
del, vous, moi et Mme c'était vrai-
ment funèbre 'alors vous étiez encore
bien sounrant, la fièvre vous tenait 1
éveillé. Sur la petite table auprès de
votre lit, il y avait une faible lumière
et pour passer 1s temps vous faisiez des
vers sur dj. papier à cigarette avec un
petit bout de crayon. J'en ai encore
quelques-uns, ils sont tristes et~c? )'ea-
/M~ du tout.
Quand nous étions tous éveillés entre
chaque obus situant au-dessus du toit,
nous faisions notre testament oral, et
malgré nous, ce qui commençait dans un
éclat de rire un peu forcé, finissait pres-
que dans une larme. Vous parliez de
vos chers parents, de votre frère, la
vieille M~'Mxe~e parlait de ses petits en-
fants, l'artilleur de sa fiancée et Rodel
de sa tombe.
La porte de l'hôtel était écroulée, les
arbres coupés pour faire du feu, la cour
dépavée. M. Valdois, le maître de pen-
sion-infirmier, s'était sauvé dans Paris.
Vous étiez quelquefois bien décou-
ragé, bien inquiet de l'avenir. Les beaux
arts après une pareille secousse qu'al-
laient-ils devenir?. Pourtant il fallait
vivre. Être à charge à votre famille
vous paraissait odieux renoncer à la
peinture, auriez-vous ce courage? Vous
étiez Ibien timide.
Je vous vois encore tout pâle avec Vos
cheveux blonds trop longs .et votre petite
figure fine et douce. « II ressemble à
Voltaire, ce petit B. disions-nous.)) ~i
Nous prétendions que vous aviez une
façon particulière de dire « A~M~ <
wessg 'a, et on vous faisait répéter cette
petite phrase, ce à quoi vous vous prê-
tiez de la meilleure grâce possible, car il
n'y avait personne au monde de plus
doux et déplus complaisant que vous.
Et Garnier, le graveur, cet ami sauvage
qui a fait dés folies si corsées et de si
beaux camés.
Ce bon Garnier, comme il vous ai-
mait.
l, Et Gomeix, avec sa ngure de petite
nlle, et le doux Colin (Raphaël). 0
Ceux là passaient apportant une nou-
velle et de la gaieté malgré tout.
Et le riz, les bols de chocolat, les tar-
tines de pain noir, les beefsteacks de
cheval et le vin chaud. et la vieille
chatte Moute que tout le monde avait
respecté et qui se promenait gravement
de lit en lit.
?'
Puis l'armistice. un grand deuil et un
grand soulagement.
Chacun de nous reprit son vol. Vous
quittâtes Paris dans votre costume de
franc-tireur, encore malade et très rê-
veur, vous demandant si vous n'aviez
pas fait une insigne folie en désertant
l'administration des postes pour, aller
dessiner le rond de bosse rue Bonaparte.
N'était-ce pas la misère qui nous atten-
dait ? la déception?
De tout cela vous en sô~ivënéz-vôùs
mon cher camarade d'ambulance
M'. JULES-BASTHSN-LEPAGE?
Nous nous doutions guère alors que
vous alliez aller si haut et si vite. Le ru-
ban rouge, et les princes héritiers ne
hantaient certes pas nos rêves vous
regrettiez surtout de ne pouvoir vous
battre.
Eh bien franchement Castellani était
rants toujours prêts à faire les. doux yeux~
auxricheshéritieres.
Se .réservant d'approuver ou de Marner:
son choix, M. de Brissac ne voulut en rien'
innuencer sa fille. Bientôt le doute ne lui.
fut plus permis, le candidat qui réunissait-
le plus de chances se nommait M. Gaston
de Granval.
Jeunesse, distinction, esprit et fortune~
tout se réunissait pour en faire ùn'nancé
irréprochable. M. de Brissac, encourageant
ouvertement ses prétentions, lui ouvrit, sa
maison, et à la 6n de l'hiver, les bancs.'
étaient publiés. Comme les premières feuil-
les poussaient aux arbres, Adèle devint
comtesse de Granval la nature souriait aux
jeunes époux comme pour leur promettre
un bonheur sans nuages. Le .marquis mou-
rut quelques mois après avoir assuré l'ave-.
nirde saillie.
Cet événement, vint assombrir les joies d-3
la lune de miel, mais le noir allait à ravir
à la jeune femme et la tristesse répandait
sur ses traits une grâce de plus. Sa dou- Í
leur; bien que sincçre, ne pouvait résister j
à l'épreuve du temps. Puis Gaston n'était s
pas là, prêt à sécher ses larmes? Bientôt S
une nouvelle joie l'attendit, elle allait être i
mère. Ce fut pour le mari l'occasion de re-
doubler'de tendresse. Il semblait qu'il vqu-
lût épuiser la coupe des félicités, et que la i
naissance de cet enfantserait le lien indis- y
soluble de ces deux cœurs qui battaient à ¡I
l'unisson.
S'étaient-ils trompés, en croyant s'aimer
ou avaient-ils en imprévoyants, tourné trop j
vite les feuillets du roman commencé? Tou- ¡
jours est-il qu'il, en fut de leur amouf 1
comme des plus douées choses de ce mon-
de. Après avoir brillé d'un vif éclat, il pâlit ¡
peu à peu et s'éteignit, ne laissant qu'un ¡
vague parfum d'amitié, fausse monnaie de
prophète lorsqu'il écrivait se faire tuer
ce~'a~~c~ë!
Gomme c'eût été tête en effet
Cet amusant Castëllani, il est devenu
millionnaire en faisant des panoramas.
Vous voilà chef d'école. Je ne veux
pas terminer ce souvenir de votre pre-
mière jeunesse sans dire à ceux qui ne
le sauraient pas que le grand peintre à la t
mode est restéaussi modeste, aussi doux,
aussi compiaisaht, aussi simple que le `'
petit Bastion de l'ambulance 1
INTÉRIM,
eourn~r ~M ~nmi
.11 y avait, hier, dans ies\ couloirs du, ëe-
nat, un jeune député quise promenait avec
inquiétude, allant d'un sénateur & l'autre, g
et ressemblant assez à un justiciable qui re-
conforte ses juges'et les entretient dans de
bonnes'dispositions. 'Ce plaideur, si nous
pouvons nous exprimer' ainsi, c'était M. Ca-
millé'Sée.
Auteur d'une proposition de loi sur l'or-
ganisation des lycées de femmes, il .a déjà
obtenu' gain de cause à la Chambre. Sera-
t-il aussi heureux'au Sén&t?:Tout le'mondé
est bien 'd'avis dans la haute; Assemblée
qu'il faut donner aux jeunes Rllés le plus
d'éducation .possible, mais ~quelques-uns
reculent devant l'internat, ~d'autres ne~é
font pas a. l'idée qu'on puisse enlever aux
religieuses l'éducation des jeunes nlles.
M. CamiHo Sée a peut-être .voulu trop
prouvera la fois. Nous même lui avons
reproché, tout éh rendant hommage'à cer-
tains côtés de son projet, à l'excellent ;et
louable mbbile'qui le'dirige; d'avoir partr~p
méconnu les services rendus 'par les con-
grégations de femmes. Il a lé tort de .croire
que l'instruction des jeunes ntles n'a !ait
aucun progrès et qu'il n'existe partout que
des sottes et des ignorantes. 'C'est une
grosse'erreur!'
On ne saurait croire, au 'contraire, 'les
;pr6gres réalisés par les femmes :et le désir `
'qu'elles ont d'apprendre. :Tous lés _ans'~ë
nombre, des candidats au brevet de capacité i
augmente, les examinateurs ~ont étonnés
de la supériorité des ..jeunes: Rlles sur les
jeunes gens.
Cette réserve faite,'il faut applaudir
l'idée de M. Sèe qui aura pour résultat
de multiplier les établissements d'enseigne-
m'ent supérieur destinés aux femmes. ,On °_
doit lui tenir gré surtout de la sollicitude
avec laquelle il a surveillé.son œuvre. 'Le
succès lui est bien dû.
Hier deux orateurs ont occupé la tribune ¡
l'un, M. Désbassyns de Richémont, pour
combattre la proposition l'antre, M. Fer-
ro'uil'iat, pour le défendre.
Tous les deux m'ont semblé discuter' 1&
'question à-côté.
Le premier a peur 'que les lycées de jeu-
nés nlles né deviennent nndanger-pour ces
dfmièrRs.
L'orateur craint notamment que la présence
d'wi personnel enseignant masculin n'oft're
quelque danger, surtout le professeur, homme
.étant surveillé par une sous-maîtresse d'un âge
plus ou moins avancé. Il y aurait peut Être la..
une possibilité de recrues pour le.' théâtre de
l'avenir mais il n'y aurait pas là de garanties
sufnstntespour la moralité et pour .les mères
f de. famille. (Très bien. t droite.)
On pourrait; soutenir que les mêmes dan–
.gers existent dans beaucoup de couvents,
où on reçoit même des professeurs de danse
ou de musique. i
M. de Richement nous paraît également ¢
s'être livré à une douce plaisanterie quand ¡
il a dit que jamais la République~ ne 'ferait
-la conquête des femmes. Voilà .une asser-
tion bien téméraire et à laquelle il ne faut
attacher que, l'importance qu'elle mérite,
car M. Desbassyns n'a pas reçu la confi-
dence de toutes les femmes. Sa péroraison'
laisse supposer d'ailleurs qu'iln'aparlé que,
des catholiques d
Laloi qu'on nous propose est inutile elle est'
dangereuse par les questions qu'elle soulève,
elle n'est réclamée par aucun mouvement d'o"
pinion. Pourquoi la veut-on?. C'est qu'on ne
poursuit pas un but scolaire, mais un but-poli-*
tique, un but religieux. M. le ministre de l'ins-
truction .publique a dit K La. femme est à l'E-j
glise, il faut qu'elle soit à la science.)) » On
veut former une .femme incroyante, je m'y re-
fuse.
De son côté, M. FerrouiUat a eu trop d'i-
magination. Selon-lui, par. exemple, l'igno-
rance des femmes; les différences d'instruc--
tion, engendrent tous les désordres.dans les.
.ménages
i'amour Qisparu,'indiS'érencë quin~a pas le
couragede son opinion.I
Il vint une heure où ces mots:: je t'aime!
ne furent plus qu'une banalité polie.
A quoi bon mentir alors ?.
Ne vous ai-je pas"dit qu'Adèle deBrissac
laissait son cœur voltiger de branche en
-hanche? Elle avait aimé Gaston; mais c'eût~
été folie d'exiger plus de constance.' Un
peu étonnée de ne plus ressentir pour sbne
époux cette tendresse admirative, cette se-r
crête joie de la femme d'être faible et deseï
savoir aimée, elle prit assez facilement sont
parti de faire un ami'duhéros déchu.-Pour!
Gaston, c'était chose prév'.té, :ët.si sa.yanité~
fut froissée, ce dépit se trouva amplement~.
compensé en sentant plus légères les chaî-
nesderhymen.
Adeleallait être mère, avons-nous dit,;
Te sentiment de la màternit.é eût, dû.r.em-~
plir son âme de joie, et raviver les uammes
de cette tendresse expirante. 1, & s
Oui, si Gaston l'avait voulu, il ë&t pu ra-
mener a: lui le coeur qui lui échappait et<
par le passé assurer l'aveni! màisudedài-
gna d'entreprendre cette tâche.
Le souvenir de la mort'de sa mèr'é pour-:
suivit Mme dé Granval jusqu'à l'heure de la-
délivrance. Paierait-elle! aussi de sa vie le
premier cri de son enfant? A l'ardente eu- 1
riosité de le connaître, se mêlaient une ya- ¡
gué inquiétude, une animosité involontaire;
contre cette créature dont ta naissance ¡
était une menace terrible. Il eût fallu pour #
la réconforter les douces paroles dé l'époux,
prêt à voiler sous de .riantes promesses la
vallée de douleurs qu'elle avait à parcourir.
Pendant les heures de solitude, alors que
la jeune femme laissant errer sa pensée et f
se disait qu'à la~ saison prochaine, les ueurs, 1
pousseraient peut être sur sa tombe, que ¡
faisait donc M. deGranval?
On parle beaucoup en ce moment du divorce,
dit l'orateur; une des principales causes de di-
visiondMs les ménages, c'est cette divergence
d'instruction et d'éducation qui existe entre les
hommes et les femmes. Celles-ci sont orientées
vers le pasié, les premiers sont dirigea vers l'a-
venir. De la. la discorde, les querelles et la fâ-
cheuse situation qui en résulte pour les entants.
(Applaudissements a. gauche.)
M. Ferrouillat a appris les femmes dans
les libres ou par ouï dire il ne les connaît
point.
A notre avis, le sentiment exact de la
démocratie est bien plus avancé chez elles
que chez les hommes. Avec quelle facilité
elles se sont faites à la société moderne;
comme elles ont vite compris le principe
d'éganié. Plus que nous, elles savent que
la politesse, l'élégance, le soin de soi-même
sont 'les signes les plus 'vrais de la- civili-
,'sàtion.
L'honorable sénateur du Rhône a. été plus
heureux quand il a montré qu'iL n'y avait
:pas d'inconvénients à laisser l'instruction
religieuse en dehors du programme obliga-
toire
Nos honorables contre.dicteurs.,signalent une
lacune dans notre programme, 'l'enseignement
religieux n'y Egure pas. Mais, messieurs, l'en-
seignement religieux figure-t-il dans le pro-
gramme ies:lycees de garçons? non, etil pou-
valt y iigurer en raison, du respect que l'on
'doit-professerpour la liberté de conscience;
mais si l'on est pas d'accord sur les différents
~dogmes, on l'est du moins sur une morale que
j'appellerai la morale des bravés gens. Elle cqn-
vient, par son universalité, à, tout enseigne-
ment public. La père qui voudra faire donner a
sa fille l'enseignement religieux, pourra le fenre
en-dehors dés classes.
Y a-t-il rien de plus libéral, de plus .respec-
tueùx pour la religion, car elle sera enseignée &
l'enfant, non pas.par. un .professeur incompé-
tent, mais par le ministère même de son culte? fi
.(Applaudissements a. gauche.)
.M. de Ravignan a dit quelques mots
.M. Henri Martin a parlé aussi, maison ne
l'entend plus, et il est encore moins orateur
~qu'historien.
La suite ue la discussion a été renvoyée
~ët il faut dire pour'être franc qu'elle n'areu
hier r qu'un médiocre intérêt. L'homme
Qu'est (lecidemëni.: roquent sur le. chapitre
~desTemmes,.que lorsqu'il parle .d'amour.
Autrement il n'y entend rien' et ces aima-
bles créatures doivent bien rire de voir
combien ïiotts les ~noroQs.
C'est ce qui fait leur force!'
~oM~r ~am!M~
La Chambre ,a nommé hier, au scrutin,.
un 'de ses membres pour faire partie de la
commission dc.contrôle des monnaies.,
M.Naqu'et a obtenu 194 voix, M.Noël
Parfait 65.
~aujours heureux.M. Naquet!
'M. Thomson a ensuite parlé longuement
dû Grëdit foncier algérien. Ls discussion a
'ëUrpeu d'importance..
.En reprenant ,1e 'projet sûr la m~gistra-
tûre, la Chambre s'est occupée des articles
qui nxentle noÛTeau traitement des magis-
'trats.:M. Ribot 'trouve que l'augmentation
~st'trop sensible.
L'amendement de l'honorable député est
rejëté'bién qû'iryàit du vrai dans ses ob- w
seryations, surtout lorsqu'il fait ressortir'
qu'il existe des tribunaux ne jugeant que'
'35-aS'air.es paran.
.JM..6eauquie.ryeut, lui, quel'mamovibi- `
lité soit complètement supprimée. 11 réunit.
204'voix contre ~26~. Si le ministère eût
voulu, la suppression eût été votée. Il est
~vrai que le Sénat.
'La discussion dé .'1~ loi, que la "Chambre
des députés aura terminée lundi, sera cu-
rieuse à ïa Chambre haute.
-t~ 'HPf'nNT~' Et~t
LM UiMDiis Mdt)3 uM U&rAHiMM tu
~'Nîmes,'2p''hoYembre.
Dans l'affaire des trôutiles de l'enclos Rey, la.
cour à acquitté un curé et un artilleur; ëlîe a-
reduit la peine pour un autre artilleur; et a
confirmé les autres condamnations.
Le tribunal correctionnel a condamne au-
jourd'hui M. Pieyre, ex-conseiller municipal de
Nîmes, a 20 jours de prison et /!00 franc;
d'amende, pour'aïoir adressé une lettre outra-
geante a.u préfet du Gtrd.
Nantes,SO.novembfs.
Le PAsre de ~alotre annonce que le m aire dé'
Cataon -(Loire-Inférieure) a été «uspendù pour
àyoir assisté au banquet légitimiste du 10 octo-
ërë.
Nice, 20 noyembre.
Le procureur .général devant la cour d'Aix
yieht de i~ire opp6:iti6n à l'ordonnMce du pre-
Il avait repris lé chemin du Cercle, refuge °
banal des maris en rupture d'esclavage.
Toutes les mains s'étaient tendues vers c&
.nouvel enfant prodigue.
Ne riez pas messieurs, avait dit Gas-'
ton avec une gravité comique, je suis à là
veille d'être père.
Un jour,, un seul jour, M. de Granval ne
parut pas au cercle.
Le lendemain, il eut le plaisir d'annoncer:
qu'après dix heures de souSrances, la com-.
.tess.e lui; avait donné une nlle.
On oCrit à' l'heureux père un dëj euner de
.garçons, ou l'ont .fut énormément spirituel,
apr&& quoi M. de Granval convia ses hôtes
à souper au café Anglais, après l'Opéra.
:Quant à l'enfant, prétexte de ces noces
et festins, on le baptisa très simplement à s
l'église voisine..
On la. nomma Andrée, ë.t la nourrice,
brave bourguignonne, mandée en touLe 3
hâte, .se plaisait à répéter qu'elle avait ra-
remenLvu créature, plus mignonne et plus
charmante.
"11"
;j, Madame, de. Granval avait doublé ce ter-
rible cap de.la maternité; et non seule-
ment elle en sortait vivante, mais plus ¡
beMe, plus séduisante que jamais.
Elle eut un moment de joie immense, et ï
aurait alors serré sur son cœur, avec un 1
étan de tendresse innme l'enfant qui venait
d.'entrer si miséricordieusement au mondé.
Mais la Faculté ayant déclaré qu'on ne
pouvait~permettre à madame de Granval s
de nourrir sa Hlle, Iajeune-mè're dut abdi-
quer ce charmant privilège au proËt d'une
nourrice mercenaire.
Le ro}è de la femme est si bien d'allaiter `
son enfant, de continuer'avec lui la dualité
d'existence, qu'on a constaté que }a mër~
mier président du tribunal civil dt Nice, qui
avait repoussé 'le dedinatoire du préfet des
Alpes-Maritimes dans l'affaire de l'application
des décrets aux Pèrea des Missions africaines,
'à Nice. °
Communication de cÉtfe apposition a été
faite aujourd'hui au Père directeur de la maison
Niçoise d~s,5tissipn.s africaines.
~Douai, ~Onovembre.
Le premier président du tribunal civil d&
Douai s'est déclaré incompétent dans l'affaire
de la pla nte déposée contre le préfet du Nord
parles Rominicains, les Réco~lets et les Ré-
demptoristes de Lille.
-` Lydn,30"nbY'émbre.
Aujourd'hui, dëvâiit la première chambre du
tribunal civil, .présidée par M. Brigueil, est re-
venu le ~référé introduit~par lefi~G~tpueins et les
Ddniimcaihs contre le préfet au Rhône et'ie
commissaire spécial de police.
Après les plaidoiries des avocats et les con-
clusions 'du procureur delà République, con-
clusions favorables aux 'mesurés administra-
tives, le tribunal a renvoyé; à huitaine le pro-
noncé du jugement.
Le produit du recouvrement des impôts, pouf
la ire quinz~ne'de novembre~ présente rela*
tivementaux évaluations, une plus-value de
i0.984.000 francs, 6e répaptissant ainsi 1
Enregistrement 1,733,000 fr.
Timbre .359,000
Douanes 2,976,000
Gontributtons indirectes 4,715,000
-postes- d,<03,000
Télégraphes 99,o6o
Total égal 10,984,000 -fr.
JoMv~ee j~~ï~MMe
UN VOL A t~ BANQUE DE FHANCB
Hier matin, vers onze heures et demie, Mme
G. s'est présentée à la Banque de France pour
y déposer desti'res représentant une somme da
100,000 fr. environ.
Ces titres ont été remis nin employé, qni les
t;places sur sa. tabla, puis qui est aorti de eon
bureau pour prendre dans la même pièce un
bordereau dans un carton.
Trois personnes se trouT&iéntdans cette pièce;
l'une d'elles, assise très .près du bureau dei'l'em"'
ployé, protitant de ce que cedermeraya.it le doa
tourné et ne pouvait~le voir, s'est emparé d'une
partie des titres et cela si'adroitement que les
deux autres personnes ne s'en sont point
aperçu.
Au moment où le voleur ouvrait précipitam-
ment la porte s'enfuyant, il 'a 'laissé échapper
'quatre des obligations qu'il venait d'enlever et
mx.lgré l'&vis que luron tonnaient les personnes
'restées dans-le bureau,"il a. continué '!=& route
sans avoir l'air d'entendre ce qu'on -lui di-
sait.
En revenant pour porter sur le bordereau les
numéros des obligations, l'employé s'est aperçu
qu'il venait d'ôtre volé;'mis au courant de ça
qui venait de se passer, il s'est aussitôt mis àl.t
poursuite du voleur, mais n'a pu le.retrduver.
L'es 'obligation! volées' représenteraient 1~
somme de 4a,000 francs. p
LE FAm WALDER
A la suite de l'instruction ordonnée au sujet t
de Matset, arrêté dans un garni.de la.rue'.Lepic
et/qu'un instant, on avait cru être Wa!dër,.un
nomme C. employé .chez M. D.pharma-
cien, a. été. arrêté (,omm&. eomplicedesyols com-
mis par Musset dans cette pharmacie où tous
deux étaient employés..
G.aetéenyoyé/aubepôt.
LE TÔT. BB LA COCR?fJ!DVE
Le général Schr~mm et stt gouTernen~s ont
-été entendue hier à troit heure*, par M. Màcë,
chef de la sttreté, au tujet dët ïateurs que le
nommé Contesenne, arrêté à Bruxelles avec
M. maîtresse, a estayé de négocier chez un.
-ehangeur..
Ces valeurs, dont M. Macé'a.rapporté le! na-
,m~ro9:, ont été reconnues ~par le géntr&l
Schramm comme lui ayant été Tolées au mois
d'août dernier.
Bans quelques jour:Victor Cohtesenne et sa
maitreese sefont extradée. Au~itôt arrivés, ilt
Mront confronf.és aTec le général et sa gouver-
hante, car on est à ptujtrèt certain qu'ih ont
été autrefois en relations à la C.ourneuYe avec
des domestiques du cliâteau.
DONttLË SCICtBE
Au moM de septembre 1871, un des fonc-
tionnaires de la Commune, Louis Parmentier,
~qui avait occupé le_ poste de commissaire cen-
tral, était condamnê'a'mort par contumace.
On savait qu'il n'avait pas quitté la France. II
avait .cependantéteimpossible de le retrouver
marne au moment des poursuites et des re-
cherches les plus révères.
*A l'époque de Famnistie, Parmentier ne Tep:t-
rutpas..
Son histoire, dont on a appris hier le dénoô-
:tnent, est véritablement lamentable..
Traque, dénoncé, à bout de ressources, Par-
mentier s'était réfugié dans une mansarde de la
rue Popincourt, qu'un de ses anciens amis lui
'quilâissë'tarir en elle la source de !a vie,
aime rarement son enfant d'un amour ex-
clusif et.passionné.
Quelque chose s'éttjjrisé, le trait d'union
qui les retient l'un à l'autre pendant la pé-
riode d'àllaitement n'existe plus. Ce qui
produit l'affection, ce n'est plus l'instinct,
c'est le raisonnement. Jusqu'à Tâge où
son intelligence s'éveillera, où l'habitude,
les soins, Téloignement de la nourrice de-
venue mutité, lui feront oublier l'une pour
l'autre,entre ces deux. mères, l'enfant
tendra les bras à cëIIe/qùi'Fa fait vivre de
son lait.
Après un moment de dépit, soit lassitude,
soit inexpérience, Mme de Granval livra sa.
nlle aux soins' intelligents et dévoués de s&
nourrice..
C'était une ËIIe-mëre, ûont le banal ro-
man s'était terminé par l'abandon de'l'a-
mant. Son enfant était mort du croup.
Pauvre, montrée au doigt, l'Ariane villa-
geoise se dirigea yers'ia ville. Là an bu-
reau spécial l'enrôla,'et par correspon-
dance, sur la foi de certificat de médecins,
ell~ fut adressée chez Mme de Granv&I.
Une brave et bonne ËHe, à tout prendre,
maigre sa chute, cette nourrice campa-
gnarde. Elle aima tout de suite la petite
fille dont la mëre, lui dit-on n'avait pas de
lait à lui donner.
Puis; par un -sentiment égoïste qu'on
trouve dans chaque cœur humain plus ou
moins déguisé selon'la sphère où on l'ob-
serve, la paysanne comprit à merveille
qu'à l'existence du nourrisson se liaient ses
propres intérêts, et elle l'entoura de soins
pour ne pas perdre avec lui le bien-être, I&
luxe et les gros gages, privilège officiel d&
&a.charge.
t~. sv~:y ÂLFBEB BELLE.
(A aK~)
Malades, à moitié blottis sous leurs cou-
vertures, échangeaient quelques mots
enti occupés de gémissements.
Il était cinq heures du soir, une seule
petitelampe écla.iriutfortmalcettepièce,
eepeAda.nt on distinguait sur les murs un
papier blanc et des baguettes dorées qui
indiquaient qu'elle avait dû être un sa-
lon, avant de devenir une infirmerie.
A cette heure il faisait triste la fumée
des cigarettes elle-même semblait s'en-
voler d\me façon lugubre.
La porte à deux battants qui donnait
dans le vestibule fut poussée, car là ser-
rure en était'enlevée, et une forme mili-
taire se montra sur le seuil.
C'était un franc-tireur de petite taille,
'tout jeune, et littéralement enfoui sous
son manteau~ w
Il Et quelques pas, s'appuya à un lit
et attendit.
Gomme il ne disait rien, les blessés
supposèrent que la maîtresse de la mai-
son le suivait, et personne ne lui parla
tout d'abord.
Mais la porte ne se rouvrait pas.
,Est-ce.que ypus êtes blesséj cama-
rade? demanda ennn un artilleur qui
tenait le soufflet.
Un peu, répondit le nouveau
'venu d'une voix ti'es doûcé, et je suis
tien fatigue.
Et il se laissa tomber sur une chaise.
Vous avez un billet d'entrée'?
-–Maïs oui.
–Eh bien'alors, il faut aller cher-
~jchermadàme.
.J'y vais, dit un méridional qui
ia.va.itla tête eh écharpe.
-–Allez Etcheberry, allez mon ami et
~ne causez pas en route avec Birginie.
Celui qui disait cela était couché et ne
ïnontrait que le bout de son nez, il avait
]kEëvre et grelottait.
Etcheberry parti, tout le monde se
~ut.
Puis. au.; Bout. de quelques, s minutes,
Mier à bavette.
C'est vous, mon ami, qui venez
'~arriver? dit-elle en s'adressant au franc-
tireur.
Qui, madame.
Eh bien!.m0h enfant, couchez-vous
~outde suite. Pouvez-vous vous désha-
'"biller,mqn garçon? ~'1
'Le jeûne homme sourit.
'Oui, je îë peux. ~>
Tenez, ce lit-la, entre les deux fe-
nêtres. Posez votre sac par terre et don-
'~z-moi votre billet d'entrée.
.Voici, madame!
Et le franc-tireur tendit à rinnrmiëre,
non pas un billet, mais une lettre d'as-
!"pect élégant.
Ah mais, c'est de Castellani s'é-
cria la damé; et eUe lut rapidement.
<( Ma chère amie,
« Je vous envoie un dé mes'bons amis,
? Jules, un élève des beaux arts qui pro-
met beaucoup il est blesse légëre- 1
ment, mais il a une horrible bron-
~')) chite; s'il revient avec nous avant sa
parfaite guéris on, il est uni, lé méde- 1
x cin l'a dit. <
« Or, il ne vous _,parléra gàs dé- 'sav
«.Or, il ne vous parlera pas de sa j
bronchite, faites-le ausculter et gardez- Il
~a le surtout le plus longtemps possible,
y fut-ce par trahison; il a tout l'air de
~'vouloir se faire tuer exprës, parce
p qû'ilse croit poitrinaire. il ne l'est
pas et ce serait bête.
~« Je vous baise les mains.
«Cn,CASTEI~ANI,
Je vous demande pardon, monsieur,
'fous ne disiez pas de quelle part vous
'~ëhiez et sous ce costume.
–Cela n'a ~aucune importance, ma-
T&aNie, aucune une toux strideiite
~~ôûpa la parole au jeune homme.
'Quelques instants après il était soi-
"BLeusement couché dans le Ht, désigné
~et rinnrmiëre assise auprès de lui cau-
'Sàît des amis communs laissés aux tran-
'hées.
JFETja~ET~Nï BtE ZA P~F~~F
DCHJKM22]fOTENMEi880
MDRïE
NOUVELLE
~I(sM!'fe)'
jDisons' a. sa louange que s'il n'eût craint-'
de froisser celle dont il ne pouvait mécon-
paître les serviceset le dévouement, il eut-
'pris plus tôt cette détermination. Libre de-
tout côntroTe,.il alla chercher sa nlle.
i Ghose étrange et qui donnait un: complet'-
;dé~enti aux scrupules ,de Mlle .de Brissac,;
cette réunion du père et de la nlle s'accom-'
plit de la façon la plus ~simple et la moins-
dramatique.
Tout'en constatant la.ressemblanced A-
Sele avec sa mère, le,-marquis ne conçut:
&ucun ressentiment contre.sa Elle.
.Celle-ci trouva son père .charmant, et il-
~sut.lu~ inspirer .à première vue une sym-.
pathie profonde. Gertes,on.n'.euHrouvé ;là'
ni'cet élan involontaire, .ni cette tendresse
quasi passionnée de l'enfant pour le père
'qui ne Fa jamas quitté, mais c'était le
'sgerme d'une amitié sincère, attiédie par
les circonstances et que le temps devait
auermir.
Te voila maîtresse absolue, dit M. de
'Brissac à sa nile. Cette autorité, ta digne
tante en a fait longtemps un usage au-
~es~us de tout éloge. Tout ce que tu feras
n y resta, bien longtemps dans ce lit le
pauvre franc-tireur.
Vous souvenez-vous de ce temps là,
mon cher Jules ?
Certes c'était bien triste, et les mal-
heurs du pays nous tenaient bien au cœur;
mais nous étions jeunes et quand
la souSrance nous lâchait un peu, nous
riions de bon cœur sous les obus qui sit-
uaient.
Vous souvenez-vous de Mme que i'
nous appelions notre uz'ez'~e M?yM'MM'e?'e,
parce qu'elle n'était pas vieille, et que
nous avions trouvé cette innocente plai-
santerie fort spirituelle? 2
Vous rappelez-vous ce gamin
qui, à seize ans, ayaitj eu la main déchi~
quetée par une explosion et qu'on soi-
gnait comme un enfant qu'il était.
Depuis, ayant, reçu la médaille mili-
taire, il se livra à .une telle vie de poli-
chioelle, que le ministre de la guerre é
dut le faire admonester de la belle façon,
et qu'on faillit lui défendre de porter la-
dite médaille. Mais alors il était doux
et innocent, et il regardait les deux da-
mes qui avaient sauvé sa main avec des
yeux bleus tout candides.
EtIe~o~/ë~~M~MM qui chantait d< s
chansons à faire dresser les cheveux sur
la tête d'un carabinier
Et le pauvre Rodel avec sa tête de
.saint Michel, sa bravoure folle et ses ter-
reurs de papa et~maman. Il dort là-
bas à Bordeaux, du. son :aeil éternel, et
sur sa tombe on a placé un obus recueilli
dans le jardin de l'ambulance. 1
Et le capitaine de Gasc cet adorable
Franchetti qui nous racontait les splen-
deurs de ses écuries a Bruxelles, et com-
ment, étant lieutenant de yM~e~ dans les
Pays-Bas, il avait obtenu un congé pour
servir en F~uce. Quelle tenue quel
M~AaM! sur la poitrine! Et avec quelle
intensité il oSrait son cœur, sa main, sa
fortune et son titre de comte. Vous
souvenez-vous que dans votre .lit, vous
avez peint ses armes,- sur une toile assez
grande. Il se proposait ue se servir de
cela pour ses écuries. Etait-il assez
puissant, assez aimable et assez vani-
teux
Il est aujourd'hui directeur du casino
de Boulogne, et français tout bonne-
ment, et son titre est resté en che-
min..
Puis cet épique capitaine Roze avec
son nez écrasé, sa faconde et son air de
brigand italien, -c'était le frère de Marie
Roze, nous le trouvions tous adorable.
Et l'abbé d'Embly l'aumônier, le vi-
caire de la paroisse que notre vieille m-
/M'??M'ere plaisantait de si bon cœur,
parce qu'il ne voulait à aucun prix célé-
brer la messe en entendant situer les
obus au-dessus de sa tête elle préten-
dait qu'être tué aux pieds des autels de-
vait être le rêve d'un prêtre; et cette idée
lui paraissait excessive~–Celui-là a mal
fini, il y a deux ans il s'est pendu ann
de ne pas subir une condamnation qu'il
n'avait pas volée.
Paul Rajon, qui n'était pas encore le
.grand aqua-fortiste qu'on sait, mais qui
avait un grade quelconque dans les
francs-tireurs annexés aux compagnies
de marche, venait quelquefois lorsqu'il
avait douze ou vingt heures à.lui, se re-
poser à l'ambulance, et rire un brin avec
.les amis.
Vous rappelez-vous, mon cher Jules,.
l'histoire .du baiser?
Uue fois eu'riant, je ne sais àquel
propos, Rajon avait prétendu que sa
perspicacité était extrême et qu'il recon-
naîtrait une femme rien qu'au toucher 1
de sa main, ou de ses lèvres. Un pari
s'en suivit. ,,1
Une nuit, Rajon, venu à l'improviste,
dormait sur un matelas par terre, les lits 1
manquant.
Près de lui se trouvait votre lit et'celui
sur lequel Mme s'étendait quelquefois
toute habillée pour se re )oser quand les
blessés étaient calmes.
Il n'y avait pas de veilleuse.
Tout à coup Rajon est doucement ré-
veillé par deux lèvres fraîches qui se po-
sent sur son visage il rend le baiser,
puis étend la main et touche une étone
de laine douce il a beau ouvrir les yeux,
sera bien fait, et je ratifie d'avance, tout ce
que tu jugeras à propos de me proposer.
Adèle que l'école de sa. tante rendit un
moment sérieuse retrouva son sourire et k
tendit son front à. son père, ce qui était une 1
charmante façon dé signer le traité.
.Deux mois durant, les tapissiers se croi-
sèrent affairés dans les antichambres puis,
un soir, Adèle pria son père de donner son
avis sur quelques embellissements jugés
indispensables..
..Ne .prenant conseil que de ses instincts
d'élégance, Adèle avait opéré un miracle et
rendu l'hôtel méconnaissable. Pour mieux
juger de la métamorphose, elle avait fait
allumer toutes les bougies et renouveler
les neurs.des jardinières. Aussi le marquis
dit-il en riant à sa Elle qu'il ne manquait,
pour compléter le tableau, qu'un orchestre
caché dans la serre et de belles dames en
toilette de bal.
A vous d'agiter la baguette magique,-
mon père, répliqua la jeune fille sur le f
même ton enjoué.
M, de Brissac ne vivait plus hors de chez ¡
lui. Il donna à sa nlle une jument arabe, ï
vive comme la poudre, et douce comme un t
mouton, et chaque jour on pouvait rencon-
trer au bois le père et la fille chevauchant r.
côte à côte dans les allées ombreuses. §
Le marquis renoua sans peine de vieilles 1
relations et présenta sa Elle dans quelques ô
salons où elle obtint un grand succès d'es- j _s
prit,ef de beauté.
Enfin dans le courant de l'hiver suivant, i
le rêve d'Adèle fut réalisé. ¡
II y eut bal à l'hôtel de Brissac.
II ne se faisait pas illusion, le digne gen- ¡
tilhpmme. Une jolie iille de dix-huit ans qui 1
a un million de dot est un trésor difficile à
garder.
Déjà sé groù~iaieüt âütôür d'éllé'les aspi-
Déjà se groupaieht'àutour d'ëllë'lës aspi-
il ne voit rien, et la. vision glisse loin de
lui.
La vision, oui, mais le souvenir reste,
et le lendemain, pourvu d'un air mysté-
rieux, il commence à lancer des coups
d'céil langoureux à la citez~e x~/M'MM'erë,
qui le regardait tout étonnée.
Enfin, à l'heure du dîner, un éclat de
riie général termina cette scène muette,.
et l'artiste'fut obligé d'avouer qu'il avait
perdu son pari.
Celui qui avait donné le baiser, n'avait
pas encore de moustaches; c'était vous,
mon ami. Il n'était content qu'à moitié
le mystiné.mais il finit par bien rire avec,
nous.
Vous souvenez-vous des longues
nuits du bombardement. Tout le monde p
était dans la cave hormis l'artilleur, Ro-
del, vous, moi et Mme c'était vrai-
ment funèbre 'alors vous étiez encore
bien sounrant, la fièvre vous tenait 1
éveillé. Sur la petite table auprès de
votre lit, il y avait une faible lumière
et pour passer 1s temps vous faisiez des
vers sur dj. papier à cigarette avec un
petit bout de crayon. J'en ai encore
quelques-uns, ils sont tristes et~c? )'ea-
/M~ du tout.
Quand nous étions tous éveillés entre
chaque obus situant au-dessus du toit,
nous faisions notre testament oral, et
malgré nous, ce qui commençait dans un
éclat de rire un peu forcé, finissait pres-
que dans une larme. Vous parliez de
vos chers parents, de votre frère, la
vieille M~'Mxe~e parlait de ses petits en-
fants, l'artilleur de sa fiancée et Rodel
de sa tombe.
La porte de l'hôtel était écroulée, les
arbres coupés pour faire du feu, la cour
dépavée. M. Valdois, le maître de pen-
sion-infirmier, s'était sauvé dans Paris.
Vous étiez quelquefois bien décou-
ragé, bien inquiet de l'avenir. Les beaux
arts après une pareille secousse qu'al-
laient-ils devenir?. Pourtant il fallait
vivre. Être à charge à votre famille
vous paraissait odieux renoncer à la
peinture, auriez-vous ce courage? Vous
étiez Ibien timide.
Je vous vois encore tout pâle avec Vos
cheveux blonds trop longs .et votre petite
figure fine et douce. « II ressemble à
Voltaire, ce petit B. disions-nous.)) ~i
Nous prétendions que vous aviez une
façon particulière de dire « A~M~ <
wessg 'a, et on vous faisait répéter cette
petite phrase, ce à quoi vous vous prê-
tiez de la meilleure grâce possible, car il
n'y avait personne au monde de plus
doux et déplus complaisant que vous.
Et Garnier, le graveur, cet ami sauvage
qui a fait dés folies si corsées et de si
beaux camés.
Ce bon Garnier, comme il vous ai-
mait.
l, Et Gomeix, avec sa ngure de petite
nlle, et le doux Colin (Raphaël). 0
Ceux là passaient apportant une nou-
velle et de la gaieté malgré tout.
Et le riz, les bols de chocolat, les tar-
tines de pain noir, les beefsteacks de
cheval et le vin chaud. et la vieille
chatte Moute que tout le monde avait
respecté et qui se promenait gravement
de lit en lit.
?'
Puis l'armistice. un grand deuil et un
grand soulagement.
Chacun de nous reprit son vol. Vous
quittâtes Paris dans votre costume de
franc-tireur, encore malade et très rê-
veur, vous demandant si vous n'aviez
pas fait une insigne folie en désertant
l'administration des postes pour, aller
dessiner le rond de bosse rue Bonaparte.
N'était-ce pas la misère qui nous atten-
dait ? la déception?
De tout cela vous en sô~ivënéz-vôùs
mon cher camarade d'ambulance
M'. JULES-BASTHSN-LEPAGE?
Nous nous doutions guère alors que
vous alliez aller si haut et si vite. Le ru-
ban rouge, et les princes héritiers ne
hantaient certes pas nos rêves vous
regrettiez surtout de ne pouvoir vous
battre.
Eh bien franchement Castellani était
rants toujours prêts à faire les. doux yeux~
auxricheshéritieres.
Se .réservant d'approuver ou de Marner:
son choix, M. de Brissac ne voulut en rien'
innuencer sa fille. Bientôt le doute ne lui.
fut plus permis, le candidat qui réunissait-
le plus de chances se nommait M. Gaston
de Granval.
Jeunesse, distinction, esprit et fortune~
tout se réunissait pour en faire ùn'nancé
irréprochable. M. de Brissac, encourageant
ouvertement ses prétentions, lui ouvrit, sa
maison, et à la 6n de l'hiver, les bancs.'
étaient publiés. Comme les premières feuil-
les poussaient aux arbres, Adèle devint
comtesse de Granval la nature souriait aux
jeunes époux comme pour leur promettre
un bonheur sans nuages. Le .marquis mou-
rut quelques mois après avoir assuré l'ave-.
nirde saillie.
Cet événement, vint assombrir les joies d-3
la lune de miel, mais le noir allait à ravir
à la jeune femme et la tristesse répandait
sur ses traits une grâce de plus. Sa dou- Í
leur; bien que sincçre, ne pouvait résister j
à l'épreuve du temps. Puis Gaston n'était s
pas là, prêt à sécher ses larmes? Bientôt S
une nouvelle joie l'attendit, elle allait être i
mère. Ce fut pour le mari l'occasion de re-
doubler'de tendresse. Il semblait qu'il vqu-
lût épuiser la coupe des félicités, et que la i
naissance de cet enfantserait le lien indis- y
soluble de ces deux cœurs qui battaient à ¡I
l'unisson.
S'étaient-ils trompés, en croyant s'aimer
ou avaient-ils en imprévoyants, tourné trop j
vite les feuillets du roman commencé? Tou- ¡
jours est-il qu'il, en fut de leur amouf 1
comme des plus douées choses de ce mon-
de. Après avoir brillé d'un vif éclat, il pâlit ¡
peu à peu et s'éteignit, ne laissant qu'un ¡
vague parfum d'amitié, fausse monnaie de
prophète lorsqu'il écrivait se faire tuer
ce~'a~~c~ë!
Gomme c'eût été tête en effet
Cet amusant Castëllani, il est devenu
millionnaire en faisant des panoramas.
Vous voilà chef d'école. Je ne veux
pas terminer ce souvenir de votre pre-
mière jeunesse sans dire à ceux qui ne
le sauraient pas que le grand peintre à la t
mode est restéaussi modeste, aussi doux,
aussi compiaisaht, aussi simple que le `'
petit Bastion de l'ambulance 1
INTÉRIM,
eourn~r ~M ~nmi
.11 y avait, hier, dans ies\ couloirs du, ëe-
nat, un jeune député quise promenait avec
inquiétude, allant d'un sénateur & l'autre, g
et ressemblant assez à un justiciable qui re-
conforte ses juges'et les entretient dans de
bonnes'dispositions. 'Ce plaideur, si nous
pouvons nous exprimer' ainsi, c'était M. Ca-
millé'Sée.
Auteur d'une proposition de loi sur l'or-
ganisation des lycées de femmes, il .a déjà
obtenu' gain de cause à la Chambre. Sera-
t-il aussi heureux'au Sén&t?:Tout le'mondé
est bien 'd'avis dans la haute; Assemblée
qu'il faut donner aux jeunes Rllés le plus
d'éducation .possible, mais ~quelques-uns
reculent devant l'internat, ~d'autres ne~é
font pas a. l'idée qu'on puisse enlever aux
religieuses l'éducation des jeunes nlles.
M. CamiHo Sée a peut-être .voulu trop
prouvera la fois. Nous même lui avons
reproché, tout éh rendant hommage'à cer-
tains côtés de son projet, à l'excellent ;et
louable mbbile'qui le'dirige; d'avoir partr~p
méconnu les services rendus 'par les con-
grégations de femmes. Il a lé tort de .croire
que l'instruction des jeunes ntles n'a !ait
aucun progrès et qu'il n'existe partout que
des sottes et des ignorantes. 'C'est une
grosse'erreur!'
On ne saurait croire, au 'contraire, 'les
;pr6gres réalisés par les femmes :et le désir `
'qu'elles ont d'apprendre. :Tous lés _ans'~ë
nombre, des candidats au brevet de capacité i
augmente, les examinateurs ~ont étonnés
de la supériorité des ..jeunes: Rlles sur les
jeunes gens.
Cette réserve faite,'il faut applaudir
l'idée de M. Sèe qui aura pour résultat
de multiplier les établissements d'enseigne-
m'ent supérieur destinés aux femmes. ,On °_
doit lui tenir gré surtout de la sollicitude
avec laquelle il a surveillé.son œuvre. 'Le
succès lui est bien dû.
Hier deux orateurs ont occupé la tribune ¡
l'un, M. Désbassyns de Richémont, pour
combattre la proposition l'antre, M. Fer-
ro'uil'iat, pour le défendre.
Tous les deux m'ont semblé discuter' 1&
'question à-côté.
Le premier a peur 'que les lycées de jeu-
nés nlles né deviennent nndanger-pour ces
dfmièrRs.
L'orateur craint notamment que la présence
d'wi personnel enseignant masculin n'oft're
quelque danger, surtout le professeur, homme
.étant surveillé par une sous-maîtresse d'un âge
plus ou moins avancé. Il y aurait peut Être la..
une possibilité de recrues pour le.' théâtre de
l'avenir mais il n'y aurait pas là de garanties
sufnstntespour la moralité et pour .les mères
f de. famille. (Très bien. t droite.)
On pourrait; soutenir que les mêmes dan–
.gers existent dans beaucoup de couvents,
où on reçoit même des professeurs de danse
ou de musique. i
M. de Richement nous paraît également ¢
s'être livré à une douce plaisanterie quand ¡
il a dit que jamais la République~ ne 'ferait
-la conquête des femmes. Voilà .une asser-
tion bien téméraire et à laquelle il ne faut
attacher que, l'importance qu'elle mérite,
car M. Desbassyns n'a pas reçu la confi-
dence de toutes les femmes. Sa péroraison'
laisse supposer d'ailleurs qu'iln'aparlé que,
des catholiques d
Laloi qu'on nous propose est inutile elle est'
dangereuse par les questions qu'elle soulève,
elle n'est réclamée par aucun mouvement d'o"
pinion. Pourquoi la veut-on?. C'est qu'on ne
poursuit pas un but scolaire, mais un but-poli-*
tique, un but religieux. M. le ministre de l'ins-
truction .publique a dit K La. femme est à l'E-j
glise, il faut qu'elle soit à la science.)) » On
veut former une .femme incroyante, je m'y re-
fuse.
De son côté, M. FerrouiUat a eu trop d'i-
magination. Selon-lui, par. exemple, l'igno-
rance des femmes; les différences d'instruc--
tion, engendrent tous les désordres.dans les.
.ménages
i'amour Qisparu,'indiS'érencë quin~a pas le
couragede son opinion.I
Il vint une heure où ces mots:: je t'aime!
ne furent plus qu'une banalité polie.
A quoi bon mentir alors ?.
Ne vous ai-je pas"dit qu'Adèle deBrissac
laissait son cœur voltiger de branche en
-hanche? Elle avait aimé Gaston; mais c'eût~
été folie d'exiger plus de constance.' Un
peu étonnée de ne plus ressentir pour sbne
époux cette tendresse admirative, cette se-r
crête joie de la femme d'être faible et deseï
savoir aimée, elle prit assez facilement sont
parti de faire un ami'duhéros déchu.-Pour!
Gaston, c'était chose prév'.té, :ët.si sa.yanité~
fut froissée, ce dépit se trouva amplement~.
compensé en sentant plus légères les chaî-
nesderhymen.
Adeleallait être mère, avons-nous dit,;
Te sentiment de la màternit.é eût, dû.r.em-~
plir son âme de joie, et raviver les uammes
de cette tendresse expirante. 1, & s
Oui, si Gaston l'avait voulu, il ë&t pu ra-
mener a: lui le coeur qui lui échappait et<
par le passé assurer l'aveni! màisudedài-
gna d'entreprendre cette tâche.
Le souvenir de la mort'de sa mèr'é pour-:
suivit Mme dé Granval jusqu'à l'heure de la-
délivrance. Paierait-elle! aussi de sa vie le
premier cri de son enfant? A l'ardente eu- 1
riosité de le connaître, se mêlaient une ya- ¡
gué inquiétude, une animosité involontaire;
contre cette créature dont ta naissance ¡
était une menace terrible. Il eût fallu pour #
la réconforter les douces paroles dé l'époux,
prêt à voiler sous de .riantes promesses la
vallée de douleurs qu'elle avait à parcourir.
Pendant les heures de solitude, alors que
la jeune femme laissant errer sa pensée et f
se disait qu'à la~ saison prochaine, les ueurs, 1
pousseraient peut être sur sa tombe, que ¡
faisait donc M. deGranval?
On parle beaucoup en ce moment du divorce,
dit l'orateur; une des principales causes de di-
visiondMs les ménages, c'est cette divergence
d'instruction et d'éducation qui existe entre les
hommes et les femmes. Celles-ci sont orientées
vers le pasié, les premiers sont dirigea vers l'a-
venir. De la. la discorde, les querelles et la fâ-
cheuse situation qui en résulte pour les entants.
(Applaudissements a. gauche.)
M. Ferrouillat a appris les femmes dans
les libres ou par ouï dire il ne les connaît
point.
A notre avis, le sentiment exact de la
démocratie est bien plus avancé chez elles
que chez les hommes. Avec quelle facilité
elles se sont faites à la société moderne;
comme elles ont vite compris le principe
d'éganié. Plus que nous, elles savent que
la politesse, l'élégance, le soin de soi-même
sont 'les signes les plus 'vrais de la- civili-
,'sàtion.
L'honorable sénateur du Rhône a. été plus
heureux quand il a montré qu'iL n'y avait
:pas d'inconvénients à laisser l'instruction
religieuse en dehors du programme obliga-
toire
Nos honorables contre.dicteurs.,signalent une
lacune dans notre programme, 'l'enseignement
religieux n'y Egure pas. Mais, messieurs, l'en-
seignement religieux figure-t-il dans le pro-
gramme ies:lycees de garçons? non, etil pou-
valt y iigurer en raison, du respect que l'on
'doit-professerpour la liberté de conscience;
mais si l'on est pas d'accord sur les différents
~dogmes, on l'est du moins sur une morale que
j'appellerai la morale des bravés gens. Elle cqn-
vient, par son universalité, à, tout enseigne-
ment public. La père qui voudra faire donner a
sa fille l'enseignement religieux, pourra le fenre
en-dehors dés classes.
Y a-t-il rien de plus libéral, de plus .respec-
tueùx pour la religion, car elle sera enseignée &
l'enfant, non pas.par. un .professeur incompé-
tent, mais par le ministère même de son culte? fi
.(Applaudissements a. gauche.)
.M. de Ravignan a dit quelques mots
.M. Henri Martin a parlé aussi, maison ne
l'entend plus, et il est encore moins orateur
~qu'historien.
La suite ue la discussion a été renvoyée
~ët il faut dire pour'être franc qu'elle n'areu
hier r qu'un médiocre intérêt. L'homme
Qu'est (lecidemëni.: roquent sur le. chapitre
~desTemmes,.que lorsqu'il parle .d'amour.
Autrement il n'y entend rien' et ces aima-
bles créatures doivent bien rire de voir
combien ïiotts les ~noroQs.
C'est ce qui fait leur force!'
~oM~r ~am!M~
La Chambre ,a nommé hier, au scrutin,.
un 'de ses membres pour faire partie de la
commission dc.contrôle des monnaies.,
M.Naqu'et a obtenu 194 voix, M.Noël
Parfait 65.
~aujours heureux.M. Naquet!
'M. Thomson a ensuite parlé longuement
dû Grëdit foncier algérien. Ls discussion a
'ëUrpeu d'importance..
.En reprenant ,1e 'projet sûr la m~gistra-
tûre, la Chambre s'est occupée des articles
qui nxentle noÛTeau traitement des magis-
'trats.:M. Ribot 'trouve que l'augmentation
~st'trop sensible.
L'amendement de l'honorable député est
rejëté'bién qû'iryàit du vrai dans ses ob- w
seryations, surtout lorsqu'il fait ressortir'
qu'il existe des tribunaux ne jugeant que'
'35-aS'air.es paran.
.JM..6eauquie.ryeut, lui, quel'mamovibi- `
lité soit complètement supprimée. 11 réunit.
204'voix contre ~26~. Si le ministère eût
voulu, la suppression eût été votée. Il est
~vrai que le Sénat.
'La discussion dé .'1~ loi, que la "Chambre
des députés aura terminée lundi, sera cu-
rieuse à ïa Chambre haute.
-t~ 'HPf'nNT~' Et~t
LM UiMDiis Mdt)3 uM U&rAHiMM tu
~'Nîmes,'2p''hoYembre.
Dans l'affaire des trôutiles de l'enclos Rey, la.
cour à acquitté un curé et un artilleur; ëlîe a-
reduit la peine pour un autre artilleur; et a
confirmé les autres condamnations.
Le tribunal correctionnel a condamne au-
jourd'hui M. Pieyre, ex-conseiller municipal de
Nîmes, a 20 jours de prison et /!00 franc;
d'amende, pour'aïoir adressé une lettre outra-
geante a.u préfet du Gtrd.
Nantes,SO.novembfs.
Le PAsre de ~alotre annonce que le m aire dé'
Cataon -(Loire-Inférieure) a été «uspendù pour
àyoir assisté au banquet légitimiste du 10 octo-
ërë.
Nice, 20 noyembre.
Le procureur .général devant la cour d'Aix
yieht de i~ire opp6:iti6n à l'ordonnMce du pre-
Il avait repris lé chemin du Cercle, refuge °
banal des maris en rupture d'esclavage.
Toutes les mains s'étaient tendues vers c&
.nouvel enfant prodigue.
Ne riez pas messieurs, avait dit Gas-'
ton avec une gravité comique, je suis à là
veille d'être père.
Un jour,, un seul jour, M. de Granval ne
parut pas au cercle.
Le lendemain, il eut le plaisir d'annoncer:
qu'après dix heures de souSrances, la com-.
.tess.e lui; avait donné une nlle.
On oCrit à' l'heureux père un dëj euner de
.garçons, ou l'ont .fut énormément spirituel,
apr&& quoi M. de Granval convia ses hôtes
à souper au café Anglais, après l'Opéra.
:Quant à l'enfant, prétexte de ces noces
et festins, on le baptisa très simplement à s
l'église voisine..
On la. nomma Andrée, ë.t la nourrice,
brave bourguignonne, mandée en touLe 3
hâte, .se plaisait à répéter qu'elle avait ra-
remenLvu créature, plus mignonne et plus
charmante.
"11"
;j, Madame, de. Granval avait doublé ce ter-
rible cap de.la maternité; et non seule-
ment elle en sortait vivante, mais plus ¡
beMe, plus séduisante que jamais.
Elle eut un moment de joie immense, et ï
aurait alors serré sur son cœur, avec un 1
étan de tendresse innme l'enfant qui venait
d.'entrer si miséricordieusement au mondé.
Mais la Faculté ayant déclaré qu'on ne
pouvait~permettre à madame de Granval s
de nourrir sa Hlle, Iajeune-mè're dut abdi-
quer ce charmant privilège au proËt d'une
nourrice mercenaire.
Le ro}è de la femme est si bien d'allaiter `
son enfant, de continuer'avec lui la dualité
d'existence, qu'on a constaté que }a mër~
mier président du tribunal civil dt Nice, qui
avait repoussé 'le dedinatoire du préfet des
Alpes-Maritimes dans l'affaire de l'application
des décrets aux Pèrea des Missions africaines,
'à Nice. °
Communication de cÉtfe apposition a été
faite aujourd'hui au Père directeur de la maison
Niçoise d~s,5tissipn.s africaines.
~Douai, ~Onovembre.
Le premier président du tribunal civil d&
Douai s'est déclaré incompétent dans l'affaire
de la pla nte déposée contre le préfet du Nord
parles Rominicains, les Réco~lets et les Ré-
demptoristes de Lille.
-` Lydn,30"nbY'émbre.
Aujourd'hui, dëvâiit la première chambre du
tribunal civil, .présidée par M. Brigueil, est re-
venu le ~référé introduit~par lefi~G~tpueins et les
Ddniimcaihs contre le préfet au Rhône et'ie
commissaire spécial de police.
Après les plaidoiries des avocats et les con-
clusions 'du procureur delà République, con-
clusions favorables aux 'mesurés administra-
tives, le tribunal a renvoyé; à huitaine le pro-
noncé du jugement.
Le produit du recouvrement des impôts, pouf
la ire quinz~ne'de novembre~ présente rela*
tivementaux évaluations, une plus-value de
i0.984.000 francs, 6e répaptissant ainsi 1
Enregistrement 1,733,000 fr.
Timbre .359,000
Douanes 2,976,000
Gontributtons indirectes 4,715,000
-postes- d,<03,000
Télégraphes 99,o6o
Total égal 10,984,000 -fr.
JoMv~ee j~~ï~MMe
UN VOL A t~ BANQUE DE FHANCB
Hier matin, vers onze heures et demie, Mme
G. s'est présentée à la Banque de France pour
y déposer desti'res représentant une somme da
100,000 fr. environ.
Ces titres ont été remis nin employé, qni les
t;places sur sa. tabla, puis qui est aorti de eon
bureau pour prendre dans la même pièce un
bordereau dans un carton.
Trois personnes se trouT&iéntdans cette pièce;
l'une d'elles, assise très .près du bureau dei'l'em"'
ployé, protitant de ce que cedermeraya.it le doa
tourné et ne pouvait~le voir, s'est emparé d'une
partie des titres et cela si'adroitement que les
deux autres personnes ne s'en sont point
aperçu.
Au moment où le voleur ouvrait précipitam-
ment la porte s'enfuyant, il 'a 'laissé échapper
'quatre des obligations qu'il venait d'enlever et
mx.lgré l'&vis que luron tonnaient les personnes
'restées dans-le bureau,"il a. continué '!=& route
sans avoir l'air d'entendre ce qu'on -lui di-
sait.
En revenant pour porter sur le bordereau les
numéros des obligations, l'employé s'est aperçu
qu'il venait d'ôtre volé;'mis au courant de ça
qui venait de se passer, il s'est aussitôt mis àl.t
poursuite du voleur, mais n'a pu le.retrduver.
L'es 'obligation! volées' représenteraient 1~
somme de 4a,000 francs. p
LE FAm WALDER
A la suite de l'instruction ordonnée au sujet t
de Matset, arrêté dans un garni.de la.rue'.Lepic
et/qu'un instant, on avait cru être Wa!dër,.un
nomme C. employé .chez M. D.pharma-
cien, a. été. arrêté (,omm&. eomplicedesyols com-
mis par Musset dans cette pharmacie où tous
deux étaient employés..
G.aetéenyoyé/aubepôt.
LE TÔT. BB LA COCR?fJ!DVE
Le général Schr~mm et stt gouTernen~s ont
-été entendue hier à troit heure*, par M. Màcë,
chef de la sttreté, au tujet dët ïateurs que le
nommé Contesenne, arrêté à Bruxelles avec
M. maîtresse, a estayé de négocier chez un.
-ehangeur..
Ces valeurs, dont M. Macé'a.rapporté le! na-
,m~ro9:, ont été reconnues ~par le géntr&l
Schramm comme lui ayant été Tolées au mois
d'août dernier.
Bans quelques jour:Victor Cohtesenne et sa
maitreese sefont extradée. Au~itôt arrivés, ilt
Mront confronf.és aTec le général et sa gouver-
hante, car on est à ptujtrèt certain qu'ih ont
été autrefois en relations à la C.ourneuYe avec
des domestiques du cliâteau.
DONttLË SCICtBE
Au moM de septembre 1871, un des fonc-
tionnaires de la Commune, Louis Parmentier,
~qui avait occupé le_ poste de commissaire cen-
tral, était condamnê'a'mort par contumace.
On savait qu'il n'avait pas quitté la France. II
avait .cependantéteimpossible de le retrouver
marne au moment des poursuites et des re-
cherches les plus révères.
*A l'époque de Famnistie, Parmentier ne Tep:t-
rutpas..
Son histoire, dont on a appris hier le dénoô-
:tnent, est véritablement lamentable..
Traque, dénoncé, à bout de ressources, Par-
mentier s'était réfugié dans une mansarde de la
rue Popincourt, qu'un de ses anciens amis lui
'quilâissë'tarir en elle la source de !a vie,
aime rarement son enfant d'un amour ex-
clusif et.passionné.
Quelque chose s'éttjjrisé, le trait d'union
qui les retient l'un à l'autre pendant la pé-
riode d'àllaitement n'existe plus. Ce qui
produit l'affection, ce n'est plus l'instinct,
c'est le raisonnement. Jusqu'à Tâge où
son intelligence s'éveillera, où l'habitude,
les soins, Téloignement de la nourrice de-
venue mutité, lui feront oublier l'une pour
l'autre,entre ces deux. mères, l'enfant
tendra les bras à cëIIe/qùi'Fa fait vivre de
son lait.
Après un moment de dépit, soit lassitude,
soit inexpérience, Mme de Granval livra sa.
nlle aux soins' intelligents et dévoués de s&
nourrice..
C'était une ËIIe-mëre, ûont le banal ro-
man s'était terminé par l'abandon de'l'a-
mant. Son enfant était mort du croup.
Pauvre, montrée au doigt, l'Ariane villa-
geoise se dirigea yers'ia ville. Là an bu-
reau spécial l'enrôla,'et par correspon-
dance, sur la foi de certificat de médecins,
ell~ fut adressée chez Mme de Granv&I.
Une brave et bonne ËHe, à tout prendre,
maigre sa chute, cette nourrice campa-
gnarde. Elle aima tout de suite la petite
fille dont la mëre, lui dit-on n'avait pas de
lait à lui donner.
Puis; par un -sentiment égoïste qu'on
trouve dans chaque cœur humain plus ou
moins déguisé selon'la sphère où on l'ob-
serve, la paysanne comprit à merveille
qu'à l'existence du nourrisson se liaient ses
propres intérêts, et elle l'entoura de soins
pour ne pas perdre avec lui le bien-être, I&
luxe et les gros gages, privilège officiel d&
&a.charge.
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