Titre : La Culture physique : revue bi-mensuelle illustrée
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1912-11-15
Contributeur : Surier, Albert (1871-1944). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344303451
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 15531 Nombre total de vues : 15531
Description : 15 novembre 1912 15 novembre 1912
Description : 1912/11/15 (A9,N189). 1912/11/15 (A9,N189).
Description : Collection numérique : Musée national du sport. Collection numérique : Musée national du sport.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5422737k
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/09/2008
LE COLLÈGE DES ATHLÈTES
Alors, c'est entendu, nous allons avoir le col-
lège des athlètes, la chose est décidée. Il paraît
que depuis les Olympiques de Stockoltn, où nous
reçûmes la volée que l'on sait, la nécessité de
cette institution se faisait impérieusement sen-
tir. Nous avons aussi bien que les Américains,
j'imagine, le droit de posséder une certaine
quantité d'estropiés d'élite capables d'accom-
plir l'exploit-record de leur spécialité sportive
à l'exclusion de tout autre, des athlètes, par
exemple, qui soient capables de courir comme
des cerfs et de nager comme des chiens de
plomb, de sauter deux mètres de pied ferme en
hauteur et inaptes à se hisser à cinquante cen-
timètres du sol à l'aide d'une corde lisse.
Il faut être de bien mauvaise foi ou atteint
d'une cécité bien profonde pour ne pas recon-
naître que c'est là l'inéluctable logique qui se
dégage de l'aventure suédoise La gloire spor-
tive de la France, comme certainement aussi
l'embellissement de notre race sont incon-
testablement liés à la création de ces phé-
nomènes nationaux. On ne saurait nier que
le jour où nous posséderons le record du
saut, celui de la course à pied et celui du lance-
ment du disque, tous les Français seront, de ce
fait, d'excellents sauteurs, d'agiles coureurs et
de merveilleux discoboles. Et dire que c'est de
cette même Suède, qui nous fit cadeau de la pa-
nacée à régénérer l'humaine nature avec des
gestes à la Sarah Bernhardt, que nous viennent
aujourd'hui' ces idtimes vérités !... Ah ! notre
reconnaissance à l'égard de l'Athènes septen-
trionale dont le docteur Tissié fut notre Maho-
met n'est pas près de manquer d'aliment.
Donc, je pensais, à ces choses et peut-être aussi
un peu à la crédulité de nos contemporains ré-
putés sceptiques, l'autre jour, en lisant dans
VAuto un article enthousiaste de notre ami Géo
Lefebvre sur l'entraînement du boxeur Carpen-
tier. C'était là évidemment un gars bien soigné
et jamais fils de prince ne fut choyé, dorloté et
bichonné comme ce roturier de pugiliste. Des
nourritures de choix, des boissons mêmement,
de la promenade, de l'exercice, la douche, le
massage et puis, fais dodo, mon petit. Chut ! ne
réveillons pas le jeune dieu endormi.
Et cela se passait, je crois, dans la verte Nor-
mandie, dans l'hospitalière demeure de M.
Boyer. C'était charmant et ce devait être bien
agréable.
Je me figure assez volontiers que le futur Col-
lège des athlètes sera quelque chose dans le
goût de la bonne maison de M. Boyer, en plus
grand et en plus perfectionné, c'est certain.
Mais l'idée y est, elle sortira facilement de cet
oeuf pour s'épanouir.
Ce n'est pas à Paris, centre préféré des cul-
tures de microbes, que devra s'édifier le futur
palais — car il ne saurait s'agir que d'un palais
— où s'installera le Collège des athlètes. On
choisira pour ce faire quelque vallée boisée, à la
fois aérée, ombreuse et ensoleillée, au bord d'une
belle rivière, bref un site adorable pour que les
élèves aient, dès leur réveil, le spectacle repo-
sant de la belle nature sous les yeux. Car il faut
beaucoup de repos aux athlètes modernes : une
heure ou deux au plus de travail par jour, qua-
tre ou cinq de distractions toniques et tout le
reste pour la digestion et le sommeil.
Le Collège, outre la salle d'entraînement où
des maîtres imposants et dignement ventrus ou
exagérément maigres enseigneront aux éphèbes
le culte de la beauté plastique, le mépris de la
graisse et l'horreur de l'obésité en mêrhe temps
que les arts sportifs, comprendra : 1° un cabinet
de physique renfermant des appareils de préci-
sion pour le pesage et les mensurations des élè-
Alors, c'est entendu, nous allons avoir le col-
lège des athlètes, la chose est décidée. Il paraît
que depuis les Olympiques de Stockoltn, où nous
reçûmes la volée que l'on sait, la nécessité de
cette institution se faisait impérieusement sen-
tir. Nous avons aussi bien que les Américains,
j'imagine, le droit de posséder une certaine
quantité d'estropiés d'élite capables d'accom-
plir l'exploit-record de leur spécialité sportive
à l'exclusion de tout autre, des athlètes, par
exemple, qui soient capables de courir comme
des cerfs et de nager comme des chiens de
plomb, de sauter deux mètres de pied ferme en
hauteur et inaptes à se hisser à cinquante cen-
timètres du sol à l'aide d'une corde lisse.
Il faut être de bien mauvaise foi ou atteint
d'une cécité bien profonde pour ne pas recon-
naître que c'est là l'inéluctable logique qui se
dégage de l'aventure suédoise La gloire spor-
tive de la France, comme certainement aussi
l'embellissement de notre race sont incon-
testablement liés à la création de ces phé-
nomènes nationaux. On ne saurait nier que
le jour où nous posséderons le record du
saut, celui de la course à pied et celui du lance-
ment du disque, tous les Français seront, de ce
fait, d'excellents sauteurs, d'agiles coureurs et
de merveilleux discoboles. Et dire que c'est de
cette même Suède, qui nous fit cadeau de la pa-
nacée à régénérer l'humaine nature avec des
gestes à la Sarah Bernhardt, que nous viennent
aujourd'hui' ces idtimes vérités !... Ah ! notre
reconnaissance à l'égard de l'Athènes septen-
trionale dont le docteur Tissié fut notre Maho-
met n'est pas près de manquer d'aliment.
Donc, je pensais, à ces choses et peut-être aussi
un peu à la crédulité de nos contemporains ré-
putés sceptiques, l'autre jour, en lisant dans
VAuto un article enthousiaste de notre ami Géo
Lefebvre sur l'entraînement du boxeur Carpen-
tier. C'était là évidemment un gars bien soigné
et jamais fils de prince ne fut choyé, dorloté et
bichonné comme ce roturier de pugiliste. Des
nourritures de choix, des boissons mêmement,
de la promenade, de l'exercice, la douche, le
massage et puis, fais dodo, mon petit. Chut ! ne
réveillons pas le jeune dieu endormi.
Et cela se passait, je crois, dans la verte Nor-
mandie, dans l'hospitalière demeure de M.
Boyer. C'était charmant et ce devait être bien
agréable.
Je me figure assez volontiers que le futur Col-
lège des athlètes sera quelque chose dans le
goût de la bonne maison de M. Boyer, en plus
grand et en plus perfectionné, c'est certain.
Mais l'idée y est, elle sortira facilement de cet
oeuf pour s'épanouir.
Ce n'est pas à Paris, centre préféré des cul-
tures de microbes, que devra s'édifier le futur
palais — car il ne saurait s'agir que d'un palais
— où s'installera le Collège des athlètes. On
choisira pour ce faire quelque vallée boisée, à la
fois aérée, ombreuse et ensoleillée, au bord d'une
belle rivière, bref un site adorable pour que les
élèves aient, dès leur réveil, le spectacle repo-
sant de la belle nature sous les yeux. Car il faut
beaucoup de repos aux athlètes modernes : une
heure ou deux au plus de travail par jour, qua-
tre ou cinq de distractions toniques et tout le
reste pour la digestion et le sommeil.
Le Collège, outre la salle d'entraînement où
des maîtres imposants et dignement ventrus ou
exagérément maigres enseigneront aux éphèbes
le culte de la beauté plastique, le mépris de la
graisse et l'horreur de l'obésité en mêrhe temps
que les arts sportifs, comprendra : 1° un cabinet
de physique renfermant des appareils de préci-
sion pour le pesage et les mensurations des élè-
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