Titre : La Presse
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1876-03-30
Contributeur : Girardin, Émile de (1806-1881). Directeur de publication
Contributeur : Laguerre, Georges (1858-1912). Directeur de publication
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Description : 30 mars 1876 30 mars 1876
Description : 1876/03/30. 1876/03/30.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/02/2008
LA PRESSE DU JEUDI 30 MARS 1876
à Rome, et l'évêque d'Orléans n'est
point parvenu encore, malgré tontes ses
complaisances, à effacer le mauvais effet
produit au Vatican par quelques timides
essais d'mdépendance.
Au joug de Rome, nous préférons en-
core les liens universitaires, parce que
ce sont des liens nationaux; et si, comme
r~Mue~s le redoute avec un effroi chari-
table, nous sommes condamnés un jour
à ne pouvoir penser ni vouloir autre-
ment que l'Etat, nous nous en console-
rons aisément, en considérant qu'a-
pres tout, dans un régime de suffrage
universel, l'Etat, c'est tout le monde.
Un décret du président de la Republi-
que, inséré hier matin dans le ./oM?'M'<~ o/
/!c!'e~ et reproduit par la Presse, nomme
quatre nouveaux membres de la commis-
sion supérieure des Expositions internatio-
nales, en s'appuyant sur cette considéra-
tion « qu'une Exposition universelle in-
ternationale doit avoir lieu prochainement
à Paris. »
L'idée d'une Exposition universelle, dé-
battue depuis quelque temps dans la
presse, paraît donc dènnitivement acceptée
par le gouvernement. On ne peut qu'ap-
plaudir à cette décision; mais il est indis-
pensable que le projet, adopté en principe,
soit longuement mûri, sérieusement étu-
dié, avant d'être mis a. exécution. L'Expo-
sition de 1867 n'a certainement pas produit
tous les heureux résultats qu'on était en
droit d'en attendre.' La commission supé-
rieure devra s'enquérir soigneusement des
fautes qu'on a pu commettre alors, afin de
prouter de l'expérience acquise, il y a dix
ans, aux dépens de la partie la plus inté-
ressante de la population parisienne.
Nous aurons a revenir sur ce sujet, qui
touche à de si nombreux intérêts, à la
prospérité générale du pays, et qui de-
mande à êtretraité parle détail, avecpreu-
-ves a. l'appui.
Dans la dernière réunion du conseil muni-
cipal da Paris, le président, M. Harant, a
donne. lecture a ses collègues de lettres par
lesquelles MM. Nadaud, Talandier, Floquet et
Marmottan donnent leur démission des fonc-
tions de conseiller municipal par suite de
leur élection à la députation. M. Tenaille-
Saligny, nommé préfet du Pas-de-Calais, a
donné également sa démission. Les démis-
sions de MM. Clemenceau et Frébault seront
probablement déposées cette semaine sur-le
bureau du conseil munlcipa.1. On sait que
M. Allain-Targé, député, était déjà démission-
naire.
Une première réunion publique a eu lieu
hier à la salle de l'Etoile, 81, avenue de Wa-
gram, dans le 17" arrondissement. Plusieurs
candidats étaient présents, entre autres MM.
Clamageran, Paseal-Duprat, de Hérédia, Quen-
tin et deux ou trois candidats ouvriers.
Au début de la séance, M. Charles Quentin
s'est désisté en faveur d'une candidature ou-
vrière. La parole a été donnée ensuite à cha-
cun des candidats et un quart-d'heure leur a
été accordé pour développer leur programme.,
MM.Clamageran,'deHérédla,Pascal-Dupratont
successivement pris la parole mais ils n'ont
pu, faute de. temps, développer leur pro-
gramme. Les candidats ouvriers, dont les
noms ne sont pas parvenus jusqu'à nous, ont
également paru à la. tribune. A la un de
la séance, les candidatures ayant été mises
'aux voix, 'pour la prise en considération,
celle de M. de Hérédia. a été acceptée, à une
faible majorité; celle de M. Pascal Duprat par
la presque unanimité de la réunion.
Pour la circonscription de Saint-Denis, une
nouvelle réuuion a eu lieu hier soir aux qua-
tre-chemins, commune d'Aubervilliers, dans
la salle Alezan.Laréunion étaittrèsnombreuse.
Il y avait onze candidats présents. On été
nommés pour occuper le bureau Président,
M. Leonardy; assesseurs, MM. Bravard et Pé-
tigny secrétaire, M.. Gaston:
L'ancien comité électoral est maintenu par
la grande majorité des membres présents.
Le président donne-lecture du programme
politique du comité.
MM. Chevalier, le général de Wimpfen, Mo-
reaux, Alexandre Laia, Bonnet-Duverdier,
Barberet, prennent successivement la parole.
M Camille Sée rappelle que, pendant qu'il
.était sous-préfet de Saint-Denis, il a pu faire
construire des maisons d'école pour une som-
me très considérable, jle telle façon que tous
les enfants de l'arrondissement ont pu y trou-
ver place. Il aborde avec un très grand suc-
FEUILLETON DE LA jPAE~E
DU JEUDI 30 MARS _1876
–16–
mmEï j
SCjENES DE LA VIE REELLE
Il y avait de l'orgueil dans l'aHectation
qu'elle .mettait a. conquérir cette, gloire
aux yeux du monde/et dans sa détermi-
nation d'enfermer sa vie dans la 'solitude
de l'âme et le sommeil du cœur, si lourde
que pût être cette solitude, si pesant que
pût être.ce sommeil pour son organisation
tendre et passionnée.
Mais cet orgueil la protégeait si bien
contre toutes les séductions, qu'elle devait
se croire l'abri de toute faiblesse et de
tout péril.
Elle se sentait,, elle se croyait invulné-
rable.
Le marquis de Montboran avait un nom
qui devait lui ouvrir toutes les portes. Il
plut à lord Dudley, qui l'invita aux raouts
officiels de la légation d'Angleterre, puis a à
des soirées plus intimes.
Lord~ Dudiey avait beaucoup voyagé,
beaucoup vu., beaucoup appris, beaucoup
ces la. question de l'éducation delà femme,
il démontre quelle en est l'importance et fait
à ce sujet des citations très heureuses et fort
applaudies.
La réunion entend ensuite MM. Loisoa.u-
Pinson, Malapert, Normand et Vauthier, et la
séance est terminée à onze heures.
Nous avons annoncé que, dimanche der-
nier, le canton de Gondom (Gers) a nommé au
conseil d'arrondissement M. Lamotho, notai-
re. Nous apprenons que M. Lamothe était
soutenu par le comité démocratique du can-
ton, contre M. Adonaïs Gaichies, bonapartiste.
Déjà aux élections du 20 février, le canton
de Condom avait donné la majorité au can-
didat républicain..
La MpM&M~ïte ~'ancatsc fait avec raison ob-
server que, si-ile canton de Condom échappe
à l'influence qui pèse sur le département du
Gers, cela tient « à ce qu'il existe dans ce
canton un noyau de républicains résolus qui
ne marchandent pas leurs eSbrts et se livrent
à la plus active propagande. Que le mémo
travail se fasse dans les autres parties du dé-
partement, et le Gers sera arraché au bona-
partisme. »
L'~e~ee .Z7af dépêche suivante, qui est datée de Raguse
28mars:
Hier, la garnison turque de Bilec a fait une
sortie. Les Turcs ont massacré, dans un villa-
ge voisin, trois hommes et quatre femmes ap-
partenant tous à la religion cm'ctienne et qui
avaient fait leur soumission.
En présence de faits semblables, on com-
prend que les réfugiés refusent obstiné-
ment de rentrer dans leurs foyers et qus
les insurgés s'opposent à tout compromis.
Le massacre de ces trois hommes et de ces
quatre femmes sans défense, et qui, en
outre, avaient fait leur soumission, montre
élo'quemment le cas qu'il faut faire des
promesses de la Turquie.
Faisant allusion aux bruits d'après les-
quels l'empereur de Russie aurait l'inten-
tion d'abdiquer, en faveur de son flls_, et de
se retirer à Malte, pour rétablir sa santé, la
Ga~eMe Hc~'oM~/e de Berlin se livre aux ré-
flexions suivantes.'
« H est possible que l'empereur Alexandre
éprouve le .besoin d'habiter le Midi d'une ma-
nière plus régulière, et de céder, dans ce but,
la direction de l'Etat à l'héritier du trône,
qu'il initie avec soin aux ail'aires gouverne-
mentales depuis plusieurs années. Mais nous
ne savons pas jusqu'à quel point ces considé-
rations .peuvent expliquer le fait d~nt il s'a-
git, ou si, au contraire, le bruit de ce pré-
tendu fait provient seulement de ces considé-
rations. Nous pouvons, dans tous les cas, ex-
primer, dès aujourd'hui, l'espoir qu'un sou-
verain qui a sans cesse été attaché à l'Alle-
magne plus que tout autre monarque ne.
sera forcé ni par des raisons de santé, ni
par des motifs politiques, à disparaître de la
scène du monde.
La Ga~e~e du ~M~avoir reproduit la correspondance 'de la
Ga.se~e ~.Mbruit de la prochaine abdication du czar,
ajoute
K II faut attendre de savoir si la nouvelle à
sensation donnée par un journal qui, règle
générale, est fort bien informé, doit être con-
firmée par l'événement. Si cette nouvelle se
vérine, il n'est guère douteux que le fait dont
il s'agit ne soit de nature à modiBer le carac-
tère des relations entre la Russie et l'Allema-
gne, en tant que les sympathies personnelles
peuvent exercer une influence sur le cours de
la politique. Or,on sait que ces sympathies et
ces antipathies;ne sont pas sans importance.) »
D'après une dépêche de 'Vienne, portant
la date du 37 mars, la mission dont les
sénateurs monténégrins Petrowitcti'et Ur-
bitza avaient été chargés, dans le but d'a-
mener une paciûcatipn des provinces in-
surgées, aurait complètement échoué. Les
Herzégovimens auraient énergiquement
refusé de déposer les armes, et le chef
monténégrin Pierre. Paulovdtch lui-même
aurait déclaré qu''il n'avait d'instructions
à recevoir que du conseil de guerre de l'in-
surrection;
Ce résultat était facile a. prévoir, et on
peut supposer que les tentatives faites par
le baron Rodisch, gouverneur de Dalmatie,
pour amener une entente entre les Turcs
et les insurgés, seront également infruc-
tueuses.
Il est assez curieux de voirleMontene-
retenu. Il avait été l'ami de Pitt, de lord
Casteireag, de Canning, de lord Byron.Il
avait connu Goethe et Napoléon I".
RoDert se plaisait dans la conversation
de ce vieillard instruit, qui aimait à trou-
ver des auditeurs attentifs lorsqu'il parlait
de ses souvenirs et racontait des anec-
dotes.
Lord Dudley le prit tout à fait en affec-
tion, et il devint l'hôte le plus assidu de la
légation d'Angleterre.
.11 est vrai que lady Dudley servait de
trait d'union entre le vieillard et l'adoles-
cent. Elle était toujours de ces petites réu-
nions ou l'on oubliait volontiers la morgue
et la roideur britanniques pour la cordia-
lité française et l'abandon italien.
Encore tout entier au souvenir d'Edmée,
Robert remarqua la beauté, la grâce, la
distinction dé lady Dudiey qui avait l'élé-
gance un peu majestueuse, bien que toute
féminime, des Irlandaises, douées tout à la
fois d'une harmonieuse ampleur défor-
mes et d'une merveilleuse souplesse de
mouvements.
Mais il n'en fut d'abord ni ému ni trou-
blé. L'idée ne lui vint même pas de lui
adresser de ces compliments dont la fadeur
égale la banalité. Il dédaigna de lui faire
la cour et se distingua par là de tous les
hommes qu'elle rencontrait dans les salons
de Naples et qui:ne pouvaient la voir sans
lui exprimer leur admiration, souvent leur
amour.
Cett~i.ndiuér.ence la frappa, piqua sa cu-
riosité, peut-etra sa vanité, et lui inspira le
désir d'étudier de plus près ce jeune hom-
me qui, seul, ne lui disait pas qu'elle était
belle, qui, seul, ne cherchait pas à lui
plaire, tout en se montrant vis-a-vis d'elle
d'une exquise courtoisie.
Elle se mêla davantage aux conversa-
tions particuliëi'es de lord Dudiey et du
gro, qui, jusque présent, a fourni à la ré-
volte des hommes, desarmes et des se-
cours de tout genre, joindre ses efforts à
ceux de l'Autriche pour rétablir la paix
dans les provinces insurgées,. Les monta-
gnards de la Tchernagora ont constam-
ment prêté main-forte à leurs coreligion-
naires de l'Herzégovine, chaque fois que
ceux-ci ont cherché à secouer le joug otto-
man. Des liens d~amitié, le souvenir des
longues 'luttes qu'ils ont soutenues ensem-
ble, la communauté de religion, de racé et,
d'idées unissent étroitement les deux
peuples. Et, actuellement, ce sont encore
les Monténégrins qui forment les bandes
les plus redoutables de l'armée insurrec-
tionnelle.
Mais il ne semble pas que le prince Ni-
kita partage à. cet égard l'enthousiasme de
ses sujets. Son attitude, depuis plusieurs;
semaines, prouverait au contraire qu'il ap-
précie la question à un tout autre point de
vue. En s'associant aux démarches de l'Au-
triche, son but serait-il de faire pièce aux
velléités belliqueuses de la Serbie et d'en-
rayer un mouvement qui ne tournerait pas
à son profit exclusif? Nous l'ignorons; mais
du moins cette hypothèse nous paraît être
du domaine des choses possibles. La Tur-
quie, composée pour la plus grande partie
de provinces slaves et chrétiennes, qui sup-
portent impatiemment la domination otto-
mane, en attendant un sauveur, n'a-t-elle
pas en effet plus d'un rapport avec l'Italie
d'avant 1859, alors que la Lombardie fré-
missait sous la main de fer de l'Autriche?
Mais, quelle sera la puissance qui sera
appelée à jouer le rôle du Piémont dans la
péninsule des Balkans? Il n'y a actuelle-
ment que le Monténégro, qui depuis quel-
ques années a réussi a s'affranchir complè-
tement des liens de la.Porte, et la Serbie
qui n'a conservé de son ancien-yasselage
que la formalité du tribut, qui puissent,
en raison de leur forte organisation mili-
taire~ contribuer d'une manière ënicace à
l'émancipation des populations chrétiennes
de la Turquie. Mais ces deux principautés
se jalousent l'une l'autre, car elles révent
également le rétablissement d'un vaste em-
pire slave, formé des débris de l'ancienne
puissance des ottomans.
Sera-ce Belgrade ou bien Cettinje.qui
l'emportera? Sera-ce le prince Milan ou
bien le prince Nikit,a qui ceindra Ta cou-
ronne impériale ? Sera-ce le Monténégro
qui devra s'incliner devant la Serbie,, ou
bien la Serbie sera-t-elle obhgée de recon-
naître la suprématie du Monténégro?
Là est toute la question 1
L'angonisme qui règne entre les deux
principautés n'a certainement pas d'autre
cause~ et il est facile, d'après ces,données,
de s'expliquer l'attitude ~paciû que du Mon-
ténégro en présence de l'agitation belli-
queuse de la S~'bie. Mais deYohs-nous en
conclure que la cour de Cettinje resterait
indifférente et se croiserait tranquillement
les bras au cas où le prince Milan se
jetterait dans la mêlée? Nous ne le croyons
pas, car sa neutralité, en .pareille occasion,
pourrait lui faire perdre à jamais les sym-
pathies des populations ~slaves de la Tur-
quie et lui enlever tout espoir de se placer
un jour à leur tête.
Mais en attendant, elle agit de concert
avec l'Autriche pour contrecarrer les pro-
jets de la Serbie, dans l'idée qu'il se pré-
sentera tôt ou tard une occasion plus favo-
rable où elle pourra alors jouer sans con-
teste le premier rôle dans la difncile ques-
tion de l'émancipation des populations
slaves de l'empire ottoman.
LETTRES DE VERSÂtLLES
Mardi soir.'
Il faut que vous sachiez que les séances
qui s'ouvrent à deux heures ne commen-
cent guère que vers'troi~ heures, et que
les députés ne se pressent point d'occuper
leurs places.. Quand M. Marcou, au début
de la séance d'aujourd'hui, est venu dépo-
ser un nouveau projet d'amnistie, il n'y
avait certes pas deux cent cinquante dépu-
tés dans la salle. M. Marcou a lu son projet
tranquillement, et sans s'émouvoir la'
Chambre a vote l'urgence demandée et
reuvoyé la proposition n° 5 à la commis-
sion déjà chargée des quatre premières. ~1
On a passé à la vériûcatipn des pouvoirs,
après avoir adopté le projet tendant à re-
porter au budget dû-ministère de l'inté-
rieur une somme de 1,750,000 francs, pour
.'jeune marquis de Montboran, dont le lan-
gage coloré, poétique, ardent, enthousias-
te, passionne, la subjuguait malgré elle.
De son côte, elle. faisait avec lui assaut
d'esprit et d'imagination, montrant les co-
tés romanesques de son caractère et les
mystérieux abîmes de son cœur, fait pour
les doux épanchemehts et les ineffables
tendresses.
Robertpensait déjà moins a. Edmée, et
lady Dudiey se sûrpr&nait a pleurer, quand
elle était seule.
Bientôt ils en vinrent à ne plus pouvoir
passer un seul jour sans se rencontrer,, sans
se parler, sans se voir, soit à la légation
d'Angleterre, soit à l'ambassade de France,
soit à la cour, ou bien dans quelque salon
de Naples, ou encore dans des promenades
et des excursions organisées, comme par-
ties de plaisir, dans leur cercle intime.
MacdonaldBornstorS' était de toutes ces
parties. Dans sa fatuité, il avait cru qu'il;
n'aurait qu'à se montrer pour vaincre. Il
avait essayé de se faire écouter de lady
Dudiey. 'i
Elle lui avait témoigné un froid dédain
qui avait bientôt glacé son amour et anêantf
son rêve.~Mais.il lui en gardait rancune.
Une jalousie féroce le mordit au cœur,
lorsqu'il s'aperçut que son ami,, le marquis
deMonthoran, était accueilli avec une sym-
pathie toute particulière par cette- pairesse
d'Angleterre si hautaine pour lui, .si réser-
vée avec tous les hommes de sa société.
Unjour, MacdonaldBornstorN'entrabrus-
-quement dans la chambre du marquis de
Montboran, dont il était l'hôte depuis leur
départ de Grenoble.
–Je viens t'annoncer, dit-il, que je.
quitte Naples se soir pour retourner en
France.
–Ah! tu es las de voyager Prépondit
Robert d'un ton froid.
secours aux inondes. On a validé.d'abord
M. deLadoucette. Alors le tour de .M. Ga-
vini est venu. C'est M. Hugot (de la Côte-
.d'Or) qui a fait connaître à lu Chambre
les conclusions du bureau, reclamant l'in-
validation. Le rapporteur a une bonne voix
nette, claire, et s'est fait d'autant plus ai-
sémeat écouter, qu'il a expose les faits ra-
pidement, sobrement et avec autant de me-
sure que de fermeté. M. Gayiui a répondu.
M. Gaviui' n'entend pas être .invalidé et
ne veut comier a personne le soin d'une
défense nécessaire. Après l'exemple de M.
Haentjens, l'élu de Corté n'a point os'é
s'adresser à un Jolibois de bonne volonté~
M. Gavini sait parler, d'ailleurs, et connaît
la tribune. On l'écoute, -nous ne disons
point qu'on l'approuve; à le croire, non-seu-
lement il n'y a jamais eu de comité de
comptabilité, mais encore a Corté même il
n'y avait point de comités bonapartistes
favorables a son élection. M. Gavini était
toutseul, comme Fernand dans la~'auo?'
Vous pensez bien qu'on ne s'arrête guère
aux raisons de l'orateur, et qu'il ne con-
vainc que lui-même et ses amis.
La Chambre se remplit peu .à peu, pen-
dant que M. Gavini parle; puis tout à ceup
nous sommes plongés dans une obscurité
presque complète. L'orage, qui nous mena-
çait depuis ce matin, éclate et il semble que
L'argumentation de M. Gavini de vienne plus
nuageuse en même temps que sa propre
personne s'eË'ace dans l'ombre qui enve-
loppe la Chambre. Nous ne voyons plus
qu'à de courts intervanes,à la lueur rapide
des éclairs qui traversent le ciel et rayent
le plafond vitré de la salle. Le mot de
Gœthe en ce moment est sur toutes les lè-
vres « De la lumière de la lumière » La
lumière est lente à venir toutefois l'orage
passe et le' plafond s'éclaire après un long
quart d'heure quant au plaidoyer de M.
Gavini, il demeure obscur jusqu'à la un.
M. Le Pomellec, député de Saint-Ser-
van, n'a point eu de peine à démolir l'écha-
faudage d~ cartes élevé par M. Gavini pour
sa défense; ce nouveau venu rachète les
défauts d'une voix un peu sourde et d'une
prononciation un peu lente, par de sérieu-
ses qualités, une grande netteté d'esprit,
une chaleur sincère de langage, une hau-
teur même de vues qui n'est point banale.
Le début de M. Le Pomellec est un des
plus heureux de ceux auquels il nous a été
donné d'assister jusqu'à présent; son suc-
cès a été vif, et l'orateur, quittant la tri-
bune sur une habile et chaleureuse con-
clusion, a été accueilli, en revenant à sa
place, par plusieurs salves d'applaudisse-
ments sympathiques.
M. Gavini reparaît. Quand M. Gavini a
fini, il recommence. On n'a pas toujours
le choix des arguments; et on est parfois
obligé de les faire dénier à la. tribune com-
me ces figurants de théâtre 'qui ne pren-
nent même pas la peine de changer de cos-
tume dans la coulisse et, à douze, essaient
de représenter une armée. C'est vaine-
ment qu'il essaie d'embarrasser M.i Dufaure
à propos du placard dé M. Arrighi, trai-
tant de sacrilèges tous ceux qui, comme
M. Limpérani, le concurrent de M. Gavini,
avaient voté la déchéance, placard qui n'a
point motivé de poursuites. M. le garde des
sceaux s'explique fort clairement là-des-
sus si on lui a envoyé cette affiche, il ne
l'apointreçue, et, dans tous les cas, la
question judiciaire; qui est réservée, n'em-
pêche point la Chambre de.se/prononcer
sur la question politique. Il ne reste plus à
M. Gavini qu~à attendre le verdict de l'As-
semblée, ce qui n'est pas long. Une de-
mande de scrutin, qui d'abord avait été
déposée sur le bureau, est retirée, et l'on
vote par assis et levé. C'est fait~ M. Gavini
est. invalidé. Nous espérons bien 'que la
Corse ne nous le renverra pas.
1 La Chambre a ensuite, sur la .proposftion
de M. Bardoux, mis à l'ordre du jour des
bureaux, pour samedi prochain, la nomina-
tion de la commission du budget; chaque
bureau nommera trois commissaires; la
nouvelle commission du budget-comptera
donc trente-trois membres, trois de plus
que l'ancienne. Ennn, on s'est remis à la
yériûcation des pouvoirs,- et on a validé
jusqu'à six heures et demie. M. dePerrd-
chel lui-même a été validé.
CaSMMS~mE ï'ARt.EMENTASRE
Les membres du bureau de la Chambre des
députés sout invités à dîner'demain chez le
président de la République. Plusieurs jour-
naux assurent qu'à cette occasion/les dépu-
tes républicains de toute nuance se proposent
de se rendre en très grand nombre à la ré-
ception qui. suivra, le dîner.
Voici la composition définitive des trois
commissions nommées hier dans les bureaux
de la Chambre des députes nous avions in-
diqué la plupart de ces nominations dans nos
jDei'/H'M'es HOM~eHes
Commission de comptabilité l" bureau, M.
Non, mais je n'ai plus rien a. faire ici.
Tu aimes .lady Dudley et elle t'aime.
'–Malheureux.
Robert comprit que son emportement
serait une dénonciation, une révélation,
unaveu.Ilsecontintetreprit:
Tu veux plaisanter, et j'ai tort de m'é-
mouvoir de ton langage.
Il ne s'est jamais dit'un seul mot d'a-
mour entre lady Dudley et moi, et nous ne
pensons pas plus l'un que l'autre à nous
aimer.
Je sais ce que je sais, et je vois ce que
je vois.
Du reste, il se peut que vous ignoriez
l'un et l'autre la passion qui vous domine
sans doute à votre insu et contre votre vo-
lonté.
Mais j'ai de l'expérience et je suis sûr de'
nepasme tromper.
Crois ce qu'il te plaira de croire. Mais
je t'affirme, sur l'honneur, que tu es dans
une erreur complète. J'espère du moins
que tu ne diras ton opinion à personne ici
avant de quitter Naples, où je ne te retiens
pas.
Sois tranquille. Tu peux compter sur
ma discrétion.
Seulement, tu comprends que la vue du
bonheur des autres ne peut me suffire. Je
nesuispasasse~parfaitpourcela.
C'est ce qui fait que je te laisse roucou-
ler seul ici, du lever du soleil au~lair de
lune, prës~ ou loin de lady Dudiey, car
sans t'en douter, quand .tu ne causes plu~'
avec elle, tu parles d'elle aux étoUespu~aux
arbres, selon que c'est la nuit ou que c'est
le jour. 1.
Si tu ne sais pas encore que tu es-amou-
reux, je te l'apprends; et, si tu ne t'en es
pas davantage aperçu, "je t'apprends aussi
q_ue de son côté elle t'aime. Tu vois que je
ne suis pas jaloux, puisque je t'avertis que
Gent. 2" bureau, M. Montagut (Marc). 3" bu-
reau, M. Maiéziëux. bureau, M." TrueUe.
5° bureau, M. Latrade.–G" bureau, M. Destromx.
'7° 'bureau, M. Noël-Parfait. 8° bureau, M.
Lefèvre (Henri). 9° bureau, M. Berlet. 10'
bureau, M. Allemand. 11° bureau, M. Turigny.
Commission pour l'examen do la proposition de
M. Thoure! et.plusieurs de ses collègues, tendant
à nxer la date d'ouverture de la session de Pâ-
ques des conseils généraux. (Urgence déclarée.)–
1~ bureau, M. Boysset. 2' bureau, M. Dubois
(Côtes-d'Or). 3' bureau, M. le comte de Durfort
de Civrac. 4° bureau, M. Roux. 5" bureau,
M. Freminet. 6° bureau, M. Thourei. 7° ba-
reau, M. Proust. S" bureau, M. Bouehet.
9" bureau, M. Colin. 10° bureau, M. Dreux.
11° bureau, M. Deiaeour.
Sept membres sur onze de la commission
sont favorables à la proposition. Les quatre
qui y sont opposés, et parmi lesquels MM. de
Durfort de Civrac et Antonin Proust, reconnais-
sent que la proposition peut être fondée en
fait, mais veulent l'écarter comme tendant à
enlever une nouvelle prérogative aux conseils
généraux, qui .ont déjà, l'année dernière, été
dépouillés du droit de vérifier les pouvoirs de
leurs membres.
Commission pour l'examen du projet de loi
relatif à l'organisation des services hospitaliers
de l'armée dans les hôpitaux'militaires et dans
lès hospices civils 1er bureau, M. LiouviDe.
2° bureau, M. le colonel Denfert-Rochereau.
–3° bureau, M. Cosson'. 4° bureau, M. Lauasé-
dat. 5o bureau, M. Marmottan. 6° bureau, M.
Buyat. ~bureau, M. Deviolaine. 8" bureau,'
M. Farcy. 9" bureau, AI. Soye. bureau,
M. deNaièche.– 11" bureau, M. Roussel (Théo-
phile).
Le Sénat doit statuer, aujourd'hui, sur le
travail de la commission chargée d'examiner
le mode da renouvellement triennal. Cette
commission se compose do MM. Sacaze, pré-
sident, le.baron Le Guay, secrétaire et rap-
porteur Oscar de La Fayette, Tribort, Adnet,.
Fourcahd, de Lestapis, de Chantomer, do
Belcastel. Le rapport a été distribué à domi-
cile, comme on l'avait demandé.
Plusieurs systèmes étaient en présence.
Les uns demandaient que l'on procédât par
zones.et que l'on fît un classement des dépar-
tements, de manière à équilibrer toutes les
opinions et à ne pas-mettre dans la même
série des départements limitrophes; mais
l'ordre alphabétique atteint ce double but/
sans oil'rir les inconvénients d'un classement
arbitraire.
Lacommission~s'esf arrêtée à la résolution
que voici
En exécution de l'art. 6 de la loi du 21 février
1S75, les départements sont divisés en trois se-'
ries, désignées par les lettres A, B et C, confor-
mément'au tableau ei-annexé. 11 sera procédé,
par la vois du tirage au sort, à la désignation de
l'ordre do priorité de chacune do ces séries.
Voici la liste des trois séries:
/iS&<; A. –Ain, 2; Aisne, 3; AUier, 3; Alpes
(Basses-), 2; Alpes (Hautes-), 2; Alpes-Maritimes,
2;Ardeche,2;Ardennes, 2; Ariége,2; Aube, 2;
Aude, 2; Aveyron, 3; Bbuohes-du-Rhône, 3; Calva-
dos, 3; Cantal, 2; Charente, 2; Charente-Infé-
rieure, 3; Cher, 2; Correze, 2; Corse, 2; Gôto-d'Or,
2;~Côtes-du-Nord, 4; Creuse, 2; Dordogno, 3;
Doubs, 2; Drôme, 2; Eure, 2; Eure-et-Loir, 2; Fi-
nistère, 4; Gard, 3; Alger, 1; la Guadeloupe, 1
la Réunion, 1. Total 75 sénateurs 33 dè~ar-
tamënts..
S<'r:'e ES. Garonne (Haute-~ 3; Gers, 2; Gi-
rondé, 4; Hérault, 3; Ple-et-Viiaino, 3; Indre, 2;
Indre-et-Loire, 2; Isère., 3; Jura, 2; Landes, 2;
Loir-et-Cher, 2; Loire, 3; Loire (Haute-),'2;
Loire-Inférieure, 3; Loiret, 2; Lot, 2; Lot-et-Ga-
ronne, 2;'Lozère, 2; Maine-et-Loire, 3; Manche,
3; Marne, 2; Marne (Haute-), 2; Mayenne, 2;
Meurthe-et-TMoseHe, 2; Meuse; 2; Morbihan, 3;
Nièvre, 2; Nord,5; Oise,-3;CoQstantine,l; la
Martinique,. 1. Total 75 sénateurs 31 dépar-
tements.
Sf')-MC.–Orne,3; Pas-de-Calais, 4; Puy-de-
D&me, 3 Pyrénées.(Bassos-),'3; Pyrénées (Hautes ),
2; Pyrénées-Orientales, 2; Rhin (Haut-),.BeIfort.,
1 Rhône, 4; Saône (Haute-),. 2; Saôno-ot-Loire,
3; Sarthe, 3; Savoie,2; Savoie (Haute-), 2; Seine,
5; Seine-Inférieure, Seine-et-Marne,2; Seine-
et-Oise, 3; Sèvres (Deux-), 2; Somme, 3; Tarn,
2; Tarn-ët-Garonne, 2; Var, 2; Vauoluse, 2 Ven-
dée, 3 Vienne, 2 Vienne (Haute-), 2 Vosges,
3;Yonne,2;Ora.n, 1; Indes françaises, 1.
Total 75 sénateurs, 30-dëpartGments.
Voici d'ailleurs le rapport de M. le baron
LeGuay~ t'
« L'article 6 de la loi constitutionnelle relative
à l'organisation du Sénat est ainsi conçu
)) Les sénateurs des départements et des colo-
nies sont élus pour neuf années. et rënouvela-
Mes par tiers tous les trois ans.
') A.u début de la première session, les départe-
.ments seront divisés en trois séries contenant
chacune un nombre.Égal de sénateurs II'sera'
procédé par la voie du tirage au sort à .la dési-
gnation des séries qui devront être renouvelées
l'expiration de la première et de'la deuxième
période triennale.
') C'est cette division des départements en trois
séries qu'a été chargée de préparer et de propo-
ser à votre approbation la commission dont j'ai
l'honneur d'être le rapporteur.
< Avant d'entror dans l'examen des divers sys-
tèmes qui ont été exposés par certains de ses
tu n'as qu'à vouloir pour être heureux.
Macdonald, assez sur ce sujet.
–C'est bien! c'est bien! Je suis ton
obligé; je dois céder. Au revoir. en France,
mon cher Robert.
Adieu, mon cher Macdonald.
Robert fut heureux du départ, de Macdo-
nald, qu'il voyait avec satisfaction quitter
Naples..
Depuis dix grands mois qu'ils voya-
geaient ensemble,, il avait découvert, dans
ce caractère égoïste, envieux et fourbe, des;
nuances qui lui avaient déplu et qui l'a-
vaient mis en dénance.
Il aurait presque pris son camarade de
classe en antipathie.
Resté seul, il tomba dans une profonde
rêverie, puis il eut la Sevré et il se mit à
écrire une élégie. Il était jour lorsqu'il prit
enlin, accablé de fatigue et de sommeil, un
peu de repos.
C'était la première fois, depuis un mois,
qu'il avait négligé de se rendre à la réu-
nion privée de la légation d'Angleterre, où
11 y avait,ce jour-là cercle d'intimes.
Pourtant il n'avait pas pensé une se-
conde à Edmée, et ce n'est pas ce nom
qu'on lisait dans l'élégie laissée sur'le bu-
reau du poète; c'était celui d'Héléna.'
Etonnée de n'avoir pas rencontré au sa-
lon le marquis'Robert de Montb'oran,
lady Dudley avait prétexté une migraine
et s'était retirée de bonne heure dans son
appartement.
A demi déshabillée, elle avait renvoyé sa
femme de chambre, et se laissant tomber
dans un fauteuil, elle s'était mise a pleurer
en se couvrant le visage de ses deux mains.
ËHe se trouvait malheureuse, et, pour la
première fois .de sa'vie, elle maudit le sort
qui, en associant sa jeunesse à la vieillesse
d'un mari septuagénaire, la sevrait de toute
joie du' cœur, de toute ivresse de l'âme.
.membres, ou qui lui ont été soumis par quel-
ques-uns de nos honorables collègues, la com-
mission a tenu à déterminer dans quel esprit
elle devait procéder à son travail, dans quelles
conditions générales et' sur quelles bases elle
devait établir la composition des séries édictées
par la loi.
Unaniment, il a été reconnu qu'il était in-
dispensable et entièrement conforme- aux inten-
tions du législateur de s'appliquer à ne pas lo-
caliser le renouvellement; il a été admis que
chaque série devait comprendre des départe-
ments,'autant que possible, non limitrophes,
pris sur toute lasurfaco du territoire; qu'il fal-
lait enfin éviter des élections régionales et s'at-
tacher à cette condition importante entre toutes,
,que chaque renouvellement trionna) fût, au point
do vue des .intérêts et des besoins, par la di-
versité des mœurs et du tempérament du corps'
électoral appelé à y prendre part, la reproduc-
tion restreinte des élections générales desquelles
est sortie pour la première fois la haute Assem-
blée.
» Divers systèmes do composition des séries
ont été exposés bien que visant tous au but re-
cherché par votre commission'et conçus dans ça
mémo esprit, ils différaient essentiellement dans
leurs procédés et, malgré leurs ingénieuses com-
binaisons, ils ne nous ont pas paru répondre tous
également aux intentions de leurs auteurs.
» On proposa d'abord, ainsi que la loi l'a vou-
lu, pour déterminer l'ordre dos séries, de procé-
der par la voie du sort et do composer ces séries
avec les départements ainsi désignés.
» Outre le risque de dépasser ou de ne pas at-
teindre, sans en venir à un choix arbitraire, le
nombre nécessaire et légal de 75 sénateurs à
élire, ce système présentait au plus haut degré
cet inconvénient capital de pouvoir réunir dans
une même série tous les départements d'une
même région. Malgré donc sa conformité appa-
rente avec la loi constitutionnelle, il a-été re-
poussé.
B On a examiné ensuite diverses autres combinai-
sons. Dans les unes, le territoire serait divisé en
zones comprenant nombre égal de départements
et nombre égal de sénateurs à élire puis il serait
procédé à un tirage au sort; et les séries seraient
composées des départements pris par ce mode
dans les diverses zones. Ce sytéme, plus complet
que le précèdent, ne permettait encore d'obtenir
que des résultats incertains, et bien qu'il ait une
analogie relative avec le mode pratiqué pour le
renouvellement des conseils généraux et d'arron-
dissement, on nu s'y est pas arrêté.
s Une autre combinaison aurait reproduit a.
peu près les dispositions de la Constitution de
l'an'III, c'est-à-dire la composition de groupes de
départements, à raison de trois par groupe, et la
répartition, soit arbitrairement, soit par le sort,
de chacun de cas départements dans les trois
séries à établir. Elle a paru trop compliquée,
trop arbitraire, et les quelques avantages qu'on
doit lui reconnaître, mais qui peuvent se retrou-
ver dans d'autres systèmes plus simples, ne com-
pensent pas ses inconvénients.
» 'Un troisième système établi sur des bases
analogues, et ne différent du précédent que par
le nombre et le modo de composition des grou-
pes, n'a pas, pour les mêmes motifs, paru'devoir
être adopté.
Un quatrième ennn consiste à désigner dans
les départements un point centrai, le département
du Cher, par exemple, autour duquel on rayon-
nait en classant successivement dans chaque sé-
rie les départements limitrophes, sans cependant
pouvoir les isoler à ce point qu'aucun d'eux ne
touchât d'un côté quelconque à un autre dépar-
tement placé dans la mëma'série. Plus compli-
qué,'plus arbitraire, plus artinciel surtout -que
tous les autres, ce système présentait à un degré
égal leurs inconvénients.; il n'y avait donc aucun
motif de le laur préférer.
Restaient enfin deux systèmes de répartition
par ordre alphabétique, simples tous les deux,
procédant dans une certaine mesure, il est vrai'
du hasard, mais d'un hasard moins aveugle que
le sort, et quasi-régulier. L'un se conforme à l'or-
dre alphabétique pur et. simple, répartissant suc-
cessivement en trois séries les départements &
mesure que leur nom se présente, et dans For-
draoùles désigne leur'lettre initiale, faisant
place, dans chacune des séries, à un des.dépar-
tements de l'Algérie, complétant le nombre légal
des ~5 sénateurs à élire par l'adjonction d'una~ou
deux de nos colonies. Rien de moins compliqué
de plus facile à saisir. Un inconvénient, dont il
ne faudrait pas, Cependant, s'exagérer l'impor-
tance, puisque quelques-uns denos collègues se-
'raient tentés de le considérer comme un avan-
ta.ge, inconvénient que présentent d'ailleurs, sans
aucune exception, tous les autres systèmes'a été
reproché à ce mode de répartition: c'est d'appe'
1er à prendre part à un même renouvellement
des départements plus ou moins limitrophe" que
réunit dans la même série. leur quasi-similitude
de nom, due presque toujours à leur situation
dans le bassin d'un même de'uve, sans qu'elle
puisse impliquer la communauté de leurs inté-
réts ou l'uniformité de leurs aspirations..
Mais-cet inconvénient, qui, je l'ai déjà dit, se
retrouve, à 'dos degrés différents dans tous les
systèmes, ne parait pas 'devoir faire renoncer a.
celui dont les avantages semblent être les moins
discutables. A cet ordre alphabétique nui- et sim-
ple que'j'appellerai successif, on a proposé un
ordre alphabétique alternatif, consistant à placer
les départements, à mesure qu'ils se présentent
non dans la même série, mais dans chacune des
séries, et par exemple, au lieu de-dire Série
~t, ~Mne, .-f&o-, etc., .à répartir ainsi Série A'
~M série B. ~Me s.érie .C.t~, et ainsi de
suite. Cette combinaison ingénieuse, séduisante
au premier abord, semblait devoir parer particu-
lièrement à l'inconvénient signalé plus ha.ût et'
permettre de ne pas réunir dans la même série
les trois Alpes ou les trois Seine qui se trouvent
limitrophes mais à l'épreuve de la transcription
sur une carte semblable à celle qui accompagne
ce rapport, l'imperfection que l'on croit êvitei° si
elle disparaît sur certains points, reparait sur
Elle aussi eut la fièvre et passa une nuit
d'insomnie.
~Le nom de Robert était souvent revenu
à sa pensée. Son esprit en était obsédé.
Elle ne pouvait l'en chasser. Ge symptôme
reI'raya.Ellevoulut's'éloigner pour quel-
ques jours. Elle pria son mari de la con-
duire à Florence, où était sa sœur aînée,
mariée au premier secrétaire de la légation
d'Angleterre.
Lord Dudiey y consentit. Tous deux par-
tirent dans la journée, sans prévenir per-
sonne. `
La sœur- de lady Dudley était absente.
Elle était en excursion dans la campagne
de Rome..
Lady Dudiey fut presque heureuse de ce
contre-temps. Sans se l'avouer, elle était
secrètement aussi impatiente de retourner
àNapIes qu'elle l'avaitété de.s'en éloigner.
.Le voyage de Florence avait beaucoup
fatigué lord Dudiey. Dès son arrivée~ja.Na-
pies, il avait dû se mettre au lit, recom-
mandant qu'on l'excusât auprès des visi-
teurs qui, avertis de son retour, pourraient
se présenter dans la soirée, et'laissant
lady Dudiey le soin de faire seule les non-
ueurs de son salon.
Depuis l'absence de lord et de lady Du-
diey, le marquis de Montboran s'était ré-
gulièrement rendu, chaque soir, auprès du'
premier secrétaire de la légation .d'Angle-
terre, dans l'espoir d'apprendre de sa bou-
che que .le ministre était rentré à l'hôtel
avec sa femme.
Des qu'il fut informé de leur retour, il
se ût annoncer a lord et a !ady Dudiey. On
l'introduisit dans le petit salon des soirées
intimes, où il ne trouva que la maîtresse
delamalson..
A.MCÉSENA.
(~XMMre.)
à Rome, et l'évêque d'Orléans n'est
point parvenu encore, malgré tontes ses
complaisances, à effacer le mauvais effet
produit au Vatican par quelques timides
essais d'mdépendance.
Au joug de Rome, nous préférons en-
core les liens universitaires, parce que
ce sont des liens nationaux; et si, comme
r~Mue~s le redoute avec un effroi chari-
table, nous sommes condamnés un jour
à ne pouvoir penser ni vouloir autre-
ment que l'Etat, nous nous en console-
rons aisément, en considérant qu'a-
pres tout, dans un régime de suffrage
universel, l'Etat, c'est tout le monde.
Un décret du président de la Republi-
que, inséré hier matin dans le ./oM?'M'<~ o/
/!c!'e~ et reproduit par la Presse, nomme
quatre nouveaux membres de la commis-
sion supérieure des Expositions internatio-
nales, en s'appuyant sur cette considéra-
tion « qu'une Exposition universelle in-
ternationale doit avoir lieu prochainement
à Paris. »
L'idée d'une Exposition universelle, dé-
battue depuis quelque temps dans la
presse, paraît donc dènnitivement acceptée
par le gouvernement. On ne peut qu'ap-
plaudir à cette décision; mais il est indis-
pensable que le projet, adopté en principe,
soit longuement mûri, sérieusement étu-
dié, avant d'être mis a. exécution. L'Expo-
sition de 1867 n'a certainement pas produit
tous les heureux résultats qu'on était en
droit d'en attendre.' La commission supé-
rieure devra s'enquérir soigneusement des
fautes qu'on a pu commettre alors, afin de
prouter de l'expérience acquise, il y a dix
ans, aux dépens de la partie la plus inté-
ressante de la population parisienne.
Nous aurons a revenir sur ce sujet, qui
touche à de si nombreux intérêts, à la
prospérité générale du pays, et qui de-
mande à êtretraité parle détail, avecpreu-
-ves a. l'appui.
Dans la dernière réunion du conseil muni-
cipal da Paris, le président, M. Harant, a
donne. lecture a ses collègues de lettres par
lesquelles MM. Nadaud, Talandier, Floquet et
Marmottan donnent leur démission des fonc-
tions de conseiller municipal par suite de
leur élection à la députation. M. Tenaille-
Saligny, nommé préfet du Pas-de-Calais, a
donné également sa démission. Les démis-
sions de MM. Clemenceau et Frébault seront
probablement déposées cette semaine sur-le
bureau du conseil munlcipa.1. On sait que
M. Allain-Targé, député, était déjà démission-
naire.
Une première réunion publique a eu lieu
hier à la salle de l'Etoile, 81, avenue de Wa-
gram, dans le 17" arrondissement. Plusieurs
candidats étaient présents, entre autres MM.
Clamageran, Paseal-Duprat, de Hérédia, Quen-
tin et deux ou trois candidats ouvriers.
Au début de la séance, M. Charles Quentin
s'est désisté en faveur d'une candidature ou-
vrière. La parole a été donnée ensuite à cha-
cun des candidats et un quart-d'heure leur a
été accordé pour développer leur programme.,
MM.Clamageran,'deHérédla,Pascal-Dupratont
successivement pris la parole mais ils n'ont
pu, faute de. temps, développer leur pro-
gramme. Les candidats ouvriers, dont les
noms ne sont pas parvenus jusqu'à nous, ont
également paru à la. tribune. A la un de
la séance, les candidatures ayant été mises
'aux voix, 'pour la prise en considération,
celle de M. de Hérédia. a été acceptée, à une
faible majorité; celle de M. Pascal Duprat par
la presque unanimité de la réunion.
Pour la circonscription de Saint-Denis, une
nouvelle réuuion a eu lieu hier soir aux qua-
tre-chemins, commune d'Aubervilliers, dans
la salle Alezan.Laréunion étaittrèsnombreuse.
Il y avait onze candidats présents. On été
nommés pour occuper le bureau Président,
M. Leonardy; assesseurs, MM. Bravard et Pé-
tigny secrétaire, M.. Gaston:
L'ancien comité électoral est maintenu par
la grande majorité des membres présents.
Le président donne-lecture du programme
politique du comité.
MM. Chevalier, le général de Wimpfen, Mo-
reaux, Alexandre Laia, Bonnet-Duverdier,
Barberet, prennent successivement la parole.
M Camille Sée rappelle que, pendant qu'il
.était sous-préfet de Saint-Denis, il a pu faire
construire des maisons d'école pour une som-
me très considérable, jle telle façon que tous
les enfants de l'arrondissement ont pu y trou-
ver place. Il aborde avec un très grand suc-
FEUILLETON DE LA jPAE~E
DU JEUDI 30 MARS _1876
–16–
mmEï j
SCjENES DE LA VIE REELLE
Il y avait de l'orgueil dans l'aHectation
qu'elle .mettait a. conquérir cette, gloire
aux yeux du monde/et dans sa détermi-
nation d'enfermer sa vie dans la 'solitude
de l'âme et le sommeil du cœur, si lourde
que pût être cette solitude, si pesant que
pût être.ce sommeil pour son organisation
tendre et passionnée.
Mais cet orgueil la protégeait si bien
contre toutes les séductions, qu'elle devait
se croire l'abri de toute faiblesse et de
tout péril.
Elle se sentait,, elle se croyait invulné-
rable.
Le marquis de Montboran avait un nom
qui devait lui ouvrir toutes les portes. Il
plut à lord Dudley, qui l'invita aux raouts
officiels de la légation d'Angleterre, puis a à
des soirées plus intimes.
Lord~ Dudiey avait beaucoup voyagé,
beaucoup vu., beaucoup appris, beaucoup
ces la. question de l'éducation delà femme,
il démontre quelle en est l'importance et fait
à ce sujet des citations très heureuses et fort
applaudies.
La réunion entend ensuite MM. Loisoa.u-
Pinson, Malapert, Normand et Vauthier, et la
séance est terminée à onze heures.
Nous avons annoncé que, dimanche der-
nier, le canton de Gondom (Gers) a nommé au
conseil d'arrondissement M. Lamotho, notai-
re. Nous apprenons que M. Lamothe était
soutenu par le comité démocratique du can-
ton, contre M. Adonaïs Gaichies, bonapartiste.
Déjà aux élections du 20 février, le canton
de Condom avait donné la majorité au can-
didat républicain..
La MpM&M~ïte ~'ancatsc fait avec raison ob-
server que, si-ile canton de Condom échappe
à l'influence qui pèse sur le département du
Gers, cela tient « à ce qu'il existe dans ce
canton un noyau de républicains résolus qui
ne marchandent pas leurs eSbrts et se livrent
à la plus active propagande. Que le mémo
travail se fasse dans les autres parties du dé-
partement, et le Gers sera arraché au bona-
partisme. »
L'~e~ee .Z7af
28mars:
Hier, la garnison turque de Bilec a fait une
sortie. Les Turcs ont massacré, dans un villa-
ge voisin, trois hommes et quatre femmes ap-
partenant tous à la religion cm'ctienne et qui
avaient fait leur soumission.
En présence de faits semblables, on com-
prend que les réfugiés refusent obstiné-
ment de rentrer dans leurs foyers et qus
les insurgés s'opposent à tout compromis.
Le massacre de ces trois hommes et de ces
quatre femmes sans défense, et qui, en
outre, avaient fait leur soumission, montre
élo'quemment le cas qu'il faut faire des
promesses de la Turquie.
Faisant allusion aux bruits d'après les-
quels l'empereur de Russie aurait l'inten-
tion d'abdiquer, en faveur de son flls_, et de
se retirer à Malte, pour rétablir sa santé, la
Ga~eMe Hc~'oM~/e de Berlin se livre aux ré-
flexions suivantes.'
« H est possible que l'empereur Alexandre
éprouve le .besoin d'habiter le Midi d'une ma-
nière plus régulière, et de céder, dans ce but,
la direction de l'Etat à l'héritier du trône,
qu'il initie avec soin aux ail'aires gouverne-
mentales depuis plusieurs années. Mais nous
ne savons pas jusqu'à quel point ces considé-
rations .peuvent expliquer le fait d~nt il s'a-
git, ou si, au contraire, le bruit de ce pré-
tendu fait provient seulement de ces considé-
rations. Nous pouvons, dans tous les cas, ex-
primer, dès aujourd'hui, l'espoir qu'un sou-
verain qui a sans cesse été attaché à l'Alle-
magne plus que tout autre monarque ne.
sera forcé ni par des raisons de santé, ni
par des motifs politiques, à disparaître de la
scène du monde.
La Ga~e~e du ~M~avoir reproduit la correspondance 'de la
Ga.se~e ~.M
ajoute
K II faut attendre de savoir si la nouvelle à
sensation donnée par un journal qui, règle
générale, est fort bien informé, doit être con-
firmée par l'événement. Si cette nouvelle se
vérine, il n'est guère douteux que le fait dont
il s'agit ne soit de nature à modiBer le carac-
tère des relations entre la Russie et l'Allema-
gne, en tant que les sympathies personnelles
peuvent exercer une influence sur le cours de
la politique. Or,on sait que ces sympathies et
ces antipathies;ne sont pas sans importance.) »
D'après une dépêche de 'Vienne, portant
la date du 37 mars, la mission dont les
sénateurs monténégrins Petrowitcti'et Ur-
bitza avaient été chargés, dans le but d'a-
mener une paciûcatipn des provinces in-
surgées, aurait complètement échoué. Les
Herzégovimens auraient énergiquement
refusé de déposer les armes, et le chef
monténégrin Pierre. Paulovdtch lui-même
aurait déclaré qu''il n'avait d'instructions
à recevoir que du conseil de guerre de l'in-
surrection;
Ce résultat était facile a. prévoir, et on
peut supposer que les tentatives faites par
le baron Rodisch, gouverneur de Dalmatie,
pour amener une entente entre les Turcs
et les insurgés, seront également infruc-
tueuses.
Il est assez curieux de voirleMontene-
retenu. Il avait été l'ami de Pitt, de lord
Casteireag, de Canning, de lord Byron.Il
avait connu Goethe et Napoléon I".
RoDert se plaisait dans la conversation
de ce vieillard instruit, qui aimait à trou-
ver des auditeurs attentifs lorsqu'il parlait
de ses souvenirs et racontait des anec-
dotes.
Lord Dudley le prit tout à fait en affec-
tion, et il devint l'hôte le plus assidu de la
légation d'Angleterre.
.11 est vrai que lady Dudley servait de
trait d'union entre le vieillard et l'adoles-
cent. Elle était toujours de ces petites réu-
nions ou l'on oubliait volontiers la morgue
et la roideur britanniques pour la cordia-
lité française et l'abandon italien.
Encore tout entier au souvenir d'Edmée,
Robert remarqua la beauté, la grâce, la
distinction dé lady Dudiey qui avait l'élé-
gance un peu majestueuse, bien que toute
féminime, des Irlandaises, douées tout à la
fois d'une harmonieuse ampleur défor-
mes et d'une merveilleuse souplesse de
mouvements.
Mais il n'en fut d'abord ni ému ni trou-
blé. L'idée ne lui vint même pas de lui
adresser de ces compliments dont la fadeur
égale la banalité. Il dédaigna de lui faire
la cour et se distingua par là de tous les
hommes qu'elle rencontrait dans les salons
de Naples et qui:ne pouvaient la voir sans
lui exprimer leur admiration, souvent leur
amour.
Cett~i.ndiuér.ence la frappa, piqua sa cu-
riosité, peut-etra sa vanité, et lui inspira le
désir d'étudier de plus près ce jeune hom-
me qui, seul, ne lui disait pas qu'elle était
belle, qui, seul, ne cherchait pas à lui
plaire, tout en se montrant vis-a-vis d'elle
d'une exquise courtoisie.
Elle se mêla davantage aux conversa-
tions particuliëi'es de lord Dudiey et du
gro, qui, jusque présent, a fourni à la ré-
volte des hommes, desarmes et des se-
cours de tout genre, joindre ses efforts à
ceux de l'Autriche pour rétablir la paix
dans les provinces insurgées,. Les monta-
gnards de la Tchernagora ont constam-
ment prêté main-forte à leurs coreligion-
naires de l'Herzégovine, chaque fois que
ceux-ci ont cherché à secouer le joug otto-
man. Des liens d~amitié, le souvenir des
longues 'luttes qu'ils ont soutenues ensem-
ble, la communauté de religion, de racé et,
d'idées unissent étroitement les deux
peuples. Et, actuellement, ce sont encore
les Monténégrins qui forment les bandes
les plus redoutables de l'armée insurrec-
tionnelle.
Mais il ne semble pas que le prince Ni-
kita partage à. cet égard l'enthousiasme de
ses sujets. Son attitude, depuis plusieurs;
semaines, prouverait au contraire qu'il ap-
précie la question à un tout autre point de
vue. En s'associant aux démarches de l'Au-
triche, son but serait-il de faire pièce aux
velléités belliqueuses de la Serbie et d'en-
rayer un mouvement qui ne tournerait pas
à son profit exclusif? Nous l'ignorons; mais
du moins cette hypothèse nous paraît être
du domaine des choses possibles. La Tur-
quie, composée pour la plus grande partie
de provinces slaves et chrétiennes, qui sup-
portent impatiemment la domination otto-
mane, en attendant un sauveur, n'a-t-elle
pas en effet plus d'un rapport avec l'Italie
d'avant 1859, alors que la Lombardie fré-
missait sous la main de fer de l'Autriche?
Mais, quelle sera la puissance qui sera
appelée à jouer le rôle du Piémont dans la
péninsule des Balkans? Il n'y a actuelle-
ment que le Monténégro, qui depuis quel-
ques années a réussi a s'affranchir complè-
tement des liens de la.Porte, et la Serbie
qui n'a conservé de son ancien-yasselage
que la formalité du tribut, qui puissent,
en raison de leur forte organisation mili-
taire~ contribuer d'une manière ënicace à
l'émancipation des populations chrétiennes
de la Turquie. Mais ces deux principautés
se jalousent l'une l'autre, car elles révent
également le rétablissement d'un vaste em-
pire slave, formé des débris de l'ancienne
puissance des ottomans.
Sera-ce Belgrade ou bien Cettinje.qui
l'emportera? Sera-ce le prince Milan ou
bien le prince Nikit,a qui ceindra Ta cou-
ronne impériale ? Sera-ce le Monténégro
qui devra s'incliner devant la Serbie,, ou
bien la Serbie sera-t-elle obhgée de recon-
naître la suprématie du Monténégro?
Là est toute la question 1
L'angonisme qui règne entre les deux
principautés n'a certainement pas d'autre
cause~ et il est facile, d'après ces,données,
de s'expliquer l'attitude ~paciû que du Mon-
ténégro en présence de l'agitation belli-
queuse de la S~'bie. Mais deYohs-nous en
conclure que la cour de Cettinje resterait
indifférente et se croiserait tranquillement
les bras au cas où le prince Milan se
jetterait dans la mêlée? Nous ne le croyons
pas, car sa neutralité, en .pareille occasion,
pourrait lui faire perdre à jamais les sym-
pathies des populations ~slaves de la Tur-
quie et lui enlever tout espoir de se placer
un jour à leur tête.
Mais en attendant, elle agit de concert
avec l'Autriche pour contrecarrer les pro-
jets de la Serbie, dans l'idée qu'il se pré-
sentera tôt ou tard une occasion plus favo-
rable où elle pourra alors jouer sans con-
teste le premier rôle dans la difncile ques-
tion de l'émancipation des populations
slaves de l'empire ottoman.
LETTRES DE VERSÂtLLES
Mardi soir.'
Il faut que vous sachiez que les séances
qui s'ouvrent à deux heures ne commen-
cent guère que vers'troi~ heures, et que
les députés ne se pressent point d'occuper
leurs places.. Quand M. Marcou, au début
de la séance d'aujourd'hui, est venu dépo-
ser un nouveau projet d'amnistie, il n'y
avait certes pas deux cent cinquante dépu-
tés dans la salle. M. Marcou a lu son projet
tranquillement, et sans s'émouvoir la'
Chambre a vote l'urgence demandée et
reuvoyé la proposition n° 5 à la commis-
sion déjà chargée des quatre premières. ~1
On a passé à la vériûcatipn des pouvoirs,
après avoir adopté le projet tendant à re-
porter au budget dû-ministère de l'inté-
rieur une somme de 1,750,000 francs, pour
.'jeune marquis de Montboran, dont le lan-
gage coloré, poétique, ardent, enthousias-
te, passionne, la subjuguait malgré elle.
De son côte, elle. faisait avec lui assaut
d'esprit et d'imagination, montrant les co-
tés romanesques de son caractère et les
mystérieux abîmes de son cœur, fait pour
les doux épanchemehts et les ineffables
tendresses.
Robertpensait déjà moins a. Edmée, et
lady Dudiey se sûrpr&nait a pleurer, quand
elle était seule.
Bientôt ils en vinrent à ne plus pouvoir
passer un seul jour sans se rencontrer,, sans
se parler, sans se voir, soit à la légation
d'Angleterre, soit à l'ambassade de France,
soit à la cour, ou bien dans quelque salon
de Naples, ou encore dans des promenades
et des excursions organisées, comme par-
ties de plaisir, dans leur cercle intime.
MacdonaldBornstorS' était de toutes ces
parties. Dans sa fatuité, il avait cru qu'il;
n'aurait qu'à se montrer pour vaincre. Il
avait essayé de se faire écouter de lady
Dudiey. 'i
Elle lui avait témoigné un froid dédain
qui avait bientôt glacé son amour et anêantf
son rêve.~Mais.il lui en gardait rancune.
Une jalousie féroce le mordit au cœur,
lorsqu'il s'aperçut que son ami,, le marquis
deMonthoran, était accueilli avec une sym-
pathie toute particulière par cette- pairesse
d'Angleterre si hautaine pour lui, .si réser-
vée avec tous les hommes de sa société.
Unjour, MacdonaldBornstorN'entrabrus-
-quement dans la chambre du marquis de
Montboran, dont il était l'hôte depuis leur
départ de Grenoble.
–Je viens t'annoncer, dit-il, que je.
quitte Naples se soir pour retourner en
France.
–Ah! tu es las de voyager Prépondit
Robert d'un ton froid.
secours aux inondes. On a validé.d'abord
M. deLadoucette. Alors le tour de .M. Ga-
vini est venu. C'est M. Hugot (de la Côte-
.d'Or) qui a fait connaître à lu Chambre
les conclusions du bureau, reclamant l'in-
validation. Le rapporteur a une bonne voix
nette, claire, et s'est fait d'autant plus ai-
sémeat écouter, qu'il a expose les faits ra-
pidement, sobrement et avec autant de me-
sure que de fermeté. M. Gayiui a répondu.
M. Gaviui' n'entend pas être .invalidé et
ne veut comier a personne le soin d'une
défense nécessaire. Après l'exemple de M.
Haentjens, l'élu de Corté n'a point os'é
s'adresser à un Jolibois de bonne volonté~
M. Gavini sait parler, d'ailleurs, et connaît
la tribune. On l'écoute, -nous ne disons
point qu'on l'approuve; à le croire, non-seu-
lement il n'y a jamais eu de comité de
comptabilité, mais encore a Corté même il
n'y avait point de comités bonapartistes
favorables a son élection. M. Gavini était
toutseul, comme Fernand dans la~'auo?'
Vous pensez bien qu'on ne s'arrête guère
aux raisons de l'orateur, et qu'il ne con-
vainc que lui-même et ses amis.
La Chambre se remplit peu .à peu, pen-
dant que M. Gavini parle; puis tout à ceup
nous sommes plongés dans une obscurité
presque complète. L'orage, qui nous mena-
çait depuis ce matin, éclate et il semble que
L'argumentation de M. Gavini de vienne plus
nuageuse en même temps que sa propre
personne s'eË'ace dans l'ombre qui enve-
loppe la Chambre. Nous ne voyons plus
qu'à de courts intervanes,à la lueur rapide
des éclairs qui traversent le ciel et rayent
le plafond vitré de la salle. Le mot de
Gœthe en ce moment est sur toutes les lè-
vres « De la lumière de la lumière » La
lumière est lente à venir toutefois l'orage
passe et le' plafond s'éclaire après un long
quart d'heure quant au plaidoyer de M.
Gavini, il demeure obscur jusqu'à la un.
M. Le Pomellec, député de Saint-Ser-
van, n'a point eu de peine à démolir l'écha-
faudage d~ cartes élevé par M. Gavini pour
sa défense; ce nouveau venu rachète les
défauts d'une voix un peu sourde et d'une
prononciation un peu lente, par de sérieu-
ses qualités, une grande netteté d'esprit,
une chaleur sincère de langage, une hau-
teur même de vues qui n'est point banale.
Le début de M. Le Pomellec est un des
plus heureux de ceux auquels il nous a été
donné d'assister jusqu'à présent; son suc-
cès a été vif, et l'orateur, quittant la tri-
bune sur une habile et chaleureuse con-
clusion, a été accueilli, en revenant à sa
place, par plusieurs salves d'applaudisse-
ments sympathiques.
M. Gavini reparaît. Quand M. Gavini a
fini, il recommence. On n'a pas toujours
le choix des arguments; et on est parfois
obligé de les faire dénier à la. tribune com-
me ces figurants de théâtre 'qui ne pren-
nent même pas la peine de changer de cos-
tume dans la coulisse et, à douze, essaient
de représenter une armée. C'est vaine-
ment qu'il essaie d'embarrasser M.i Dufaure
à propos du placard dé M. Arrighi, trai-
tant de sacrilèges tous ceux qui, comme
M. Limpérani, le concurrent de M. Gavini,
avaient voté la déchéance, placard qui n'a
point motivé de poursuites. M. le garde des
sceaux s'explique fort clairement là-des-
sus si on lui a envoyé cette affiche, il ne
l'apointreçue, et, dans tous les cas, la
question judiciaire; qui est réservée, n'em-
pêche point la Chambre de.se/prononcer
sur la question politique. Il ne reste plus à
M. Gavini qu~à attendre le verdict de l'As-
semblée, ce qui n'est pas long. Une de-
mande de scrutin, qui d'abord avait été
déposée sur le bureau, est retirée, et l'on
vote par assis et levé. C'est fait~ M. Gavini
est. invalidé. Nous espérons bien 'que la
Corse ne nous le renverra pas.
1 La Chambre a ensuite, sur la .proposftion
de M. Bardoux, mis à l'ordre du jour des
bureaux, pour samedi prochain, la nomina-
tion de la commission du budget; chaque
bureau nommera trois commissaires; la
nouvelle commission du budget-comptera
donc trente-trois membres, trois de plus
que l'ancienne. Ennn, on s'est remis à la
yériûcation des pouvoirs,- et on a validé
jusqu'à six heures et demie. M. dePerrd-
chel lui-même a été validé.
CaSMMS~mE ï'ARt.EMENTASRE
Les membres du bureau de la Chambre des
députés sout invités à dîner'demain chez le
président de la République. Plusieurs jour-
naux assurent qu'à cette occasion/les dépu-
tes républicains de toute nuance se proposent
de se rendre en très grand nombre à la ré-
ception qui. suivra, le dîner.
Voici la composition définitive des trois
commissions nommées hier dans les bureaux
de la Chambre des députes nous avions in-
diqué la plupart de ces nominations dans nos
jDei'/H'M'es HOM~eHes
Commission de comptabilité l" bureau, M.
Non, mais je n'ai plus rien a. faire ici.
Tu aimes .lady Dudley et elle t'aime.
'–Malheureux.
Robert comprit que son emportement
serait une dénonciation, une révélation,
unaveu.Ilsecontintetreprit:
Tu veux plaisanter, et j'ai tort de m'é-
mouvoir de ton langage.
Il ne s'est jamais dit'un seul mot d'a-
mour entre lady Dudley et moi, et nous ne
pensons pas plus l'un que l'autre à nous
aimer.
Je sais ce que je sais, et je vois ce que
je vois.
Du reste, il se peut que vous ignoriez
l'un et l'autre la passion qui vous domine
sans doute à votre insu et contre votre vo-
lonté.
Mais j'ai de l'expérience et je suis sûr de'
nepasme tromper.
Crois ce qu'il te plaira de croire. Mais
je t'affirme, sur l'honneur, que tu es dans
une erreur complète. J'espère du moins
que tu ne diras ton opinion à personne ici
avant de quitter Naples, où je ne te retiens
pas.
Sois tranquille. Tu peux compter sur
ma discrétion.
Seulement, tu comprends que la vue du
bonheur des autres ne peut me suffire. Je
nesuispasasse~parfaitpourcela.
C'est ce qui fait que je te laisse roucou-
ler seul ici, du lever du soleil au~lair de
lune, prës~ ou loin de lady Dudiey, car
sans t'en douter, quand .tu ne causes plu~'
avec elle, tu parles d'elle aux étoUespu~aux
arbres, selon que c'est la nuit ou que c'est
le jour. 1.
Si tu ne sais pas encore que tu es-amou-
reux, je te l'apprends; et, si tu ne t'en es
pas davantage aperçu, "je t'apprends aussi
q_ue de son côté elle t'aime. Tu vois que je
ne suis pas jaloux, puisque je t'avertis que
Gent. 2" bureau, M. Montagut (Marc). 3" bu-
reau, M. Maiéziëux. bureau, M." TrueUe.
5° bureau, M. Latrade.–G" bureau, M. Destromx.
'7° 'bureau, M. Noël-Parfait. 8° bureau, M.
Lefèvre (Henri). 9° bureau, M. Berlet. 10'
bureau, M. Allemand. 11° bureau, M. Turigny.
Commission pour l'examen do la proposition de
M. Thoure! et.plusieurs de ses collègues, tendant
à nxer la date d'ouverture de la session de Pâ-
ques des conseils généraux. (Urgence déclarée.)–
1~ bureau, M. Boysset. 2' bureau, M. Dubois
(Côtes-d'Or). 3' bureau, M. le comte de Durfort
de Civrac. 4° bureau, M. Roux. 5" bureau,
M. Freminet. 6° bureau, M. Thourei. 7° ba-
reau, M. Proust. S" bureau, M. Bouehet.
9" bureau, M. Colin. 10° bureau, M. Dreux.
11° bureau, M. Deiaeour.
Sept membres sur onze de la commission
sont favorables à la proposition. Les quatre
qui y sont opposés, et parmi lesquels MM. de
Durfort de Civrac et Antonin Proust, reconnais-
sent que la proposition peut être fondée en
fait, mais veulent l'écarter comme tendant à
enlever une nouvelle prérogative aux conseils
généraux, qui .ont déjà, l'année dernière, été
dépouillés du droit de vérifier les pouvoirs de
leurs membres.
Commission pour l'examen du projet de loi
relatif à l'organisation des services hospitaliers
de l'armée dans les hôpitaux'militaires et dans
lès hospices civils 1er bureau, M. LiouviDe.
2° bureau, M. le colonel Denfert-Rochereau.
–3° bureau, M. Cosson'. 4° bureau, M. Lauasé-
dat. 5o bureau, M. Marmottan. 6° bureau, M.
Buyat. ~bureau, M. Deviolaine. 8" bureau,'
M. Farcy. 9" bureau, AI. Soye. bureau,
M. deNaièche.– 11" bureau, M. Roussel (Théo-
phile).
Le Sénat doit statuer, aujourd'hui, sur le
travail de la commission chargée d'examiner
le mode da renouvellement triennal. Cette
commission se compose do MM. Sacaze, pré-
sident, le.baron Le Guay, secrétaire et rap-
porteur Oscar de La Fayette, Tribort, Adnet,.
Fourcahd, de Lestapis, de Chantomer, do
Belcastel. Le rapport a été distribué à domi-
cile, comme on l'avait demandé.
Plusieurs systèmes étaient en présence.
Les uns demandaient que l'on procédât par
zones.et que l'on fît un classement des dépar-
tements, de manière à équilibrer toutes les
opinions et à ne pas-mettre dans la même
série des départements limitrophes; mais
l'ordre alphabétique atteint ce double but/
sans oil'rir les inconvénients d'un classement
arbitraire.
Lacommission~s'esf arrêtée à la résolution
que voici
En exécution de l'art. 6 de la loi du 21 février
1S75, les départements sont divisés en trois se-'
ries, désignées par les lettres A, B et C, confor-
mément'au tableau ei-annexé. 11 sera procédé,
par la vois du tirage au sort, à la désignation de
l'ordre do priorité de chacune do ces séries.
Voici la liste des trois séries:
/iS&<; A. –Ain, 2; Aisne, 3; AUier, 3; Alpes
(Basses-), 2; Alpes (Hautes-), 2; Alpes-Maritimes,
2;Ardeche,2;Ardennes, 2; Ariége,2; Aube, 2;
Aude, 2; Aveyron, 3; Bbuohes-du-Rhône, 3; Calva-
dos, 3; Cantal, 2; Charente, 2; Charente-Infé-
rieure, 3; Cher, 2; Correze, 2; Corse, 2; Gôto-d'Or,
2;~Côtes-du-Nord, 4; Creuse, 2; Dordogno, 3;
Doubs, 2; Drôme, 2; Eure, 2; Eure-et-Loir, 2; Fi-
nistère, 4; Gard, 3; Alger, 1; la Guadeloupe, 1
la Réunion, 1. Total 75 sénateurs 33 dè~ar-
tamënts..
S<'r:'e ES. Garonne (Haute-~ 3; Gers, 2; Gi-
rondé, 4; Hérault, 3; Ple-et-Viiaino, 3; Indre, 2;
Indre-et-Loire, 2; Isère., 3; Jura, 2; Landes, 2;
Loir-et-Cher, 2; Loire, 3; Loire (Haute-),'2;
Loire-Inférieure, 3; Loiret, 2; Lot, 2; Lot-et-Ga-
ronne, 2;'Lozère, 2; Maine-et-Loire, 3; Manche,
3; Marne, 2; Marne (Haute-), 2; Mayenne, 2;
Meurthe-et-TMoseHe, 2; Meuse; 2; Morbihan, 3;
Nièvre, 2; Nord,5; Oise,-3;CoQstantine,l; la
Martinique,. 1. Total 75 sénateurs 31 dépar-
tements.
Sf')-MC.–Orne,3; Pas-de-Calais, 4; Puy-de-
D&me, 3 Pyrénées.(Bassos-),'3; Pyrénées (Hautes ),
2; Pyrénées-Orientales, 2; Rhin (Haut-),.BeIfort.,
1 Rhône, 4; Saône (Haute-),. 2; Saôno-ot-Loire,
3; Sarthe, 3; Savoie,2; Savoie (Haute-), 2; Seine,
5; Seine-Inférieure, Seine-et-Marne,2; Seine-
et-Oise, 3; Sèvres (Deux-), 2; Somme, 3; Tarn,
2; Tarn-ët-Garonne, 2; Var, 2; Vauoluse, 2 Ven-
dée, 3 Vienne, 2 Vienne (Haute-), 2 Vosges,
3;Yonne,2;Ora.n, 1; Indes françaises, 1.
Total 75 sénateurs, 30-dëpartGments.
Voici d'ailleurs le rapport de M. le baron
LeGuay~ t'
« L'article 6 de la loi constitutionnelle relative
à l'organisation du Sénat est ainsi conçu
)) Les sénateurs des départements et des colo-
nies sont élus pour neuf années. et rënouvela-
Mes par tiers tous les trois ans.
') A.u début de la première session, les départe-
.ments seront divisés en trois séries contenant
chacune un nombre.Égal de sénateurs II'sera'
procédé par la voie du tirage au sort à .la dési-
gnation des séries qui devront être renouvelées
l'expiration de la première et de'la deuxième
période triennale.
') C'est cette division des départements en trois
séries qu'a été chargée de préparer et de propo-
ser à votre approbation la commission dont j'ai
l'honneur d'être le rapporteur.
< Avant d'entror dans l'examen des divers sys-
tèmes qui ont été exposés par certains de ses
tu n'as qu'à vouloir pour être heureux.
Macdonald, assez sur ce sujet.
–C'est bien! c'est bien! Je suis ton
obligé; je dois céder. Au revoir. en France,
mon cher Robert.
Adieu, mon cher Macdonald.
Robert fut heureux du départ, de Macdo-
nald, qu'il voyait avec satisfaction quitter
Naples..
Depuis dix grands mois qu'ils voya-
geaient ensemble,, il avait découvert, dans
ce caractère égoïste, envieux et fourbe, des;
nuances qui lui avaient déplu et qui l'a-
vaient mis en dénance.
Il aurait presque pris son camarade de
classe en antipathie.
Resté seul, il tomba dans une profonde
rêverie, puis il eut la Sevré et il se mit à
écrire une élégie. Il était jour lorsqu'il prit
enlin, accablé de fatigue et de sommeil, un
peu de repos.
C'était la première fois, depuis un mois,
qu'il avait négligé de se rendre à la réu-
nion privée de la légation d'Angleterre, où
11 y avait,ce jour-là cercle d'intimes.
Pourtant il n'avait pas pensé une se-
conde à Edmée, et ce n'est pas ce nom
qu'on lisait dans l'élégie laissée sur'le bu-
reau du poète; c'était celui d'Héléna.'
Etonnée de n'avoir pas rencontré au sa-
lon le marquis'Robert de Montb'oran,
lady Dudley avait prétexté une migraine
et s'était retirée de bonne heure dans son
appartement.
A demi déshabillée, elle avait renvoyé sa
femme de chambre, et se laissant tomber
dans un fauteuil, elle s'était mise a pleurer
en se couvrant le visage de ses deux mains.
ËHe se trouvait malheureuse, et, pour la
première fois .de sa'vie, elle maudit le sort
qui, en associant sa jeunesse à la vieillesse
d'un mari septuagénaire, la sevrait de toute
joie du' cœur, de toute ivresse de l'âme.
.membres, ou qui lui ont été soumis par quel-
ques-uns de nos honorables collègues, la com-
mission a tenu à déterminer dans quel esprit
elle devait procéder à son travail, dans quelles
conditions générales et' sur quelles bases elle
devait établir la composition des séries édictées
par la loi.
Unaniment, il a été reconnu qu'il était in-
dispensable et entièrement conforme- aux inten-
tions du législateur de s'appliquer à ne pas lo-
caliser le renouvellement; il a été admis que
chaque série devait comprendre des départe-
ments,'autant que possible, non limitrophes,
pris sur toute lasurfaco du territoire; qu'il fal-
lait enfin éviter des élections régionales et s'at-
tacher à cette condition importante entre toutes,
,que chaque renouvellement trionna) fût, au point
do vue des .intérêts et des besoins, par la di-
versité des mœurs et du tempérament du corps'
électoral appelé à y prendre part, la reproduc-
tion restreinte des élections générales desquelles
est sortie pour la première fois la haute Assem-
blée.
» Divers systèmes do composition des séries
ont été exposés bien que visant tous au but re-
cherché par votre commission'et conçus dans ça
mémo esprit, ils différaient essentiellement dans
leurs procédés et, malgré leurs ingénieuses com-
binaisons, ils ne nous ont pas paru répondre tous
également aux intentions de leurs auteurs.
» On proposa d'abord, ainsi que la loi l'a vou-
lu, pour déterminer l'ordre dos séries, de procé-
der par la voie du sort et do composer ces séries
avec les départements ainsi désignés.
» Outre le risque de dépasser ou de ne pas at-
teindre, sans en venir à un choix arbitraire, le
nombre nécessaire et légal de 75 sénateurs à
élire, ce système présentait au plus haut degré
cet inconvénient capital de pouvoir réunir dans
une même série tous les départements d'une
même région. Malgré donc sa conformité appa-
rente avec la loi constitutionnelle, il a-été re-
poussé.
B On a examiné ensuite diverses autres combinai-
sons. Dans les unes, le territoire serait divisé en
zones comprenant nombre égal de départements
et nombre égal de sénateurs à élire puis il serait
procédé à un tirage au sort; et les séries seraient
composées des départements pris par ce mode
dans les diverses zones. Ce sytéme, plus complet
que le précèdent, ne permettait encore d'obtenir
que des résultats incertains, et bien qu'il ait une
analogie relative avec le mode pratiqué pour le
renouvellement des conseils généraux et d'arron-
dissement, on nu s'y est pas arrêté.
s Une autre combinaison aurait reproduit a.
peu près les dispositions de la Constitution de
l'an'III, c'est-à-dire la composition de groupes de
départements, à raison de trois par groupe, et la
répartition, soit arbitrairement, soit par le sort,
de chacun de cas départements dans les trois
séries à établir. Elle a paru trop compliquée,
trop arbitraire, et les quelques avantages qu'on
doit lui reconnaître, mais qui peuvent se retrou-
ver dans d'autres systèmes plus simples, ne com-
pensent pas ses inconvénients.
» 'Un troisième système établi sur des bases
analogues, et ne différent du précédent que par
le nombre et le modo de composition des grou-
pes, n'a pas, pour les mêmes motifs, paru'devoir
être adopté.
Un quatrième ennn consiste à désigner dans
les départements un point centrai, le département
du Cher, par exemple, autour duquel on rayon-
nait en classant successivement dans chaque sé-
rie les départements limitrophes, sans cependant
pouvoir les isoler à ce point qu'aucun d'eux ne
touchât d'un côté quelconque à un autre dépar-
tement placé dans la mëma'série. Plus compli-
qué,'plus arbitraire, plus artinciel surtout -que
tous les autres, ce système présentait à un degré
égal leurs inconvénients.; il n'y avait donc aucun
motif de le laur préférer.
Restaient enfin deux systèmes de répartition
par ordre alphabétique, simples tous les deux,
procédant dans une certaine mesure, il est vrai'
du hasard, mais d'un hasard moins aveugle que
le sort, et quasi-régulier. L'un se conforme à l'or-
dre alphabétique pur et. simple, répartissant suc-
cessivement en trois séries les départements &
mesure que leur nom se présente, et dans For-
draoùles désigne leur'lettre initiale, faisant
place, dans chacune des séries, à un des.dépar-
tements de l'Algérie, complétant le nombre légal
des ~5 sénateurs à élire par l'adjonction d'una~ou
deux de nos colonies. Rien de moins compliqué
de plus facile à saisir. Un inconvénient, dont il
ne faudrait pas, Cependant, s'exagérer l'impor-
tance, puisque quelques-uns denos collègues se-
'raient tentés de le considérer comme un avan-
ta.ge, inconvénient que présentent d'ailleurs, sans
aucune exception, tous les autres systèmes'a été
reproché à ce mode de répartition: c'est d'appe'
1er à prendre part à un même renouvellement
des départements plus ou moins limitrophe" que
réunit dans la même série. leur quasi-similitude
de nom, due presque toujours à leur situation
dans le bassin d'un même de'uve, sans qu'elle
puisse impliquer la communauté de leurs inté-
réts ou l'uniformité de leurs aspirations..
Mais-cet inconvénient, qui, je l'ai déjà dit, se
retrouve, à 'dos degrés différents dans tous les
systèmes, ne parait pas 'devoir faire renoncer a.
celui dont les avantages semblent être les moins
discutables. A cet ordre alphabétique nui- et sim-
ple que'j'appellerai successif, on a proposé un
ordre alphabétique alternatif, consistant à placer
les départements, à mesure qu'ils se présentent
non dans la même série, mais dans chacune des
séries, et par exemple, au lieu de-dire Série
~t, ~Mne, .-f&o-, etc., .à répartir ainsi Série A'
~M série B. ~Me s.érie .C.t~, et ainsi de
suite. Cette combinaison ingénieuse, séduisante
au premier abord, semblait devoir parer particu-
lièrement à l'inconvénient signalé plus ha.ût et'
permettre de ne pas réunir dans la même série
les trois Alpes ou les trois Seine qui se trouvent
limitrophes mais à l'épreuve de la transcription
sur une carte semblable à celle qui accompagne
ce rapport, l'imperfection que l'on croit êvitei° si
elle disparaît sur certains points, reparait sur
Elle aussi eut la fièvre et passa une nuit
d'insomnie.
~Le nom de Robert était souvent revenu
à sa pensée. Son esprit en était obsédé.
Elle ne pouvait l'en chasser. Ge symptôme
reI'raya.Ellevoulut's'éloigner pour quel-
ques jours. Elle pria son mari de la con-
duire à Florence, où était sa sœur aînée,
mariée au premier secrétaire de la légation
d'Angleterre.
Lord Dudiey y consentit. Tous deux par-
tirent dans la journée, sans prévenir per-
sonne. `
La sœur- de lady Dudley était absente.
Elle était en excursion dans la campagne
de Rome..
Lady Dudiey fut presque heureuse de ce
contre-temps. Sans se l'avouer, elle était
secrètement aussi impatiente de retourner
àNapIes qu'elle l'avaitété de.s'en éloigner.
.Le voyage de Florence avait beaucoup
fatigué lord Dudiey. Dès son arrivée~ja.Na-
pies, il avait dû se mettre au lit, recom-
mandant qu'on l'excusât auprès des visi-
teurs qui, avertis de son retour, pourraient
se présenter dans la soirée, et'laissant
lady Dudiey le soin de faire seule les non-
ueurs de son salon.
Depuis l'absence de lord et de lady Du-
diey, le marquis de Montboran s'était ré-
gulièrement rendu, chaque soir, auprès du'
premier secrétaire de la légation .d'Angle-
terre, dans l'espoir d'apprendre de sa bou-
che que .le ministre était rentré à l'hôtel
avec sa femme.
Des qu'il fut informé de leur retour, il
se ût annoncer a lord et a !ady Dudiey. On
l'introduisit dans le petit salon des soirées
intimes, où il ne trouva que la maîtresse
delamalson..
A.MCÉSENA.
(~XMMre.)
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