Titre : Dictionnaire de la langue française.... Tome 1 / par É. Littré,...
Auteur : Littré, Émile (1801-1881). Auteur du texte
Éditeur : L. Hachette (Paris)
Date d'édition : 1873-1874
Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30824717s
Notice d'oeuvre : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12250808s
Type : monographie imprimée monographie imprimée
Langue : français
Format : 4 vol. ; gr. in-4 4 vol. ; gr. in-4
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Description : [Dictionnaire de la langue française (français)] [Dictionnaire de la langue française (français)]
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Avec mode texte Avec mode texte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5406710m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-49508
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2008
718
CON
cette charge concurremment. || 3° Terme de prati-
que.' Au même rang. Ces créanciers viennent en or-
dre concurremment.
— ÉTYM. -Concurrent, et le suffixe ment.
CONCURRENCE (kon-ku-rran-s"), s. f. j| i° Pré-
tention de plusieurs personnes à un même objet.
Un fils qui veut entrer en concurrence avec son
père, MOL. l'Av. iv, 4. Dans les mouvements de
l'ambition et les vivacités des concurrences, MASS.
Car. Conf. Doux et patient dans les concurrences
infinies des intérêts et des passions, m. Carême,
Samar. Dieu rompait une société de plaisirs par
des dissensions et des concurrences, ÎD. Profession
religieuse, Sermon i. Tout se réduisit à deux mé-
thodes [pour construire les vaisseaux] : l'une de
M. du Quesne si fameux et si' expérimenté dans la
marine, l'autre de M. Renau jeune encore et sans
nom ; la concurrence seule était une assez grande
gloire pour lui, FONTEN. Renau. C'est vous qui leur
gagnez sur moi la préférence, Moi que déshonorait
la seule concurrence, VOLT. Catil. n, i. Vous voyez
toutefois qu'en cette concurrence Un monarque en-
tre nous met quelque différence, COEN. Cid, i, 3.
Après une amitié de vingt ans, tous deux se cru-
rent des droits à une même place,- et cette concur-
rence, qui aurait détruit peut-être sans retour une
amitié commune, ne put altérer celle de MM. d'Arci
et le Roi, CONDORCET, d'Arci. || Être en concur-
rence, être en balance, incertain. Grâce à Dieu,
mon bonheur n'est plus en concurrence, MOL. ÉC.
des f. V; 3. || Entrer en concurrence avec, balancer.
Nul intérêt n'était jamais entré dans son âme en
concurrence avec la vérité, MASS. Or. fun. Conty.
Le mérite qui entre en concurrence avec lui, ID.
Petit car. Tentât. || 2° Terme de commerce. Rivalité
entre marchands ou. fabricants ou entrepreneurs.
Redouter, soutenir la concurrence. La concurrence
que certains produits français font aux produits
anglais sur les marchés de l'Amérique. |j En termes
d'économie politique, le principe de la libre con-
currence, liberté pour les individus de concourir
dans toutes les branches de la production. Concur-
rence des bras, des capitaux. C'est la concurrence
qui met un prix juste aux marchandises, MONTESQ.
Esp. xx, 10. L'effet d'un régime réel de liberté et
de concurrence est de nous mettre tous dans une
situation où chacun peut tirer de ses forces et de
ses ressources tout ce que légitimement elles peu-
vent donner, DONOYER, Liberté du travail, t. i,
p. 450. I| 3° Terme de jurisprudence. Égalité de
droit, de position, d'ordre. Venir en concurrence
avec tel et tel créancier. || Droit .qui appartient à
différents juges ou officiers publics de connaître
d'une affaire. || 4° Concurrence d'office, terme de bré-
viaire , qui se dit lorsqu'aux secondes vêpres d'une
fête double il se trouve un autre office de fête
double qui se doit célébrer le jour suivant. || 5° Jus-
qu'à concurrence, jusqu'à la concurrence de, jus-
qu'à ce que telle somme soit remplie, acquittée.
Vous rembourserez jusqu'à concurrence de tant.
|| Absolument. Jusqu'à due concurrence.
— HIST. xv° s. Aucune fois la concurrence Des
signes et les mocions Avec les opposicions, EUST.
DESCH. Poésies mss. î° 460, dans LACURNE. ||xvie s.
Si elle meritoit ce beau nom, ce debvoit estre en
concurrence, non par privilège, MONT.*I, 09. [Nous
nous liâmes] d'une faim, d'une concurrence pa-
reille, ID. i, 213. Nous avons formé une vérité par
la consultation et concurrence de nos cinq sens, m.
n, 359..La réduction de l'Eglise en bonne concur-
rence et union de doctrine, M. DU BELL. 24G. Alors
ilz departoient à leurs gens des biens qu'ilz y trou-
voient, jusques à la concurrence de ce qui leur pou-
voit estre deu de soulde, AMYOT, Eumènes, 15. Il y
avoit desja quelque peu de picque entre eulx, et
ceste concurrence [pour la préture] les meit encore
plus avant en querelle, AMYOT, Brulus, 8.
— ËTYM. Concurrent.
CONCURRENT, ENTE (kon-ku-rran, ran-t') , s.
m. et f. || i" Celui, celle qui prétend à une chose en
même temps qu'un autre. Il s'est débarrassé de la
foule importune, Du turbulent espoir de tant de con-
currents, CORN. Pulch. n, I. La reine des dieux
serait bien aise de nuire à sa concurrente, LA FONT.
Psycli. liv. n, p. 157. L'orgueil assortit mal ces su-
perbes rivaux [Pompée et César], Et, bien que con-
currents, ils ne sont pas égaux , BRÉBEUF, Phars. i.
Tous chemins vont à Rome; aussi nos concurrents
Crurent pouvoir choisir des sentiers différents, M
FONT. Fabl. xn, 27. On dit que Psyché lui dispute
[à Venus] la prééminence des charmes ; c'est juste-
ment le moyen de la rendre furieuse; sa concur-
rente fera fort bien, de ne pas tomber entre ses mains,
CON
LA FONT. Psyché, n, p. m. Mais si pour concurrent
je n'avais que mon frère, RAC. Phèd. ir, 2. On ne
sent aucune jalousie dans M. Leibnitz ; il excite tout
le monde à travailler; il se fait des concurrents s'il
peut, FONTEN. Leilmits. Concurrent malheureux à
cette place insigne, VOLT. Catil. i, 6. L'oracle est
accompli dans tous ses points, excepté dans celui
qui exige qu'il terrasse ses .rivaux; mais il a-fait
plus, il a sauvé la vie du seul concurrent qu'il pou-
vait craindre, VOLT. Princesse de Babyl. 2. || 2°Terme
de commerce et d'adjudication. Celui qui fait con-
currence; celui qui dispute une enchère. || 3° Adjec-
tivement. Qui concourt, qui agit simultanément.
Il y a des muscles qui se meuvent ensemble pour
s'aider les uns les autres; on les peut appeler con-
currents, BOSS. Connaiss. n, 2. || Jours concurrents,
jours surnuméraires aux cinquante-deux semaines
de l'année (l'année commune étant de 62 semaines
et un jour, et l'année bissextile de 52 semaines et
deux jours) ; ainsi nommés, parce qu'ils concourent
avec le cycle solaire ou qu'ils en suivent le cours.
La première année du cycle solaire on compte un
concurrent; la deuxième deux; la troisième trois;
la quatrième quatre; la cinquième six, parce que
cette année est bissextile; la sixième sept; la sep-
tième un, et ainsi de suite, en recommençant tou-
jours par un après avoir compté sept, parce qu'il
n'y a que sept concurrents, autant que de lettres
dominicales.
— HIST. xme s. Li autres nombres a nom concur-
rens, parce qu'il cort avoec les réguliers por mons-
trer par quel jor cascuns mois entre, Comput, f" 4.
|| xvi" s. L'autre roy Agesilaus son concurrent [com-
pagnon, co-roi], se trouvant lors en fort bas aage,
AMYOT, Agesilaus, 32. Au mesme temps, Curion,
compagnon et concurrent de Faonius en cest office
d'ôedile, ID. Cat. d'Utiq. 02. C'est une louange pro-
pre et singulière à Dion qu'il n'a point eu de con-
current ny d'aide à ce faire ; comme Brutus eut
Cassius, m. Dion et Brulus, t. Pour cela il fault
que puissance et fortune soyent concurrentes en un,
avec justice et prudence, ID. Dion, I.
— ÉTYM. Provenç. concurren ; espagn. concur-
rente; ital. concorrenle; du latin concurrere, con-
courir (voy. CONCOURIR).
CONCUSSION (kon-ku-ssion; en poésie, de qua-
tre syllabes), s. f. Exaction, malversation dans l'ad-
ministration des deniers publics. Sosie de la livrée
a passé par une petite recette à une sous-ferme : et
par les concussions, la violence et l'abus qu'il a fait
de ses pouvoirs, il s'est enrichi sur les mines de
plusieurs familles, LA BKUY. VI. || Terme de droit.
Perception.frauduleuse, par un fonctionnaire, de
taxes qui ne sont pas dues.
^- HIST. xvi" s. Le mut esternua en insigne vé-
hémence et concussion [secousse] de tout le cors,
RAB. Pant. m, 20. C'est une chose merveilleuse, que
la foy soustient les coeurs des fidèles au milieu de
telles concussions et si rudes, CALV. Inslit. 434.
Les oiseaux qui tumbent de l'air en terre ne cheent
pas pource que l'air, agité par aucune véhémente
concussion, se rompe ny se fende.... AMYOT, Pomp. 39.
En l'exercice duquel estât il se gouverna si honnes-
tement, qu'il ne fut jamais souspeçonné de corrup-
tion ny de concussion quelconque, ID. Cicéron, tl.
Exemptes d'avarice, cruauté, ambition, injustice et
de toute concussion, CARL. IX , 1. Par tel tremble-
ment est faite une secousse et concussion de tous
les humeurs contenus dedans le corps, PARÉ, In-
trod. 25.
— ËTYM. Lat. concussio, proprement secousse,
ébranlement, et, par extension, extorsion; du supin
concussum, de concutere, de cum, et cutere, frapper.
CONCUSSIONNAIRE (kon-ku-ssio-nê-r'). || 1° S.
m. Celui qui se rend coupable de concussion. Un
concussionnaire qui ne pardonnait pas à Sénèque le
châtiment de ses extorsions, DIDER. ESS. sur Claude.
|| 2° Adj. Ministre, percepteur concussionnaire.
— HIST. xvr s. Et neanlmoins ne se peut Opi-
mius garder d'estre concussionnaire et larron,
AMYOT, Opim. 54. Aussi à la vérité, il ne fust ja-
mais concussionnaire, CARL. VI, -H.
— ËTYM. Concussion.
CONDAMNABLE (kon-da-na-W), adj. Qui mérite
d'être condamné, d'être blâmé. Action condamna-
ble. Il est condamnable d'avoir ainsi parlé. Ah! d'un
si grand service oubli trop condamnable, RAC. Esth.
il, 3. Vous voulez voir encor cet objet condamna-
ble, VOLT. Tancr. il, 5.
— HIST. xvi" s. Ilsseroyent condamnables si ils
y parvenoyent au détriment public ou particulier,
LANODE, 86.
— ÉTYM. Condamner.
CON
CONDAMNATION (kon-da-na-sion; eil poésie, de
cinq syllabes), s. f. || l'Action de condamner; juge-
ment qui condamne. Il y a eu condamnation contre
lui. Condamnation à l'amende, aux travaux forcés.
Condamnation contradictoire. || La chose à laquelle
on est condamné. Condamnation solidaire. || La peine
infligée. Subir sa condamnation. || Au plur. Les con-
damnations, amende, dommages-intérêts, répara-
tions, frais, etc. résultant du jugement. Acquitter
les condamnations. || Passer condamnation, con-
sentir que la partie adverse obtienne jugement à son
avantage. || Subir condamnation, acquiescer à un
jugement dont on pourrait interjeter appel. || Fig.
Passer condamnation, reconnaître qu'on a eu tort.
Il a peur qu'on ne croie qu'il ait passé condam-
nation sur les livres de Mme Guyon, BOSS. Relat. Ce
ministre passe condamnation pour Luther et pour
Mélanchthon, ID. Avert. 2. Passez donc condamna-
tion sur le fait, ID. Avert. 4.11 est prêt à passer con-
damnation pour prévenir l'arrêt du juge, ID. Pin. f.
|| Dans le même sens, prendre condamnation. Il
fait sentir la supériorité qu'il a; je la lui passe tout
entière, et je prends condamnation, MONTESQ. Lett.
pers. 74. || 2" Blâme. Notre amour-propre'souffre
plus patiemment la condamnation de nos goûts que
de nos opinions. || 3° Ce qui fait improuver, blâmer.
La conduite de ce ministre est la condamnation de
celle qu'ont tenue ses prédécesseurs. Ils auraient
porté avec eux leur condamnation, BOSS. Hist. n,
13. U a mangé et bu sa condamnation [en commu-
niant], MASS. Car. Comm.
— HIST. xvi" s. Il faut que moi et eux passions
condamnation sitost que Dieu a parlé, CALVIN, 221.
Nous avons esté rachetez de condamnation de mort,
ID. lnstit. 624.
— ËTYM. Provenç. condemnacion, condempna-
tion; espagn. condenacion; ital. condennazione; du
latin condemnationem, ie condëmnare, condamner.
t COND AMNATOIRE '(kon-da-nâ-toi-r'), adj. Terme
d'ancienne pratique. Qui porté condamnation.
— HIST. xvie s. Condamnatoire; 'MONÈT, Dict.
— ÉTYM. Provenç. condempnàtori; espagn. conde-
natorîo;,ital. condannatorio; du latin condemnàto-
rius, de condëmnare, condamner (voy. CONDAMNER).
CONDAMNÉ, ÉE (kon-da-né, née), part, passe.
|| 1° Qui a subi une condamnation: La partie con-
damnée. Un criminel condamné à la peine capitale.
Il est certain qu'il y a des démons, des génies mal-
faisants et condamnés à des tourments éternels; la
religion nous l'apprend, FONTEN. Oracles, i, i
|| Subslantivement. Un condamné, une condamnée,
ne se dit qu'en matière criminelle. Le dernier jour
d'un condamné, titre d'un livre de V. Hugo. || Fig.
Qu'elle puisse à nous voir n'être plus condamnée,
RAC. lphig. m, 4. || 2° Blâmé. Conduite condamnée
par tout le monde. Homme condamné même par ses
amis. Quel crime a donc commis'ce fils* tant con-
damné? RAC Brit. iv, 2. 0 ciel ! s'i Tiotre amour est
condamné de toi, ID. B'df. î, 4. C'est une erreur con-
damnée de dire que le prêtre ne.peut ni ne doit
point absoudre le pénitent, à nïdihs que celui-ci n'ait
pleinement satisfait "à toutes les oeuvres qui lui ont
été ordonnées, BOURD. Pensées, i.iu, p. 430. || 3°Un
malade condamné par son médecin, un malade du-
quel le médecin pense que là maladie est mortelle.
11 4° Porte, fenêtre condamnée, porte, fenêtre qu'on
a bouchée et qui ne s'ouvre plus.
CONDAMNER ( kon-da-né), V. a. || 1° Terme de
jurisprudence. Prononcer un jugement contre quel-
qu'un. Condamner quelqu'un à la mort, à l'exil, aux
dépens, à l'amende. Dieu condamne et punit ceux
qui l'offensent, LA BRUY. XVI. .... Un peuple infor-
tuné Qu'à périr avec moi vous avez condamné, RAC.
Eslh. m, 4. L'un défenseur zélé des bigots mis en
jeu Pour prix de ses bons mots le condamnait au
feu, EOIL. Épit. vu. || En style judiciaire, on dit con-
damner en, quand il s'agit d'une somme d'argent
La cour l'a condamné en mille francs d'amende.
C'est un archaïsme. || On a dit condamner de, en
place de condamnera, qui est seul usité présente-
ment. Quelqu'un vient d'être condamné en justice
de payerpourunautre,LABRUY.Tfté'ppftr.l2. || 2°Par
extension, il se dit des choses qui portent condam-
nation. Voilà les preuvesqui l'ont condamné. ^"Con-
damner un livre, en parlant des tribunaux ecclé-
siastiques ou civils, en interdire la lecture et eh
ordonner la saisie ou la destruction. || 4° Fig.
Réduire, astreindre, vouer. Ses fonctions le con-
damnent à une extrême assiduité. H'est condamné
par ses infirmités à quitter le service militaire. Un
rigoureux devoir me condamne au silence, RAC.
Milhr. n, 6. Quel champ couvert de morts me con-
damne au silence? m..Iphig. iv, 4. Apprendre à
CON
cette charge concurremment. || 3° Terme de prati-
que.' Au même rang. Ces créanciers viennent en or-
dre concurremment.
— ÉTYM. -Concurrent, et le suffixe ment.
CONCURRENCE (kon-ku-rran-s"), s. f. j| i° Pré-
tention de plusieurs personnes à un même objet.
Un fils qui veut entrer en concurrence avec son
père, MOL. l'Av. iv, 4. Dans les mouvements de
l'ambition et les vivacités des concurrences, MASS.
Car. Conf. Doux et patient dans les concurrences
infinies des intérêts et des passions, m. Carême,
Samar. Dieu rompait une société de plaisirs par
des dissensions et des concurrences, ÎD. Profession
religieuse, Sermon i. Tout se réduisit à deux mé-
thodes [pour construire les vaisseaux] : l'une de
M. du Quesne si fameux et si' expérimenté dans la
marine, l'autre de M. Renau jeune encore et sans
nom ; la concurrence seule était une assez grande
gloire pour lui, FONTEN. Renau. C'est vous qui leur
gagnez sur moi la préférence, Moi que déshonorait
la seule concurrence, VOLT. Catil. n, i. Vous voyez
toutefois qu'en cette concurrence Un monarque en-
tre nous met quelque différence, COEN. Cid, i, 3.
Après une amitié de vingt ans, tous deux se cru-
rent des droits à une même place,- et cette concur-
rence, qui aurait détruit peut-être sans retour une
amitié commune, ne put altérer celle de MM. d'Arci
et le Roi, CONDORCET, d'Arci. || Être en concur-
rence, être en balance, incertain. Grâce à Dieu,
mon bonheur n'est plus en concurrence, MOL. ÉC.
des f. V; 3. || Entrer en concurrence avec, balancer.
Nul intérêt n'était jamais entré dans son âme en
concurrence avec la vérité, MASS. Or. fun. Conty.
Le mérite qui entre en concurrence avec lui, ID.
Petit car. Tentât. || 2° Terme de commerce. Rivalité
entre marchands ou. fabricants ou entrepreneurs.
Redouter, soutenir la concurrence. La concurrence
que certains produits français font aux produits
anglais sur les marchés de l'Amérique. |j En termes
d'économie politique, le principe de la libre con-
currence, liberté pour les individus de concourir
dans toutes les branches de la production. Concur-
rence des bras, des capitaux. C'est la concurrence
qui met un prix juste aux marchandises, MONTESQ.
Esp. xx, 10. L'effet d'un régime réel de liberté et
de concurrence est de nous mettre tous dans une
situation où chacun peut tirer de ses forces et de
ses ressources tout ce que légitimement elles peu-
vent donner, DONOYER, Liberté du travail, t. i,
p. 450. I| 3° Terme de jurisprudence. Égalité de
droit, de position, d'ordre. Venir en concurrence
avec tel et tel créancier. || Droit .qui appartient à
différents juges ou officiers publics de connaître
d'une affaire. || 4° Concurrence d'office, terme de bré-
viaire , qui se dit lorsqu'aux secondes vêpres d'une
fête double il se trouve un autre office de fête
double qui se doit célébrer le jour suivant. || 5° Jus-
qu'à concurrence, jusqu'à la concurrence de, jus-
qu'à ce que telle somme soit remplie, acquittée.
Vous rembourserez jusqu'à concurrence de tant.
|| Absolument. Jusqu'à due concurrence.
— HIST. xv° s. Aucune fois la concurrence Des
signes et les mocions Avec les opposicions, EUST.
DESCH. Poésies mss. î° 460, dans LACURNE. ||xvie s.
Si elle meritoit ce beau nom, ce debvoit estre en
concurrence, non par privilège, MONT.*I, 09. [Nous
nous liâmes] d'une faim, d'une concurrence pa-
reille, ID. i, 213. Nous avons formé une vérité par
la consultation et concurrence de nos cinq sens, m.
n, 359..La réduction de l'Eglise en bonne concur-
rence et union de doctrine, M. DU BELL. 24G. Alors
ilz departoient à leurs gens des biens qu'ilz y trou-
voient, jusques à la concurrence de ce qui leur pou-
voit estre deu de soulde, AMYOT, Eumènes, 15. Il y
avoit desja quelque peu de picque entre eulx, et
ceste concurrence [pour la préture] les meit encore
plus avant en querelle, AMYOT, Brulus, 8.
— ËTYM. Concurrent.
CONCURRENT, ENTE (kon-ku-rran, ran-t') , s.
m. et f. || i" Celui, celle qui prétend à une chose en
même temps qu'un autre. Il s'est débarrassé de la
foule importune, Du turbulent espoir de tant de con-
currents, CORN. Pulch. n, I. La reine des dieux
serait bien aise de nuire à sa concurrente, LA FONT.
Psycli. liv. n, p. 157. L'orgueil assortit mal ces su-
perbes rivaux [Pompée et César], Et, bien que con-
currents, ils ne sont pas égaux , BRÉBEUF, Phars. i.
Tous chemins vont à Rome; aussi nos concurrents
Crurent pouvoir choisir des sentiers différents, M
FONT. Fabl. xn, 27. On dit que Psyché lui dispute
[à Venus] la prééminence des charmes ; c'est juste-
ment le moyen de la rendre furieuse; sa concur-
rente fera fort bien, de ne pas tomber entre ses mains,
CON
LA FONT. Psyché, n, p. m. Mais si pour concurrent
je n'avais que mon frère, RAC. Phèd. ir, 2. On ne
sent aucune jalousie dans M. Leibnitz ; il excite tout
le monde à travailler; il se fait des concurrents s'il
peut, FONTEN. Leilmits. Concurrent malheureux à
cette place insigne, VOLT. Catil. i, 6. L'oracle est
accompli dans tous ses points, excepté dans celui
qui exige qu'il terrasse ses .rivaux; mais il a-fait
plus, il a sauvé la vie du seul concurrent qu'il pou-
vait craindre, VOLT. Princesse de Babyl. 2. || 2°Terme
de commerce et d'adjudication. Celui qui fait con-
currence; celui qui dispute une enchère. || 3° Adjec-
tivement. Qui concourt, qui agit simultanément.
Il y a des muscles qui se meuvent ensemble pour
s'aider les uns les autres; on les peut appeler con-
currents, BOSS. Connaiss. n, 2. || Jours concurrents,
jours surnuméraires aux cinquante-deux semaines
de l'année (l'année commune étant de 62 semaines
et un jour, et l'année bissextile de 52 semaines et
deux jours) ; ainsi nommés, parce qu'ils concourent
avec le cycle solaire ou qu'ils en suivent le cours.
La première année du cycle solaire on compte un
concurrent; la deuxième deux; la troisième trois;
la quatrième quatre; la cinquième six, parce que
cette année est bissextile; la sixième sept; la sep-
tième un, et ainsi de suite, en recommençant tou-
jours par un après avoir compté sept, parce qu'il
n'y a que sept concurrents, autant que de lettres
dominicales.
— HIST. xme s. Li autres nombres a nom concur-
rens, parce qu'il cort avoec les réguliers por mons-
trer par quel jor cascuns mois entre, Comput, f" 4.
|| xvi" s. L'autre roy Agesilaus son concurrent [com-
pagnon, co-roi], se trouvant lors en fort bas aage,
AMYOT, Agesilaus, 32. Au mesme temps, Curion,
compagnon et concurrent de Faonius en cest office
d'ôedile, ID. Cat. d'Utiq. 02. C'est une louange pro-
pre et singulière à Dion qu'il n'a point eu de con-
current ny d'aide à ce faire ; comme Brutus eut
Cassius, m. Dion et Brulus, t. Pour cela il fault
que puissance et fortune soyent concurrentes en un,
avec justice et prudence, ID. Dion, I.
— ÉTYM. Provenç. concurren ; espagn. concur-
rente; ital. concorrenle; du latin concurrere, con-
courir (voy. CONCOURIR).
CONCUSSION (kon-ku-ssion; en poésie, de qua-
tre syllabes), s. f. Exaction, malversation dans l'ad-
ministration des deniers publics. Sosie de la livrée
a passé par une petite recette à une sous-ferme : et
par les concussions, la violence et l'abus qu'il a fait
de ses pouvoirs, il s'est enrichi sur les mines de
plusieurs familles, LA BKUY. VI. || Terme de droit.
Perception.frauduleuse, par un fonctionnaire, de
taxes qui ne sont pas dues.
^- HIST. xvi" s. Le mut esternua en insigne vé-
hémence et concussion [secousse] de tout le cors,
RAB. Pant. m, 20. C'est une chose merveilleuse, que
la foy soustient les coeurs des fidèles au milieu de
telles concussions et si rudes, CALV. Inslit. 434.
Les oiseaux qui tumbent de l'air en terre ne cheent
pas pource que l'air, agité par aucune véhémente
concussion, se rompe ny se fende.... AMYOT, Pomp. 39.
En l'exercice duquel estât il se gouverna si honnes-
tement, qu'il ne fut jamais souspeçonné de corrup-
tion ny de concussion quelconque, ID. Cicéron, tl.
Exemptes d'avarice, cruauté, ambition, injustice et
de toute concussion, CARL. IX , 1. Par tel tremble-
ment est faite une secousse et concussion de tous
les humeurs contenus dedans le corps, PARÉ, In-
trod. 25.
— ËTYM. Lat. concussio, proprement secousse,
ébranlement, et, par extension, extorsion; du supin
concussum, de concutere, de cum, et cutere, frapper.
CONCUSSIONNAIRE (kon-ku-ssio-nê-r'). || 1° S.
m. Celui qui se rend coupable de concussion. Un
concussionnaire qui ne pardonnait pas à Sénèque le
châtiment de ses extorsions, DIDER. ESS. sur Claude.
|| 2° Adj. Ministre, percepteur concussionnaire.
— HIST. xvr s. Et neanlmoins ne se peut Opi-
mius garder d'estre concussionnaire et larron,
AMYOT, Opim. 54. Aussi à la vérité, il ne fust ja-
mais concussionnaire, CARL. VI, -H.
— ËTYM. Concussion.
CONDAMNABLE (kon-da-na-W), adj. Qui mérite
d'être condamné, d'être blâmé. Action condamna-
ble. Il est condamnable d'avoir ainsi parlé. Ah! d'un
si grand service oubli trop condamnable, RAC. Esth.
il, 3. Vous voulez voir encor cet objet condamna-
ble, VOLT. Tancr. il, 5.
— HIST. xvi" s. Ilsseroyent condamnables si ils
y parvenoyent au détriment public ou particulier,
LANODE, 86.
— ÉTYM. Condamner.
CON
CONDAMNATION (kon-da-na-sion; eil poésie, de
cinq syllabes), s. f. || l'Action de condamner; juge-
ment qui condamne. Il y a eu condamnation contre
lui. Condamnation à l'amende, aux travaux forcés.
Condamnation contradictoire. || La chose à laquelle
on est condamné. Condamnation solidaire. || La peine
infligée. Subir sa condamnation. || Au plur. Les con-
damnations, amende, dommages-intérêts, répara-
tions, frais, etc. résultant du jugement. Acquitter
les condamnations. || Passer condamnation, con-
sentir que la partie adverse obtienne jugement à son
avantage. || Subir condamnation, acquiescer à un
jugement dont on pourrait interjeter appel. || Fig.
Passer condamnation, reconnaître qu'on a eu tort.
Il a peur qu'on ne croie qu'il ait passé condam-
nation sur les livres de Mme Guyon, BOSS. Relat. Ce
ministre passe condamnation pour Luther et pour
Mélanchthon, ID. Avert. 2. Passez donc condamna-
tion sur le fait, ID. Avert. 4.11 est prêt à passer con-
damnation pour prévenir l'arrêt du juge, ID. Pin. f.
|| Dans le même sens, prendre condamnation. Il
fait sentir la supériorité qu'il a; je la lui passe tout
entière, et je prends condamnation, MONTESQ. Lett.
pers. 74. || 2" Blâme. Notre amour-propre'souffre
plus patiemment la condamnation de nos goûts que
de nos opinions. || 3° Ce qui fait improuver, blâmer.
La conduite de ce ministre est la condamnation de
celle qu'ont tenue ses prédécesseurs. Ils auraient
porté avec eux leur condamnation, BOSS. Hist. n,
13. U a mangé et bu sa condamnation [en commu-
niant], MASS. Car. Comm.
— HIST. xvi" s. Il faut que moi et eux passions
condamnation sitost que Dieu a parlé, CALVIN, 221.
Nous avons esté rachetez de condamnation de mort,
ID. lnstit. 624.
— ËTYM. Provenç. condemnacion, condempna-
tion; espagn. condenacion; ital. condennazione; du
latin condemnationem, ie condëmnare, condamner.
t COND AMNATOIRE '(kon-da-nâ-toi-r'), adj. Terme
d'ancienne pratique. Qui porté condamnation.
— HIST. xvie s. Condamnatoire; 'MONÈT, Dict.
— ÉTYM. Provenç. condempnàtori; espagn. conde-
natorîo;,ital. condannatorio; du latin condemnàto-
rius, de condëmnare, condamner (voy. CONDAMNER).
CONDAMNÉ, ÉE (kon-da-né, née), part, passe.
|| 1° Qui a subi une condamnation: La partie con-
damnée. Un criminel condamné à la peine capitale.
Il est certain qu'il y a des démons, des génies mal-
faisants et condamnés à des tourments éternels; la
religion nous l'apprend, FONTEN. Oracles, i, i
|| Subslantivement. Un condamné, une condamnée,
ne se dit qu'en matière criminelle. Le dernier jour
d'un condamné, titre d'un livre de V. Hugo. || Fig.
Qu'elle puisse à nous voir n'être plus condamnée,
RAC. lphig. m, 4. || 2° Blâmé. Conduite condamnée
par tout le monde. Homme condamné même par ses
amis. Quel crime a donc commis'ce fils* tant con-
damné? RAC Brit. iv, 2. 0 ciel ! s'i Tiotre amour est
condamné de toi, ID. B'df. î, 4. C'est une erreur con-
damnée de dire que le prêtre ne.peut ni ne doit
point absoudre le pénitent, à nïdihs que celui-ci n'ait
pleinement satisfait "à toutes les oeuvres qui lui ont
été ordonnées, BOURD. Pensées, i.iu, p. 430. || 3°Un
malade condamné par son médecin, un malade du-
quel le médecin pense que là maladie est mortelle.
11 4° Porte, fenêtre condamnée, porte, fenêtre qu'on
a bouchée et qui ne s'ouvre plus.
CONDAMNER ( kon-da-né), V. a. || 1° Terme de
jurisprudence. Prononcer un jugement contre quel-
qu'un. Condamner quelqu'un à la mort, à l'exil, aux
dépens, à l'amende. Dieu condamne et punit ceux
qui l'offensent, LA BRUY. XVI. .... Un peuple infor-
tuné Qu'à périr avec moi vous avez condamné, RAC.
Eslh. m, 4. L'un défenseur zélé des bigots mis en
jeu Pour prix de ses bons mots le condamnait au
feu, EOIL. Épit. vu. || En style judiciaire, on dit con-
damner en, quand il s'agit d'une somme d'argent
La cour l'a condamné en mille francs d'amende.
C'est un archaïsme. || On a dit condamner de, en
place de condamnera, qui est seul usité présente-
ment. Quelqu'un vient d'être condamné en justice
de payerpourunautre,LABRUY.Tfté'ppftr.l2. || 2°Par
extension, il se dit des choses qui portent condam-
nation. Voilà les preuvesqui l'ont condamné. ^"Con-
damner un livre, en parlant des tribunaux ecclé-
siastiques ou civils, en interdire la lecture et eh
ordonner la saisie ou la destruction. || 4° Fig.
Réduire, astreindre, vouer. Ses fonctions le con-
damnent à une extrême assiduité. H'est condamné
par ses infirmités à quitter le service militaire. Un
rigoureux devoir me condamne au silence, RAC.
Milhr. n, 6. Quel champ couvert de morts me con-
damne au silence? m..Iphig. iv, 4. Apprendre à
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