Titre : Dictionnaire de la langue française.... Tome 1 / par É. Littré,...
Auteur : Littré, Émile (1801-1881). Auteur du texte
Éditeur : L. Hachette (Paris)
Date d'édition : 1873-1874
Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30824717s
Notice d'oeuvre : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12250808s
Type : monographie imprimée monographie imprimée
Langue : français
Format : 4 vol. ; gr. in-4 4 vol. ; gr. in-4
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Description : [Dictionnaire de la langue française (français)] [Dictionnaire de la langue française (français)]
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Avec mode texte Avec mode texte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5406710m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-49508
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2008
AGR
mier qui est la cause du conflit. Il est possible que
celui qui attaque ne soit pas l'agresseur, l'agression
pouvant consister en toute autre chose qu'une attaque.
Attaque est l'acte, le fait; agression- est l'acte, le
fait considéré moralement et pour savoir à qui est
le premier tort.
— HIST. xvi' s. Et nous rendre coulpables d'une
aggression publique et générale, LANOUE, 608. Je
vueil entièrement que le tort et blasme de l'aggres-
sioiï tombe sur luy, M. DU BELL. 290.
— ÉTYM. Aggressio (voy. AGRESSEUR).
AGRESTE (a-grè-sf) ,adj. || 1° Qui a un caractère
de* rusticité sauvage. Tous les étrangers ne sont pas
barbares, et tous nos compatriotes ne sont pas civi-
lisés : de même que toute campagne n'est pas agreste,
et toute ville n'est pas polie, LA BHUY. IZ-. De même
que l'espèce humaine parait agreste , contrefaite et
rapetissée dans les climats glacés du Nord.... BUFF.
Chien. [| 2° Il se dit aussi quelquefois en parlant des
personnes. Homme agreste. Manières agrestes. Les
Romains étaient un peuple agreste. || Oh le met
avant son substantif en consultant l'oreille.
— SYN. AGRESTE, CHAMPÊTRE. Agreste n'est pas
synonyme de champêtre. Agreste emporte avec
lui l'idée dé sauvage; champêtre', l'idée de la cul-
ture et des agréments qui l'accompagnent; Un
lieu agreste présente quelque chose de triste à la
vue; Un lieu champêtre offre un spectacle gai et
riant.'
— HIST. xtv" s. Et 16 vicieux qui deffaut eh ceste
matière est appelle aigre, agreste et dur, ORESME,
Eth. isâ. Et Celui qui fuit toiiz' tiex deliz de corps,
il est agreste et insensible, ID. ib. 37;
— ÊTYM. Provenç. agrest; espagn. etital. agreste;
i'agrestis, de ager, àypôç, champ; Agreste paraît
avoir été introduit par Oresme.
f AGREYEUR (à-grè^ieûr), s. m. Ouvrier qui fait
passer lé fil de fer par la filière.
AGRICOLE (a-gri-ko-1'), âdj. || 1° Adonné à l'agri-
culture. Peuple, pays, agricole. Une nation agricole
peut, moins qu'une autre peut-être, se passer du plus
grand crédit,MIRAB. Collection, t. IV,p. 230. || 2° Qui
a rapport à i'âgriculture.Travàil, industrie agricole.
Produits agricoles. || 3° S. m. Agriculteur. Ce sens,
qui est le sens propre et d'étymôlogie, est tombé en
désuétude. On dit agriculteur. Choiseul est agricole
et Voltaire est fermier, VOLT. Temps présent. || Il se
place toujours après le substantif : Peuple agricole,
nation agricole.
— HIST. xvi* s. C'est lé moien descrit par Colu-
melle,duquel se servoit Marc Columelle son oncle,
sçavant agricole, pour rendre fertiles ses terres à
grains et ses vignes, 6. DE SERRES , 71.
—ËTYM. Agricola, de ager, champ (voy. AGRESTE),
et colère,cultiver (voy. CULTURE). On voit qu'Olivier
de Serres l'emploie au sens latin*comme substantif.
AGRICULTEUR (a-gri-kul-teur). || i° S. m. Celui
qui cultive la terre. || 2" Adj. [Il] abandonne pour moi
le soc agriculteur, M. J. CHÉN. Cyfus, in, 2.
— REM. Des lexicographes ont attaqué agricul-
teur comme néologique et barbare. C'est un néolo-
gisme en effet; car agriculteur n'a commencé à
se dire que dans le xviïi* siècle, et Voltaire s'en
est souvent servi. Mais ce n'est point un terme bar-
bare; on dit que culieur n'est pas français : en
effet; mais agri ne l'est pas davantage, et cette
objection frapperait agricole. que l'on recomman-
dait en place. Agriculteur est la transcription du
latin agricultor, qui est une formation très-cor-
recte. .
— SYN. AGRICULTEUR, CULTIVATEUR, COLON. L'a-
griculteur est celui qui s'occupe d'agriculture ; il • se
dit par rapport à la campagne en général ; il se prend
adjectivement, et l'économie politique distingue
les peuples agriculteurs des peuples, chasseurs
et pasteurs. Cultivateur se dit par rapport à un champ
particulier qu'on exploite; il désigne celui qui
laboure, qui sème, qui taille, qui récolte. Aussi
dit-on un petit cultivateur, et non un petit agri-
culteur. Le colon fait partie de la population des
campagnes; il y habite : voilà tout ce que le mot in-
dique. .
— ÊTYM. Agricultor, de ager, champ (voy. AGRES-
TE), et cultor, qui cultive, de cultum, supin de co-
lère,, cultiver (voy. CULTE).
AGRICULTURE (a-gri-kul-tu-r'), s. f. Art de cul-
tiver la terre. On a besoin, pour l'agriculture, de
distinguer les saisons et d'en connaître le retour, LA
PLACE, Expos, v, t. Dans la suite tout ce pays sera
peuplé de familles vigoureuses et adonnées à l'agri-
culture, FÉNEL. Tél. xn. On a soin de réserver ce
qu'il y a de mieux dans les grands troupeaux de
boeufs pour faire fleurir l'agriculture, n>. ib. v. L'a-
AGR
griculture, qui est le fondement de la vie humaine,
est la source de tous les" vrais biens, ID. t!>. xix.
— ÉTYM. Provenç. et espagn. agricultura; ital.
agricoltura; à'agricultura (voy. AGRICULTEUR); mot
mis en usage dans lé xvn" siècle.
AGltlE (a-grie), s. f. Terme de médecine. Nom
donné par quelques auteurs à la dartre rongeante.
— ETYM. "Afpto;, sauvage, de «Ypôç, champ
(voy. AGRESTE).
t AGRIER (a-gri-é), s. m. ou AGRIËRE (a-gri-ê-
r'), s. f. Terme de droit ancien. Certaine quotité du
produit d'un champ levée comme impôt. Des rentes
seigneuriales, les unes sont fixées en argent, en
grain, en volailles, etc. et c'est à proprement par-
ler ce qu'on appelle rentes seigneuriales; les autres
se lèvent en espèces lors de la récolte, à une cerr
taine quotité, plus ou moins, selon la quantité des
gerbes que la terre donne, et c'est ce qu'on appelle
champart ou agrier, VAUBAN, Dîme, H.
— HIST. xve s. Hz avoient prins sept quinteaulz
de gerbes par droit d'agrier ou teraige, DU CANGE,
agrarium.
— ÉTYM. Provenç. agreira; bas-lat. agrerium,
agreriq, agrarium; de agrarius (voy. AGRAIRE).
AGRIFFÉ, ÉE (a-^gri-fé, fée), part, passé. Un chat
agriffé à un arbre;.
AGRIFFER (S') (a-gri-fé), v. réfl. S'attacher avec
ses griffes.
— ÉTYM. À et griffer. *
t AGRIMENSEUR (a-gri-man-seur), s. m. Terme
d'antiquité romaine. Arpenteur.
— ÉTYM. Ager, champ (voy. AGRESTE), et men-
sor, qui mesure, de metiri, mesurer (voy. ME-
SURE).
f AGRIOPHAGE (a-gri-o-fa-j'), s. m. Homme
qui se nourrit d'animaux sauvages.
■■—ÉTYM. "AYPIOÇ, sauvage, de àypôç, champ
(voy. AGRESTE), et çayeTv, manger (voy. PHAGE,
suffixe).
AGRIPAUME (a-gri-pô-m'), s. f. Terme de bota-
nique. Plante labiée à fleurs pourpres ou blanches,
qui passait autrefois pour tonique, vermifuge et car-
diaque (leonurus cardiaca, L.).
— HIST. xvi" s. Thym, origan, agripaume, Sa-
bine et autres semblables-, PARÉ, xvin, 83. Agri-
paume, appelée en latin cardiaca, vient sans nul
soin, en lieux mal cultivés, o. DESERRES, 027.
AGRIPPÉ, ÉE (a-gri-pé, pée ), part, passé. La
bourse agrippée adroitement.
AGRIPPER (a-gri-pé), v. a. Prendre, saisir avi-
dement.
— HIST. XV s. Bertrand agrappa la pique, DU
CANGE, arrapare.
— ÉTYM. Autre forme û'agrifler, l'f se permutant
sans peine en p.
f AGRtPPINIEN (a-grip-pi-niin ), s. m. Terme
d'histoire ecclésiastique. Disciple d'Agrippin, suivant
qui le baptême administré par les hérétiques n'est
pas valable.
f AGROGRAPHIE (a-gro-gra-fie), s. f. Descrip-
tion de ce qui a rapport à la culture des champs.
— ÉTYM. ^Ypôç, champ (voy. AGRESTE), et YP9ew, décrire (voy. GRAPHIQUE).
t AGROLLË (a-gro-1'), s. f. Nom vulgaire de la
corneille noire.-
f AGROLOGIE (a-gro-lo-jie), s. f. La science qui
a pour objet la connaissance des terrains dans leur
rapport avec l'agriculture.
— ÉTYM. 'Aypô;, champ (voy. AGRESTE), et Jô-yos,
traité (voy. LOGIQUE).
AGRONOME (a-gro-no-m'), s. m. Celui qui est
versé dans l'agriculture. Les agronomes les plus ha-
biles.
— ÊTYM. 'AYPOV6IJ.OÇ, qui vit dans les champs,
de oeYpèç, champ (voy. AGRESTE), et v6[ioç, loi, de
v^etv, diriger (voy. NOME).
AGRONOMIE (a-gro-no-mie), s. f. Théorie de l'a-
griculture.
— 'ÉTYM. "\Ypovo(jLta (voy. AGRONOME),
AGRONOMIQUE (a-gro-no-mi-k'), adj. Qui a rap-
port à l'agronomie. Science agronomique. Société
agronomique.
— ÉTYM. Agronome.
t AGROSTIDE (a-gro-sti-d' ), s. f. Genre de plan-
tes annuelles ouvivacesde la famille des graminées.
Les agrostides sont recherchées des bestiaux.
— ÉTYM. "AYpwariç.
t AGRÔUËLLE (a-grou-él'), s. f. \\ i°Terme de bo-
tanique. Nom vulgaire donné, dans quelques cantons, i
à la scrofularie noueuse, à cause qu'on lui attribue <
de l'efficacité Contre les écrouelles. || 2° En zoo- i
logie, nom vulgaire de la crevette des ruisseaux ]
ou gammare pulex, parce que, d'après un préjugé ]
AGU 8S
populaire, cet animal engendre des ulcères dans
la bouche, si on l'avale pu si l'on boit de l'eau où il
a séjourné. On dit aussi agrouette.
— ÉTYM. Altération d'écroueïïes (voy. ce mot).
+ AGROUPÉ, ÉE (a-grou-pé, pée), ad;. Terme
d'art. Disposé en groupes, ajusté. Les contrastes
savants des membres agroupés, Grands, nobles,
étendus et bien développés, MOL. La gloire du Val
de Grâce. Il faut que les membres soient agroupés
aussi bien que le corps, don* FÉLIBIEN.
t AGROUPER (a-groû-pé), ». o. Mettre en groupe.
— ÉTYM. 1 et groupe?. On a prétendu que ce
mot est un barbarisme ; mais ii est formé très-régu-
lièrement de à et groupe, et Molière l'a em-
ployé.
AGUERRI, IE (a-ghè-ri, rie), port, passé et adj.
Accoutumé à la guerre, ou, figurément, à tout ce
qui peut être considéré comme une sorte de guerre.
Soldats aguerris. Être aguerri aux coups de la fortune.
Plus aguerri contre les larmes. Etait-ce par faiblesse
que ce peuple demandait la paix? Vous voyez bien
que non, puisqu'il est si aguerri et soutenu par des
voisins redoutables, FÉN. TéL.x. Mes peuples aguer-
ris sous votre discipline, CORN. Sertor. v, i. GaniC-
tor né timide et dans la paix nourri, Aux belliqueux
accords n'était point aguerri, MILLEV. Élég. liv. n.
Aguerri à l'adulation, D'JLLEMB. II, 34.
AGUERRIR (a-ghè-rir, et nona-ghè-rrir,comme
disent quelques-uns) , v. a- || 1° Accoutumer à la
guerre. Aguerrir une armée par de fréquentes expé-
ditions. || 2° Fig; Accoutumer à une chose pénible.
Il a peine à s'accoutumer à la raillerie ; il faut l'y
aguerrir. || 3° S'aguerrir,v. réfl. Les Moscovites s'a-
guerrissaient tous les jours. Tâchez de vous aguerrir
contre les voluptés.
— ÉTYM. À et guerre. Il est singulier que le mot
ne se trouve pas avant le xvn 0 siècle. Il y avait
aguerroier avec «n sens différent,faire la guerre à.
AGUETS (a-ghè), s. m. plur. ||.i° Embuscade.
Être aux aguets, se tenir aux aguets, épier pour sur-
prendre ou pour éviter d'être surpris. Elles sont sou-
vent aux aguets et aux -embûches, BALZ. 4° dise,
sur la Cour. Notre cagot s'était mis aux aguets, LA
FONT. Iferm. Que l'innocent ne tombe aux aguets
du méchant, RÉGNIER. Sat. n. || 2° Au sing. Quand
Faguet d'un pirate arrêta leur voyage, MALH. I,
4. || 3° D'aguet, loc. adv. Je me tapis d'aguef der-
rière une muraille, RÉGNIER, Sat. xi.;., le laissant
d'aguet, j'eusse pu faire gile, ID. Sat. vm. Je passe
outre d'aguet sans en faire semblant, m. SaU x.
Feignant de m'en aller, d'aguet je me retourne j ID.
Sat. XIII.
— REM. L'Académie ne donne aguets que dans
les locutions comme : se tenir aux aguets, être aux
aguets, mettre aux aguets; mais on pourrait le dé-
gager de cette chaîne et le remettre dans la circula-
tion, non-seulement au pluriel, mais aussi, comme
Malherbe, au singulier, et dire les aguets de la
fraude, l'àguet avait été dressé.
—HIST. xtie s. Lors chevalchierent droitement
à Soissons, Lor agait metent dedens un val par-
funt, Raoul de C. 230. || xiu" s. Dont se parti par
nuit de Constantinoble à grant plenté de son ost,
et se mist en un aguet où cil dévoient venir, VIL-
LEH. XCIX. Quant Salehedin vit que sa première
esciele se desconfissoit, si en fu moult cOureciés et
manda son àguait qu'ilâvoit repus [caché],et sefe^
rirent tout à un es os [dans les Camps], Chr- de Rains.
26". Qu'il ne face riens, né né die Qui ja puist aguet re-
sembler , la Rose, 217 i 9. Murdres, si est'quaût aucuns
tue ou fet tuer autrui eh agait apeiisé [avec prémé-
ditation] puis soleil couquant diisqu'à soleil levant,
EEAUM. xxx, 3. ||xiv s. Et pour Celui qui fait mal
par aguet cuide bien que celui à qui il lé fait souffre
injuste, ORESME,-Eik. 159. En ladite niellée qui
estoit meue chaleureusement et sans àguêt, bù
CANGE, aventurerius.\\xsé s. Retraiez vous, regârt
mal avisé; Vous cuidez bien que Eafluy ne vous
voie; Certes, aguet par tous lieux vous convoyé
Privéement, en habit desguisé, es. D'ORL. Rondel. 40.
Si se doit le prince contenir en telle manière qu'on
né cuide mie qu'il vueille partir pour fuyr, mais
qu'il vueille appareillier son agait [prendre position],
CHR. DEPISAN, Charles T, u, ch. 33. Le vaiÙàht
mareschal par son sens et par son aguet leur es-
toit sur le col avant que ils s'en donnassent de garde,
Bouciq. i, ch. 23. Et se mirent et establirént en
trois aguets, afin que cils ne leur pussent mie es-
chapper, FROISS. I, I, 108. ||XVI« S. IL la fault ten-
ire [l'âme] et raidir d'aguet [par une forte volonté],
MONT, II, 126. H fault au mariage des fondemens
plus solides et plus constans, et y marcher d'aguet;
:D. m, 3(9. X l'heure qu'il vit ce singe en aguet, i
mier qui est la cause du conflit. Il est possible que
celui qui attaque ne soit pas l'agresseur, l'agression
pouvant consister en toute autre chose qu'une attaque.
Attaque est l'acte, le fait; agression- est l'acte, le
fait considéré moralement et pour savoir à qui est
le premier tort.
— HIST. xvi' s. Et nous rendre coulpables d'une
aggression publique et générale, LANOUE, 608. Je
vueil entièrement que le tort et blasme de l'aggres-
sioiï tombe sur luy, M. DU BELL. 290.
— ÉTYM. Aggressio (voy. AGRESSEUR).
AGRESTE (a-grè-sf) ,adj. || 1° Qui a un caractère
de* rusticité sauvage. Tous les étrangers ne sont pas
barbares, et tous nos compatriotes ne sont pas civi-
lisés : de même que toute campagne n'est pas agreste,
et toute ville n'est pas polie, LA BHUY. IZ-. De même
que l'espèce humaine parait agreste , contrefaite et
rapetissée dans les climats glacés du Nord.... BUFF.
Chien. [| 2° Il se dit aussi quelquefois en parlant des
personnes. Homme agreste. Manières agrestes. Les
Romains étaient un peuple agreste. || Oh le met
avant son substantif en consultant l'oreille.
— SYN. AGRESTE, CHAMPÊTRE. Agreste n'est pas
synonyme de champêtre. Agreste emporte avec
lui l'idée dé sauvage; champêtre', l'idée de la cul-
ture et des agréments qui l'accompagnent; Un
lieu agreste présente quelque chose de triste à la
vue; Un lieu champêtre offre un spectacle gai et
riant.'
— HIST. xtv" s. Et 16 vicieux qui deffaut eh ceste
matière est appelle aigre, agreste et dur, ORESME,
Eth. isâ. Et Celui qui fuit toiiz' tiex deliz de corps,
il est agreste et insensible, ID. ib. 37;
— ÊTYM. Provenç. agrest; espagn. etital. agreste;
i'agrestis, de ager, àypôç, champ; Agreste paraît
avoir été introduit par Oresme.
f AGREYEUR (à-grè^ieûr), s. m. Ouvrier qui fait
passer lé fil de fer par la filière.
AGRICOLE (a-gri-ko-1'), âdj. || 1° Adonné à l'agri-
culture. Peuple, pays, agricole. Une nation agricole
peut, moins qu'une autre peut-être, se passer du plus
grand crédit,MIRAB. Collection, t. IV,p. 230. || 2° Qui
a rapport à i'âgriculture.Travàil, industrie agricole.
Produits agricoles. || 3° S. m. Agriculteur. Ce sens,
qui est le sens propre et d'étymôlogie, est tombé en
désuétude. On dit agriculteur. Choiseul est agricole
et Voltaire est fermier, VOLT. Temps présent. || Il se
place toujours après le substantif : Peuple agricole,
nation agricole.
— HIST. xvi* s. C'est lé moien descrit par Colu-
melle,duquel se servoit Marc Columelle son oncle,
sçavant agricole, pour rendre fertiles ses terres à
grains et ses vignes, 6. DE SERRES , 71.
—ËTYM. Agricola, de ager, champ (voy. AGRESTE),
et colère,cultiver (voy. CULTURE). On voit qu'Olivier
de Serres l'emploie au sens latin*comme substantif.
AGRICULTEUR (a-gri-kul-teur). || i° S. m. Celui
qui cultive la terre. || 2" Adj. [Il] abandonne pour moi
le soc agriculteur, M. J. CHÉN. Cyfus, in, 2.
— REM. Des lexicographes ont attaqué agricul-
teur comme néologique et barbare. C'est un néolo-
gisme en effet; car agriculteur n'a commencé à
se dire que dans le xviïi* siècle, et Voltaire s'en
est souvent servi. Mais ce n'est point un terme bar-
bare; on dit que culieur n'est pas français : en
effet; mais agri ne l'est pas davantage, et cette
objection frapperait agricole. que l'on recomman-
dait en place. Agriculteur est la transcription du
latin agricultor, qui est une formation très-cor-
recte. .
— SYN. AGRICULTEUR, CULTIVATEUR, COLON. L'a-
griculteur est celui qui s'occupe d'agriculture ; il • se
dit par rapport à la campagne en général ; il se prend
adjectivement, et l'économie politique distingue
les peuples agriculteurs des peuples, chasseurs
et pasteurs. Cultivateur se dit par rapport à un champ
particulier qu'on exploite; il désigne celui qui
laboure, qui sème, qui taille, qui récolte. Aussi
dit-on un petit cultivateur, et non un petit agri-
culteur. Le colon fait partie de la population des
campagnes; il y habite : voilà tout ce que le mot in-
dique. .
— ÊTYM. Agricultor, de ager, champ (voy. AGRES-
TE), et cultor, qui cultive, de cultum, supin de co-
lère,, cultiver (voy. CULTE).
AGRICULTURE (a-gri-kul-tu-r'), s. f. Art de cul-
tiver la terre. On a besoin, pour l'agriculture, de
distinguer les saisons et d'en connaître le retour, LA
PLACE, Expos, v, t. Dans la suite tout ce pays sera
peuplé de familles vigoureuses et adonnées à l'agri-
culture, FÉNEL. Tél. xn. On a soin de réserver ce
qu'il y a de mieux dans les grands troupeaux de
boeufs pour faire fleurir l'agriculture, n>. ib. v. L'a-
AGR
griculture, qui est le fondement de la vie humaine,
est la source de tous les" vrais biens, ID. t!>. xix.
— ÉTYM. Provenç. et espagn. agricultura; ital.
agricoltura; à'agricultura (voy. AGRICULTEUR); mot
mis en usage dans lé xvn" siècle.
AGltlE (a-grie), s. f. Terme de médecine. Nom
donné par quelques auteurs à la dartre rongeante.
— ETYM. "Afpto;, sauvage, de «Ypôç, champ
(voy. AGRESTE).
t AGRIER (a-gri-é), s. m. ou AGRIËRE (a-gri-ê-
r'), s. f. Terme de droit ancien. Certaine quotité du
produit d'un champ levée comme impôt. Des rentes
seigneuriales, les unes sont fixées en argent, en
grain, en volailles, etc. et c'est à proprement par-
ler ce qu'on appelle rentes seigneuriales; les autres
se lèvent en espèces lors de la récolte, à une cerr
taine quotité, plus ou moins, selon la quantité des
gerbes que la terre donne, et c'est ce qu'on appelle
champart ou agrier, VAUBAN, Dîme, H.
— HIST. xve s. Hz avoient prins sept quinteaulz
de gerbes par droit d'agrier ou teraige, DU CANGE,
agrarium.
— ÉTYM. Provenç. agreira; bas-lat. agrerium,
agreriq, agrarium; de agrarius (voy. AGRAIRE).
AGRIFFÉ, ÉE (a-^gri-fé, fée), part, passé. Un chat
agriffé à un arbre;.
AGRIFFER (S') (a-gri-fé), v. réfl. S'attacher avec
ses griffes.
— ÉTYM. À et griffer. *
t AGRIMENSEUR (a-gri-man-seur), s. m. Terme
d'antiquité romaine. Arpenteur.
— ÉTYM. Ager, champ (voy. AGRESTE), et men-
sor, qui mesure, de metiri, mesurer (voy. ME-
SURE).
f AGRIOPHAGE (a-gri-o-fa-j'), s. m. Homme
qui se nourrit d'animaux sauvages.
■■—ÉTYM. "AYPIOÇ, sauvage, de àypôç, champ
(voy. AGRESTE), et çayeTv, manger (voy. PHAGE,
suffixe).
AGRIPAUME (a-gri-pô-m'), s. f. Terme de bota-
nique. Plante labiée à fleurs pourpres ou blanches,
qui passait autrefois pour tonique, vermifuge et car-
diaque (leonurus cardiaca, L.).
— HIST. xvi" s. Thym, origan, agripaume, Sa-
bine et autres semblables-, PARÉ, xvin, 83. Agri-
paume, appelée en latin cardiaca, vient sans nul
soin, en lieux mal cultivés, o. DESERRES, 027.
AGRIPPÉ, ÉE (a-gri-pé, pée ), part, passé. La
bourse agrippée adroitement.
AGRIPPER (a-gri-pé), v. a. Prendre, saisir avi-
dement.
— HIST. XV s. Bertrand agrappa la pique, DU
CANGE, arrapare.
— ÉTYM. Autre forme û'agrifler, l'f se permutant
sans peine en p.
f AGRtPPINIEN (a-grip-pi-niin ), s. m. Terme
d'histoire ecclésiastique. Disciple d'Agrippin, suivant
qui le baptême administré par les hérétiques n'est
pas valable.
f AGROGRAPHIE (a-gro-gra-fie), s. f. Descrip-
tion de ce qui a rapport à la culture des champs.
— ÉTYM. ^Ypôç, champ (voy. AGRESTE), et YP
t AGROLLË (a-gro-1'), s. f. Nom vulgaire de la
corneille noire.-
f AGROLOGIE (a-gro-lo-jie), s. f. La science qui
a pour objet la connaissance des terrains dans leur
rapport avec l'agriculture.
— ÉTYM. 'Aypô;, champ (voy. AGRESTE), et Jô-yos,
traité (voy. LOGIQUE).
AGRONOME (a-gro-no-m'), s. m. Celui qui est
versé dans l'agriculture. Les agronomes les plus ha-
biles.
— ÊTYM. 'AYPOV6IJ.OÇ, qui vit dans les champs,
de oeYpèç, champ (voy. AGRESTE), et v6[ioç, loi, de
v^etv, diriger (voy. NOME).
AGRONOMIE (a-gro-no-mie), s. f. Théorie de l'a-
griculture.
— 'ÉTYM. "\Ypovo(jLta (voy. AGRONOME),
AGRONOMIQUE (a-gro-no-mi-k'), adj. Qui a rap-
port à l'agronomie. Science agronomique. Société
agronomique.
— ÉTYM. Agronome.
t AGROSTIDE (a-gro-sti-d' ), s. f. Genre de plan-
tes annuelles ouvivacesde la famille des graminées.
Les agrostides sont recherchées des bestiaux.
— ÉTYM. "AYpwariç.
t AGRÔUËLLE (a-grou-él'), s. f. \\ i°Terme de bo-
tanique. Nom vulgaire donné, dans quelques cantons, i
à la scrofularie noueuse, à cause qu'on lui attribue <
de l'efficacité Contre les écrouelles. || 2° En zoo- i
logie, nom vulgaire de la crevette des ruisseaux ]
ou gammare pulex, parce que, d'après un préjugé ]
AGU 8S
populaire, cet animal engendre des ulcères dans
la bouche, si on l'avale pu si l'on boit de l'eau où il
a séjourné. On dit aussi agrouette.
— ÉTYM. Altération d'écroueïïes (voy. ce mot).
+ AGROUPÉ, ÉE (a-grou-pé, pée), ad;. Terme
d'art. Disposé en groupes, ajusté. Les contrastes
savants des membres agroupés, Grands, nobles,
étendus et bien développés, MOL. La gloire du Val
de Grâce. Il faut que les membres soient agroupés
aussi bien que le corps, don* FÉLIBIEN.
t AGROUPER (a-groû-pé), ». o. Mettre en groupe.
— ÉTYM. 1 et groupe?. On a prétendu que ce
mot est un barbarisme ; mais ii est formé très-régu-
lièrement de à et groupe, et Molière l'a em-
ployé.
AGUERRI, IE (a-ghè-ri, rie), port, passé et adj.
Accoutumé à la guerre, ou, figurément, à tout ce
qui peut être considéré comme une sorte de guerre.
Soldats aguerris. Être aguerri aux coups de la fortune.
Plus aguerri contre les larmes. Etait-ce par faiblesse
que ce peuple demandait la paix? Vous voyez bien
que non, puisqu'il est si aguerri et soutenu par des
voisins redoutables, FÉN. TéL.x. Mes peuples aguer-
ris sous votre discipline, CORN. Sertor. v, i. GaniC-
tor né timide et dans la paix nourri, Aux belliqueux
accords n'était point aguerri, MILLEV. Élég. liv. n.
Aguerri à l'adulation, D'JLLEMB. II, 34.
AGUERRIR (a-ghè-rir, et nona-ghè-rrir,comme
disent quelques-uns) , v. a- || 1° Accoutumer à la
guerre. Aguerrir une armée par de fréquentes expé-
ditions. || 2° Fig; Accoutumer à une chose pénible.
Il a peine à s'accoutumer à la raillerie ; il faut l'y
aguerrir. || 3° S'aguerrir,v. réfl. Les Moscovites s'a-
guerrissaient tous les jours. Tâchez de vous aguerrir
contre les voluptés.
— ÉTYM. À et guerre. Il est singulier que le mot
ne se trouve pas avant le xvn 0 siècle. Il y avait
aguerroier avec «n sens différent,faire la guerre à.
AGUETS (a-ghè), s. m. plur. ||.i° Embuscade.
Être aux aguets, se tenir aux aguets, épier pour sur-
prendre ou pour éviter d'être surpris. Elles sont sou-
vent aux aguets et aux -embûches, BALZ. 4° dise,
sur la Cour. Notre cagot s'était mis aux aguets, LA
FONT. Iferm. Que l'innocent ne tombe aux aguets
du méchant, RÉGNIER. Sat. n. || 2° Au sing. Quand
Faguet d'un pirate arrêta leur voyage, MALH. I,
4. || 3° D'aguet, loc. adv. Je me tapis d'aguef der-
rière une muraille, RÉGNIER, Sat. xi.;., le laissant
d'aguet, j'eusse pu faire gile, ID. Sat. vm. Je passe
outre d'aguet sans en faire semblant, m. SaU x.
Feignant de m'en aller, d'aguet je me retourne j ID.
Sat. XIII.
— REM. L'Académie ne donne aguets que dans
les locutions comme : se tenir aux aguets, être aux
aguets, mettre aux aguets; mais on pourrait le dé-
gager de cette chaîne et le remettre dans la circula-
tion, non-seulement au pluriel, mais aussi, comme
Malherbe, au singulier, et dire les aguets de la
fraude, l'àguet avait été dressé.
—HIST. xtie s. Lors chevalchierent droitement
à Soissons, Lor agait metent dedens un val par-
funt, Raoul de C. 230. || xiu" s. Dont se parti par
nuit de Constantinoble à grant plenté de son ost,
et se mist en un aguet où cil dévoient venir, VIL-
LEH. XCIX. Quant Salehedin vit que sa première
esciele se desconfissoit, si en fu moult cOureciés et
manda son àguait qu'ilâvoit repus [caché],et sefe^
rirent tout à un es os [dans les Camps], Chr- de Rains.
26". Qu'il ne face riens, né né die Qui ja puist aguet re-
sembler , la Rose, 217 i 9. Murdres, si est'quaût aucuns
tue ou fet tuer autrui eh agait apeiisé [avec prémé-
ditation] puis soleil couquant diisqu'à soleil levant,
EEAUM. xxx, 3. ||xiv s. Et pour Celui qui fait mal
par aguet cuide bien que celui à qui il lé fait souffre
injuste, ORESME,-Eik. 159. En ladite niellée qui
estoit meue chaleureusement et sans àguêt, bù
CANGE, aventurerius.\\xsé s. Retraiez vous, regârt
mal avisé; Vous cuidez bien que Eafluy ne vous
voie; Certes, aguet par tous lieux vous convoyé
Privéement, en habit desguisé, es. D'ORL. Rondel. 40.
Si se doit le prince contenir en telle manière qu'on
né cuide mie qu'il vueille partir pour fuyr, mais
qu'il vueille appareillier son agait [prendre position],
CHR. DEPISAN, Charles T, u, ch. 33. Le vaiÙàht
mareschal par son sens et par son aguet leur es-
toit sur le col avant que ils s'en donnassent de garde,
Bouciq. i, ch. 23. Et se mirent et establirént en
trois aguets, afin que cils ne leur pussent mie es-
chapper, FROISS. I, I, 108. ||XVI« S. IL la fault ten-
ire [l'âme] et raidir d'aguet [par une forte volonté],
MONT, II, 126. H fault au mariage des fondemens
plus solides et plus constans, et y marcher d'aguet;
:D. m, 3(9. X l'heure qu'il vit ce singe en aguet, i
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