Titre : Dictionnaire de la langue française.... Tome 4 / par É. Littré,...
Auteur : Littré, Émile (1801-1881). Auteur du texte
Éditeur : L. Hachette (Paris)
Date d'édition : 1873-1874
Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30824717s
Notice d'oeuvre : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12250808s
Type : monographie imprimée monographie imprimée
Langue : français
Format : 4 vol. ; gr. in-4 4 vol. ; gr. in-4
Description : [Dictionnaire de la langue française (français)] [Dictionnaire de la langue française (français)]
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k54066991
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-57472
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/12/2008
RAM
changer les sentiments de quelqu'un et lui en faire
prendre de meilleurs, le radoucir, le calmer. Tous
les jours elle ramenait quelqu'un des rebelles, BOSS.
Reine d'Ânglet. De tels discours [de Paul IV aux
ambassadeur! d'Elisabeth] , s'ils sont véritables,
n'étaient guère propres à ramener une reine, ID.
Var. x, I. Qui n'a pas quelquefois sous sa main un
libertin [esprit fort] à réduire, et à ramener par
de douces et insinuantes conversations à la docili-
té? LA'BRUY. xvi. Tout ce dont un amour ingénieux
peut s'aviser pour ramener un coeur rebelle, MASS.
Carême, Fauss. conf. Le goût dégénère en tout
genre, c'est aux Français à ramener les Velches,
VOLT. Lett. àDamilaville, io avril <767. J'ai perdu
l'idée de ramener le public sur mon compte,
j. J. ROUSS. Prom. I. Les bienfaits qui ne ramènent
pas un ennemi ne servent qu'à l'aigrir, DUCLOS,
OEuv. t. il, p. 262. || Je le ramènerai bien, je le fe-
rai bien revenir à la raison. || 11" Fig. Ramener
quelqu'un à la vie, le sauver de ce qui menace de
lui ôter la vie. Vivons, si vers la vie on peut me
ramener, Et si l'amour d'un fils en ce moment fu-
neste De mes faibles esprits peut ranimer le reste,
RAC. Phèdre, i, 6. [| Ge médecin a parfaitement ra-
mené son malade, il a rétabli sa santé qui semblait
désespérée. 1| On dit de même : il l'a ramené des
portes de la mort. || 12° Ramener une affaire de
bien loin, remettre en bon état une affaire qui pa-
raissait désespérée. || Au jeu, ramener une partie,
la rétablir. On croyait qu'il avait perdu ; et voilà
qu'il a ramené la partie. || 13° Faire repasser par un
état par où on avait passé. La vieillesse ramène quel-
quefois l'homme à l'enfance. || Absolument. Ce châti-
ment [le fouet] qui met dans l'humiliation extrême, ce
châtiment qui ramène, pour ainsi dire, à l'enfance,
MONTESQ. Lett. pers. -*57. j| 14° Il se dit de la pensée
que l'on fait passer sur ce qu'elle a déjà parcouru.
Ramener sa pensée en arrière. Le sermon que vous
fîtes la veille de votre départ ne peut jamais sortir
de ma mémoire; mais, comme je ne puis ramener
cet endroit sans commencer par-vous voir entrer
dans ma chambre.... SÉV. 7 août <675. Et des corps
enterrés dans leur couche, profonde, Le tombeau le
ramène au vieux berceau du monde, DELILLE, Trois
règn. iv. |] Être accompagné de. Parce qu'il [le
signe] en ramène l'idée [de l'original] nécessaire-
ment à l'esprit, BOSS. Euch. m, 4. || Réduire. Rame-
ner tout au plaisir. Ramener la question au point
véritable. La diversité des lieux où les choses se
sont passées et la longueur du temps qu'elles ont
consumé dans la vérité historique, m'ont réduit à
cette falsification, pour les ramener dans l'unité de
jour et de lieu, CORN. Pompée, Examen. Socrate,
qui, un peu après, ramena la philosophie à l'étude
des bonnes moeurs, BOSS. Eist. i, 8. Il ramenait
toutes choses à une noble et frugale simplicité,
PÉN. Tél. xii. Eux seuls [les justes] n'étudient pas
vos penchants pour y accommoder lâchement leurs
suffrages, mais ils étudient vos devoirs pour y ra-
mener vos penchants, MASS. Carême, Mélange.
|| Ramènera soi, donner aux choses un but égoïste.
L'entend-on jamais parler sur le ton décisif et im-
portant qui veuf tout ramener à soi? MASS. Pané-
gyr. St Thomas. || 15° Fig. Faire renaître, rétablir.
Ramener la fièvre. Et, pour éloigner de leur esprit
[des matelots] les funestes idées de la mort qui se
présentait de tous côtés, elle disait avec un air de
sérénité qui semblait déjà ramener le calme, que
• les reines ne se noyaient pas, BOSS. Reine d'Anglet.
Il sut qu'un de ces deux captifs qu'on avait pris pour
des Phéniciens avait ramené l'âge d'or dans ces dé-
serts presque inhabitables, FÉN. Tél. n. L'histoire
ramène souvent les mêmes malheurs, les mêmes at-
tentats, et le crime puni parle crime, VOLT. Moeurs,
169. On a tant de plaisir à ramener la joie sur un
visage encore enfant! STAEL, Corinne, xvn, 5. || Ra-
mener une vieille mode, la remettre en vigueur.
j) 16° Terme de chimie. On dit qu'un réactif ramène
une couleur végétale aune autre couleur, quand
il fait passer la première à la seconde. Les alcalis
ramènent au bleu le papier rouge de tournesol. || On
dit de même : Ramener un peroxyde à un moindre
degré d'oxydation. || 17° Se ramener, v. réfl. Se con-
centrer. Et, comme notre esprit jusqu'au dernier
soupir Toujours vers quelque objet pousse quelque
désir, 11 se ramène en soi n'ayant plus où se pren-
dre, Et, monté sur le faîte, il aspire à descendre,
CORN. Cinna, u, 4. C'est lorsque j'ai senti mon
tae tout entière Se ramenant en soi, faire un der-
nier effort, Pour braver les horreurs que l'on joint
à lamort....cHADL. àLafare. || 18° Reprendre le fil
d'un discours. L'enchaînement naturel de toutes
DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
RAM
ces choses m'emporte, il faut se ramener, ST-SIMV
327, 23. N'ayant pas voulu rompre le fil des affaires
d'Angleterre, je me ramène à ce qui se passait
dans le continent, VOLT- Louis XIV, 16. ||19° Ter-
me de manège. Ce cheval se ramène bien, il porte
bien sa tête. || 20° Être ramené à, réduit à. Cette
proposition se ramène à cette autre, en découle.
— HIST. xiie s. Li sire mortified et vivified, de-
meine à enfers e rameined, Liber psalm. p. 236.
Que Dex [Dieu] par sa vertu vous ramaint sauve-
ment! Sax. xxi. ||xnr s. Car Diex maint desvoié
bien à voie ramaine, Bette, L. Si outrageusement
porroient il ordener que le [la] partie qui se daur-
roit [se plaindrait] porroit aller encontre et fere ra-
mener l'ordenance dusqu'à loial jugement, BEAUM.
XLI, 34. Et ensi avéras le [la] contenance de tôt le
tonnel parpaus [pouces], et ces paus ramenras en
pies, Comput, f° 2t.||xiv° s. Autrement ne sont
pas curées les plaies, se les membres ne sont ra-
menez en leur nature, LANFRANC,!" 12. ||xv° s. Se
[je] me desprise et rameyne à néant, et que toute
propre réputation faille en moy, Inter-n. consol.
H, 8. || xvie s. Qui vouldra ramener les vestemens
à leur vraye fin.... MONT, I, -H9. Ramener Dieu et
la puissance de la nature à la mesure de nostre
capacité, ID. I, 20I. Caton ramena à la raison
les Corinthiens, m. Caton, 26. Les assiegeans n'a-
voient point fait dé logis; se contentans de l'ame-
ner ceux qui sortaient jusques à la place du moulin,
D'AUB. Hist. u, 438. Par ce moyen tu ramèneras les
parties des muscles coupées sur l'os, PARÉ, X, 32.
Puis [il] entoisa sa grosse masse, ramenant un coup
foudroyant, et bastant à atterrer un éléphant, Alec-
tor, roman, p. t, dansLAcuuNE.
— ÉTYM. Re..., et amener; wallon, reminé; bourg.
rémené.
t RAMENERET (ra-mè-ne-rè), s. m. Terme de
construction. Trait au cordeau que le charpentier
fait pour prendre la longueur des arêtiers d'un toit.
fRAMENEUR (ra-me-neur), s. m. Celui qui ra-
mène. || Il se dit, en plaisantant, de ceux qui, pour
cacher leur calvitie, ramènent en devant les cheveux
de derrière.
— HIST. xvie s. Le muscle abducteur ou rame-
neur des doigts du pied, PARÉ, iv, 32.
f RAMENTACË, ÉE (ra-man-ta-sé, sée), adj.
Terme de botanique. Se dit de la tige qui est cou-
verte de petites écailles membraneuses, comme cel-
les du pétiole des fougères.
— ÉTYM. Lat. ramentum, parcelles, raclures.
f RAMENTEUR (ra-man-teur), adj. Qui remet
dans l'esprit. Mes mémoires ramenteurs de mes
jours passés, CHATEACBR. Mém. t. xi, p. i 12.
— ÉTYM. Voy.. RAMENTEVOIR.
RAMENTEVOIR (ra-man-te-voir), je ramentois,
tu ramentois, il' ramentoit, nous ramentevons, vous
ramentevez, ils ramentoient ; je ramentevaisjje ra-
menlus ; je ramentevrai ; ramentois ; que je ramen-
toive ; que je ramentusse; je ramentevrais; ramen-
tevant; ramentu, v. a. Terme vieilli. Remettre en
l'esprit, rappeler. Mes sens qu'elle [une infidèle] aveu-
glait ont connu leur offense; Je les en ai purgés, et
leur ai fait défense De me la ramentevoir plus, MALH .
vi, 25. Ne ramentevons rien, et réparons l'offense Par
la solennité d'une heureuse alliance, MOL. Dép. am.
m, 4. Nous vous ramentevons ici qu'il y a six semai-
nes en çà.... VOLT. Lett. d'Argental, \o nov. 4761.
Comme les vieillards aiment à conter et même à ré-
péter, je vous ramentevrai qu'un jour les beaux es-
prits du royaume.... ID. Mél. litt. à M. de la Harpe.
|| Se ramentevoir une chose, la ramentevoir à soi.
....Rien n'est si doux en la délivrance, que de se
ramentevoir l'appréhension qu'on a eue de n'être
jamais délivré, MALH. Traité des bienf. de Sénèque,
j, u. || Se ramentevoir, v. réfl. Être rappelé à l'es-
prit. La terreur des choses passées, X leurs yeux se
ramentevant, Faisait prévoir à leurs pensées Plus
de malheurs qu'auparavant, MALH. II, 4.
— HIST. xue s. Mais ce que [je] n'os por aus [à
cause d'eux] ramentevoir, Couei, xvm. || xinc s.
Mainte chose a l'uns l'autre iluec ramenteû, Berte,
CXXIII. || xv° s. Le comte de Charolois.... luy ramen-
tevant [à Louis XI] comb'ien il estoit tenu à sa mai-
son durant qu'il estoit fugitif de son père, COMM. I,
)2. || xvie s. Tu le sçais bien, mais je te ramentoy,
MAROT, n, 293. Le désir que j'ay continuellement
de me ramentevoir en vostre bonne grâce ne me
peult souffrir passer nulle occasion sans prendre le
bien de vous escripre, MARG. Lett. 63. Je ne puis
avoir plus grant bien que de penser fere chose qui
Ime ramentoive à vostre bonne grâce, ID. ib. 39.
Cette opinion me ramentoit l'expérience que nous
avons que.... MONT, II, 352.
RAM 1465
— ÉTYM. Re..., à, et ment, esprit (qui se trouve
en composition dans les adverbes), et avoir.
RAMEQUIN (ra-me-kin), s. m. Pâtisserie faite
avec du fromage.
— ÉTYM. Allem. Rham, crème, avec le suffixe
diminutif néerlandais kin, ken, allemand chen.
i. RAMER (ra-mé), v. n. || 1" Faire effort sur une
rame pour mettre en mouvement une embarcation,
un navire. Je voudrais bien savoir s'il y a quelque
astrologue qui eût pu dire en me voyant dans la
rue Saint-Denis, que je courrais bientôt fortune de
ramer dans les galères d'Alger,-VOIT. Lett. 42. Nous
n'avons guère d'exemple d'un gentilhomme con-
damné aux galères.... vous -devez néanmoins, et -
c'est l'intention du roi, soulager sa peine autant
qu'il se pourra, en lui donnant quelque chaîne lé-
gère ou ne le faisant point ramer, Colbert 'à Ar-
noul, i juill. <670, dans JAL. 11 [un forçat] plaint
par un arrêt injustement donné L'honneur en sa per-
sonne à ramer condamné, BOIL.. Sat. xi. || Fig. et
familièrement. Ramer, prendre bien de la peiné,
avoir beaucoup de fatigue. Ce n'était pas que
l'adroite princesse [Mme de Bourgogne] rie ramât
contre le fil de l'eau [le froid de Monseigneur pour
elle et son mari], ST-SIM. 294, -18. || 2° Terme de
fauconnerie. Se dit en parlant d'un oiseau qui se
sert de ses ailes comme de deux avirons. || 11 se
conjugue avec l'auxiliaire avoir.
— HIST. XIIIe s. Et ont [les nefs des Indes] si grans
avirons, qu'il y convient à chascun quatre mariniers
au ramer, MARC POL, p. 536. || xvr s. S qui les puis-
sants rois doivent leurs grand's armées, A qui les
mariniers leurs galères ramées, BONS. 975. Ramer il
faut, s'il ne vente, LERODX DE LINCY, Prov. 1.11, p.l 47. -
— ÉTYM. Rame 2; provenç. et espagn. remar;
ital. remare.
2. RAMER ya-mé), p. a. || 1° Soutenir avec des
rames des plantes grimpantes, et, particulièrement,
des pois, des haricots. Ramer des haricots. || Fig. et
familièrement. Il s'y entend comme à ramer des
choux, se dit de celui -qui veut faire une besogne
insensée, puisqu'on ne rame pas les choux. || 2° Se
ramer, v. réfl. Être ramé. Les choux ne se ra-
ment pas.
— ÉTYM. Rame i.
t s. RAMER (ra-mé), v. a. Etendre du drap sur
les rames. Ne pourront les marchands et iabricants
ramer les étoffes que pour les écarrir, et de manière
que leur qualité ne soit pas altérée, Lett pat.'
4 juin 1780, art.
— ÉTYM. Rame t.
RAMEREAU (ra-me-rô), s. m. Jeune ramier. On
m'a apporté plusieurs nids où il y avait deux et
quelquefois trois ramefaux déjà forts au commence-
ment d'avril, BUFF. Ois. t. iv, p. 366.
— HIST. xvie s. Deux petits ramerauz je porte à
mon Olive, Dénichez d'un grand orme à gravir mal-
aisé, RONS. 743.
— ÉTYM. Diminutif de ramier.
f RAMERON (ra-me-ron), s. m. Pigeon-du cap.
— ÉTYM. Dérivé de ramier.
fRAMESCENCE (ra-mè-ssan-s'), s. f. Terme di-
dactique. Disposition en forme de rameaux.
— ÉTYM. Lat. fictif ramescere, se disposer en ra-
meaux, de ramus, rameau.
t. RAMETTE (ra-m&-t'), s. f. Terme d'imprime-
rie. Châssis de fer qui n'a point de barre au milieu,
et qui sert à imposer les ouvrages d'une seule page,
les affiches, etc.
— ÉTYM. Rame t, par assimilation.
f 2. RAMETTE (ra-mè-f), s. f. Rame -de petit
papier. Une ramette de papier à lettres.
— ÉTYM. Rame 3.
, RAMEUR (ra-meur), s. m. || 1° Celui qui rame.
Tout à coup elle aperçut les débris d'un navire qui
venait de faire naufrage, des bancs de rameurs mis
en pièces.... FÉN. Tél. 1. La condition 'des rameurs
était la plus pénible et la plus dure, ROLLIN, Hist.
anc. OEuv. t. iv, p. 575, dans POUGENS/UU soir, t'en
souvient-il? nous voguions en silence; On^i'enten-
dait au loin, sur l'onde et sous les cieux, Que le
bruit des rameurs qui frappaient en cadence Tes
[du lac] flots harmonieux, LAMART. Mëd. 1, 13. Le
mot rameur s'employait lors du bon temps des ga-
lères; mais depuis on dit canotiers, avirons,
nager, au lieu dé rameurs, rames et ramer, ALPH.
KARR, les Guêpes, déc. 1840. || 2° Nom vulgaire du
%eus gallus, poisson. |j S. m. pi. Se dit d'une tribu
d'hémiptères comprenant les espèces aquatiques
nageant à la surface de l'eau. || 3° Adj. Terme de
zoologie. Oiseaux rameurs, oiseaux dont les ai! es
sont minces, peu convexes, fortement tendues dans
l'état de déploiement.
n.—184
prendre de meilleurs, le radoucir, le calmer. Tous
les jours elle ramenait quelqu'un des rebelles, BOSS.
Reine d'Ânglet. De tels discours [de Paul IV aux
ambassadeur! d'Elisabeth] , s'ils sont véritables,
n'étaient guère propres à ramener une reine, ID.
Var. x, I. Qui n'a pas quelquefois sous sa main un
libertin [esprit fort] à réduire, et à ramener par
de douces et insinuantes conversations à la docili-
té? LA'BRUY. xvi. Tout ce dont un amour ingénieux
peut s'aviser pour ramener un coeur rebelle, MASS.
Carême, Fauss. conf. Le goût dégénère en tout
genre, c'est aux Français à ramener les Velches,
VOLT. Lett. àDamilaville, io avril <767. J'ai perdu
l'idée de ramener le public sur mon compte,
j. J. ROUSS. Prom. I. Les bienfaits qui ne ramènent
pas un ennemi ne servent qu'à l'aigrir, DUCLOS,
OEuv. t. il, p. 262. || Je le ramènerai bien, je le fe-
rai bien revenir à la raison. || 11" Fig. Ramener
quelqu'un à la vie, le sauver de ce qui menace de
lui ôter la vie. Vivons, si vers la vie on peut me
ramener, Et si l'amour d'un fils en ce moment fu-
neste De mes faibles esprits peut ranimer le reste,
RAC. Phèdre, i, 6. [| Ge médecin a parfaitement ra-
mené son malade, il a rétabli sa santé qui semblait
désespérée. 1| On dit de même : il l'a ramené des
portes de la mort. || 12° Ramener une affaire de
bien loin, remettre en bon état une affaire qui pa-
raissait désespérée. || Au jeu, ramener une partie,
la rétablir. On croyait qu'il avait perdu ; et voilà
qu'il a ramené la partie. || 13° Faire repasser par un
état par où on avait passé. La vieillesse ramène quel-
quefois l'homme à l'enfance. || Absolument. Ce châti-
ment [le fouet] qui met dans l'humiliation extrême, ce
châtiment qui ramène, pour ainsi dire, à l'enfance,
MONTESQ. Lett. pers. -*57. j| 14° Il se dit de la pensée
que l'on fait passer sur ce qu'elle a déjà parcouru.
Ramener sa pensée en arrière. Le sermon que vous
fîtes la veille de votre départ ne peut jamais sortir
de ma mémoire; mais, comme je ne puis ramener
cet endroit sans commencer par-vous voir entrer
dans ma chambre.... SÉV. 7 août <675. Et des corps
enterrés dans leur couche, profonde, Le tombeau le
ramène au vieux berceau du monde, DELILLE, Trois
règn. iv. |] Être accompagné de. Parce qu'il [le
signe] en ramène l'idée [de l'original] nécessaire-
ment à l'esprit, BOSS. Euch. m, 4. || Réduire. Rame-
ner tout au plaisir. Ramener la question au point
véritable. La diversité des lieux où les choses se
sont passées et la longueur du temps qu'elles ont
consumé dans la vérité historique, m'ont réduit à
cette falsification, pour les ramener dans l'unité de
jour et de lieu, CORN. Pompée, Examen. Socrate,
qui, un peu après, ramena la philosophie à l'étude
des bonnes moeurs, BOSS. Eist. i, 8. Il ramenait
toutes choses à une noble et frugale simplicité,
PÉN. Tél. xii. Eux seuls [les justes] n'étudient pas
vos penchants pour y accommoder lâchement leurs
suffrages, mais ils étudient vos devoirs pour y ra-
mener vos penchants, MASS. Carême, Mélange.
|| Ramènera soi, donner aux choses un but égoïste.
L'entend-on jamais parler sur le ton décisif et im-
portant qui veuf tout ramener à soi? MASS. Pané-
gyr. St Thomas. || 15° Fig. Faire renaître, rétablir.
Ramener la fièvre. Et, pour éloigner de leur esprit
[des matelots] les funestes idées de la mort qui se
présentait de tous côtés, elle disait avec un air de
sérénité qui semblait déjà ramener le calme, que
• les reines ne se noyaient pas, BOSS. Reine d'Anglet.
Il sut qu'un de ces deux captifs qu'on avait pris pour
des Phéniciens avait ramené l'âge d'or dans ces dé-
serts presque inhabitables, FÉN. Tél. n. L'histoire
ramène souvent les mêmes malheurs, les mêmes at-
tentats, et le crime puni parle crime, VOLT. Moeurs,
169. On a tant de plaisir à ramener la joie sur un
visage encore enfant! STAEL, Corinne, xvn, 5. || Ra-
mener une vieille mode, la remettre en vigueur.
j) 16° Terme de chimie. On dit qu'un réactif ramène
une couleur végétale aune autre couleur, quand
il fait passer la première à la seconde. Les alcalis
ramènent au bleu le papier rouge de tournesol. || On
dit de même : Ramener un peroxyde à un moindre
degré d'oxydation. || 17° Se ramener, v. réfl. Se con-
centrer. Et, comme notre esprit jusqu'au dernier
soupir Toujours vers quelque objet pousse quelque
désir, 11 se ramène en soi n'ayant plus où se pren-
dre, Et, monté sur le faîte, il aspire à descendre,
CORN. Cinna, u, 4. C'est lorsque j'ai senti mon
tae tout entière Se ramenant en soi, faire un der-
nier effort, Pour braver les horreurs que l'on joint
à lamort....cHADL. àLafare. || 18° Reprendre le fil
d'un discours. L'enchaînement naturel de toutes
DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
RAM
ces choses m'emporte, il faut se ramener, ST-SIMV
327, 23. N'ayant pas voulu rompre le fil des affaires
d'Angleterre, je me ramène à ce qui se passait
dans le continent, VOLT- Louis XIV, 16. ||19° Ter-
me de manège. Ce cheval se ramène bien, il porte
bien sa tête. || 20° Être ramené à, réduit à. Cette
proposition se ramène à cette autre, en découle.
— HIST. xiie s. Li sire mortified et vivified, de-
meine à enfers e rameined, Liber psalm. p. 236.
Que Dex [Dieu] par sa vertu vous ramaint sauve-
ment! Sax. xxi. ||xnr s. Car Diex maint desvoié
bien à voie ramaine, Bette, L. Si outrageusement
porroient il ordener que le [la] partie qui se daur-
roit [se plaindrait] porroit aller encontre et fere ra-
mener l'ordenance dusqu'à loial jugement, BEAUM.
XLI, 34. Et ensi avéras le [la] contenance de tôt le
tonnel parpaus [pouces], et ces paus ramenras en
pies, Comput, f° 2t.||xiv° s. Autrement ne sont
pas curées les plaies, se les membres ne sont ra-
menez en leur nature, LANFRANC,!" 12. ||xv° s. Se
[je] me desprise et rameyne à néant, et que toute
propre réputation faille en moy, Inter-n. consol.
H, 8. || xvie s. Qui vouldra ramener les vestemens
à leur vraye fin.... MONT, I, -H9. Ramener Dieu et
la puissance de la nature à la mesure de nostre
capacité, ID. I, 20I. Caton ramena à la raison
les Corinthiens, m. Caton, 26. Les assiegeans n'a-
voient point fait dé logis; se contentans de l'ame-
ner ceux qui sortaient jusques à la place du moulin,
D'AUB. Hist. u, 438. Par ce moyen tu ramèneras les
parties des muscles coupées sur l'os, PARÉ, X, 32.
Puis [il] entoisa sa grosse masse, ramenant un coup
foudroyant, et bastant à atterrer un éléphant, Alec-
tor, roman, p. t, dansLAcuuNE.
— ÉTYM. Re..., et amener; wallon, reminé; bourg.
rémené.
t RAMENERET (ra-mè-ne-rè), s. m. Terme de
construction. Trait au cordeau que le charpentier
fait pour prendre la longueur des arêtiers d'un toit.
fRAMENEUR (ra-me-neur), s. m. Celui qui ra-
mène. || Il se dit, en plaisantant, de ceux qui, pour
cacher leur calvitie, ramènent en devant les cheveux
de derrière.
— HIST. xvie s. Le muscle abducteur ou rame-
neur des doigts du pied, PARÉ, iv, 32.
f RAMENTACË, ÉE (ra-man-ta-sé, sée), adj.
Terme de botanique. Se dit de la tige qui est cou-
verte de petites écailles membraneuses, comme cel-
les du pétiole des fougères.
— ÉTYM. Lat. ramentum, parcelles, raclures.
f RAMENTEUR (ra-man-teur), adj. Qui remet
dans l'esprit. Mes mémoires ramenteurs de mes
jours passés, CHATEACBR. Mém. t. xi, p. i 12.
— ÉTYM. Voy.. RAMENTEVOIR.
RAMENTEVOIR (ra-man-te-voir), je ramentois,
tu ramentois, il' ramentoit, nous ramentevons, vous
ramentevez, ils ramentoient ; je ramentevaisjje ra-
menlus ; je ramentevrai ; ramentois ; que je ramen-
toive ; que je ramentusse; je ramentevrais; ramen-
tevant; ramentu, v. a. Terme vieilli. Remettre en
l'esprit, rappeler. Mes sens qu'elle [une infidèle] aveu-
glait ont connu leur offense; Je les en ai purgés, et
leur ai fait défense De me la ramentevoir plus, MALH .
vi, 25. Ne ramentevons rien, et réparons l'offense Par
la solennité d'une heureuse alliance, MOL. Dép. am.
m, 4. Nous vous ramentevons ici qu'il y a six semai-
nes en çà.... VOLT. Lett. d'Argental, \o nov. 4761.
Comme les vieillards aiment à conter et même à ré-
péter, je vous ramentevrai qu'un jour les beaux es-
prits du royaume.... ID. Mél. litt. à M. de la Harpe.
|| Se ramentevoir une chose, la ramentevoir à soi.
....Rien n'est si doux en la délivrance, que de se
ramentevoir l'appréhension qu'on a eue de n'être
jamais délivré, MALH. Traité des bienf. de Sénèque,
j, u. || Se ramentevoir, v. réfl. Être rappelé à l'es-
prit. La terreur des choses passées, X leurs yeux se
ramentevant, Faisait prévoir à leurs pensées Plus
de malheurs qu'auparavant, MALH. II, 4.
— HIST. xue s. Mais ce que [je] n'os por aus [à
cause d'eux] ramentevoir, Couei, xvm. || xinc s.
Mainte chose a l'uns l'autre iluec ramenteû, Berte,
CXXIII. || xv° s. Le comte de Charolois.... luy ramen-
tevant [à Louis XI] comb'ien il estoit tenu à sa mai-
son durant qu'il estoit fugitif de son père, COMM. I,
)2. || xvie s. Tu le sçais bien, mais je te ramentoy,
MAROT, n, 293. Le désir que j'ay continuellement
de me ramentevoir en vostre bonne grâce ne me
peult souffrir passer nulle occasion sans prendre le
bien de vous escripre, MARG. Lett. 63. Je ne puis
avoir plus grant bien que de penser fere chose qui
Ime ramentoive à vostre bonne grâce, ID. ib. 39.
Cette opinion me ramentoit l'expérience que nous
avons que.... MONT, II, 352.
RAM 1465
— ÉTYM. Re..., à, et ment, esprit (qui se trouve
en composition dans les adverbes), et avoir.
RAMEQUIN (ra-me-kin), s. m. Pâtisserie faite
avec du fromage.
— ÉTYM. Allem. Rham, crème, avec le suffixe
diminutif néerlandais kin, ken, allemand chen.
i. RAMER (ra-mé), v. n. || 1" Faire effort sur une
rame pour mettre en mouvement une embarcation,
un navire. Je voudrais bien savoir s'il y a quelque
astrologue qui eût pu dire en me voyant dans la
rue Saint-Denis, que je courrais bientôt fortune de
ramer dans les galères d'Alger,-VOIT. Lett. 42. Nous
n'avons guère d'exemple d'un gentilhomme con-
damné aux galères.... vous -devez néanmoins, et -
c'est l'intention du roi, soulager sa peine autant
qu'il se pourra, en lui donnant quelque chaîne lé-
gère ou ne le faisant point ramer, Colbert 'à Ar-
noul, i juill. <670, dans JAL. 11 [un forçat] plaint
par un arrêt injustement donné L'honneur en sa per-
sonne à ramer condamné, BOIL.. Sat. xi. || Fig. et
familièrement. Ramer, prendre bien de la peiné,
avoir beaucoup de fatigue. Ce n'était pas que
l'adroite princesse [Mme de Bourgogne] rie ramât
contre le fil de l'eau [le froid de Monseigneur pour
elle et son mari], ST-SIM. 294, -18. || 2° Terme de
fauconnerie. Se dit en parlant d'un oiseau qui se
sert de ses ailes comme de deux avirons. || 11 se
conjugue avec l'auxiliaire avoir.
— HIST. XIIIe s. Et ont [les nefs des Indes] si grans
avirons, qu'il y convient à chascun quatre mariniers
au ramer, MARC POL, p. 536. || xvr s. S qui les puis-
sants rois doivent leurs grand's armées, A qui les
mariniers leurs galères ramées, BONS. 975. Ramer il
faut, s'il ne vente, LERODX DE LINCY, Prov. 1.11, p.l 47. -
— ÉTYM. Rame 2; provenç. et espagn. remar;
ital. remare.
2. RAMER ya-mé), p. a. || 1° Soutenir avec des
rames des plantes grimpantes, et, particulièrement,
des pois, des haricots. Ramer des haricots. || Fig. et
familièrement. Il s'y entend comme à ramer des
choux, se dit de celui -qui veut faire une besogne
insensée, puisqu'on ne rame pas les choux. || 2° Se
ramer, v. réfl. Être ramé. Les choux ne se ra-
ment pas.
— ÉTYM. Rame i.
t s. RAMER (ra-mé), v. a. Etendre du drap sur
les rames. Ne pourront les marchands et iabricants
ramer les étoffes que pour les écarrir, et de manière
que leur qualité ne soit pas altérée, Lett pat.'
4 juin 1780, art.
— ÉTYM. Rame t.
RAMEREAU (ra-me-rô), s. m. Jeune ramier. On
m'a apporté plusieurs nids où il y avait deux et
quelquefois trois ramefaux déjà forts au commence-
ment d'avril, BUFF. Ois. t. iv, p. 366.
— HIST. xvie s. Deux petits ramerauz je porte à
mon Olive, Dénichez d'un grand orme à gravir mal-
aisé, RONS. 743.
— ÉTYM. Diminutif de ramier.
f RAMERON (ra-me-ron), s. m. Pigeon-du cap.
— ÉTYM. Dérivé de ramier.
fRAMESCENCE (ra-mè-ssan-s'), s. f. Terme di-
dactique. Disposition en forme de rameaux.
— ÉTYM. Lat. fictif ramescere, se disposer en ra-
meaux, de ramus, rameau.
t. RAMETTE (ra-m&-t'), s. f. Terme d'imprime-
rie. Châssis de fer qui n'a point de barre au milieu,
et qui sert à imposer les ouvrages d'une seule page,
les affiches, etc.
— ÉTYM. Rame t, par assimilation.
f 2. RAMETTE (ra-mè-f), s. f. Rame -de petit
papier. Une ramette de papier à lettres.
— ÉTYM. Rame 3.
, RAMEUR (ra-meur), s. m. || 1° Celui qui rame.
Tout à coup elle aperçut les débris d'un navire qui
venait de faire naufrage, des bancs de rameurs mis
en pièces.... FÉN. Tél. 1. La condition 'des rameurs
était la plus pénible et la plus dure, ROLLIN, Hist.
anc. OEuv. t. iv, p. 575, dans POUGENS/UU soir, t'en
souvient-il? nous voguions en silence; On^i'enten-
dait au loin, sur l'onde et sous les cieux, Que le
bruit des rameurs qui frappaient en cadence Tes
[du lac] flots harmonieux, LAMART. Mëd. 1, 13. Le
mot rameur s'employait lors du bon temps des ga-
lères; mais depuis on dit canotiers, avirons,
nager, au lieu dé rameurs, rames et ramer, ALPH.
KARR, les Guêpes, déc. 1840. || 2° Nom vulgaire du
%eus gallus, poisson. |j S. m. pi. Se dit d'une tribu
d'hémiptères comprenant les espèces aquatiques
nageant à la surface de l'eau. || 3° Adj. Terme de
zoologie. Oiseaux rameurs, oiseaux dont les ai! es
sont minces, peu convexes, fortement tendues dans
l'état de déploiement.
n.—184
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 94.07%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 94.07%.
- Collections numériques similaires Monnaies romaines républicaines Monnaies romaines républicaines /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "MonnRoRep"
- Auteurs similaires Monnaies romaines républicaines Monnaies romaines républicaines /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "MonnRoRep"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 76/1242
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k54066991/f76.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k54066991/f76.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k54066991/f76.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k54066991/f76.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k54066991
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k54066991
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k54066991/f76.image × Aide