Titre : Dictionnaire de la langue française.... Tome 4 / par É. Littré,...
Auteur : Littré, Émile (1801-1881). Auteur du texte
Éditeur : L. Hachette (Paris)
Date d'édition : 1873-1874
Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30824717s
Notice d'oeuvre : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12250808s
Type : monographie imprimée monographie imprimée
Langue : français
Format : 4 vol. ; gr. in-4 4 vol. ; gr. in-4
Description : [Dictionnaire de la langue française (français)] [Dictionnaire de la langue française (français)]
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k54066991
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-57472
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/12/2008
2056
SUB
le coup d'un destin rigoureux, CORN. Cinna, i, 4.
Ainsi, prêt à subir un joug qui vous opprime,
Vous n'allez à l'autel_ que comme une victime,
RAC. Mithr. n, 4. Je n'ai point de leur joug [des
Romains] subi l'ignominie, ID. ib. v, 5. Le riche
et l'indigent, l'imprudent et le sage, Sujets à
même loi, subissent même sort, J. B. ROUSS.
Odes, i, 3. On assure qu'en travestissant ce grand
poète, il [Scarron] le priait quelquefois de par-
donner à sa goutte l'espèce de mascarade qu'il
faisait subir à l'Enéide, D'ALEMB. Élog. Mariv.
note 3. Les enfants [à Lacédémone] subissent un
jugement solennel dès leur naissance, et sont
condamnés à périr lorsqu'ils sont mal conformés,
BARTHÉL. Anach. ch. 43. || Subir la question, être
mis à la question. || Subir un interrogatoire, ré-
pondre aux interrogations d'un juge devant lequel
on comparaît. H Subir son jugement, subir la peine
à laquelle on a été condamné par un jugement.
|| Subir examen, un examen, passer à l'examen sui-
vant les formalités ordinaires. || On dit de même :
subir une épreuve. || Fig. Cette constitution poli-
tique a subi l'épreuve du temps. || 2° Il se dit des
objets qui éprouvent changement, modification.
Les moeurs subirent une réforme. La tourterelle,
comme le pigeon et le ramier, a subi des variétés
dans les différents climats, BUTF. Ois. t. rv, p. 393.
Lorsque ces particules d'argent pur rencontrent
dans le sein de la terre les principes des sels et
les vapeurs du soufre, elles s'altèrent et subissent
des changements divers et très-apparents, ID. Min.
t. vm, p. 52; ,
— REM. i. Vous serez révolté de voir subir des
refus, parce qu'on essuyé un refus, et qu'on subit
une peine; subir un refus est un barbarisme,VOLT.
Dict. phil. Vers et poésie. ||2. Subir paraît, s'être
introduit dans la langue au commencement du
XVIIC siècle.
— ÉTYM. Lat. subire, de sub, sous, et ire,
aller (voy. IRAI).
SUBIT, ITE (su-bi, bi-t'), adj. Qui survient tout
à coup. Accident subit, ROTR. Bélis. rv, 7. Us [les
hommes] mangeaient, ils buvaient, ils achetaient,
ils vendaient, ils plantaient, ils bâtissaient, ils fai-
saient des mariages aux jours de Noé et aux jours
de Loth, et une subite ruine les vint accabler, BOSS.
Mar.-TMr. Prenez soin qu'à l'instant la trompette
guerrière Dans le camp ennemi jette un subit
effroi, RAC. Athal. v, 3. Qui peut vous garantir
qu'une révolution subite d'humeurs ne vous fera
pas expirer sur-le-champ ?MASS. Car. Imp. finale.
— HIST. xnie s. [Elle] Dieu prie qu'avant puist
morir, Et que mors soubite ains lui viegne, Ro-
man de Robert le Diable. || XVe s. L'un de ceux qui
avoient un glaive se vira subit, et le darda en
l'estomac du chevalier, LOUIS XI, NOUV. zcvm.
||xvie s En ses lèvres habite Mortel venin qui
cause mort subite, MAROT, n, 281. Subit que nous
sentons quelque mordication aux intestins, nous
nous hastons d'y remédier, PARÉ, I, 23. Nostre
changement est si subit et si prompt en cela [la
mode], -que l'invention de tous les tailleurs du
monde ne sçauroit fournir assez de nouvelletez,
MONT. I, 370.
— ÉTYM. Ital. subito ; du lat. subitus, subit, qui
est le participe passé de subire, aller sous.
SUBITEMENT (su-bi-te-man), adv. D'une ma-
nière subite. Allons subitement Lui demander [à
Néron] raison de cet enlèvement, RAC. Brit. 1, i.
Et jamais on n'a vu la timide innocence Passer su-
bitement à l'extrême licence, m. Plièd. iv, 2.
L'amour qui naît subitement est le plus long à
guérir, LA BRUY. IV. Il n'est pas vrai qu'il [Louvois]
mourut subitement au sortir du conseil, comme
on l'a dit dans tant de livres et dictionnaires,
VOLT. Louis XIV, Secret. d'État.
— HIST. XIIe s. Sudement [ils] sajetterunt lui,
Liber psalm. p. 8i. Orme dites cum faitement
Venu estes tant sodement, WAGE, Vierge Marie,
p. 74. Jazon od [avec] mil homes sobitement
entra en la cité, Machab. n, 6. || xme s. Soude-
ment les tormenta nostre sire Dieux, et ocist les
plusieurs, Psautier, f° 94. [elle] Mourut subite-
ment séant sor une sele [chaise], Berte, LXXXVI.
IlXIV s. Lores s'en ala li consuls soudement et
assaillit la ville, BERCHEURE, f° 39, verso. || xvie s.
Retirez de la dispute, par douleur de ventre, à la
garde-robe, touts deux [Arius et Léon] y rendirent
subitement l'ame, MONT, I, 249.
— ÉTYM. Subite, et le suffixe ment; ital. subi-
tamente. ...
SUBITO (su-bi-to), adv. Terme familier.. Subi-
tement, tout à coup. Quoi qu'il en soit, goûtez-en
SUB
un petit moment, mon cher ange, et renvoyez-le
moi subito, subito, VOLT. Lett. d'Argental, 4 août
1777. Si du trône, par occurrence,Un roi tombait,
que subito On le ramène en son château, BÉRANG.
Sainte Alliance.
— ÉTYM. Ital. subito, soudainement (voy. SUBIT).
f SUBJACENT, ENTE (sub-ja-san, san-t'), adj.
Qui est situé, placé au-dessous.
t SUBJECTIF, IVE (sub-jè-ktif, kti-v'), ad}..
Il 1° Ternie de philosophie. Qui a rapport au sujet.
i| Il se dit, par opposition à objectif, de ce qui se
passe dans l'intérieur de l'esprit. || Conceptions
subjectives, celles qui émanent directement de
l'esprit sans mélange notable des conceptions ob-
jectives. H Méthode subjective, méthode dans la-
quelle le point de départ est une conception de
l'esprit, qui pose a priori un certain principe mé-
taphysique d'où il tire des déductions. || Subst. m.
Le subjectif, ce qui est subjectif. ]| 2° Terme de
grammaire. Voix subjective, se dit de la voix
active, par opposition à voix objective ou passive.
Il Cas subjectif, se dit du nominatif, concurrem-
ment avec cas sujet.
— HIST. Lat. subjectivus, qui appartient au su-
jet, de subjicere, mettre sous, de sub, sous, et
jacere, jeter.
f SUBJECTION (sub-jè-ksion), s. f. Terme de
littérature. Figure de pensée qui consiste à inter-
roger l'adversaire et à supposer sa réponse, ou,
simplement, à prévoir ce qu'il pourrait dire et à
fournir d'avance la réplique!
— ÉTYM. Lat. subjectionem, de subjicere, mettre
dessous.
f SUBJECTIVEMENT (sub-jè-kti-ve-man), adv.
Terme de philosophie. D'une manière subjective.
f SUBJECTIVE», (sub-jè-kti-vé), v. a. Terme de
philosophie. Rendre subjectif; considérer comme
tel, faire dépendre du subjectif.
f SUBJECTIVISME ( sub-jè-kti-vi-sm' ), s. m.
Propension vicieuse vers la subjectivité. Proposi-
tion entachée de subjectivisme.
f SUBJECTIVITE (sub-jè-kti-vi-té), s. f. Terme
de philosophie. Qualité de ce qui est subjectif.
Il Ensemble de ce qui est subjectif.
SUBJONCTIF (sub-jon-ktif), s. m. Terme de
grammaire. || i" Mode du verbe qui exprime l'exis-
tence, l'état ou l'action dans un rapport de dé-
pendance avec un autre verbe auquel il est sou-
mis. Les temps du subjonctif. Le subjonctif exprime
l'action d'une manière dépendante, subordonnée,
incertaine, conditionnelle, en un mot d'une ma-
nière qui n'est pas absolue et qui suppose tou-
jours un indicatif, DUMARS. OEUV. t. iv, p. 342.
Il Adj. Le mode subjonctif. || 2° Adj. Qui appartient
au subjonctif. Conjonctions subjonctives.
•—ÉTYM. Provenç. subjunctiu; espagn. subjun-
tivo; ital. soggiuntivo; du lat. subjunctivus, de
subjungere, de sub, sous, et jungere, joindre.
f SUBJUGATION (sub-ju-ga-sion), s. f. Action de
subjuguer. Résultat de cette action. Concitoyens,
vous n'avez pas d'autre alternative que la victoire
ou la subjugation, Proclamation do Jefferson Da-
vis, dans J. des Débats, 25 août I8G3.
— HIST. xvi" s. Subjugation, COTGRAVE.
— ÉTYM. Subjuguer.
SUBJUGUÉ, EE (sub-ju-ghé, ghée), part, passé
de subjuguer. Réduit en sujétion. Ils [les Ro-
mains] gouvernaient avec équité les nations sub-
juguées, BOSS. Hist. m, 6'. Il Substantivement. Le
nombre des subjugués est immense par rapport
au nombre des vainqueurs, VOLT. Moeurs, 93.
Il Fig. Je me sens subjugué par cette maxime de
toute l'antiquité : rien ne vient du néant, rien ne
peut retourner au néant, VOLT. Phil. ignor. 14.
J'ai compris par cette aventure qu'il est impos-
sible de ramener un homme subjugué, et que la
femme la plus méprisable est celle dont l'empire
est le plus sûr, DDCLOS, OEUV. t. vin, p. 123. Ma
raison subjuguée par ce penchant fatal, RICCOBONI,
OEuv. t. iv, p. -H 6, dans POUGENS. Corinne n'était
point une personne frivole; mais elle se sentait
chaque jour plus subjuguée par son amour pour
Oswald, STAEL, Corinne, vi, I.
SUBJUGUER (sub-ju-ghé), je subjuguais, nous
subjuguions, vous subjuguiez; que je subjugue,
que nous subjuguions, que vous subjuguiez, v. a.
Il 1° Mettre sous le joug, réduire en sujétion, par
la force des armes. Annibal est vaincu, et Car-
tilage subjuguée par Scipion l'Africain, BOSS. Hist.
m, 7. De tous les conquérants qui ont envahi une
partie du monde, .il n'y en a pas un qui ait com-
mencé ses conquêtes avec autant de troupes ré-
glées, et autant d'argent que Louis en employa
SUB
pour subjuguer le petit État des Provinces-Unies,
VOLT. Louis XIV, 40. Le roi [Henri II] alla con-
quérir l'Irlande; c'était un pays 'sauvage qu'un
comte de Pembroke avait déjà subjugué en partie
avec douze cents hommes seulement, ID. Moeurs, 50.
Tamerlan devait avoir d'autant plus de ce mérite
propre à l'ambition, qu'étant né sans États, il sub-
jugua autant de pays qu'Alexandre, et presque
autant que Gengis, m. Moeurs, 88. || 8° Par exten-
sion. Dompter un cheval. || 3" Fig. 11 se dit de la
possession d'une femme. S'il avait voulu attaquer
ces dames, il les aurait toutes subjuguées l'une
après l'autre, sans être aimé d'aucune, VOLT. Pr.
de Bab. 7. || 4" Fig. Exercer de l'empire, de l'as-
cendant. Les hommes, qui sont tous nés imita-
teurs, prennent insensiblement la manière de
s'exprimer et même de penser des premiers dont
l'imagination a subjugué celle des autres, VOLT.
Dise, récept. Corneille avait trente ans quand il
donna sa Médée; c'est l'âge de la force de l'esprit;
mais il était encore subjugué par son siècle, m.
Comm. Corn. Rem. Médée. Monseigneur le duc
d'Orléans, régent du royaume, me faisant un jour
réciter le second chant de la Henriade, me dit :
Il faut que le vers me subjugue, ID. Lett. Choiseul,
juin 4 773. La même crainte qui le fait fuir [le
flamant] le subjugue quand il est pris, BUFF.
Ois. t. xvi, p. 324. Son nom [de Montesquieu, allé-
gué dans une discussion] subjugua tout le sé-
nat britannique, RAÏNAL, Hist. phil. xiv, 22. Il
n'est pas temps encore ; ils sont tous subjugués
par lui, BEAUMARCH. Mère coup. 1, 2.
— HIST. xnc s. La poesté, la seignorance Del
reaime de tute France [il] Suzmist à sei e suzjua,
BENOÎT, 1, 766. Les gens sunt forz e enrichies; Ne
les porra riens sosjoer, ID. n, 14396. ||xv 9 s. Veu
que nous avons la puissance, La proesse et l'auc-
torité Pour subjuguer toute la France.... Mistere
d'Orléans, p. 416. Après les guerres où il les avoit
vaincuz et subjuguez, COMM. II, 4.
— ÉTYM. Provenç. et espagn. subjugar ; ital.
soggiogare; du lat. subjugare, de sub, sous, et
jugum, joug.
f SUBJUGUEUR (sub-ju-gheur), s. m. Celui qui
subjugue. Louis lui-même, effroi de tant de prin-
ces, Preneur de murs, subjugueur de provinces,
LA FONT. Poésies mêlées, XLII.
— HIST. xvie s. Subjugueur, OUDIN, Dict.
— ÉTYM. Subjuguer; ital. soggiogatore.
f SUBLAPSA1RE (sub-la-psê-r'), s. m. Nom
donné à ceux d'entre les calvinistes qui regardent
tous les hommes non prédestinés comme voués à
une perdition inévitable par la chute d'Adam.
— ÉTYM. Lat. sub, et lapsus, sous, après, chute.
SUBLIMATION (su-bli-ma-sion), s. f. Terme de
chimie. Opération par laquelle un corps solide,
volatilisé par la chaleur dans un vase clos, arrive
contre la paroi supérieure de ce vase, où il re-
passe à l'état solide et s'y fixe. Il [M. Geoffroy le
cadet] montra à la compagnie un petit,pain de ce
sel [ammoniaque], en tout semblable à celui qu'on
nous apporte du Levant, excepté qu'il paraissait
résulter de la sublimation, comme il en résultait
en effet, -MAIRAN, Élog. de Lémery. || Action vol-
canique qui produit diverses substances minérales.
Les volcans donnent, par sublimation, des matières
ferrugineuses qui ont du magnétisme et des pôles,
BOFF. Min. t. ix, p. 158.
— HIST. xve s. Qui en veult médecine avoir Mer-
curiale, en son vessel Le mestra dedens le fournel
Pour faire sublimation, Qui est de Dieu un noble
don, la Font. 456.
— ÉTYM. Ital. sublimasione ; du lat. sublima-
tionem, de sublimare (voy. SOBLIMER). Sublimation
de France [élévation de la nation française], Chron.
de-St-Denis, t. 11, f" 12, dans LACURNE.
SUBLIMATOIRE (su-bli-ma-toi-r'), s. m. Terme
de chimie. Vaisseau qui sert à la sublimation.
Il Terme d'alchimie, Sublimatoire des philosophes,
l'oeuf des sages, dans lequel la pierre se cuit.
— HIST. xvic s. Alembic, refrigeratoires, subli-
matoires, rêverberatoires, PARÉ, t. m, p. 638.
— ÉTYM. Sublimer.
SUBLIME (su-bli-m'), adj. || 1° Au sens latin ei
propre, usité seulement en termes d'anatomie et
de médecine. Muscles sublimes, muscles plus su-
perficiellement situés que leurs congénères que
l'on désigne alors par le nom de profonds. || Res-
piration sublime, celle qui est grande, -accompa-
gnée de mouvements des ailes du nez et d'éléva-
tion du thorax pendant l'inspiration. || Fig. Les
dons que je vous fais, Ils ne font point de honta
au rang le plus sublime, CORN. Héracl. 1, 2. Si vo-
SUB
le coup d'un destin rigoureux, CORN. Cinna, i, 4.
Ainsi, prêt à subir un joug qui vous opprime,
Vous n'allez à l'autel_ que comme une victime,
RAC. Mithr. n, 4. Je n'ai point de leur joug [des
Romains] subi l'ignominie, ID. ib. v, 5. Le riche
et l'indigent, l'imprudent et le sage, Sujets à
même loi, subissent même sort, J. B. ROUSS.
Odes, i, 3. On assure qu'en travestissant ce grand
poète, il [Scarron] le priait quelquefois de par-
donner à sa goutte l'espèce de mascarade qu'il
faisait subir à l'Enéide, D'ALEMB. Élog. Mariv.
note 3. Les enfants [à Lacédémone] subissent un
jugement solennel dès leur naissance, et sont
condamnés à périr lorsqu'ils sont mal conformés,
BARTHÉL. Anach. ch. 43. || Subir la question, être
mis à la question. || Subir un interrogatoire, ré-
pondre aux interrogations d'un juge devant lequel
on comparaît. H Subir son jugement, subir la peine
à laquelle on a été condamné par un jugement.
|| Subir examen, un examen, passer à l'examen sui-
vant les formalités ordinaires. || On dit de même :
subir une épreuve. || Fig. Cette constitution poli-
tique a subi l'épreuve du temps. || 2° Il se dit des
objets qui éprouvent changement, modification.
Les moeurs subirent une réforme. La tourterelle,
comme le pigeon et le ramier, a subi des variétés
dans les différents climats, BUTF. Ois. t. rv, p. 393.
Lorsque ces particules d'argent pur rencontrent
dans le sein de la terre les principes des sels et
les vapeurs du soufre, elles s'altèrent et subissent
des changements divers et très-apparents, ID. Min.
t. vm, p. 52; ,
— REM. i. Vous serez révolté de voir subir des
refus, parce qu'on essuyé un refus, et qu'on subit
une peine; subir un refus est un barbarisme,VOLT.
Dict. phil. Vers et poésie. ||2. Subir paraît, s'être
introduit dans la langue au commencement du
XVIIC siècle.
— ÉTYM. Lat. subire, de sub, sous, et ire,
aller (voy. IRAI).
SUBIT, ITE (su-bi, bi-t'), adj. Qui survient tout
à coup. Accident subit, ROTR. Bélis. rv, 7. Us [les
hommes] mangeaient, ils buvaient, ils achetaient,
ils vendaient, ils plantaient, ils bâtissaient, ils fai-
saient des mariages aux jours de Noé et aux jours
de Loth, et une subite ruine les vint accabler, BOSS.
Mar.-TMr. Prenez soin qu'à l'instant la trompette
guerrière Dans le camp ennemi jette un subit
effroi, RAC. Athal. v, 3. Qui peut vous garantir
qu'une révolution subite d'humeurs ne vous fera
pas expirer sur-le-champ ?MASS. Car. Imp. finale.
— HIST. xnie s. [Elle] Dieu prie qu'avant puist
morir, Et que mors soubite ains lui viegne, Ro-
man de Robert le Diable. || XVe s. L'un de ceux qui
avoient un glaive se vira subit, et le darda en
l'estomac du chevalier, LOUIS XI, NOUV. zcvm.
||xvie s En ses lèvres habite Mortel venin qui
cause mort subite, MAROT, n, 281. Subit que nous
sentons quelque mordication aux intestins, nous
nous hastons d'y remédier, PARÉ, I, 23. Nostre
changement est si subit et si prompt en cela [la
mode], -que l'invention de tous les tailleurs du
monde ne sçauroit fournir assez de nouvelletez,
MONT. I, 370.
— ÉTYM. Ital. subito ; du lat. subitus, subit, qui
est le participe passé de subire, aller sous.
SUBITEMENT (su-bi-te-man), adv. D'une ma-
nière subite. Allons subitement Lui demander [à
Néron] raison de cet enlèvement, RAC. Brit. 1, i.
Et jamais on n'a vu la timide innocence Passer su-
bitement à l'extrême licence, m. Plièd. iv, 2.
L'amour qui naît subitement est le plus long à
guérir, LA BRUY. IV. Il n'est pas vrai qu'il [Louvois]
mourut subitement au sortir du conseil, comme
on l'a dit dans tant de livres et dictionnaires,
VOLT. Louis XIV, Secret. d'État.
— HIST. XIIe s. Sudement [ils] sajetterunt lui,
Liber psalm. p. 8i. Orme dites cum faitement
Venu estes tant sodement, WAGE, Vierge Marie,
p. 74. Jazon od [avec] mil homes sobitement
entra en la cité, Machab. n, 6. || xme s. Soude-
ment les tormenta nostre sire Dieux, et ocist les
plusieurs, Psautier, f° 94. [elle] Mourut subite-
ment séant sor une sele [chaise], Berte, LXXXVI.
IlXIV s. Lores s'en ala li consuls soudement et
assaillit la ville, BERCHEURE, f° 39, verso. || xvie s.
Retirez de la dispute, par douleur de ventre, à la
garde-robe, touts deux [Arius et Léon] y rendirent
subitement l'ame, MONT, I, 249.
— ÉTYM. Subite, et le suffixe ment; ital. subi-
tamente. ...
SUBITO (su-bi-to), adv. Terme familier.. Subi-
tement, tout à coup. Quoi qu'il en soit, goûtez-en
SUB
un petit moment, mon cher ange, et renvoyez-le
moi subito, subito, VOLT. Lett. d'Argental, 4 août
1777. Si du trône, par occurrence,Un roi tombait,
que subito On le ramène en son château, BÉRANG.
Sainte Alliance.
— ÉTYM. Ital. subito, soudainement (voy. SUBIT).
f SUBJACENT, ENTE (sub-ja-san, san-t'), adj.
Qui est situé, placé au-dessous.
t SUBJECTIF, IVE (sub-jè-ktif, kti-v'), ad}..
Il 1° Ternie de philosophie. Qui a rapport au sujet.
i| Il se dit, par opposition à objectif, de ce qui se
passe dans l'intérieur de l'esprit. || Conceptions
subjectives, celles qui émanent directement de
l'esprit sans mélange notable des conceptions ob-
jectives. H Méthode subjective, méthode dans la-
quelle le point de départ est une conception de
l'esprit, qui pose a priori un certain principe mé-
taphysique d'où il tire des déductions. || Subst. m.
Le subjectif, ce qui est subjectif. ]| 2° Terme de
grammaire. Voix subjective, se dit de la voix
active, par opposition à voix objective ou passive.
Il Cas subjectif, se dit du nominatif, concurrem-
ment avec cas sujet.
— HIST. Lat. subjectivus, qui appartient au su-
jet, de subjicere, mettre sous, de sub, sous, et
jacere, jeter.
f SUBJECTION (sub-jè-ksion), s. f. Terme de
littérature. Figure de pensée qui consiste à inter-
roger l'adversaire et à supposer sa réponse, ou,
simplement, à prévoir ce qu'il pourrait dire et à
fournir d'avance la réplique!
— ÉTYM. Lat. subjectionem, de subjicere, mettre
dessous.
f SUBJECTIVEMENT (sub-jè-kti-ve-man), adv.
Terme de philosophie. D'une manière subjective.
f SUBJECTIVE», (sub-jè-kti-vé), v. a. Terme de
philosophie. Rendre subjectif; considérer comme
tel, faire dépendre du subjectif.
f SUBJECTIVISME ( sub-jè-kti-vi-sm' ), s. m.
Propension vicieuse vers la subjectivité. Proposi-
tion entachée de subjectivisme.
f SUBJECTIVITE (sub-jè-kti-vi-té), s. f. Terme
de philosophie. Qualité de ce qui est subjectif.
Il Ensemble de ce qui est subjectif.
SUBJONCTIF (sub-jon-ktif), s. m. Terme de
grammaire. || i" Mode du verbe qui exprime l'exis-
tence, l'état ou l'action dans un rapport de dé-
pendance avec un autre verbe auquel il est sou-
mis. Les temps du subjonctif. Le subjonctif exprime
l'action d'une manière dépendante, subordonnée,
incertaine, conditionnelle, en un mot d'une ma-
nière qui n'est pas absolue et qui suppose tou-
jours un indicatif, DUMARS. OEUV. t. iv, p. 342.
Il Adj. Le mode subjonctif. || 2° Adj. Qui appartient
au subjonctif. Conjonctions subjonctives.
•—ÉTYM. Provenç. subjunctiu; espagn. subjun-
tivo; ital. soggiuntivo; du lat. subjunctivus, de
subjungere, de sub, sous, et jungere, joindre.
f SUBJUGATION (sub-ju-ga-sion), s. f. Action de
subjuguer. Résultat de cette action. Concitoyens,
vous n'avez pas d'autre alternative que la victoire
ou la subjugation, Proclamation do Jefferson Da-
vis, dans J. des Débats, 25 août I8G3.
— HIST. xvi" s. Subjugation, COTGRAVE.
— ÉTYM. Subjuguer.
SUBJUGUÉ, EE (sub-ju-ghé, ghée), part, passé
de subjuguer. Réduit en sujétion. Ils [les Ro-
mains] gouvernaient avec équité les nations sub-
juguées, BOSS. Hist. m, 6'. Il Substantivement. Le
nombre des subjugués est immense par rapport
au nombre des vainqueurs, VOLT. Moeurs, 93.
Il Fig. Je me sens subjugué par cette maxime de
toute l'antiquité : rien ne vient du néant, rien ne
peut retourner au néant, VOLT. Phil. ignor. 14.
J'ai compris par cette aventure qu'il est impos-
sible de ramener un homme subjugué, et que la
femme la plus méprisable est celle dont l'empire
est le plus sûr, DDCLOS, OEUV. t. vin, p. 123. Ma
raison subjuguée par ce penchant fatal, RICCOBONI,
OEuv. t. iv, p. -H 6, dans POUGENS. Corinne n'était
point une personne frivole; mais elle se sentait
chaque jour plus subjuguée par son amour pour
Oswald, STAEL, Corinne, vi, I.
SUBJUGUER (sub-ju-ghé), je subjuguais, nous
subjuguions, vous subjuguiez; que je subjugue,
que nous subjuguions, que vous subjuguiez, v. a.
Il 1° Mettre sous le joug, réduire en sujétion, par
la force des armes. Annibal est vaincu, et Car-
tilage subjuguée par Scipion l'Africain, BOSS. Hist.
m, 7. De tous les conquérants qui ont envahi une
partie du monde, .il n'y en a pas un qui ait com-
mencé ses conquêtes avec autant de troupes ré-
glées, et autant d'argent que Louis en employa
SUB
pour subjuguer le petit État des Provinces-Unies,
VOLT. Louis XIV, 40. Le roi [Henri II] alla con-
quérir l'Irlande; c'était un pays 'sauvage qu'un
comte de Pembroke avait déjà subjugué en partie
avec douze cents hommes seulement, ID. Moeurs, 50.
Tamerlan devait avoir d'autant plus de ce mérite
propre à l'ambition, qu'étant né sans États, il sub-
jugua autant de pays qu'Alexandre, et presque
autant que Gengis, m. Moeurs, 88. || 8° Par exten-
sion. Dompter un cheval. || 3" Fig. 11 se dit de la
possession d'une femme. S'il avait voulu attaquer
ces dames, il les aurait toutes subjuguées l'une
après l'autre, sans être aimé d'aucune, VOLT. Pr.
de Bab. 7. || 4" Fig. Exercer de l'empire, de l'as-
cendant. Les hommes, qui sont tous nés imita-
teurs, prennent insensiblement la manière de
s'exprimer et même de penser des premiers dont
l'imagination a subjugué celle des autres, VOLT.
Dise, récept. Corneille avait trente ans quand il
donna sa Médée; c'est l'âge de la force de l'esprit;
mais il était encore subjugué par son siècle, m.
Comm. Corn. Rem. Médée. Monseigneur le duc
d'Orléans, régent du royaume, me faisant un jour
réciter le second chant de la Henriade, me dit :
Il faut que le vers me subjugue, ID. Lett. Choiseul,
juin 4 773. La même crainte qui le fait fuir [le
flamant] le subjugue quand il est pris, BUFF.
Ois. t. xvi, p. 324. Son nom [de Montesquieu, allé-
gué dans une discussion] subjugua tout le sé-
nat britannique, RAÏNAL, Hist. phil. xiv, 22. Il
n'est pas temps encore ; ils sont tous subjugués
par lui, BEAUMARCH. Mère coup. 1, 2.
— HIST. xnc s. La poesté, la seignorance Del
reaime de tute France [il] Suzmist à sei e suzjua,
BENOÎT, 1, 766. Les gens sunt forz e enrichies; Ne
les porra riens sosjoer, ID. n, 14396. ||xv 9 s. Veu
que nous avons la puissance, La proesse et l'auc-
torité Pour subjuguer toute la France.... Mistere
d'Orléans, p. 416. Après les guerres où il les avoit
vaincuz et subjuguez, COMM. II, 4.
— ÉTYM. Provenç. et espagn. subjugar ; ital.
soggiogare; du lat. subjugare, de sub, sous, et
jugum, joug.
f SUBJUGUEUR (sub-ju-gheur), s. m. Celui qui
subjugue. Louis lui-même, effroi de tant de prin-
ces, Preneur de murs, subjugueur de provinces,
LA FONT. Poésies mêlées, XLII.
— HIST. xvie s. Subjugueur, OUDIN, Dict.
— ÉTYM. Subjuguer; ital. soggiogatore.
f SUBLAPSA1RE (sub-la-psê-r'), s. m. Nom
donné à ceux d'entre les calvinistes qui regardent
tous les hommes non prédestinés comme voués à
une perdition inévitable par la chute d'Adam.
— ÉTYM. Lat. sub, et lapsus, sous, après, chute.
SUBLIMATION (su-bli-ma-sion), s. f. Terme de
chimie. Opération par laquelle un corps solide,
volatilisé par la chaleur dans un vase clos, arrive
contre la paroi supérieure de ce vase, où il re-
passe à l'état solide et s'y fixe. Il [M. Geoffroy le
cadet] montra à la compagnie un petit,pain de ce
sel [ammoniaque], en tout semblable à celui qu'on
nous apporte du Levant, excepté qu'il paraissait
résulter de la sublimation, comme il en résultait
en effet, -MAIRAN, Élog. de Lémery. || Action vol-
canique qui produit diverses substances minérales.
Les volcans donnent, par sublimation, des matières
ferrugineuses qui ont du magnétisme et des pôles,
BOFF. Min. t. ix, p. 158.
— HIST. xve s. Qui en veult médecine avoir Mer-
curiale, en son vessel Le mestra dedens le fournel
Pour faire sublimation, Qui est de Dieu un noble
don, la Font. 456.
— ÉTYM. Ital. sublimasione ; du lat. sublima-
tionem, de sublimare (voy. SOBLIMER). Sublimation
de France [élévation de la nation française], Chron.
de-St-Denis, t. 11, f" 12, dans LACURNE.
SUBLIMATOIRE (su-bli-ma-toi-r'), s. m. Terme
de chimie. Vaisseau qui sert à la sublimation.
Il Terme d'alchimie, Sublimatoire des philosophes,
l'oeuf des sages, dans lequel la pierre se cuit.
— HIST. xvic s. Alembic, refrigeratoires, subli-
matoires, rêverberatoires, PARÉ, t. m, p. 638.
— ÉTYM. Sublimer.
SUBLIME (su-bli-m'), adj. || 1° Au sens latin ei
propre, usité seulement en termes d'anatomie et
de médecine. Muscles sublimes, muscles plus su-
perficiellement situés que leurs congénères que
l'on désigne alors par le nom de profonds. || Res-
piration sublime, celle qui est grande, -accompa-
gnée de mouvements des ailes du nez et d'éléva-
tion du thorax pendant l'inspiration. || Fig. Les
dons que je vous fais, Ils ne font point de honta
au rang le plus sublime, CORN. Héracl. 1, 2. Si vo-
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