Titre : Dictionnaire de la langue française.... Tome 4 / par É. Littré,...
Auteur : Littré, Émile (1801-1881). Auteur du texte
Éditeur : L. Hachette (Paris)
Date d'édition : 1873-1874
Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30824717s
Notice d'oeuvre : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12250808s
Type : monographie imprimée monographie imprimée
Langue : français
Format : 4 vol. ; gr. in-4 4 vol. ; gr. in-4
Description : [Dictionnaire de la langue française (français)] [Dictionnaire de la langue française (français)]
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k54066991
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-57472
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/12/2008
hAl
SAI
SA1
Î801
plus familier, LA BRUY. X. || 2° Etoffe légère de'
laine, qui est une espèce de serge.
REM. Ce mot a été masculin dans le xvn" siè-
cle comme il l'était au xvi° : Darius était vêtu
d'un saie de pourpre mêlée de blanc, VAUG. ,£>. C.
m, 3. '
— HIST. XIII 0 s. Berte chay pasmée sur un drap
noir corn saie, Berte, vin. || xvi" s. Pour son saye
feurent levées 4 800 aulnes de velours bleu tainct
en grene, RAB.- Garg. i, 8. Ils ne portaient avec
leurs harnois que des bas de saye, et les nostres
les sayes tout entiers, mais sans manches, CAR-
LOIX, iv, 27. Il portoit toujours un saye teint en
pourpre, AMYOT, Rom. 44.
— ■ÉTYM. Prov. saga, saya, saia; espagn. saya;
nal. saia ; du lat. sagum (voy. SAGUM).
f 2. SAIE (se), s. f. Petite brosse de poil de
porc, dont se servent les orfèvres pour nettoyer
leur ouvrage.
— ÉTYM. Prononciation normande de soie.
1 SAIETTER (sè-iè-té), v. a. Nettoyer avec la saie.
— ÉTYM. Saie 2.
f SAÏGA (sa-i-ga), s. m. Espèce d'antilope qui
vit dans les steppes de la Pologne et de la Russie
méridionale..
SAIGNANT , ANTE (sè-gnan, gnan-t'), adj.
|| i° Oui dégoutte de sang. Une plaie toute sai-
gnante. Ma main, saignante encor du meurtre de
Pélie, CORN. Méd. u, 2. Il [l'autour] se jette avide-
ment sur la chair saignante, et refuse assez
constamment la viande cuite, BUFF. Ois. t. i,
p. 334. || 2" Viande saignante, encore toute sai-
gnante, viande rôtie qui n'est pas assez cuite.
|| Proverbe. Boeuf saignant, mouton bêlant, il faut
que le boeuf et le mouton rôtis ne soient pas trop
cuits. || 3°. Fig. La plaie est encore saignante, la
douleur, l'injure est toute récente. || On dit dans
un sens analogue : un coeur saignant. Frappe en-
core, ô douleur, si tu trouves la place 1 Frappe ! ce
coeur saignant t'abhorre et te rend grâce, LAMART.
Harm. n, 7. Partout où sous ces vastes cieux J'ai
lassé mon coeur et mes yeux, Saignant d'une éter-
nelle plaie, A. DE MUSSET, Poés. nouv. Nuit de déc.
SAIGNÉ, ÉE (sè-gné, gnée), part, passé de sai-
gner. À qui on a fait une saignée. Saigné pour une
pneumonie. || Fig. Saigné à blanc par les bourreaux,
copays [la France].... CHATEAUBR. Mél. p. 27, dans
POUGENS.
SAIGNÉE (sè-gnée), s. f. || i° Ouverture de la
, veine pour tirer du sang. Ce n'est pas que la sai-
ion ne soit contraire aux médecins ; le remède de
.'Anglais [le quinquina], qui sera bientôt public,
les rend fort méprisables avec leurs saignées et
leurs médecines, SÉV. 4" nov. «79. Il avait fait de
pareilles observations sur la saignée : que seize on-
ces de sang, par exemple, se réparaient en moins
de cinq jours dans un sujet qui n'était nullement
affaibli, FONTEN. Dodart. Ma saignée s'était rou-
verte, et je souffrais beaucoup de la tête, CHA-
TEAUBR. Itin. part. 1.1| Saignée artérielle, celle
qui se fait par l'ouverture d'une artère; saignée
veineuse, celle qui se fait par l'ouverture d'une
veine; saignée capillaire, celle qui se fait par
l'ouverture 'des capillaires (sangsues, ventouses
scarifiées). || On dit que l'on fait une saignée blan-
che, lorsqu'on a manqué la veine, qu'on ne l'a
point ouverte. || Saignée de précaution, saignée que
l'on se fait faire sans être malade, mais pour pré-
venir des incommodités que l'on redoute. Louis XIV
n'évita l'apoplexie que par les saignées de précau-
tion ; Monsieur et son fils le régent, qui négligèrent
ce moyen, moururent d'apoplexie, ainsi que Lou-
vois et son frère l'archevêque de Reims, GENLIS,
Maison rust. t. n, p. 479, dans POUGENS. || 2" Quan-
tité de sang tirée par l'ouverture de la veine. Sai-
gnée abondante, Une saignée de trois poêlettes.
|| 3° Lieu où l'on fait la saignée, pli du bras. Il a
reçu un coup à la saignée. || 4° Fig. Il se dit de ce
que l'on tire comme le sang qui vient de la veine
ouverte. Je me trouve un peu incommodé de la
veine poétique par la quantité de saignées que j'y ai
faites ces jours passés, MOL. Préc. 42. Il ne sort
déjà que trop d'argent du royaume; les saignées
promptes épuisent bien plus que celles qui se font
peu à peu, FÉN. t. xxn, p. 488. Cet ingénieux expé-
dient fut de s'approprier, par forme d'emprunt, tout
ce qui m'était revenu des saignées que j'avais faites
au coffre-fort, LESAGE, Gil Bl. x, 4 4. Je trompai
l'attenta de ces dames, qui avaient compté qu'elles
feraient à ma bourse une copieuse saignée, ID.
Guzm. d'Alf. vi, 2. ||Cest une grande saignée, une-
rude saignée qu'on lui a faite, qu'on a faite à sa
bourse, se dit quand on a tiré de quelqu'un une
DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
grosse somme d'argent qu'il ne devait ou qu'il ne
comptait pas payer. ||'5° Par analogie. Rigole que
l'on fait pour tirer de l'eau de quelque endroit. On
a trouvé l'avant-fossé plein d'eau, comme Vauban
l'avait remarqué; et on ne peut en venir à bout
que par des saignées; ce qui est un grand travail,
PELUSSON, Lett. hist. t. ni, p. 388. Eumène fit
tant de diligence, qu'il gagna une éminence avec
ses troupes ; et, le.lendemain, il trouva le moyen
de faire une saignée à l'inondation, qui fit couler
l'eau, de manière qu'il en sortit presque sans au-
cune perte, ROLLIN, Hist. _ anc. OEuvr. t. vu,
p. 4 26, dans POUGENS. Les Egyptiens fertilisèrent
le sol par les saignées du fleuve, VOLT. Moeurs,
Introd. Mon. égypt. Si la pente était si rapide que
les terres mises en valeur pussent être entraînées
malgré les sillons, on ajouterait d'espace en es-
pace , et dans le même sens, de petites saignées
qui rompraient en partie la force et la vitesse que
laroideur des collines ajoute à la chute des grosses
pluies, RAYNAL, Hist.phil. xi, 25. || Proverbe. Se-
lon le bras la saignée, se dit quand on fait une
taxe, un emprunt proportionné aux biens de celui
à qui on les demande.
— HIST. xin* s. De Guion de Porcesse vous doi
dire la vie; Li bers se fist sainier, ce fut moult
grant folie ; Car, si comme Diex volt, mors fu de la
sainie, Ch. d'Ant. n, 885. ||xiv° s. Icellui Beque-
mie tourna le coutel contre le bras dudit Mettoier,
et li copa dudit bras bien avant p*r l'endroit de la
saignée, DU CANGE, sanguinare. Sans leur vie es-
pargnier, ne doubter char navrée, Ne saignie de
sang, ne sueur dégoûtée, Guescl. 8394. ||xvie s. On
pourra provoquer la saignée par le ,nez, si on voit
que nature y tende, PARÉ, xxrv, 28. Un pauvre
homme estant condamné à mourir, et passant de-
vant la boutique d'un chirurgien, requit la justice
de permettre qu'il fust saigné, priant le barbier
de luy ouvrir la veine : le prevost lors luy va res-
pondre : Hé mon amy, je le veux ; mais que te
servira la saignée? Le pauvre patient luy respond :
Si fera, bien me' servira; ne dit-on pas que la
première saignée sauve la vie à un homme? Je
ne fus jama:s saigné, BOUCHET, Serées, n, p. 30,
dansLACURNE. Les Romains.... ont à escient hourry
des guerres.... pour servir de saignée à leur repu-
blique, et esventer un peu la chaleur trop véhé-
mente de leur jeunesse, MONT, ni, 98.
— ÉTYM. Saigné ; wallon, sainaie ; prov. sangnia,
sancnia, i,agnia; espagn. sangria.
SAIGNEMENT (sè-gne-man), s. m. Écoulement
de sang. Le saignement d'une plaie. Le roi d'An-
gleterre [Jacques II] est revenu à Londres aban-
donné.... il avait un furieux saignement de nez,
SÉV. 43 déc. 4 688.
— ÉTYM. Saigner.
SAIGNER (sè-gné), v. n. || 1° Rendre du sang, en
parlant soit de la personne ou de l'animal qui perd
du sang, soit de la partie dont il s'écoule. Laisser
saigner une plaie. Le liez lui saigne. Son doigt sai-
gne. À peine sortions-nous pleins de trouble et d'hor-
reur, Qu'Attila recommence à saigner de fureur,
CORN. Attila, v, 6. Ce pauvre doyen, pénétré de dou-
leur, le coeur saisi, disant la messe pour ce frère
que voilà dans l'église, tout vif encore, mais tout
mort dans ce cercueil, qui saigne de tous côtés ;
ha, mon Dieu 1 quelle idée ! le sang coule-t-il d'un
corps mort ? oui, puisque vous le dites, SÉV. 4 janv.
4 690. || Fig. Le coup dont on les lue [les princes]
est longtemps à saigner, CORN. Cinna, m, 4. || Sai-
gner comme un boeuf, rendre beaucoup de sang
par la partie qui a été blessée, coupée. || Fig. Elle
saigne encore, se dit d'une pièce d'or récemment
rognée. || Saigner du nez, avoir du sang qui coule
du nez. Une autre fois, saignant du nez, il croyait
que son âme allait sortir dans son mouchoir, FÉN.
î)ial. des morts anc. dial. 4. S'il tombe, s'il saigne
du nez, j. j. ROUSS. Ém. n. || Fig. Saigner du nez,
manquer de courage dans l'occasion. Quand quel-
qu'un a l'âme poltronne, X tout bruit il tremble et
s'étonne, Â tout coup il saigne du nez, SCARR. Virg.
iv. Le porter [l'éléphant de pierre], d'une haleine,
au sommet de ce mont Qui menace les cieux de
son superbe front; L'un des deux chevaliers sai-
gnadunez.... LA FONT. Fabl.x, 44. CeG***, homme
insolent et lâche, saigna du nez, et, pour se ven-
ger, accusa mon père d'avoir mis l'épée à la main
dans la ville, J. J. ROUSS. Conf. 1.1| On dit dans le
même sens : le nez lui saigne. Je crois que le nez
a saigné au prince d'Orange, et il n'est tantôt plus
fait mention de lui, RAC. Lett. 17, à Boileau.
|| Saigner du nez, manquer aune promesse donnée.
Il avait promis de me vendre sa aiaison, mainte-
nant il saigne du nez. || En artillerie, saigner du
nez, se dit d'une pièce dont la bouche s'abaisse
dans le tir, par suite du poids insuffisant de la
culasse. || 2° Fig. Ressentir un mal comparé à une
plaie saignante. Est-ce ainsi que la mort amère
vient rompre de si doux liens? le coeur saigne;
dans la douleur de la plaie, on sent combien ces
richesses y tenaient, BOSS. le Tellier. Par mon •
époux lui-même à Trézène amenée, J'ai revu l'en-
nemi que j'avais éloigné; Ma blessure trop vive
aussitôt a saigné, RAC. Phèdre, i, 3. Non-seulement
l'Allemagne, mais tous les Etats chrétiens sai-
gnaient encore des plaies qu'ils avaient reçues de
tant de guerres de religion, VOLT. Louis XIV, 4 4.
Le coeur doit saigner par degrés dans la tragédie,
et toujours des mêmes coups redoublés et surtout
variés, m. Comm. Corn. Rem. Hor. iv, 5. Aucune
loi ne peut, sans que l'équité saigne, Faire expier
à tous ce qu'a commis un seul, v. HUGO, Voix,
2. || C'est une plaie qui saigne encore, c'est une
offense, un malheur dont le souvenir est encore
vif. || Le coeur me saigne, le coeur lui saigne,
cela me blesse, m'afflige, le blesse, l'afflige pro-
fondément. Possible que, malgré la cure qu'elle
essaie, Mon âme saignera longtemps de cette plaie,
MOL. ï>ép. am. rv, 3. Crois qu'il m'en a coûté, pour
vaincre tant d'amour, Des combats dont mon coeur
saignera plus d'un jour, RAC. Bérén. n, 2. Le coeur
me saigne de voir manger votre bien par mille
gens qui croient encore vous faire trop d'honneur,
DANCOURT, Mais, de campagne, se. 9. Est-il possi-
ble que la plus grande consolation de la vie, celle
d'envoyer des contes par la poste, soit interdite
aux pauvres humains? cela fait saigner le coeur,
VOLT. Lett. d'Argental, 48 janv. 4764. Je raillais
les Français de leurs défaites, tandis que le coeur
m'en saignait plus qu'à eux, j. j. ROUSS. Conf. v.
|| 3° V. a. Tirer du sang en ouvrant, une veine.
Notre bon M. Baralis a été saigné onze fois depuis
six jours, cela a empêché la suffocation.... une fièvre
continue, quatre-vingts ans sont tous -signes qui
m'en laissent un soupçon fort funeste, GUI PATIN, .
Lett. 27 mai 4 659. || Je me fis saigner hier du pied
dans la vue de vous plaire, SÉV. 4 94. De mon
temps on ne savait ce que c'était que de saigner
un enfant, ID. 26 juin 4 676. Il y a ici un jeune fils
du landgrave de Hesse qui est mort de la fièvre
continue sans avoir été saigné; sa mère lui avait
recommandé en partant de ne se point faire sai-
gner à Paris; il ne s'est point fait saigner, il est
mort, ID. 40 déc. 4 670. M. Cousinaut, qui fut de-
puis premier médecin du roi, fut, pour un vio-
lent rhumatisme, saigné soixante-quatre fois en
huit mois, GENLIS, Maison rust. t. n, p. 478,
dans POUGENS. || Saigner jusqu'au blanc, à blanc,
tirer une telle quantité de sang, que le patient
devienne blanc. || Absolument. Il saigne bien. Sa-
che, mon ami, qu'il ne faut que saigner et faire
boire de l'eau chaude; voilà le secret de guérir
toutes les maladies du monde, LESAGE, Gil Bl
n, 3. Ils [les Taîtiens] ont l'usage de saigner; mais
ce n'est ni au Lras ni au pied; un taoua, c'est-à-
dire un médecin ou prêtre inférieur, frappe avec
un bois tranchant sur le crâne du malade ; il ouvre
par ce moyen la veine que nous nommons sagit-
tale; et, lorsqu'il en a coulé suffisamment de
sang, il ceint la tête d'un bandeau qui assujettit
l'ouverture, BOUGAINVILLE, Voy. t. n, p. 414
|| 4° Tuer, égorger un animal. Saigner, un porc.
|| Par extension. Saigner quelqu'un, lui donner un
coup d'épée, le tuer d'un coup d'épée. Monsieur,
je veux toucher mes quatre cents pistoles, Ou,
cadédis, je veux le saigner à l'instant, REGNARD,
le Bal, 14. || Saigner la viande, la purger du sang
grossier. On n'a pas assez saigné cette viande.
|| 5° Fig. Exiger, tirer de quelqu'un, plus qu'il ne
croyait payer. Autrefois le gouvernement saignait
de temps en temps les traitants. || 6° Par analogie.
Saigner un fossé, un marais, en faire écouler l'eau
par des rigoles. Les nouvelles de Zutphen étaient
ce matin, qu'il y avait deux logements de quarante
hommes chacun sur la contrescarpe, qu'on sai-
gnait le fossé, PELLISSON, Lett. hist. t. i, p. 194. Il
y eut un autre prodige [au' siège de Leyde en
1575], c'est que les assiégeants [les Espagnols]
osèrent continuer le siège et entreprendre de sai-
gner cette vaste inondation [pratiquée par les Hol-
landais], VOLT. Moeurs, 464. || Saigner une rivière,
détourner une partie de son cours. || 7° Terme d'ar-
tillerie. Saigner une gargousse, en retirer de la
poudre. || 8° Se saigner, v. réfl. Être saigné. Le
porc se saigne d'une manière très-cruelle. || 9° Fig.
Se saigner, donner jusqu'au point de se gêner,
n — 226
SAI
SA1
Î801
plus familier, LA BRUY. X. || 2° Etoffe légère de'
laine, qui est une espèce de serge.
REM. Ce mot a été masculin dans le xvn" siè-
cle comme il l'était au xvi° : Darius était vêtu
d'un saie de pourpre mêlée de blanc, VAUG. ,£>. C.
m, 3. '
— HIST. XIII 0 s. Berte chay pasmée sur un drap
noir corn saie, Berte, vin. || xvi" s. Pour son saye
feurent levées 4 800 aulnes de velours bleu tainct
en grene, RAB.- Garg. i, 8. Ils ne portaient avec
leurs harnois que des bas de saye, et les nostres
les sayes tout entiers, mais sans manches, CAR-
LOIX, iv, 27. Il portoit toujours un saye teint en
pourpre, AMYOT, Rom. 44.
— ■ÉTYM. Prov. saga, saya, saia; espagn. saya;
nal. saia ; du lat. sagum (voy. SAGUM).
f 2. SAIE (se), s. f. Petite brosse de poil de
porc, dont se servent les orfèvres pour nettoyer
leur ouvrage.
— ÉTYM. Prononciation normande de soie.
1 SAIETTER (sè-iè-té), v. a. Nettoyer avec la saie.
— ÉTYM. Saie 2.
f SAÏGA (sa-i-ga), s. m. Espèce d'antilope qui
vit dans les steppes de la Pologne et de la Russie
méridionale..
SAIGNANT , ANTE (sè-gnan, gnan-t'), adj.
|| i° Oui dégoutte de sang. Une plaie toute sai-
gnante. Ma main, saignante encor du meurtre de
Pélie, CORN. Méd. u, 2. Il [l'autour] se jette avide-
ment sur la chair saignante, et refuse assez
constamment la viande cuite, BUFF. Ois. t. i,
p. 334. || 2" Viande saignante, encore toute sai-
gnante, viande rôtie qui n'est pas assez cuite.
|| Proverbe. Boeuf saignant, mouton bêlant, il faut
que le boeuf et le mouton rôtis ne soient pas trop
cuits. || 3°. Fig. La plaie est encore saignante, la
douleur, l'injure est toute récente. || On dit dans
un sens analogue : un coeur saignant. Frappe en-
core, ô douleur, si tu trouves la place 1 Frappe ! ce
coeur saignant t'abhorre et te rend grâce, LAMART.
Harm. n, 7. Partout où sous ces vastes cieux J'ai
lassé mon coeur et mes yeux, Saignant d'une éter-
nelle plaie, A. DE MUSSET, Poés. nouv. Nuit de déc.
SAIGNÉ, ÉE (sè-gné, gnée), part, passé de sai-
gner. À qui on a fait une saignée. Saigné pour une
pneumonie. || Fig. Saigné à blanc par les bourreaux,
copays [la France].... CHATEAUBR. Mél. p. 27, dans
POUGENS.
SAIGNÉE (sè-gnée), s. f. || i° Ouverture de la
, veine pour tirer du sang. Ce n'est pas que la sai-
ion ne soit contraire aux médecins ; le remède de
.'Anglais [le quinquina], qui sera bientôt public,
les rend fort méprisables avec leurs saignées et
leurs médecines, SÉV. 4" nov. «79. Il avait fait de
pareilles observations sur la saignée : que seize on-
ces de sang, par exemple, se réparaient en moins
de cinq jours dans un sujet qui n'était nullement
affaibli, FONTEN. Dodart. Ma saignée s'était rou-
verte, et je souffrais beaucoup de la tête, CHA-
TEAUBR. Itin. part. 1.1| Saignée artérielle, celle
qui se fait par l'ouverture d'une artère; saignée
veineuse, celle qui se fait par l'ouverture d'une
veine; saignée capillaire, celle qui se fait par
l'ouverture 'des capillaires (sangsues, ventouses
scarifiées). || On dit que l'on fait une saignée blan-
che, lorsqu'on a manqué la veine, qu'on ne l'a
point ouverte. || Saignée de précaution, saignée que
l'on se fait faire sans être malade, mais pour pré-
venir des incommodités que l'on redoute. Louis XIV
n'évita l'apoplexie que par les saignées de précau-
tion ; Monsieur et son fils le régent, qui négligèrent
ce moyen, moururent d'apoplexie, ainsi que Lou-
vois et son frère l'archevêque de Reims, GENLIS,
Maison rust. t. n, p. 479, dans POUGENS. || 2" Quan-
tité de sang tirée par l'ouverture de la veine. Sai-
gnée abondante, Une saignée de trois poêlettes.
|| 3° Lieu où l'on fait la saignée, pli du bras. Il a
reçu un coup à la saignée. || 4° Fig. Il se dit de ce
que l'on tire comme le sang qui vient de la veine
ouverte. Je me trouve un peu incommodé de la
veine poétique par la quantité de saignées que j'y ai
faites ces jours passés, MOL. Préc. 42. Il ne sort
déjà que trop d'argent du royaume; les saignées
promptes épuisent bien plus que celles qui se font
peu à peu, FÉN. t. xxn, p. 488. Cet ingénieux expé-
dient fut de s'approprier, par forme d'emprunt, tout
ce qui m'était revenu des saignées que j'avais faites
au coffre-fort, LESAGE, Gil Bl. x, 4 4. Je trompai
l'attenta de ces dames, qui avaient compté qu'elles
feraient à ma bourse une copieuse saignée, ID.
Guzm. d'Alf. vi, 2. ||Cest une grande saignée, une-
rude saignée qu'on lui a faite, qu'on a faite à sa
bourse, se dit quand on a tiré de quelqu'un une
DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
grosse somme d'argent qu'il ne devait ou qu'il ne
comptait pas payer. ||'5° Par analogie. Rigole que
l'on fait pour tirer de l'eau de quelque endroit. On
a trouvé l'avant-fossé plein d'eau, comme Vauban
l'avait remarqué; et on ne peut en venir à bout
que par des saignées; ce qui est un grand travail,
PELUSSON, Lett. hist. t. ni, p. 388. Eumène fit
tant de diligence, qu'il gagna une éminence avec
ses troupes ; et, le.lendemain, il trouva le moyen
de faire une saignée à l'inondation, qui fit couler
l'eau, de manière qu'il en sortit presque sans au-
cune perte, ROLLIN, Hist. _ anc. OEuvr. t. vu,
p. 4 26, dans POUGENS. Les Egyptiens fertilisèrent
le sol par les saignées du fleuve, VOLT. Moeurs,
Introd. Mon. égypt. Si la pente était si rapide que
les terres mises en valeur pussent être entraînées
malgré les sillons, on ajouterait d'espace en es-
pace , et dans le même sens, de petites saignées
qui rompraient en partie la force et la vitesse que
laroideur des collines ajoute à la chute des grosses
pluies, RAYNAL, Hist.phil. xi, 25. || Proverbe. Se-
lon le bras la saignée, se dit quand on fait une
taxe, un emprunt proportionné aux biens de celui
à qui on les demande.
— HIST. xin* s. De Guion de Porcesse vous doi
dire la vie; Li bers se fist sainier, ce fut moult
grant folie ; Car, si comme Diex volt, mors fu de la
sainie, Ch. d'Ant. n, 885. ||xiv° s. Icellui Beque-
mie tourna le coutel contre le bras dudit Mettoier,
et li copa dudit bras bien avant p*r l'endroit de la
saignée, DU CANGE, sanguinare. Sans leur vie es-
pargnier, ne doubter char navrée, Ne saignie de
sang, ne sueur dégoûtée, Guescl. 8394. ||xvie s. On
pourra provoquer la saignée par le ,nez, si on voit
que nature y tende, PARÉ, xxrv, 28. Un pauvre
homme estant condamné à mourir, et passant de-
vant la boutique d'un chirurgien, requit la justice
de permettre qu'il fust saigné, priant le barbier
de luy ouvrir la veine : le prevost lors luy va res-
pondre : Hé mon amy, je le veux ; mais que te
servira la saignée? Le pauvre patient luy respond :
Si fera, bien me' servira; ne dit-on pas que la
première saignée sauve la vie à un homme? Je
ne fus jama:s saigné, BOUCHET, Serées, n, p. 30,
dansLACURNE. Les Romains.... ont à escient hourry
des guerres.... pour servir de saignée à leur repu-
blique, et esventer un peu la chaleur trop véhé-
mente de leur jeunesse, MONT, ni, 98.
— ÉTYM. Saigné ; wallon, sainaie ; prov. sangnia,
sancnia, i,agnia; espagn. sangria.
SAIGNEMENT (sè-gne-man), s. m. Écoulement
de sang. Le saignement d'une plaie. Le roi d'An-
gleterre [Jacques II] est revenu à Londres aban-
donné.... il avait un furieux saignement de nez,
SÉV. 43 déc. 4 688.
— ÉTYM. Saigner.
SAIGNER (sè-gné), v. n. || 1° Rendre du sang, en
parlant soit de la personne ou de l'animal qui perd
du sang, soit de la partie dont il s'écoule. Laisser
saigner une plaie. Le liez lui saigne. Son doigt sai-
gne. À peine sortions-nous pleins de trouble et d'hor-
reur, Qu'Attila recommence à saigner de fureur,
CORN. Attila, v, 6. Ce pauvre doyen, pénétré de dou-
leur, le coeur saisi, disant la messe pour ce frère
que voilà dans l'église, tout vif encore, mais tout
mort dans ce cercueil, qui saigne de tous côtés ;
ha, mon Dieu 1 quelle idée ! le sang coule-t-il d'un
corps mort ? oui, puisque vous le dites, SÉV. 4 janv.
4 690. || Fig. Le coup dont on les lue [les princes]
est longtemps à saigner, CORN. Cinna, m, 4. || Sai-
gner comme un boeuf, rendre beaucoup de sang
par la partie qui a été blessée, coupée. || Fig. Elle
saigne encore, se dit d'une pièce d'or récemment
rognée. || Saigner du nez, avoir du sang qui coule
du nez. Une autre fois, saignant du nez, il croyait
que son âme allait sortir dans son mouchoir, FÉN.
î)ial. des morts anc. dial. 4. S'il tombe, s'il saigne
du nez, j. j. ROUSS. Ém. n. || Fig. Saigner du nez,
manquer de courage dans l'occasion. Quand quel-
qu'un a l'âme poltronne, X tout bruit il tremble et
s'étonne, Â tout coup il saigne du nez, SCARR. Virg.
iv. Le porter [l'éléphant de pierre], d'une haleine,
au sommet de ce mont Qui menace les cieux de
son superbe front; L'un des deux chevaliers sai-
gnadunez.... LA FONT. Fabl.x, 44. CeG***, homme
insolent et lâche, saigna du nez, et, pour se ven-
ger, accusa mon père d'avoir mis l'épée à la main
dans la ville, J. J. ROUSS. Conf. 1.1| On dit dans le
même sens : le nez lui saigne. Je crois que le nez
a saigné au prince d'Orange, et il n'est tantôt plus
fait mention de lui, RAC. Lett. 17, à Boileau.
|| Saigner du nez, manquer aune promesse donnée.
Il avait promis de me vendre sa aiaison, mainte-
nant il saigne du nez. || En artillerie, saigner du
nez, se dit d'une pièce dont la bouche s'abaisse
dans le tir, par suite du poids insuffisant de la
culasse. || 2° Fig. Ressentir un mal comparé à une
plaie saignante. Est-ce ainsi que la mort amère
vient rompre de si doux liens? le coeur saigne;
dans la douleur de la plaie, on sent combien ces
richesses y tenaient, BOSS. le Tellier. Par mon •
époux lui-même à Trézène amenée, J'ai revu l'en-
nemi que j'avais éloigné; Ma blessure trop vive
aussitôt a saigné, RAC. Phèdre, i, 3. Non-seulement
l'Allemagne, mais tous les Etats chrétiens sai-
gnaient encore des plaies qu'ils avaient reçues de
tant de guerres de religion, VOLT. Louis XIV, 4 4.
Le coeur doit saigner par degrés dans la tragédie,
et toujours des mêmes coups redoublés et surtout
variés, m. Comm. Corn. Rem. Hor. iv, 5. Aucune
loi ne peut, sans que l'équité saigne, Faire expier
à tous ce qu'a commis un seul, v. HUGO, Voix,
2. || C'est une plaie qui saigne encore, c'est une
offense, un malheur dont le souvenir est encore
vif. || Le coeur me saigne, le coeur lui saigne,
cela me blesse, m'afflige, le blesse, l'afflige pro-
fondément. Possible que, malgré la cure qu'elle
essaie, Mon âme saignera longtemps de cette plaie,
MOL. ï>ép. am. rv, 3. Crois qu'il m'en a coûté, pour
vaincre tant d'amour, Des combats dont mon coeur
saignera plus d'un jour, RAC. Bérén. n, 2. Le coeur
me saigne de voir manger votre bien par mille
gens qui croient encore vous faire trop d'honneur,
DANCOURT, Mais, de campagne, se. 9. Est-il possi-
ble que la plus grande consolation de la vie, celle
d'envoyer des contes par la poste, soit interdite
aux pauvres humains? cela fait saigner le coeur,
VOLT. Lett. d'Argental, 48 janv. 4764. Je raillais
les Français de leurs défaites, tandis que le coeur
m'en saignait plus qu'à eux, j. j. ROUSS. Conf. v.
|| 3° V. a. Tirer du sang en ouvrant, une veine.
Notre bon M. Baralis a été saigné onze fois depuis
six jours, cela a empêché la suffocation.... une fièvre
continue, quatre-vingts ans sont tous -signes qui
m'en laissent un soupçon fort funeste, GUI PATIN, .
Lett. 27 mai 4 659. || Je me fis saigner hier du pied
dans la vue de vous plaire, SÉV. 4 94. De mon
temps on ne savait ce que c'était que de saigner
un enfant, ID. 26 juin 4 676. Il y a ici un jeune fils
du landgrave de Hesse qui est mort de la fièvre
continue sans avoir été saigné; sa mère lui avait
recommandé en partant de ne se point faire sai-
gner à Paris; il ne s'est point fait saigner, il est
mort, ID. 40 déc. 4 670. M. Cousinaut, qui fut de-
puis premier médecin du roi, fut, pour un vio-
lent rhumatisme, saigné soixante-quatre fois en
huit mois, GENLIS, Maison rust. t. n, p. 478,
dans POUGENS. || Saigner jusqu'au blanc, à blanc,
tirer une telle quantité de sang, que le patient
devienne blanc. || Absolument. Il saigne bien. Sa-
che, mon ami, qu'il ne faut que saigner et faire
boire de l'eau chaude; voilà le secret de guérir
toutes les maladies du monde, LESAGE, Gil Bl
n, 3. Ils [les Taîtiens] ont l'usage de saigner; mais
ce n'est ni au Lras ni au pied; un taoua, c'est-à-
dire un médecin ou prêtre inférieur, frappe avec
un bois tranchant sur le crâne du malade ; il ouvre
par ce moyen la veine que nous nommons sagit-
tale; et, lorsqu'il en a coulé suffisamment de
sang, il ceint la tête d'un bandeau qui assujettit
l'ouverture, BOUGAINVILLE, Voy. t. n, p. 414
|| 4° Tuer, égorger un animal. Saigner, un porc.
|| Par extension. Saigner quelqu'un, lui donner un
coup d'épée, le tuer d'un coup d'épée. Monsieur,
je veux toucher mes quatre cents pistoles, Ou,
cadédis, je veux le saigner à l'instant, REGNARD,
le Bal, 14. || Saigner la viande, la purger du sang
grossier. On n'a pas assez saigné cette viande.
|| 5° Fig. Exiger, tirer de quelqu'un, plus qu'il ne
croyait payer. Autrefois le gouvernement saignait
de temps en temps les traitants. || 6° Par analogie.
Saigner un fossé, un marais, en faire écouler l'eau
par des rigoles. Les nouvelles de Zutphen étaient
ce matin, qu'il y avait deux logements de quarante
hommes chacun sur la contrescarpe, qu'on sai-
gnait le fossé, PELLISSON, Lett. hist. t. i, p. 194. Il
y eut un autre prodige [au' siège de Leyde en
1575], c'est que les assiégeants [les Espagnols]
osèrent continuer le siège et entreprendre de sai-
gner cette vaste inondation [pratiquée par les Hol-
landais], VOLT. Moeurs, 464. || Saigner une rivière,
détourner une partie de son cours. || 7° Terme d'ar-
tillerie. Saigner une gargousse, en retirer de la
poudre. || 8° Se saigner, v. réfl. Être saigné. Le
porc se saigne d'une manière très-cruelle. || 9° Fig.
Se saigner, donner jusqu'au point de se gêner,
n — 226
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