Titre : Dictionnaire de la langue française.... Tome 4 / par É. Littré,...
Auteur : Littré, Émile (1801-1881). Auteur du texte
Éditeur : L. Hachette (Paris)
Date d'édition : 1873-1874
Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30824717s
Notice d'oeuvre : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12250808s
Type : monographie imprimée monographie imprimée
Langue : français
Format : 4 vol. ; gr. in-4 4 vol. ; gr. in-4
Description : [Dictionnaire de la langue française (français)] [Dictionnaire de la langue française (français)]
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k54066991
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-57472
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/12/2008
1778
RUI)
de pierre, de terre cuite, de brique, d'oscorce
d'arbres, de paille; on les enferme dans les mu-
railles.... o. DE SERRES, 436. Les Portugais pres-
sants la ville de Tamly.... les habitants d'icelle
portèrent sur la muraille grand'quantité de ruches,
de quoy ils sont riches ; et à tout du feu chassè-
rent les abeilles si vifvement sur leurs ennemis
qu'ils les meirent en roule, MONT, n, 4 90.
— ÉTYM. On fait venir ce mot du celtique : bas-
bret. rusken, écorce et ruche; gaélique, rusg, écorce;
coruouaillais du ix" siècle, ruse, écorce : les ruches
étant faites d'écorce d'arbres. En provençal rusca veut
lire écorce. D'un autre côté des gloses anciennes
ionnent l'anc. haut-ail. rusca, panier, corbeille.
t RUCHÉE (ru-chée), s. f. Produit d'une ruche.
i| Population entière d'une ruche.
— HIST. xvie s. Quant à la ruchée d'abeilles qui
S3 vint poser sur la pouppe de la navire de Dion....
AMYOT, Dion, 30. Nous communiquons une ques-
tion ; on nous en redonne une ruchée, MONT, IV, 239.
4. RUCIIER (ru-ché; l'r ne se lie jamais), s. m.
Endroit où sont les ruches. On doit exposer le
rucher au midi et le garantir de la pluie et de la
trop grande ardeur du soleil, GENLIS, Maisonrust.
t. i, p. 364, dans POUGENS. ||Lieu où il y a beau-
coup de ruches.
— HIST. xvie s. Si le païs est aucunement sujet aux
vents, l'apier ou ruschier sera hautement fermé de
muraille.... o. DE SERRES, 432. Nous fournirons le
ruscher de toutes sortes de plantes.... m. 433.
— ËTYM. Ruche.
f. 2. RUCHER (ru-ché), ». a. Se dit, chez leslin-
gères et les couturières, de l'action de faire une
ruche. Rucher du tulle, du ruban.
— ÉTYM. Ruche.
f RUCHEUR (ru-cheur), s. m. Ouvrier qui met
le foin en petites meules.
— ËTYM. Ruche, par comparaison de forme.
f RUCHOTTER (ru-chc-té), v. a. Terme de
culture flamande. Labourer de manière à dépla-
cer en huit années toute la terre d'un champ.
— ÉTYM. Ruchotte, diminutif inusité de rue
(voy. BUELLER).
RUDÂNIER, 1ÈRE (ru-dâ-nié, niè-r'), adj. Terme
populaire, peu usité au masculin. Oui est rude à
ceux à qui il parle. Adieu, beauté rudânière, MOL.
G. Dandin, n, 4.
— HIST. xvi' s. X rude asne, rude asnier, H. EST.
l'récell. p. 4 79.
— ÉTYM . Rude, et ânier.
RUDE (ru-d'), ad}. || 1° Qui n'est pas dégrossi,
qui est brut, inculte (sens propre et étymolo-
gique). Vous avez ouï parler de cet amas rude et
indigeste [le chaos] qui précéda la disposition et la
beauté des choses que nous voyons, BALZ. le Bar-
bon. S'ils [les vers] n'étaient remplis d'une cer-
taine beauté qui se fait sentir aux personnes même
les plus rudes et les plus grossières, PELLISSON,
llist. Acad. iv, l'Estoile. D'esprit, j'en ai fort peu;
mais on l'aurait bien rude Si l'on ne profitait d'une
longue habitude, HAUTEROCHE, Bourg, de quai, m,
8. Les chiens du Kamtschatka sont grossiers, rudes
et demi-sauvages, comme leurs maîtres, BUFF. Qua*
drup. t. vin, p. 173. || Des moeurs rudes, des moeurs
d'une simplicité grossière. || 2" Par extension dû
sens de non dégrossi. Âpre au toucher. Avoir la
barbe rude. Une brosse fort rude. Qu'était-ce donc
que son vêtement? un rude cilice, BOURDAL. EX-
hort. sur sainle Thérèse, t. i, p. 300. || Couvert de
petites saillies ou aspérités nombreuses et sensibles
au toucher. Avoir la peau rude. || Se dit des plantes
qui présentent au tact une aspérité insensible à
l'oeil. || 3° Âpre au goût. Vin rude. || 4° Âpre et dif-
ficile, en parlant des chemins. Chemin rude. || Fig.
Le rude sentier de la vertu. Le juste, sévère à lui-
même.... ne peut pas même obtenir que le monde
le laisse en repos dans ce sentier solitaire et rude,
où il grimpe plutôt qu'il ne marche, BOSS. Reine
d'Anglet. || 5" Qui cause de la fatigue, de la peine.
Un rude métier. Il a entrepris une rude tâche.
Notre sort est beaucoup plus rude Chez les grands
que chez les petits, MOL. Amph. i, l. Bron-
lin.... Sort à l'instant, chargé d'une triple bou-
teille.... L'odeur d'un jus si doux lui rend le faix
moins rude, BOIL. Lutr. n. Mais je ne trouve point
de fatigue si rude Que l'ennuyeux loisir d'un mortel
sans-étude, m. Ép. -xi. Ce travail [le Siècle de
Louis XIV] est rude ; il y a trois ans qu'il m'oc-
cupe et qu'il me tue, sans presque aucune diver-
sion, VOLT Lett. Caperonnier, Ie' juin 1768. Qu'il
y ait parmi nous un homme [Damiens] qui ait osé
attenter à la vie de son souverain.... qu'on l'aitcon-
âamné à être déchiré avec des ongles de fer.... dé-
RUD
membre par des chevaux; qu'on lui ait lu cette
sentence terrible, et qu'après l'avoir entendue, il
ait dit froidement : la journée sera rude, DIDER.
Lett. à Mlle Voland, 4 5 oct. 4 760. Ma chaise [voi-
ture] était rude, et j'étais trop incommodé pouf pou-
voir marcher à grandes journées, J. J. ROUSS. Conf.
xi.Presque en toutes choses les commencements sont
rudes, m. ib. m. || Ce cheval est rude, il a le train
rude, fatigant. || Ce barbier a la main rude, il ne
rase pas légèrement. || Ce cavalier a la main bien
rude, il mène durement son cheval. || 6° Par exten-
sion, désagréable à voir, à entendre, à pronon-
cer, etc. Avoir le visage, l'air, le regard, la voix
rude Sollicitude à mon oreille est rude, MOL.
F. sav. n, 7. La colère et la tristesse les rendent
[les traits du visage] plus rudes, et leur donnent
un air ou plus farouche ou plus sombre, BOSS. Con-
naiss. n, (2. Par ce sage écrivain [Malherbe] la
langue réparée N'offrit plus rien de rude à l'oreille
épurée, BOIL. Art p. i. La raison quittant son ton
rude Prendra le ton du sentiment, GRESSET, Charlr.
|| Ce peintre a le pinceau rude, il peint d'une ma-
nière dure et sans grâce. || 7° Il se dit de la rigueur
des saisons. Un froid rude. Le rude hiver des an-
nées dernières acheva de la dépouiller de ce qui
lui restait de superflu, BOSS. Ann. de Gong. La
Haie est un séjour délicieux l'été, et la liberté y
rend les hivers moins rudes, VOLT. Lett. d'Argen-
son, 8 août 4 743. || Fig. Temps rudes, temps où le
travail manque, et où la misère est grande. 118° Où
il y a effort violent, lutte violente. Après avoir
achevé le rude siège de Besançon, BOSS. Louis de
Bourbon. Vous avez soutenu de rudes guerres, je
l'avoue, FÉN, Dial. des morts anc. Dial. 29. Des
richesses capables de fournir à toutes les dépenses
d'une rude et longue guerre, ROLLIN, llist. anc.
OEuv. t. i, p. 343, dans POUGENS. La mêlée fut
rude d'abord, chaque parti faisant des efforts extraor-
dinaires de bravoure pour soutenir l'honneur de sa
nation, m. ib. t. vi, p. 44 3. Le combat fut rude et
très-opiniâtre, VERTOT, Rev. rom. xn, 24 6. || 9° Im-
pétueux, intense. Une rude secousse. Essuyer une
rude tempête. Vous soutenez en paix une si rude
attaque, RAC. Andr. iv, 2. Nous lui donnons quel-
quefois de rudes coups [au gouvernement anglais!,
mais nous ne le cassons pas, VOLT. Dial. xxrv, 4 6.
|| Fig. Un coup rude, une chose qui cause beaucoup
de peine. Ce coup sera sans doute assez rude pour
elle, CORN. Hor. iv, 3." Il se forme parmi les gran-
deurs une nouvelle sensibilité pour les déplaisirs,
dont le coup est d'autant plus rude, qu'on est moins
préparé à le soutenir, BOSS. Mar.-Thér. || Fig. C'est
un rude coup pour lui, cet événement est très-fâ-
cheux pour lui. || 10° Fig. Qui cause du mal, de la
souffrance. Deux choses dont la privation m'est bien
rude, SÉV. 297. Il y a des endroits dans la vie qui
sont bien amers et bien rudes à passer, ID. à Bussy,
4 4 mai 4 675. Qu'on ne dise donc plus que l'obéissance
est rude ; au contraire, ce qui est rude, c'est d'être
livré à soi-même et à ses désirs, BOSS. Sermons,
Oblig. de l'état relig. 2. Chrétiens, ne murmurez pas
si Madame a été choisie pour nous donner une
telle instruction ; il n'y a rien ici de rude pour
elle, puisque Dieu la sauve par le même coup
qui vous instruit, m. Ducft. d'Orl. A la journée de
Senef, le jeune duc... vient dans les plus rudes
épreuves apprendre la guerre aux côtés du prince
son père, m. Louis de Bourbon. Quand on a assez
d'élévation de génie et d'éloquence pour gouver-
ner , il est bien rude de passer sa vie dans la dé-
pendance d'un peuple capricieux, FÉN. Dial. des
morts (Solon, Pisistrate). Je travaille depuis vingt
eus à recouvrer cette estampe, et je désespère en-
fin d'y réussir ; cela est bien rude ! LA BRUY. XHI.
Un écrit trop long est un impôt très-rude qu'on
met sur la patience du lecteur, VOLT. Pol. et lég.
Lett. à M. T"**. Le doute en mon malheur est
un tourment trop rude, ID. OEdipe, v, 2. || Fig.
Une rude épreuve, une situation difficile et déli-
cate, ou dangereuse pour le maintien de l'amitié.
Vous mettez notre amitié à une épreuve trop rude,
LESAGE, Diab. boit. 4 3. || li° Familièrement. Il se
dit de ce qui se fait vivement sentir. J'arrivai, sur le
soir, au village d'Ataquinès, avec un très-rude ap-
pétit, LESAGE, Gil Bl. n, 7. || Une rude tentation,
une tentation à laquelle il est difficile de ne pas
succomber. J'eus une rude tentation de le confon-
dre en public. || Cela me paraît rude, se dit d'une
chose difficile à croire. |j Ce trait est un peu rude,
ce propos, ce procédé est difficile à supporter, à
dissimuler. SeraiHl possible que les bontés de
M. le duc de Choiseul pour ma colonie m'eussent
fait tort, et que je fusse à la fois ruiné et opprimé
RUD
pour avoir fait du bien î cela serait rude, VOLT.
Lett. d'Argental, 4 4 oct. 4 774. || On commence au-
jourd'hui en ce sens à dire raidé pour rude, tant
par confusion que par besoin de varier les locu-
tions. || 12° Dur, fâcheux, en parlant des personnes.
UD père rude à ou envers ses enfants. Au moins,
Seigneur, pardonne à cette multitude, À ce peuple
ignorant; ne lui sois point si rude, GARN. les Juives,
iv. Je croyais avoir été trop rude de refuser ce por-
trait à Mme de Fontevrault, SÉV. 23 oct. 4 676. La
trouvant de jour en jour plus rude pour lui, par
le chagrin qu'elle avait d'ailleurs, LA FAY. Prin-
cesse de Monlpensier, OEuv. t. n, p. 322, dans POU-
GENS. Non que tu sois pourtant de ces rudes es-
prits Qui regimbent toujours, quelque main qui les
flatte, BOIL. Ép. rx, à Seignelay. Vous savez, mon-
sieur, que nous avions tous conseillé à Clarice
d'affecter de paraître sévère et rude aux domesti-
ques, en présence de M. Grichard, afin de gagner
ses bonnes grâces, BRUEYS, Grondeur, î, 42. C'est
un rude homme que M. André, quand il a affaire à
cette espèce méchante et sotte, VOLT. l'Homme aux
«o écus, Scélérat chassé. Las! j'épousai bien
jeune encor La liberté, dame un peu rude, BÉ-
RANG. Refus. || Il est rude aux pauvres gens, à
pauvres gens, se dit quand un homme prend avan-
tage de sa supériorité pour maltraiter un inférieur.
Ah ! que tu es rude à pauvres gens ! fi ! que cela
est malhonnête de refuser les personnes ! MOL.
G. Dand. n, 4. [|U se dit des choses en un sens
analogue. Il reçut un traitement bien rude. Une
rude réprimande. Pour ne vous faire pas de ré-
ponse trop rude, CORN. Nicom. iv, 6. Elle (la reine]
lui fit à lui-même, dès l'après-dînée, des reproches
aussi rudes et aussi violents, que s'il lui avait fait
toutes les perfidies imaginables, RETZ, Mém. t. n,
liv. m, p. 479, dans POUGENS. Je ne sais comme
vous avez pu imaginer qu'il fût honnête de refuser
une telle chose [un cadeau du cardinal de Retz] ;
ou je radote et ne sais plus vivre, ou c'eût été la
plus rude et la moins respectueuse action que vous
eussiez jamais pu faire, SÉV. à Mme de Grignan,
22 août 4 675 Ah! qu'il m'explique un silence si
rude, RAC. Bér. n, 6. || 13° Rigide, austère:' La rè-
gle de cet ordre est bien rude. || 14° Redoutabl .
Un rude adversaire. Le pays délivré d'un si rude
ennemi, CORN. Cid, rv, 3. Il avait souvent dit à
Mme de Senantes, en parlant de Matta, que c'était
la plus rude épée de France, HAMILT. Gramm. 4.
|| C'est un rude joueur, une rude joueuse, se dit
d'une personne qui ne sait pas .jouer ou folâtrer
sans faire du mal. 11 Fig. et familièrement. C'est un
rude joueur, c'est un homme à qui il ne fait pas
bon se jouer. || C'est un rude jouteur, c'est un
homme avec qui il ne fait pas bon se mesurer, au
propre et au figuré. Ce n'est qu'un.... essai [la
traduction d'un livre de Tacite].... un si rude jou-
teur m'a bientôt lassé, j. j. ROUSS. Trad. du 4" li-
vre des Histoires, Avert. || Populairement. Un rude
lapin, un homme courageux, hardi. || 15° S. f. Es-
pèce de couleuvre.
— HIST.'xme s. Li-rudes hom fet la rude oeuvre;
Se rudes est, rudes est bues [le boeuf] ; Rudes est,
s'a nom Rudebues ; Rustebues oevre durement, RU-
TEB. 329. || xiv 6 s. Rudes, malgracieux jamais plus
ne sera ; Il bat, il fiert, il rue les enfants de deçà,
Guescl. 4 48. Semblant doulx et courtois vers tous,
Et, en cuer, faulx, rude et estous [arrogant], BRUYANT,
dans Ménagier, t. n, p. 26. Il avoit enseigné les le-
tres aus gens de la terre qui erent [étaient] rudes
et simples, BERCHEURE, f° 9, verso. Oroison rude et
mal composée, ID. f° 89. ||xv° s Et ne soyons
pas si rudes et si rebelles, que nous fassions perdre
davantage, puisque bellement.... nous pouvons ve-
nir à paix, FROISS. n,-in, 42. Posons encore que
l'homme soit de rude entendement, si est-ce, com-
me dict le proverbe, que l'usage rend maistre,
Bouciq. rv, 4 0. Comment sont li noble si rude
Qu'ilz ont la science en despit? Dont ilz sont de-
venu petit, E. DESCH. Miroir de mariage, p. 4 40.
Un soir, qu'il faisoit fort rude temps.... LOUIS XI,
Xouv. xiv. Laquelle femme ne fu aucunement vi-
sitée.... mais par gens rudes, ignorans, et non pas
expers du mestier de cirurgerie, DU CANGE, ruditas.
11 xvr 3 s. Estant ainsi devenu de prince populaire
tyran violent, il en fut estimé non seulement rude
et rigoureux, mais, qui pis est, déloyal et ingrat,
AMYOT, Pyrrh. 54. C'est une croppe de montagne
rude et aspre de tous costez, ID. Sylla, 38. fa esté
un zèle désordonné de quelques rudes et idiots,
CALVIN, Avertissement sur les reliques. Il en fera
une rude vengeance, m. Instit. 66. Un rude tireui
le floret au poing, MONT, I, 4 64. Des nations assises
RUI)
de pierre, de terre cuite, de brique, d'oscorce
d'arbres, de paille; on les enferme dans les mu-
railles.... o. DE SERRES, 436. Les Portugais pres-
sants la ville de Tamly.... les habitants d'icelle
portèrent sur la muraille grand'quantité de ruches,
de quoy ils sont riches ; et à tout du feu chassè-
rent les abeilles si vifvement sur leurs ennemis
qu'ils les meirent en roule, MONT, n, 4 90.
— ÉTYM. On fait venir ce mot du celtique : bas-
bret. rusken, écorce et ruche; gaélique, rusg, écorce;
coruouaillais du ix" siècle, ruse, écorce : les ruches
étant faites d'écorce d'arbres. En provençal rusca veut
lire écorce. D'un autre côté des gloses anciennes
ionnent l'anc. haut-ail. rusca, panier, corbeille.
t RUCHÉE (ru-chée), s. f. Produit d'une ruche.
i| Population entière d'une ruche.
— HIST. xvie s. Quant à la ruchée d'abeilles qui
S3 vint poser sur la pouppe de la navire de Dion....
AMYOT, Dion, 30. Nous communiquons une ques-
tion ; on nous en redonne une ruchée, MONT, IV, 239.
4. RUCIIER (ru-ché; l'r ne se lie jamais), s. m.
Endroit où sont les ruches. On doit exposer le
rucher au midi et le garantir de la pluie et de la
trop grande ardeur du soleil, GENLIS, Maisonrust.
t. i, p. 364, dans POUGENS. ||Lieu où il y a beau-
coup de ruches.
— HIST. xvie s. Si le païs est aucunement sujet aux
vents, l'apier ou ruschier sera hautement fermé de
muraille.... o. DE SERRES, 432. Nous fournirons le
ruscher de toutes sortes de plantes.... m. 433.
— ËTYM. Ruche.
f. 2. RUCHER (ru-ché), ». a. Se dit, chez leslin-
gères et les couturières, de l'action de faire une
ruche. Rucher du tulle, du ruban.
— ÉTYM. Ruche.
f RUCHEUR (ru-cheur), s. m. Ouvrier qui met
le foin en petites meules.
— ËTYM. Ruche, par comparaison de forme.
f RUCHOTTER (ru-chc-té), v. a. Terme de
culture flamande. Labourer de manière à dépla-
cer en huit années toute la terre d'un champ.
— ÉTYM. Ruchotte, diminutif inusité de rue
(voy. BUELLER).
RUDÂNIER, 1ÈRE (ru-dâ-nié, niè-r'), adj. Terme
populaire, peu usité au masculin. Oui est rude à
ceux à qui il parle. Adieu, beauté rudânière, MOL.
G. Dandin, n, 4.
— HIST. xvi' s. X rude asne, rude asnier, H. EST.
l'récell. p. 4 79.
— ÉTYM . Rude, et ânier.
RUDE (ru-d'), ad}. || 1° Qui n'est pas dégrossi,
qui est brut, inculte (sens propre et étymolo-
gique). Vous avez ouï parler de cet amas rude et
indigeste [le chaos] qui précéda la disposition et la
beauté des choses que nous voyons, BALZ. le Bar-
bon. S'ils [les vers] n'étaient remplis d'une cer-
taine beauté qui se fait sentir aux personnes même
les plus rudes et les plus grossières, PELLISSON,
llist. Acad. iv, l'Estoile. D'esprit, j'en ai fort peu;
mais on l'aurait bien rude Si l'on ne profitait d'une
longue habitude, HAUTEROCHE, Bourg, de quai, m,
8. Les chiens du Kamtschatka sont grossiers, rudes
et demi-sauvages, comme leurs maîtres, BUFF. Qua*
drup. t. vin, p. 173. || Des moeurs rudes, des moeurs
d'une simplicité grossière. || 2" Par extension dû
sens de non dégrossi. Âpre au toucher. Avoir la
barbe rude. Une brosse fort rude. Qu'était-ce donc
que son vêtement? un rude cilice, BOURDAL. EX-
hort. sur sainle Thérèse, t. i, p. 300. || Couvert de
petites saillies ou aspérités nombreuses et sensibles
au toucher. Avoir la peau rude. || Se dit des plantes
qui présentent au tact une aspérité insensible à
l'oeil. || 3° Âpre au goût. Vin rude. || 4° Âpre et dif-
ficile, en parlant des chemins. Chemin rude. || Fig.
Le rude sentier de la vertu. Le juste, sévère à lui-
même.... ne peut pas même obtenir que le monde
le laisse en repos dans ce sentier solitaire et rude,
où il grimpe plutôt qu'il ne marche, BOSS. Reine
d'Anglet. || 5" Qui cause de la fatigue, de la peine.
Un rude métier. Il a entrepris une rude tâche.
Notre sort est beaucoup plus rude Chez les grands
que chez les petits, MOL. Amph. i, l. Bron-
lin.... Sort à l'instant, chargé d'une triple bou-
teille.... L'odeur d'un jus si doux lui rend le faix
moins rude, BOIL. Lutr. n. Mais je ne trouve point
de fatigue si rude Que l'ennuyeux loisir d'un mortel
sans-étude, m. Ép. -xi. Ce travail [le Siècle de
Louis XIV] est rude ; il y a trois ans qu'il m'oc-
cupe et qu'il me tue, sans presque aucune diver-
sion, VOLT Lett. Caperonnier, Ie' juin 1768. Qu'il
y ait parmi nous un homme [Damiens] qui ait osé
attenter à la vie de son souverain.... qu'on l'aitcon-
âamné à être déchiré avec des ongles de fer.... dé-
RUD
membre par des chevaux; qu'on lui ait lu cette
sentence terrible, et qu'après l'avoir entendue, il
ait dit froidement : la journée sera rude, DIDER.
Lett. à Mlle Voland, 4 5 oct. 4 760. Ma chaise [voi-
ture] était rude, et j'étais trop incommodé pouf pou-
voir marcher à grandes journées, J. J. ROUSS. Conf.
xi.Presque en toutes choses les commencements sont
rudes, m. ib. m. || Ce cheval est rude, il a le train
rude, fatigant. || Ce barbier a la main rude, il ne
rase pas légèrement. || Ce cavalier a la main bien
rude, il mène durement son cheval. || 6° Par exten-
sion, désagréable à voir, à entendre, à pronon-
cer, etc. Avoir le visage, l'air, le regard, la voix
rude Sollicitude à mon oreille est rude, MOL.
F. sav. n, 7. La colère et la tristesse les rendent
[les traits du visage] plus rudes, et leur donnent
un air ou plus farouche ou plus sombre, BOSS. Con-
naiss. n, (2. Par ce sage écrivain [Malherbe] la
langue réparée N'offrit plus rien de rude à l'oreille
épurée, BOIL. Art p. i. La raison quittant son ton
rude Prendra le ton du sentiment, GRESSET, Charlr.
|| Ce peintre a le pinceau rude, il peint d'une ma-
nière dure et sans grâce. || 7° Il se dit de la rigueur
des saisons. Un froid rude. Le rude hiver des an-
nées dernières acheva de la dépouiller de ce qui
lui restait de superflu, BOSS. Ann. de Gong. La
Haie est un séjour délicieux l'été, et la liberté y
rend les hivers moins rudes, VOLT. Lett. d'Argen-
son, 8 août 4 743. || Fig. Temps rudes, temps où le
travail manque, et où la misère est grande. 118° Où
il y a effort violent, lutte violente. Après avoir
achevé le rude siège de Besançon, BOSS. Louis de
Bourbon. Vous avez soutenu de rudes guerres, je
l'avoue, FÉN, Dial. des morts anc. Dial. 29. Des
richesses capables de fournir à toutes les dépenses
d'une rude et longue guerre, ROLLIN, llist. anc.
OEuv. t. i, p. 343, dans POUGENS. La mêlée fut
rude d'abord, chaque parti faisant des efforts extraor-
dinaires de bravoure pour soutenir l'honneur de sa
nation, m. ib. t. vi, p. 44 3. Le combat fut rude et
très-opiniâtre, VERTOT, Rev. rom. xn, 24 6. || 9° Im-
pétueux, intense. Une rude secousse. Essuyer une
rude tempête. Vous soutenez en paix une si rude
attaque, RAC. Andr. iv, 2. Nous lui donnons quel-
quefois de rudes coups [au gouvernement anglais!,
mais nous ne le cassons pas, VOLT. Dial. xxrv, 4 6.
|| Fig. Un coup rude, une chose qui cause beaucoup
de peine. Ce coup sera sans doute assez rude pour
elle, CORN. Hor. iv, 3." Il se forme parmi les gran-
deurs une nouvelle sensibilité pour les déplaisirs,
dont le coup est d'autant plus rude, qu'on est moins
préparé à le soutenir, BOSS. Mar.-Thér. || Fig. C'est
un rude coup pour lui, cet événement est très-fâ-
cheux pour lui. || 10° Fig. Qui cause du mal, de la
souffrance. Deux choses dont la privation m'est bien
rude, SÉV. 297. Il y a des endroits dans la vie qui
sont bien amers et bien rudes à passer, ID. à Bussy,
4 4 mai 4 675. Qu'on ne dise donc plus que l'obéissance
est rude ; au contraire, ce qui est rude, c'est d'être
livré à soi-même et à ses désirs, BOSS. Sermons,
Oblig. de l'état relig. 2. Chrétiens, ne murmurez pas
si Madame a été choisie pour nous donner une
telle instruction ; il n'y a rien ici de rude pour
elle, puisque Dieu la sauve par le même coup
qui vous instruit, m. Ducft. d'Orl. A la journée de
Senef, le jeune duc... vient dans les plus rudes
épreuves apprendre la guerre aux côtés du prince
son père, m. Louis de Bourbon. Quand on a assez
d'élévation de génie et d'éloquence pour gouver-
ner , il est bien rude de passer sa vie dans la dé-
pendance d'un peuple capricieux, FÉN. Dial. des
morts (Solon, Pisistrate). Je travaille depuis vingt
eus à recouvrer cette estampe, et je désespère en-
fin d'y réussir ; cela est bien rude ! LA BRUY. XHI.
Un écrit trop long est un impôt très-rude qu'on
met sur la patience du lecteur, VOLT. Pol. et lég.
Lett. à M. T"**. Le doute en mon malheur est
un tourment trop rude, ID. OEdipe, v, 2. || Fig.
Une rude épreuve, une situation difficile et déli-
cate, ou dangereuse pour le maintien de l'amitié.
Vous mettez notre amitié à une épreuve trop rude,
LESAGE, Diab. boit. 4 3. || li° Familièrement. Il se
dit de ce qui se fait vivement sentir. J'arrivai, sur le
soir, au village d'Ataquinès, avec un très-rude ap-
pétit, LESAGE, Gil Bl. n, 7. || Une rude tentation,
une tentation à laquelle il est difficile de ne pas
succomber. J'eus une rude tentation de le confon-
dre en public. || Cela me paraît rude, se dit d'une
chose difficile à croire. |j Ce trait est un peu rude,
ce propos, ce procédé est difficile à supporter, à
dissimuler. SeraiHl possible que les bontés de
M. le duc de Choiseul pour ma colonie m'eussent
fait tort, et que je fusse à la fois ruiné et opprimé
RUD
pour avoir fait du bien î cela serait rude, VOLT.
Lett. d'Argental, 4 4 oct. 4 774. || On commence au-
jourd'hui en ce sens à dire raidé pour rude, tant
par confusion que par besoin de varier les locu-
tions. || 12° Dur, fâcheux, en parlant des personnes.
UD père rude à ou envers ses enfants. Au moins,
Seigneur, pardonne à cette multitude, À ce peuple
ignorant; ne lui sois point si rude, GARN. les Juives,
iv. Je croyais avoir été trop rude de refuser ce por-
trait à Mme de Fontevrault, SÉV. 23 oct. 4 676. La
trouvant de jour en jour plus rude pour lui, par
le chagrin qu'elle avait d'ailleurs, LA FAY. Prin-
cesse de Monlpensier, OEuv. t. n, p. 322, dans POU-
GENS. Non que tu sois pourtant de ces rudes es-
prits Qui regimbent toujours, quelque main qui les
flatte, BOIL. Ép. rx, à Seignelay. Vous savez, mon-
sieur, que nous avions tous conseillé à Clarice
d'affecter de paraître sévère et rude aux domesti-
ques, en présence de M. Grichard, afin de gagner
ses bonnes grâces, BRUEYS, Grondeur, î, 42. C'est
un rude homme que M. André, quand il a affaire à
cette espèce méchante et sotte, VOLT. l'Homme aux
«o écus, Scélérat chassé. Las! j'épousai bien
jeune encor La liberté, dame un peu rude, BÉ-
RANG. Refus. || Il est rude aux pauvres gens, à
pauvres gens, se dit quand un homme prend avan-
tage de sa supériorité pour maltraiter un inférieur.
Ah ! que tu es rude à pauvres gens ! fi ! que cela
est malhonnête de refuser les personnes ! MOL.
G. Dand. n, 4. [|U se dit des choses en un sens
analogue. Il reçut un traitement bien rude. Une
rude réprimande. Pour ne vous faire pas de ré-
ponse trop rude, CORN. Nicom. iv, 6. Elle (la reine]
lui fit à lui-même, dès l'après-dînée, des reproches
aussi rudes et aussi violents, que s'il lui avait fait
toutes les perfidies imaginables, RETZ, Mém. t. n,
liv. m, p. 479, dans POUGENS. Je ne sais comme
vous avez pu imaginer qu'il fût honnête de refuser
une telle chose [un cadeau du cardinal de Retz] ;
ou je radote et ne sais plus vivre, ou c'eût été la
plus rude et la moins respectueuse action que vous
eussiez jamais pu faire, SÉV. à Mme de Grignan,
22 août 4 675 Ah! qu'il m'explique un silence si
rude, RAC. Bér. n, 6. || 13° Rigide, austère:' La rè-
gle de cet ordre est bien rude. || 14° Redoutabl .
Un rude adversaire. Le pays délivré d'un si rude
ennemi, CORN. Cid, rv, 3. Il avait souvent dit à
Mme de Senantes, en parlant de Matta, que c'était
la plus rude épée de France, HAMILT. Gramm. 4.
|| C'est un rude joueur, une rude joueuse, se dit
d'une personne qui ne sait pas .jouer ou folâtrer
sans faire du mal. 11 Fig. et familièrement. C'est un
rude joueur, c'est un homme à qui il ne fait pas
bon se jouer. || C'est un rude jouteur, c'est un
homme avec qui il ne fait pas bon se mesurer, au
propre et au figuré. Ce n'est qu'un.... essai [la
traduction d'un livre de Tacite].... un si rude jou-
teur m'a bientôt lassé, j. j. ROUSS. Trad. du 4" li-
vre des Histoires, Avert. || Populairement. Un rude
lapin, un homme courageux, hardi. || 15° S. f. Es-
pèce de couleuvre.
— HIST.'xme s. Li-rudes hom fet la rude oeuvre;
Se rudes est, rudes est bues [le boeuf] ; Rudes est,
s'a nom Rudebues ; Rustebues oevre durement, RU-
TEB. 329. || xiv 6 s. Rudes, malgracieux jamais plus
ne sera ; Il bat, il fiert, il rue les enfants de deçà,
Guescl. 4 48. Semblant doulx et courtois vers tous,
Et, en cuer, faulx, rude et estous [arrogant], BRUYANT,
dans Ménagier, t. n, p. 26. Il avoit enseigné les le-
tres aus gens de la terre qui erent [étaient] rudes
et simples, BERCHEURE, f° 9, verso. Oroison rude et
mal composée, ID. f° 89. ||xv° s Et ne soyons
pas si rudes et si rebelles, que nous fassions perdre
davantage, puisque bellement.... nous pouvons ve-
nir à paix, FROISS. n,-in, 42. Posons encore que
l'homme soit de rude entendement, si est-ce, com-
me dict le proverbe, que l'usage rend maistre,
Bouciq. rv, 4 0. Comment sont li noble si rude
Qu'ilz ont la science en despit? Dont ilz sont de-
venu petit, E. DESCH. Miroir de mariage, p. 4 40.
Un soir, qu'il faisoit fort rude temps.... LOUIS XI,
Xouv. xiv. Laquelle femme ne fu aucunement vi-
sitée.... mais par gens rudes, ignorans, et non pas
expers du mestier de cirurgerie, DU CANGE, ruditas.
11 xvr 3 s. Estant ainsi devenu de prince populaire
tyran violent, il en fut estimé non seulement rude
et rigoureux, mais, qui pis est, déloyal et ingrat,
AMYOT, Pyrrh. 54. C'est une croppe de montagne
rude et aspre de tous costez, ID. Sylla, 38. fa esté
un zèle désordonné de quelques rudes et idiots,
CALVIN, Avertissement sur les reliques. Il en fera
une rude vengeance, m. Instit. 66. Un rude tireui
le floret au poing, MONT, I, 4 64. Des nations assises
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