Titre : Dictionnaire de la langue française.... Tome 4 / par É. Littré,...
Auteur : Littré, Émile (1801-1881). Auteur du texte
Éditeur : L. Hachette (Paris)
Date d'édition : 1873-1874
Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30824717s
Notice d'oeuvre : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12250808s
Type : monographie imprimée monographie imprimée
Langue : français
Format : 4 vol. ; gr. in-4 4 vol. ; gr. in-4
Description : [Dictionnaire de la langue française (français)] [Dictionnaire de la langue française (français)]
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k54066991
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-57472
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/12/2008
REV
RÊV
RÈV
170?
revenir, et un chappon en mue, Ainsi j'engraisse....
ST-GELAIS, 94. Leur ayant faict revenir le courage
par cette honte, MONT, I, 55. Il jure qu'il faulsist
revenir à la première façon, m. i, loo. Un paon et
deuxfaisands revenoient à cent ducats, ID. i, 393.
Estant revenus à eulx, ils en transissent d'estonne-
ment les premiers, ID. n, ÎS. I! tomba en esvanouis-
sement; on le feit revenir, ID. II, 129. Je me harpe
avec si grande faim aux accointances qui revien-
nent à mon goust.... ID. m, 278. X la proportion de
ces ossements, leur stature revenoit à 20 palmes,
ID. iv, 25. C'est assez parlé des fruits qui revien-
nent de la concorde domestique, LANOUE, 47. Tout
bien conté, il revient autant d'inconveniens, que de
profits, de tels voyages, ID. 426. Il lui laissa pour
!e bastiment du temple cent mille talensd'or et un
million de talens d'argent : ce qui revient à six
vingts millions d'escus, selon la supputation de
rsudée, ID. 475. N'e?timant y avoir beaucoup de
contrées où les terres reviennent [rapportent] gue-
res davantage, 0. DE SERBES, 89. Et vous, thym, anis
et mélisse, Vous soyez les bien revenus, RONS. 498.
— ÉTYM. Picard, renir, venir; wallon, rivni;
Berry, arvenir; provenç. et espagn. revenir; ital.
n'ticntre ; du lat. revenire, de re, et ventre, venir.
fREVENOIR (re-ve-noir), s. m. Outil de l'horlo-
ger. || Outil pour donner différents recuits, ou faire
prendre la couleur bleue à l'acier.
■ — ÉTYM. Revenir.
REVENTE (re-van-f), s. f. Seconde vente, nou-
velle vente. Soit que lesdits ouvrages soient vendus
par les ouvriers d'iceux, ou par ceux qui en font
trafic et revente, Règlem. génér. sur les aides,
io oct. H624. || Anciennement. De revente, qui a
déjà servi. Nous faisons chercher un tapis de re-
vente ; car, s'il le faut acheter chez le marchand, il
vous coûtera avec la frange d'or et d'argent plus de
quatre cents francs, SÉV. 19 août 1675. || Revente à
la folle enchère, nouvelle vente d'un bien dont
le premier adjudicataire n'a pas payé le prix.
— HIST. xinc s. Et selonc ce que noz avons dit
• des ventes et des reventes, BEAUM. LU, 2e.
— ÉTYM. Revendre.
f REVENTER ou RÉVENTER (ré-van-té), ». a.
Terme de .marine. Faire porter dans une voile le
vent qui frappait dessus.
— ÉTYM. Re..., et venter ou éventer.
1. REVENU, UE (re-ve-nu, nue), part, passé de
revenir. || i" Qui s'est rendu au lieu d'où il était
parti. Revenu à Paris. Revenu de Lyon. || 2° Terme
de vénerie. Cerf revenu de tête, cerf chez qui le
bois a repoussé |j 3° Qui s'est montré de nouveau.
Dieu merci, voilà mon caquet bien revenu, SÉV.
21 juin )07l. |1 4° Revenue soi, qui a repris ses es-
prits, son calme. Que l'homme, étant revenu à soi,
considère.... PASC. Pens. 1, 2, édit. HAVET. || 5" Re-
venu de. qui a renoncé à, désabusé de, qui n'est
plus possédé par. Me voilà revenu de mon beau ma-
u'age, SCABR. Japh d'Arm. m, 17. Oui, vous me
voyez revenu de toutes mes erreurs, MOL. Festin,
v, l. Vous voilà donc revenu du café,' SÉV. 273. Qui
sait si, étant revenue de ses erreurs prodigieuses tou-
chant la royauté, elle [l'Angleterre] ne poussera
pas plus loin ses réflexions...? BOSS. Reine d'Anglet.
Ce père [saint Augustin] revenu du manichéisme,
ID. ile inslruct. past. 47. Hamilton, que toutes les
vérités de cette harangue frappaient à mesure qu'il
y faisait attention, parut comme revenu de quelques
songes, HAMILT. Gramm. l 1. De bonne foi, dit la
marquise, je trouve à présent les mondes, les cieux,
et les corps célestes si sujets au changement, que
m'en voilà tout à fait revenue, FONT. Mond. 5e soir.
Quand je le vis revenu de sa furie, je lui fis mes
adieux en peu de mots, J. j. ROUSS. Conf. vu.
Il 6" Qui a changé d'opinion sur. Ma soeur sur son
chapitre est, dit-on, revenue, GRESSET, Mèch. v, 5.
2. REVENU (re-ve-nu), s. m. || i" Ce qu'on
retire annuellement d'un bien, d'une pension,
d'une rente. Jean s'en alla comme il était venu,
Mangeant son fonds avec son revenu, LA FONT.
Épitaphe. N'imite point ces fous dont la solte
avarice Va de ses revenus p-igraisser la justice,
BOIL. Ép. 11. Leibnitz ava.t un revenu très-
considérable .> et vivait toujours assez grossière-
ment, FONT. LeibMts. N'avan-je pas sujet de con-
cevoir l'espérance d'une merveilleuse fortune, en
m'établissant un revenu sur les sottises d'autrui ?
ID. Vial. 1, Morts anc. et mod. Les ilotes, qui étaient
une espèce d'esclaves , cultivaient leurs terres [des
Lacédémoniens], et leur en rendaient un certain
revenu, ROLLIN, Traité des Et. v, 3« part. ch. 2. Un
astrologue, un moine, un chimiste effronté Se font
un revenu de sa crédulité [du public], VOLT. Ép. 46.
Celte république [Genève] fabriquait pour plus de dix
millions de montres par an ; et c'est avec ce produit
bien économisé qu'elle a acquis pour six millions de
revenus sur les finances de Votre Majesté, ID. Pol. et
lég. Au roi en son conseil. [\ Fig. i la fin j'ai connu
Que la fidélité n'est pas grand revenu, RÉGNIER, Sat.
11. Il Dans l'ancien langage précieux. Cette proposi-
tion peut-elle être avancée par une personne qui ait
du revenu en sens commun? MOL. Crit. 3. || 2° Re-
venus casuels, certains profils qui ne sont pas com-
pris dans les revenus ordinaires. || 3" Revenus pu-
blics , ou revenus de l'État, tout ce que l'Etat
retire des contributions et de ses - propriétés. Les
revenus de l'État sont une portion que chaque ci-
toyen donne de son bien pour avoir la sûreté de
l'autre, MONTESQ. Esp. xm, 1. L'avantage d'un Etat
libre est que les revenus y sont mieux administrés,
m. Rom. *. La sottise, la folie et les vices font par-
tout une partie du revenu public, VOLT. Moeurs,
102. Ce roi [Louis XII] n'avait environ que treize
millions de revenu; mais ces treize millions en va-
lent environ cinquante d'aujourd'hui, ID. Moeurs, H 4.
— HIST. xvi" s. L'augmentation du revenu pu-
blicque, MONT, m, 25t.
— ÉTYM. Revenu 1. Autrefois on disait revenue :
xive s. Toutes les revenues de ladite ville, no CANGE,
accensare. "Wallon, rivnow, s. f.
f 3. REVENU (re-ve-nu), s. m. || i" Terme de
chasse. Se dit de la queue qui revient aux faisan-
deaux, aux perdreaux, du bois qui renaît à la tête
du cerf, du daim, des chevreuils. || 2° Recuit de
l'acier. Donner le revenu aux aiguilles.
— ÉTYM. Revenu l.
REVENUE (re-ve-nue), s. f. || i° Chemin qu'on
fait en revenant. L'allée et la revenue. |{ 2° Terme
de vénerie. Heure où les bétes sortent du bois pour
pâturer. 113° Terme d'eaux et forêts. Le jeune bois qui
revient sur une coupe de taillis. Une belle revenue.
— HIST. xin* s. Et s'on voit qu'il [le bois] vaille
mains [moins] par malvès teroir ou par malvese
revenue, BEAUM. XXVII, 12. En cest cas seroit il
atendus tant c'on saroit sa mort ou se [sa] reve-
nue, ID. xxxiv, 66. H xiv" s. L'aprentis demande quel
est le déduit de traire à aguet à la revenue [du gi-
bier], Modus, f° 60. Seront gardées et deffendues
les revenues copées à taille et à ordon, jusques el-
les aient accompli le temps de quatre feuilles, DU
CANGE , revenuta. || xve s. Vous faites paistre cha-
cun jour ses herbes, et manger le revenu et bour-
gon de ses bois à vos bestes, DU CANGE , revenuta.
Il xvi* s. Pour la conservation des rejects et reve-
nues jusqu'à ce que les bois se puissent deffendre
suffisamment, Coust. génér. t. 1, p. 423.
— ÉTYM. Revenu 1.
f REVENURE (re-ve-nu-r'), s. f. Terme rural.
Seconde pousse de la vigne après la gelée.
— ÉTYM. Revenu 1.
RÊVER (rê-vé), v. n.\\i° Faire des rêves en
dormant. Si nous rêvions toutes les nuits que nous
sommes poursuivis par des ennemis et agités par ces
fantômes pénibles, PASC. Pens. m, -M, éd. HAVET. Tel
peut-être veille comme un sot et rêve comme un
homme d'esprit, DIDER. Salon de 1767, OEuv. t. xiv,
p. 257, dans PODGENS. || Familièrement. Cet homme
rêve tout éveillé, rêve les yeux ouverts, son imagina-
tion enfante des chimères. Si elle [l'âme] était née
avec des idées métaphysiques, comme l'ont dit tant
d'écrivains qui rêvaient les yeux ouverts, VOLT. Diet.
phil. Somnambules. Ce sont des hommes qui rê-
vent éveillés, et qui sont fort surpris, lorsqu'on ne
rêve pas comme eux, CONDIL. Art de raison, iv, 2.
Il II me semble que je rêve, je crois rêver.... se dit
pour exprimer qu'on croit être dans un rêve, non
dans la réalité, quand.... Il me semble que je rêve
quand j'entends.... PASC. Prov. v. Je crois rêver en
l'écrivant, SÉV. 364. || 2° Avoir le délire, dans un
accès de fièvre ou dans quelque autre maladie. La
fièvre tierce avec des accès qui la font rêver
[Mme de la Fayette], SËV. 13 mai 1672. Il y a des
gens qui rêvent itoujours pendant la fièvre, ID.
17 mai 1676. Il 3° Dire des choses déraisonnables. •
C'est un vieux radoteur, il ne fait que rêver. Mé-
nechme : Nous rêvons, vous ou moi ; quoi 1 vous
me ferez croire Que j'ai vu votre fille? en quel
temps? comment? où? — Démophon : Tout à
l'heure, en ces lieux. —■ Ménechme : Allez, vous
êtes fou, REGNARD, les Ménechm. m, 8. Platon rê-
vait beaucoup, et on n'a pas moins rêvé depuis; il
avait songé que la nature humaine était autrefois
double, et qu'en punition de ses fautes elle fut di-
visée en mâle et en feme"<* ....les rêves alors don-
naient une grande réputation, VOLT. Songe de Pla-
ton. Il Rêver noir, avoir des idées tristes. Ou vous
rêvez noir, ou il vous faut de la conversation, SÉV.
86. Il 4° Penser d'une manière vague. Elles [les Mu-
sesj en sont autrefois descendues [du Parnasse],
pour venir rêver aux bords du Tibre, GODEAU, Disc,
sur Malherbe. Qu'on rêve avec plaisir, quand notre
âme blessée Autour de ce qu'elle aime est toute ra-
massée ! CORN. Pulch. 11, i. Comme s'ils n'étaient
juges que pour être de temps en temps assis sur
les fleurs de lis, où ils vont peut-être rêver à
leurs divertissements passés, FLËCH. Lamoignon.
Callimaque rêvait sur ses malheurs en menant son
troupeau, FËN. t. xrx, p. 30. Notre plaideur, qui était
assez taciturne, et qui rêvait plus qu'il ne parlait,
MARIV. Pays. part), part. 4. Virgile abandonnait les
fêtes de Capoue Pour rêver sur les bords des ma-
rais de Mantoue, IIERNIS, Épit. v, Amour patr.
L'oisiveté me suffit, et, pourvu que je ne fasse rien,
j'aime encore mieux rêver éveillé qu'en songe,
j. J. BODSS. Conf. XII. Quel amoureux ennui Me
rend cher ce bocage où je rêve de lui ? A. CHÉN.
Mnasile et Chloé. Rêver que je suis libre et que je
suis heureuse, P. LEBRUN, Marie Stuart, m, l. Au
printemps sous l'ombrage, Un jour mon coeur rêvait,
BÉRANG. Rêverie. Revenez, revenez, ô mes tristes
pensées; Je veux rêver et non pleurer, LAMABT.
Harm. rv, 10. ||5° Être distrait. Allons, vous, vous
rêvez et bayez aux corneilles; Jour de Dieu! je
saurai vous frotter les oreilles, MOL. Tart. 1, 1.
Sa femme [de la Fontaine] dit qu'il .rêve telle-
ment , qu'il est quelquefois trois semaines sans
croire être marié, TALLEMANT DES RÉAUX, His-
toriettes, de la Fontaine. |] 6" Penser, méditer pro-
fondément. Il [l'empereur Léopold I" qui avait la bou-
che très-grande et toujours ouverte] se plaignait un
jour au prince de Porcie son favori, jouant aux
quilles avec lui [la pluie étant survenue], de ce
qu'il pleuvait dedans, le prince de Porcie (bel effort
de génie!), après y avoir rêvé quelque temps, lui
conseilla de la fermer, Mém. du maréchal de Gra-
mont, t. LVII, p. 20. C'était à l'oraison funèbre de
Mme de Longueville qu'elles pleuraient M. de la
Rochefoucauld; ils sont morts dans la même année;
il y avait bien à rêver sur ces deux noms, SÉV. 419.
Je vous laisse rêver sur ce grand événement
[Jacques II essayant de reprendre l'Angleterre], ID.
24 déc. 1688. Je me promenais dans mon jardin d'Au-
teuil, et rêvais en marchant à un poëme que je vou-
lais faire contre les mauvais critiques de notre siècle.
BOIL. Discours sur là satire xu. Et, sans allei
rêver dans le double vallon, La colère suffit et vaut
un Apollon, m. ib. 1. Il se mit à rêver à son projet,
HAMILT. Gramm. 2. J'y étais quand il les fit [ces
vers], il était dans un souper, et il ne rêva pas un
moment, MONTESQ. Lett. pers. 64. || Anciennement.
Rêver à la Suisse, avoir l'air de penser à quelque
chose, et ne penser à rien. || 7" V. a. Voir, imaginer
en rêve. Si nous rêvions toutes les nuits la même
chose, elle nous affecterait peut-être autant que
les objets que nous voyons tous les jours, PASC.
Pens. m, 14. Un songe le fait roi, lui donne
des sujets; Il rêve des trésors, des sceptres, des pa-
lais, DELILLE, Imagin. 1. [Que] Bien ou mal mis,
Tous amis, Dans l'ivresse endormis, Nous rêvions
les vendanges, BÉRANG. Grande orgie. || On dit,
sans article : rêver mariage, rêver mort, rê-
ver querelle. || Vous avez rêvé cela, se dit à
quelqu'un qui raconte des choses que l'on ne croit
pas. Une visite que vous avez apparemment
rêvée comme tout le reste, HAMILT. Gramm. i.
Il 8" Voir par la pensée comme dans un rêve. Ils
voyaient comme en songe l'univers se former à
leurs yeux; ils rêvaient les principes des choses,
leurs essences, leur génération, et ils ne s'éveil-
laient point, CONDIL. Hist. anc. m, l. Par la pensée
encor je jouirai des cieux, Je rêverai les bois, les
monts, la terre et l'onde ; Et dans mes souvenirs
j'habiterai le monde, UELILLE, Trois règnes, ch. 1.
Autour de ces paroles éteintes [une traduction
française d'une ode de Sapho], sous les change-
ments du temps et des idiomes, rêvez le,ciel de
Lesbos, l'harmonie des vers et celle de la lyre....
VILLEMAIN, Ess. sur le génie de Pindare, ch. vi, à la
fin. Il 9° Méditer sur, songer à. Allons sur le chevet
rêver quelque moyen, CORN. Ment, m, 6. L'un est
sans doute mieux rêvé, Mieux conduit et mieux ache-
vé; Mais je voudrais avoir fait l'autre, ID. Sur les
sonnets de Job et d'Uranie. Il faudrait rêver quelque
incident, MOL. Crit. 7. || 10" Dans la langage élevé,
poétique. Désirer quelque chose ardemment, avec
passion. Le soldat aujourd'hui ne rêve que la guerre,
RÉGNIER, Sot. rx. Quand ils sont nés à peine, ils rê-
vent un empire, M. J. CHÉN. Tibère, ni, 2. Cette
carrière de gloire et d'honneur que j'avais rêvée,
RÊV
RÈV
170?
revenir, et un chappon en mue, Ainsi j'engraisse....
ST-GELAIS, 94. Leur ayant faict revenir le courage
par cette honte, MONT, I, 55. Il jure qu'il faulsist
revenir à la première façon, m. i, loo. Un paon et
deuxfaisands revenoient à cent ducats, ID. i, 393.
Estant revenus à eulx, ils en transissent d'estonne-
ment les premiers, ID. n, ÎS. I! tomba en esvanouis-
sement; on le feit revenir, ID. II, 129. Je me harpe
avec si grande faim aux accointances qui revien-
nent à mon goust.... ID. m, 278. X la proportion de
ces ossements, leur stature revenoit à 20 palmes,
ID. iv, 25. C'est assez parlé des fruits qui revien-
nent de la concorde domestique, LANOUE, 47. Tout
bien conté, il revient autant d'inconveniens, que de
profits, de tels voyages, ID. 426. Il lui laissa pour
!e bastiment du temple cent mille talensd'or et un
million de talens d'argent : ce qui revient à six
vingts millions d'escus, selon la supputation de
rsudée, ID. 475. N'e?timant y avoir beaucoup de
contrées où les terres reviennent [rapportent] gue-
res davantage, 0. DE SERBES, 89. Et vous, thym, anis
et mélisse, Vous soyez les bien revenus, RONS. 498.
— ÉTYM. Picard, renir, venir; wallon, rivni;
Berry, arvenir; provenç. et espagn. revenir; ital.
n'ticntre ; du lat. revenire, de re, et ventre, venir.
fREVENOIR (re-ve-noir), s. m. Outil de l'horlo-
ger. || Outil pour donner différents recuits, ou faire
prendre la couleur bleue à l'acier.
■ — ÉTYM. Revenir.
REVENTE (re-van-f), s. f. Seconde vente, nou-
velle vente. Soit que lesdits ouvrages soient vendus
par les ouvriers d'iceux, ou par ceux qui en font
trafic et revente, Règlem. génér. sur les aides,
io oct. H624. || Anciennement. De revente, qui a
déjà servi. Nous faisons chercher un tapis de re-
vente ; car, s'il le faut acheter chez le marchand, il
vous coûtera avec la frange d'or et d'argent plus de
quatre cents francs, SÉV. 19 août 1675. || Revente à
la folle enchère, nouvelle vente d'un bien dont
le premier adjudicataire n'a pas payé le prix.
— HIST. xinc s. Et selonc ce que noz avons dit
• des ventes et des reventes, BEAUM. LU, 2e.
— ÉTYM. Revendre.
f REVENTER ou RÉVENTER (ré-van-té), ». a.
Terme de .marine. Faire porter dans une voile le
vent qui frappait dessus.
— ÉTYM. Re..., et venter ou éventer.
1. REVENU, UE (re-ve-nu, nue), part, passé de
revenir. || i" Qui s'est rendu au lieu d'où il était
parti. Revenu à Paris. Revenu de Lyon. || 2° Terme
de vénerie. Cerf revenu de tête, cerf chez qui le
bois a repoussé |j 3° Qui s'est montré de nouveau.
Dieu merci, voilà mon caquet bien revenu, SÉV.
21 juin )07l. |1 4° Revenue soi, qui a repris ses es-
prits, son calme. Que l'homme, étant revenu à soi,
considère.... PASC. Pens. 1, 2, édit. HAVET. || 5" Re-
venu de. qui a renoncé à, désabusé de, qui n'est
plus possédé par. Me voilà revenu de mon beau ma-
u'age, SCABR. Japh d'Arm. m, 17. Oui, vous me
voyez revenu de toutes mes erreurs, MOL. Festin,
v, l. Vous voilà donc revenu du café,' SÉV. 273. Qui
sait si, étant revenue de ses erreurs prodigieuses tou-
chant la royauté, elle [l'Angleterre] ne poussera
pas plus loin ses réflexions...? BOSS. Reine d'Anglet.
Ce père [saint Augustin] revenu du manichéisme,
ID. ile inslruct. past. 47. Hamilton, que toutes les
vérités de cette harangue frappaient à mesure qu'il
y faisait attention, parut comme revenu de quelques
songes, HAMILT. Gramm. l 1. De bonne foi, dit la
marquise, je trouve à présent les mondes, les cieux,
et les corps célestes si sujets au changement, que
m'en voilà tout à fait revenue, FONT. Mond. 5e soir.
Quand je le vis revenu de sa furie, je lui fis mes
adieux en peu de mots, J. j. ROUSS. Conf. vu.
Il 6" Qui a changé d'opinion sur. Ma soeur sur son
chapitre est, dit-on, revenue, GRESSET, Mèch. v, 5.
2. REVENU (re-ve-nu), s. m. || i" Ce qu'on
retire annuellement d'un bien, d'une pension,
d'une rente. Jean s'en alla comme il était venu,
Mangeant son fonds avec son revenu, LA FONT.
Épitaphe. N'imite point ces fous dont la solte
avarice Va de ses revenus p-igraisser la justice,
BOIL. Ép. 11. Leibnitz ava.t un revenu très-
considérable .> et vivait toujours assez grossière-
ment, FONT. LeibMts. N'avan-je pas sujet de con-
cevoir l'espérance d'une merveilleuse fortune, en
m'établissant un revenu sur les sottises d'autrui ?
ID. Vial. 1, Morts anc. et mod. Les ilotes, qui étaient
une espèce d'esclaves , cultivaient leurs terres [des
Lacédémoniens], et leur en rendaient un certain
revenu, ROLLIN, Traité des Et. v, 3« part. ch. 2. Un
astrologue, un moine, un chimiste effronté Se font
un revenu de sa crédulité [du public], VOLT. Ép. 46.
Celte république [Genève] fabriquait pour plus de dix
millions de montres par an ; et c'est avec ce produit
bien économisé qu'elle a acquis pour six millions de
revenus sur les finances de Votre Majesté, ID. Pol. et
lég. Au roi en son conseil. [\ Fig. i la fin j'ai connu
Que la fidélité n'est pas grand revenu, RÉGNIER, Sat.
11. Il Dans l'ancien langage précieux. Cette proposi-
tion peut-elle être avancée par une personne qui ait
du revenu en sens commun? MOL. Crit. 3. || 2° Re-
venus casuels, certains profils qui ne sont pas com-
pris dans les revenus ordinaires. || 3" Revenus pu-
blics , ou revenus de l'État, tout ce que l'Etat
retire des contributions et de ses - propriétés. Les
revenus de l'État sont une portion que chaque ci-
toyen donne de son bien pour avoir la sûreté de
l'autre, MONTESQ. Esp. xm, 1. L'avantage d'un Etat
libre est que les revenus y sont mieux administrés,
m. Rom. *. La sottise, la folie et les vices font par-
tout une partie du revenu public, VOLT. Moeurs,
102. Ce roi [Louis XII] n'avait environ que treize
millions de revenu; mais ces treize millions en va-
lent environ cinquante d'aujourd'hui, ID. Moeurs, H 4.
— HIST. xvi" s. L'augmentation du revenu pu-
blicque, MONT, m, 25t.
— ÉTYM. Revenu 1. Autrefois on disait revenue :
xive s. Toutes les revenues de ladite ville, no CANGE,
accensare. "Wallon, rivnow, s. f.
f 3. REVENU (re-ve-nu), s. m. || i" Terme de
chasse. Se dit de la queue qui revient aux faisan-
deaux, aux perdreaux, du bois qui renaît à la tête
du cerf, du daim, des chevreuils. || 2° Recuit de
l'acier. Donner le revenu aux aiguilles.
— ÉTYM. Revenu l.
REVENUE (re-ve-nue), s. f. || i° Chemin qu'on
fait en revenant. L'allée et la revenue. |{ 2° Terme
de vénerie. Heure où les bétes sortent du bois pour
pâturer. 113° Terme d'eaux et forêts. Le jeune bois qui
revient sur une coupe de taillis. Une belle revenue.
— HIST. xin* s. Et s'on voit qu'il [le bois] vaille
mains [moins] par malvès teroir ou par malvese
revenue, BEAUM. XXVII, 12. En cest cas seroit il
atendus tant c'on saroit sa mort ou se [sa] reve-
nue, ID. xxxiv, 66. H xiv" s. L'aprentis demande quel
est le déduit de traire à aguet à la revenue [du gi-
bier], Modus, f° 60. Seront gardées et deffendues
les revenues copées à taille et à ordon, jusques el-
les aient accompli le temps de quatre feuilles, DU
CANGE , revenuta. || xve s. Vous faites paistre cha-
cun jour ses herbes, et manger le revenu et bour-
gon de ses bois à vos bestes, DU CANGE , revenuta.
Il xvi* s. Pour la conservation des rejects et reve-
nues jusqu'à ce que les bois se puissent deffendre
suffisamment, Coust. génér. t. 1, p. 423.
— ÉTYM. Revenu 1.
f REVENURE (re-ve-nu-r'), s. f. Terme rural.
Seconde pousse de la vigne après la gelée.
— ÉTYM. Revenu 1.
RÊVER (rê-vé), v. n.\\i° Faire des rêves en
dormant. Si nous rêvions toutes les nuits que nous
sommes poursuivis par des ennemis et agités par ces
fantômes pénibles, PASC. Pens. m, -M, éd. HAVET. Tel
peut-être veille comme un sot et rêve comme un
homme d'esprit, DIDER. Salon de 1767, OEuv. t. xiv,
p. 257, dans PODGENS. || Familièrement. Cet homme
rêve tout éveillé, rêve les yeux ouverts, son imagina-
tion enfante des chimères. Si elle [l'âme] était née
avec des idées métaphysiques, comme l'ont dit tant
d'écrivains qui rêvaient les yeux ouverts, VOLT. Diet.
phil. Somnambules. Ce sont des hommes qui rê-
vent éveillés, et qui sont fort surpris, lorsqu'on ne
rêve pas comme eux, CONDIL. Art de raison, iv, 2.
Il II me semble que je rêve, je crois rêver.... se dit
pour exprimer qu'on croit être dans un rêve, non
dans la réalité, quand.... Il me semble que je rêve
quand j'entends.... PASC. Prov. v. Je crois rêver en
l'écrivant, SÉV. 364. || 2° Avoir le délire, dans un
accès de fièvre ou dans quelque autre maladie. La
fièvre tierce avec des accès qui la font rêver
[Mme de la Fayette], SËV. 13 mai 1672. Il y a des
gens qui rêvent itoujours pendant la fièvre, ID.
17 mai 1676. Il 3° Dire des choses déraisonnables. •
C'est un vieux radoteur, il ne fait que rêver. Mé-
nechme : Nous rêvons, vous ou moi ; quoi 1 vous
me ferez croire Que j'ai vu votre fille? en quel
temps? comment? où? — Démophon : Tout à
l'heure, en ces lieux. —■ Ménechme : Allez, vous
êtes fou, REGNARD, les Ménechm. m, 8. Platon rê-
vait beaucoup, et on n'a pas moins rêvé depuis; il
avait songé que la nature humaine était autrefois
double, et qu'en punition de ses fautes elle fut di-
visée en mâle et en feme"<* ....les rêves alors don-
naient une grande réputation, VOLT. Songe de Pla-
ton. Il Rêver noir, avoir des idées tristes. Ou vous
rêvez noir, ou il vous faut de la conversation, SÉV.
86. Il 4° Penser d'une manière vague. Elles [les Mu-
sesj en sont autrefois descendues [du Parnasse],
pour venir rêver aux bords du Tibre, GODEAU, Disc,
sur Malherbe. Qu'on rêve avec plaisir, quand notre
âme blessée Autour de ce qu'elle aime est toute ra-
massée ! CORN. Pulch. 11, i. Comme s'ils n'étaient
juges que pour être de temps en temps assis sur
les fleurs de lis, où ils vont peut-être rêver à
leurs divertissements passés, FLËCH. Lamoignon.
Callimaque rêvait sur ses malheurs en menant son
troupeau, FËN. t. xrx, p. 30. Notre plaideur, qui était
assez taciturne, et qui rêvait plus qu'il ne parlait,
MARIV. Pays. part), part. 4. Virgile abandonnait les
fêtes de Capoue Pour rêver sur les bords des ma-
rais de Mantoue, IIERNIS, Épit. v, Amour patr.
L'oisiveté me suffit, et, pourvu que je ne fasse rien,
j'aime encore mieux rêver éveillé qu'en songe,
j. J. BODSS. Conf. XII. Quel amoureux ennui Me
rend cher ce bocage où je rêve de lui ? A. CHÉN.
Mnasile et Chloé. Rêver que je suis libre et que je
suis heureuse, P. LEBRUN, Marie Stuart, m, l. Au
printemps sous l'ombrage, Un jour mon coeur rêvait,
BÉRANG. Rêverie. Revenez, revenez, ô mes tristes
pensées; Je veux rêver et non pleurer, LAMABT.
Harm. rv, 10. ||5° Être distrait. Allons, vous, vous
rêvez et bayez aux corneilles; Jour de Dieu! je
saurai vous frotter les oreilles, MOL. Tart. 1, 1.
Sa femme [de la Fontaine] dit qu'il .rêve telle-
ment , qu'il est quelquefois trois semaines sans
croire être marié, TALLEMANT DES RÉAUX, His-
toriettes, de la Fontaine. |] 6" Penser, méditer pro-
fondément. Il [l'empereur Léopold I" qui avait la bou-
che très-grande et toujours ouverte] se plaignait un
jour au prince de Porcie son favori, jouant aux
quilles avec lui [la pluie étant survenue], de ce
qu'il pleuvait dedans, le prince de Porcie (bel effort
de génie!), après y avoir rêvé quelque temps, lui
conseilla de la fermer, Mém. du maréchal de Gra-
mont, t. LVII, p. 20. C'était à l'oraison funèbre de
Mme de Longueville qu'elles pleuraient M. de la
Rochefoucauld; ils sont morts dans la même année;
il y avait bien à rêver sur ces deux noms, SÉV. 419.
Je vous laisse rêver sur ce grand événement
[Jacques II essayant de reprendre l'Angleterre], ID.
24 déc. 1688. Je me promenais dans mon jardin d'Au-
teuil, et rêvais en marchant à un poëme que je vou-
lais faire contre les mauvais critiques de notre siècle.
BOIL. Discours sur là satire xu. Et, sans allei
rêver dans le double vallon, La colère suffit et vaut
un Apollon, m. ib. 1. Il se mit à rêver à son projet,
HAMILT. Gramm. 2. J'y étais quand il les fit [ces
vers], il était dans un souper, et il ne rêva pas un
moment, MONTESQ. Lett. pers. 64. || Anciennement.
Rêver à la Suisse, avoir l'air de penser à quelque
chose, et ne penser à rien. || 7" V. a. Voir, imaginer
en rêve. Si nous rêvions toutes les nuits la même
chose, elle nous affecterait peut-être autant que
les objets que nous voyons tous les jours, PASC.
Pens. m, 14. Un songe le fait roi, lui donne
des sujets; Il rêve des trésors, des sceptres, des pa-
lais, DELILLE, Imagin. 1. [Que] Bien ou mal mis,
Tous amis, Dans l'ivresse endormis, Nous rêvions
les vendanges, BÉRANG. Grande orgie. || On dit,
sans article : rêver mariage, rêver mort, rê-
ver querelle. || Vous avez rêvé cela, se dit à
quelqu'un qui raconte des choses que l'on ne croit
pas. Une visite que vous avez apparemment
rêvée comme tout le reste, HAMILT. Gramm. i.
Il 8" Voir par la pensée comme dans un rêve. Ils
voyaient comme en songe l'univers se former à
leurs yeux; ils rêvaient les principes des choses,
leurs essences, leur génération, et ils ne s'éveil-
laient point, CONDIL. Hist. anc. m, l. Par la pensée
encor je jouirai des cieux, Je rêverai les bois, les
monts, la terre et l'onde ; Et dans mes souvenirs
j'habiterai le monde, UELILLE, Trois règnes, ch. 1.
Autour de ces paroles éteintes [une traduction
française d'une ode de Sapho], sous les change-
ments du temps et des idiomes, rêvez le,ciel de
Lesbos, l'harmonie des vers et celle de la lyre....
VILLEMAIN, Ess. sur le génie de Pindare, ch. vi, à la
fin. Il 9° Méditer sur, songer à. Allons sur le chevet
rêver quelque moyen, CORN. Ment, m, 6. L'un est
sans doute mieux rêvé, Mieux conduit et mieux ache-
vé; Mais je voudrais avoir fait l'autre, ID. Sur les
sonnets de Job et d'Uranie. Il faudrait rêver quelque
incident, MOL. Crit. 7. || 10" Dans la langage élevé,
poétique. Désirer quelque chose ardemment, avec
passion. Le soldat aujourd'hui ne rêve que la guerre,
RÉGNIER, Sot. rx. Quand ils sont nés à peine, ils rê-
vent un empire, M. J. CHÉN. Tibère, ni, 2. Cette
carrière de gloire et d'honneur que j'avais rêvée,
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