Titre : Dictionnaire de la langue française.... Tome 2 / par É. Littré,...
Auteur : Littré, Émile (1801-1881). Auteur du texte
Éditeur : L. Hachette (Paris)
Date d'édition : 1873-1874
Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30824717s
Notice d'oeuvre : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12250808s
Type : monographie imprimée monographie imprimée
Langue : français
Format : 4 vol. ; gr. in-4 4 vol. ; gr. in-4
Description : [Dictionnaire de la langue française (français)] [Dictionnaire de la langue française (français)]
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5406698m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-49511
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/12/2008
GRÊ
GRE
GRE
1929
•en attribue la cause à ce que nous sommes conti-
nuellement à cheval, MONT, IV, 190.
— ÉTYM. Wallon, grêie; provenç. graile; anc.
«sp. giâcil; ital. gracile; du lat. gracilis,'qui a l'ac-
cent sur gra.
2. GRÊLE (grê-P), s. f. || 1° Météore aqueux
formé par de l'eau qui, congelée en l'air, tombe
par grains de glace. La plus belle moisson est su-
jette à li grêle, Et souvent elle n'a que des fleurs
pour du fruit, BACAN, Pastor. Ses coups tombent
dru comme grêle, SCABRON, Virg. v. Moïse ayant
levé sa verge vers le ciel, le Seigneur fit fondre
la grêle sur la terre au milieu des tonnerres et des
feux qui brillaient de toutes parts, SACI, Bible,
Exode, ix, 23. Les livres sur Evrard fondent comme
la grêle, BOIL. Lulr. v. Vous voyez que la grêle
tombe sur les plus misérables arbrisseaux comme
sur. les plus hauts chênes ; tout souffre en ce monde,
VOLT. Lett. Richelieu, 6 juin 1777. Hélas! le pampre
vert protège en vain son fruit ; La grêle affreuse
tombe et l'écrase à grand bruit, DELILLE, Gc'org. i.
Aucun fermier ne paye : ils ont tous à la bouche Le
mot grêle.... COLLIN D'HABLEV. Vieuxcèlib. n, 2. || Fa-
milièrement. On le craint comme la grêle, il est
pire que grêle, se dit d'un méchant homme qui
fait beaucoup de mal en un canton, en un pays,
il On dit .aussi : Cet enfant est méchant comme
. grêle. ||Fig. La grêle est tombée sur votre jardin,
sur vos vignes, c'est-à-dire c'est un grand malheur
pour vous, une grande perte. )| On dit aussi : Quelle
grêle! c'est-à-dire quelle misère! || 2° Fig. Quantité
considérable. Des frondeurs jettent une grêle de
grosses pierres, FÉN. Tél. xvi. Les sarcasmes tombè-
rent sur moi comme la grêle, i. j. EOUSS. Con-
fess. vin. || Familièrement, dans le même sens. Une
grêle de coups. Nommez-vous l'aventure une
bonne fortune, Et la grêle de coups doit-elle être
commune Avec moi qui ne sers ici que de re-
cors? SCARBON, D^Japhet d'Arm. rv, 3. X la vue du
Fils unique de Dieu, accablé sous une grêle de
coups, BOUBDAL. Exhort. sur la flagellât, de J. C.
t. il, p. 88. Termes reçut une fois une grêle de
bastonnade de quatre ou cinq Suisses, ST-SIM. 129,
177. || 3" Terme de médecine. Tumeur qui se déve-
loppe dans le tissu des paupières, dite aussi cha-
lazion, et qui est ainsi nommée à cause de sa forme
et de sa transparence analogues à celles d'un
grain de grêle. || Proverbes. De grêle n'est mau-
vaise année Qu'aux lieux où plus elle est tombée.
Jamais ne grêle en une vigne, Qu'en une autre
ne provigne, LE HOUX, Dict. comique.
— HIST. xuc s. Et les nues tôt mesle mesle Gi-
toient pluie, noif et gresle, CBESTIEN LE TROIES,
Chev. au lyon, v. 44). || xme s. Volent saetes, qua-
reus e darz Éspessement cum gresle en marz,
Edouard le confesseur, v. 4B67. || xiv" s. Pierre
de grelle [in gros morceau de grêle], Chr. mss. de
G. de Nangis, dans LACURNE. || xvr" s. Gresle : c'est
une petite tumeur mobile, ronde et lucide comme
un grain de gresle, laquelle vient aux paupières,
PAKE, XV, 5.,
— ÉTYM. Bourg, graule; picard (dans certains
cantons), gricu, et au plur. gris, grêle ; prov.
gressa, greza. Diez y voit le même radical que
dans grésil {voy. ce mot), c'est-à-dire un dérivé de
grés (grés-il), à cause de la forme grenue comme
le grès. Cette opinion est plus vraisemblable que
selle de du Cange, qui déduisait grêle du latin
gracilis, quod minutatim cadat grando.
t 3. GRÊLE (grê-f), s. m. Houille en morceaux
gros comme des oeufs.
GRÊLÉ, ÉE (giê-lé, lée), part, passé de grêler.
Il 1° Frappé par la grêle. En Champagne, en Bour-
gogne, Les coteaux sont grêlés, BÉEANG. On s'en fi-
che. || Fig. Avoir l'air grêlé, être mal vêtu, avoir l'air
misérable. Il a l'air bien grêlé ; selon toute appa-
rence, Cet homme n'a pas fait fortune à l'intendance,
BESTOUCH. Glor. iv, 8. Les pauvres diables me pa-
raissent aujourd'hui bien grêlés, VOLT. Lett. Mme de
Fontaine, 11 juin 1761. || On dit aussi •. Ce prédi-
cateur est grêlé, c'est-à-dire il est peu suivi. || 2° Fig.
Marqué de la petite vérole. Il a le visage tout grêlé.
Il est fort grêlé. || Dans ce sens on dit substantive-
ment: un grêlé, une grêlée. || 3° Terme de blason. Il
se dit des couronnes de marquis ou de comte qui
sont chargées d'un rang de grosses perles rondes,
comme si c'était une grêle de perles qui fût tom-
bée dessus.
t GRËLEAU (grê-lô), s. m. Terme d'eaux et fo-
rets. Baliveau au-dessous d'un mètre de tour (forêt
d'Orléans).
— ÉTYM. Diminutif de grêle 1.
4. GRÊLER (grè-lé). || 1° V impers. Il se dit
DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
quand il tombe de la grêle. Qu'il vente et qu'il
grêle, je me moque de tout, SCABBON, dans BICHIÏ-
LET. Un paysan croit qu'il a grêlé par hasard sur
son champ ; mais le philosophe sait qu'il n'y a
point de hasard, et qu'il était impossible, dans la
constitution de ce monde, qu'il ne grêlât pas ce
jour-là en cet endroit, VOLT. Dict. phil. Destin.
|| Fig. Qui doute qu'avec ce nom [abbé d'Athènes]
il [Ménage] n'eût pu défier la rime et la prose qui
ont tant de fois grêlé sur le sien? Anti-Menagiana,
p. (8t. || Fig. Grêler sur le persil, exercer son
influence, son pouvoir, sa critique sur des gens
faibles, ou dans des choses de peu de conséquence.
Entre nous, madame, on peut dire qu'en matière de
doctrine, on a grêlé sur le persil, MAINTENON, Lett.'
à Mme de Dangeau, t. vu, p. 77, dans POUGENS.
Vous savez comme on grêie ici sur les personnes
dont on croit n'avoir que faire, m. ib. 22 nov.
1709. Le parlement a tant grêlé sur le persil, qu'il
ne faut plus qu'il grêle, VOLT. Lett. en vers et en
prose, 146. Il 2° V. a. Endommager par la grêle. Je
crains que cet orage ne grêle nos vignes. Ce canton
a été grêlé. || Il se dit aussi des personnes dont les
propriétés ont été dévastées par la grêle. Presque
tous nos propriétaires ont été grêlés. || Fig. Sa mé-
disante humeur, grand obstacle aux faveurs....
Avait de ce galant souvent grêlé l'espoir, LA FONT.
Fiancée. || Fig. Cet homme a été grêlé, il a fait de
grandes pertes, il a eu de grandes infortunes.
— HIST. xne s la tormante Qui grausle et
pluet et tone et vante, CRESTIEN DE TROIES, Chev.
au lyon, v. 773. || xuie s. Si durement grella et
chaïrent fondres, que moult des pueples et des
bestes morut, Fsautier, f" 127. ||xvies. X qui il
gresle sur la teste, tout l'hemisphere semble estre
en tempeste et orage, MONT, I, 170. Par toy les
vignes sont gelées, Par toy les plaines sont gres-
lées, DU BELLAY, vu, 19, verso. Le diabloton qui
estoit du nombre de ceux que les bonnes gens du
village disent ne sçavoir que faire gresler le persil;
BOUCUET, Serées, n, p. 100, dans LACURNE. Un petit
diable, lequel encores ne sa voit ne tonner, ne
gresler, fors seulement le persil et les choux, RAB.
Pant. iv, 45.
— ÉTYM. Grêle 2 ; bourg, grôlay.
f 2. GRÊLER (grê-lé), v. a. || 1° Arrondir les
dents d'un peigne sur toute leur longueur. || 2° Ré-
duire la cire en lanières ou rubans, afin de rendra
le blanchiment plus facile. On dit aussi grelouer.
— ÊTYM. Grêle 1.
f GRELET (gre-lè), s. m. Marteau dont se ser-
vent les maçons.
f GRËLET, ETTE (grê-lè, lè-t'),od;'. Qui est
un peu grêle.
— HIST. xvie s. L'embonpoint j'aime et j'aime la
grelette, TVER, p. C27.
— ÉTYM. Diminutif de grêle 1.
f GRÊLEUX, EUSE (grê-leû, leû-z'), adj. Qui a
le caractère de la grêle. || Terme d'anatomie. Os
grêleux, nom donné autrefois à l'os cuboïde de la
deuxième rangée du tarse, à cause de ses inégalités.
— HIST. xvie s Essuya l'air gresleux et plu-
vieux, RONS. 77.
— ÉTYM. Grêle 2.
f GRÊLIER (grê-lié), s. m. Ancienne pièce d'ar-
tillerie qu'on chargeait de balles et de ferrailles, et
qui en chassait comme une grêle, lorsqu'elle était
tirée.
— ÉTYM. Grêle 2.
GRELIN (gre-lin), s. m. Terme de marine. Tout
cordage dont la grosseur est au-dessous de celle
du câble (le câble est le cordage qui tient l'ancre).
— ÉTYM. Allem. Greling.
f GRËLOIR (grê-loir), s. m. ou GRÊLOIRE (grê-
loi-r'), s. f. Vase de fer-blanc percé de trous, pour
grêler la cire.
— ÉTYM. Grêler 2.
GRÊLON (grê-lon), s. m. Grain de grêle. Des
grêlons gros comme des oeufs de poule d'Inde ont
cassé mes vitres; et les vôtres? VOLT. Lett. d'Ar-
gental, 24 juin 1754.
— ÉTYM.. Dérivé de grêles, avec la finale aug-
mentative on.
GRELOT (gre-lo ; le « ne se lie pas dans le parler
ordinaire ; au pluriel, Vs se lie : des grelo-z assour-
dissants; grelots rime avec repos, travaux, etc.),
s. m. || 1° Petite boule de métal creuse et percée de
trous, renfermant un morceau de métal mobile qui
la fait résonner dès qu'on la remue. Les grelots d'un
cheval. Dès l'abord leur doyen [des rats], personne
fort prudente, Opina qu'il fallait, et plus tôt que plus
tard, Attacher UD grelot au cou de Rodilard, LA FONT.
Fabl. n, 2. La difficulté fut d'attacher le grelot; L'un
dit : je n'y vais point, je ne suis pas si sot, ID. ib.
X l'heure où l'on entend lentement revenir Les gre-
lots du troupeau qui bêle, v. HUGO, Orient. 21. || Fig.
et familièrement. Attacher le grelot, faire la pre-
mière tentative dans une affaire hasardeuse. Quand
ce fut à attacher le grelot [demander le tabouret
pour sa femme]; il [Séguier] demeura court et n'osa;
ST-SIM. 70, 155. y Trembler le grelot, trembler si
fort que les dents claquent l'une contre l'autre.
|| 2° Insigne que porte la marotte de la folie. Un
fou reçoit ses grelots et sa marotte en cérémonie.
VOLT. Dial. xxiv, 10. Cet asile Où tant de fois le vau-
deville A renouvelé ses grelots, BÊRAKG. A cad. et Cav.
Des erreurs de l'humaine espèce Dieu veufque cha-
cun ait son lot; Même au manteau de la sagesse La
folie attache un grelot, ID. Couplet. || 3° Terme de
botanique. Fleurs en grelot, fleurs qui ont la forme
d'un grelot. |j 4" Espèce de clochette qui termine la
queue du serpent à sonnettes. || 5° Fil au grelot, es-
pèce de fil qui se tire de Doort en Hollande et qui
sert à broder les toiles fines.
— HIST. xvie s. Pendant que ces pauvres nyais
sont là à trembler le grelot, Dialogues de Tahurem:,
p. 21, dans LACURNE.
— ÉTYM. Ce mot paraît être un diminutif d9
l'ancien français grêle augraile, son grêle, et aussi
trompette. Diez préfère le latin crotalum, petite son-
nette, à cause du sens de grelotter, claquer des dents.
Jaubert, dans son Glossaire, cite les mots du Berry
grelaud, creux, vide, grelot, grelaud, petit pot de
terre, et il croit que grelot vient de là; ces mots du
Berry proviennent sans doute de graal, vase (voy.
ce mot). Saint-Gelais a dit : trembler le grelet : Mi-
nuict est pieça sonné; Par Dieu, c'est bien pro-
mené : Je fay bien de leur vallet, D'icy trembler, le
grelet, ST-GELAIS, 227.
t GRELOTTANT, ANTE (gre-lo-tan, tan-t'), adj
Tremblant de froid. Elle est toute grelottante.
GRELOTTER (gre-Io-té),~D. n. Trembler de froid.
C'est moi qui lui avais fait cacher sa chemise et ses
habits tandis qu'il se baignait, et qui fus cause qu'il
fut obligé de grelotter dans la rivière pendant tout
le souper qui se faisait à ses dépens, DANCOUET, Re-
tour des officiers, se. 5. On dit que c'est bien pis
en Italie ; les maisons n'y sont faites que pour res-
pirer le frais ; et, quand les gelées viennent, toute
la nation grelotte, VOLT. Lett. Mme Denis, 18 janv.
1752. Les malheureux se traînent encore en grelot-
tant, jusqu'à ce que la neige, qui s'attache sous
leurs pieds en forme de pierre, quelque débris, une
branche, ou le corps de l'un de leurs compagnons
les fasse trébucher et tomber, SÊGUR, Hist. de Nap.
ix, U. || Fig. Il [Béranger] grelottait dans sa co-
quille, Quand d'un luth je lui fis l'octroi, BÉRANG.
Êpitaphe. || On dit quelquefois, par une sorte de
construction active, grelotter la fièvre, comme on
dit trembler la fièvre. || Il se conjugue avec l'auxi-
liaire avoir.
— REM. Les verbes qui ont un radical terminé par
ot ne prennent généralement qu'un t ; les excep-
tions, non justifiées d'ailleurs, sont garrotter, gigotr
ter, grelotter, trotter et quelques autres; il faudrait
tout écrire par un seul t.
— HIST. xvie s. Un sergent qui estoit venu pour
me faire allumer la mèche, me voyant greloter
comme les autres, me fit offre de son echarpe.
D'AUB. Vie.
— ÉTYM. Grelot; le claquement des dents de
l'homme qui grelotte étant comparé au son d'un gre-
lot. Génev. greboler, greuler; Savoie, grevoler, dau-
phinois, gromolà.
f GRELOUAGE (gre-lou-a-j'), s. m. Action de
grelouer. .
t GRELOUER (gre-lou-é), v. a. Synonyme de
grêler 2.
GRELUCHON (gre-lu-chon), s. m. Terme familier
et libre. Amant favorisé secrètement par une femme
qui se fait payer par d'autres. Sitôt que la brave
Fanchon Voit aux prises son grtluchon, Elle vous
prend à la cravate Le beau mignon.... le* Porche-
citerons, m, p. 147, dansF. MICHEL, Argot. On pour-
rait bien à l'aventure Choisir un autre greluchon,
Plus Alcide pour la figure, Et pour le coeur plus Cé-
ladon, Mais quelqu'un plus aimable? non, VOLT. Ép.
26. La tête me tourne; je ne sais comment faire
avec les dames, qui veulent que je loue leurs cou-
sins et leurs, greluchons, m. Lett. Cideville, 30 mai
1745. Le page [Chérubin dans le Mariage de Fi-
garo] est, pour bien dire, un fieffé libertin, Pro-
tégé par Suzon, fille plus que rusée, Prenant aussi
sa part du gentil favori, Greluchon de la femme et
mignon du mari ; Quel bon ton 1 quelles moeurs
cette intrigue rassemble! Épigr. contre Beaumar-
1. — U42
GRE
GRE
1929
•en attribue la cause à ce que nous sommes conti-
nuellement à cheval, MONT, IV, 190.
— ÉTYM. Wallon, grêie; provenç. graile; anc.
«sp. giâcil; ital. gracile; du lat. gracilis,'qui a l'ac-
cent sur gra.
2. GRÊLE (grê-P), s. f. || 1° Météore aqueux
formé par de l'eau qui, congelée en l'air, tombe
par grains de glace. La plus belle moisson est su-
jette à li grêle, Et souvent elle n'a que des fleurs
pour du fruit, BACAN, Pastor. Ses coups tombent
dru comme grêle, SCABRON, Virg. v. Moïse ayant
levé sa verge vers le ciel, le Seigneur fit fondre
la grêle sur la terre au milieu des tonnerres et des
feux qui brillaient de toutes parts, SACI, Bible,
Exode, ix, 23. Les livres sur Evrard fondent comme
la grêle, BOIL. Lulr. v. Vous voyez que la grêle
tombe sur les plus misérables arbrisseaux comme
sur. les plus hauts chênes ; tout souffre en ce monde,
VOLT. Lett. Richelieu, 6 juin 1777. Hélas! le pampre
vert protège en vain son fruit ; La grêle affreuse
tombe et l'écrase à grand bruit, DELILLE, Gc'org. i.
Aucun fermier ne paye : ils ont tous à la bouche Le
mot grêle.... COLLIN D'HABLEV. Vieuxcèlib. n, 2. || Fa-
milièrement. On le craint comme la grêle, il est
pire que grêle, se dit d'un méchant homme qui
fait beaucoup de mal en un canton, en un pays,
il On dit .aussi : Cet enfant est méchant comme
. grêle. ||Fig. La grêle est tombée sur votre jardin,
sur vos vignes, c'est-à-dire c'est un grand malheur
pour vous, une grande perte. )| On dit aussi : Quelle
grêle! c'est-à-dire quelle misère! || 2° Fig. Quantité
considérable. Des frondeurs jettent une grêle de
grosses pierres, FÉN. Tél. xvi. Les sarcasmes tombè-
rent sur moi comme la grêle, i. j. EOUSS. Con-
fess. vin. || Familièrement, dans le même sens. Une
grêle de coups. Nommez-vous l'aventure une
bonne fortune, Et la grêle de coups doit-elle être
commune Avec moi qui ne sers ici que de re-
cors? SCARBON, D^Japhet d'Arm. rv, 3. X la vue du
Fils unique de Dieu, accablé sous une grêle de
coups, BOUBDAL. Exhort. sur la flagellât, de J. C.
t. il, p. 88. Termes reçut une fois une grêle de
bastonnade de quatre ou cinq Suisses, ST-SIM. 129,
177. || 3" Terme de médecine. Tumeur qui se déve-
loppe dans le tissu des paupières, dite aussi cha-
lazion, et qui est ainsi nommée à cause de sa forme
et de sa transparence analogues à celles d'un
grain de grêle. || Proverbes. De grêle n'est mau-
vaise année Qu'aux lieux où plus elle est tombée.
Jamais ne grêle en une vigne, Qu'en une autre
ne provigne, LE HOUX, Dict. comique.
— HIST. xuc s. Et les nues tôt mesle mesle Gi-
toient pluie, noif et gresle, CBESTIEN LE TROIES,
Chev. au lyon, v. 44). || xme s. Volent saetes, qua-
reus e darz Éspessement cum gresle en marz,
Edouard le confesseur, v. 4B67. || xiv" s. Pierre
de grelle [in gros morceau de grêle], Chr. mss. de
G. de Nangis, dans LACURNE. || xvr" s. Gresle : c'est
une petite tumeur mobile, ronde et lucide comme
un grain de gresle, laquelle vient aux paupières,
PAKE, XV, 5.,
— ÉTYM. Bourg, graule; picard (dans certains
cantons), gricu, et au plur. gris, grêle ; prov.
gressa, greza. Diez y voit le même radical que
dans grésil {voy. ce mot), c'est-à-dire un dérivé de
grés (grés-il), à cause de la forme grenue comme
le grès. Cette opinion est plus vraisemblable que
selle de du Cange, qui déduisait grêle du latin
gracilis, quod minutatim cadat grando.
t 3. GRÊLE (grê-f), s. m. Houille en morceaux
gros comme des oeufs.
GRÊLÉ, ÉE (giê-lé, lée), part, passé de grêler.
Il 1° Frappé par la grêle. En Champagne, en Bour-
gogne, Les coteaux sont grêlés, BÉEANG. On s'en fi-
che. || Fig. Avoir l'air grêlé, être mal vêtu, avoir l'air
misérable. Il a l'air bien grêlé ; selon toute appa-
rence, Cet homme n'a pas fait fortune à l'intendance,
BESTOUCH. Glor. iv, 8. Les pauvres diables me pa-
raissent aujourd'hui bien grêlés, VOLT. Lett. Mme de
Fontaine, 11 juin 1761. || On dit aussi •. Ce prédi-
cateur est grêlé, c'est-à-dire il est peu suivi. || 2° Fig.
Marqué de la petite vérole. Il a le visage tout grêlé.
Il est fort grêlé. || Dans ce sens on dit substantive-
ment: un grêlé, une grêlée. || 3° Terme de blason. Il
se dit des couronnes de marquis ou de comte qui
sont chargées d'un rang de grosses perles rondes,
comme si c'était une grêle de perles qui fût tom-
bée dessus.
t GRËLEAU (grê-lô), s. m. Terme d'eaux et fo-
rets. Baliveau au-dessous d'un mètre de tour (forêt
d'Orléans).
— ÉTYM. Diminutif de grêle 1.
4. GRÊLER (grè-lé). || 1° V impers. Il se dit
DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
quand il tombe de la grêle. Qu'il vente et qu'il
grêle, je me moque de tout, SCABBON, dans BICHIÏ-
LET. Un paysan croit qu'il a grêlé par hasard sur
son champ ; mais le philosophe sait qu'il n'y a
point de hasard, et qu'il était impossible, dans la
constitution de ce monde, qu'il ne grêlât pas ce
jour-là en cet endroit, VOLT. Dict. phil. Destin.
|| Fig. Qui doute qu'avec ce nom [abbé d'Athènes]
il [Ménage] n'eût pu défier la rime et la prose qui
ont tant de fois grêlé sur le sien? Anti-Menagiana,
p. (8t. || Fig. Grêler sur le persil, exercer son
influence, son pouvoir, sa critique sur des gens
faibles, ou dans des choses de peu de conséquence.
Entre nous, madame, on peut dire qu'en matière de
doctrine, on a grêlé sur le persil, MAINTENON, Lett.'
à Mme de Dangeau, t. vu, p. 77, dans POUGENS.
Vous savez comme on grêie ici sur les personnes
dont on croit n'avoir que faire, m. ib. 22 nov.
1709. Le parlement a tant grêlé sur le persil, qu'il
ne faut plus qu'il grêle, VOLT. Lett. en vers et en
prose, 146. Il 2° V. a. Endommager par la grêle. Je
crains que cet orage ne grêle nos vignes. Ce canton
a été grêlé. || Il se dit aussi des personnes dont les
propriétés ont été dévastées par la grêle. Presque
tous nos propriétaires ont été grêlés. || Fig. Sa mé-
disante humeur, grand obstacle aux faveurs....
Avait de ce galant souvent grêlé l'espoir, LA FONT.
Fiancée. || Fig. Cet homme a été grêlé, il a fait de
grandes pertes, il a eu de grandes infortunes.
— HIST. xne s la tormante Qui grausle et
pluet et tone et vante, CRESTIEN DE TROIES, Chev.
au lyon, v. 773. || xuie s. Si durement grella et
chaïrent fondres, que moult des pueples et des
bestes morut, Fsautier, f" 127. ||xvies. X qui il
gresle sur la teste, tout l'hemisphere semble estre
en tempeste et orage, MONT, I, 170. Par toy les
vignes sont gelées, Par toy les plaines sont gres-
lées, DU BELLAY, vu, 19, verso. Le diabloton qui
estoit du nombre de ceux que les bonnes gens du
village disent ne sçavoir que faire gresler le persil;
BOUCUET, Serées, n, p. 100, dans LACURNE. Un petit
diable, lequel encores ne sa voit ne tonner, ne
gresler, fors seulement le persil et les choux, RAB.
Pant. iv, 45.
— ÉTYM. Grêle 2 ; bourg, grôlay.
f 2. GRÊLER (grê-lé), v. a. || 1° Arrondir les
dents d'un peigne sur toute leur longueur. || 2° Ré-
duire la cire en lanières ou rubans, afin de rendra
le blanchiment plus facile. On dit aussi grelouer.
— ÊTYM. Grêle 1.
f GRELET (gre-lè), s. m. Marteau dont se ser-
vent les maçons.
f GRËLET, ETTE (grê-lè, lè-t'),od;'. Qui est
un peu grêle.
— HIST. xvie s. L'embonpoint j'aime et j'aime la
grelette, TVER, p. C27.
— ÉTYM. Diminutif de grêle 1.
f GRÊLEUX, EUSE (grê-leû, leû-z'), adj. Qui a
le caractère de la grêle. || Terme d'anatomie. Os
grêleux, nom donné autrefois à l'os cuboïde de la
deuxième rangée du tarse, à cause de ses inégalités.
— HIST. xvie s Essuya l'air gresleux et plu-
vieux, RONS. 77.
— ÉTYM. Grêle 2.
f GRÊLIER (grê-lié), s. m. Ancienne pièce d'ar-
tillerie qu'on chargeait de balles et de ferrailles, et
qui en chassait comme une grêle, lorsqu'elle était
tirée.
— ÉTYM. Grêle 2.
GRELIN (gre-lin), s. m. Terme de marine. Tout
cordage dont la grosseur est au-dessous de celle
du câble (le câble est le cordage qui tient l'ancre).
— ÉTYM. Allem. Greling.
f GRËLOIR (grê-loir), s. m. ou GRÊLOIRE (grê-
loi-r'), s. f. Vase de fer-blanc percé de trous, pour
grêler la cire.
— ÉTYM. Grêler 2.
GRÊLON (grê-lon), s. m. Grain de grêle. Des
grêlons gros comme des oeufs de poule d'Inde ont
cassé mes vitres; et les vôtres? VOLT. Lett. d'Ar-
gental, 24 juin 1754.
— ÉTYM.. Dérivé de grêles, avec la finale aug-
mentative on.
GRELOT (gre-lo ; le « ne se lie pas dans le parler
ordinaire ; au pluriel, Vs se lie : des grelo-z assour-
dissants; grelots rime avec repos, travaux, etc.),
s. m. || 1° Petite boule de métal creuse et percée de
trous, renfermant un morceau de métal mobile qui
la fait résonner dès qu'on la remue. Les grelots d'un
cheval. Dès l'abord leur doyen [des rats], personne
fort prudente, Opina qu'il fallait, et plus tôt que plus
tard, Attacher UD grelot au cou de Rodilard, LA FONT.
Fabl. n, 2. La difficulté fut d'attacher le grelot; L'un
dit : je n'y vais point, je ne suis pas si sot, ID. ib.
X l'heure où l'on entend lentement revenir Les gre-
lots du troupeau qui bêle, v. HUGO, Orient. 21. || Fig.
et familièrement. Attacher le grelot, faire la pre-
mière tentative dans une affaire hasardeuse. Quand
ce fut à attacher le grelot [demander le tabouret
pour sa femme]; il [Séguier] demeura court et n'osa;
ST-SIM. 70, 155. y Trembler le grelot, trembler si
fort que les dents claquent l'une contre l'autre.
|| 2° Insigne que porte la marotte de la folie. Un
fou reçoit ses grelots et sa marotte en cérémonie.
VOLT. Dial. xxiv, 10. Cet asile Où tant de fois le vau-
deville A renouvelé ses grelots, BÊRAKG. A cad. et Cav.
Des erreurs de l'humaine espèce Dieu veufque cha-
cun ait son lot; Même au manteau de la sagesse La
folie attache un grelot, ID. Couplet. || 3° Terme de
botanique. Fleurs en grelot, fleurs qui ont la forme
d'un grelot. |j 4" Espèce de clochette qui termine la
queue du serpent à sonnettes. || 5° Fil au grelot, es-
pèce de fil qui se tire de Doort en Hollande et qui
sert à broder les toiles fines.
— HIST. xvie s. Pendant que ces pauvres nyais
sont là à trembler le grelot, Dialogues de Tahurem:,
p. 21, dans LACURNE.
— ÉTYM. Ce mot paraît être un diminutif d9
l'ancien français grêle augraile, son grêle, et aussi
trompette. Diez préfère le latin crotalum, petite son-
nette, à cause du sens de grelotter, claquer des dents.
Jaubert, dans son Glossaire, cite les mots du Berry
grelaud, creux, vide, grelot, grelaud, petit pot de
terre, et il croit que grelot vient de là; ces mots du
Berry proviennent sans doute de graal, vase (voy.
ce mot). Saint-Gelais a dit : trembler le grelet : Mi-
nuict est pieça sonné; Par Dieu, c'est bien pro-
mené : Je fay bien de leur vallet, D'icy trembler, le
grelet, ST-GELAIS, 227.
t GRELOTTANT, ANTE (gre-lo-tan, tan-t'), adj
Tremblant de froid. Elle est toute grelottante.
GRELOTTER (gre-Io-té),~D. n. Trembler de froid.
C'est moi qui lui avais fait cacher sa chemise et ses
habits tandis qu'il se baignait, et qui fus cause qu'il
fut obligé de grelotter dans la rivière pendant tout
le souper qui se faisait à ses dépens, DANCOUET, Re-
tour des officiers, se. 5. On dit que c'est bien pis
en Italie ; les maisons n'y sont faites que pour res-
pirer le frais ; et, quand les gelées viennent, toute
la nation grelotte, VOLT. Lett. Mme Denis, 18 janv.
1752. Les malheureux se traînent encore en grelot-
tant, jusqu'à ce que la neige, qui s'attache sous
leurs pieds en forme de pierre, quelque débris, une
branche, ou le corps de l'un de leurs compagnons
les fasse trébucher et tomber, SÊGUR, Hist. de Nap.
ix, U. || Fig. Il [Béranger] grelottait dans sa co-
quille, Quand d'un luth je lui fis l'octroi, BÉRANG.
Êpitaphe. || On dit quelquefois, par une sorte de
construction active, grelotter la fièvre, comme on
dit trembler la fièvre. || Il se conjugue avec l'auxi-
liaire avoir.
— REM. Les verbes qui ont un radical terminé par
ot ne prennent généralement qu'un t ; les excep-
tions, non justifiées d'ailleurs, sont garrotter, gigotr
ter, grelotter, trotter et quelques autres; il faudrait
tout écrire par un seul t.
— HIST. xvie s. Un sergent qui estoit venu pour
me faire allumer la mèche, me voyant greloter
comme les autres, me fit offre de son echarpe.
D'AUB. Vie.
— ÉTYM. Grelot; le claquement des dents de
l'homme qui grelotte étant comparé au son d'un gre-
lot. Génev. greboler, greuler; Savoie, grevoler, dau-
phinois, gromolà.
f GRELOUAGE (gre-lou-a-j'), s. m. Action de
grelouer. .
t GRELOUER (gre-lou-é), v. a. Synonyme de
grêler 2.
GRELUCHON (gre-lu-chon), s. m. Terme familier
et libre. Amant favorisé secrètement par une femme
qui se fait payer par d'autres. Sitôt que la brave
Fanchon Voit aux prises son grtluchon, Elle vous
prend à la cravate Le beau mignon.... le* Porche-
citerons, m, p. 147, dansF. MICHEL, Argot. On pour-
rait bien à l'aventure Choisir un autre greluchon,
Plus Alcide pour la figure, Et pour le coeur plus Cé-
ladon, Mais quelqu'un plus aimable? non, VOLT. Ép.
26. La tête me tourne; je ne sais comment faire
avec les dames, qui veulent que je loue leurs cou-
sins et leurs, greluchons, m. Lett. Cideville, 30 mai
1745. Le page [Chérubin dans le Mariage de Fi-
garo] est, pour bien dire, un fieffé libertin, Pro-
tégé par Suzon, fille plus que rusée, Prenant aussi
sa part du gentil favori, Greluchon de la femme et
mignon du mari ; Quel bon ton 1 quelles moeurs
cette intrigue rassemble! Épigr. contre Beaumar-
1. — U42
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