Titre : Dictionnaire de la langue française.... Tome 2 / par É. Littré,...
Auteur : Littré, Émile (1801-1881). Auteur du texte
Éditeur : L. Hachette (Paris)
Date d'édition : 1873-1874
Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30824717s
Notice d'oeuvre : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12250808s
Type : monographie imprimée monographie imprimée
Langue : français
Format : 4 vol. ; gr. in-4 4 vol. ; gr. in-4
Description : [Dictionnaire de la langue française (français)] [Dictionnaire de la langue française (français)]
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5406698m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-49511
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/12/2008
FM
FRI
FRI
1779
en menus morceaux et qu'il croyait friande, LA
FONT. Fàbl. i, 4 8. Votre Ordinaire est donc trop peu
friand X votre goût...? m. Gag. Si celui-ci est à table
et qu'il prononce d'un mets qu'il est friand, le maî-
tre et les convives, qui en mangeaient sans ré-
flexion, le trouvent friand et ne s'en peuvent rassa-
sier, LA BRUY. v. Ce qui m'impatientait, c'est qu'il
n'y avait rien d'assez friand pour ces grands servi-
teurs de Dieu, MARIV. Pays. parv. 4* part. || Fig. X
son âge, un époux est un morceau friand, HAUTERO-
UHE, Bourg, de qualité, v, 3. Friands souris, tout
comme en a le traître [l'Amour] , On vous les
voit : mais aussi ses défauts, Les avez tous.... LA-
FARE, À Mme de B. Le nom [d'Auvergne] était
friand pour des gens qui minutaient de changer
leur nom de la Tour en celui d'Auvergne, ST-SIM.
XXIV, 27. Jadis ton maître a fait mainte folie Pour
des minois moins friands que le tien, BÉRANG. Ce7t"6.
|| 2° Oui aime et apprécie la chère fine et délicate.
L'homme, le plus friand des animaux, appelle à lui
toutes les productions de la nature, et force tous les
climats de satisfaire à ses goûts et à son intempé-
rance, BONNET, Consid. corps org. t. v, p. -16a,
dans PODGENS. || On dit souvent : Friand comme
une nonne. || Avoir le goût friand, avoir le goût
délicat et bien apprécier les bons morceaux. || Etre
friand de, aimer beaucoup une chose. Cependant
un sanglier, monstre énorme et superbe, Tente
encor notre archer friand de tels morceaux, LA
FONT. Fabl. vin, 27. Elle était friande de toutes
sortes de sucreries, HAMILT. Gramm. 9. || Fig. Être
friand de. louanges, de nouveautés. Vous pensiez
bien trouver quelque jeune coquette Friande de
l'intrigue et tendre à la fleurette, MOL. ÉC. des ma-
ris, n, 9. Au bout de quelque temps que messieurs
les louvats Se virent loups parfaits et friands de
tuerie, LA FONT. Fabl. m, 43. .... Qui hait les pré-
sents? Tous les humains en sont friands, ID. Petit
chien. Les grands sont friands d'horoscope; Ils
pensent que leur sort est écrit dans les cieux, LA-
MOTTE, Fabl. v, 4 2.
. — HIST. xiii" s. Jà n'ai je mie le pooir De tiex
[telles] cointeries veoir, Que cil ribauz saffre,
friant.... Entor vous remirent et voient, Quant par
ces rues vous convoient, la Rose, 8542. ||xrve s. Si
tu vois que le faucon est bien friant à la char et
qu'il mengue [mange] bien volontiers, Modus,
f° LXXIX, verso. Il n'est si bone armeure que de ce
vin friant Et de ces pastez là qui vont souez flairant,
Hugues Capet, y. 22C9. Plusieurs ne la frisent point
[ne la font point frire, une certaine préparation], jà
soit ce que c'est le plus friant, Mdnagier, n, B. || xve s.
11 est vrai que je suis-friant De vin, quand c'est
vin qui mérite, BASSELIN, m. Dedans l'amoureuse
cuisine, Où sont les bons frians morceaux, en.
D'ORL. Rondeau. || xvi" s. Des viandes friandes et
délicates, CALVTN, Irtstit. 998. Cette retraite fut
assez friande [gaillarde], pour ce qu'ils avoient sur
les bras la -fleur de l'armée qui leur faisoient des
charges, D'AUB. Hist. i, 287. C'est uii mauvais com-
pagnon à la table, parce qu'il est friand et gour-
mand, AMYOT, Du vice et de la vertu, 3. Ceulx qui ne
bougent jamais d'alentour des tables plantureuses et
friandes, m. Comm. dise, le flatt. de l'ami, 1.
....pour en l'air La friande perdrix par eux [l'autour
et le tiercelet] faire voler, Nous montons à cheval....
Plaisir des champs, p. 242.-Nous rendre moins ai-
gres et friands à la jouissance des biens et des plai-
sirs, MONT, il, 214. De femme volage et friande,
, En tout temps bonheur nous défende ! COTGRAVE.
— ÉTYM. ..C'est, comme l'a vu Ménage, le parti-
cipe présent du verbe frire, avec un changement du
t en d, puisque le féminin est friande, comme dans
l'ancienne forme féminine galande de galant. Dans
le xnr et le xiv" siècle, il y a deux sens : en par-
lant des choses, ce qui est appétissant; en parlant
des personnes, celles qui ont de la vivacité comme
ce qui frit.
f FRIANDEMENT (fri-an-de-man), adv. D'une
manière friande.
— HIST. xv* s. La cour allèche friandement ceux
qui y viennent, en leur usant de fauces promesses,
AL. CHARTIER, le Curidl, p.avaler friandement le vin de cette isle, il lui fait
honte de ce qu'il l'achetoit, D'AUB. Hist. i, 341. Il
trouva une table de trois plats friandement fournie,
ID. ib. ni, 244.
^- ÉTYM. Friande, et le suffixe ment.
FRIANDISE (fri-an-di-z'), s. f. || 1° Goût pour la
chère délicate. 11 y a des personnes qui se vantent
de leur friandise. || Fig. Leur friandise de louanges
[des auteurs], MOL. Critique, 7. || Fig. et familière-
ment. Elle a le nez tourné à !a friandise, locution
vieillie qui se disait d'une jeune femme ayant l'air
d'aimer le plaisir. || 2° Auplur. Choses friandes, par-
ticulièrement des sucreries et des pâtisseries. Ne
promettez jamais aux enfants, pour récompenses,
des ajustements ou des friandises, FÉNEL. Ëdùc. des
filles, ch. 6. On avait envoyé des provisions de la
ville, et il y avait de quoi faire un très-bon dîner,
surtout en friandises,-j. J. ROUSS. Conf. rv.
— HIST. xvi" s. On a assemblé toutes les friandi-
ses et délices qu'on pouvoit, CALV. Instit. -1004. Les
refformez, à la friandise d'avoir un fils de France
pour chef, commencèrent leurs remuemens enPoic-
tou, D'AUB. Hist.u, 417. Mais ce qui plus les pousse
est la friandise du profit, LANOUE, p. 4B9.
— ÉTYM. Friand.
f FR1BOURG (fri-bour), s. m. Variété de poire
d'hiver.
FRICANDEAU (fri-kan-dô), s. m. Terme de cui-
sine. Morceau de veau lardé qu'on fricassait autre-
fois dans la poêle. |] Aujourd'hui, morceau de veau
mince piqué cuit dans son jus, dans du bouillon ou
de l'eau, et servi sur de l'oseille ou de la chicorée.
|| Par extension. Fricandeau de lapin. || Se dit aussi
du poisson.
— ÊTYM. Le radical est le même que dans fricas-
ser (voy. ce mot).
FRICASSÉ, ÉE (fri-ka-s,é sée),parf. passé de fricas-
ser. Des poulets fricassés. Elle lui disait qu'il était une
vraie citrouille fricassée dans de la neige, SËV. 37.
|| Fig. et familièrement. C'est autant de fricassé, c'est
autant de perdu. Son patrimoine a été bien tôt fricassé.
FRICASSÉE (fri-ka-sée), s. f. || 1° Viande fricas-
sée. Faire une fricassée. Une fricassée de poulet, de
lapin. Entra serviette au bras, et fricassée en main,
RÉGNIER, Sat. x. Ajoutez à cela la fricassée de six
poulets de Ragotin, et vous conviendrez qu'on n'y
fit pas mauvaise chère, SCARR. Rom. com. n, 4 6.
|| Par plaisanterie. Une bonne fricassée de pain sec,
un morceau de pain sec. || Homme savant en fricas-
sée, homme qui se connaît en bons morceaux, qui
se plaît à faire bonne chère. |j II est malheureux en
fricassée, se dit d'un homme qui n'attrape pas les
bons morceaux; et, au figuré, d'un homme malheu-
reux en ses entreprises. || Sentir ou flairer de loin
la fricassée, se dit de quelqu'un qui vient dîner sans
être invité, qui arrive, comme on dit, au bon mo-
ment. || Ce n'est pas là une grande fricassée, se dit
d'unechose qu'on veut mépriser. || 2° Fig. et par-
ticulièrement. Tas d'objets amalgamés comme une
fricassée. La fricassée d'anges de Fragonard est une
singerie de Boucher, DIDER. Salon de 4 767, OEuv.
t. xv, p. 24, dans POUGENS, au mot singerie. || Popu-
lairement. Faire une fricassée, tout casser, tout ré-
duire en morceaux. || 3e II s'est dit pour petit repas,
repas sans façon donné à la campagne ou hors de
chez soi. M. de la Trousse nous donna hier une
fricassée à Vincennes ; Mme de Coulanges, Corbi-
nelli et moi, voilà ce qui composait la compagnie,
SÉV. 272. || 4° Danse ancienne très-irrégulière et
souvent fort libre. La seule fricassée telle que Dau-
berval et la maîtresse du logis [Mlle Guimard] l'exé-
cutaient au milieu d'un hourra de bravos, ferait en
six mois la fortune de six directeurs de l'Opéra, c.
BLAZE, Hist. de l'Acad. de musique, t. i, § vm,
p. 269. || 5° Ancien terme militaire. Batterie de tam-
bour formée de coups précipités, et dont on se
servait pour assembler une troupe.
— HIST. xvi" s. Les fougades, les grenades et les
feux artificiels jouèrent tous à la fois; les chefs pre-
miers avancez coururent moins de danger pour es-
tre hors de ces fricassées, D'AUB. Hist. i, 34 7. Ros-
cieux, aiant accompagné sonmaistre au conseil, à
la contenance des gardes, sentit la fricassée [le
danger], ID. ib. ni, 4 53. Y avoit un petit ravelin de
pierre, qui fut tout pavé de fricassées et feux artifi-
ciels couverts de paille, M. DU BELLAY, 4 4 3. Toute
ceste fricassée que je barbouille ici n'est qu'un re-
gistre des essais de ma vie, MONT, IV, 252.
— ÉTYM. Fricassé; bourguign. fricaissie. Villon
a dit fricassure.
FRICASSER (fri-ka-sé), i). a. || 1° Accommoder de
la viande, surtout de la viande coupée par mor-
ceaux, ou des légumes avec du beurre, ou les faire
cuire dans une sauce. Fricasser du veau, des pom-
mes de terre. Fricasser un poulet. || Absolument.
Cependant on fricassé, on se rue en cuisine, LA
FONT. Fabl. IV, 4. H Fncasser chair et poisson,
faire grande chère. Elle est partie de chez Bayard
après y avoir brillé, et dansé, et fricassé chair et
poisson, SÉV. 284. Il Familièrement et ironique-
ment. L'on t'en fricassé, c'est-à-dire tu n'en auras
pas ce n'est pas pour ton nez. Moi je te cherche-
rais? ma foi [l'on t'en fricassé Des filles comme
nous, MOL. le Dèp. iv, 4. || 2° Fig. et familièrement,
Dissiper en dépenses extravagantes. Sans fruit aucun
[il] vendit et fricassa Tout son avoir.... LA FONT,
Fauc. Guilleragues avait des amis et vivait à leurs
dépens, parce qu'il avait tout fricassé, ST-SIM. 39,
200. D'Aubeterre fut le plus bas valet de M. de Vau-
demont, qui lui valut bien de l'argent qu'il fricassa
en panier percé qu'il était, ID. 472, 38. Mon émer-
veillement dure toujours que le fils de Samuel nous
ait fait banqueroute six mois après, et qu'il ait
trouvé le secret de fricasser huit millions obscuré-
ment et sans plaisir, VOLT. Lett. d'Argental,. 4 5
mai 4768. D 3° Fig. et très-familièrement. Faire pé-
rir, perdre. Et s'il eût cru lois son courage, L'ani-
mal s'en venait à nous, Et nous étions fricassés
tous, SCARR. Virg. m. || 4° Populairement. Préparer
à manger. || 5° Se fricasser, D. réfl. Être fricassé. Les
poulets se fricassent ainsi.
— HIST. xve s. L'espéeestoit toute d'acier, ....Mais
l'hoste lame fist menger, Fourreau et tout sans fris-
casser, VILLON, Repues franches, Bail, des écou-
tants. Il xvi" s De mil et avoine fricassés en une
poille avec un peu de vin blanc, PARÉ, vm, 44.
Nous voyons souvent une milliasse de pauvres
hommes fricassés sous une mine ou cazematte, ID.
K, Préf. Ils jettent leur cinabre sur la braise,
et les fricassent et parfument comme font les ma-
reschaux quelque cheval morveux, ID. XVI, 4 4.
— ËTYM. D'après Diez, un radical fric, qui se
trouve dans fric-andeau, fric-asser, fric-ot, et qui
provient du germanique : goth. friks; anc. h. allem.
freh, avide; anglo-sax. frec, hardi; anc. angl. frek,
vif. H y a, dans l'ancien français, frique, et, dans
le provençal, fric, qui signifient vif; ceux-là se rat-
tachent sans doute au germanique par le sens et par
la forme"; quant à fricot, fricasser, fricandeau, Diez
les y rattache aussi par la signification d'avide, d'où
ce qui excite l'avidité, ce qui plaît au goût. Toute-
fois cette opinion n'a pas rallié tout le monde; et
Mahn croit que le radical fric est dans fricare, mot
que donne du Cange avec le sens de frire; il y voit
une corruption de frictare, fréquentatif fictif de
frigere, frire. Peut-être on peut en concevoir la
formation autrement; le bas-latin a frixa, friture,
qui est correct; d'où frica, qui se trouve, et fricare.
qui se suppose. Dans l'opinion de Diez on ne com-
prend pas la syllabe and dans fricandeau et dans
fricanderie, sorte de gâteau (DU CANGE, frixa) ; au
lieu que, avec fricare, fricandeau, fricanderie sont
des dérivés de fricans ou fricandus. Quant à fri-
care, frotter, auquel on peut songer, outre que le
sens n'est pas commode, il avait donné d'autres
formes, froier, fraier.
FRICASSEUR (fri-ka-seur), s. m. Celui qui fait
des fricassées. Il ne se dit que d'un mauvais cuisi-
nier. Ce n'est qu'un fricasseur.
— ÉTYM. Fricasser.
FaiCUE (fri-ch'),s. f. H i° Terrain non cultivé, soit
de tout temps, soit par abandon. Jusqu'à ce qu'é-
tant abandonnées à cause de leur stérilité, elles [des
terres épuisées] puissent reprendre, sous la forme
de friche, les poussières de l'air et des eaux, le li-
mon des rosées et des pluies, et les autres secours
de la nature bienfaisante, qui toujours travaille à
rétablir ce que l'homme ne cesse de détruire, BUFF.
min. t. n, p. 4 85, dans POUGENS. Les friches qui se
lèvent par grosses mottes et par quartiers, ID. Qua-
drup. t. 1, p. 4 88. Il En friche, dans l'état de non-
culture. Les campagnes sont en friche et presque
déserte-s, FÉN. Tél. XII. On tire tout de la terre, on
ne lui rend rien; tout est eh friche, MpNTESQ. Esp. v,
44..Que servent à un grand seigneuries domaines
qu'il laisse en friche ? VAUVEN. Espr. humain, 28.
La famine qui désolait les campagnes fut une res-
source pour la guerre ; ceux qui manquaient de
pain se firent soldats ; beaucoup de terres restèrent
en friche, mais on eut une armée, VOLT. LouisXIV,
24. H Fig. Abandonnée entièrement au soin que la
tendresse maternelle voulait qu'elle eût de sa fille,
elle laissait, pour ainsi parler, ses charmes en fri
che, LE SAGE, Estev. Gong. ch. 48. || 2°S. m. Terme
rural. Chiendent dont les longues racines envahis-
sent le sol et sont très-difficiles à extirper. Il y a
du friche dans ce terrain.
— HIST. xme s. Laisser les gaaignages sept ans
en frichette, DU CANGE, friscum. Les jachieres, qui
n'i refiche Le soc, redemorront en friche, la Rose,
4 9774. Et les autres héritages si en demouroient au-
cunes fois en friez, porce qu'on ne trouvoit qui oirs
s'en feistpor le [la] carque [charge] de sorcens, BEAUM.
XXIV, 20. Il xive s. Plusieurs terres, prez, pastureg,
fresches, DU CANGE, fresceium. || xve s. Que vignes,
que freisches,ID. t'6. C'estde mon cueur l'amere sous-
FRI
FRI
1779
en menus morceaux et qu'il croyait friande, LA
FONT. Fàbl. i, 4 8. Votre Ordinaire est donc trop peu
friand X votre goût...? m. Gag. Si celui-ci est à table
et qu'il prononce d'un mets qu'il est friand, le maî-
tre et les convives, qui en mangeaient sans ré-
flexion, le trouvent friand et ne s'en peuvent rassa-
sier, LA BRUY. v. Ce qui m'impatientait, c'est qu'il
n'y avait rien d'assez friand pour ces grands servi-
teurs de Dieu, MARIV. Pays. parv. 4* part. || Fig. X
son âge, un époux est un morceau friand, HAUTERO-
UHE, Bourg, de qualité, v, 3. Friands souris, tout
comme en a le traître [l'Amour] , On vous les
voit : mais aussi ses défauts, Les avez tous.... LA-
FARE, À Mme de B. Le nom [d'Auvergne] était
friand pour des gens qui minutaient de changer
leur nom de la Tour en celui d'Auvergne, ST-SIM.
XXIV, 27. Jadis ton maître a fait mainte folie Pour
des minois moins friands que le tien, BÉRANG. Ce7t"6.
|| 2° Oui aime et apprécie la chère fine et délicate.
L'homme, le plus friand des animaux, appelle à lui
toutes les productions de la nature, et force tous les
climats de satisfaire à ses goûts et à son intempé-
rance, BONNET, Consid. corps org. t. v, p. -16a,
dans PODGENS. || On dit souvent : Friand comme
une nonne. || Avoir le goût friand, avoir le goût
délicat et bien apprécier les bons morceaux. || Etre
friand de, aimer beaucoup une chose. Cependant
un sanglier, monstre énorme et superbe, Tente
encor notre archer friand de tels morceaux, LA
FONT. Fabl. vin, 27. Elle était friande de toutes
sortes de sucreries, HAMILT. Gramm. 9. || Fig. Être
friand de. louanges, de nouveautés. Vous pensiez
bien trouver quelque jeune coquette Friande de
l'intrigue et tendre à la fleurette, MOL. ÉC. des ma-
ris, n, 9. Au bout de quelque temps que messieurs
les louvats Se virent loups parfaits et friands de
tuerie, LA FONT. Fabl. m, 43. .... Qui hait les pré-
sents? Tous les humains en sont friands, ID. Petit
chien. Les grands sont friands d'horoscope; Ils
pensent que leur sort est écrit dans les cieux, LA-
MOTTE, Fabl. v, 4 2.
. — HIST. xiii" s. Jà n'ai je mie le pooir De tiex
[telles] cointeries veoir, Que cil ribauz saffre,
friant.... Entor vous remirent et voient, Quant par
ces rues vous convoient, la Rose, 8542. ||xrve s. Si
tu vois que le faucon est bien friant à la char et
qu'il mengue [mange] bien volontiers, Modus,
f° LXXIX, verso. Il n'est si bone armeure que de ce
vin friant Et de ces pastez là qui vont souez flairant,
Hugues Capet, y. 22C9. Plusieurs ne la frisent point
[ne la font point frire, une certaine préparation], jà
soit ce que c'est le plus friant, Mdnagier, n, B. || xve s.
11 est vrai que je suis-friant De vin, quand c'est
vin qui mérite, BASSELIN, m. Dedans l'amoureuse
cuisine, Où sont les bons frians morceaux, en.
D'ORL. Rondeau. || xvi" s. Des viandes friandes et
délicates, CALVTN, Irtstit. 998. Cette retraite fut
assez friande [gaillarde], pour ce qu'ils avoient sur
les bras la -fleur de l'armée qui leur faisoient des
charges, D'AUB. Hist. i, 287. C'est uii mauvais com-
pagnon à la table, parce qu'il est friand et gour-
mand, AMYOT, Du vice et de la vertu, 3. Ceulx qui ne
bougent jamais d'alentour des tables plantureuses et
friandes, m. Comm. dise, le flatt. de l'ami, 1.
....pour en l'air La friande perdrix par eux [l'autour
et le tiercelet] faire voler, Nous montons à cheval....
Plaisir des champs, p. 242.-Nous rendre moins ai-
gres et friands à la jouissance des biens et des plai-
sirs, MONT, il, 214. De femme volage et friande,
, En tout temps bonheur nous défende ! COTGRAVE.
— ÉTYM. ..C'est, comme l'a vu Ménage, le parti-
cipe présent du verbe frire, avec un changement du
t en d, puisque le féminin est friande, comme dans
l'ancienne forme féminine galande de galant. Dans
le xnr et le xiv" siècle, il y a deux sens : en par-
lant des choses, ce qui est appétissant; en parlant
des personnes, celles qui ont de la vivacité comme
ce qui frit.
f FRIANDEMENT (fri-an-de-man), adv. D'une
manière friande.
— HIST. xv* s. La cour allèche friandement ceux
qui y viennent, en leur usant de fauces promesses,
AL. CHARTIER, le Curidl, p.
honte de ce qu'il l'achetoit, D'AUB. Hist. i, 341. Il
trouva une table de trois plats friandement fournie,
ID. ib. ni, 244.
^- ÉTYM. Friande, et le suffixe ment.
FRIANDISE (fri-an-di-z'), s. f. || 1° Goût pour la
chère délicate. 11 y a des personnes qui se vantent
de leur friandise. || Fig. Leur friandise de louanges
[des auteurs], MOL. Critique, 7. || Fig. et familière-
ment. Elle a le nez tourné à !a friandise, locution
vieillie qui se disait d'une jeune femme ayant l'air
d'aimer le plaisir. || 2° Auplur. Choses friandes, par-
ticulièrement des sucreries et des pâtisseries. Ne
promettez jamais aux enfants, pour récompenses,
des ajustements ou des friandises, FÉNEL. Ëdùc. des
filles, ch. 6. On avait envoyé des provisions de la
ville, et il y avait de quoi faire un très-bon dîner,
surtout en friandises,-j. J. ROUSS. Conf. rv.
— HIST. xvi" s. On a assemblé toutes les friandi-
ses et délices qu'on pouvoit, CALV. Instit. -1004. Les
refformez, à la friandise d'avoir un fils de France
pour chef, commencèrent leurs remuemens enPoic-
tou, D'AUB. Hist.u, 417. Mais ce qui plus les pousse
est la friandise du profit, LANOUE, p. 4B9.
— ÉTYM. Friand.
f FR1BOURG (fri-bour), s. m. Variété de poire
d'hiver.
FRICANDEAU (fri-kan-dô), s. m. Terme de cui-
sine. Morceau de veau lardé qu'on fricassait autre-
fois dans la poêle. |] Aujourd'hui, morceau de veau
mince piqué cuit dans son jus, dans du bouillon ou
de l'eau, et servi sur de l'oseille ou de la chicorée.
|| Par extension. Fricandeau de lapin. || Se dit aussi
du poisson.
— ÊTYM. Le radical est le même que dans fricas-
ser (voy. ce mot).
FRICASSÉ, ÉE (fri-ka-s,é sée),parf. passé de fricas-
ser. Des poulets fricassés. Elle lui disait qu'il était une
vraie citrouille fricassée dans de la neige, SËV. 37.
|| Fig. et familièrement. C'est autant de fricassé, c'est
autant de perdu. Son patrimoine a été bien tôt fricassé.
FRICASSÉE (fri-ka-sée), s. f. || 1° Viande fricas-
sée. Faire une fricassée. Une fricassée de poulet, de
lapin. Entra serviette au bras, et fricassée en main,
RÉGNIER, Sat. x. Ajoutez à cela la fricassée de six
poulets de Ragotin, et vous conviendrez qu'on n'y
fit pas mauvaise chère, SCARR. Rom. com. n, 4 6.
|| Par plaisanterie. Une bonne fricassée de pain sec,
un morceau de pain sec. || Homme savant en fricas-
sée, homme qui se connaît en bons morceaux, qui
se plaît à faire bonne chère. |j II est malheureux en
fricassée, se dit d'un homme qui n'attrape pas les
bons morceaux; et, au figuré, d'un homme malheu-
reux en ses entreprises. || Sentir ou flairer de loin
la fricassée, se dit de quelqu'un qui vient dîner sans
être invité, qui arrive, comme on dit, au bon mo-
ment. || Ce n'est pas là une grande fricassée, se dit
d'unechose qu'on veut mépriser. || 2° Fig. et par-
ticulièrement. Tas d'objets amalgamés comme une
fricassée. La fricassée d'anges de Fragonard est une
singerie de Boucher, DIDER. Salon de 4 767, OEuv.
t. xv, p. 24, dans POUGENS, au mot singerie. || Popu-
lairement. Faire une fricassée, tout casser, tout ré-
duire en morceaux. || 3e II s'est dit pour petit repas,
repas sans façon donné à la campagne ou hors de
chez soi. M. de la Trousse nous donna hier une
fricassée à Vincennes ; Mme de Coulanges, Corbi-
nelli et moi, voilà ce qui composait la compagnie,
SÉV. 272. || 4° Danse ancienne très-irrégulière et
souvent fort libre. La seule fricassée telle que Dau-
berval et la maîtresse du logis [Mlle Guimard] l'exé-
cutaient au milieu d'un hourra de bravos, ferait en
six mois la fortune de six directeurs de l'Opéra, c.
BLAZE, Hist. de l'Acad. de musique, t. i, § vm,
p. 269. || 5° Ancien terme militaire. Batterie de tam-
bour formée de coups précipités, et dont on se
servait pour assembler une troupe.
— HIST. xvi" s. Les fougades, les grenades et les
feux artificiels jouèrent tous à la fois; les chefs pre-
miers avancez coururent moins de danger pour es-
tre hors de ces fricassées, D'AUB. Hist. i, 34 7. Ros-
cieux, aiant accompagné sonmaistre au conseil, à
la contenance des gardes, sentit la fricassée [le
danger], ID. ib. ni, 4 53. Y avoit un petit ravelin de
pierre, qui fut tout pavé de fricassées et feux artifi-
ciels couverts de paille, M. DU BELLAY, 4 4 3. Toute
ceste fricassée que je barbouille ici n'est qu'un re-
gistre des essais de ma vie, MONT, IV, 252.
— ÉTYM. Fricassé; bourguign. fricaissie. Villon
a dit fricassure.
FRICASSER (fri-ka-sé), i). a. || 1° Accommoder de
la viande, surtout de la viande coupée par mor-
ceaux, ou des légumes avec du beurre, ou les faire
cuire dans une sauce. Fricasser du veau, des pom-
mes de terre. Fricasser un poulet. || Absolument.
Cependant on fricassé, on se rue en cuisine, LA
FONT. Fabl. IV, 4. H Fncasser chair et poisson,
faire grande chère. Elle est partie de chez Bayard
après y avoir brillé, et dansé, et fricassé chair et
poisson, SÉV. 284. Il Familièrement et ironique-
ment. L'on t'en fricassé, c'est-à-dire tu n'en auras
pas ce n'est pas pour ton nez. Moi je te cherche-
rais? ma foi [l'on t'en fricassé Des filles comme
nous, MOL. le Dèp. iv, 4. || 2° Fig. et familièrement,
Dissiper en dépenses extravagantes. Sans fruit aucun
[il] vendit et fricassa Tout son avoir.... LA FONT,
Fauc. Guilleragues avait des amis et vivait à leurs
dépens, parce qu'il avait tout fricassé, ST-SIM. 39,
200. D'Aubeterre fut le plus bas valet de M. de Vau-
demont, qui lui valut bien de l'argent qu'il fricassa
en panier percé qu'il était, ID. 472, 38. Mon émer-
veillement dure toujours que le fils de Samuel nous
ait fait banqueroute six mois après, et qu'il ait
trouvé le secret de fricasser huit millions obscuré-
ment et sans plaisir, VOLT. Lett. d'Argental,. 4 5
mai 4768. D 3° Fig. et très-familièrement. Faire pé-
rir, perdre. Et s'il eût cru lois son courage, L'ani-
mal s'en venait à nous, Et nous étions fricassés
tous, SCARR. Virg. m. || 4° Populairement. Préparer
à manger. || 5° Se fricasser, D. réfl. Être fricassé. Les
poulets se fricassent ainsi.
— HIST. xve s. L'espéeestoit toute d'acier, ....Mais
l'hoste lame fist menger, Fourreau et tout sans fris-
casser, VILLON, Repues franches, Bail, des écou-
tants. Il xvi" s De mil et avoine fricassés en une
poille avec un peu de vin blanc, PARÉ, vm, 44.
Nous voyons souvent une milliasse de pauvres
hommes fricassés sous une mine ou cazematte, ID.
K, Préf. Ils jettent leur cinabre sur la braise,
et les fricassent et parfument comme font les ma-
reschaux quelque cheval morveux, ID. XVI, 4 4.
— ËTYM. D'après Diez, un radical fric, qui se
trouve dans fric-andeau, fric-asser, fric-ot, et qui
provient du germanique : goth. friks; anc. h. allem.
freh, avide; anglo-sax. frec, hardi; anc. angl. frek,
vif. H y a, dans l'ancien français, frique, et, dans
le provençal, fric, qui signifient vif; ceux-là se rat-
tachent sans doute au germanique par le sens et par
la forme"; quant à fricot, fricasser, fricandeau, Diez
les y rattache aussi par la signification d'avide, d'où
ce qui excite l'avidité, ce qui plaît au goût. Toute-
fois cette opinion n'a pas rallié tout le monde; et
Mahn croit que le radical fric est dans fricare, mot
que donne du Cange avec le sens de frire; il y voit
une corruption de frictare, fréquentatif fictif de
frigere, frire. Peut-être on peut en concevoir la
formation autrement; le bas-latin a frixa, friture,
qui est correct; d'où frica, qui se trouve, et fricare.
qui se suppose. Dans l'opinion de Diez on ne com-
prend pas la syllabe and dans fricandeau et dans
fricanderie, sorte de gâteau (DU CANGE, frixa) ; au
lieu que, avec fricare, fricandeau, fricanderie sont
des dérivés de fricans ou fricandus. Quant à fri-
care, frotter, auquel on peut songer, outre que le
sens n'est pas commode, il avait donné d'autres
formes, froier, fraier.
FRICASSEUR (fri-ka-seur), s. m. Celui qui fait
des fricassées. Il ne se dit que d'un mauvais cuisi-
nier. Ce n'est qu'un fricasseur.
— ÉTYM. Fricasser.
FaiCUE (fri-ch'),s. f. H i° Terrain non cultivé, soit
de tout temps, soit par abandon. Jusqu'à ce qu'é-
tant abandonnées à cause de leur stérilité, elles [des
terres épuisées] puissent reprendre, sous la forme
de friche, les poussières de l'air et des eaux, le li-
mon des rosées et des pluies, et les autres secours
de la nature bienfaisante, qui toujours travaille à
rétablir ce que l'homme ne cesse de détruire, BUFF.
min. t. n, p. 4 85, dans POUGENS. Les friches qui se
lèvent par grosses mottes et par quartiers, ID. Qua-
drup. t. 1, p. 4 88. Il En friche, dans l'état de non-
culture. Les campagnes sont en friche et presque
déserte-s, FÉN. Tél. XII. On tire tout de la terre, on
ne lui rend rien; tout est eh friche, MpNTESQ. Esp. v,
44..Que servent à un grand seigneuries domaines
qu'il laisse en friche ? VAUVEN. Espr. humain, 28.
La famine qui désolait les campagnes fut une res-
source pour la guerre ; ceux qui manquaient de
pain se firent soldats ; beaucoup de terres restèrent
en friche, mais on eut une armée, VOLT. LouisXIV,
24. H Fig. Abandonnée entièrement au soin que la
tendresse maternelle voulait qu'elle eût de sa fille,
elle laissait, pour ainsi parler, ses charmes en fri
che, LE SAGE, Estev. Gong. ch. 48. || 2°S. m. Terme
rural. Chiendent dont les longues racines envahis-
sent le sol et sont très-difficiles à extirper. Il y a
du friche dans ce terrain.
— HIST. xme s. Laisser les gaaignages sept ans
en frichette, DU CANGE, friscum. Les jachieres, qui
n'i refiche Le soc, redemorront en friche, la Rose,
4 9774. Et les autres héritages si en demouroient au-
cunes fois en friez, porce qu'on ne trouvoit qui oirs
s'en feistpor le [la] carque [charge] de sorcens, BEAUM.
XXIV, 20. Il xive s. Plusieurs terres, prez, pastureg,
fresches, DU CANGE, fresceium. || xve s. Que vignes,
que freisches,ID. t'6. C'estde mon cueur l'amere sous-
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