Titre : Dictionnaire de la langue française.... Tome 2 / par É. Littré,...
Auteur : Littré, Émile (1801-1881). Auteur du texte
Éditeur : L. Hachette (Paris)
Date d'édition : 1873-1874
Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30824717s
Notice d'oeuvre : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12250808s
Type : monographie imprimée monographie imprimée
Langue : français
Format : 4 vol. ; gr. in-4 4 vol. ; gr. in-4
Description : [Dictionnaire de la langue française (français)] [Dictionnaire de la langue française (français)]
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5406698m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-49511
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/12/2008
1754
FOU
etc. ou, dans un sens plus général, tous les ani-
maux qui ruminent. Les boeufs, les béliers, les chè-
vres, les gazelles, les bubales, les chevrotains, le
lama, la'vigogne, la girafe, l'élan, le renne, les
cerfs, les daims, les chevreuils, etc. sont tous des
pieds fourchus et composent en tout un nombre d'en-
viron quarante espèces, BUFF. Quadrup. t. vil, p. 27.
'| Pied fourchu, pied attribué par la mythologie aux
sylvains, et, par imitation, au diable. || Fig. Il a le
pied fourchu, se dit d'un homme méchant, dange-
reux, mécréant. J'ai reconnu le pied fourchu, j'ai
deviné ses mauvaises intentions.
— HIST. xv s. Le beau nez ne grand ne petiz,
Ces petictes joinctes oreilles, Menton fourchu, cler
vis traictis, Et ces belles lèvres vermeilles, VILLON,
Regrets de la belle Haulmyère. || xvr s. Quand un
esclave avoit failly, ilz luy faisoient porter sur ses
espaules un bois fourchu, AMYOT, Cor. 38. L'urine
sort grandement déliée, fourchue, ou de travers,
PARÉ, XVI, 24.
— ÉTYM. Fourche; Berry, forchu.
t FOURCHURE (four-chu-r'), s. f. Endroit où une
chose commence à se fourcher. La fourchure des
étamines de la brunelle, J. J. EOUSS. Promen. v.
Pour se bien tenir à cheval, il faut s'y tenir assis
droit sur l'enfourchure ou la fourchure, Trévoux,
Ècuyerfrançais, enfourchure.
— HIST. xi" s. Et tout le cors très qu'en la fur-
cheûre, Ch. de Roi. en. H xme s. Adont firent l'ost
esmouvoir et vinrent à Tenis, qui à mervelles seoit
bel, corne il seoit en une fourceure de deus rivières,
Chr. de Rains, p. -102. || xvie s. En etestant les mû-
riers, l'on y laissera de longs chicots, sursaillans de
quelque pied la fourcheure des arbres, o. DE SERRES,
469.
— ÉTYM. Fourchu.
4. FOURGON (four-gon), s. m. || 1° Longue perche
garnie de fer pour remuer la braise dans le four.
|| 2° Tige de fer servant à remuer le charbon de
terre dans la grille. || 3° Outil pour pousser les
charbons sur les foyers. || 4° Barre de fer crochue
avec laquelle les plombiers attisent leur feu. ||. Pro-
verbe. Là pelle se moque du fourgon, se dit de deux
personnes, également ridicules, qui se moquent
l'une.de l'autre, ou d'une personne qui blâme dans
une autre ce qu'on pourrait reprendre en elle-même;
locution, venant au propre, de ce que, pour arranger
le feu, la pelle et le fourgon se valent. L'abbé Têtu
dit rudement à notre voisine : Mais, madame, si
elle vous avait répondu que la pelle se moque du
fourgon, qu'auriez-vous dit ?— Monsieur, dit-elle, je
ne suis point une pelle, et elle est un fourgon, SÉV.
24 nov. 4679.
— HIST. xm" s. Car pou s'efforce à ceuls qu'il
tient entre ses esles, Qu'il trébuche en enfer, sans
fourgons et sans pelés, i. BE MEUNG, Test. 1823.
|| xve s. Jehannet frappa Raveilles d'un fourgon ou
atiseur de four qu'il tenoit, DU CANGE, atticinari.
|| xvr. s. À" telle pelé tel fourgon, COTGRAVE. Il est
bien plus aysé d'accuser l'un sexe que d'excuser
l'autre; c'est ce qu'on dict : le fourgon se moque
de la paele, MONT, m, 388.
— ÉTYM. Fourche; espagn. hurgon; ital. for-
cone. ' ■.
2. FOURGON (four-gon), s. m. Longue voiture
couverte dont on se sert dans les équipages mili-
taires et dans les voyages, pour porter les bagages,
les provisions. Vous ne sauriez croire, mademoiselle,
combien les fourgons sont une chose divertissante,
et quel excellent remède c'est contre une grande
passion : tantôt il s'y estropie un cheval, tantôt il
se rompt une roue.... VOIT. Lett. 4 27. Le régent,
averti de la prochaine arrivée du czar en France,
envoya [à Dunkerque] les .équipages du roi, chevaux,
carrosses,voitures, fourgons, ST-SIM. 467,436.L'em-
pereur avait compté sur une multitude de voitu-
res légères et sur de gros fourgons destinés cha-
cun à porter plusieurs milliers de livres pesant, dans
des sables que des chariots du poids de quelques
quintaux traversent avec peine, ss.mm, Hist. de Nap.
m, 2.
— ÉTYM. Prov. furguon; il paraît venir de four-
che, à cause, que, dans le fourgon, les limons sont
unis au timon. C'est ainsi qu'une sorte d'araire
dont parle 0. de Serres, p. 447, était nommé four-
guât.
FOURGONNER (four-go-né), v. n. || i" Remuer
la braise du four avec le fourgon. || 2° Familière-
ment. Déranger le feu avec les pincettes, ou, si
c'est un feu de charbon de terre, avec le fourgon,
soit pour l'accommoder, soit sans nécessité. Ne
fourgonnez pas continuellement dans le feu. \\ 3° Par
extension, fouiller en dérangeant tout. Ne four-
FOU
gonnez point dans ce coffre. || 11 se conjugue avec
l'auxiliaire avoir.
— HIST. xnr s. Or faut le four à l'enfourner, Et
le fourgon pour fourgonner, Choses qui faillent en
ménage.
— ÉTYM. Fourgon 4 ; bourguig. feurguenai; -wal-
lon, forguini; namur. forguiner; génev. fourgouner;
Berry, forgonner, fougonner, fougouncr. On a dit
feurgier dents pour curer les dents (DE LABORBE,
Émana, p. 232); feurgier tient à furgoere : Escuretes
et furgoeres, Fabliaux mss. de St-Germain, dans
LACÏÏRNE, escurete.
t FOURIÉRISME (fou-rié-ri-sm'), s. m. Système
de philosophie et d'organisation sociale qui établit
l'arrangement des hommes dans la société suivant
leurs attractions passionnelles et un nouveau mode
d'association, dit phalanstère.
— ÉTYM. Charles Fourier, auteur de ce sys-
tème, dit aussi phalanstérien.
f FOURIÉRISTE (fou-rié-ri-sf), ad}. Qui appar-
tient au fouriérisme. || S. m. Partisan du fourié-
risme, dit aussi système phalanstérien.
FOURMI (four-mi), s. f. \\ 1° Petit insecte hymé-
noptère qui vit en société sous terre. Allez à la
fourmi, paresseuse que vous êtes, considérez sa
conduite, et apprenez à devenir sage, SACI, Bible,
Prov. de Salom. vi, 6. La fourmi n'est pas prêteuse,
C'est là son moindre défaut, LA FONT. Fabl. i, 4. Les
fourmis passent pour une excellente démocratie;
elle est au-dessus de tous les autres États, puisque
tout le monde y est égal et que chaque particulier
y travaille pour le bonheur de tous, VOLT. Dict. phil.
Lois. L'on voit dans les pays méridionaux sortir tout
à coup du désert des myriades de fourmis, les-
quelles, comme un torrent dont la source serait in-
tarissable, arrivent en colonnes pressées, se succè-
dent, se renouvellent sans cesse, s'emparent de
tous les lieux habités, en chassent les animaux et
les hommes, BUFF, Quadrup. t. n, p. 98, dans
POUGENS. Chez les fourmis comme chez les abeilles,
les guêpes, etc. il y a de trois sortes d'individus,
des mâles, des femelles, et des neutres ou des indi-
vidus privés de sexe, BONNET, Contempl. nat. xi, 22.
Les fourmis alimentent leurs petits à la manière des
guêpes, en leur dégorgeant la nourriture qu'elles
ont elles-mêmes digérée et qui se montre au dehors
sous l'aspect d'une liqueur visqueuse; mais, lors-
qu'elles demeurent privées d'aliment, leur affec-
tion pour les petits se change en cruauté, et elles
les dévorent, m. ib. La prévoyance des fourmis a
été fort célébrée, l'on répète depuis près de trois
mille ans qu'elles amassent des provisions pour
l'hiver ; qu'elles savent se construire des magasins
où elles renferment les grains qu'elles ont recueillis
pendant la belle saison ; ils leur seraient très-inu-
tiles, ces magasins ; elles dorment tout l'hiver comme
les marmottes, les loirs, etc. ID. ib. Certains or-
ganes séparent du sang des fourmis un acide très-
pénétrant, et qui a fait l'objet des recherches d'un
habile chimiste, ID. ib. t. vm, p. 4 4 7, dans POU-
GENS. || Fig. Les artisans et les marchands, que leur
obscurité dérobe à la fureur ambitieuse des grands,
sont des fourmis qui se creusent des habitations en
silence, .tandis que les aigles et les vautours se dé-
chirent, VOLT. Moeurs, 81. || Fig. Se faire plus petit
qu'une fourmi, s'abaisser, s'humilier. || Avoir des
fourmis dans quelque partie du corps, y sentir des
picotements. || 2° Fourmi de visite, nom que les
habitants de Paramaribo (Guyane hollandaise) don-
nent à Yoecodome céphalote ou à grosse tête (hymé-
noptères), parce qu'elle va parfois en troupe consi-
dérable dans les maisons où elle dévore lès rats, les
souris et tous les insectes, LEGOARANT. || 3° OEufs de
fourmis ou de fourmi, nom donné improprement
aux larves et aux nymphes de la fourmi fauve ; on
en nourrit soit les perdreaux, soit les jeunes fai-
sans. || Fig. et familièrement. Avoir des oeufs de
fourmis sous les pieds, piétiner sans cesser, ne pou-
voir rester en place. || 4° S. f. pi. Petits rochers ou
îlots rapprochés qu'on voit le long de certains points
de la côte ou sous l'eau. On dit aussi formiques, for-
mi gués.
— REM. On trouve dans la Fontaine fourmis au
singulier : Le long d'un clair ruisseau buvait une
colombe, Quand sur l'eau se penchant une fourmis
y tombe, Fabl. n, 4 2. Cette s s'explique ainsi :
dans l'ancienne langue, fourmi, étant du masculin,
ou ayant une désinence masculine, prenait, au no-
minatif singulier, une s suivant la règle ; c'est
de cet archaïsme qui se trouve dans Amyot (voy.
l'historique), que la Fontaine a usé pour son vers.
Du temps de Chifflet, Gramm. p. 246, fourmi était
des deux genres.
FOU
— HIST. xm° s. Dist la fromiz : or chante à mei,
MARTE, t. il, 4 24 plustost en un tas de paille, Si
m'aïst Dieu et Saint Rémi, Trouveroit un oef de
frémi, la Rose, 44872. Formis est petite chose, mais
il est de grant porveance, BRUN, LATINI, Très. p. 245
|| xrv* s. Se fromis abondent en un jardin, et l'a
gëtte en leur repaire de la scieure d'ais de chesne
ils mourront ou vuideront à la première pluie qu
cherra, car les scieùres retiennent la moiteur, Ûi-
nagier, n, 2. || xv« s. Qui sur formis Se sera mis
S'il est poingt [piqué], n'est pas de merveil, Le
blason des faulces amours, 278, dans LACURNE.
|| xvie s. Il veit des fourmis partir de leur fourmil-
liere, portants le corps d'un fourmi mort, MONT, n,
4 79 Mais de pinser, mordre et serrer, c'est à
faire à une formis, ou à une souris, AMYOT, Coro.
refréner la colère, 24. Je ferai ce que dit le floren-
tin :bras de fer, ventre de fourmi, ame de chien,
c'est-à-dire pour devenir riche j'endurerai tant de
mal que mon corps en pourra porter de con-
science j'en aurai autant qu'un chien, H. EST. Apol.
d'Herod. p. 47, dans LACURNE. 'Plus joyeux que
fourmis en grain, COTGRAVE.
— ÉTYM. Génev. un fourmi; namur. frimouche,
frumouche,froumouche; wallon, frumihe, froumihe;
Hainaut, fourmisse, fourmiche; pic. formi, formion;
bourg, frémi ; Berry, fromi, formi ; norm. un four-
mi, un frémi; prov. formiga; espagn. hormiga;
port, formica; ital. formica; dulat. formica, fourmi.
Venant de formica, le français devait être fourmie,
forme qu'on trouve en effet parmi les autres. Toute-
fois l'ancienne langue avait fait de ce mot un mas-
culin qui dès lors était correctement écrit fourmi
sans e ; mais la nouvelle langue a rompu l'analo-
gie en donnant à ce mot le genre féminin et en lui
laissant la forme masculine. On n'a que des conjec-
tures sur formica; a-t-il des analogies avec le grec
(îypjiKll, fourmi; avec le sanscrit vamra, l'ourrni,
proprement celle qui vomit; avec le latin formus.
chaud : la brûlante, à cause de sa piqûre ?
FOURMILIER (four-mi-lié ; Vr ne se lie jamais ;
au pluriel, Vs se lie : les four-mi-lié-z et les fourmis),
s. m. || 1° Mammifère de l'Amérique, qui se nour-
rit particulièrement de fourmis.Le fourmillera une
langue extensible. || 2° Nom d'oiseaux de la Guyane
qui se nourrissent de fourmis. Tous les fourmiliers
ne forment que des cris ou des sons sans modula-
tion, au lieu que le chant de l'arada [du genre des
fourmiliers] est, en quelque façon, supérieur à ce-
lui du rossignol ; il est plus touchant, plus tendre et
plus flûte, BUFF. Ois. t. vm, p. 250, dans POUGENS.
— ÉTYM. Fourmi.
FOURMILIÈRE (four-mi-liê-r'), s. f. \\ i° Habita-
tion des fourmis, présentant ordinairement des es-
pèces de loges, de galeries et d'étages. Une seule de
ces fourmilières d'Amérique peut équivaloir à deux
ou trois cents de nos fourmilières d'Europe, BUFF
Ois. t. vin, p; 223, dans POUGENS. On l'enterrait [le
condamné] jusqu'àla ceinture dans une fourmilière,
où il restait exposé un temps considérable à des pi-
qûres vives et sanglantes, RAYNAL, Hist. phil.t' xni,
6. || 2° Toutes les fourmis qui habitent la même
fourmilière. La fourmilière était en mouvement.
Entre tes quatre pieds [Arc de l'Etoile] toute la ville
[Paris] abonde Comme une fourmilière aux pieds
d'un éléphant, v. HUGO, Foire, 4. || 3° Se dit, par ex-
tension, d'une grande quantité de certains autres
insectes ou d'animaux. Une fourmilière de vers.
Une fourmilière de serpents. J| 4° Fig. Lieu où réside
une multitude de personnes. Je n'ai eu aucune part
aux divisions qui agitent la petite fourmilière [Ge-
nève], VOLT. Lett. Choiseul, 4 766. Les hommes ne
sont point faits pour être entassés en fourmilières,
j. i. ROUSS. Ém. i.1| Une grande multitude de per-
sonnes se remuant, s'agitant. Je trouvai une four-
milière de fripiers toute en armes ; je les flattai,
RETZ, n, 4 29. || Simplement, un grand nombre. C'é-
tait l'heureux âge, OùRomeavaitfourmilièred'élus,
VOLT. Mule du pape. || 5° Terme de vétérinaire. Ma-
ladie du pied du cheval qu'on a comparée à un nid
de fourmis, et qui est le résultat delà fourbure chro-
nique.
— HIST. xme s. D'un gresillon dist la meniere,
Qui dusqu'une fromieere El tans d'yver esteit alez,
MARIE, Fable 4 9. ||xv 0 s. Dormi long temps ont en
leur fromiere, Sanseulx mouvoir, li froumi remuant,
EUST. DESCH. le Lion et les fourmis.\\ xvic s. Luy
marquant qu'il estoit sorty de France une fourmi-
lière de troupes, Mém. s. Duguescl. chap. (6. Lss
tribunaux de justice, sur lesquels une formiliere de
juges sont assis, ne sont maintenant que pièges et
ratoires, LANOUE, 87. Les Grecs ont appelle ces ver-
rues murmecia, c'est à dire fourmillieres : parce
FOU
etc. ou, dans un sens plus général, tous les ani-
maux qui ruminent. Les boeufs, les béliers, les chè-
vres, les gazelles, les bubales, les chevrotains, le
lama, la'vigogne, la girafe, l'élan, le renne, les
cerfs, les daims, les chevreuils, etc. sont tous des
pieds fourchus et composent en tout un nombre d'en-
viron quarante espèces, BUFF. Quadrup. t. vil, p. 27.
'| Pied fourchu, pied attribué par la mythologie aux
sylvains, et, par imitation, au diable. || Fig. Il a le
pied fourchu, se dit d'un homme méchant, dange-
reux, mécréant. J'ai reconnu le pied fourchu, j'ai
deviné ses mauvaises intentions.
— HIST. xv s. Le beau nez ne grand ne petiz,
Ces petictes joinctes oreilles, Menton fourchu, cler
vis traictis, Et ces belles lèvres vermeilles, VILLON,
Regrets de la belle Haulmyère. || xvr s. Quand un
esclave avoit failly, ilz luy faisoient porter sur ses
espaules un bois fourchu, AMYOT, Cor. 38. L'urine
sort grandement déliée, fourchue, ou de travers,
PARÉ, XVI, 24.
— ÉTYM. Fourche; Berry, forchu.
t FOURCHURE (four-chu-r'), s. f. Endroit où une
chose commence à se fourcher. La fourchure des
étamines de la brunelle, J. J. EOUSS. Promen. v.
Pour se bien tenir à cheval, il faut s'y tenir assis
droit sur l'enfourchure ou la fourchure, Trévoux,
Ècuyerfrançais, enfourchure.
— HIST. xi" s. Et tout le cors très qu'en la fur-
cheûre, Ch. de Roi. en. H xme s. Adont firent l'ost
esmouvoir et vinrent à Tenis, qui à mervelles seoit
bel, corne il seoit en une fourceure de deus rivières,
Chr. de Rains, p. -102. || xvie s. En etestant les mû-
riers, l'on y laissera de longs chicots, sursaillans de
quelque pied la fourcheure des arbres, o. DE SERRES,
469.
— ÉTYM. Fourchu.
4. FOURGON (four-gon), s. m. || 1° Longue perche
garnie de fer pour remuer la braise dans le four.
|| 2° Tige de fer servant à remuer le charbon de
terre dans la grille. || 3° Outil pour pousser les
charbons sur les foyers. || 4° Barre de fer crochue
avec laquelle les plombiers attisent leur feu. ||. Pro-
verbe. Là pelle se moque du fourgon, se dit de deux
personnes, également ridicules, qui se moquent
l'une.de l'autre, ou d'une personne qui blâme dans
une autre ce qu'on pourrait reprendre en elle-même;
locution, venant au propre, de ce que, pour arranger
le feu, la pelle et le fourgon se valent. L'abbé Têtu
dit rudement à notre voisine : Mais, madame, si
elle vous avait répondu que la pelle se moque du
fourgon, qu'auriez-vous dit ?— Monsieur, dit-elle, je
ne suis point une pelle, et elle est un fourgon, SÉV.
24 nov. 4679.
— HIST. xm" s. Car pou s'efforce à ceuls qu'il
tient entre ses esles, Qu'il trébuche en enfer, sans
fourgons et sans pelés, i. BE MEUNG, Test. 1823.
|| xve s. Jehannet frappa Raveilles d'un fourgon ou
atiseur de four qu'il tenoit, DU CANGE, atticinari.
|| xvr. s. À" telle pelé tel fourgon, COTGRAVE. Il est
bien plus aysé d'accuser l'un sexe que d'excuser
l'autre; c'est ce qu'on dict : le fourgon se moque
de la paele, MONT, m, 388.
— ÉTYM. Fourche; espagn. hurgon; ital. for-
cone. ' ■.
2. FOURGON (four-gon), s. m. Longue voiture
couverte dont on se sert dans les équipages mili-
taires et dans les voyages, pour porter les bagages,
les provisions. Vous ne sauriez croire, mademoiselle,
combien les fourgons sont une chose divertissante,
et quel excellent remède c'est contre une grande
passion : tantôt il s'y estropie un cheval, tantôt il
se rompt une roue.... VOIT. Lett. 4 27. Le régent,
averti de la prochaine arrivée du czar en France,
envoya [à Dunkerque] les .équipages du roi, chevaux,
carrosses,voitures, fourgons, ST-SIM. 467,436.L'em-
pereur avait compté sur une multitude de voitu-
res légères et sur de gros fourgons destinés cha-
cun à porter plusieurs milliers de livres pesant, dans
des sables que des chariots du poids de quelques
quintaux traversent avec peine, ss.mm, Hist. de Nap.
m, 2.
— ÉTYM. Prov. furguon; il paraît venir de four-
che, à cause, que, dans le fourgon, les limons sont
unis au timon. C'est ainsi qu'une sorte d'araire
dont parle 0. de Serres, p. 447, était nommé four-
guât.
FOURGONNER (four-go-né), v. n. || i" Remuer
la braise du four avec le fourgon. || 2° Familière-
ment. Déranger le feu avec les pincettes, ou, si
c'est un feu de charbon de terre, avec le fourgon,
soit pour l'accommoder, soit sans nécessité. Ne
fourgonnez pas continuellement dans le feu. \\ 3° Par
extension, fouiller en dérangeant tout. Ne four-
FOU
gonnez point dans ce coffre. || 11 se conjugue avec
l'auxiliaire avoir.
— HIST. xnr s. Or faut le four à l'enfourner, Et
le fourgon pour fourgonner, Choses qui faillent en
ménage.
— ÉTYM. Fourgon 4 ; bourguig. feurguenai; -wal-
lon, forguini; namur. forguiner; génev. fourgouner;
Berry, forgonner, fougonner, fougouncr. On a dit
feurgier dents pour curer les dents (DE LABORBE,
Émana, p. 232); feurgier tient à furgoere : Escuretes
et furgoeres, Fabliaux mss. de St-Germain, dans
LACÏÏRNE, escurete.
t FOURIÉRISME (fou-rié-ri-sm'), s. m. Système
de philosophie et d'organisation sociale qui établit
l'arrangement des hommes dans la société suivant
leurs attractions passionnelles et un nouveau mode
d'association, dit phalanstère.
— ÉTYM. Charles Fourier, auteur de ce sys-
tème, dit aussi phalanstérien.
f FOURIÉRISTE (fou-rié-ri-sf), ad}. Qui appar-
tient au fouriérisme. || S. m. Partisan du fourié-
risme, dit aussi système phalanstérien.
FOURMI (four-mi), s. f. \\ 1° Petit insecte hymé-
noptère qui vit en société sous terre. Allez à la
fourmi, paresseuse que vous êtes, considérez sa
conduite, et apprenez à devenir sage, SACI, Bible,
Prov. de Salom. vi, 6. La fourmi n'est pas prêteuse,
C'est là son moindre défaut, LA FONT. Fabl. i, 4. Les
fourmis passent pour une excellente démocratie;
elle est au-dessus de tous les autres États, puisque
tout le monde y est égal et que chaque particulier
y travaille pour le bonheur de tous, VOLT. Dict. phil.
Lois. L'on voit dans les pays méridionaux sortir tout
à coup du désert des myriades de fourmis, les-
quelles, comme un torrent dont la source serait in-
tarissable, arrivent en colonnes pressées, se succè-
dent, se renouvellent sans cesse, s'emparent de
tous les lieux habités, en chassent les animaux et
les hommes, BUFF, Quadrup. t. n, p. 98, dans
POUGENS. Chez les fourmis comme chez les abeilles,
les guêpes, etc. il y a de trois sortes d'individus,
des mâles, des femelles, et des neutres ou des indi-
vidus privés de sexe, BONNET, Contempl. nat. xi, 22.
Les fourmis alimentent leurs petits à la manière des
guêpes, en leur dégorgeant la nourriture qu'elles
ont elles-mêmes digérée et qui se montre au dehors
sous l'aspect d'une liqueur visqueuse; mais, lors-
qu'elles demeurent privées d'aliment, leur affec-
tion pour les petits se change en cruauté, et elles
les dévorent, m. ib. La prévoyance des fourmis a
été fort célébrée, l'on répète depuis près de trois
mille ans qu'elles amassent des provisions pour
l'hiver ; qu'elles savent se construire des magasins
où elles renferment les grains qu'elles ont recueillis
pendant la belle saison ; ils leur seraient très-inu-
tiles, ces magasins ; elles dorment tout l'hiver comme
les marmottes, les loirs, etc. ID. ib. Certains or-
ganes séparent du sang des fourmis un acide très-
pénétrant, et qui a fait l'objet des recherches d'un
habile chimiste, ID. ib. t. vm, p. 4 4 7, dans POU-
GENS. || Fig. Les artisans et les marchands, que leur
obscurité dérobe à la fureur ambitieuse des grands,
sont des fourmis qui se creusent des habitations en
silence, .tandis que les aigles et les vautours se dé-
chirent, VOLT. Moeurs, 81. || Fig. Se faire plus petit
qu'une fourmi, s'abaisser, s'humilier. || Avoir des
fourmis dans quelque partie du corps, y sentir des
picotements. || 2° Fourmi de visite, nom que les
habitants de Paramaribo (Guyane hollandaise) don-
nent à Yoecodome céphalote ou à grosse tête (hymé-
noptères), parce qu'elle va parfois en troupe consi-
dérable dans les maisons où elle dévore lès rats, les
souris et tous les insectes, LEGOARANT. || 3° OEufs de
fourmis ou de fourmi, nom donné improprement
aux larves et aux nymphes de la fourmi fauve ; on
en nourrit soit les perdreaux, soit les jeunes fai-
sans. || Fig. et familièrement. Avoir des oeufs de
fourmis sous les pieds, piétiner sans cesser, ne pou-
voir rester en place. || 4° S. f. pi. Petits rochers ou
îlots rapprochés qu'on voit le long de certains points
de la côte ou sous l'eau. On dit aussi formiques, for-
mi gués.
— REM. On trouve dans la Fontaine fourmis au
singulier : Le long d'un clair ruisseau buvait une
colombe, Quand sur l'eau se penchant une fourmis
y tombe, Fabl. n, 4 2. Cette s s'explique ainsi :
dans l'ancienne langue, fourmi, étant du masculin,
ou ayant une désinence masculine, prenait, au no-
minatif singulier, une s suivant la règle ; c'est
de cet archaïsme qui se trouve dans Amyot (voy.
l'historique), que la Fontaine a usé pour son vers.
Du temps de Chifflet, Gramm. p. 246, fourmi était
des deux genres.
FOU
— HIST. xm° s. Dist la fromiz : or chante à mei,
MARTE, t. il, 4 24 plustost en un tas de paille, Si
m'aïst Dieu et Saint Rémi, Trouveroit un oef de
frémi, la Rose, 44872. Formis est petite chose, mais
il est de grant porveance, BRUN, LATINI, Très. p. 245
|| xrv* s. Se fromis abondent en un jardin, et l'a
gëtte en leur repaire de la scieure d'ais de chesne
ils mourront ou vuideront à la première pluie qu
cherra, car les scieùres retiennent la moiteur, Ûi-
nagier, n, 2. || xv« s. Qui sur formis Se sera mis
S'il est poingt [piqué], n'est pas de merveil, Le
blason des faulces amours, 278, dans LACURNE.
|| xvie s. Il veit des fourmis partir de leur fourmil-
liere, portants le corps d'un fourmi mort, MONT, n,
4 79 Mais de pinser, mordre et serrer, c'est à
faire à une formis, ou à une souris, AMYOT, Coro.
refréner la colère, 24. Je ferai ce que dit le floren-
tin :bras de fer, ventre de fourmi, ame de chien,
c'est-à-dire pour devenir riche j'endurerai tant de
mal que mon corps en pourra porter de con-
science j'en aurai autant qu'un chien, H. EST. Apol.
d'Herod. p. 47, dans LACURNE. 'Plus joyeux que
fourmis en grain, COTGRAVE.
— ÉTYM. Génev. un fourmi; namur. frimouche,
frumouche,froumouche; wallon, frumihe, froumihe;
Hainaut, fourmisse, fourmiche; pic. formi, formion;
bourg, frémi ; Berry, fromi, formi ; norm. un four-
mi, un frémi; prov. formiga; espagn. hormiga;
port, formica; ital. formica; dulat. formica, fourmi.
Venant de formica, le français devait être fourmie,
forme qu'on trouve en effet parmi les autres. Toute-
fois l'ancienne langue avait fait de ce mot un mas-
culin qui dès lors était correctement écrit fourmi
sans e ; mais la nouvelle langue a rompu l'analo-
gie en donnant à ce mot le genre féminin et en lui
laissant la forme masculine. On n'a que des conjec-
tures sur formica; a-t-il des analogies avec le grec
(îypjiKll, fourmi; avec le sanscrit vamra, l'ourrni,
proprement celle qui vomit; avec le latin formus.
chaud : la brûlante, à cause de sa piqûre ?
FOURMILIER (four-mi-lié ; Vr ne se lie jamais ;
au pluriel, Vs se lie : les four-mi-lié-z et les fourmis),
s. m. || 1° Mammifère de l'Amérique, qui se nour-
rit particulièrement de fourmis.Le fourmillera une
langue extensible. || 2° Nom d'oiseaux de la Guyane
qui se nourrissent de fourmis. Tous les fourmiliers
ne forment que des cris ou des sons sans modula-
tion, au lieu que le chant de l'arada [du genre des
fourmiliers] est, en quelque façon, supérieur à ce-
lui du rossignol ; il est plus touchant, plus tendre et
plus flûte, BUFF. Ois. t. vm, p. 250, dans POUGENS.
— ÉTYM. Fourmi.
FOURMILIÈRE (four-mi-liê-r'), s. f. \\ i° Habita-
tion des fourmis, présentant ordinairement des es-
pèces de loges, de galeries et d'étages. Une seule de
ces fourmilières d'Amérique peut équivaloir à deux
ou trois cents de nos fourmilières d'Europe, BUFF
Ois. t. vin, p; 223, dans POUGENS. On l'enterrait [le
condamné] jusqu'àla ceinture dans une fourmilière,
où il restait exposé un temps considérable à des pi-
qûres vives et sanglantes, RAYNAL, Hist. phil.t' xni,
6. || 2° Toutes les fourmis qui habitent la même
fourmilière. La fourmilière était en mouvement.
Entre tes quatre pieds [Arc de l'Etoile] toute la ville
[Paris] abonde Comme une fourmilière aux pieds
d'un éléphant, v. HUGO, Foire, 4. || 3° Se dit, par ex-
tension, d'une grande quantité de certains autres
insectes ou d'animaux. Une fourmilière de vers.
Une fourmilière de serpents. J| 4° Fig. Lieu où réside
une multitude de personnes. Je n'ai eu aucune part
aux divisions qui agitent la petite fourmilière [Ge-
nève], VOLT. Lett. Choiseul, 4 766. Les hommes ne
sont point faits pour être entassés en fourmilières,
j. i. ROUSS. Ém. i.1| Une grande multitude de per-
sonnes se remuant, s'agitant. Je trouvai une four-
milière de fripiers toute en armes ; je les flattai,
RETZ, n, 4 29. || Simplement, un grand nombre. C'é-
tait l'heureux âge, OùRomeavaitfourmilièred'élus,
VOLT. Mule du pape. || 5° Terme de vétérinaire. Ma-
ladie du pied du cheval qu'on a comparée à un nid
de fourmis, et qui est le résultat delà fourbure chro-
nique.
— HIST. xme s. D'un gresillon dist la meniere,
Qui dusqu'une fromieere El tans d'yver esteit alez,
MARIE, Fable 4 9. ||xv 0 s. Dormi long temps ont en
leur fromiere, Sanseulx mouvoir, li froumi remuant,
EUST. DESCH. le Lion et les fourmis.\\ xvic s. Luy
marquant qu'il estoit sorty de France une fourmi-
lière de troupes, Mém. s. Duguescl. chap. (6. Lss
tribunaux de justice, sur lesquels une formiliere de
juges sont assis, ne sont maintenant que pièges et
ratoires, LANOUE, 87. Les Grecs ont appelle ces ver-
rues murmecia, c'est à dire fourmillieres : parce
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