Titre : Dictionnaire de la langue française.... Tome 2 / par É. Littré,...
Auteur : Littré, Émile (1801-1881). Auteur du texte
Éditeur : L. Hachette (Paris)
Date d'édition : 1873-1874
Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30824717s
Notice d'oeuvre : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12250808s
Type : monographie imprimée monographie imprimée
Langue : français
Format : 4 vol. ; gr. in-4 4 vol. ; gr. in-4
Description : [Dictionnaire de la langue française (français)] [Dictionnaire de la langue française (français)]
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5406698m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-49511
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/12/2008
1008 DÉF
encor dans la blessure, DE BELLOI, Gaston et B.
iv, 2, 11 n'y a point de guerrier si bien armé qu'on
ne puisse percer au défaut de la cuirasse, VOLT.
l.elt. en vers et en prose, 28. || Fig. Le côté faible,
sensible d'une personne. Blesser quelqu'un au dé-
faut de la cuirasse. || Dans le même sens. Fuyez un
ennemi qui sait votre défaut, CORN. Poly. i, 4.
|] 3° Terme de procédure. Manquement à une assi-
gnation donnée, refus de comparaître. Il a fait dé-
faut. Jugement par défaut, décision rendue contre
une partie non comparante ou n'ayant personne
qui comparaisse pour elle. || Donner défaut, donner
acte de la non-comparution. |j Défaut contre partie
ou faute de comparaître, jugement rendu contre
une partie, faute par elle d'avoir constitué avoué
dans les délais de l'ajournement. || Défaut contre
avoué ou faute de conclure, jugement rendu contre
une partie dont l'avoué n'a pas^déposé de conclu-
sions. || Défaut-cdngé, lorsque le demandeur ne se
présente pas. || Profit du défaut, avantage résultant,
pour celui qui se présente, de l'absence de son ad-
versaire. Adjuger le profit du défaut, statuer par
suite du défaut d'une partie en faveur de l'autre qui
a comparu. || Défaut profit-joint, c'est lorsque de
deux défendeurs l'un comparaît, l'autre fait défaut;
on joint le profit du défaut, c'est-à-dire qu'au lieu
de l'adjuger, on surseoit à statuer jusqu'à ce que
le non-comparant ait été jugé ou tenu pour jugé
contradictoirement. || 4° Terme de chasse. Le mo-
ment même où les chiens, perdant la voie, ces-
sent de chasser. Les chiens sont en défaut. L'autre
[le renard] fit cent tours inutiles, Entra dans cent
terriers, mit cent fois en défaut Tous les confrères
de Brifaut, LA FONT. FaU. ix, 4 5. L'animal rusé,
qui les voit passer et s'éloigner, sort de sa retraite,
rentre dans le sentier, confond ses traces et met
la meute en défaut, BONNET, Contempl. nat. 4 2° part,
eh. 44. || Relever le défaut, se dit des chiens qui
se remettent sur la voie. || Fig. Être en défaut,
faillir. Voilà mes guichetiers en défaut, dieu merci,
RAC. Plaid. I, 3. || Mettre, prendre, trouver quel-
qu'un en défaut, le mettre, le trouver, le prendre
en un-manquement quelconque. Les fautes des sots
sont quelquefois si lourdes et si difficiles à pré-
voir qu'elles mettent les sages en défaut et ne sont
utiles qu'à ceux qui les font, LA BKUY. XI. || Mettre
en défaut, rendre inutile, déjouer. Lindor par son
audace Met la ruse en défaut, BÉRANG. Inf. de Li-
sette. || 5° Imperfection physique. Les défauts du
corps. Il n'y a nuls vices extérieurs et nuls défauts
du corps qui ne soient aperçus par les enfants, LA
BRUY. xi. || En parlant des animaux domestiques,
défaut exprime les imperfections du corps et les ir-
régularités de proportion. || 6° Imperfection morale.
Prenez ainsi que moi des sentiments plus hauts, Et
suivez mes vertus ainsi que mes défauts, CORN. At-
tila, m, 4. L'agréable défaut, seigneur, que la jeu-
nesse 1 m. Pulch. m, *. De ce triste séjour, où tout
n'est que défaut, Jusqu'aux pieds du Très-Haut Sache
relever ta pensée, ID. huit, u, 4. Nous n'avouons
de petits défauts que pour persuader que nous n'en
avons point de grands, LAROCHEF. Réfl.mor. n°327.
Ceux-là sur une erreur, ceux-là sur un défaut, LA
FONT. Fabl. îv, -18. Le fabricateur souverain Nous
créa besaciers tous de même manière, Tant ceux du
temps passé que du temps d'aujourd'hui; Il fit pour
nos défauts la poche de derrière, Et celle de devant
pour les défauts d'autrui, ID. ib. i, 7. Chacun a son
défaut où toujours il revient; Honte ni peur n'y re-
médie, m. tb. m, 7. Elle étudiait ses défauts; elle
aimait qu'on lui en fît des leçons sincères; marque
assurée d'une ame forte que ses fautes ne dominent
point, BOSS. Duchesse d'Orl. Il faut aimer ses amis
avec leurs défauts; c'en est un grand que d'être ma-
lade, SËV. Lell. 40 oct. 4695. Oh! que de mon es-
prit triste et mal ordonné, Ainsi que de ce champ
par toi si bien orné, Ne puis-je faire ôter les ronces,
les épines, Et des défauts sans nombre arracher les
racines? BOIL. Épitre xi. Il y a de petits défauts qu'on
abandonne volontiers à la censure; Ce sont de pa-
reils défauts que nous devons choisir pour railler les
autres, LA BRUY. V. L'on ne voit, en amour, de dé-
fauts dans ceux qu'on aime que ceux dont on souffre
soi-même, ID. IV. OÙ trouverez-vous un homme sans
défaut? FÉN. Tél. xi. Un défaut avoué et déjà re-
connu est à demi corrigé, ROLLIN, Traité des Et.
vi, 2e part. ch. 1, art. 4. Celui qui t'entretient des
défauts d'autrui entretient les autres des tiens, m-
DER. Opin. des are. phil. (Sarrasins). Ses défauts
semblaient n'èt;e ,ue ses vertus mêmes portées jus-
qu'à l'excès; on ùe pouvait s'empêcher de les lui
pardonner, et on eût à peine osé désirer qu'il ne
les eût pas, CONDORCET, Duhamel. Eh! mon Dieu,
DËF
monseigneur, c'est qu'on veut que le pauvre soit
sans défaut, BEAUMABCH. Barb. de Sév. i, 2. Je ne
savais pas qu'il existe des défauts qui peuvent ac-
croître l'amour même par l'inquiétude qu'ils lui cau-
sent, STAËL, Corinne, xiv, 4. Cette imagination
était son charme, et quelquefois son défaut, ID. ib.
xv, 6. || En parlant des animaux domestiques et
particulièrement du cheval, vice de leur carac-
tère, comme la rétivité, la méchanceté. |[ 7" Ce qui
est contraire aux règles de l'art, au goût, aux sai-
nes doctrines. Vous dirai-je qu'elle pénétrait dès son
enfance les défauts les plus cachés des ouvrages
d'esprit et qu'elle en discernait les traits les plus dé-
licats? FLËCH. Mme de Montausier. Un sonnet sans
défaut vaut seul un long poème, BOIL. Art p. n. Il
ne faut pas regarder ces éloges de Clément XI [au
sujet du livre du P. Quesnel] et les censures qui
suivirent comme une contradiction; on peut être
très-touché, dans une lecture, des beautés frap-
pantes d'un ouvrage, et en condamner ensuite les
défauts cachés, VOLT. Louis XIV, 37. || Terme de
rhétorique. Les défauts du style, vices opposés aux
qualités qu'on désire y trouver. Le défaut de clarté
fait que le style est obscur, etc. || 8° Dans les arts et
métiers, parties faibles en une matière, et, par ex-
tension, en un ouvrage quelconque. || 9° Terme de
grammaire ancienne, par lequel on désignait le re-
tranchement de quelque chose, par exemple la
syncope, c'est-à-dire le retranchement de lettres
dans un mot, et l'ellipse, c'est-à-dire le retranche-
ment d'un ou plusieurs mots dans une phrase.
— REM. Des grammairiens ont voulu distinguer
au défaut de et à défaut de, disant que le premier
signifie à la place de, et le second faute de, mais
cette distinction n'est pas justifiée par l'usage; et en
soi elle n'est pas fondée.
— SYN. DÉFAUT, DÉFECTUOSITÉ. Ces deux mots ne
sont synonymes que quand il s'agit des imperfec-
tions qui déparent un produit de la nature ou de
l'art. Défaut, venant de faillir, exprime ce qui faut,
manque, est en faute. Défectuosité, venant du latin
defectus, renferme l'idée de ce qui est défait, mal
fait. Ainsi défaut se dira plutôt quand on voudra
simplement exprimer l'état d'imperfection, et dé-
fectuosité quand on portera son esprit sur le mode
de production : les défauts d'un diamant, les défec-
tuosités d'une pièce de drap. Mais il faut dire que
très-souvent les nuances se confondent.
— HIST. xme s. Nous serions trop blasmé, se vous
chaiens [céans] moriés par defaute, Chron. de Bains,
4 08. Dont.dist l'apostoles as messages que, par la
defaute de ceus qui alerent as autres pors, savoit-il
bien qu'il lor convenoitgrantmeschief faire, VILLEH.
LV. Ne porquant H segneur les voloient mètre en
defaute par le [la] reson de l'ajornement, BEAUM.
64. Et s'il ne le veut jurer, il sera tornés en defaute,
ID. 40. Et s'il en ont trop poi, il doivent retrere le
defaute [répartir le déficit entre] à chascun, selon
ce qu'il doit penre en l'execussion, ID. xn, 3t.
|| xiv* s. Se dix estoit le plus grant excès en aucune
matière et deux estoit la plus grant deffaute, le
moien selon nature de la chose, ce serait six, ORIÏSME,
Eth. 44. || xv° s. Si le pria en amitié et requit par
lignage qu'il se voulust sur ce aviser, par quoi au-
cune deffaute ne fust trouvée en lui, FROISS. I, I,
72. La comtesse pria à ces seigneurs de Bretagne,
pour l'amour de Dieu, qu'ils ne fissent nule defaute,
et que elle auroit grand secours dedans trois jours,
ID. i, i, 476. Mais quant ce vint au fait de la des-
pense, Il restreignit eufs, chandelle et moustarde,
Et oublia pain, vin, char et finance; Tout se des-
truit, et par default de garde, EUST. DESCHAMPS,
Adminislr. de l'hostel du prince. En fut mal recom-
pensé plus par la poursuyte de ses ennemys que par
le deffault du roy, COMM. I, 2. Il avoit honte de re-
tourner en Castille ne en Portugal avecques ceste
deffaulte, et de n'avoir rien faict deçà, ID. V, 7.
|| xvi" s. Il renvoya les plus jeunes, et avecques
ceulx desquels le default estoit moindre [qui feraient
moins faute], MONT, I, 243. 11 pensa que le plus sur
estoit de fuir, et qu'un bon défaut valoit mieux
qu'une mauvaise comparution, YVER, p. 047. Défaut
ne se donne contre le procureur de roi, LOYSEL, 863.
On appeloit [faisait appel] de defaute de droit, quand
on refusoit de rendre la justice aux parties, MON-
TESQ. Espr. xxvm, 28.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et faillir; provenç. défaut,
et,beaucoup plussouvent,àe/auta,àV/Taufta;anc. ea-
tal. défait. Le féminin defaute est, dans les premiers
temps, le seul que les textes offrent couramment.
DÉFAVEUR (dé-fa-veur), s. f. \\ 1° Perte de la fa-
veur. Courtisan morfondu, frénétique et rêveur, Por-
trait de la disgrâce et de la défaveur, RÉGNIER,
DËF
Sat. m. La défaveur et la pauvreté ne lui sont point
fâcheuses, quand il les souffre, BALZ. 6' Dise, sur la
cour Dans la défaveur et l'abandonnement,
TEISTAN, Mariane, iv, 5. Une société qui n'était pas
de celles que la faveur attire et que la défaveur éloi-
gne, MARMONTEL, îlém. liv. x. || 2° Discrédit. La dé-
faveur des effets publics.
— SYN. DÉFAVEUR, DISGRÂCE. Disgrâce dit plus
que défaveur. La défaveur c'est simplement la perte
de la faveur ; mais la disgrâce est quelque chose de
plus ; elle implique non-seulement Ja perte de la fa-
veur, mais aussi la perte des grâces, des choses gra-
cieuses qui étaient possédées, telles que fortune,
emplois, position sociale. La défaveur où était Fé-
nelon ne l'empêchait pas d'être archevêque de Cam-
brai; la disgrâce où tomba Fouquet amena sa ruine
et son emprisonnement.
— HIST. xvi' s. Et comme M. de la Fleur, avec
une mine fort dédaigneuse, en tournant l'eschine,
montrait au frater toutes sortes de deffaveurs, D'AUB.
Foen. m, 4 2. Désertion qui fut telle défaveur [dom-
mage] pour le roy que vous pouvez estimer, veu
mesmement que le camp de l'ennemy n'estoit logé
qu'à demy mille de nous, M. DU BELL. (46. Il me suf-
fit, soubz là faveur de la fortune, me préparer à sa
desfaveur,MONT, I, 284. Les Athéniens, pour appa-
rier la. desfaveur de ces deux actions [enfanter et
mettre à mort], ayants à mundifier l'isle de Delos
et se justifier envers Apollo, defièndirent aux pour-
pris d'icelle tout enterrement et tout enfantement
ensemble, ID. m, 361.
— ÉTYM.. De'.... préfixe, et faiseur.
DÉFAVORABLE (dé-fa-vo-ra-bl'), adj. Qui n'est
pas favorable. Opinion défavorable. Événement défa-
vorable aux espérances conçues.
— HIST. xvi" s. Eslevé aux pieds des Valois, qui
tenoient sur sa teste un sceptre defavorable,D'AUB.
llist. préf. 6.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et favorable.
DÉFAVORABLEMENT (dé-fa-vo-ra-ble-man), adv.
D'une manière défavorable, fâcheuse. 11 l'a jugé dé-
favorablement. On l'a défavorablement traité.
— ÉTYM. Défavorable.
t DÉFAVORISER (dé-fa-vo-ri-zé), v. a. Mettre en
défaveur. Jacques [Sobieski] l'aîné était fort mal
avec elle [la reine], mais il était né avant l'élçctiou
de son père, ce qui le défavorisait fort," ST-SIM. 42,
244. Les idées si fausses, mais si fort reçues, qui dé-
favorisaient celui à qui, de droit et de nécessité in* 1
vitable, les rênes de l'État se trouveraient dévu'-'
lues...., ID. 364, 67.
— HIST. xvie s. Ceux desquels la cause n'est guera
bonne, plus de besoin ont-Us d'artificieux langage
pour pallier ce qui, estant descouvert, la rendrait
desfavorisée, LANOUE, 656. Que ce serait un acte
qui porterait quelque tesmoignage de lascheté, et
qui deffavoriseroit grandement les affaires de ceux
de la religion, ID. 669. Villegagnon, défavorisé en
France par la querelle qu'il eut avec le capitaine de
Breu, D'AUB. Hist. i, 4t. Tout cela défavorisant cette
beauté par laquelle elle plaidoit mieux sa cause aux
yeux qu'aux aureilles, m. ib. I, 269. Lesharquebu-
siers de la courtine defavorisoient les liguez en quel-
que façon, ID. ib. ni, 269. 5 ces pensées j'adjouste
la fascheuse mort de Sponde, desfavorisé du roy
aussitost qu'il fut converty, ID. Sancy, ix. Par
terre, il n'y avoit ordre de le retirer, pour eslrenos
affaires en Italie trop desfavorisées, M. DU BELLAY,
4 24. La fortune joue son jeu, comme il lui plaist fa-
voriser et défavoriser les gens, BRANT. Mandruzso.
Nos courtisans, deux jours après qu'ils sont detavo-
risés, DES ACCORDS, Bigarr. Contrepèteries. Que mes-
sieurs de Uuise n'ayent pas cest honneur d'estre au-
près du roi et de vous, pour desfavpriser ma cause,
CONDÉ, Mémoires, p. 694.
— ÉTYM. Dr.... préfixe, et favoriser.
DÉFÉCATION (dé-fé-ka-sion), s. f. j| Ie Terme de
chimie et de pharmacie. Dépuration d'une liqueur
qui, soumise à l'évaporation, laisse se précipiter les
parties qui la rendent trouble. || 2° Terme de physio-
logie. Expulsion des matières fécales hors, du corps
par la voie naturelle.
— ÉTYM. Lat. defecatio, de de, hors, et un verbe
hypothétique fxcare, tiré de foex, lie (voy. FÉCAL).
t DÉFECTIB1LITÉ (dé-fè-kti-bi-li-té), s. f. Qua-
lité de ce qui est défectible.
— ÉTYM. Défectible.
f DÉFECTIBLE (dé-fè-kti-bl'), adj. Terme didac-
tique. Imparfait, incomplet.
— ÉTYM. Lat. deflcere, manquer (voy. DÉFECTIF).
f DÉFECTIBLEMENT (dé-fè-kti-ble-manj, adv.
D'une manière défectible.
— HIST. x\Tes, Nous ne pouvons trouver perfeefioD
encor dans la blessure, DE BELLOI, Gaston et B.
iv, 2, 11 n'y a point de guerrier si bien armé qu'on
ne puisse percer au défaut de la cuirasse, VOLT.
l.elt. en vers et en prose, 28. || Fig. Le côté faible,
sensible d'une personne. Blesser quelqu'un au dé-
faut de la cuirasse. || Dans le même sens. Fuyez un
ennemi qui sait votre défaut, CORN. Poly. i, 4.
|] 3° Terme de procédure. Manquement à une assi-
gnation donnée, refus de comparaître. Il a fait dé-
faut. Jugement par défaut, décision rendue contre
une partie non comparante ou n'ayant personne
qui comparaisse pour elle. || Donner défaut, donner
acte de la non-comparution. |j Défaut contre partie
ou faute de comparaître, jugement rendu contre
une partie, faute par elle d'avoir constitué avoué
dans les délais de l'ajournement. || Défaut contre
avoué ou faute de conclure, jugement rendu contre
une partie dont l'avoué n'a pas^déposé de conclu-
sions. || Défaut-cdngé, lorsque le demandeur ne se
présente pas. || Profit du défaut, avantage résultant,
pour celui qui se présente, de l'absence de son ad-
versaire. Adjuger le profit du défaut, statuer par
suite du défaut d'une partie en faveur de l'autre qui
a comparu. || Défaut profit-joint, c'est lorsque de
deux défendeurs l'un comparaît, l'autre fait défaut;
on joint le profit du défaut, c'est-à-dire qu'au lieu
de l'adjuger, on surseoit à statuer jusqu'à ce que
le non-comparant ait été jugé ou tenu pour jugé
contradictoirement. || 4° Terme de chasse. Le mo-
ment même où les chiens, perdant la voie, ces-
sent de chasser. Les chiens sont en défaut. L'autre
[le renard] fit cent tours inutiles, Entra dans cent
terriers, mit cent fois en défaut Tous les confrères
de Brifaut, LA FONT. FaU. ix, 4 5. L'animal rusé,
qui les voit passer et s'éloigner, sort de sa retraite,
rentre dans le sentier, confond ses traces et met
la meute en défaut, BONNET, Contempl. nat. 4 2° part,
eh. 44. || Relever le défaut, se dit des chiens qui
se remettent sur la voie. || Fig. Être en défaut,
faillir. Voilà mes guichetiers en défaut, dieu merci,
RAC. Plaid. I, 3. || Mettre, prendre, trouver quel-
qu'un en défaut, le mettre, le trouver, le prendre
en un-manquement quelconque. Les fautes des sots
sont quelquefois si lourdes et si difficiles à pré-
voir qu'elles mettent les sages en défaut et ne sont
utiles qu'à ceux qui les font, LA BKUY. XI. || Mettre
en défaut, rendre inutile, déjouer. Lindor par son
audace Met la ruse en défaut, BÉRANG. Inf. de Li-
sette. || 5° Imperfection physique. Les défauts du
corps. Il n'y a nuls vices extérieurs et nuls défauts
du corps qui ne soient aperçus par les enfants, LA
BRUY. xi. || En parlant des animaux domestiques,
défaut exprime les imperfections du corps et les ir-
régularités de proportion. || 6° Imperfection morale.
Prenez ainsi que moi des sentiments plus hauts, Et
suivez mes vertus ainsi que mes défauts, CORN. At-
tila, m, 4. L'agréable défaut, seigneur, que la jeu-
nesse 1 m. Pulch. m, *. De ce triste séjour, où tout
n'est que défaut, Jusqu'aux pieds du Très-Haut Sache
relever ta pensée, ID. huit, u, 4. Nous n'avouons
de petits défauts que pour persuader que nous n'en
avons point de grands, LAROCHEF. Réfl.mor. n°327.
Ceux-là sur une erreur, ceux-là sur un défaut, LA
FONT. Fabl. îv, -18. Le fabricateur souverain Nous
créa besaciers tous de même manière, Tant ceux du
temps passé que du temps d'aujourd'hui; Il fit pour
nos défauts la poche de derrière, Et celle de devant
pour les défauts d'autrui, ID. ib. i, 7. Chacun a son
défaut où toujours il revient; Honte ni peur n'y re-
médie, m. tb. m, 7. Elle étudiait ses défauts; elle
aimait qu'on lui en fît des leçons sincères; marque
assurée d'une ame forte que ses fautes ne dominent
point, BOSS. Duchesse d'Orl. Il faut aimer ses amis
avec leurs défauts; c'en est un grand que d'être ma-
lade, SËV. Lell. 40 oct. 4695. Oh! que de mon es-
prit triste et mal ordonné, Ainsi que de ce champ
par toi si bien orné, Ne puis-je faire ôter les ronces,
les épines, Et des défauts sans nombre arracher les
racines? BOIL. Épitre xi. Il y a de petits défauts qu'on
abandonne volontiers à la censure; Ce sont de pa-
reils défauts que nous devons choisir pour railler les
autres, LA BRUY. V. L'on ne voit, en amour, de dé-
fauts dans ceux qu'on aime que ceux dont on souffre
soi-même, ID. IV. OÙ trouverez-vous un homme sans
défaut? FÉN. Tél. xi. Un défaut avoué et déjà re-
connu est à demi corrigé, ROLLIN, Traité des Et.
vi, 2e part. ch. 1, art. 4. Celui qui t'entretient des
défauts d'autrui entretient les autres des tiens, m-
DER. Opin. des are. phil. (Sarrasins). Ses défauts
semblaient n'èt;e ,ue ses vertus mêmes portées jus-
qu'à l'excès; on ùe pouvait s'empêcher de les lui
pardonner, et on eût à peine osé désirer qu'il ne
les eût pas, CONDORCET, Duhamel. Eh! mon Dieu,
DËF
monseigneur, c'est qu'on veut que le pauvre soit
sans défaut, BEAUMABCH. Barb. de Sév. i, 2. Je ne
savais pas qu'il existe des défauts qui peuvent ac-
croître l'amour même par l'inquiétude qu'ils lui cau-
sent, STAËL, Corinne, xiv, 4. Cette imagination
était son charme, et quelquefois son défaut, ID. ib.
xv, 6. || En parlant des animaux domestiques et
particulièrement du cheval, vice de leur carac-
tère, comme la rétivité, la méchanceté. |[ 7" Ce qui
est contraire aux règles de l'art, au goût, aux sai-
nes doctrines. Vous dirai-je qu'elle pénétrait dès son
enfance les défauts les plus cachés des ouvrages
d'esprit et qu'elle en discernait les traits les plus dé-
licats? FLËCH. Mme de Montausier. Un sonnet sans
défaut vaut seul un long poème, BOIL. Art p. n. Il
ne faut pas regarder ces éloges de Clément XI [au
sujet du livre du P. Quesnel] et les censures qui
suivirent comme une contradiction; on peut être
très-touché, dans une lecture, des beautés frap-
pantes d'un ouvrage, et en condamner ensuite les
défauts cachés, VOLT. Louis XIV, 37. || Terme de
rhétorique. Les défauts du style, vices opposés aux
qualités qu'on désire y trouver. Le défaut de clarté
fait que le style est obscur, etc. || 8° Dans les arts et
métiers, parties faibles en une matière, et, par ex-
tension, en un ouvrage quelconque. || 9° Terme de
grammaire ancienne, par lequel on désignait le re-
tranchement de quelque chose, par exemple la
syncope, c'est-à-dire le retranchement de lettres
dans un mot, et l'ellipse, c'est-à-dire le retranche-
ment d'un ou plusieurs mots dans une phrase.
— REM. Des grammairiens ont voulu distinguer
au défaut de et à défaut de, disant que le premier
signifie à la place de, et le second faute de, mais
cette distinction n'est pas justifiée par l'usage; et en
soi elle n'est pas fondée.
— SYN. DÉFAUT, DÉFECTUOSITÉ. Ces deux mots ne
sont synonymes que quand il s'agit des imperfec-
tions qui déparent un produit de la nature ou de
l'art. Défaut, venant de faillir, exprime ce qui faut,
manque, est en faute. Défectuosité, venant du latin
defectus, renferme l'idée de ce qui est défait, mal
fait. Ainsi défaut se dira plutôt quand on voudra
simplement exprimer l'état d'imperfection, et dé-
fectuosité quand on portera son esprit sur le mode
de production : les défauts d'un diamant, les défec-
tuosités d'une pièce de drap. Mais il faut dire que
très-souvent les nuances se confondent.
— HIST. xme s. Nous serions trop blasmé, se vous
chaiens [céans] moriés par defaute, Chron. de Bains,
4 08. Dont.dist l'apostoles as messages que, par la
defaute de ceus qui alerent as autres pors, savoit-il
bien qu'il lor convenoitgrantmeschief faire, VILLEH.
LV. Ne porquant H segneur les voloient mètre en
defaute par le [la] reson de l'ajornement, BEAUM.
64. Et s'il ne le veut jurer, il sera tornés en defaute,
ID. 40. Et s'il en ont trop poi, il doivent retrere le
defaute [répartir le déficit entre] à chascun, selon
ce qu'il doit penre en l'execussion, ID. xn, 3t.
|| xiv* s. Se dix estoit le plus grant excès en aucune
matière et deux estoit la plus grant deffaute, le
moien selon nature de la chose, ce serait six, ORIÏSME,
Eth. 44. || xv° s. Si le pria en amitié et requit par
lignage qu'il se voulust sur ce aviser, par quoi au-
cune deffaute ne fust trouvée en lui, FROISS. I, I,
72. La comtesse pria à ces seigneurs de Bretagne,
pour l'amour de Dieu, qu'ils ne fissent nule defaute,
et que elle auroit grand secours dedans trois jours,
ID. i, i, 476. Mais quant ce vint au fait de la des-
pense, Il restreignit eufs, chandelle et moustarde,
Et oublia pain, vin, char et finance; Tout se des-
truit, et par default de garde, EUST. DESCHAMPS,
Adminislr. de l'hostel du prince. En fut mal recom-
pensé plus par la poursuyte de ses ennemys que par
le deffault du roy, COMM. I, 2. Il avoit honte de re-
tourner en Castille ne en Portugal avecques ceste
deffaulte, et de n'avoir rien faict deçà, ID. V, 7.
|| xvi" s. Il renvoya les plus jeunes, et avecques
ceulx desquels le default estoit moindre [qui feraient
moins faute], MONT, I, 243. 11 pensa que le plus sur
estoit de fuir, et qu'un bon défaut valoit mieux
qu'une mauvaise comparution, YVER, p. 047. Défaut
ne se donne contre le procureur de roi, LOYSEL, 863.
On appeloit [faisait appel] de defaute de droit, quand
on refusoit de rendre la justice aux parties, MON-
TESQ. Espr. xxvm, 28.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et faillir; provenç. défaut,
et,beaucoup plussouvent,àe/auta,àV/Taufta;anc. ea-
tal. défait. Le féminin defaute est, dans les premiers
temps, le seul que les textes offrent couramment.
DÉFAVEUR (dé-fa-veur), s. f. \\ 1° Perte de la fa-
veur. Courtisan morfondu, frénétique et rêveur, Por-
trait de la disgrâce et de la défaveur, RÉGNIER,
DËF
Sat. m. La défaveur et la pauvreté ne lui sont point
fâcheuses, quand il les souffre, BALZ. 6' Dise, sur la
cour Dans la défaveur et l'abandonnement,
TEISTAN, Mariane, iv, 5. Une société qui n'était pas
de celles que la faveur attire et que la défaveur éloi-
gne, MARMONTEL, îlém. liv. x. || 2° Discrédit. La dé-
faveur des effets publics.
— SYN. DÉFAVEUR, DISGRÂCE. Disgrâce dit plus
que défaveur. La défaveur c'est simplement la perte
de la faveur ; mais la disgrâce est quelque chose de
plus ; elle implique non-seulement Ja perte de la fa-
veur, mais aussi la perte des grâces, des choses gra-
cieuses qui étaient possédées, telles que fortune,
emplois, position sociale. La défaveur où était Fé-
nelon ne l'empêchait pas d'être archevêque de Cam-
brai; la disgrâce où tomba Fouquet amena sa ruine
et son emprisonnement.
— HIST. xvi' s. Et comme M. de la Fleur, avec
une mine fort dédaigneuse, en tournant l'eschine,
montrait au frater toutes sortes de deffaveurs, D'AUB.
Foen. m, 4 2. Désertion qui fut telle défaveur [dom-
mage] pour le roy que vous pouvez estimer, veu
mesmement que le camp de l'ennemy n'estoit logé
qu'à demy mille de nous, M. DU BELL. (46. Il me suf-
fit, soubz là faveur de la fortune, me préparer à sa
desfaveur,MONT, I, 284. Les Athéniens, pour appa-
rier la. desfaveur de ces deux actions [enfanter et
mettre à mort], ayants à mundifier l'isle de Delos
et se justifier envers Apollo, defièndirent aux pour-
pris d'icelle tout enterrement et tout enfantement
ensemble, ID. m, 361.
— ÉTYM.. De'.... préfixe, et faiseur.
DÉFAVORABLE (dé-fa-vo-ra-bl'), adj. Qui n'est
pas favorable. Opinion défavorable. Événement défa-
vorable aux espérances conçues.
— HIST. xvi" s. Eslevé aux pieds des Valois, qui
tenoient sur sa teste un sceptre defavorable,D'AUB.
llist. préf. 6.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et favorable.
DÉFAVORABLEMENT (dé-fa-vo-ra-ble-man), adv.
D'une manière défavorable, fâcheuse. 11 l'a jugé dé-
favorablement. On l'a défavorablement traité.
— ÉTYM. Défavorable.
t DÉFAVORISER (dé-fa-vo-ri-zé), v. a. Mettre en
défaveur. Jacques [Sobieski] l'aîné était fort mal
avec elle [la reine], mais il était né avant l'élçctiou
de son père, ce qui le défavorisait fort," ST-SIM. 42,
244. Les idées si fausses, mais si fort reçues, qui dé-
favorisaient celui à qui, de droit et de nécessité in* 1
vitable, les rênes de l'État se trouveraient dévu'-'
lues...., ID. 364, 67.
— HIST. xvie s. Ceux desquels la cause n'est guera
bonne, plus de besoin ont-Us d'artificieux langage
pour pallier ce qui, estant descouvert, la rendrait
desfavorisée, LANOUE, 656. Que ce serait un acte
qui porterait quelque tesmoignage de lascheté, et
qui deffavoriseroit grandement les affaires de ceux
de la religion, ID. 669. Villegagnon, défavorisé en
France par la querelle qu'il eut avec le capitaine de
Breu, D'AUB. Hist. i, 4t. Tout cela défavorisant cette
beauté par laquelle elle plaidoit mieux sa cause aux
yeux qu'aux aureilles, m. ib. I, 269. Lesharquebu-
siers de la courtine defavorisoient les liguez en quel-
que façon, ID. ib. ni, 269. 5 ces pensées j'adjouste
la fascheuse mort de Sponde, desfavorisé du roy
aussitost qu'il fut converty, ID. Sancy, ix. Par
terre, il n'y avoit ordre de le retirer, pour eslrenos
affaires en Italie trop desfavorisées, M. DU BELLAY,
4 24. La fortune joue son jeu, comme il lui plaist fa-
voriser et défavoriser les gens, BRANT. Mandruzso.
Nos courtisans, deux jours après qu'ils sont detavo-
risés, DES ACCORDS, Bigarr. Contrepèteries. Que mes-
sieurs de Uuise n'ayent pas cest honneur d'estre au-
près du roi et de vous, pour desfavpriser ma cause,
CONDÉ, Mémoires, p. 694.
— ÉTYM. Dr.... préfixe, et favoriser.
DÉFÉCATION (dé-fé-ka-sion), s. f. j| Ie Terme de
chimie et de pharmacie. Dépuration d'une liqueur
qui, soumise à l'évaporation, laisse se précipiter les
parties qui la rendent trouble. || 2° Terme de physio-
logie. Expulsion des matières fécales hors, du corps
par la voie naturelle.
— ÉTYM. Lat. defecatio, de de, hors, et un verbe
hypothétique fxcare, tiré de foex, lie (voy. FÉCAL).
t DÉFECTIB1LITÉ (dé-fè-kti-bi-li-té), s. f. Qua-
lité de ce qui est défectible.
— ÉTYM. Défectible.
f DÉFECTIBLE (dé-fè-kti-bl'), adj. Terme didac-
tique. Imparfait, incomplet.
— ÉTYM. Lat. deflcere, manquer (voy. DÉFECTIF).
f DÉFECTIBLEMENT (dé-fè-kti-ble-manj, adv.
D'une manière défectible.
— HIST. x\Tes, Nous ne pouvons trouver perfeefioD
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