Titre : Dictionnaire de la langue française.... Tome 2 / par É. Littré,...
Auteur : Littré, Émile (1801-1881). Auteur du texte
Éditeur : L. Hachette (Paris)
Date d'édition : 1873-1874
Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30824717s
Notice d'oeuvre : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12250808s
Type : monographie imprimée monographie imprimée
Langue : français
Format : 4 vol. ; gr. in-4 4 vol. ; gr. in-4
Description : [Dictionnaire de la langue française (français)] [Dictionnaire de la langue française (français)]
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5406698m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-49511
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/12/2008
EVI •
qu'elle se présente jour l'enlever, noss.' ilar.-Thèr.
|| Avec un nom de chose pour sujet. Ma constance
contre elle à regret s'évertue, CORN. Hor. n, 5.
|| 2° Il se dit aussi de tout effort. L'alarme vient trop
tard, en vain on s'évertue, T'BISTAN, Panth. n, 3.
Il laisse la tortue, Elle part, elle s'évertue, LA FONT.
Fàbl. vi, iù. Lorsqu'à la bien chercher d'abord on
s'évertue [la rime], BOIL. Art p. 1. Honteux d'un
trop long silence, je m'évertuais pour relever l'en-
tretien, J. J. BOOSS. Confess. ix.. Notre siècle,
penseur brutal, Contre Delille s'évertue, BÉRANG.
Couplet. || Absolument. Se remuer, donner signe
d'activité. Allons, qu'on s'évertue, RAC. Plaid, m, 3.
— REM. Régnier a dit s'évertuer de: En vain de
le cacher.mon respect s'évertue, Élég. v: Cette con-
struction, qui est un archaïsme, n'a rien qui soit
contraire à la grammaire.
— HtST. XIe s. pi] Met sei sur piet, quanqu'il pot,
s'esvertue, Ch. de Roi. CLXVII. || xin* s. Pour l'a-
mor la pucelé [il] s'esvertue et esforce; Les escus
froisse et fent com s'il fussent d'escorce, AUDEFR.
LE BAST. Romancero, p. t9. Adonc d'amis me re-
sovint; Esvertuer lors me convint, la Rose, 7270*
Amors li entre ou cuer, et li sans li remue; De de-
sirrier fremist et d'espoir s'esvertue, RUTEB. I, 4-32.
Dans.Pierres li ermites â la barbe canue Del ferir
sor les Turcs durement s'esvertue, Ch. d'Ant. vm,
i 136. || xvi" s. Eux qui sont soubmis à la royauté,
doyvent esvertuer toutes leurs forces pour faire ser-
vice à leur souverain, AMYOT, Épft.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et vertu; provenç.
esvertudar.
| EVHÉMÉRISME (e-vé-mé-ri-sm'), s. m. Terme
de philosophie. Système suivant lequel les dieux du
paganisme étaient regardés non comme des person-
nages divins, mais comme des personnages hu-
mains divinises par la reconnaissance ou la folie des
hommes.
— ÊTYM. Evkémère, philosophe grec, auteur de
ce système.
f EVHÉMÉRISTE (e-vé-mé-ri-sf), s. m. Partisan
de l'evhémérisme.
ÉVICTION (é-vi-ksion), s. f. Terme de juris-
prudence. Dépossession que l'on subit, en vertu
d'une sentence ou d'un droit exercé de quelque
autre façon, d'une chose qu'on avait acquise de bonne
foi. Subir, l'éviction. Garantir de l'éviction. Le ven-
deur est garant de l'éviction que l'acheteur peut
souffrir. || Avant le code de procédure, on donnait le
nom d'éviction à la sentence même qui ordonne le
délaissement de l'objet. v
— HIST. xm' s. Et ferons quant que loiaul van-
deor puent [peuvent] faire ne doivent an toute cause
d'evicion, Bibl. des chartes, i' série, t. n, p. 466.
|| xvr> s. En chose vendue par décret [autorité de
justice] éviction n'a point de lieu [la vente judiciaire
purgeant les hypothèques], LOYSEL, m.
— ÉTYM. Lat. evictionem, de evictum, supin de
evincere, évincer (voy. ÉVINCER).
t ÉVIDAGE (é-vi-da-j'), s. m. Action d'évider.
ÉVIDÉ, ÉE (é-vi-dé, dée), part, passé. Creusé
en cannelure. || Échancré. Une table évidée, un
bassin très-plat, j. j. ROUSS. Ém. m. || Toile évidée,
toile qui est percée ou découpée à jour. || Drap
évidé, drap qui, après avoir été foulé à sec, s'est
échauffe dans la pile, ce qui le rend lâche et de
mauvaise qualité. || Terme de marine. Se dit des
fonds de la carène lorsqu'ils ont peu de renflement.
|| On dit d'un escalier à rampe courbe qu'il est
évidé par le milieu. Un escalier à rampes en lignes
droites brisées peut aussi être dit évidé, si le milieu
de la cage est vide et non rempli par un poteau oji
massif qui soutienne les marches comme dans les
escaliers à vis.
fÉVIDEMENT (ê-vi-de-man), s. m. Etat de ce
qui est évidé. || Terme de maçonnerie. Refonillement
fait dans une pierre. || Taille faite sur le marbre, le
bois. || Terme de chirurgie. Opération qui, dans cer-
taines maladies d'un os, consiste à en enlever la
partie intérieure, en respectant le périoste; ce qui
permet la régénération de l'os.
ÉVIDEMMENT (é-vi-da-man), adv. || i° D'une
manière évidente. De cela même que je pensais
à douter de la vérité des autres choses, il suivait
très-évidemment et très-certainement que j'étais,
DESC. Héth. rv. 2. Les uns veulent toujours croire
aveuglément, les autres veulent toujours voir évi-
demment, MALEBR. Rech. Vf., 3. ,|| 2°.Il est certain
que.... Évidemment il a prouvé ce qu'il voulait dé-
montrer. J| Dans cette acception, évidemment se met
au commencement de la phrase. || S'emploie quel-
quefois dans les réponses pour certainement.
— HIST. xin* s. Je le connois evidanment, Lai
ÉYI
d'amours, JUBINAL, t. n, p. <90. || xv" s. Et tous-
jours se plaignoit-on du gouvernement qui estoit.
très mauvais, et le voioit on évidemment, mais au-
cune provision ne s'y mectoit, JUVEN. DES URS.
Charles TI, ii}>6. || xvi» s. Hannibal s'en alla mon-
ter sur une petite butte, non gueres roide, de la-
quelle il pouvoit descouvrir évidemment tout le
camp des Romains, AMYOT, Fàb. st.
— ÉTYM. Évident, et le suffixe ment; provenç.
evidenmen. ]
ÉVIDENCE (é-vi-dan-s'), s. f. Caractère de ce qui
est évident; notion si parfaite d'une vérité qu'elle
n'a pas besoin. d'autre preuve. L'évidence d'une
proposition. Il faut bien que l'évidence de Dieu ne
soit pas telle dans la nature, PASC. dans COUSIN.
Faisons paraître cette vérité dans son'évidence,
BOSS. Loi de Dieu, 3. Vous ne voyez pas dans une
moindre évidence comment.... ID. Hist. m, 7. Pour
que l'esprit puisse acquiescer à une idée, il faut
qu'il connaisse la convenance entre cette idée et son
objet par une perception vive et sensible qui n'ad-
mette rien de contraire à elle-même; et l'idée de
cette perception est le mode de penser que nous
nommons évidence, BOULAINVILLIERS, Réf. de Spi-
noza, p. 124. L'évidence appartient proprement aux
idées dont l'esprit aperçoit la liaison tout d'un coup,
O'ALEMB. Disc, prélim. encycl. t. i, p. 228, dans
POUGENS. Aucune preuve n'a la même force, aucune
idée la même '■ évidence, aucune image le même
charme pour tous les esprits, DIDEROT, Claude et
Néron, à M. Naigeon. || Évidence des sens ou sensi-
ble, celle qu'on 1 acquiert par les sens. || Évidence de
raison, celle qu'on obtient par le raisonnement. Les
deux exemples que j'ai apportés dans ce chapitre sont
plus que suffisants pour faire concevoir que l'évi-
dence de raison 1 consiste uniquement dans l'identité,
CONDILL. Art dé rais, i, t.1| Evidence de fait, celle
qu'on acquiert par le moyen de l'observation. || Évi-
dence de sentiment, ce qui paraît certain par le
sentiment seul j et sans qu'on puisse en rendre
compte. |i Se rendre à l'évidence, admettre forcément
ce qui est incontestable. || Se refuser à l'évidence,
s'obstiner à contester ce qui est incontestable. || Met-
tre en évidence, faire connaître clairement, mani-
festement. Nous sommes encor loin de mettre en
évidence Si nous nous conduirons avec plus de pru-
dence, coRN.Cinna, n, i. Je ne veux que mettre ici
en évidence tous les fondements de cette religion
chrétienne qui I sont indubitables , PASC. Juif, i.
|| Mettre en évidence, faire qu'un objet frappe les
yeux, soit remarqué. La lumière mettra en évi-
dence leurs mauvaises oeuvres, BOSS. Haine, 2.
|| Se mettre en évidence, se montrer avec l'inten-
tion de se faire [remarquer. || Se mettre en évidence,
être manifesté,!en parlant de choses. De quel front
oserais-je, après sa confidence, Souffrir que mon
amour se mit en évidence? CORN. Suite du Ment.
îv, 8. || Être dn évidence, être remarqué, attirer
l'attention générale. J'étais placé vis-à-vis d'eux, à
deux pas delà table, bien isolé et bien en évidence,
MARMONTEL, Jfe'tn. v. || Être en évidence, être ma-
nifesté, en parlant de choses. Eh bien, ta perfidie
est-elle en évidence? CORN, la PL roy. n, 2. Nier
des trahisons qui sont en évidence, X l'infidélité
c'est joindre l'impudence, TH. CORN. l'Am. à la m.
v, 9. || On dit de même venir en évidence. Toujours
le fond du sac ne vient en évidence, RÉGNIER, Sat. n.
— SYN. ÉVIDENCE , CERTITUDE. La certitude dé-
pend des motifs de crédibilité ; l'évidence dépend de
la clarté de Ja chose même. La certitude a d'ailleurs,
au"sens philosophique, une solidité que l'évidence
peut ne pas avoir : il était autrefois évident que le
soleil tournait jautour de la terre ; cette évidence
était fausse ; les peuples en croyaient avoir la certi-
tude , ils n'en avaient que la persuasion.
— HtST. xiv* k X greigneur [ plus grande ] évi-
dence du propos, H. DE MONDEVILLE, f° 97, verso.
|| xvi° s. X faulte d'éloquence ils ne les peuvent
mettre en évidence [leurs pensées], MONT, I, <88.
— ÉTYM. Pro'venç. evidencia, evidensa; espagn.
evidencia; ital.!eDtden,za; du lat. evidentia, de eot-
dens, évident, j
ÉVIDENT, ENTE (é-vi-dan, dan-t'), adj. Qui est
connu tout d'abord et sans peine. Vérité évidente.
Péril évident. Surprise tout à coup d'un funeste ac-
cident, D'un jugement du ciel effet trop évident,
ROTROU, Bélis. V, 7. Philémon reconnut ce miracle
évident, LA FONT. Phil. et Baucis. || Il est évident
que, il est clair et incontestable que. Il m'est évi-
dent que les sensations-de couleur ne sont, pour
mon âme, que différentes manières de se sentir :
ce ne sont que ses propres modifications, CONDILL.
Art de rais, i, 6.
ÉVt
1547
— REM. Quand une chose est évidente, elle ne
saurait être plus évidente; mais l'évidence en peut
Hrs saisie plus promptement et plus sensiblement,
:ONDIL. Lang. cale, n, il. Cependant Montesquieu
i dit: 11 nous est plus évident qu'une religion doit
idôucir les moeurs des hommes, qu'il ne l'est qu'une
•eligion soit vraie, MONTESQ. Esp. xxiv, 4. En cet
îinploi, évident reçoit fort bien la marque de la
;omparaison.
— HIST: xv* s. Rien ne m'est seur, que la chose
incertaine, Obscur, fors ce qui est tout évident;
Doubte ne fais, fors en chose certaine, CH. D'ORL.
Bal. 107. || xvi" s. Et à nostre évident dommage,
MONT. I, 99.
— ÉTYM. Provenç. évident; eviden; espagn. et
ital. évidente; du latin evidens, dee, ettndere, voir.
ÉVIDER (é-vi-dé), v. a. ||i° Creuser en canne-
lure. Evider une lame d'épée, un canon de pistolet.
|| 2° Echancrer. Évider le collet d'une robe. ^"Creu-
ser à l'intérieur, en parlant des flûtes, des clari-
nettes. Évider une flùle. || 4" Terme d'architecture.
Tailler à jour, sculpter les reliefs d'une façade, etc.
|| 5" Terme de jardinage. Evider un arbre, ôter du
centre d'un arbre les branches qui, n'étant pas frap-
pées de la lumière, s'étiolent. || 6" Faire à la lime
la petite rainure qu'on aperçoit des deux côtés du
trou de l'aiguille. || 7° Mettre la dernière main à
un ouvrage de chaudronnerie. || Découper une
platine de verrou; refendre et terminer le'panneton
d'une clef; faire une garniture de serrure sur lé
tour. || 8" Évider du linge, ôtèr l'empois qu'on a
mis dans le linge.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, etuide.
fÉVIDEUR (é-vi-deur), s. m. Ouvrier qui fait
la cannelure longitudinale des aiguilles et qui en
arrondit la tête.
ÉVIDOIR (é-vi-doir), s. m. Outil dont un facteur
d'instruments se sert pour évider les flûtes, les cla-
rinettes, etc. || Assemblage de pièces de bois avec
une échancrure, dans laquelle le charron assujettit
les pièces qu'il veut évider ou travailler.
— ÊTYM. Évider.
ÉVIER (ê-vié; l'r ne se lie jamais; au pluriel,
l's se lie : des é-vié-z engorgés), s. m. Large pierre
creusée en bassin, sur laquelle on lave la vaisselle,
et qui a un conduit pour l'écoulement des eaux de
la cuisine. || Canal de pierre qui sert d'égout dans
une pièce ou dans une allée.
— REM. C'est une faute populaire de dire levier
au lieu de évier, par coalescence de l'article, comme
dans ces autres fautes que l'usage a consacrées
lierre, loriot, lendemain.
— HIST. xine s. Né soit nus [nul] si hardis ke
il ait euwier qui ait sen esseut [issue] devant de-
vers le [la] rue.... TAILLIAR, Recueil, p. <63.
— ÉTYM. Wallon, aivî, puisoir; du latin aqua-
rium, de aqua, anc. franc, eve, aujourd'hui eau
(voy.- ce mot).
f ÉVILASSE (é-vi-Ia-s'), s. m. Terme de com-
merce. Sorte d'ébène de, Madagascar.
ÉVINCÉ, ÉE (é-vin-sé, sue), port, passé. Évincé
par une cabale du poste qu'il occupait.
ÉVINCER (é-vin-sé. Le c prend une cédille devant
a ou o : évinçant, nous évinçons), v. a. || i" Terme
de jurisprudence. Déposséder juridiquement quel-
qu'un. Ce jugement l'évincé du bien qu'il possédait.
Il 2° Par extension, enlever à quelqu'un par intrigue
une place, une affaire, etc. On est parvenu à l'é-
vincer. || 3° S'évincer, v. réfl. Se chasser l'un Fâutre.
Ils cherchent mutuellement à s'évincer.
— ÉTYM. Lat. evincere, vaincre, chasser, de e,
hors de, et vincere, vaincre.
f ÉVIRATION (é-vi-ra-sion), s. f. Terme didacti-
que. Castration; état d'eunuque. || Terme de méde-
cine. Perte, avant l'âge, des désirs et dès facultés
sexuelles chez l'homme.
— ÉTYM. L&t.evirationem, castration (voy. ÉVIRÊ).
| ÉVIRÉ (é-vi-ré), adj. m. Terme de blason. Se dit
d'un animal qui ne porte pas la marque de son sexe.
— ÉTYM. Lat. eviratus, châtré, de e, et vir, mâle,
f ÉVISCÉRATION (é-vi-ssé-ra-sion), s. f. Terme
de chirurgie. Synonyme d'éventration. *'
— ÉTYM. Lat. e, hors, et viscera, viscères.
ÉVITAHLE (é-vi-ta-bl'), adj. Qui peut'être évité.
Oui, par là seulement ma perte est évitable, COUN.
Pomp. iv, i. Si ce fut un piège que la fortune lui
dressa, l'on peut dire qu'il n'y en eut jamais de plus
subtil ni de moins évitable, BOOHOURS, Jlem. nouv.
— HIST. xvie s. Touta estrangeté et particularité
en nos moeurs et conditions est évitable [doit être
évitée], MONT. I, -184. Au mal qui n'est point evi-
able, C'est grand folie en avoir peur, LEROUX DE
UNCY, Prov. t. Il, p. 344.
qu'elle se présente jour l'enlever, noss.' ilar.-Thèr.
|| Avec un nom de chose pour sujet. Ma constance
contre elle à regret s'évertue, CORN. Hor. n, 5.
|| 2° Il se dit aussi de tout effort. L'alarme vient trop
tard, en vain on s'évertue, T'BISTAN, Panth. n, 3.
Il laisse la tortue, Elle part, elle s'évertue, LA FONT.
Fàbl. vi, iù. Lorsqu'à la bien chercher d'abord on
s'évertue [la rime], BOIL. Art p. 1. Honteux d'un
trop long silence, je m'évertuais pour relever l'en-
tretien, J. J. BOOSS. Confess. ix.. Notre siècle,
penseur brutal, Contre Delille s'évertue, BÉRANG.
Couplet. || Absolument. Se remuer, donner signe
d'activité. Allons, qu'on s'évertue, RAC. Plaid, m, 3.
— REM. Régnier a dit s'évertuer de: En vain de
le cacher.mon respect s'évertue, Élég. v: Cette con-
struction, qui est un archaïsme, n'a rien qui soit
contraire à la grammaire.
— HtST. XIe s. pi] Met sei sur piet, quanqu'il pot,
s'esvertue, Ch. de Roi. CLXVII. || xin* s. Pour l'a-
mor la pucelé [il] s'esvertue et esforce; Les escus
froisse et fent com s'il fussent d'escorce, AUDEFR.
LE BAST. Romancero, p. t9. Adonc d'amis me re-
sovint; Esvertuer lors me convint, la Rose, 7270*
Amors li entre ou cuer, et li sans li remue; De de-
sirrier fremist et d'espoir s'esvertue, RUTEB. I, 4-32.
Dans.Pierres li ermites â la barbe canue Del ferir
sor les Turcs durement s'esvertue, Ch. d'Ant. vm,
i 136. || xvi" s. Eux qui sont soubmis à la royauté,
doyvent esvertuer toutes leurs forces pour faire ser-
vice à leur souverain, AMYOT, Épft.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et vertu; provenç.
esvertudar.
| EVHÉMÉRISME (e-vé-mé-ri-sm'), s. m. Terme
de philosophie. Système suivant lequel les dieux du
paganisme étaient regardés non comme des person-
nages divins, mais comme des personnages hu-
mains divinises par la reconnaissance ou la folie des
hommes.
— ÊTYM. Evkémère, philosophe grec, auteur de
ce système.
f EVHÉMÉRISTE (e-vé-mé-ri-sf), s. m. Partisan
de l'evhémérisme.
ÉVICTION (é-vi-ksion), s. f. Terme de juris-
prudence. Dépossession que l'on subit, en vertu
d'une sentence ou d'un droit exercé de quelque
autre façon, d'une chose qu'on avait acquise de bonne
foi. Subir, l'éviction. Garantir de l'éviction. Le ven-
deur est garant de l'éviction que l'acheteur peut
souffrir. || Avant le code de procédure, on donnait le
nom d'éviction à la sentence même qui ordonne le
délaissement de l'objet. v
— HIST. xm' s. Et ferons quant que loiaul van-
deor puent [peuvent] faire ne doivent an toute cause
d'evicion, Bibl. des chartes, i' série, t. n, p. 466.
|| xvr> s. En chose vendue par décret [autorité de
justice] éviction n'a point de lieu [la vente judiciaire
purgeant les hypothèques], LOYSEL, m.
— ÉTYM. Lat. evictionem, de evictum, supin de
evincere, évincer (voy. ÉVINCER).
t ÉVIDAGE (é-vi-da-j'), s. m. Action d'évider.
ÉVIDÉ, ÉE (é-vi-dé, dée), part, passé. Creusé
en cannelure. || Échancré. Une table évidée, un
bassin très-plat, j. j. ROUSS. Ém. m. || Toile évidée,
toile qui est percée ou découpée à jour. || Drap
évidé, drap qui, après avoir été foulé à sec, s'est
échauffe dans la pile, ce qui le rend lâche et de
mauvaise qualité. || Terme de marine. Se dit des
fonds de la carène lorsqu'ils ont peu de renflement.
|| On dit d'un escalier à rampe courbe qu'il est
évidé par le milieu. Un escalier à rampes en lignes
droites brisées peut aussi être dit évidé, si le milieu
de la cage est vide et non rempli par un poteau oji
massif qui soutienne les marches comme dans les
escaliers à vis.
fÉVIDEMENT (ê-vi-de-man), s. m. Etat de ce
qui est évidé. || Terme de maçonnerie. Refonillement
fait dans une pierre. || Taille faite sur le marbre, le
bois. || Terme de chirurgie. Opération qui, dans cer-
taines maladies d'un os, consiste à en enlever la
partie intérieure, en respectant le périoste; ce qui
permet la régénération de l'os.
ÉVIDEMMENT (é-vi-da-man), adv. || i° D'une
manière évidente. De cela même que je pensais
à douter de la vérité des autres choses, il suivait
très-évidemment et très-certainement que j'étais,
DESC. Héth. rv. 2. Les uns veulent toujours croire
aveuglément, les autres veulent toujours voir évi-
demment, MALEBR. Rech. Vf., 3. ,|| 2°.Il est certain
que.... Évidemment il a prouvé ce qu'il voulait dé-
montrer. J| Dans cette acception, évidemment se met
au commencement de la phrase. || S'emploie quel-
quefois dans les réponses pour certainement.
— HIST. xin* s. Je le connois evidanment, Lai
ÉYI
d'amours, JUBINAL, t. n, p. <90. || xv" s. Et tous-
jours se plaignoit-on du gouvernement qui estoit.
très mauvais, et le voioit on évidemment, mais au-
cune provision ne s'y mectoit, JUVEN. DES URS.
Charles TI, ii}>6. || xvi» s. Hannibal s'en alla mon-
ter sur une petite butte, non gueres roide, de la-
quelle il pouvoit descouvrir évidemment tout le
camp des Romains, AMYOT, Fàb. st.
— ÉTYM. Évident, et le suffixe ment; provenç.
evidenmen. ]
ÉVIDENCE (é-vi-dan-s'), s. f. Caractère de ce qui
est évident; notion si parfaite d'une vérité qu'elle
n'a pas besoin. d'autre preuve. L'évidence d'une
proposition. Il faut bien que l'évidence de Dieu ne
soit pas telle dans la nature, PASC. dans COUSIN.
Faisons paraître cette vérité dans son'évidence,
BOSS. Loi de Dieu, 3. Vous ne voyez pas dans une
moindre évidence comment.... ID. Hist. m, 7. Pour
que l'esprit puisse acquiescer à une idée, il faut
qu'il connaisse la convenance entre cette idée et son
objet par une perception vive et sensible qui n'ad-
mette rien de contraire à elle-même; et l'idée de
cette perception est le mode de penser que nous
nommons évidence, BOULAINVILLIERS, Réf. de Spi-
noza, p. 124. L'évidence appartient proprement aux
idées dont l'esprit aperçoit la liaison tout d'un coup,
O'ALEMB. Disc, prélim. encycl. t. i, p. 228, dans
POUGENS. Aucune preuve n'a la même force, aucune
idée la même '■ évidence, aucune image le même
charme pour tous les esprits, DIDEROT, Claude et
Néron, à M. Naigeon. || Évidence des sens ou sensi-
ble, celle qu'on 1 acquiert par les sens. || Évidence de
raison, celle qu'on obtient par le raisonnement. Les
deux exemples que j'ai apportés dans ce chapitre sont
plus que suffisants pour faire concevoir que l'évi-
dence de raison 1 consiste uniquement dans l'identité,
CONDILL. Art dé rais, i, t.1| Evidence de fait, celle
qu'on acquiert par le moyen de l'observation. || Évi-
dence de sentiment, ce qui paraît certain par le
sentiment seul j et sans qu'on puisse en rendre
compte. |i Se rendre à l'évidence, admettre forcément
ce qui est incontestable. || Se refuser à l'évidence,
s'obstiner à contester ce qui est incontestable. || Met-
tre en évidence, faire connaître clairement, mani-
festement. Nous sommes encor loin de mettre en
évidence Si nous nous conduirons avec plus de pru-
dence, coRN.Cinna, n, i. Je ne veux que mettre ici
en évidence tous les fondements de cette religion
chrétienne qui I sont indubitables , PASC. Juif, i.
|| Mettre en évidence, faire qu'un objet frappe les
yeux, soit remarqué. La lumière mettra en évi-
dence leurs mauvaises oeuvres, BOSS. Haine, 2.
|| Se mettre en évidence, se montrer avec l'inten-
tion de se faire [remarquer. || Se mettre en évidence,
être manifesté,!en parlant de choses. De quel front
oserais-je, après sa confidence, Souffrir que mon
amour se mit en évidence? CORN. Suite du Ment.
îv, 8. || Être dn évidence, être remarqué, attirer
l'attention générale. J'étais placé vis-à-vis d'eux, à
deux pas delà table, bien isolé et bien en évidence,
MARMONTEL, Jfe'tn. v. || Être en évidence, être ma-
nifesté, en parlant de choses. Eh bien, ta perfidie
est-elle en évidence? CORN, la PL roy. n, 2. Nier
des trahisons qui sont en évidence, X l'infidélité
c'est joindre l'impudence, TH. CORN. l'Am. à la m.
v, 9. || On dit de même venir en évidence. Toujours
le fond du sac ne vient en évidence, RÉGNIER, Sat. n.
— SYN. ÉVIDENCE , CERTITUDE. La certitude dé-
pend des motifs de crédibilité ; l'évidence dépend de
la clarté de Ja chose même. La certitude a d'ailleurs,
au"sens philosophique, une solidité que l'évidence
peut ne pas avoir : il était autrefois évident que le
soleil tournait jautour de la terre ; cette évidence
était fausse ; les peuples en croyaient avoir la certi-
tude , ils n'en avaient que la persuasion.
— HtST. xiv* k X greigneur [ plus grande ] évi-
dence du propos, H. DE MONDEVILLE, f° 97, verso.
|| xvi° s. X faulte d'éloquence ils ne les peuvent
mettre en évidence [leurs pensées], MONT, I, <88.
— ÉTYM. Pro'venç. evidencia, evidensa; espagn.
evidencia; ital.!eDtden,za; du lat. evidentia, de eot-
dens, évident, j
ÉVIDENT, ENTE (é-vi-dan, dan-t'), adj. Qui est
connu tout d'abord et sans peine. Vérité évidente.
Péril évident. Surprise tout à coup d'un funeste ac-
cident, D'un jugement du ciel effet trop évident,
ROTROU, Bélis. V, 7. Philémon reconnut ce miracle
évident, LA FONT. Phil. et Baucis. || Il est évident
que, il est clair et incontestable que. Il m'est évi-
dent que les sensations-de couleur ne sont, pour
mon âme, que différentes manières de se sentir :
ce ne sont que ses propres modifications, CONDILL.
Art de rais, i, 6.
ÉVt
1547
— REM. Quand une chose est évidente, elle ne
saurait être plus évidente; mais l'évidence en peut
Hrs saisie plus promptement et plus sensiblement,
:ONDIL. Lang. cale, n, il. Cependant Montesquieu
i dit: 11 nous est plus évident qu'une religion doit
idôucir les moeurs des hommes, qu'il ne l'est qu'une
•eligion soit vraie, MONTESQ. Esp. xxiv, 4. En cet
îinploi, évident reçoit fort bien la marque de la
;omparaison.
— HIST: xv* s. Rien ne m'est seur, que la chose
incertaine, Obscur, fors ce qui est tout évident;
Doubte ne fais, fors en chose certaine, CH. D'ORL.
Bal. 107. || xvi" s. Et à nostre évident dommage,
MONT. I, 99.
— ÉTYM. Provenç. évident; eviden; espagn. et
ital. évidente; du latin evidens, dee, ettndere, voir.
ÉVIDER (é-vi-dé), v. a. ||i° Creuser en canne-
lure. Evider une lame d'épée, un canon de pistolet.
|| 2° Echancrer. Évider le collet d'une robe. ^"Creu-
ser à l'intérieur, en parlant des flûtes, des clari-
nettes. Évider une flùle. || 4" Terme d'architecture.
Tailler à jour, sculpter les reliefs d'une façade, etc.
|| 5" Terme de jardinage. Evider un arbre, ôter du
centre d'un arbre les branches qui, n'étant pas frap-
pées de la lumière, s'étiolent. || 6" Faire à la lime
la petite rainure qu'on aperçoit des deux côtés du
trou de l'aiguille. || 7° Mettre la dernière main à
un ouvrage de chaudronnerie. || Découper une
platine de verrou; refendre et terminer le'panneton
d'une clef; faire une garniture de serrure sur lé
tour. || 8" Évider du linge, ôtèr l'empois qu'on a
mis dans le linge.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, etuide.
fÉVIDEUR (é-vi-deur), s. m. Ouvrier qui fait
la cannelure longitudinale des aiguilles et qui en
arrondit la tête.
ÉVIDOIR (é-vi-doir), s. m. Outil dont un facteur
d'instruments se sert pour évider les flûtes, les cla-
rinettes, etc. || Assemblage de pièces de bois avec
une échancrure, dans laquelle le charron assujettit
les pièces qu'il veut évider ou travailler.
— ÊTYM. Évider.
ÉVIER (ê-vié; l'r ne se lie jamais; au pluriel,
l's se lie : des é-vié-z engorgés), s. m. Large pierre
creusée en bassin, sur laquelle on lave la vaisselle,
et qui a un conduit pour l'écoulement des eaux de
la cuisine. || Canal de pierre qui sert d'égout dans
une pièce ou dans une allée.
— REM. C'est une faute populaire de dire levier
au lieu de évier, par coalescence de l'article, comme
dans ces autres fautes que l'usage a consacrées
lierre, loriot, lendemain.
— HIST. xine s. Né soit nus [nul] si hardis ke
il ait euwier qui ait sen esseut [issue] devant de-
vers le [la] rue.... TAILLIAR, Recueil, p. <63.
— ÉTYM. Wallon, aivî, puisoir; du latin aqua-
rium, de aqua, anc. franc, eve, aujourd'hui eau
(voy.- ce mot).
f ÉVILASSE (é-vi-Ia-s'), s. m. Terme de com-
merce. Sorte d'ébène de, Madagascar.
ÉVINCÉ, ÉE (é-vin-sé, sue), port, passé. Évincé
par une cabale du poste qu'il occupait.
ÉVINCER (é-vin-sé. Le c prend une cédille devant
a ou o : évinçant, nous évinçons), v. a. || i" Terme
de jurisprudence. Déposséder juridiquement quel-
qu'un. Ce jugement l'évincé du bien qu'il possédait.
Il 2° Par extension, enlever à quelqu'un par intrigue
une place, une affaire, etc. On est parvenu à l'é-
vincer. || 3° S'évincer, v. réfl. Se chasser l'un Fâutre.
Ils cherchent mutuellement à s'évincer.
— ÉTYM. Lat. evincere, vaincre, chasser, de e,
hors de, et vincere, vaincre.
f ÉVIRATION (é-vi-ra-sion), s. f. Terme didacti-
que. Castration; état d'eunuque. || Terme de méde-
cine. Perte, avant l'âge, des désirs et dès facultés
sexuelles chez l'homme.
— ÉTYM. L&t.evirationem, castration (voy. ÉVIRÊ).
| ÉVIRÉ (é-vi-ré), adj. m. Terme de blason. Se dit
d'un animal qui ne porte pas la marque de son sexe.
— ÉTYM. Lat. eviratus, châtré, de e, et vir, mâle,
f ÉVISCÉRATION (é-vi-ssé-ra-sion), s. f. Terme
de chirurgie. Synonyme d'éventration. *'
— ÉTYM. Lat. e, hors, et viscera, viscères.
ÉVITAHLE (é-vi-ta-bl'), adj. Qui peut'être évité.
Oui, par là seulement ma perte est évitable, COUN.
Pomp. iv, i. Si ce fut un piège que la fortune lui
dressa, l'on peut dire qu'il n'y en eut jamais de plus
subtil ni de moins évitable, BOOHOURS, Jlem. nouv.
— HIST. xvie s. Touta estrangeté et particularité
en nos moeurs et conditions est évitable [doit être
évitée], MONT. I, -184. Au mal qui n'est point evi-
able, C'est grand folie en avoir peur, LEROUX DE
UNCY, Prov. t. Il, p. 344.
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