tiNR
grant maistre enquesteur et gênerai réformateur des
eaux etfores'ls, J. DE TBOYES, Chr, 4 469. || xvr» s. Il
est juge enquesteur et tesmoin tout ensemble, DU
BARTAS, p. 318, dans BAYNODARD.
— ÉTYM. Enquêter; provenç. enquistaire.
t ENQUEUTER (an-kou-té), v. a. Terme de ma-
rine. Passer sans danger sur la queue d'un banc,
d'une pointe.
— ÉTYM. En 4, et queue.
f ENQUINAUDER (an-ki-nô-dé), V. a. Rendre,
quinaud, enjôler. Mais s'il n'eut ces mots sur la
langue, Il les eut dans le coeur, il me persuada, X
tort, à droit me demanda Du doux, du tendre et
semblables sornettes, Petits mots, jargons d'amou-,
rettes, Confits au miel; bref il m'enquinauda, LA
FONT. Poésies mêlées, XLVI. Elle avait été si fêtée
par tout le.pays, elle avait été si bonnête etsi po-
lie, que je fus enquinaudé, VOLT. Lett. d'Argental,
2 oct. 4 765.
— ÉTYM. En 4, et quinaud. On a dit que, dans le
passage cité plus haut de la Fontaine où il s'agit de
Lulli qui lui demande un opéra, enquinauder si-
gnifiait faire prendre à quelqu'un le style de Qui-
nault, le célèbre auteur, et que de là enquinauder
avait pris le sens de tromper. Mais il y a, bien avant
Quinault, l'expression faire quinaud, qui veut
dire tromper; cela tranche la question. Toutefois il
paraît bien que la Fontaine a joué en même temps
sur le nom de Quinault.
ENQU1S, ISE (an-ki, ki-z'),port. passé d'enqué-
rir. Terme de pratique. Auprès de qui on a fait en-
quête. Ce témoin enquis s'il avait vu. Cette femme
enquise de son' âge.
t ENRACINABLE (an-ra-si-na-bl'), adj. Qui peut
être enraciné.
— HIST. xvi" s. Le provigner s'emploie générale-
ment en toutes plantes enracinables de branche,
O. DE SERRES, 740.
— ÉTYM. Enraciner.
ENRACINÉ, ÊE (anja-si-nê, née), part, passé.
|| 1° Qui a pris racine. Un arbre enraciné sur ce
monticule. || Qui a beaucoup déracines, beaucoup de
chevelu, en parlant d'une plante. || 2' Fig. Cette
haine des rois Pour l'arracher des coeuis est trop en-
racinée, CORN. Cinna, H, 4. Il faut que l'orgueil
soit enraciné bien avant dans vos coeurs ! BOSS. m,
Simone. 4. Plus j'ai de raisons de partir de ce monde,
plus je m'y trouve enracinée, MAINTENON, Lett. au
duc de Noailles, 48 mars 4742. C'est parce que
je craignais prodigieusement que vous n'exerçassiez
sur votre humbleclientl'habitudeenracinée où vous
êtes de vous moquer de lui, VOLT. Lett. au duc de
Richelieu, 25 mai 4772. Les préjugés ridicules in-
troduits ou enracinés par les charlatans dans l'esprit
du peuple, CONDORCET, Baller.
t ENRACINEMENT (an-ra-si-ne-man), s. m.
|| 1° Action d'enraciner, de s'enraciner. || Fig. L'en-
racinement des vices. || 2° Terme de» construction
hydraulique. Espèce de culée.
— HIST. xvi' s. Cest enracinement de branche
[bouture] espargne la peine d'enter le grenadier,
0. DE SERRES, 696.
— ÉTYM. Enraciner.
ENRACINER (an-ra-si-né), v. a. || i° Faire pren-
dre racine à. Enraciner un arbre. La joubarbe, la
menthe et ces fleurs parasites Que la pluie enracine
aux parois décrépites,LAMART. JOC.YL, 222. || 2° Fig.
Fixer par des attaches morales comparées à des ra-
cines. Ces tendres -sentiments Que l'amour enracine
au coeur des vrais amants, CORN. Tois. d'or, m, 3.
L'inclination au bien sensible est née avec nous ;
nous l'avons enracinée jusque dans nos moelles,
si je puis parler de la sorte, par nos attachements
criminels et nos mauvaises habitudes, BOSS. 2e serm.
pour le jour de Pâques, 4. Le tribunal des commis-
saires est odieux à la nation; c'est un préjugé qu'on
a enraciné dans les esprits par les études, FËNEL.
jfém. sur la voie de procéd. contre les huit prélats,
tu. Je n'insulterai pas à ces préventions Que le
temps enracine au coeur des nations, VOLT. Irène,
v, 2. Partout où la monarchie est illimitée, il n'y a
point et il ne saurait y avoir de liberté; il y a tout
au plus des repos momentanés qui produisent une
sécurité funeste, enracinent l'obéissance passive et
lie garantissent en aucun sens le peuple et les indi-
vidus, MIRAB. Lett. de cachet, 1, 8. || 3° S'enraciner,
v. réfl. Prendre racine. Les plantes marines s'enra-
cinent sur les sables et sur les rochers. || Fig. Se fixer
par des attaches morales. On a vu s'enraciner cette
coutume bizarre. Fais que par là ma foi d'autant
mieux s'illumine; Que par là mon espoir d'autant
mieux s'enracine En ta haute bonté, CORN. lmit.
iv, 14. La tristesse, l'ennui, les regrets, le dêses-
BICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
ENB
poir sont des douleurs peu durables qui ne s'enra-
cinent jamais dans l'âme, et l'expérience dément
toujours le sentiment d'amertume qui nous fait re-
garder nos peines comme éternelles, J.J. ROUSS. Uél.
m, 22. y Avec suppression du pronom personnel.
Laisser enraciner les abus.
— REM. L'Académie donne ce verbe seulement
comme réfléchi; mais l'actif est appuyé sur de très-
bonnes autorités.
—HIST. xii' s. Gens si ahers [attachés] et si enraci-
nez ens terriens solas etens corporiiens, qu'il dépar-
tir ne s'en puyent [peuvent], ST-BERN.p. 522. || XIII° s.
Dame,tuit li bien sont changié, Et tuit li mal sont es-
saucié Et enraciné et repris, Lai du conseil. Pense
d'aillors enraciner Les entes où tu vues [veux] fruit
prendre, la Rose, 44 196. || xive Puis c'orgieux [or-
gueil] ou [au] cuer s'enracinne, J. DE CONDET, p. 407.
Le cep de vigne qui sera planté et de longtemps en-
raciné, Ménagier, n, 2. || xvr» s. Il n'y a que les eleus
ausquels il face ce bien d'enraciner la foy vive en
leur coeur, CALVIN, Instit. 427. Une haine qu'il avoit
enracinée en son coeur et une rancune envieillie à
l'encontre des Romains, AMYOT, Flamin. 44.
— ÉTYM. En 4, et racine; provenç. enrazigar,
enraigar.
ENRAGÉ, ÊE (an-ra-jé, jée), part, passé. || 1° Qui
est aflectéde la rage. Un chien enragé. || Fig.Un chien
enragé, un fortméchanthomme. || Populairement. 11
a mangé de la vache enragée, c'est-à-dire il a beau-
coup souffert de privations et de fatigues ; locution
prise peut-être de ce que, disant : c'est de la vache,
pour de la mauvaise viande, on aura dit de la vache
enragée, pour de la très-mauvaise viande. || 2° Fig.
Très-irrité Rustan est enragé de voir Que vous
nous commandez avec tant de pouvoir, MAIR. SO-
lim. m, 2. Il a été enragé qu'on ne l'ait pas fait
chef d'escadre, SÉV. 477. Le chevalier est bien en-
ragé de n'être point brigadier, ID. 256. Ils sont enra-
gés à force d'être devenus méchants, ID. 326. || Être
enragé contre quelqu'un, être très-animé contre lui.
Toutes les dames de la cour étaient enragées contre
elle, SÉV. 44 9. Il 3° Qui tient à une chose avec une
sorte de rage. Il faut être bien enragée pour aimer
la vie autant qu'on fait, SÉV. 440. || 4° Très-violent,
excessif, en parlant des personnes. Savez-vous sous
quel joug cet hymen nous a mis? De nos plus en-
ragés et mortels ennemis, ROTR. Ântig. n, 4. Ba-
vard enragé, laissez-nous, BEAUMARCHAIS, Mar. de
Figaro, 1, 3. || 11 se dit aussi des choses. Je suis du
tout en proie à ma peine enragée, RÉGNIER, Dial.
L'instinct enragé qui meut ses passions Ne mettra
plus de borne à vos prétentions, ROTR.Vencesl. m, 7.
Il fait une dépense enragée, SÉV. 689. Il a fait ici un
temps enragé depuis trois jours : les arbres pou-
vaient dans le parc, et les ardoises dans le jardin,
ID. Lett. 8 janvier 4676. Maudit sonneur, qui fait
un bruit enragé, LA BRUY. Thêophr. 25. || Une
musique enragée ou d'enragé, musique bruyante
et discordante; se dit aussi du tapage. || 5° Substan-
tivement. Un enragé, une enragée, une personne
atteinte de la rage. || Fig. Celui, celle qui se livre à
des actions violentes ou folles. Tandis qu'Achillas
même, épouvanté d'horreur, De ces quatre en-
ragés admire la fureur, CORN. Pomp. n, 2. Com-
ment! ces enragés Gisent-ils déjà morts l'un par
l'autre égorgés? ROTR. Antig. 1, 2. Sers-toi d'une
enragée et d'une furieuse, ID. Jlerc. mour. 11, 2.
Hé bien! ne voilà pas mon enragé de maître? MOL.
l'Ét. v, 7. Mon maître est un vrai enragé, d'aller
se présenter à un péril, qui ne le cherche pas, ID.
Don Juan, in, 3. L'enragé qu'il était, né roi d'une
province Qu'il pouvait gouverner en bon et sage
prince, S'en alla follement, et pensant être DieUj
Courir comme un bandit qui n'a ni feu ni lieu, BOIL.
Sat. vin. Votre monsieur le marquis aime la musique
et la danse comme un enragé, DANCOURT, Opéra
de village, se. 2. || Crier comme un enrage, jeter
les hauts cris. . * ■
ENRAGEANT, ANTE (an-ra-jan, jan-t'), adj.
Terme familier. Qui fait enrager. Cela est enra-
geant.
t ENRAGEMENT (an-râ-je-man), s. m. L'état de
celui qui enrage.
— HIST. xvie s. Enragement, ounra, Dict.
— ÉTYM. Enrager.
ENRAGER (an-ra-jé; Le g prend un e devant a
ou 0 : j'enrageai, nous enrageons), v. n. || 1° Être
pris de la rage. Ce chien a été mordii; il est à crain-
dre qu'il n'enrage. || 2° Par extension, souffrir une
douleur excessive. Il enrage du mal de dents. || Il
n'enrage pas de mentir, ou il n'enrage pas pour
mentir, c'est un grand "menteur, c'est-à-dire que,
mentir ne lui causant aucune souffrance, ils'aban-
ENR
U03
donne à toute sorte de mensonges. En mème'temp9
la renommée, Qui souvent est mal informée Et
n'enrage pas pour mentir, SCARRON , Virg. m.
Pour le portrait de Mezzelin, La Fontaine a fait un
sixain Où l'on voit cet acteur traité d'incomparable;
Si la Fontaine a cru la chose véritable, Je n'oserais le
garantir : Mais je sais bien qu'étant fort porté pour la
fable, Il n'enrage pas pour mentir, GACON.Épigramme.
Il 3° Être tourmenté d'un violent désir. Enrager de
soif, de faim. Il enrage de jouer, de parler: Tantala
enrage de manger; De mets friands sa table on cou-
vre, SCARRON, Virg. vi. || 4° Eprouver un violent dépit,
une grande impatience. Mille fâcheux cruels, qui
ne pensnt pas l'être, De nos faits avec moi, sans
beaucoup me connaître, Viennent se réjouir pour
me faire enrager, MOL. Amph. m, 4. On sait assez
que le destin Adresse là les gens' quand il veut ■
qu'on enrage, LA FONT. Fabl. vi, 48. Les valets en-
rageaient, l'époux était à bout, ID. ib. vu, 2.
Quand vous devriez en enrager, SÉV. 444. Quelle
sérénité! savez-vous, quand j'enrage, Que j'enrage
encor plus, si l'on n'enrage aussi? PIRON, Mêtrom.
1, 4. Ces lentes formalités de justice qui tant de fois
le firent enrager [le cardinal de Retz], comme lui-
même le raconte, p. L. COUR. 1, 4 73. || Il se construit
avec de et le verbe à l'infinitif. J'enrage de me taire
et d'entendre mentir, CORN. Ment. 1, 6. J'enrage
de trouver cette place usurpée, Et j'enrage de vor
ma prudence trompée, MOL. ÉC. des f. m, 6. J'en-
rage de voir de ces gens qui se traduisent en ridi-
cule malgré leur qualité, ID. Critique, 6. || Il se
construit aussi avec que et le verbe au subjonctif.
J'enrage que mon père et ma mère ne m'aient pas
fait bien étudier dans toutes les sciences, quand
j'étais jeune, MOL. Bourg, gent. n, 6. || Fig: Il ferait
enrager bête,et marchand, ou la bête et lemarchand,
se dit d'un homme qui tracasse sur tout, qu'on ne
saurait satisfaire sur rien. || Prendre patience en en-
rageant, c'est-à-dire malgré soi.
— REM. Enrager se construit avec l'auxiliaire
avoir, quand on veut marquer l'action : le chien
a enragé et s'est enfui; avec l'auxiliaire être, quand
on veut marquer l'état : le chien est enragé depuis
hier.
— HIST. xne s. Tel duel [deuil] en ot [il], par un
petit n'enrage, lionc. p. 84. En la curt l'arcevesque
vindrent li enragié-; Tut dreit devant la sale sunt
descendu à pié, Th. le mari. 4 38. LàTunt trait et
mené li ministre enragié: Asolez [absolvez],funt il,
cels qui sunt escumengié [excommuniés], Ecelsqui
sunt par vus suspendu elaciéfliés], ib. 4 48. || xin' s.
S'en venoit li lions comme beste enragié, Bette, 11.
Or vous dirons dou roi Ricart qui estoit en Cypre,'
et ot eu lettres d'Acre qui prise estoit, et en lu si
courrouciés qu'à poi qu'il n'ernigoil, Chr. de Hains,
p. 40. [La jalousie] .Qui tous jors d'aùtrui joie en-
rage, la Rose, 7442. Sa char soit or livrée as lous,
Et les os as chiens enragiés! ib. 9159. ||xve s. Là es-
toit le comte [de Flandre] qui les prioit etadmones-
toit de bien faire et de prendre la vengeance de ces
enragés de Gand, FROISS. II, 11,94. || xvi" s.Ibycusles
appelle Andromanes, c'est à dire enrageans [dési-
rant] d'avoir le masle, AMYOT, Lyc. et Num. comp. e.
Hz se jetterent hors de toute raison et de toute hu-
manité pour servir à la passion de leur furieuse haine
et enragé courroux, ID. Cicêr. 58. Les autres asseu-
royent que l'eau de la mer guerissoit les enragez,
si on les jette dedans; et de faictpn les mené main- •
tenant à la mer, comme le plus asseuré remède,
GUILL. BOUCHET, vu Serée.
— ÉTYM. En 4, etravenç. enrabiar, enraljar, enfapjar, enranjar. Il y
avait aussi la forme esrager.
f ENRAGERIE (an-ra-je-rie), s. f. Acte d'homme
enragé, furieux.
— HIST. xve s. Lors se leva Ja déesse de discorde,
qui estoit en la tour de mauconseil, et esveilla ire
la forcenée, eteonvoitise, et enragerie,et vengeance,
et prindrent armes de toutes manières, Journal de
Paris sous Charles VI et VII, p. 40, cans LACORNE.
Il xvie s. Il fit toutes les enrageries contré sa femme
dont il se peut aviser, Amours d'Henry IV, p. il,
dans LACURNE.
— ÉTYM. Enrager.
f ENRAIEMENT (an-rê-man), s. m. Action d'en-
rayer. L'enraiement était difficile. L'enraiement fut
long.
— ÉTYM. Enrayer 4.
f ENRASER (an-ra-zé), v. a. Synonyme d'arraser.
4.ENRAYÉ, ÉE (an-rè-ié, iée), part, passé d'en-
rayer 4. Retenu par un obstacle mis dans les rayons
de la roue ou par un sabot. Une voiture enrayée.
Il Fig. Une affaire enrayée.
— 177
grant maistre enquesteur et gênerai réformateur des
eaux etfores'ls, J. DE TBOYES, Chr, 4 469. || xvr» s. Il
est juge enquesteur et tesmoin tout ensemble, DU
BARTAS, p. 318, dans BAYNODARD.
— ÉTYM. Enquêter; provenç. enquistaire.
t ENQUEUTER (an-kou-té), v. a. Terme de ma-
rine. Passer sans danger sur la queue d'un banc,
d'une pointe.
— ÉTYM. En 4, et queue.
f ENQUINAUDER (an-ki-nô-dé), V. a. Rendre,
quinaud, enjôler. Mais s'il n'eut ces mots sur la
langue, Il les eut dans le coeur, il me persuada, X
tort, à droit me demanda Du doux, du tendre et
semblables sornettes, Petits mots, jargons d'amou-,
rettes, Confits au miel; bref il m'enquinauda, LA
FONT. Poésies mêlées, XLVI. Elle avait été si fêtée
par tout le.pays, elle avait été si bonnête etsi po-
lie, que je fus enquinaudé, VOLT. Lett. d'Argental,
2 oct. 4 765.
— ÉTYM. En 4, et quinaud. On a dit que, dans le
passage cité plus haut de la Fontaine où il s'agit de
Lulli qui lui demande un opéra, enquinauder si-
gnifiait faire prendre à quelqu'un le style de Qui-
nault, le célèbre auteur, et que de là enquinauder
avait pris le sens de tromper. Mais il y a, bien avant
Quinault, l'expression faire quinaud, qui veut
dire tromper; cela tranche la question. Toutefois il
paraît bien que la Fontaine a joué en même temps
sur le nom de Quinault.
ENQU1S, ISE (an-ki, ki-z'),port. passé d'enqué-
rir. Terme de pratique. Auprès de qui on a fait en-
quête. Ce témoin enquis s'il avait vu. Cette femme
enquise de son' âge.
t ENRACINABLE (an-ra-si-na-bl'), adj. Qui peut
être enraciné.
— HIST. xvi" s. Le provigner s'emploie générale-
ment en toutes plantes enracinables de branche,
O. DE SERRES, 740.
— ÉTYM. Enraciner.
ENRACINÉ, ÊE (anja-si-nê, née), part, passé.
|| 1° Qui a pris racine. Un arbre enraciné sur ce
monticule. || Qui a beaucoup déracines, beaucoup de
chevelu, en parlant d'une plante. || 2' Fig. Cette
haine des rois Pour l'arracher des coeuis est trop en-
racinée, CORN. Cinna, H, 4. Il faut que l'orgueil
soit enraciné bien avant dans vos coeurs ! BOSS. m,
Simone. 4. Plus j'ai de raisons de partir de ce monde,
plus je m'y trouve enracinée, MAINTENON, Lett. au
duc de Noailles, 48 mars 4742. C'est parce que
je craignais prodigieusement que vous n'exerçassiez
sur votre humbleclientl'habitudeenracinée où vous
êtes de vous moquer de lui, VOLT. Lett. au duc de
Richelieu, 25 mai 4772. Les préjugés ridicules in-
troduits ou enracinés par les charlatans dans l'esprit
du peuple, CONDORCET, Baller.
t ENRACINEMENT (an-ra-si-ne-man), s. m.
|| 1° Action d'enraciner, de s'enraciner. || Fig. L'en-
racinement des vices. || 2° Terme de» construction
hydraulique. Espèce de culée.
— HIST. xvi' s. Cest enracinement de branche
[bouture] espargne la peine d'enter le grenadier,
0. DE SERRES, 696.
— ÉTYM. Enraciner.
ENRACINER (an-ra-si-né), v. a. || i° Faire pren-
dre racine à. Enraciner un arbre. La joubarbe, la
menthe et ces fleurs parasites Que la pluie enracine
aux parois décrépites,LAMART. JOC.YL, 222. || 2° Fig.
Fixer par des attaches morales comparées à des ra-
cines. Ces tendres -sentiments Que l'amour enracine
au coeur des vrais amants, CORN. Tois. d'or, m, 3.
L'inclination au bien sensible est née avec nous ;
nous l'avons enracinée jusque dans nos moelles,
si je puis parler de la sorte, par nos attachements
criminels et nos mauvaises habitudes, BOSS. 2e serm.
pour le jour de Pâques, 4. Le tribunal des commis-
saires est odieux à la nation; c'est un préjugé qu'on
a enraciné dans les esprits par les études, FËNEL.
jfém. sur la voie de procéd. contre les huit prélats,
tu. Je n'insulterai pas à ces préventions Que le
temps enracine au coeur des nations, VOLT. Irène,
v, 2. Partout où la monarchie est illimitée, il n'y a
point et il ne saurait y avoir de liberté; il y a tout
au plus des repos momentanés qui produisent une
sécurité funeste, enracinent l'obéissance passive et
lie garantissent en aucun sens le peuple et les indi-
vidus, MIRAB. Lett. de cachet, 1, 8. || 3° S'enraciner,
v. réfl. Prendre racine. Les plantes marines s'enra-
cinent sur les sables et sur les rochers. || Fig. Se fixer
par des attaches morales. On a vu s'enraciner cette
coutume bizarre. Fais que par là ma foi d'autant
mieux s'illumine; Que par là mon espoir d'autant
mieux s'enracine En ta haute bonté, CORN. lmit.
iv, 14. La tristesse, l'ennui, les regrets, le dêses-
BICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
ENB
poir sont des douleurs peu durables qui ne s'enra-
cinent jamais dans l'âme, et l'expérience dément
toujours le sentiment d'amertume qui nous fait re-
garder nos peines comme éternelles, J.J. ROUSS. Uél.
m, 22. y Avec suppression du pronom personnel.
Laisser enraciner les abus.
— REM. L'Académie donne ce verbe seulement
comme réfléchi; mais l'actif est appuyé sur de très-
bonnes autorités.
—HIST. xii' s. Gens si ahers [attachés] et si enraci-
nez ens terriens solas etens corporiiens, qu'il dépar-
tir ne s'en puyent [peuvent], ST-BERN.p. 522. || XIII° s.
Dame,tuit li bien sont changié, Et tuit li mal sont es-
saucié Et enraciné et repris, Lai du conseil. Pense
d'aillors enraciner Les entes où tu vues [veux] fruit
prendre, la Rose, 44 196. || xive Puis c'orgieux [or-
gueil] ou [au] cuer s'enracinne, J. DE CONDET, p. 407.
Le cep de vigne qui sera planté et de longtemps en-
raciné, Ménagier, n, 2. || xvr» s. Il n'y a que les eleus
ausquels il face ce bien d'enraciner la foy vive en
leur coeur, CALVIN, Instit. 427. Une haine qu'il avoit
enracinée en son coeur et une rancune envieillie à
l'encontre des Romains, AMYOT, Flamin. 44.
— ÉTYM. En 4, et racine; provenç. enrazigar,
enraigar.
ENRAGÉ, ÊE (an-ra-jé, jée), part, passé. || 1° Qui
est aflectéde la rage. Un chien enragé. || Fig.Un chien
enragé, un fortméchanthomme. || Populairement. 11
a mangé de la vache enragée, c'est-à-dire il a beau-
coup souffert de privations et de fatigues ; locution
prise peut-être de ce que, disant : c'est de la vache,
pour de la mauvaise viande, on aura dit de la vache
enragée, pour de la très-mauvaise viande. || 2° Fig.
Très-irrité Rustan est enragé de voir Que vous
nous commandez avec tant de pouvoir, MAIR. SO-
lim. m, 2. Il a été enragé qu'on ne l'ait pas fait
chef d'escadre, SÉV. 477. Le chevalier est bien en-
ragé de n'être point brigadier, ID. 256. Ils sont enra-
gés à force d'être devenus méchants, ID. 326. || Être
enragé contre quelqu'un, être très-animé contre lui.
Toutes les dames de la cour étaient enragées contre
elle, SÉV. 44 9. Il 3° Qui tient à une chose avec une
sorte de rage. Il faut être bien enragée pour aimer
la vie autant qu'on fait, SÉV. 440. || 4° Très-violent,
excessif, en parlant des personnes. Savez-vous sous
quel joug cet hymen nous a mis? De nos plus en-
ragés et mortels ennemis, ROTR. Ântig. n, 4. Ba-
vard enragé, laissez-nous, BEAUMARCHAIS, Mar. de
Figaro, 1, 3. || 11 se dit aussi des choses. Je suis du
tout en proie à ma peine enragée, RÉGNIER, Dial.
L'instinct enragé qui meut ses passions Ne mettra
plus de borne à vos prétentions, ROTR.Vencesl. m, 7.
Il fait une dépense enragée, SÉV. 689. Il a fait ici un
temps enragé depuis trois jours : les arbres pou-
vaient dans le parc, et les ardoises dans le jardin,
ID. Lett. 8 janvier 4676. Maudit sonneur, qui fait
un bruit enragé, LA BRUY. Thêophr. 25. || Une
musique enragée ou d'enragé, musique bruyante
et discordante; se dit aussi du tapage. || 5° Substan-
tivement. Un enragé, une enragée, une personne
atteinte de la rage. || Fig. Celui, celle qui se livre à
des actions violentes ou folles. Tandis qu'Achillas
même, épouvanté d'horreur, De ces quatre en-
ragés admire la fureur, CORN. Pomp. n, 2. Com-
ment! ces enragés Gisent-ils déjà morts l'un par
l'autre égorgés? ROTR. Antig. 1, 2. Sers-toi d'une
enragée et d'une furieuse, ID. Jlerc. mour. 11, 2.
Hé bien! ne voilà pas mon enragé de maître? MOL.
l'Ét. v, 7. Mon maître est un vrai enragé, d'aller
se présenter à un péril, qui ne le cherche pas, ID.
Don Juan, in, 3. L'enragé qu'il était, né roi d'une
province Qu'il pouvait gouverner en bon et sage
prince, S'en alla follement, et pensant être DieUj
Courir comme un bandit qui n'a ni feu ni lieu, BOIL.
Sat. vin. Votre monsieur le marquis aime la musique
et la danse comme un enragé, DANCOURT, Opéra
de village, se. 2. || Crier comme un enrage, jeter
les hauts cris. . * ■
ENRAGEANT, ANTE (an-ra-jan, jan-t'), adj.
Terme familier. Qui fait enrager. Cela est enra-
geant.
t ENRAGEMENT (an-râ-je-man), s. m. L'état de
celui qui enrage.
— HIST. xvie s. Enragement, ounra, Dict.
— ÉTYM. Enrager.
ENRAGER (an-ra-jé; Le g prend un e devant a
ou 0 : j'enrageai, nous enrageons), v. n. || 1° Être
pris de la rage. Ce chien a été mordii; il est à crain-
dre qu'il n'enrage. || 2° Par extension, souffrir une
douleur excessive. Il enrage du mal de dents. || Il
n'enrage pas de mentir, ou il n'enrage pas pour
mentir, c'est un grand "menteur, c'est-à-dire que,
mentir ne lui causant aucune souffrance, ils'aban-
ENR
U03
donne à toute sorte de mensonges. En mème'temp9
la renommée, Qui souvent est mal informée Et
n'enrage pas pour mentir, SCARRON , Virg. m.
Pour le portrait de Mezzelin, La Fontaine a fait un
sixain Où l'on voit cet acteur traité d'incomparable;
Si la Fontaine a cru la chose véritable, Je n'oserais le
garantir : Mais je sais bien qu'étant fort porté pour la
fable, Il n'enrage pas pour mentir, GACON.Épigramme.
Il 3° Être tourmenté d'un violent désir. Enrager de
soif, de faim. Il enrage de jouer, de parler: Tantala
enrage de manger; De mets friands sa table on cou-
vre, SCARRON, Virg. vi. || 4° Eprouver un violent dépit,
une grande impatience. Mille fâcheux cruels, qui
ne pensnt pas l'être, De nos faits avec moi, sans
beaucoup me connaître, Viennent se réjouir pour
me faire enrager, MOL. Amph. m, 4. On sait assez
que le destin Adresse là les gens' quand il veut ■
qu'on enrage, LA FONT. Fabl. vi, 48. Les valets en-
rageaient, l'époux était à bout, ID. ib. vu, 2.
Quand vous devriez en enrager, SÉV. 444. Quelle
sérénité! savez-vous, quand j'enrage, Que j'enrage
encor plus, si l'on n'enrage aussi? PIRON, Mêtrom.
1, 4. Ces lentes formalités de justice qui tant de fois
le firent enrager [le cardinal de Retz], comme lui-
même le raconte, p. L. COUR. 1, 4 73. || Il se construit
avec de et le verbe à l'infinitif. J'enrage de me taire
et d'entendre mentir, CORN. Ment. 1, 6. J'enrage
de trouver cette place usurpée, Et j'enrage de vor
ma prudence trompée, MOL. ÉC. des f. m, 6. J'en-
rage de voir de ces gens qui se traduisent en ridi-
cule malgré leur qualité, ID. Critique, 6. || Il se
construit aussi avec que et le verbe au subjonctif.
J'enrage que mon père et ma mère ne m'aient pas
fait bien étudier dans toutes les sciences, quand
j'étais jeune, MOL. Bourg, gent. n, 6. || Fig: Il ferait
enrager bête,et marchand, ou la bête et lemarchand,
se dit d'un homme qui tracasse sur tout, qu'on ne
saurait satisfaire sur rien. || Prendre patience en en-
rageant, c'est-à-dire malgré soi.
— REM. Enrager se construit avec l'auxiliaire
avoir, quand on veut marquer l'action : le chien
a enragé et s'est enfui; avec l'auxiliaire être, quand
on veut marquer l'état : le chien est enragé depuis
hier.
— HIST. xne s. Tel duel [deuil] en ot [il], par un
petit n'enrage, lionc. p. 84. En la curt l'arcevesque
vindrent li enragié-; Tut dreit devant la sale sunt
descendu à pié, Th. le mari. 4 38. LàTunt trait et
mené li ministre enragié: Asolez [absolvez],funt il,
cels qui sunt escumengié [excommuniés], Ecelsqui
sunt par vus suspendu elaciéfliés], ib. 4 48. || xin' s.
S'en venoit li lions comme beste enragié, Bette, 11.
Or vous dirons dou roi Ricart qui estoit en Cypre,'
et ot eu lettres d'Acre qui prise estoit, et en lu si
courrouciés qu'à poi qu'il n'ernigoil, Chr. de Hains,
p. 40. [La jalousie] .Qui tous jors d'aùtrui joie en-
rage, la Rose, 7442. Sa char soit or livrée as lous,
Et les os as chiens enragiés! ib. 9159. ||xve s. Là es-
toit le comte [de Flandre] qui les prioit etadmones-
toit de bien faire et de prendre la vengeance de ces
enragés de Gand, FROISS. II, 11,94. || xvi" s.Ibycusles
appelle Andromanes, c'est à dire enrageans [dési-
rant] d'avoir le masle, AMYOT, Lyc. et Num. comp. e.
Hz se jetterent hors de toute raison et de toute hu-
manité pour servir à la passion de leur furieuse haine
et enragé courroux, ID. Cicêr. 58. Les autres asseu-
royent que l'eau de la mer guerissoit les enragez,
si on les jette dedans; et de faictpn les mené main- •
tenant à la mer, comme le plus asseuré remède,
GUILL. BOUCHET, vu Serée.
— ÉTYM. En 4, etra
avait aussi la forme esrager.
f ENRAGERIE (an-ra-je-rie), s. f. Acte d'homme
enragé, furieux.
— HIST. xve s. Lors se leva Ja déesse de discorde,
qui estoit en la tour de mauconseil, et esveilla ire
la forcenée, eteonvoitise, et enragerie,et vengeance,
et prindrent armes de toutes manières, Journal de
Paris sous Charles VI et VII, p. 40, cans LACORNE.
Il xvie s. Il fit toutes les enrageries contré sa femme
dont il se peut aviser, Amours d'Henry IV, p. il,
dans LACURNE.
— ÉTYM. Enrager.
f ENRAIEMENT (an-rê-man), s. m. Action d'en-
rayer. L'enraiement était difficile. L'enraiement fut
long.
— ÉTYM. Enrayer 4.
f ENRASER (an-ra-zé), v. a. Synonyme d'arraser.
4.ENRAYÉ, ÉE (an-rè-ié, iée), part, passé d'en-
rayer 4. Retenu par un obstacle mis dans les rayons
de la roue ou par un sabot. Une voiture enrayée.
Il Fig. Une affaire enrayée.
— 177
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