Titre : Dictionnaire de la langue française.... Tome 2 / par É. Littré,...
Auteur : Littré, Émile (1801-1881). Auteur du texte
Éditeur : L. Hachette (Paris)
Date d'édition : 1873-1874
Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30824717s
Notice d'oeuvre : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12250808s
Type : monographie imprimée monographie imprimée
Langue : français
Format : 4 vol. ; gr. in-4 4 vol. ; gr. in-4
Description : [Dictionnaire de la langue française (français)] [Dictionnaire de la langue française (français)]
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5406698m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-49511
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/12/2008
1404
ENL
tière, ST-SIM. 4U4, 4 57. Il Dans un sens analogue.
Obtenir par une sorte de violence. Où sont ceux qui
possèdent le grand art d'enlever la persuasion et de
remuer les coeurs de tout un peuple? FÊN. t. xxi,
p, 466. Oh! malheureux l'auteur.... Qui, rempli d'une
noble et constante fierté.... Veut par ses talents seuls
enlever les suffrages, GILB. Le 48» s. || Il se dit aussi
de l'action exercée sur une multitude, sur une
troupe pour la décider, l'entraîner. Ces paroles en-
levèrent la foule, qui courut aux barricades. Le co-
lonel enleva son régiment, qui hésitait à marcher
sur la batterie. || 14° Battre le fond d'un chaudron
avec le marteau rond. || Enlever une pièce de cui-
vre , en aplanir les bosses au marteau. || Terme de
serrurerie. Séparer d'une barre de fer le morceau
dont on veut faire quelque ouvrage. Enlever une
clef. || 15° S'enlever, v. réfl. Être levé eu haut.
Le ballon s'enleva dans les airs. Le cheval s'enle-
vait sur ses jambes de derrière. || Être détaché,
ôté. L'écorce de cet arbre commence à s'enlever.
|| Être efface. Les taches d'huile ne s'enlèvent pas
facilement. || Être acheté avec empressement. Cette
marchandise s'enlève rapidement. || Se dérober à
soi même. Quelques pages plus loin, vous retrou-
vez la vivacité impétueuse de Lovelace, son incor-
rigible folie, et cette gaité non plus du vice mais
du remords, qui cherche à s'étourdir, à se dis-
traire, à s'enlever à lui-même, YILLEMAIN, Litt. fr.
4 8" siècle, 2e part. 4™ leç.
— HIST. XIII" s. Et Artus prant l'espée; si Pan-
lieve autresinc legierement, que rien nule ne li
greva, Merlin, f° 74. || xiv s. Faire et forgier v
chaatons, ne virolles à bestelettes et à feuilles en-
levées, DE LABORDE, Émaux, p. 340. || xvi" s. Les
aureilles avoyent hault enlevées, grandes comme
aureilles d'asne,RAB.Pant.iY, 32. Archelausconjec-
turant par le poulcier que les chevaulx enlevoient,
ce que c'estoit.... AMYOT, Sylla, 42.
— ÉTYM. En 2, et lever; provenç. enlevar.
•f ENLEVEUR (an-le-veur), s. m. Celui qui enlève.
Tin enleveur de femmes. || Anciennement. Enleveurs
chaient à surprendre les troupes ennemies dans
leurs quartiers.
— ÉTYM. Enlever.
ENLEVURE an-le-vu-r'), s. f. ||.1° Ampoule qui
vient sur la peau. On dit plutôt aujourd'hui élevure.
|| 2° Partie d'acier que l'on a séparée de la masse à
laquelle elle tenait. || Retaille des peaux dont on fait
les gants. || 3° Terme de peinture. Elévation de la
couleur qui se détache de la toile. || Terme de sculp-
ture. Relief, saillie. || 4" Saillie faite par de gros fils
êcrus dans une broderie.
— HIST. xvie s. Les dartres sont aspérités du cuir,
comme petites enleveures avec grande démangeai-
son, qui jettent une matière séreuse, PARÉ, xxn,
4B. Incision [sorte de fracture du crâne] contient
sous soy : déperdition ou enleveure, en laquelle la
pièce est emportée, dont il y a perdition de sub-
stance, ID. VIII, 4.
— ÉTYM. Enlever.
T ENLIÀSSER (an-li-a-sé), v. a. Mettre en liasses.
J'ai chez moi cette gazette enliassée avec d'autres
pièces, BEAUMARCH. dans le Dict. de BESCHERELLE.
— ÉTYM. En 4, et {fasse.
ENLIÉ, ÉE (an-li-é, ée), part, passé.
ENL1ER (an-li-é), v. a. Terme de maçonnerie.
Joindre ensemble des pierres et des briques, dans la
construction d'un mur, en posant les unes sur leur
longueur et les autres sur leur largeur.
— HIST. xii* s. La paienie fut en tant plus enloïe
des vices que ele n'outla conissance de son faiteor,
Job, p. 444.
— ÉTYM.' En 1, et lier.
ENLIGNÉ,ÊE (an-li-gné, gnée), part, passé.
Mis en ligne. Poutres enlignées. || Terme d'impri-
merie. Ouvrage bien ou mal enligné, ouvrage dont
les lignes sont bien ou mal arrangées. || Terme de
reliure. Livre bien enligné, celui dont la reliure
est si bien faite qu'en l'ouvrant, les lignes des deux
pages se correspondent parfaitement.
fENLIGNEMENT (an-li-gne-man), s. m. Action
d'enligner ; état de ce qui est enligné.
ENLIGNER (an-li-gné), v. a. Terme de charpen-
tier. Mettre, avec la règle et le cordeau, les pièces
de bois sur une même ligne. || Donner à une pièce
de bois la même forme qu'à une autre. || Terme de
typographie. Disposer les lignes d'un livre. || Terme
de reliure. Il est encore d'une indispensable néces-
sité de bien plier et enligner les tableaux qui se
rencontrent dans certains livres, surtout quand
deux feuillets qui se suiventforment des tableaux....
le défaut_d'enlignement peut faire tomber le lecteur
ENL
dans des erreurs considérables, LESNÉ, la Reluire,
p. 449, 4820.
— ÉTYM. En 4, et ligne.
t ENLIOUBER (an-li-ou-bé), v. a. Ajouter une
pièce de bois taillée en coin dans le bout d'une au-
tre qui a été ouverte pour la recevoir. La seconde
pièce enlioube la première.
— ÉTYM. En i, et lioube.
fENLISSERONNER (an-li-se-ro-né), v. a. Tendre
les lisses sur les lisserons.
— ÉTYM. En 4, et lisseron.
t ENLIZEMENT (an-li-ze-man), s. m. Actiond'en-
lizer ou de s'enlizer.
t ENLIZER (an-li-zé), v. a. Enfoncer dans une
lize, dans un sable mouvant. Un cheval enlizé.
|| S'enlizer, v. réfl. S'enfoncer dans les sables mou-
vants. La voiture s'enliza.
— ÉTYM. En 4, et lige.
ENLUMINÉ, ÉE (an-lu-mi-né, née), part, passé.
Colorié. Caries enluminées. || Figure enluminée, fi-
gure rendue très-rouge par l'usage des liqueurs al-
cooliques ou par quelque passion. X votre physio-
nomie brillante et enluminée, il n'est pas mal aisé
de deviner que vous êtes M. Lucas, DANCOURT, ren-
dantes, se. 3. M. de Brissac avait infiniment d'es-
prit, avec une figure de plat apothicaire, grosset,
basset et fort enluminé, ST-SIM. 64, 66.
t ENLTJMINEMENT(an-lu-mi-ne-man), s. m. Ac-.
tion d'enluminer; état de ce qui est enluminé.
— HIST. xme s. Seurnous [que Dieu] la seueface
tort [tourne], qui est enluminemenz de tout le
monde, Psautier, f° 76.
— ÉTYM. Enluminer; provenç. enlumenament.
ENLUMINER (an-lu-mi-né),«. a. || i° Ajouter avec
le pinceau des couleurs vives sur une estampe qui
lui donnent de l'éclat par rapport au trait noir; ce
qui fait comparer ces couleurs à une lumière. Enlu-
miner une estampe. |) Absolument. Nous enlumi-
nerons , nous peindrons, nous barbouillerons, J. i.
ROUSS. Em. H. Ces couleurs, quelquefois enrichies de
feuilles d'or attachées par un mordant, prouvent
clairement qu'en Égyptel'art dépeindre nefut, pour
ainsi dire, que l'art d'enluminer, BARTHÊL. Anachar.
ch. 37. || 2° Enluminer une carte de géographie,
couvrir les diverses contrées de teintes plates de
couleurs différentes, ou au moins tracer avec le
pinceau et des couleurs variées et voyantes les limi-
tes des pays. || 3° Par extension, colorer. L'ardeur
de la fièvre lui avait enluminé le visage. Un rouge
vif enluminait son teint, YOLT.Apol. du luxe. || S'en-
luminer la trogne, enluminer sa trogne, boire avec
excès, parce que trop boire rend le nez rouge.
|| 4° Fig. Enluminer son style, y répandre des or-
nements qui ont plus d'éclat que de naturel. || 5° S'en-
luminer, v. réfl. Se mettre du rouge. Si c'est pour
les hommes qu'elles se fardent ou qu'elles s'enlumi-
nent, LA BRUY. m. || Devenir rouge. Sa trogue com-
mence à s'enluminer.
— HIST. xi" s. De tel barnage [vaillance] l'a Deus
enluminet, Ch. de Roi. xxxix. |[ XII" s. Toute la sale,
en fut enlumenée [de sa beauté], Ronc. p. 4 61. E
fud uvrez li chapitrais à lilies [lis] ki quatre aines levè-
rent e tute l'ovre enluminèrent, Bois, p. 263. Tu, bels
sires, es ma lumière, e mes ténèbres enlumineras,
ib. 208. || xme s. Et quant ele [la lune] a l'umbre
' [de l'éclipsé] passée, Si revient toute enluminée Des
rais que li soleil li monstre, la'Rose, 4806. La prée
[la prairie] D'erbe et de flors enluminée, ib. 4 0060.
Le [la] disisme vertu.... c'est celé qui enlumine
toutes les autres.... et ceste vertus si est apelée
loiatés, BEAUM. 27. Et la première letre dou comen-
cement estoit enluminée d'or, Ass. de Jér. i, 25.
Et ainsi comme l'escrivain qui a fait son livre, qui
l'enlumine d'or et d'azur, enlumina le dit roy son
royaume de belles abbaïes que il y fist, JOINV. 303.
|| xive s. Lieu cler et enluminé, H. DE MONDEVILLE,
f° 84, TOJ-SO. || xve s. Le verre est le pinceau duquel
on t'enlumine [le nez] ; Le vin est la couleur Dont
on t'a peint ainsi plus rouge qu'une guigne En bu-
vant du meilleur, BASSELIN, vi. Il xvie s. Laissez à
part vos vineuses tavernes, Museaux ardans, de
rouge enluminez, MAROT, II, 232. Ceux qui ont hé-
rité des heures du feu roy, ont monstre à leurs fa-
miliers tous ceux qui sont nommés en ce chapitre,
et enluminés en cordeliers, D'AUB. Conf.i, 7.
— ÉTYM. En 4, et le latin luminare, éclairer (voy.
LUMINEUX); provenç. enlumenar, enlhumenar.
ENLUMINEUR, EUSE (an-lu-mi-neur, neû-z'),
s. m. et f. Celui, celle qui enlumine. Enlumineur
d'images.
— HIST. XIIIe s. Ce sont les mestiers frans de la
ville de Paris, qui ne doivent point de guet au
I roy..., paintres, yiu» ; >rs, libraires, parcheminiers,
ENN
enlumineurs.... Liv. des met. 425.||xvr s. Si j'es-
tois grand enlumineur de mes actions, à l'adven-
ture rembarrerais je bien ces reproches, MONT.
I, 498.
— ÉTYM. Enluminer.
ENLUMINURE (an-lu-mi-nu-r'), s. f. || i" Action
d'enluminer; l'art de l'enlumineur; objet enluminé.
L'enluminure de cette estampe n'est pas Soignée.
Cela n'est pas peint, ce n'est qu'une enluminure.
|| Nom des peintures qui ornaient autrefois Jes ma-
nuscrits. || 2e Par extension, coloration rouge et
brillante, surtout celle du visage. Il n'est pas moins
connu par la confusion et les ténèbres de son esprit
que par l'éclat et l'enluminure de son visage, BALZ.
le Barbon. || 3° Fig. Faux éclat dans le style. Les
enluminures m'ont fait tort, PASC. Pensées et notes
pour les Prov. iv. Les beaux diseurs du nouveau
style, Qui, par de bizarres détours, Quittant le ton
de la nature, Répandent sur tous leurs discours
L'académique enluminure, GRESSET , Chartrtùse.
Nous admirons tous les jours stupidement, comme
le véritable coloris de la grande et sublime morale,
l'enluminure d'une petite métaphysique, aussi fausse
dans ses principes qu'illusoire dans ses conséquences,
SAINT-POIX, Ess. Paris, OEuvres, t. m, p. 384,
dans POUGENS. Cette enluminure du style qu'on
donne pour du coloris, MARMOIJTEL, Essai sur le
goût, (Muv. t. iv, p. 464, dans POUGENS. Son style
est le plus parfait modèle du mauvais goût; c'est
Pentortillage le plus fatigant, l'enluminure la plus
fade, LA HARPE, Corresp. t. m, p. 323, dans POU-
GENS, au mot entortillage.
— HIST. xive s. Et y mist et assist plusieurs cris-
taux, pièces d'enlumineure de plusieurs devises,
perles et autres pièces de pierreries, DE LABORDE,
Émaux, p. 340.
— ÉTYM. Enluminer.
fENNAÉTÉRIDE (è-nna-é-té-ri-d'), s. f. Terme
d'antiquité grecque. Espace de neuf ans. || Fête que
l'on célébrait tous les neuf ans.
— ÉTYM. 'Evvaeropîc, de èvvéa, neuf, et èVos,
année.
f ENNASSER (an-na-sé, an prononcé comme dans
antérieur), v. a. Terme de pèche. Mettre dans la
nasse. || Fig. Tromper.
— HIST. xvie s. Sans se laisser ennasser en infinis
et inexplicables discours que leurs hétéroclites et
irrésolues ou plus tost folles cervelles sont coustu-
mieres inventer, pour assubjectir la foy à la raison
naturelle, ST-JUL. Mesl. histor. p. 4 97, dans LA-
CURNE.
— ÉTYM. En i, et nasse.
f ENNÉA .... préfixe qui veut dire neuf et qui
vient du grec êwea (voy. NEUF, nom dénombre).
t ENNÉACANTHE (è-nné-a-kan-f), adj. Terme
d'histoire naturelle. Qui est.muni de neuf épines ou
aiguillons.
— ÉTYM. Ennéa...., et âxccvSa, épine.
t ENNÉADACTYLE (è-nné-a-da-kti-1'), adj.Terme
de zoologie. Qui a neuf doigts ou appendices digiti-
formes.
— ÉTYM. Ennéa...., et Sâft-niAoc, -3igt.
t ENNÉADE (è-nné-a-d'), s. f. Terme didactique.
Assemblage de neuf choses ou de neuf personnes.
|| Au plur. Les Ennéades, titre de la collection des
traités de Plotin.
— ÉTYM. 'Eweàç, neuvaine.
f ENNÉADÉCAÉTÉRIDE (è-nné-a-dé-ka-é-té-ri-
d'), s. f. Terme de chronologie. Cycle de dix-neuf
ans établi par Méton à Athènes, pour faire coïnci-
der les mouvements du soleil et de la lune, parce
que dix-neuf années solaires valent à très-peu près
235 lunaisons.
— ÉTYM. 'Evvéa, neuf, Séxa, dix, etëtoç, année,
t ENNÉAGONAL, ALE (è-nné-a-go-nal, na-1'),
adj. Terme de géométrie. Quia neuf angles. Champ
ennéagonal. Figure ennéagonale. || Il se dit aussi
d'un solide dont la base est un ennéagone. Pyra-
mide ennéagonale. Prismes ennéagonaux.
— ÉTYM. Voy. ENNÉAGONE.
ENNÉAGONE (è-nné-a-go-n'), s. m. Terme da
géométrie. Figure qui a neuf côtés. || Adj. Autrefois
on a dit ennéagone pour ennéagonal.
— ÉTYM. Ennéa...., et ywvCa, angle.
fENNÉAGYNE (è-nné-a-ji-n'), adj. Terme de bo-
tanique. Qui a neuf pistils.
— ÉTYM. Ennéa....,et yuv^,femelle, pistil.
f ENNÉAGYNIE (è-nné-a-ji-nie), s. f. Terme de
botanique. Ordre du système de Linné renfermanl
les plantes à neuf pistils.
— ÉTYM. Ennéagyne. -
t ENNÉAGYNIQUE (è-nné-a-ji-ni-k'), adj. Syno-
nyme d'ennéagyne.
ENL
tière, ST-SIM. 4U4, 4 57. Il Dans un sens analogue.
Obtenir par une sorte de violence. Où sont ceux qui
possèdent le grand art d'enlever la persuasion et de
remuer les coeurs de tout un peuple? FÊN. t. xxi,
p, 466. Oh! malheureux l'auteur.... Qui, rempli d'une
noble et constante fierté.... Veut par ses talents seuls
enlever les suffrages, GILB. Le 48» s. || Il se dit aussi
de l'action exercée sur une multitude, sur une
troupe pour la décider, l'entraîner. Ces paroles en-
levèrent la foule, qui courut aux barricades. Le co-
lonel enleva son régiment, qui hésitait à marcher
sur la batterie. || 14° Battre le fond d'un chaudron
avec le marteau rond. || Enlever une pièce de cui-
vre , en aplanir les bosses au marteau. || Terme de
serrurerie. Séparer d'une barre de fer le morceau
dont on veut faire quelque ouvrage. Enlever une
clef. || 15° S'enlever, v. réfl. Être levé eu haut.
Le ballon s'enleva dans les airs. Le cheval s'enle-
vait sur ses jambes de derrière. || Être détaché,
ôté. L'écorce de cet arbre commence à s'enlever.
|| Être efface. Les taches d'huile ne s'enlèvent pas
facilement. || Être acheté avec empressement. Cette
marchandise s'enlève rapidement. || Se dérober à
soi même. Quelques pages plus loin, vous retrou-
vez la vivacité impétueuse de Lovelace, son incor-
rigible folie, et cette gaité non plus du vice mais
du remords, qui cherche à s'étourdir, à se dis-
traire, à s'enlever à lui-même, YILLEMAIN, Litt. fr.
4 8" siècle, 2e part. 4™ leç.
— HIST. XIII" s. Et Artus prant l'espée; si Pan-
lieve autresinc legierement, que rien nule ne li
greva, Merlin, f° 74. || xiv s. Faire et forgier v
chaatons, ne virolles à bestelettes et à feuilles en-
levées, DE LABORDE, Émaux, p. 340. || xvi" s. Les
aureilles avoyent hault enlevées, grandes comme
aureilles d'asne,RAB.Pant.iY, 32. Archelausconjec-
turant par le poulcier que les chevaulx enlevoient,
ce que c'estoit.... AMYOT, Sylla, 42.
— ÉTYM. En 2, et lever; provenç. enlevar.
•f ENLEVEUR (an-le-veur), s. m. Celui qui enlève.
Tin enleveur de femmes. || Anciennement. Enleveurs
chaient à surprendre les troupes ennemies dans
leurs quartiers.
— ÉTYM. Enlever.
ENLEVURE an-le-vu-r'), s. f. ||.1° Ampoule qui
vient sur la peau. On dit plutôt aujourd'hui élevure.
|| 2° Partie d'acier que l'on a séparée de la masse à
laquelle elle tenait. || Retaille des peaux dont on fait
les gants. || 3° Terme de peinture. Elévation de la
couleur qui se détache de la toile. || Terme de sculp-
ture. Relief, saillie. || 4" Saillie faite par de gros fils
êcrus dans une broderie.
— HIST. xvie s. Les dartres sont aspérités du cuir,
comme petites enleveures avec grande démangeai-
son, qui jettent une matière séreuse, PARÉ, xxn,
4B. Incision [sorte de fracture du crâne] contient
sous soy : déperdition ou enleveure, en laquelle la
pièce est emportée, dont il y a perdition de sub-
stance, ID. VIII, 4.
— ÉTYM. Enlever.
T ENLIÀSSER (an-li-a-sé), v. a. Mettre en liasses.
J'ai chez moi cette gazette enliassée avec d'autres
pièces, BEAUMARCH. dans le Dict. de BESCHERELLE.
— ÉTYM. En 4, et {fasse.
ENLIÉ, ÉE (an-li-é, ée), part, passé.
ENL1ER (an-li-é), v. a. Terme de maçonnerie.
Joindre ensemble des pierres et des briques, dans la
construction d'un mur, en posant les unes sur leur
longueur et les autres sur leur largeur.
— HIST. xii* s. La paienie fut en tant plus enloïe
des vices que ele n'outla conissance de son faiteor,
Job, p. 444.
— ÉTYM.' En 1, et lier.
ENLIGNÉ,ÊE (an-li-gné, gnée), part, passé.
Mis en ligne. Poutres enlignées. || Terme d'impri-
merie. Ouvrage bien ou mal enligné, ouvrage dont
les lignes sont bien ou mal arrangées. || Terme de
reliure. Livre bien enligné, celui dont la reliure
est si bien faite qu'en l'ouvrant, les lignes des deux
pages se correspondent parfaitement.
fENLIGNEMENT (an-li-gne-man), s. m. Action
d'enligner ; état de ce qui est enligné.
ENLIGNER (an-li-gné), v. a. Terme de charpen-
tier. Mettre, avec la règle et le cordeau, les pièces
de bois sur une même ligne. || Donner à une pièce
de bois la même forme qu'à une autre. || Terme de
typographie. Disposer les lignes d'un livre. || Terme
de reliure. Il est encore d'une indispensable néces-
sité de bien plier et enligner les tableaux qui se
rencontrent dans certains livres, surtout quand
deux feuillets qui se suiventforment des tableaux....
le défaut_d'enlignement peut faire tomber le lecteur
ENL
dans des erreurs considérables, LESNÉ, la Reluire,
p. 449, 4820.
— ÉTYM. En 4, et ligne.
t ENLIOUBER (an-li-ou-bé), v. a. Ajouter une
pièce de bois taillée en coin dans le bout d'une au-
tre qui a été ouverte pour la recevoir. La seconde
pièce enlioube la première.
— ÉTYM. En i, et lioube.
fENLISSERONNER (an-li-se-ro-né), v. a. Tendre
les lisses sur les lisserons.
— ÉTYM. En 4, et lisseron.
t ENLIZEMENT (an-li-ze-man), s. m. Actiond'en-
lizer ou de s'enlizer.
t ENLIZER (an-li-zé), v. a. Enfoncer dans une
lize, dans un sable mouvant. Un cheval enlizé.
|| S'enlizer, v. réfl. S'enfoncer dans les sables mou-
vants. La voiture s'enliza.
— ÉTYM. En 4, et lige.
ENLUMINÉ, ÉE (an-lu-mi-né, née), part, passé.
Colorié. Caries enluminées. || Figure enluminée, fi-
gure rendue très-rouge par l'usage des liqueurs al-
cooliques ou par quelque passion. X votre physio-
nomie brillante et enluminée, il n'est pas mal aisé
de deviner que vous êtes M. Lucas, DANCOURT, ren-
dantes, se. 3. M. de Brissac avait infiniment d'es-
prit, avec une figure de plat apothicaire, grosset,
basset et fort enluminé, ST-SIM. 64, 66.
t ENLTJMINEMENT(an-lu-mi-ne-man), s. m. Ac-.
tion d'enluminer; état de ce qui est enluminé.
— HIST. xme s. Seurnous [que Dieu] la seueface
tort [tourne], qui est enluminemenz de tout le
monde, Psautier, f° 76.
— ÉTYM. Enluminer; provenç. enlumenament.
ENLUMINER (an-lu-mi-né),«. a. || i° Ajouter avec
le pinceau des couleurs vives sur une estampe qui
lui donnent de l'éclat par rapport au trait noir; ce
qui fait comparer ces couleurs à une lumière. Enlu-
miner une estampe. |) Absolument. Nous enlumi-
nerons , nous peindrons, nous barbouillerons, J. i.
ROUSS. Em. H. Ces couleurs, quelquefois enrichies de
feuilles d'or attachées par un mordant, prouvent
clairement qu'en Égyptel'art dépeindre nefut, pour
ainsi dire, que l'art d'enluminer, BARTHÊL. Anachar.
ch. 37. || 2° Enluminer une carte de géographie,
couvrir les diverses contrées de teintes plates de
couleurs différentes, ou au moins tracer avec le
pinceau et des couleurs variées et voyantes les limi-
tes des pays. || 3° Par extension, colorer. L'ardeur
de la fièvre lui avait enluminé le visage. Un rouge
vif enluminait son teint, YOLT.Apol. du luxe. || S'en-
luminer la trogne, enluminer sa trogne, boire avec
excès, parce que trop boire rend le nez rouge.
|| 4° Fig. Enluminer son style, y répandre des or-
nements qui ont plus d'éclat que de naturel. || 5° S'en-
luminer, v. réfl. Se mettre du rouge. Si c'est pour
les hommes qu'elles se fardent ou qu'elles s'enlumi-
nent, LA BRUY. m. || Devenir rouge. Sa trogue com-
mence à s'enluminer.
— HIST. xi" s. De tel barnage [vaillance] l'a Deus
enluminet, Ch. de Roi. xxxix. |[ XII" s. Toute la sale,
en fut enlumenée [de sa beauté], Ronc. p. 4 61. E
fud uvrez li chapitrais à lilies [lis] ki quatre aines levè-
rent e tute l'ovre enluminèrent, Bois, p. 263. Tu, bels
sires, es ma lumière, e mes ténèbres enlumineras,
ib. 208. || xme s. Et quant ele [la lune] a l'umbre
' [de l'éclipsé] passée, Si revient toute enluminée Des
rais que li soleil li monstre, la'Rose, 4806. La prée
[la prairie] D'erbe et de flors enluminée, ib. 4 0060.
Le [la] disisme vertu.... c'est celé qui enlumine
toutes les autres.... et ceste vertus si est apelée
loiatés, BEAUM. 27. Et la première letre dou comen-
cement estoit enluminée d'or, Ass. de Jér. i, 25.
Et ainsi comme l'escrivain qui a fait son livre, qui
l'enlumine d'or et d'azur, enlumina le dit roy son
royaume de belles abbaïes que il y fist, JOINV. 303.
|| xive s. Lieu cler et enluminé, H. DE MONDEVILLE,
f° 84, TOJ-SO. || xve s. Le verre est le pinceau duquel
on t'enlumine [le nez] ; Le vin est la couleur Dont
on t'a peint ainsi plus rouge qu'une guigne En bu-
vant du meilleur, BASSELIN, vi. Il xvie s. Laissez à
part vos vineuses tavernes, Museaux ardans, de
rouge enluminez, MAROT, II, 232. Ceux qui ont hé-
rité des heures du feu roy, ont monstre à leurs fa-
miliers tous ceux qui sont nommés en ce chapitre,
et enluminés en cordeliers, D'AUB. Conf.i, 7.
— ÉTYM. En 4, et le latin luminare, éclairer (voy.
LUMINEUX); provenç. enlumenar, enlhumenar.
ENLUMINEUR, EUSE (an-lu-mi-neur, neû-z'),
s. m. et f. Celui, celle qui enlumine. Enlumineur
d'images.
— HIST. XIIIe s. Ce sont les mestiers frans de la
ville de Paris, qui ne doivent point de guet au
I roy..., paintres, yiu» ; >rs, libraires, parcheminiers,
ENN
enlumineurs.... Liv. des met. 425.||xvr s. Si j'es-
tois grand enlumineur de mes actions, à l'adven-
ture rembarrerais je bien ces reproches, MONT.
I, 498.
— ÉTYM. Enluminer.
ENLUMINURE (an-lu-mi-nu-r'), s. f. || i" Action
d'enluminer; l'art de l'enlumineur; objet enluminé.
L'enluminure de cette estampe n'est pas Soignée.
Cela n'est pas peint, ce n'est qu'une enluminure.
|| Nom des peintures qui ornaient autrefois Jes ma-
nuscrits. || 2e Par extension, coloration rouge et
brillante, surtout celle du visage. Il n'est pas moins
connu par la confusion et les ténèbres de son esprit
que par l'éclat et l'enluminure de son visage, BALZ.
le Barbon. || 3° Fig. Faux éclat dans le style. Les
enluminures m'ont fait tort, PASC. Pensées et notes
pour les Prov. iv. Les beaux diseurs du nouveau
style, Qui, par de bizarres détours, Quittant le ton
de la nature, Répandent sur tous leurs discours
L'académique enluminure, GRESSET , Chartrtùse.
Nous admirons tous les jours stupidement, comme
le véritable coloris de la grande et sublime morale,
l'enluminure d'une petite métaphysique, aussi fausse
dans ses principes qu'illusoire dans ses conséquences,
SAINT-POIX, Ess. Paris, OEuvres, t. m, p. 384,
dans POUGENS. Cette enluminure du style qu'on
donne pour du coloris, MARMOIJTEL, Essai sur le
goût, (Muv. t. iv, p. 464, dans POUGENS. Son style
est le plus parfait modèle du mauvais goût; c'est
Pentortillage le plus fatigant, l'enluminure la plus
fade, LA HARPE, Corresp. t. m, p. 323, dans POU-
GENS, au mot entortillage.
— HIST. xive s. Et y mist et assist plusieurs cris-
taux, pièces d'enlumineure de plusieurs devises,
perles et autres pièces de pierreries, DE LABORDE,
Émaux, p. 340.
— ÉTYM. Enluminer.
fENNAÉTÉRIDE (è-nna-é-té-ri-d'), s. f. Terme
d'antiquité grecque. Espace de neuf ans. || Fête que
l'on célébrait tous les neuf ans.
— ÉTYM. 'Evvaeropîc, de èvvéa, neuf, et èVos,
année.
f ENNASSER (an-na-sé, an prononcé comme dans
antérieur), v. a. Terme de pèche. Mettre dans la
nasse. || Fig. Tromper.
— HIST. xvie s. Sans se laisser ennasser en infinis
et inexplicables discours que leurs hétéroclites et
irrésolues ou plus tost folles cervelles sont coustu-
mieres inventer, pour assubjectir la foy à la raison
naturelle, ST-JUL. Mesl. histor. p. 4 97, dans LA-
CURNE.
— ÉTYM. En i, et nasse.
f ENNÉA .... préfixe qui veut dire neuf et qui
vient du grec êwea (voy. NEUF, nom dénombre).
t ENNÉACANTHE (è-nné-a-kan-f), adj. Terme
d'histoire naturelle. Qui est.muni de neuf épines ou
aiguillons.
— ÉTYM. Ennéa...., et âxccvSa, épine.
t ENNÉADACTYLE (è-nné-a-da-kti-1'), adj.Terme
de zoologie. Qui a neuf doigts ou appendices digiti-
formes.
— ÉTYM. Ennéa...., et Sâft-niAoc, -3igt.
t ENNÉADE (è-nné-a-d'), s. f. Terme didactique.
Assemblage de neuf choses ou de neuf personnes.
|| Au plur. Les Ennéades, titre de la collection des
traités de Plotin.
— ÉTYM. 'Eweàç, neuvaine.
f ENNÉADÉCAÉTÉRIDE (è-nné-a-dé-ka-é-té-ri-
d'), s. f. Terme de chronologie. Cycle de dix-neuf
ans établi par Méton à Athènes, pour faire coïnci-
der les mouvements du soleil et de la lune, parce
que dix-neuf années solaires valent à très-peu près
235 lunaisons.
— ÉTYM. 'Evvéa, neuf, Séxa, dix, etëtoç, année,
t ENNÉAGONAL, ALE (è-nné-a-go-nal, na-1'),
adj. Terme de géométrie. Quia neuf angles. Champ
ennéagonal. Figure ennéagonale. || Il se dit aussi
d'un solide dont la base est un ennéagone. Pyra-
mide ennéagonale. Prismes ennéagonaux.
— ÉTYM. Voy. ENNÉAGONE.
ENNÉAGONE (è-nné-a-go-n'), s. m. Terme da
géométrie. Figure qui a neuf côtés. || Adj. Autrefois
on a dit ennéagone pour ennéagonal.
— ÉTYM. Ennéa...., et ywvCa, angle.
fENNÉAGYNE (è-nné-a-ji-n'), adj. Terme de bo-
tanique. Qui a neuf pistils.
— ÉTYM. Ennéa....,et yuv^,femelle, pistil.
f ENNÉAGYNIE (è-nné-a-ji-nie), s. f. Terme de
botanique. Ordre du système de Linné renfermanl
les plantes à neuf pistils.
— ÉTYM. Ennéagyne. -
t ENNÉAGYNIQUE (è-nné-a-ji-ni-k'), adj. Syno-
nyme d'ennéagyne.
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