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58o MÉMOIRES DU CARDINAL DE RETZ.
Nous allâmes au Palais1, MM. de Beaufort, de Bris-
sac, de Retz et moi, mais seuls et séparément. Mes-
sieurs les princes avoient assurément plus de mille gen-
tilshommes avec eux, et on peut dire que toute la cour
généralement y étoit. Comme j'étois en rochet et ca-
mail, je passai la grande salle le bonnet à la main, et
je trouvai peu de gens assez honnêtes pour me rendre
le salut, tant l'on étoit persuadé que j'étois perdu. La2
fermeté n'est pas commune en France mais une lâcheté
de cette espèce y est encore plus rare. Je vois encore,
tout d'une vue, plus de trente hommes de qualité, qui
se disoient et qui se disent de mes amis, qui m'en don-
nèrent cette marque. Comme j'entrai dans la Grande
Chambre devant que 3 M. de Beaufort y fût arrivé, et que
je surpris par conséquent la Compagnie, j'entendis un
petit bruit sourd pareil à ceux que vous avez entendus
quelquefois à des sermons, à la fin d'une période qui a
plu, et j'en augurai bien. Je dis, après avoir pris ma
place, ce que j'avois projeté la veille chez Longueil, que
Majesté. Mais comme il connoissoit la foiblesse de son esprit, il
n'en désespéra pas, au moyen de quelques domestiques qui le pos-
sédoient de longue main, dont les persuasions furent enfin plus
fortes que ce qu'il devoit à la Reine, etc. » Le Journal du Parle-
ment (p. 11) dit seulement que l'Archevêque, prié par la Reine de
venir au Palais, s'excusa, sous prétexte d'indisposition mais que le
vrai motif était son mécontentement de ce que, « sans sa permis-
sion on avoit fait administrer au Roi le sacrement de confirmation
par l'évêque de Meaux a. » De façon ou d'autre, il avait fini par
faire ce que voulait son neveu.
i. Le mercredi az décembre 1649.
2. Cette phrase et la suivante sont omises dans le ms H et dans
toutes les anciennes éditions.
3. Avant que, pour devant que, dans toutes les éditions anciennes,
sauf 1718 C, D, E.
a Le 8 décembre 1649. L'évêque de Meaux, Dominique Séguier, était
premier aumônier du Roi.
Nous allâmes au Palais1, MM. de Beaufort, de Bris-
sac, de Retz et moi, mais seuls et séparément. Mes-
sieurs les princes avoient assurément plus de mille gen-
tilshommes avec eux, et on peut dire que toute la cour
généralement y étoit. Comme j'étois en rochet et ca-
mail, je passai la grande salle le bonnet à la main, et
je trouvai peu de gens assez honnêtes pour me rendre
le salut, tant l'on étoit persuadé que j'étois perdu. La2
fermeté n'est pas commune en France mais une lâcheté
de cette espèce y est encore plus rare. Je vois encore,
tout d'une vue, plus de trente hommes de qualité, qui
se disoient et qui se disent de mes amis, qui m'en don-
nèrent cette marque. Comme j'entrai dans la Grande
Chambre devant que 3 M. de Beaufort y fût arrivé, et que
je surpris par conséquent la Compagnie, j'entendis un
petit bruit sourd pareil à ceux que vous avez entendus
quelquefois à des sermons, à la fin d'une période qui a
plu, et j'en augurai bien. Je dis, après avoir pris ma
place, ce que j'avois projeté la veille chez Longueil, que
Majesté. Mais comme il connoissoit la foiblesse de son esprit, il
n'en désespéra pas, au moyen de quelques domestiques qui le pos-
sédoient de longue main, dont les persuasions furent enfin plus
fortes que ce qu'il devoit à la Reine, etc. » Le Journal du Parle-
ment (p. 11) dit seulement que l'Archevêque, prié par la Reine de
venir au Palais, s'excusa, sous prétexte d'indisposition mais que le
vrai motif était son mécontentement de ce que, « sans sa permis-
sion on avoit fait administrer au Roi le sacrement de confirmation
par l'évêque de Meaux a. » De façon ou d'autre, il avait fini par
faire ce que voulait son neveu.
i. Le mercredi az décembre 1649.
2. Cette phrase et la suivante sont omises dans le ms H et dans
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3. Avant que, pour devant que, dans toutes les éditions anciennes,
sauf 1718 C, D, E.
a Le 8 décembre 1649. L'évêque de Meaux, Dominique Séguier, était
premier aumônier du Roi.
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