Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1905-12-12
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 décembre 1905 12 décembre 1905
Description : 1905/12/12 (Numéro 346). 1905/12/12 (Numéro 346).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
.&E FIGARO MARDS 12 DECEMBRE 1.905
à souhaits et se rappeler à notre gé-
jreux souvenir, avec une politesse
d'ailleurs parfaite.
Nous avons, certes, le devoir de leur
réserver un bienveillant accueil. Le fac-
teur joue dans notre vie quotidienne un
.rôle important. Nous l'attendons souvent
avec une impatiente émotion. S'il nous
apporte parfois la douleur, il nous ap-
porte aussi la joie. Nous serions des in-
grats si nous marchandions notre sym-
pathie à ces humbles messagers.
Révélons cependant– et nous sommes
les premiers à l'annoncer que ces
messieurs, cette année, préparent à leur
'tour au public de singulières étrennes.
Ils demandent à l'Etat un salaire mini-
mum de cinq francs par jour. Une dé-
marche va être tentée auprès "du gouver-
nement pour l'obtenir. Si le gouverne-
ment refuse, ce sera la grève pour la fin
du mois.
On voit que le néfaste exemple de la
Russie est contagieux. Mais, puisque les
facteurs et les employés des postes nour-
rissent de noirs desseins, dont la réali-
sation serait désastreuse pour le public,
.surtout à cette époque, peut-être le pu-
blic agirait-il prudemment en priant les
facteurs de repasser après le 1er janvier
pour toucher leurs étrennes. Si par ce
moyen on évitait- une grève, ce serait
tant mieux pour tout le monde 1
Q II: CI'
Les mules du Président.
Lors de son voyage en Espagne, M.
Loubet reçut en cadeau, du roi Al-
phonse XIII, quatre superbes mules
harnachées à.la mode espagnole.
L'autre jour, M. Loubet, voulant faire
honneur son royal invité, se servit de
cet original attelage à l'occasion de la
chasse de Rambouillet.
Une question vient de se poser à pro-
pos de ces mules qui, ayant passé les
Pyrénées, sont maintenant, comme tou-
tes les mules de France et de Navarre,
soumises aux lois de notre pays. Doi-
vent-elles être inscrites sur les contrôles
de réquisition de l'autorité militaire?
Oui, paraît-il. Et c'est, dès maintenant,
chose faite. D'ailleurs,l'inscription n'est,
quant à présent, que théorique, les atte-
gales de la Présidence échappant à toute
réquisition. Mais, à peine M. Loubet no
sera-t-il plus Président de la République,
les quatre mules perdront le bénéfice de
cette immunité; elles seront au service
éventuel de l'armée.
Hors Paris
De New-York
« La nouvelle que la Société Paris-
Automobile, qui possède en Amérique
une nombreuse clientèle ultra-riche, était
devenue l'agence parisienne des« Mer-
» cédés a été accueillie avec la plus
vive satisfaction. •
» Depuis trois semaine's les paquebots
emportent pour la France des foules de
chauffeurs se rendant au Salon de l'Au-
tomobile. Qui connaît la faveur que les
Américains accordent à la « Mercédès »,
qu'ils appellent la « Reine des automo-
» biles », peut se rendre compte du
nombre de visites que recevront les
stands de Paris-Automobile et du formi-
dable chiffre d'affaires qu'enregistreront
ses directeurs. »
v Nouvelles à la Main
Nous recevons.d' « un vieil abonné » le
quatrain que voici
Le geste du grand chef Brugère
Evoque ce plaisant dessin ̃
C'est .qu'on- vénère-le Saint-Père .̃»:.
Et qu'on brocarde le Pe.r.cinl 1
̃: .ii' ̃t>QO" »
On dit que M. Buisson va publier
une étude sur le rôle des instituteurs et
l'enseignement moderne.
Sous quel titre?
Sans doute l'Ecole Buissonnière.
Le Masque de Fer.
-y ">)~>i
LE PRINCE NAPOLEON
ET LE
CONCORDAT
i Le prince Napoléon, qui est actuellement
*Ten Angleterre, a adressé ù M. Arthur Legrand,
député de la Manche, la let.tre que nous re-
produisons
Mon cher monsieur Arthur Legrand,
Le Concordat vient d'être abrogé 1
Cette convention, passée le 15 juillet
1801 entre le gouvernement de la Répu-
blique française et le Saint-Siège, avait.
assuré pendant plus d'un'siècle la paix
religieuse.
Elle avait inébranlablement assis l'in-
dépendance du pouvoir civil, tandis
qu'elle garantissait à l'Eglise catholique
une liberté dont bénéficièrent également
les autres cultes.
Avec tous mes amis vous avez pro-
testé par vos votes contre cette mesure;
je vous en félicite.
De toutes les œuvres législatives que
Napoléon Ier a.léguées à la France, et sur
lesquelles vit encore notre pays, l'une
des plus heureusement conçues, l'une
des plus politiques était certainement le
Concordat.
La France sortait à peine de la guerre
religieuse. Aux proscriptions avaient
succédé les persécutions plus ou moins
déguisées.Sous le couvert d'une feinte li-
berté, bien des entraves étaient apportées
à l'exercice des cultes.
Le premier consul n'entendait pas se
contenter d'assurer l'ordre matériel. Il
s'était imposé une tâche plus haute il
voulait rétablir la paix dans les esprits.
Il repoussait l'idée de. laisser l'Eglise
s'organiser d'elle-même en dehors ou
plutôt en face de l'Etat. IL sentait qu'une
Église dégagée de tout lien avec le pou-
voir civil, relevant uniquement d'un chef
résidant à 1'étra.ng.er, devenait naturelle-
ment un facteur considérable} dans l'or-
dre politique. 11 prévoyait que les. divers
partis se disputeraient son appui, cher-
chant à utiliser à leur profit sa hiérarchie
et sa discipline.- Çïeût été en somme con-
tinuer sous une autre forme la guerre
deplorablequi.se poursuivait depuis dix
années.
Loin de chercher à creuser un fossé
entre la société civile et la société reli-
gieuse, Napoléon voulait au contraire
que, sans se confondre, elles arrivassent
à se mêler, à se. pénétrer l'une l'autre et
que, grâce aux rapports nés d'un contact
journalier, les préjugés qui souvent les
séparent vinssent à se dissiper. fondent,
11 savait que si elles se confondent,
c'est le plus redoutable des despotismes
que si elles se combattent, c'est, la plus
dangereuse des anarchies. Le trouble
dans les consciences éntraine toujours
le trouble et le désordre dans l'Etat.
Le premier consul tint à attribuer au
gouvernement la nomination des évo-
ques, tout en laissant à la Cour de Rome
le droit de récuser ses choix, mais pour
des motifs exclusivement canoniques. Il
voulut également que la nomination des
cures de canton fût soumise à l'agré-
ment de l'autorité civile. Par cette inter-
vention des deux pouvoirs, il assurait à
chacun d'eux les garanties qu'il est en
droit d'exiger à l'Eglise, des prêtres
d'une indiscutable orthodoxie; à l'Etat,
des ministres du culte que leur origine
ne lui permettait pas de suspecter.
En dépit de conflits passagers, le
Concordat, œuvre de bon sens et de
génie, comme le disait naguère un érni-
nent prélat, maintint pendant plus de
cent, ans la paix religieuse.. Ses disposi-
tions si sages, loyalement 'appliquées,
suffisaient pour donner satisfaction aux
intérêts de l'Eglise comme aux.droits de
l'Etat.
Aujourd'hui, des législateurs impré-
voyants, obéissant à des théories systé-
matiques 'et à des idées préconçues, ont
abrogé le Concordat.
La France et l'Eglise ne tarderont pas
à le regretter. "•
Le Concordat était par-dessus tout une
œuvre de paix et de conciliation.' Napo-
léon Ior comme Napoléon'III n'ont jamais
été guidés que par une même pensée:
rétablir l'union entre tous les Français.
Je m'inspirerai toujours des traditions
de ma famille.
Je demeure fermement convaincu que
les luttes et les violences de parti com-
promettent le bien-être et la sécurité du
pays, et que seules la concorde et l'union
font les peuples heureux, prospères et
respectés.
Croyez-moi, mon cher monsieur Arthur
Legrand,
Votre affectionné
'NAPOLÉON.
Londres, 8 décenibrè 1905:
DEMAIN J'
Par fil spécial
Dessins d'Albert GUILLAUME
Lo~p~So la ~.ETe
SALONS
Le ministre de la marine et Mme Gaston
Thomson ont donné hier un1 dîner, aux mem-
bres des Commissions -de classement réunies
à Paris pour établir les tableaux d'avance-
ment et de concours- pour là Légion d'hon-'
neur.
Mme Tiiomssn avait à. sa droite le vice-
amiral de Maigret et à sa gauche le vice-
amiral Fournier; le ministre de la marine
avait à sa droite M. Auffret, inspecteur géné-
ral des services de santé, et à sa gauche M.
Grasset, contrôlem-général.
Les autres convives étaient '̃-̃̃.
Les vice-amiraux CaiHard, Bayle, Gourdoh,
Mallarmé; MMv Renaud directeur du ser-
vice central des travaux hydrauliques.; ;Hou-
vier, directeur du service de santé; Bargùillet,
mécanicien inspecteur général Neveu, commis-
saire général; Lorahohet Ue Mônfjamont, TréfeU,
Dupré, Houohon-Mazerat Xihopital. les contre-
amiraux Besnard, Massé, Aubort. Richard d'Ab-
nour, Philberfde La lonchère, Thomas Thierry;-
MM. Dudebour, Llrommo, Pollard, Robion de
Pont, le général Gossot, lQ capitaine de vaisseau.
Huguct, otc,
v- S. A. le prince Ibrahim Hilfny,, oncle du,
Khédive, adonné hi,er un élégant dîner chez
"Ritz. Ses convives étaient
Baron et baronne Henri de Rothschild, M.. et
Mnie Sabbat-boy, marquise "del. Merito, Mme
Bustis, comte -de Jataetél. '̃̃ ̃
Soirée musicale intime dimanche dernier
chez Mme la princesse Edmond do Polignac.
Le programme se composait exclusivement
d'oeuvres de J. -S. Bach, admirablement jouées
par Mlle Blanche Selva, professeur à la Schola
Cantorum. La distinguée pianiste a -interprété
avec la maitresse de la maison, dont on connaît
le beau talent, et M., Marcel Labey, l'admira-
ble Concerto en ré mineur pour trois pianos.
Dimanche prochain, on entendra chez la
princesse Edmond de Polignac des œuvres
nouvelles, de MM. Claude Debussy et Maurice
Ravel..
MMM
RENSEIGNEMENTS MONDAINS ̃ />
M. de Queiroz Ribeiro, député au Parle-
ment portugais et rédacteur au Dia de Lis-
bonne, qui faisait partie du groupe de journa-
listes portugais venus en France l'occasion
du voyage de S. M. le roi dom Carlos, offrait
hier, à l'hôtel Continental, un déjeuner d'adieu
à quelques-uns de ses amis de la presse pari-
sienne. Quinze couverts table délicieusement
fleurie et menu très soigné; excellent orchestre.
Au dessert, en un discours charmant, M. de
Queiroz Ribeiro a dit sa sympathie très vivo
pour notre pays et son regret de quitter dans
quelques jours la capitale. Il a porté un toast
très applaudi au Président de la République,
à la légation portugaise reprèsentée par le
très sympathique conseiller M. Bartholomeu
Ferreira, à ses confrères de. la presse fran-
çaise. Des toasts ont été portés à l'aimable
amphitryon par quelques-uns des convives.,
La vente annuelle en faveur de l'œuvre
nouvelle des Crèches parisiennes du seizième
arrondissement, dont Mme F. Périer est la
dévouée présidente", et du dispensaire du
Point-du-jour, œuvre également fondée par
Mme F. Périer, aura lieu les jeudi 14 et ven-
dredi 15 courant, de deux heures à sept heures,
9, avenue Hoche.
On a de meilleures nouvelles sur l'état
de santé de M. Gérard, qui fut victime d'un
accident d'automobile..
̃ Le prince Michel Murât, fils du prince
Louis Murât, s'est engagé au 90 dragons.
La baronne Maurice Faverot de Ker-
brech, qui est en ce moment à l'estancia la
Paulina (province de Buenos-Aires, dans la
République argentine), a mis au monde un
fils qui se porte à souhait, ainsi que sa jeune
mère.
Contrairement à ce qui avait été annoncé
par l'Agence Havas, l'ancien président de la
république de l'Equateur n'est pas mort.
1 ̃<̃
MARiAGES
Hier a été célébré, à la mairie du neu-
vième arrondissement, le mariage de M. Pi erre
Wolff, l'auteur dramatique bien connu, avec
Mme Marchand.
DEUIL
Mme Buffet, née Target, veuve du re-
gretté sénateur, ancien président de l'Assem-
blée nationale, ancien ministre des finances,
ancien membre de l'Institut, est décédée hier
à Paris. Elle était la mère de MM. André, Jean
et Paul Buffet..
La cérémonie religieuse et l'inhumation au-
ront lieu à Mirecourt (Vosges).
Les obsèques de M. Zadoc Kahn, grand
rabbin de France, ont eu lieu hier au temple de
la rue de la Victoire où se pressait une foule
considérable. On sait que les services funè-
bres pour les israéiites ont lied à.la maison
mortuaire et que, pour les rabbins seuls, ils
sont célébrés à la synagogue.
Le temple de la rue de la Victoire était tout
tendu de draperies noires lamées d'argent.
M. Weill, rabbin du Consistoire de Paris,
représentant M. Dreyfus, grand rabbin de
Paris, qui garde le 'lit, avait auprès de lui le
grand rabbin de Portugal, MM. Raphaël et
Haguenau, rabbins des Tournelles et de Naza-
reth les grands rabbins français, les profes-
seurs des séminaires israélites, etc.
Le deuil était conduit par les deux fils du
défunt et ses gendres MM. Israël Lêvi, H.
Bruhl et Weill..
Reconnu parmi les assistants
Le colonel Lamv, représentant le Président de
la République; Thomson, ministre de la marine;
les préfets de la Soine et de police; J. Arnavon.
sous-chef du secrétariat du président du Conseil,
représentant M. Maurice Rouvicr Autrand, se-
crétaire général de la préfecture de la Seine
colonel Arnold Lévy, des sapeurs -pompiers1;
Osiris, Maurice Lévy. de l'Institut; M. et Aime
Dieulafoy, baronne Léonino, baronnes Gustave et
Henri de Rothschild, baron de GUnzburjr, Henry
Deutsch (de la Mourthe), ̃Noymarck-, F. Halphen,
Albert Cahen, Lazard, Bérnhoim.Michôl Ephrussi,
Paul Ollendorff, docteur Nachtol. docteur Levy-
lior, Weiswûiller, Kœnig-swartor, d'Erlanger, eto.
Après. un psaume merveilleusement chanté
de. sa belle et touchante voix par M. A. Béer,
accompagné par l'orgue et. les chœurs, deux
discours ont été prononcés, l'un par M. Aaron,
grand rabbin de Bordeaux, et l'autre par M.
Weill. ̃•-
̃ Après un autre psaume chanté- par M. A.
Beer, le corps a été place sur un corbillard de
troisième classe, sans fleurs ni. couronnes.
Les honneurs militaires n'ont pas été ren-
dus,
Le cortège comprenait les délégations des
sociétés de bienfaisance et d'assistance so-
ciale, des internes des hôpitaux et des élèves
de diverses écoles, de l'école Halphen, de
l'orphelinat Rothschild, du refuge de Neuilly,
de l'école Bischoffsheim, de l'Alliance israé-
lite.
Au cimetière Montparnasse, avant l'inhu-
mation, des discours ont été prononcés par
MM. Rodriguez Ely, président du Consistoire
de Paris le baron Gustave de Rothschild,
président du Consistoire central Salomon
Reinach, au nom de l'Alliance israélite, le
grand rabbin Lehniann, directeur du sémi-
naire israélite, et Théodore Reinach, au nom
de la Société des études israéiites.
Les obsèques ont eu lieu dans l'ordre le
plus parfait sous la direction de M. Schnee-f.
berg..
Nous apprenons la mort De M. Le
Lorrain, ancien président de la Chambre de
commerce française des Pays-Bas, conseiller
du commerce extérieur, chevalier de la Légion
d'honneur, décédé à Paris, 15, boulevard
Saint-Germain, à l'âge de soixante fit u.n ans.
Ses obsèques seront célébrées aujourd'hui à
midi, à Saint-Nicolas du Chardonnet. L'înhû-
mation aura lieu au cimetière, de Gentilly
(Seine) De "%&m&Lion Duprét veuve du
docteur regretté, décédée à Paris après une
longue maladie De M. Arthur Radiguet,
fabricant d'instruments scientifiques,' décédé à
l'âge de cinquante-six ans. C'est en travaillant
aux recherches sur l'outillage dès rayons
Roentgen, qu'il se fit une' blessure qui eut une
issue fatale; De notrc: confrère M. Ferdi-
nand- Millier, directeur du Havre-Eclair et
ancien directeur de la Mutuelle-Transports
;De Mme Bledennann,. dont les obsèques
seront célébrées aujourd'hui, aune heure de
l'après-midi, A la" maison mortuaire, 11, rue
Ampère; De Mraeiiiiftt Leitiaiguen, décé-
dée au château du Gué-de-la-Guette (Loir-et-
•Cher). '"̃. ;̃ Forrari.
PAUL MEURICE
Paul Meurice est mort .hier. Il u'était
pas malade; il continuait sa, dw&Q et
noble existence de patriaréhe et de
poète. Seulement, il avait quatre-vingt-
cinq ans. Il est mort sans rude agonie,
ayant accompli ses projets, vécu d'héroï-
ques années et conservé jusqu'à la fin.
son optimisme.
Il fut un homme discret, qui avait mis
son zèle au service, d'une tumultueuse
renommée. Toute sa vie est pleine de
l'enthousiasme d'Hugo. Et lui, qui eût
aimé sans doute l'ombre studieuse et la
tranquillité méditative, lutta et se mani-
festa parce que son dieu le hantait.
Il naquit en 1820, à Paris. Son père
était l'orfèvre Meurice, chef d'une dynas-
tie. Ayant achevé ses études,, il se mit à
faire son droit, et peut-être Teût-il
achevé, mais il rencontra Vacquerie
presque Hugo- et le droit ne l'intéressa
plus.
Hugo et Shakspeare! Bref, 'en 1842,
Paul Meurice fit représenter un Falstaff,
à l'Odéûn. Il avait pour collaborateurs
Vacquerie et Gautier, le romantisme.
Deux ans plus tard, il donnait à la Co-
médie-Française une Antiffone; une An-
tigone de Sophocle, qui devint romanti-
que sans perdre sa beauté l'œuvre eut
le succès qu'elle méritait, un grand
succès.
Et puis, Meurice fut le collaborateur
de Dumas. Collaborateur anonyme. Le
père Dumas ne mettait pas toujours ses
collaborateurs en évidence: il avait cette
modestie, Ascanio, Amaury, les Deux
Diane parurent sous la signature de
Dumas –1 une sorte de raison sociale un
peu elliptique et Dumas eut la négli-
gence do ne lire les Deux Diane qu'après
la publication du volume. Négligence et
confiance. Meurice avait de l'imagina-
tion pour suppléer Dumas, il en fallait
avoir beaucoup; et, mieux que lui-même,
il aimait le romantisme, il aimait les
grands hommes du romantisme. Le re-
noncement, dont il donna la preuve élé-
gante, ne semble pas lui avoir coûté. Il
s'est, au cours de sa longue vie, sacri-
fié continuellement et avec une sim-
plicité souveraine.
Les peintres de l'ancienne Italie et les
anciens architectes do chez nous, quand
ils peignirent, au fond d'inaccessibles
cellules, la divine légende ou édifièrent t
les .cathédrales anonymes, eurent cette
notion de l'art ils étaient soumis à leur
idéal et ne cherchaient nul renom per-
sonnel. Meurice eut un pareil dévoue-
ment et voulut bien disparaître derrière
l'œuvre achevée. Il y a là de la grandeur.
Mais il servit des gloires tapageuses.
Et c'est le contraste singulier de son
existence. Ses héros ne lui ressemblaient
pas. Doux prêtre d'un terrible Olympe,
il dut s'agiter beaucoup pour son culte.
Après la révolution de 1848, Hugo
fonde l'Evénement. Il prend Meurice
pour rédacteur en chef. Au moment du
coup d'Etat, Mouricè était à Sainte-Péla-.
gie, entre quatre murs, à cause d'un
article de François-Victor Hugo. De même
qu'il faisait parfois les livres des autres,
il faisait aussi leur prison dans les deux
cas, il disparaissait. Il ne se posait pas
plus en martyr qu'en auteur; l'abnéga-
tion lui était naturelle.
Quand il sortit de prison,, le Père était
« là-bas dans l'île ». Aller le rejoindre et
partager son exil orgueilleux,, un autre
que Meurice l'eût fait. la gloire du pros-
crit, fort abondante, se répandait sur son
entourage. Mais Meurice, lui, se tint à
l'é,cart et de Paris, dans la mêlée, veilla
sur les intérêts de l'absent.
Quand Hugo, de retour, fonda le Rap-
pel, Meurice en fut, et batailla. II batailla
pour calmer les esprits, qui, étaient bien
surexcités.
Il donna au théâtre Paris, drame en
vingt-six tableaux, puis l'Avocat des pau-
vres, Fan fan la Tulipe, les Beaux Mes-
sieurs de Bois-Doré, etc. Ce sont des
choses assez belles, généreuses, émou-
vantes. Et l'on admire qu'il ait eu le
temps de les écrire, avec beaucoup de
soin, tant l'occupait le Maître. Mais il
avait, comme le cœur, l'esprit fertile.
Voici quelques années, la Comédie-Fran-
çaise représenta son Struensée, œuvre
poétique et forte.
Depuis la mort d'Hugo, dont il fut
l'exécuteur testamentaire, il consacra son
.incessante activité i publier les inédits
du poète, à préparer les éditions défini-
tives; à constituer cette Maisûn, 'de- Vic-
tor Hugo, qui lui a coûté tant de peine et
il ne, le disait pas tant d'argent il
n'épargnait rien pour que fût digne de
son rêve .la légende de son héros.
L'existence de Paul Meurice aura. été
heureuse et parfaite. 11 s'était assigné
une tâche, qu'il a bien remplie. Il ne
désirait pas un rôle plus brillant; ce
qu'il avait conçu comme l'objet do son
effort, il l'a possédé. Sans doute, à lire
son histoire., on éprouve un peu de mélan-
colie, car cette histoire est celle d'un
long et patient sacrifice on calcule qu'il
aurait pu acquérir plus de gloire et, plus
autonome, profiter plus largement de
sontalent. Mais il ne connut pas, quant
à lui, cette, mélancolie. 11 n'eut pas do
regret. Il avait dans l'âme assez de fer-
veur pour être content son idéal était, à
ses yeux, sasseî5 beau pour qu'il n'éprou-
vât aucune amertume à réfléchir peut-
être que cet.idéal avait été bien exigeant.
On raconte qu'en ces derniers mois il
.achevait un livre où il résumait les
grandes questions de l'heure pr.ese.nte
•et1 démontrait que le dix-neuvième siècle
les avai-ttoutés-résolues.
Cette confiance nous peut émerveiller.
Mais, si l'on -y songe, oui, le dix-neu-
vième siècle a débattu tant de problèmes,
a formulé tant de doctrines, a opposé à
tant d'idées tant d'autres .idées, que la
vérité doit bien être, en ce désordre, ici
du là, confusément, "éparpillée, un peu u
mêlée. Le difficile est de trouver ces
bribes, de les rapprocher, d'en faire un
tout. Paul Meurice y crut parvenir, et
c'est là probablement le secret de la
sérénité qu'il conserva.
Il aima son temps et il compta sur
l'avenir. Il espéra, pour l'humanité, une
destinée pareille à la sienne, qui se dé-
roule harmonieusement, qui évolue avec
régularité, qui s'achemine toujours vers
plus do sagesse et de repos.
Paul Meurice était un petit vieillard
très poli et très bienveillant; il était un
ftoète. aussi poète dans son œuvre et
rïifiis sa vie. Le souvenir qu'il laisse est
charmant; sa. mort est la fin d'un1 'beau
jour.: S'il tombe sur ses romans et ses
drames un peu d'oubli, lui-même l'eût
accepté si volontiers qu'on hésite à pro-
tester là contre. On le devrait pourtant,
car il fut un bon écrivain, qui eut la tra-
dition de la langue et le souci de l'art.
̃̃̃' André Beaunier.
-^s^^a
NOS HOTES ROYAUX
'):)
s/m. LE ROI DE PORTUGAL
Leroidom Carlos, après avoir dépê-
ché son courrier avec le comte d'Arnoso,
est sorti seul hier matin, à dix heures et
̃demie, et s'est promené à pied dans la
tue de la Paix et sur les boulevards..
De retour à l'hôtel Bristol, il a déjeuné
avec le comte de Souza Roza, les per-
sonnes de sa suite et le commandant de
Bouillane de Lacoste..
rAprès le déjeuner il a reçu tour à tour
S. A. S. le prince de Monaco, le ministre
de France à Lisbonne et Mme Charles'
Rouvier, la baronne Henri de Rothschild,
le comte J. Clary et le marquis de Raige-
courfc.. '•̃
A trois heures Sa Majesté s'estrendue à
l'hôtelLiverpool et a passé toute une heure
avec son auguste mère la reineMaria-Pia.
A sept heures et demie le Roi a dîné
avec le comte de Souza Roza et les per-
sonnes de sa suite, avec lesquels il est
allé à l'Opéra pour assister à la repré-
sentation de Tristan. et Isolde, dans la
tloge que la comtesse Greffulhe avait mise
à la disposition de Sa Majesté. Parmi les
invités du Roi étaient le comte et la com-
tesse de Jimenez: de Molina et le comte
̃dePenha-Longa.
Sa Majesté assistera demain mercredi
à la représentation de la1 Comédie-Fran-
çaise, dans la loge du Président de la Ré-
publique.
Avant son départ elle visitera le musée
Guimet. ̃ ̃ -•
S. M. LA REINE tVIARSA-PIA
Sa Majesté n'a pas quitté hier l'hôtel
Liverpool.
Après avoir déjeuné avec son fils l'in-
fant dom A(îonso,la marquise de Unhao,
le colonel B.Pinto et le lieutenant Senna,
la Reine a reçu successivement, à partir
de- deux he.ures, les visites de S. A. S. le
prince de Monaco, et do M. et -do Mme
Charles Rouvier.
L'INFANT DOM ÂFFONSO
S. A. R. le duc de Porto a passé tout
l'après-midi au Salon de l'automobile,
qui l'a très intéressé. Ferrari.
̃ 's^\yS^V*~
Les Éïéaeieats de Russie
>
¡: ` LA SITUATION
L'arrestation de M. Kroustalew et des
directeurs du Comité ouvrier à Saint-
Pétersbourg n'est pas un. acte de sévé-
rité isolé. Cette mesure semble faire
partie d'un plan d'ensemble conçu parle
ministre de l'intérieur, M. Dournovo,
pour essayer de mettre fin à une situation
vraiment anarchique.
Le. Comité central de l'Union des
unions, organisation bourgeoise, a été
également dissous, et en même temps
qu'il agissait contre les chefs du mou-
vement ouvrier, il. publiait une circulaire
refusant de reconnaître les syndicats
des employés des postes et télégraphes
et enjoignant aux grévistes de' réintégrer
leurs> emplois sous peine de révocation.
Il est encore trop tôt pour que l'on
'puisse se rendre compte de l'effet de ces
mesures,- mais l'on peut constater, dès à
présent, que si la grève des. postes et
télégraphes est terminée à Kreff anté-J
rieurement du reste à la circulaire mi-
nistérielle elle continue à Saint-Péters-
bourg et à Moscou, où l'on a également
arrêté les chefs du mouvement, l'ingé-
nieur Dvonjitny et lès membres du bu-
reau du congrès postal. A Moscou, ces
arrestations sémblent même devoir pro-
voquer des représailles.
Le congrès a immédiatement nommé
un nouveau bureau, et voici ce que l'on
télégraphie de Varsovie, où le télégra-
phe n'a jamais cessé de fonctionner
S
Varsovie, 11 décembre.
Le bureau du syndicat des employés de
chemins de fer à Saint-Pétersbourg informe
le bureau central des employés de chemins
de fer de Varsovie qu'on présence de l'arresta-
tion à Saint-Péteraboui'g do-Krotistaleff, pré-
sident du Conseil des délégués des ouvriers,
4b congrès que le syndicat tient actuellement
(i Moscou, décrétera probablement la grève
ce soir à partir do minuit.
A Saint-Pétersbourg, le Comité ou-
tvrier a également nommé un président
en remplacement de M. Kroustalew,
mais le Comité a décidé l'ajournement
de la grève générale que quelques mem-
bres voulaient' proclamer immédiate-
ment. V
Quelques corps de métiers ont pour-
tant fait grève, la circulation est arrêtée
sur quelques lignes de chemins do fer,
et plusieurs journaux ont dû cesser de
paraître, notamment la Hotiss, pourtant
sympathique aux grévistes l'imprimerie
du Messager officiel est gardée par des
soldats.
On avait annoncé la démission du pré-
fet de police de Saint- Rétersbourg, le gé-
néral .Dediouline, mais' cette nouvelle est
démentie. ̃
L'assassinat du général Sakharoff
L'assassinat du général Sakharoff est
officiellement confirmé et voici lesdétails
que l'on donne sur cet attentat
Le général travaillait dans le cabinet du
gouverneur de Sarntof, quand un courrier
lui annonça qu'une dame venant de la pro-
vince désirait 'entretenir.
Le général fit introduire l'Inconnue, qui
était élégamment vêtue et paraissait âgée d'une
trentaine d'années.
Elle s'assit eh face de lui et déclara qu'elle
était propriétaire. foncière et qu'elle sollicitait
du secours, ses domaines ayant été saccagss.
Elle présenta ensuite une supplique au général.
Pendant que ce dernier la lisait, elle lui
tira trois coups de revolver. Le général Sak-
haroff se leva et saisit le bras de l'inconnue,
mais celle-ci réussit à tirer une quatrième
balle.
Le général s'enfuit dans la chambre voi-
sine, où il tomba, s'évanouit et «succomba ra-
pidement.
Il avait été atteint au coeur, au poumoh, au
bras et dans le dos. Extérieurement, les bles-
sures occasionnées par les balles avaient la
forme d'étoiles. ̃ ̃
Arrêtée et désarmée, la dame, pendant
qu'on l'emmenait à -la prison, s'écria « Oh
ne torturera plus les paysans maintenant! »
A son arrivée à la prison, les détenus pro-
testèrent et réclamèrent la libération de l'as-
sassin. Les troupes durent intervenir.
Le général Sakharofî avait écrit à sa
femme, peu de temps avant son assassi-
nat, une lettre dans laquelle il prouvait
la fausseté du bruit qu'il aurait ordonné
une. sanglante répression des désordres
agraires dans la^province do Saratof il
affirmait qu'au contraire il avait interdit
aux troupes de tifer aucun goudi de fusil.'
,.1'
Impressions d'Allemagne
'̃̃ Berlin, 11 décembre.
L'empereur Guillaume, recevant les
présidents du Reichstag et du Landtag,
leur a exprimé, en termes émus, le souci
que lui causait la gravité. de ta situation
en Russie.
Le prince Troubetzkoï a déclaré au
Correspondant ùtiLokctlansék/er', àKief
« Le gouvernement doit mettre un terme
à ses hésitations.. Lu suffrage.universel
est absolument nécessaire. Je ne.crois pas
à un gouvernement d'à côté qui intri-
guerait contre le comte Witte, et suis
convaincu que la Douma d'empire peut
recevoir les pouvoirs d'Assemblée cons-
tituante. Je suis, commé la grande ma-
jorité des 'Zemstvos, partisan résolu de
l'autonomie en Pologne. » '•Bonnefon.
l.e r Ir le
A l'Etranger
'Service spécial du Figaro
.̃̃̃•'•:•̃̃ Lè Consistoire
"̃'•' Rome, 11 décembre.
Le Consistoire secret de ce matin qui de-
vait avoir une haute importance, puisqu'il
suivait de près le vote de la loi de séparation
en France, a été une véritablo désillusion
pour les catholiques français présents à
Rome.
Ils espéraient que le Pape lancerait l'ana-
thème contre le gouvernement de la Républi-
que, mais le Sajnt-Père s'est borné à déplorer
le fait accompli.
Hier et ce matin encore, la plupart dos car-
dinaux anxieusement interrogés par les uns
et par les autres avaient, eux aussi, fini par r
croire à une importante allocution du Pon-
tife. Au Vatican, les réponses étaient contra-
dictoires, les uns disaient oui, les autres non,
mais personne 110 savait rien.
Los cardinaux sont entrés dans la salle du
Consistoire avant le Pape et ont pris place
sur des bancs couverts d étoffe rouge, dispo-
sés en rectangle. Ils étaient vingt-six, placés
suivant leur- rang a l'extrémité de droite.
Mgr Oreglia à celle de gauche, Mgr Mncchi.
Le Pape 'a fait son entrée précédé d'un petit
peloton de gardes nobles et suivi des person-
nages de; sa suite et dos maîtres de cérémo-
nies. Sur l'invitation du préfet des cérémo-
nies, Mgr Riggi, tout le monde est sorti, lui
tout le premier, et le Pape est resté seul avec
les cardinaux et leur a lu l'allocution dont
voici le texte officiel pour le passage qui nous
intéresse
Grâce à Dieu la foi catholique se répand ton-
jours plus dans le monde, et contre les humaines
prévisions les fruits sont encore plus copieux
dans ces pays oncoro dissidents de la doctrine
catholique qui sont assujettis aux superstitions.
Le Pape sent' tfno grave tristesse et de la crainte
en tournant ses regards ailleurs, c'est-à-dire
vers les nations qui se disent catholiques. Il est
à craindre que se vérifie cette parole de l'Ecri-
ture » Lo règ'no Vous sera enlevé et sera confié
à un autre peuple qui produira,des bons fruits ».
.La nation qui.jusqu'iei futappelée Ja fille sînéo
de l'Eglise est à ce sujet pour nous un objet de
très grave inquiétude et d'anxiété.
Notre intention,1 en ce qui concerne ces lois
contraires à l'Eglise et actuellement promulguées
contre toutes les règles do la justice est d'en
parler plus gravement et plus pondérément, avec
plus de poids, conformément à notre devoir
apostolique, en temps opportun;
Pour ne pas se décourager, l'Eglise se sou-
yiendra que le Christ, dans. l'Evangile, a souvent
répété que la destinée de l'fîgliso. sur la terre
devrait être telle et que ses disciples seraient
honnis et persécutés pour le nom de leur divin
maître. ̃
Cette considération est un motif de grand son-
lagement,
En songeant aux souffrances do Jésus-Christ,
les lldeles doivent puiser du courage dans les
tribulations qui renforcent la foi et qui augmen-
tent la confiance en la Providence. ̃"
En attendant, il est nécessaire de persévérer
dans la prière, et, de se concilier la clémencâ
divine par de bonnes œuvres, en se souvenant
que le Seigneur a fait les nations susceptibles
•de s'amender et qu'à une époque détei-fmnëe, il
fera resplendir la tranquillité et la paix.
Donc, comme je vous l'ai toujours dit, le
Pape se réserve pour l'avenir; il veut bien
voir, bien étudier, tout peser et, en somme,
il veut que, pour les détails de l'organisation,
les évêques français s'en occupent eux-mêmes
et se débrouillent. Les grandes lignes seront
tracées par le Saint-Siège, et il appartient aux X:
évêques de donner les instructions accessoi-
res au clergé et aux fidèles.
A la fin du Consistoire a eu lieu la procla-
mation des nouveaux cardinaux NN. SS.
Caglano de Azevedo, majordome du Vatican
Albuquerque, archevêque de Rio-de-Janciro
Samassa, archevêque d'Agria (Hongrie),vet
Spinola, archevêque de Sèville.
Le Pape a nommé ensuite plusieurs évoques
italiens et étrangers, parmi lesquels Mgr No-
zaleda, ancien archevêque de Valence, qui est
nommé archevêque titulaire do Pctra.
Parmi les évêques nommés, il ne se trouve,
naturellement, aucun Français, Feux II.
Une conséquence de la séparation
Rome, li décembre.
M. Loubet était chanoine. Il n'avait du
reste rien fait pour obtenir cette dignité, si
ce n'est qu'il avait été élu Président de la Ré-
publique française, et avait ainsi hérité ipso
facto d'un privilège qui date do Henri IV. Le
bon roi avait fait don d'une abbaye de gros
rapport au chapitre de Saint-Jean de Latran
qui, reconnaissant, lui avait conféré, pour lui
et pour ses successeurs, le titre de chanoine
honoraire, et M. Loubet était devenu cha-
noine de Saint-Jean comme l'avaient été
avant lui, rois, empereurs et présidents mais
il ne l'est plus depuis hier.
Le chapitre de Saint-,Jean de Latran s'est
réuni aujourd'hui et a déclaré déchu de cette
dignité de Président de la République qui a
apposé sa signature sur la loi de séparation
des Eglises et de l'Etat. •• ̃̃̃;̃
Le ministère grec démissionnaire
Athènes, 11 décembre.
L'élection du président de ia Chambre avait
lieu aujourd'hui. Dès avant le scrutin, il cou-
rait des bruits peu. favorables au ministère,
que le résultat du vote a confirmés.
Le candidat ministériel. M. Roma, n'a
obtenu que 103 voix sur 224 votants, et la
majorité absolue n'ayant pas été atteinte, M.
Ralli, président du Conseil, a réclara >.un se-
cond tour do scrutin, qui a encore accentué
les défections du parti ministériel. La pins
grande partie do ceux qui an premier tour
avaient déposé des bulletins blancs ont cette
fois voté pour le candidat de l'opposition, M.
Bouf flclès, qui a été élu par 117 voix tandis quo
M. Roma n'en obtenait que 106.
M. Ralli attend le retour du Roi, qui arri-
vera mercredi, pour lui remettre sa dxnis-
sion. ̃̃ ̃̃ ̃ ̃̃•̃•̃• '̃̃̃-
L'incident franco-vénézuélien
.Washington, 11 dacemLre.
La France a refusé de retirer sa protesta.
tion contre le traitement infligé au ministre
de France par le président Castro.
Le président Castro avait offert de retirer
la note du Venezuela contre laquelle la France
protestait; mais il exigeait que la France re-
tirât d'abord sa protestation. •
–•SAv^\X*-
Figaro à Londres j p
(Service spécial do notre bureau de Londres, 8,Hbw GsïontrySlr., W.)
·
Nouvelles politiques
LE Nouveau ministère
Londres, il décembre.
Le ministère libéral est accueilli comme
rarement cabinet l'a été tous les partis lui
font bonne mine et l'on trouverait à peine
deux ou trois critiques, dans les journaux de
ce matin, sur les choix de sir Henry Campbell
Bannerman. Pour une fois, tories, unionis-
tes, libéraux et radicaux sont d'accord et
tous, sont unanimes a déclarer que le cabinet
est le meilleur qui pouvait être constitué..
Il est particulièrement un nom que tout le
monde se félicito d'avoir trouve dans ia liste
des nouveaux ministres, c'est celui de sir
Edward Grey, et les conservateurs insistent
particulièrement sur la garantie qu'il leur
donne que la politique de lard Lansdowne
sera continuée.
Quant aux radicaux, ils sont également en-
chantés ;la présence dans la cabinet de quel-
ques-uns des leurs, car toutes les nuances de
l'opposition d'hior sauf le parti irlandais,
sont représentées dans le ministère, les con-
sole do la large place faite aux impérialistes.
M. John Burns, membre du Labour party
ou Local Government Board, est une com-
pensation suffisante à des choix moins agréa-
bles.
C'est la lune de miel, la bataille recom-
mencera le mois prochain, avec la campagne
électorale.
Le Roi à tenu aujourd'hui' deux Conseils
au palais de Buckingham. Dans l'un, il' a
reçu les sceaux des ministres sortants dans
l'autre, il a reçu le baise-main dos nouveaux
ministres.
Londres, 11 décembre.
Je suis à même do vous annoncer quo M.
Winston Churchill, transfuge conservateur,
devenu libéral convaincu par horreur do la
protection, sera nommé secrétaire parlemen-
taire aux colonies et représentera le Colonial
Office aux Communes, alors que son chef,
lord Elgin, siégera la Chambre haute/
M. Churchill a eu trente et un ans le 30 no-
vembre. dernier il sera le plus. jeune mem-
bre du ministère, à moins quo ne se continue
l'information du Central News, d'après la-
quelle le poste d.s sous-secrétaire d'Etat par-
lementaire au Foreign Office aurait été offert
au marquis de Bute.tlgè seulement do vingt-
quatre ans, qui représenterait son départe-
ment à la Chambre des lords, sir Edward
Grey n'étant pas pair d'Angleterre.
La nomination socialiste John Burns au
Local Government Board réjouit les sans tra-
vail qui. sans perdre de temps ont tenu ce ma-
tin un meeting à Tower Hill et ont décidé
d'aller manifester mercredi devant la maison
de sir Henry Campbell Bannerman dans Bel-
grave Square. Ensuite on ira poliment met-
tre le couteau sous la gorge de l'ancien cama-
rade socialiste et on le sommera de mettre a
exécution les principes qu'il défendait hier
encore dans les assemblées du Labour Party.
J. COUDURIER.
Londres, Il décembre.
Lord Rosebery se montre beau joueur.
Exclu do la combinaison ministérielle, il a
prononcé ce soir un discours dans lequel il.a a
félicité son ami, sir Henry Campbell Banner-
man des hautes fonctions qui viennent de
lui être dévolues. Il los doit à sa longue fidé-
lité envers le parti libéral, ù son infatigable
labeur, dans l'intérêt de la cause.
Il s'est particulièrement félicité de la pré-
sence, dans le cabinet, de sir Edward Grey, de
MM. Haldane et Asquith et de sir John
Fowler. Mais après les fleurs est venu le ve-
nin. Il est revenu au dernier discours de sir
Henry Campbell Bannerman sur la question
irlandaise et a déclaré que si des explications
catégoriques ne sont pas données, il lui sera
impossible de survivre aux élections géné-
rales.
Il faut, dit-il, que le gouvernement soit en-
tièrement indépendant du vote des Irlandais
à la Chambre des communes.
à souhaits et se rappeler à notre gé-
jreux souvenir, avec une politesse
d'ailleurs parfaite.
Nous avons, certes, le devoir de leur
réserver un bienveillant accueil. Le fac-
teur joue dans notre vie quotidienne un
.rôle important. Nous l'attendons souvent
avec une impatiente émotion. S'il nous
apporte parfois la douleur, il nous ap-
porte aussi la joie. Nous serions des in-
grats si nous marchandions notre sym-
pathie à ces humbles messagers.
Révélons cependant– et nous sommes
les premiers à l'annoncer que ces
messieurs, cette année, préparent à leur
'tour au public de singulières étrennes.
Ils demandent à l'Etat un salaire mini-
mum de cinq francs par jour. Une dé-
marche va être tentée auprès "du gouver-
nement pour l'obtenir. Si le gouverne-
ment refuse, ce sera la grève pour la fin
du mois.
On voit que le néfaste exemple de la
Russie est contagieux. Mais, puisque les
facteurs et les employés des postes nour-
rissent de noirs desseins, dont la réali-
sation serait désastreuse pour le public,
.surtout à cette époque, peut-être le pu-
blic agirait-il prudemment en priant les
facteurs de repasser après le 1er janvier
pour toucher leurs étrennes. Si par ce
moyen on évitait- une grève, ce serait
tant mieux pour tout le monde 1
Q II: CI'
Les mules du Président.
Lors de son voyage en Espagne, M.
Loubet reçut en cadeau, du roi Al-
phonse XIII, quatre superbes mules
harnachées à.la mode espagnole.
L'autre jour, M. Loubet, voulant faire
honneur son royal invité, se servit de
cet original attelage à l'occasion de la
chasse de Rambouillet.
Une question vient de se poser à pro-
pos de ces mules qui, ayant passé les
Pyrénées, sont maintenant, comme tou-
tes les mules de France et de Navarre,
soumises aux lois de notre pays. Doi-
vent-elles être inscrites sur les contrôles
de réquisition de l'autorité militaire?
Oui, paraît-il. Et c'est, dès maintenant,
chose faite. D'ailleurs,l'inscription n'est,
quant à présent, que théorique, les atte-
gales de la Présidence échappant à toute
réquisition. Mais, à peine M. Loubet no
sera-t-il plus Président de la République,
les quatre mules perdront le bénéfice de
cette immunité; elles seront au service
éventuel de l'armée.
Hors Paris
De New-York
« La nouvelle que la Société Paris-
Automobile, qui possède en Amérique
une nombreuse clientèle ultra-riche, était
devenue l'agence parisienne des« Mer-
» cédés a été accueillie avec la plus
vive satisfaction. •
» Depuis trois semaine's les paquebots
emportent pour la France des foules de
chauffeurs se rendant au Salon de l'Au-
tomobile. Qui connaît la faveur que les
Américains accordent à la « Mercédès »,
qu'ils appellent la « Reine des automo-
» biles », peut se rendre compte du
nombre de visites que recevront les
stands de Paris-Automobile et du formi-
dable chiffre d'affaires qu'enregistreront
ses directeurs. »
v Nouvelles à la Main
Nous recevons.d' « un vieil abonné » le
quatrain que voici
Le geste du grand chef Brugère
Evoque ce plaisant dessin ̃
C'est .qu'on- vénère-le Saint-Père .̃»:.
Et qu'on brocarde le Pe.r.cinl 1
̃: .ii' ̃t>QO" »
On dit que M. Buisson va publier
une étude sur le rôle des instituteurs et
l'enseignement moderne.
Sous quel titre?
Sans doute l'Ecole Buissonnière.
Le Masque de Fer.
-y ">)~>i
LE PRINCE NAPOLEON
ET LE
CONCORDAT
i Le prince Napoléon, qui est actuellement
*Ten Angleterre, a adressé ù M. Arthur Legrand,
député de la Manche, la let.tre que nous re-
produisons
Mon cher monsieur Arthur Legrand,
Le Concordat vient d'être abrogé 1
Cette convention, passée le 15 juillet
1801 entre le gouvernement de la Répu-
blique française et le Saint-Siège, avait.
assuré pendant plus d'un'siècle la paix
religieuse.
Elle avait inébranlablement assis l'in-
dépendance du pouvoir civil, tandis
qu'elle garantissait à l'Eglise catholique
une liberté dont bénéficièrent également
les autres cultes.
Avec tous mes amis vous avez pro-
testé par vos votes contre cette mesure;
je vous en félicite.
De toutes les œuvres législatives que
Napoléon Ier a.léguées à la France, et sur
lesquelles vit encore notre pays, l'une
des plus heureusement conçues, l'une
des plus politiques était certainement le
Concordat.
La France sortait à peine de la guerre
religieuse. Aux proscriptions avaient
succédé les persécutions plus ou moins
déguisées.Sous le couvert d'une feinte li-
berté, bien des entraves étaient apportées
à l'exercice des cultes.
Le premier consul n'entendait pas se
contenter d'assurer l'ordre matériel. Il
s'était imposé une tâche plus haute il
voulait rétablir la paix dans les esprits.
Il repoussait l'idée de. laisser l'Eglise
s'organiser d'elle-même en dehors ou
plutôt en face de l'Etat. IL sentait qu'une
Église dégagée de tout lien avec le pou-
voir civil, relevant uniquement d'un chef
résidant à 1'étra.ng.er, devenait naturelle-
ment un facteur considérable} dans l'or-
dre politique. 11 prévoyait que les. divers
partis se disputeraient son appui, cher-
chant à utiliser à leur profit sa hiérarchie
et sa discipline.- Çïeût été en somme con-
tinuer sous une autre forme la guerre
deplorablequi.se poursuivait depuis dix
années.
Loin de chercher à creuser un fossé
entre la société civile et la société reli-
gieuse, Napoléon voulait au contraire
que, sans se confondre, elles arrivassent
à se mêler, à se. pénétrer l'une l'autre et
que, grâce aux rapports nés d'un contact
journalier, les préjugés qui souvent les
séparent vinssent à se dissiper. fondent,
11 savait que si elles se confondent,
c'est le plus redoutable des despotismes
que si elles se combattent, c'est, la plus
dangereuse des anarchies. Le trouble
dans les consciences éntraine toujours
le trouble et le désordre dans l'Etat.
Le premier consul tint à attribuer au
gouvernement la nomination des évo-
ques, tout en laissant à la Cour de Rome
le droit de récuser ses choix, mais pour
des motifs exclusivement canoniques. Il
voulut également que la nomination des
cures de canton fût soumise à l'agré-
ment de l'autorité civile. Par cette inter-
vention des deux pouvoirs, il assurait à
chacun d'eux les garanties qu'il est en
droit d'exiger à l'Eglise, des prêtres
d'une indiscutable orthodoxie; à l'Etat,
des ministres du culte que leur origine
ne lui permettait pas de suspecter.
En dépit de conflits passagers, le
Concordat, œuvre de bon sens et de
génie, comme le disait naguère un érni-
nent prélat, maintint pendant plus de
cent, ans la paix religieuse.. Ses disposi-
tions si sages, loyalement 'appliquées,
suffisaient pour donner satisfaction aux
intérêts de l'Eglise comme aux.droits de
l'Etat.
Aujourd'hui, des législateurs impré-
voyants, obéissant à des théories systé-
matiques 'et à des idées préconçues, ont
abrogé le Concordat.
La France et l'Eglise ne tarderont pas
à le regretter. "•
Le Concordat était par-dessus tout une
œuvre de paix et de conciliation.' Napo-
léon Ior comme Napoléon'III n'ont jamais
été guidés que par une même pensée:
rétablir l'union entre tous les Français.
Je m'inspirerai toujours des traditions
de ma famille.
Je demeure fermement convaincu que
les luttes et les violences de parti com-
promettent le bien-être et la sécurité du
pays, et que seules la concorde et l'union
font les peuples heureux, prospères et
respectés.
Croyez-moi, mon cher monsieur Arthur
Legrand,
Votre affectionné
'NAPOLÉON.
Londres, 8 décenibrè 1905:
DEMAIN J'
Par fil spécial
Dessins d'Albert GUILLAUME
Lo~p~So la ~.ETe
SALONS
Le ministre de la marine et Mme Gaston
Thomson ont donné hier un1 dîner, aux mem-
bres des Commissions -de classement réunies
à Paris pour établir les tableaux d'avance-
ment et de concours- pour là Légion d'hon-'
neur.
Mme Tiiomssn avait à. sa droite le vice-
amiral de Maigret et à sa gauche le vice-
amiral Fournier; le ministre de la marine
avait à sa droite M. Auffret, inspecteur géné-
ral des services de santé, et à sa gauche M.
Grasset, contrôlem-général.
Les autres convives étaient '̃-̃̃.
Les vice-amiraux CaiHard, Bayle, Gourdoh,
Mallarmé; MMv Renaud directeur du ser-
vice central des travaux hydrauliques.; ;Hou-
vier, directeur du service de santé; Bargùillet,
mécanicien inspecteur général Neveu, commis-
saire général; Lorahohet Ue Mônfjamont, TréfeU,
Dupré, Houohon-Mazerat Xihopital. les contre-
amiraux Besnard, Massé, Aubort. Richard d'Ab-
nour, Philberfde La lonchère, Thomas Thierry;-
MM. Dudebour, Llrommo, Pollard, Robion de
Pont, le général Gossot, lQ capitaine de vaisseau.
Huguct, otc,
v- S. A. le prince Ibrahim Hilfny,, oncle du,
Khédive, adonné hi,er un élégant dîner chez
"Ritz. Ses convives étaient
Baron et baronne Henri de Rothschild, M.. et
Mnie Sabbat-boy, marquise "del. Merito, Mme
Bustis, comte -de Jataetél. '̃̃ ̃
Soirée musicale intime dimanche dernier
chez Mme la princesse Edmond do Polignac.
Le programme se composait exclusivement
d'oeuvres de J. -S. Bach, admirablement jouées
par Mlle Blanche Selva, professeur à la Schola
Cantorum. La distinguée pianiste a -interprété
avec la maitresse de la maison, dont on connaît
le beau talent, et M., Marcel Labey, l'admira-
ble Concerto en ré mineur pour trois pianos.
Dimanche prochain, on entendra chez la
princesse Edmond de Polignac des œuvres
nouvelles, de MM. Claude Debussy et Maurice
Ravel..
MMM
RENSEIGNEMENTS MONDAINS ̃ />
M. de Queiroz Ribeiro, député au Parle-
ment portugais et rédacteur au Dia de Lis-
bonne, qui faisait partie du groupe de journa-
listes portugais venus en France l'occasion
du voyage de S. M. le roi dom Carlos, offrait
hier, à l'hôtel Continental, un déjeuner d'adieu
à quelques-uns de ses amis de la presse pari-
sienne. Quinze couverts table délicieusement
fleurie et menu très soigné; excellent orchestre.
Au dessert, en un discours charmant, M. de
Queiroz Ribeiro a dit sa sympathie très vivo
pour notre pays et son regret de quitter dans
quelques jours la capitale. Il a porté un toast
très applaudi au Président de la République,
à la légation portugaise reprèsentée par le
très sympathique conseiller M. Bartholomeu
Ferreira, à ses confrères de. la presse fran-
çaise. Des toasts ont été portés à l'aimable
amphitryon par quelques-uns des convives.,
La vente annuelle en faveur de l'œuvre
nouvelle des Crèches parisiennes du seizième
arrondissement, dont Mme F. Périer est la
dévouée présidente", et du dispensaire du
Point-du-jour, œuvre également fondée par
Mme F. Périer, aura lieu les jeudi 14 et ven-
dredi 15 courant, de deux heures à sept heures,
9, avenue Hoche.
On a de meilleures nouvelles sur l'état
de santé de M. Gérard, qui fut victime d'un
accident d'automobile..
̃ Le prince Michel Murât, fils du prince
Louis Murât, s'est engagé au 90 dragons.
La baronne Maurice Faverot de Ker-
brech, qui est en ce moment à l'estancia la
Paulina (province de Buenos-Aires, dans la
République argentine), a mis au monde un
fils qui se porte à souhait, ainsi que sa jeune
mère.
Contrairement à ce qui avait été annoncé
par l'Agence Havas, l'ancien président de la
république de l'Equateur n'est pas mort.
1 ̃<̃
MARiAGES
Hier a été célébré, à la mairie du neu-
vième arrondissement, le mariage de M. Pi erre
Wolff, l'auteur dramatique bien connu, avec
Mme Marchand.
DEUIL
Mme Buffet, née Target, veuve du re-
gretté sénateur, ancien président de l'Assem-
blée nationale, ancien ministre des finances,
ancien membre de l'Institut, est décédée hier
à Paris. Elle était la mère de MM. André, Jean
et Paul Buffet..
La cérémonie religieuse et l'inhumation au-
ront lieu à Mirecourt (Vosges).
Les obsèques de M. Zadoc Kahn, grand
rabbin de France, ont eu lieu hier au temple de
la rue de la Victoire où se pressait une foule
considérable. On sait que les services funè-
bres pour les israéiites ont lied à.la maison
mortuaire et que, pour les rabbins seuls, ils
sont célébrés à la synagogue.
Le temple de la rue de la Victoire était tout
tendu de draperies noires lamées d'argent.
M. Weill, rabbin du Consistoire de Paris,
représentant M. Dreyfus, grand rabbin de
Paris, qui garde le 'lit, avait auprès de lui le
grand rabbin de Portugal, MM. Raphaël et
Haguenau, rabbins des Tournelles et de Naza-
reth les grands rabbins français, les profes-
seurs des séminaires israélites, etc.
Le deuil était conduit par les deux fils du
défunt et ses gendres MM. Israël Lêvi, H.
Bruhl et Weill..
Reconnu parmi les assistants
Le colonel Lamv, représentant le Président de
la République; Thomson, ministre de la marine;
les préfets de la Soine et de police; J. Arnavon.
sous-chef du secrétariat du président du Conseil,
représentant M. Maurice Rouvicr Autrand, se-
crétaire général de la préfecture de la Seine
colonel Arnold Lévy, des sapeurs -pompiers1;
Osiris, Maurice Lévy. de l'Institut; M. et Aime
Dieulafoy, baronne Léonino, baronnes Gustave et
Henri de Rothschild, baron de GUnzburjr, Henry
Deutsch (de la Mourthe), ̃Noymarck-, F. Halphen,
Albert Cahen, Lazard, Bérnhoim.Michôl Ephrussi,
Paul Ollendorff, docteur Nachtol. docteur Levy-
lior, Weiswûiller, Kœnig-swartor, d'Erlanger, eto.
Après. un psaume merveilleusement chanté
de. sa belle et touchante voix par M. A. Béer,
accompagné par l'orgue et. les chœurs, deux
discours ont été prononcés, l'un par M. Aaron,
grand rabbin de Bordeaux, et l'autre par M.
Weill. ̃•-
̃ Après un autre psaume chanté- par M. A.
Beer, le corps a été place sur un corbillard de
troisième classe, sans fleurs ni. couronnes.
Les honneurs militaires n'ont pas été ren-
dus,
Le cortège comprenait les délégations des
sociétés de bienfaisance et d'assistance so-
ciale, des internes des hôpitaux et des élèves
de diverses écoles, de l'école Halphen, de
l'orphelinat Rothschild, du refuge de Neuilly,
de l'école Bischoffsheim, de l'Alliance israé-
lite.
Au cimetière Montparnasse, avant l'inhu-
mation, des discours ont été prononcés par
MM. Rodriguez Ely, président du Consistoire
de Paris le baron Gustave de Rothschild,
président du Consistoire central Salomon
Reinach, au nom de l'Alliance israélite, le
grand rabbin Lehniann, directeur du sémi-
naire israélite, et Théodore Reinach, au nom
de la Société des études israéiites.
Les obsèques ont eu lieu dans l'ordre le
plus parfait sous la direction de M. Schnee-f.
berg..
Nous apprenons la mort De M. Le
Lorrain, ancien président de la Chambre de
commerce française des Pays-Bas, conseiller
du commerce extérieur, chevalier de la Légion
d'honneur, décédé à Paris, 15, boulevard
Saint-Germain, à l'âge de soixante fit u.n ans.
Ses obsèques seront célébrées aujourd'hui à
midi, à Saint-Nicolas du Chardonnet. L'înhû-
mation aura lieu au cimetière, de Gentilly
(Seine) De "%&m&Lion Duprét veuve du
docteur regretté, décédée à Paris après une
longue maladie De M. Arthur Radiguet,
fabricant d'instruments scientifiques,' décédé à
l'âge de cinquante-six ans. C'est en travaillant
aux recherches sur l'outillage dès rayons
Roentgen, qu'il se fit une' blessure qui eut une
issue fatale; De notrc: confrère M. Ferdi-
nand- Millier, directeur du Havre-Eclair et
ancien directeur de la Mutuelle-Transports
;De Mme Bledennann,. dont les obsèques
seront célébrées aujourd'hui, aune heure de
l'après-midi, A la" maison mortuaire, 11, rue
Ampère; De Mraeiiiiftt Leitiaiguen, décé-
dée au château du Gué-de-la-Guette (Loir-et-
•Cher). '"̃. ;̃ Forrari.
PAUL MEURICE
Paul Meurice est mort .hier. Il u'était
pas malade; il continuait sa, dw&Q et
noble existence de patriaréhe et de
poète. Seulement, il avait quatre-vingt-
cinq ans. Il est mort sans rude agonie,
ayant accompli ses projets, vécu d'héroï-
ques années et conservé jusqu'à la fin.
son optimisme.
Il fut un homme discret, qui avait mis
son zèle au service, d'une tumultueuse
renommée. Toute sa vie est pleine de
l'enthousiasme d'Hugo. Et lui, qui eût
aimé sans doute l'ombre studieuse et la
tranquillité méditative, lutta et se mani-
festa parce que son dieu le hantait.
Il naquit en 1820, à Paris. Son père
était l'orfèvre Meurice, chef d'une dynas-
tie. Ayant achevé ses études,, il se mit à
faire son droit, et peut-être Teût-il
achevé, mais il rencontra Vacquerie
presque Hugo- et le droit ne l'intéressa
plus.
Hugo et Shakspeare! Bref, 'en 1842,
Paul Meurice fit représenter un Falstaff,
à l'Odéûn. Il avait pour collaborateurs
Vacquerie et Gautier, le romantisme.
Deux ans plus tard, il donnait à la Co-
médie-Française une Antiffone; une An-
tigone de Sophocle, qui devint romanti-
que sans perdre sa beauté l'œuvre eut
le succès qu'elle méritait, un grand
succès.
Et puis, Meurice fut le collaborateur
de Dumas. Collaborateur anonyme. Le
père Dumas ne mettait pas toujours ses
collaborateurs en évidence: il avait cette
modestie, Ascanio, Amaury, les Deux
Diane parurent sous la signature de
Dumas –1 une sorte de raison sociale un
peu elliptique et Dumas eut la négli-
gence do ne lire les Deux Diane qu'après
la publication du volume. Négligence et
confiance. Meurice avait de l'imagina-
tion pour suppléer Dumas, il en fallait
avoir beaucoup; et, mieux que lui-même,
il aimait le romantisme, il aimait les
grands hommes du romantisme. Le re-
noncement, dont il donna la preuve élé-
gante, ne semble pas lui avoir coûté. Il
s'est, au cours de sa longue vie, sacri-
fié continuellement et avec une sim-
plicité souveraine.
Les peintres de l'ancienne Italie et les
anciens architectes do chez nous, quand
ils peignirent, au fond d'inaccessibles
cellules, la divine légende ou édifièrent t
les .cathédrales anonymes, eurent cette
notion de l'art ils étaient soumis à leur
idéal et ne cherchaient nul renom per-
sonnel. Meurice eut un pareil dévoue-
ment et voulut bien disparaître derrière
l'œuvre achevée. Il y a là de la grandeur.
Mais il servit des gloires tapageuses.
Et c'est le contraste singulier de son
existence. Ses héros ne lui ressemblaient
pas. Doux prêtre d'un terrible Olympe,
il dut s'agiter beaucoup pour son culte.
Après la révolution de 1848, Hugo
fonde l'Evénement. Il prend Meurice
pour rédacteur en chef. Au moment du
coup d'Etat, Mouricè était à Sainte-Péla-.
gie, entre quatre murs, à cause d'un
article de François-Victor Hugo. De même
qu'il faisait parfois les livres des autres,
il faisait aussi leur prison dans les deux
cas, il disparaissait. Il ne se posait pas
plus en martyr qu'en auteur; l'abnéga-
tion lui était naturelle.
Quand il sortit de prison,, le Père était
« là-bas dans l'île ». Aller le rejoindre et
partager son exil orgueilleux,, un autre
que Meurice l'eût fait. la gloire du pros-
crit, fort abondante, se répandait sur son
entourage. Mais Meurice, lui, se tint à
l'é,cart et de Paris, dans la mêlée, veilla
sur les intérêts de l'absent.
Quand Hugo, de retour, fonda le Rap-
pel, Meurice en fut, et batailla. II batailla
pour calmer les esprits, qui, étaient bien
surexcités.
Il donna au théâtre Paris, drame en
vingt-six tableaux, puis l'Avocat des pau-
vres, Fan fan la Tulipe, les Beaux Mes-
sieurs de Bois-Doré, etc. Ce sont des
choses assez belles, généreuses, émou-
vantes. Et l'on admire qu'il ait eu le
temps de les écrire, avec beaucoup de
soin, tant l'occupait le Maître. Mais il
avait, comme le cœur, l'esprit fertile.
Voici quelques années, la Comédie-Fran-
çaise représenta son Struensée, œuvre
poétique et forte.
Depuis la mort d'Hugo, dont il fut
l'exécuteur testamentaire, il consacra son
.incessante activité i publier les inédits
du poète, à préparer les éditions défini-
tives; à constituer cette Maisûn, 'de- Vic-
tor Hugo, qui lui a coûté tant de peine et
il ne, le disait pas tant d'argent il
n'épargnait rien pour que fût digne de
son rêve .la légende de son héros.
L'existence de Paul Meurice aura. été
heureuse et parfaite. 11 s'était assigné
une tâche, qu'il a bien remplie. Il ne
désirait pas un rôle plus brillant; ce
qu'il avait conçu comme l'objet do son
effort, il l'a possédé. Sans doute, à lire
son histoire., on éprouve un peu de mélan-
colie, car cette histoire est celle d'un
long et patient sacrifice on calcule qu'il
aurait pu acquérir plus de gloire et, plus
autonome, profiter plus largement de
sontalent. Mais il ne connut pas, quant
à lui, cette, mélancolie. 11 n'eut pas do
regret. Il avait dans l'âme assez de fer-
veur pour être content son idéal était, à
ses yeux, sasseî5 beau pour qu'il n'éprou-
vât aucune amertume à réfléchir peut-
être que cet.idéal avait été bien exigeant.
On raconte qu'en ces derniers mois il
.achevait un livre où il résumait les
grandes questions de l'heure pr.ese.nte
•et1 démontrait que le dix-neuvième siècle
les avai-ttoutés-résolues.
Cette confiance nous peut émerveiller.
Mais, si l'on -y songe, oui, le dix-neu-
vième siècle a débattu tant de problèmes,
a formulé tant de doctrines, a opposé à
tant d'idées tant d'autres .idées, que la
vérité doit bien être, en ce désordre, ici
du là, confusément, "éparpillée, un peu u
mêlée. Le difficile est de trouver ces
bribes, de les rapprocher, d'en faire un
tout. Paul Meurice y crut parvenir, et
c'est là probablement le secret de la
sérénité qu'il conserva.
Il aima son temps et il compta sur
l'avenir. Il espéra, pour l'humanité, une
destinée pareille à la sienne, qui se dé-
roule harmonieusement, qui évolue avec
régularité, qui s'achemine toujours vers
plus do sagesse et de repos.
Paul Meurice était un petit vieillard
très poli et très bienveillant; il était un
ftoète. aussi poète dans son œuvre et
rïifiis sa vie. Le souvenir qu'il laisse est
charmant; sa. mort est la fin d'un1 'beau
jour.: S'il tombe sur ses romans et ses
drames un peu d'oubli, lui-même l'eût
accepté si volontiers qu'on hésite à pro-
tester là contre. On le devrait pourtant,
car il fut un bon écrivain, qui eut la tra-
dition de la langue et le souci de l'art.
̃̃̃' André Beaunier.
-^s^^a
NOS HOTES ROYAUX
'):)
s/m. LE ROI DE PORTUGAL
Leroidom Carlos, après avoir dépê-
ché son courrier avec le comte d'Arnoso,
est sorti seul hier matin, à dix heures et
̃demie, et s'est promené à pied dans la
tue de la Paix et sur les boulevards..
De retour à l'hôtel Bristol, il a déjeuné
avec le comte de Souza Roza, les per-
sonnes de sa suite et le commandant de
Bouillane de Lacoste..
rAprès le déjeuner il a reçu tour à tour
S. A. S. le prince de Monaco, le ministre
de France à Lisbonne et Mme Charles'
Rouvier, la baronne Henri de Rothschild,
le comte J. Clary et le marquis de Raige-
courfc.. '•̃
A trois heures Sa Majesté s'estrendue à
l'hôtelLiverpool et a passé toute une heure
avec son auguste mère la reineMaria-Pia.
A sept heures et demie le Roi a dîné
avec le comte de Souza Roza et les per-
sonnes de sa suite, avec lesquels il est
allé à l'Opéra pour assister à la repré-
sentation de Tristan. et Isolde, dans la
tloge que la comtesse Greffulhe avait mise
à la disposition de Sa Majesté. Parmi les
invités du Roi étaient le comte et la com-
tesse de Jimenez: de Molina et le comte
̃dePenha-Longa.
Sa Majesté assistera demain mercredi
à la représentation de la1 Comédie-Fran-
çaise, dans la loge du Président de la Ré-
publique.
Avant son départ elle visitera le musée
Guimet. ̃ ̃ -•
S. M. LA REINE tVIARSA-PIA
Sa Majesté n'a pas quitté hier l'hôtel
Liverpool.
Après avoir déjeuné avec son fils l'in-
fant dom A(îonso,la marquise de Unhao,
le colonel B.Pinto et le lieutenant Senna,
la Reine a reçu successivement, à partir
de- deux he.ures, les visites de S. A. S. le
prince de Monaco, et do M. et -do Mme
Charles Rouvier.
L'INFANT DOM ÂFFONSO
S. A. R. le duc de Porto a passé tout
l'après-midi au Salon de l'automobile,
qui l'a très intéressé. Ferrari.
̃ 's^\yS^V*~
Les Éïéaeieats de Russie
>
¡: ` LA SITUATION
L'arrestation de M. Kroustalew et des
directeurs du Comité ouvrier à Saint-
Pétersbourg n'est pas un. acte de sévé-
rité isolé. Cette mesure semble faire
partie d'un plan d'ensemble conçu parle
ministre de l'intérieur, M. Dournovo,
pour essayer de mettre fin à une situation
vraiment anarchique.
Le. Comité central de l'Union des
unions, organisation bourgeoise, a été
également dissous, et en même temps
qu'il agissait contre les chefs du mou-
vement ouvrier, il. publiait une circulaire
refusant de reconnaître les syndicats
des employés des postes et télégraphes
et enjoignant aux grévistes de' réintégrer
leurs> emplois sous peine de révocation.
Il est encore trop tôt pour que l'on
'puisse se rendre compte de l'effet de ces
mesures,- mais l'on peut constater, dès à
présent, que si la grève des. postes et
télégraphes est terminée à Kreff anté-J
rieurement du reste à la circulaire mi-
nistérielle elle continue à Saint-Péters-
bourg et à Moscou, où l'on a également
arrêté les chefs du mouvement, l'ingé-
nieur Dvonjitny et lès membres du bu-
reau du congrès postal. A Moscou, ces
arrestations sémblent même devoir pro-
voquer des représailles.
Le congrès a immédiatement nommé
un nouveau bureau, et voici ce que l'on
télégraphie de Varsovie, où le télégra-
phe n'a jamais cessé de fonctionner
S
Varsovie, 11 décembre.
Le bureau du syndicat des employés de
chemins de fer à Saint-Pétersbourg informe
le bureau central des employés de chemins
de fer de Varsovie qu'on présence de l'arresta-
tion à Saint-Péteraboui'g do-Krotistaleff, pré-
sident du Conseil des délégués des ouvriers,
4b congrès que le syndicat tient actuellement
(i Moscou, décrétera probablement la grève
ce soir à partir do minuit.
A Saint-Pétersbourg, le Comité ou-
tvrier a également nommé un président
en remplacement de M. Kroustalew,
mais le Comité a décidé l'ajournement
de la grève générale que quelques mem-
bres voulaient' proclamer immédiate-
ment. V
Quelques corps de métiers ont pour-
tant fait grève, la circulation est arrêtée
sur quelques lignes de chemins do fer,
et plusieurs journaux ont dû cesser de
paraître, notamment la Hotiss, pourtant
sympathique aux grévistes l'imprimerie
du Messager officiel est gardée par des
soldats.
On avait annoncé la démission du pré-
fet de police de Saint- Rétersbourg, le gé-
néral .Dediouline, mais' cette nouvelle est
démentie. ̃
L'assassinat du général Sakharoff
L'assassinat du général Sakharoff est
officiellement confirmé et voici lesdétails
que l'on donne sur cet attentat
Le général travaillait dans le cabinet du
gouverneur de Sarntof, quand un courrier
lui annonça qu'une dame venant de la pro-
vince désirait 'entretenir.
Le général fit introduire l'Inconnue, qui
était élégamment vêtue et paraissait âgée d'une
trentaine d'années.
Elle s'assit eh face de lui et déclara qu'elle
était propriétaire. foncière et qu'elle sollicitait
du secours, ses domaines ayant été saccagss.
Elle présenta ensuite une supplique au général.
Pendant que ce dernier la lisait, elle lui
tira trois coups de revolver. Le général Sak-
haroff se leva et saisit le bras de l'inconnue,
mais celle-ci réussit à tirer une quatrième
balle.
Le général s'enfuit dans la chambre voi-
sine, où il tomba, s'évanouit et «succomba ra-
pidement.
Il avait été atteint au coeur, au poumoh, au
bras et dans le dos. Extérieurement, les bles-
sures occasionnées par les balles avaient la
forme d'étoiles. ̃ ̃
Arrêtée et désarmée, la dame, pendant
qu'on l'emmenait à -la prison, s'écria « Oh
ne torturera plus les paysans maintenant! »
A son arrivée à la prison, les détenus pro-
testèrent et réclamèrent la libération de l'as-
sassin. Les troupes durent intervenir.
Le général Sakharofî avait écrit à sa
femme, peu de temps avant son assassi-
nat, une lettre dans laquelle il prouvait
la fausseté du bruit qu'il aurait ordonné
une. sanglante répression des désordres
agraires dans la^province do Saratof il
affirmait qu'au contraire il avait interdit
aux troupes de tifer aucun goudi de fusil.'
,.1'
Impressions d'Allemagne
'̃̃ Berlin, 11 décembre.
L'empereur Guillaume, recevant les
présidents du Reichstag et du Landtag,
leur a exprimé, en termes émus, le souci
que lui causait la gravité. de ta situation
en Russie.
Le prince Troubetzkoï a déclaré au
Correspondant ùtiLokctlansék/er', àKief
« Le gouvernement doit mettre un terme
à ses hésitations.. Lu suffrage.universel
est absolument nécessaire. Je ne.crois pas
à un gouvernement d'à côté qui intri-
guerait contre le comte Witte, et suis
convaincu que la Douma d'empire peut
recevoir les pouvoirs d'Assemblée cons-
tituante. Je suis, commé la grande ma-
jorité des 'Zemstvos, partisan résolu de
l'autonomie en Pologne. » '•Bonnefon.
l.e r Ir le
A l'Etranger
'Service spécial du Figaro
.̃̃̃•'•:•̃̃ Lè Consistoire
"̃'•' Rome, 11 décembre.
Le Consistoire secret de ce matin qui de-
vait avoir une haute importance, puisqu'il
suivait de près le vote de la loi de séparation
en France, a été une véritablo désillusion
pour les catholiques français présents à
Rome.
Ils espéraient que le Pape lancerait l'ana-
thème contre le gouvernement de la Républi-
que, mais le Sajnt-Père s'est borné à déplorer
le fait accompli.
Hier et ce matin encore, la plupart dos car-
dinaux anxieusement interrogés par les uns
et par les autres avaient, eux aussi, fini par r
croire à une importante allocution du Pon-
tife. Au Vatican, les réponses étaient contra-
dictoires, les uns disaient oui, les autres non,
mais personne 110 savait rien.
Los cardinaux sont entrés dans la salle du
Consistoire avant le Pape et ont pris place
sur des bancs couverts d étoffe rouge, dispo-
sés en rectangle. Ils étaient vingt-six, placés
suivant leur- rang a l'extrémité de droite.
Mgr Oreglia à celle de gauche, Mgr Mncchi.
Le Pape 'a fait son entrée précédé d'un petit
peloton de gardes nobles et suivi des person-
nages de; sa suite et dos maîtres de cérémo-
nies. Sur l'invitation du préfet des cérémo-
nies, Mgr Riggi, tout le monde est sorti, lui
tout le premier, et le Pape est resté seul avec
les cardinaux et leur a lu l'allocution dont
voici le texte officiel pour le passage qui nous
intéresse
Grâce à Dieu la foi catholique se répand ton-
jours plus dans le monde, et contre les humaines
prévisions les fruits sont encore plus copieux
dans ces pays oncoro dissidents de la doctrine
catholique qui sont assujettis aux superstitions.
Le Pape sent' tfno grave tristesse et de la crainte
en tournant ses regards ailleurs, c'est-à-dire
vers les nations qui se disent catholiques. Il est
à craindre que se vérifie cette parole de l'Ecri-
ture » Lo règ'no Vous sera enlevé et sera confié
à un autre peuple qui produira,des bons fruits ».
.La nation qui.jusqu'iei futappelée Ja fille sînéo
de l'Eglise est à ce sujet pour nous un objet de
très grave inquiétude et d'anxiété.
Notre intention,1 en ce qui concerne ces lois
contraires à l'Eglise et actuellement promulguées
contre toutes les règles do la justice est d'en
parler plus gravement et plus pondérément, avec
plus de poids, conformément à notre devoir
apostolique, en temps opportun;
Pour ne pas se décourager, l'Eglise se sou-
yiendra que le Christ, dans. l'Evangile, a souvent
répété que la destinée de l'fîgliso. sur la terre
devrait être telle et que ses disciples seraient
honnis et persécutés pour le nom de leur divin
maître. ̃
Cette considération est un motif de grand son-
lagement,
En songeant aux souffrances do Jésus-Christ,
les lldeles doivent puiser du courage dans les
tribulations qui renforcent la foi et qui augmen-
tent la confiance en la Providence. ̃"
En attendant, il est nécessaire de persévérer
dans la prière, et, de se concilier la clémencâ
divine par de bonnes œuvres, en se souvenant
que le Seigneur a fait les nations susceptibles
•de s'amender et qu'à une époque détei-fmnëe, il
fera resplendir la tranquillité et la paix.
Donc, comme je vous l'ai toujours dit, le
Pape se réserve pour l'avenir; il veut bien
voir, bien étudier, tout peser et, en somme,
il veut que, pour les détails de l'organisation,
les évêques français s'en occupent eux-mêmes
et se débrouillent. Les grandes lignes seront
tracées par le Saint-Siège, et il appartient aux X:
évêques de donner les instructions accessoi-
res au clergé et aux fidèles.
A la fin du Consistoire a eu lieu la procla-
mation des nouveaux cardinaux NN. SS.
Caglano de Azevedo, majordome du Vatican
Albuquerque, archevêque de Rio-de-Janciro
Samassa, archevêque d'Agria (Hongrie),vet
Spinola, archevêque de Sèville.
Le Pape a nommé ensuite plusieurs évoques
italiens et étrangers, parmi lesquels Mgr No-
zaleda, ancien archevêque de Valence, qui est
nommé archevêque titulaire do Pctra.
Parmi les évêques nommés, il ne se trouve,
naturellement, aucun Français, Feux II.
Une conséquence de la séparation
Rome, li décembre.
M. Loubet était chanoine. Il n'avait du
reste rien fait pour obtenir cette dignité, si
ce n'est qu'il avait été élu Président de la Ré-
publique française, et avait ainsi hérité ipso
facto d'un privilège qui date do Henri IV. Le
bon roi avait fait don d'une abbaye de gros
rapport au chapitre de Saint-Jean de Latran
qui, reconnaissant, lui avait conféré, pour lui
et pour ses successeurs, le titre de chanoine
honoraire, et M. Loubet était devenu cha-
noine de Saint-Jean comme l'avaient été
avant lui, rois, empereurs et présidents mais
il ne l'est plus depuis hier.
Le chapitre de Saint-,Jean de Latran s'est
réuni aujourd'hui et a déclaré déchu de cette
dignité de Président de la République qui a
apposé sa signature sur la loi de séparation
des Eglises et de l'Etat. •• ̃̃̃;̃
Le ministère grec démissionnaire
Athènes, 11 décembre.
L'élection du président de ia Chambre avait
lieu aujourd'hui. Dès avant le scrutin, il cou-
rait des bruits peu. favorables au ministère,
que le résultat du vote a confirmés.
Le candidat ministériel. M. Roma, n'a
obtenu que 103 voix sur 224 votants, et la
majorité absolue n'ayant pas été atteinte, M.
Ralli, président du Conseil, a réclara >.un se-
cond tour do scrutin, qui a encore accentué
les défections du parti ministériel. La pins
grande partie do ceux qui an premier tour
avaient déposé des bulletins blancs ont cette
fois voté pour le candidat de l'opposition, M.
Bouf flclès, qui a été élu par 117 voix tandis quo
M. Roma n'en obtenait que 106.
M. Ralli attend le retour du Roi, qui arri-
vera mercredi, pour lui remettre sa dxnis-
sion. ̃̃ ̃̃ ̃ ̃̃•̃•̃• '̃̃̃-
L'incident franco-vénézuélien
.Washington, 11 dacemLre.
La France a refusé de retirer sa protesta.
tion contre le traitement infligé au ministre
de France par le président Castro.
Le président Castro avait offert de retirer
la note du Venezuela contre laquelle la France
protestait; mais il exigeait que la France re-
tirât d'abord sa protestation. •
–•SAv^\X*-
Figaro à Londres j p
(Service spécial do notre bureau de Londres, 8,Hbw GsïontrySlr., W.)
·
Nouvelles politiques
LE Nouveau ministère
Londres, il décembre.
Le ministère libéral est accueilli comme
rarement cabinet l'a été tous les partis lui
font bonne mine et l'on trouverait à peine
deux ou trois critiques, dans les journaux de
ce matin, sur les choix de sir Henry Campbell
Bannerman. Pour une fois, tories, unionis-
tes, libéraux et radicaux sont d'accord et
tous, sont unanimes a déclarer que le cabinet
est le meilleur qui pouvait être constitué..
Il est particulièrement un nom que tout le
monde se félicito d'avoir trouve dans ia liste
des nouveaux ministres, c'est celui de sir
Edward Grey, et les conservateurs insistent
particulièrement sur la garantie qu'il leur
donne que la politique de lard Lansdowne
sera continuée.
Quant aux radicaux, ils sont également en-
chantés ;la présence dans la cabinet de quel-
ques-uns des leurs, car toutes les nuances de
l'opposition d'hior sauf le parti irlandais,
sont représentées dans le ministère, les con-
sole do la large place faite aux impérialistes.
M. John Burns, membre du Labour party
ou Local Government Board, est une com-
pensation suffisante à des choix moins agréa-
bles.
C'est la lune de miel, la bataille recom-
mencera le mois prochain, avec la campagne
électorale.
Le Roi à tenu aujourd'hui' deux Conseils
au palais de Buckingham. Dans l'un, il' a
reçu les sceaux des ministres sortants dans
l'autre, il a reçu le baise-main dos nouveaux
ministres.
Londres, 11 décembre.
Je suis à même do vous annoncer quo M.
Winston Churchill, transfuge conservateur,
devenu libéral convaincu par horreur do la
protection, sera nommé secrétaire parlemen-
taire aux colonies et représentera le Colonial
Office aux Communes, alors que son chef,
lord Elgin, siégera la Chambre haute/
M. Churchill a eu trente et un ans le 30 no-
vembre. dernier il sera le plus. jeune mem-
bre du ministère, à moins quo ne se continue
l'information du Central News, d'après la-
quelle le poste d.s sous-secrétaire d'Etat par-
lementaire au Foreign Office aurait été offert
au marquis de Bute.tlgè seulement do vingt-
quatre ans, qui représenterait son départe-
ment à la Chambre des lords, sir Edward
Grey n'étant pas pair d'Angleterre.
La nomination socialiste John Burns au
Local Government Board réjouit les sans tra-
vail qui. sans perdre de temps ont tenu ce ma-
tin un meeting à Tower Hill et ont décidé
d'aller manifester mercredi devant la maison
de sir Henry Campbell Bannerman dans Bel-
grave Square. Ensuite on ira poliment met-
tre le couteau sous la gorge de l'ancien cama-
rade socialiste et on le sommera de mettre a
exécution les principes qu'il défendait hier
encore dans les assemblées du Labour Party.
J. COUDURIER.
Londres, Il décembre.
Lord Rosebery se montre beau joueur.
Exclu do la combinaison ministérielle, il a
prononcé ce soir un discours dans lequel il.a a
félicité son ami, sir Henry Campbell Banner-
man des hautes fonctions qui viennent de
lui être dévolues. Il los doit à sa longue fidé-
lité envers le parti libéral, ù son infatigable
labeur, dans l'intérêt de la cause.
Il s'est particulièrement félicité de la pré-
sence, dans le cabinet, de sir Edward Grey, de
MM. Haldane et Asquith et de sir John
Fowler. Mais après les fleurs est venu le ve-
nin. Il est revenu au dernier discours de sir
Henry Campbell Bannerman sur la question
irlandaise et a déclaré que si des explications
catégoriques ne sont pas données, il lui sera
impossible de survivre aux élections géné-
rales.
Il faut, dit-il, que le gouvernement soit en-
tièrement indépendant du vote des Irlandais
à la Chambre des communes.
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