Jugements et critiques
D. Laverdant
« Félicitons M. Eugène Sue d’avoir retracé d’un si chaleureux pinceau les effroyables douleurs du Peuple et les cruelles insouciances de la Société, dans ce même Journal des Débats, dont un des rédacteurs, à tête étroite, osait naguère écrire que tout est pour le mieux, que les afflictions du pauvre sont de pures inventions, qu’il n’y a rien à réformer. »
(La Phalange, feuilleton critique, 25 juin 1842)
Lamartine
« Son livre fait fureur ici tous les soirs […] Qu’est-ce qu’un philosophe, un politique, un poète, auprès de ce Richardson populaire, qui fait vivre et aimer tout cela en drames ! »
(Correspondance, lettre « Au marquis de La Grange », 5 octobre 1842)
Sainte-Beuve
« La mystification des Mystères de Paris continue : hier, dans les Débats, un avocat du roi, M..., invoque ce livre comme autorité […] Parti du Rétif et même du Sade, M. Sue est en voie d’aboutir à saint Vincent de Paul en passant par le Ducray-Duminil. »
(Chroniques parisiennes. 1843-1845)
Théophile Gautier
« Tout le monde a dévoré les Mystères de Paris, même les gens qui ne savent pas lire : ceux-là se les font réciter par quelque portier érudit et de bonne volonté ; les êtres les plus étrangers à toute espèce de littérature connaissent la Goualeuse, le Chourineur, la Chouette, Tortillard et le Maître d’école. Toute la France s'est occupée pendant plus d'un an, des aventures du prince Rodolphe, avant de s'occuper de ses propres affaires. Des malades ont attendu pour mourir la fin des Mystères de Paris; le magique La suite à demain les entraînait de jour en jour, et la mort comprenait qu'ils ne seraient pas tranquilles dans l'autre monde s'ils ne connaissaient le dénouement de cette bizarre épopée. »
(Histoire de l’art dramatique, 1858-1859, t. 3, p.161-162)
Paul Féval
« La plume se taillait, cependant, qui allait écrire les Mystères de Paris, ce livre bizarre et tout près d'être magnifique, qui a eu le grand tort de placer nos misères sociales dans le domaine de la féerie. A force de chercher l'imprévu, Eugène Sue trouvait l'incroyable ; il remuait à poignées les terreurs vraies, et, par son procédé, les faisait invraisemblables. Si jamais romancier mérita le nom d'historien, ce fut lui, et pourtant, qui ajoute foi à ses tableaux, sinon l'exagération de la naïveté populaire ? »
(Les Habits noirs, 1863)
Armand de Pontmartin
« Le dénouement des Mystères de Paris, arrangé pour le bon plaisir d'une sentimentalité vulgaire et d'après la grossière poétique du mélodrame, n'a rien de commun, ni avec la littérature, ni surtout avec la controverse sur des sujets élevés. »
(Dernières Semaines littéraires, 1864)