À propos de l’œuvre

Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes

Cette réponse à un concours de l’académie de Dijon, « Quelle est l'origine de l'inégalité parmi les hommes et si elle est autorisée par la Loi naturelle ? », bouleverse le paysage de la philosophie politique du XVIIIe siècle. Rousseau affirme que c’est la société, fondée sur la propriété, qui est la cause de l’inégalité et de la corruption des hommes.
 
Ce Discours sur l’origine de l’inégalité raconte l'émergence de l'humanité. Au départ, un « état de nature » : les êtres humains n'ont pas conscience les uns des autres et ne connaissent ni le bien et ni le mal. Ils se distinguent des animaux par leur liberté : « La Nature commande à tout animal et la Bête obéit. L'homme éprouve la même impression, mais il se reconnaît libre d'acquiescer ou de résister. » Vient alors une première étape, l'entrée dans l'état de société, « Chacun commença à regarder les autres et à vouloir être regardé soi-même. » De là découlent, inextricablement liées, les plus grandes qualités et les plus grandes tares de l'humanité, ses progrès et sa dépravation : le besoin de paraître, le plaisir de dominer et « le noir penchant à se nuire mutuellement ». Une autre étape fondamentale est le cri, fameux, qui est à l’origine de l’inégalité : « Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile », c'est-à-dire organisée et divisée entre riches et pauvres, le dernier degré de l’inégalité étant la servitude.  
 
Toute l'œuvre postérieure de Rousseau sera une tentative pour défendre cette thèse (Le Contrat social, 1762) ou trouver un remède à la corruption par la société (L’Émile, 1762). Ce texte souleva des controverses parmi les philosophes, Voltaire le critiqua violemment.