L’homme est un roseau pensant

Extrait des pages 63 et 165

Nous connaissons qu’il y a un infini, et ignorons sa nature

Par l’espace l’univers me comprend et m’engloutit comme un point, par la pensée je le comprends.


[P. 63] L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature, mais c’est un roseau pensant. Il ne faut pas que l’univers entier s’arme pour l’écraser ; une vapeur, une goutte d’eau suffit pour le tuer. Mais quand l’univers l’écraserait, l’homme serait encore plus noble que ce qui le tue, puisqu’il sait qu’il meurt et l’avantage que l’univers a sur lui. L’univers n’en sait rien.

[P. 165] Roseau pensant.
Ce n’est point de l’espace que je dois chercher ma dignité, mais c’est du règlement de ma pensée. Je n’aurai point d’avantage en possédant des terres. Par l’espace l’univers me comprend et m’engloutit comme un point, par la pensée je le comprends.

Pascal, Les Pensées, 1669-1670
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