Résumé de l’œuvreNathalie Hersent

 

Silvia, une jeune fille de bonne condition, apprend que son père Orgon souhaite la voir mariée à Dorante, le fils d’un ami. Rétive, la jeune femme refuse d’épouser un inconnu, aussi face à l’arrivée imminente du prétendu, elle élabore un stratagème afin de l’observer incognito : elle échangera place et atours avec Lisette, sa camériste. Souhaitant que sa fille se marie de son plein gré, Orgon donne son accord à la dupe. Il s’amuse par avance de la situation avec son fils à qui il apprend que le jeune Dorante a eu la même idée et arrivera grimé en valet. Facétieux, père et fils veulent voir si en dépit de leur déguisement les cœurs de Silvia et Dorante sauront se reconnaître et profitent de l’occasion de se divertir en taquinant « Bourguignon » (Dorante) et « Lisette » (Silvia). Ainsi, ils les mettent dans l’embarras, les contraignent à se tutoyer et suggèrent que quelque attachement pourrait naître entre eux.

 

Décidée à obtenir du valet des informations sur le maître, « Lisette » interroge le nouvel arrivant. Elle est surprise par les bonnes manières et l’esprit dont fait preuve « Bourguignon » lors leur conversation quand Dorante, lui, tombe sous le charme et la prestance de la camériste. S’entremêlent alors un badinage conçu pour mieux connaître le promis/la promise et une attirance réelle, spontanée mais refoulée en raison de préjugés de classe. Et qu’elle n’est pas la surprise de Silvia quand elle découvre que le maître est fort différent de son valet. Aussitôt l’arrogance et la trivialité dont Arlequin fait preuve suscitent l’aversion de la jeune femme.
 
Au contraire de Silvia, Lisette trouve son soupirant à son goût et vient trouver son maître afin de le prévenir de l’admiration que « Dorante » (Arlequin) lui témoigne. Elle l’alerte sur le fait que, si la dupe n’est pas révélée au plus vite, le jeune homme lui sera totalement attaché au dépend de sa maîtresse. Amusé, Orgon l’encourage dans la conquête du cœur de « Dorante » et va même jusqu’à accepter qu’elle l’épouse si l’occasion se présente. Par contre, il lui interdit d’éconduire le prétendu si sa fille le lui demande. Orgon décide d’intervenir dans le jeu et ordonne à Lisette de dire à Silvia qu’elle soupçonne « Bourguignon » de la mettre en garde contre « Dorante ».

 

Les deux domestiques pensent séduire quelqu’un pouvant les élever socialement par le mariage aussi, lors du  badinage malhabile où « Dorante » et « Silvia » dévoilent leurs sentiments, ces derniers cherchent à s’assurer qu’aucun changement de condition ne viendrait atténuer l’affection de l’autre.
 
Tiraillés entre cœur et raison de par leurs sentiments pour une personne qu’ils pensent être de rang inférieur, les deux jeunes maîtres se fuient et se cherchent tour à tour. Tourmentée, Silvia s’emporte contre sa camériste quand celle-ci refuse de rejeter « Dorante » à sa demande et se surprend à défendre le valet accusé à tort d’être à l’origine de son antipathie pour son maître.  Dorante cherche à tuer tout espoir et ainsi faire disparaitre le dilemme, source de son tourment et de sa souffrance. Aussi, presse-t-il « Lisette » d’affirmer que jamais elle ne pourra lui retourner ses sentiments. Alors qu’il est genoux devant elle, Silvia convient, pour se sortir de l’embarras de la situation, qu’il ne lui déplait pas et que, si sa condition était toute autre, son cœur le serait aussi. Cette révélation, contraire à ce qu’il souhaitait, est un coup de tonnerre pour Dorante.
 
Silvia s’emporte quand son père cherche à savoir si « Bourguignon » est la cause du dégoût que sa fille éprouve pour « Dorante ». Elle nie, s’emporte en répondant que « Dorante » est seul responsable de l’aversion qu’elle ressent et que ce n’est que par souci de justice qu’elle a défendu le valet accusé à tort par Lisette. Père et fils, font remarquer à la jeune fille qu’elle ne gère pas bien la situation avec « Bourguignon » car elle a dû lui dire qu’il ne lui déplaisait pas pour qu’il se relève. Orgon et Mario quittent Silvia, le premier lui disant de prendre le temps de la réflexion avant de rejeter Dorante, et le second lui prédisant qu’elle l’épousera de son plein gré.

 
Portrait de mademoiselle Silvia
Portrait de Carlin
Portrait de Thomassin
 

Une fois les maîtres partis, « Bourguignon » retrouve « Lisette », lui répète qu’il l’aime puis, faisant fi de l’ego et des conventions, tombe le masque. Il avoue à la camériste être Dorante, révèle les raisons de son déguisement et son embarras face à l’entichement de « Silvia » pour son valet. Silvia soulagée d’être tombée sous le charme de Dorante et non de celui d’un domestique décide de poursuivre sa dupe. Elle prend les distances qu’une suivante doit tenir face à un maître tout en cherchant à s’assurer du sérieux de son affection. Et c’est forte de l’avoir entendu répondre qu’il lui est attaché au point de renoncer à tout autre engagement dans la mesure où le leur est impossible, qu’elle demande à son frère de susciter la jalousie de Dorante.
 
Quand Arlequin lui annonce qu’il a conquis le cœur de « Silvia » et qu’une union est de l’ordre du possible, Dorante refuse qu’il épouse la jeune femme sous son nom et le pousse à avouer sa véritable identité. La contrariété du jeune homme s’accroît quand Mario conformément au projet de sa sœur vient le trouver afin de lui faire part de ses vues sur « Lisette » et lui défend formellement de s’approcher d’elle. « Lisette » renchérit en lui disant que rien ne la défend d’aimer Mario. Puis, est-ce par vanité ou pour s’assurer de la sincérité de ses sentiments, annonce à son père et à son frère qu’elle veut amener Dorante à la demander en mariage en dépit des conventions sociales ; il doit penser tout perdre en épousant une camériste.
 
Lisette vient auprès de ses maîtres pour leur dire qu’elle a conquis « Dorante » et qu’il est possible qu’il lui demande sa main. Silvia, Mario et Orgon lui disent qu’ils sont prêts à la laisser l’épouser à la condition qu’elle lui révèle au préalable qui elle est.
 
Aussi contraints par leurs maîtres de se démasquer, Lisette et Arlequin penauds dévoilent avec mille et un détours leur réelle identité ; mais s’ils perdent l’illusion d’une union intéressante, ils gagnent un sincère attachement. Ayant décidé de laisser Dorante dans l’ignorance, Arlequin dévoile à ce dernier que « Silvia » accepte de l’épouser en toute connaissance de sa situation.

 

Au désespoir et torturé par la jalousie, Dorante est sur le point de quitter le foyer d’Orgon quand Silvia avec diverses précautions lui fait comprendre qu’elle a de l’inclination pour lui mais qu’elle ne peut y céder car, soubrette, elle a tout à y perdre. Rassuré sur la réciprocité de ses sentiments, Dorante la demande en mariage faisant fi des conventions car selon lui ses qualités valent la naissance. Dès lors, elle lui avoue ses sentiments, son identité : la dupe est levée.
 
Orgon et Mario les rejoignent et le père dévoile aux jeunes promis que par l’entremise d’un courrier de son ami, il était au courant des plans de Dorante mais que Silvia, elle, n’a su la vérité que par le jeune homme. Sur ces révélations, Dorante conclut que ce qui l’enchante le plus ce sont les preuves qu’il lui a donné de son affection et remercie Mario des affres qu’il lui a fait souffrir. Quant à Arlequin, il rassure Lisette en lui disant qu’auparavant sa dote valait plus qu’elle mais que désormais elle a plus de valeur que sa dot.