Genèse de Candide

 
Manuscrit de Candide
Candide, traduit de l'allemand, de M. le Docteur Ralph
Manuscrit de Candide, chapitre XXII
 

Voltaire commence à rédiger Candide à Lausanne, en décembre 1757 et janvier 1758. Le plan général du conte est déjà bien arrêté dans son esprit. Tous les événements qui l'ont préoccupé pendant un an, du tremblement de terre de Lisbonne à la guerre en Europe et dans les colonies, figurent dans la trame du récit.

C'est durant l'été 1758, lors de son séjour en Allemagne, à Schwetzingen, chez l'électeur palatin Charles-Théodore, que Voltaire fait mettre au net, par son secrétaire Jean-Louis Wagnière, les chapitres déjà rédigés qu'il lit à son hôte. L'écrivain reprend le conte en août et l'achève en octobre, alors qu'il s'est définitivement fixé aux Délices, près de Genève, en trois jours de travail acharné, selon l'anecdote rapportée par Perey et Maugras dans La Vie intime de Voltaire.

Le manuscrit que l'écrivain envoie à son ami le duc de La Vallière est une copie de la main de son secrétaire Wagnière qui porte des corrections autographes de Voltaire. Ce manuscrit est aujourd'hui conservé à la bibliothèque de l'Arsenal sous la cote ms 3160. Il offre plusieurs versions du chapitre parisien, trouvé faible, et l'épisode du nègre de Surinam en est absent. Ce n'est pas le dernier état du texte. Voltaire a encore retouché le conte avant de le livrer à ses imprimeurs de Genève, les frères Cramer. De concert avec eux, il donne à la publication de Candide, selon l'expression de René Pomeau, une « dimension européenne », envoyant des exemplaires à Paris et Amsterdam dès janvier 1759. D'autres éditions sont tirées à Lyon, Avignon, Paris, Liège, Londres où deux traductions en anglais paraissent en même temps. Candide, publié sous pseudonyme et sans autorisation, est ainsi mis en vente de manière simultanée dans des villes très distantes les unes des autres, pour mieux dérouter les contrôles de la police. Malgré l’interdiction de l’ouvrage, prononcée dans plusieurs pays, le succès est total : rien que pour l'année 1759, on dénombre 17 éditions de Candide.

En 1761, Voltaire donnera une édition légèrement modifiée, notamment au chapitre 22 dont la BnF conserve également le brouillon, qui constitue le texte définitif.