À propos de l’auteurRoger Musnik
Joseph Pierre Borel d’Hauterives, qui prit très tôt le pseudonyme de Petrus Borel, nait à Lyon le 30 juin 1809. Après des études d’architecture, il se tourne vers le journalisme et la littérature, participant à tous les combats romantiques (notamment la bataille d’Hernani). En 1832 paraît son recueil de poèmes Rhapsodies, dans la préface duquel il proclame : « Mon républicanisme, c’est de la lycanthropie ! ». Le surnom lui restera. L’année suivante, il publie Champavert, contes immoraux, puis en 1839 un roman, Madame Putiphar, fleuron de la « littérature frénétique ». Mais ces ouvrages n’ont que peu de succès. Il connaît la misère, ne mangeant pas toujours à sa faim et ne survivant que par des travaux journalistiques. Il finit par accepter, par l’intermédiaire de son ami Théophile Gautier, un poste de fonctionnaire en Algérie. Mais en conflit récurrent avec sa hiérarchie qu’il accuse de prévarication, il est renvoyé en 1856. Se retirant près de Mostaganem, il meurt le 14 juillet 1859, probablement d’une insolation. Son surnom de Lycanthrope reflète bien son dégoût de la société : « Dans Paris, il y a deux cavernes, l’une de voleurs, l’autre de meurtriers ; celle de voleurs c’est la bourse, celle de meurtriers c’est le Palais de Justice ». Il abomine cette humanité bestiale et féroce envers les faibles, et vomit l’hypocrisie des sentiments : « pour moi, l’amour, c’est de la haine ! ». Ses textes sont emplis d’atrocités et de fascination pour le suicide, ce qui ne l’empêche pas d’utiliser un humour très noir en poussant au paroxysme les clichés du roman gothique. « Sans Petrus Borel, affirmait Baudelaire, il y aurait une lacune dans le Romantisme ». Après avoir été méprisé et oublié de son vivant, Petrus Borel fut admiré par les surréalistes, et est considéré de nos jours comme un « petit maître » du Romantisme, un incontournable.