Ce roman paraît en mars 1866 en France et en Belgique. Victor Hugo en exil depuis une quinzaine d’années n’a plus rien à prouver : Les Contemplations, la première série de La Légende des siècles, Les Chansons des rues et des bois, mais aussi Les Misérables et William Shakespeare sont derrière lui. Il aurait pu se reposer, mais non. Les Misérables ayant été pour une large part écrits en France sous la monarchie de Juillet, Les Travailleurs de la mer inaugurent une nouvelle manière : c’est le premier roman entièrement né de l’exil, de sa première conception (dès 1856) et de ses premiers repérages (en 1859) à sa réalisation (1864-1865). Ayant aussi l’exil pour cadre, il est rendu à l’exil par sa dédicace « au rocher d’hospitalité et de liberté, à ce coin de vieille terre normande où vit le noble petit peuple de la mer, à l’île de Guernesey, sévère et douce, mon asile actuel, mon tombeau probable ». Comme Notre-Dame de Paris, il est placé sous le signe de la fatalité et se termine mal, alors même qu’il raconte une histoire du XIXe siècle, traite du progrès technique, et de l’ingéniosité humaine.