Echec de Mazulhim

Chapitre IX

 

Dans toutes les occasions où elle s'était trouvée (et elles avaient été fréquentes assurément), on ne lui avait jamais manqué ; c'était pour elle une preuve incontestable de ce qu'elle valait. D'ailleurs, ce Mazulhim qu'elle trouvait si peu digne d'estime, de quels prodiges, si l'on en croyait le public, n'était-il pas capable ! Si (comme la chose lui paraissait assez avérée) elle n'avait rien à se reprocher, par quel hasard Mazulhim qui, disait-on, n'avait jamais eu tort avec personne, en avait-il avec elle un si singulier ? Elle avait ouï-dire à tout le monde qu'elle était charmante ; la réputation de Mazulhim était trop belle pour qu'il ne la méritât pas, au moins, par quelque endroit ; donc, ce qui lui faisait faire tant de réflexions, n'était point naturel, et ne pouvait pas durer.
Avec ces consolantes idées, et d'ouï-dire en ouï-dire, Zulica s'était armée de patience, et cachait son dépit le mieux qu’il lui était possible. Mazulhim cependant tenait les propos du monde les plus galants sur les beautés qui semblaient le toucher si peu. Il fallait, disait-il, que pour le rendre tel qu'il se trouvait, tous les magiciens des Indes eussent travaillé contre lui : mais, continuait-il, que peuvent leurs charmes contre les vôtres ? Aimable Zulica ! ils en ont différé le pouvoir, mais ils n'en triompheront pas.
A tout cela, Zulica, plus fâchée que Mazulhim n'était déconcerté, ne lui répondit que par des sourires malins mais auxquels, de peur de l'achever, elle n'osait donner toute l'expression qu'elle aurait voulu. Vous êtes, demanda-t-elle d'un air railleur, brouillé avec des magiciens ? Je vous conseille de vous raccommoder avec eux ; des gens capables de jouer de pareils tours, sont de dangereux ennemis !