La grande ortie

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Elle laisse des souvenirs cuisants sur les bras et les mollets des promeneurs imprudents. La grande ortie recèle pourtant de nombreuses vertus… pour qui sait s’en saisir. Ouvrons maintenant l’herbier de Gallica.

Leonhart Fuchs, De historia stirpium commentarii insignes, Bâle, 1542

L’ortie est associée à la démangeaison qu’elle provoque. Le mot vient du latin urtica qui a donné en français le terme « urticant », qui désigne d’ailleurs les poils lui servant de défense. Elle appartient à la famille des urticacées comme la pariétaire ou la ramie (ou ortie de Chine), utilisée comme fibre textile. Le genre Urtica comprend des espèces comme l’ortie brûlante (ou petite ortie) ou l’ortie à pilules (ou ortie romaine). L’ortie blanche n’est pas une ortie mais fait partie de la famille des lamiacées comme la menthe ou le thym. La grande ortie (Urtica dioica) est aussi appelée ortie dioïque car chaque plant ne porte que des fleurs mâles ou des fleurs femelles.

Cette plante vivace, très commune en France, est originaire d’Eurasie et s’est répandue dans les milieux tempérés. Elle aime les sols riches en matières organiques, en azote, les terrains modifiés par l’homme (friches, décombres, abords des habitations). Elle conquiert de nouveaux sites avec ses graines, puis les colonise avec ses stolons et ses rhizomes. Pour assurer sa défense, la grande ortie est couverte de poils urticants, plus densément quand elle est exposée aux herbivores ou au piétinement. Le poil est une pointe de silice dont le bout se casse au contact, libérant un liquide urticant. Pour atténuer les démangeaisons ainsi produites, il faut appliquer des feuilles de plantain sur la zone concernée.

Il ne faut pourtant pas se laisse décourager par ce premier contact. En effet, elle est l’hôte d’une trentaine d’insectes comme Paon-du-jour, le Vulcain, la Carte géographique ou la Petite tortue (dite aussi Vanesse de l’ortie). Elle est consommée tant par le bétail que par les hommes. Ses feuilles peuvent être mangées crues, ou cuites à la façon des épinards. La soupe aux orties fait partie depuis longtemps de la gastronomie russe. L’Europe de l’Ouest la redécouvrit pendant les périodes de guerre.

Déjà mentionnée par Dioscoride pour lutter contre les hémorragies, la grande ortie constitue aussi un remède contre l’anémie et la chlorose. Sa fibre a été utilisée comme textile par l’Allemagne pendant la Première Guerre mondiale. Dans les jardins, le purin d’ortie sert à fertiliser et à repousser les insectes. Malgré tous ces usages, l’expression jeter aux orties montre le peu de cas qui a été fait de la grande ortie. Elle mérite donc qu’on se penche sur son cas… avec des gants évidemment.

Pour aller plus loin :
Pour retrouver l’ortie et ses cousines, parcourez la partie botanique du parcours Gallica La Nature en images.