Au lendemain du premier conflit mondial, la route est en suspens.
Le service des cars automobiles PLM avait, durant la guerre, réduit son parcours en s’arrêtant à Briançon. Il est rétabli le 1er juillet 1919 jusqu’à la « Riviera ». Parrallèlement, le 16 décembre 1920, la RN 202 devient officiellement « route des Alpes ».
En février 1921, le Touring Club de France se fend d'un
dossier intitulé :
« Où en est la Route des Alpes ? », dans sa revue mensuelle. A l’appui d’une réponse du groupe parlementaire du tourisme à la Chambre, présidé par le député de Savoie,
Antoine Borrel, le TCF liste les sections de la route classée en 1912 qu’il reste encore à aménager ou à construire. Parmi elles la
route de l’Iseran demeure l’épine qui empêche l’itinéraire de s’élever sur les hauteurs majestueuses du massif de la Vanoise. Lapidaire, le TCF conclut
« Il reste donc un gros effort à faire »
Mais en ces lendemains de guerre, la priorité n’est pas à construire une route touristique, qui plus est sur les contreforts escarpés des Alpes qu’il a fallu défendre quelques années plus tôt. Les travaux trainent, le tracé initial voulu par le TCF s’enlise. Alors, face à l’inertie des pouvoirs publics, l’association de tourisme décide de reprendre la main et publie, dans sa
revue de juillet 1930, un article en forme de lettre de mission
« Pour achever la route des Alpes ». Et c’est à nouveau
Antoine Borrel, également président du
Conseil général de Savoie, qui est à la manœuvre :
La Route des Alpes, ce n’est pas seulement le nom d’un itinéraire conçu par des techniciens et des artistes pour le plus grand avantage des voyageurs et pour le renom de nos sites ; la « route des Alpes », c’est une vraie route, un vrai grand chemin, tracé, taillé, creusé, suspendu, accroché au pied, au flanc, parfois à la crête des monts : une œuvre d’ingénieur qui mérite de passer dans l’histoire comme elle est déjà dans la géographie (...) La route des Alpes affronte la montagne intégrale, naguère inaccessible ; elle cotoie les glaciers et les précipices ; elle sinue le long des champs de neige et surprend les torrents à leur source. C’est la route des escalades, des sites tragiques, des lacets obstinés
A l’Iseran, Borrel ajoute un passage dans
le défilé du Bonhomme qui relierait Bourg Saint Maurice à Saint Gervais, plus précisément les Chapieux à
la route de Notre Dame de la Gorge qui mène aux Contamines-Montjoie. Le tracé initial du TCF envisageait également ce passage en bordure du massif du Mont-Blanc :
« La zone du col du Bonhomme particulièrement belle et attachante est pratiquement inaccessible dans l’état actuel des choses ».
Ce projet sera finalement abandonné pour le plus grand bonheur des randonneurs puisque le col deviendra un passage éminent de la
grande Traversée des Alpes (autrement connue sous le nom de GR5), mais à pied cette fois.
Un rapport du Sénat concernant le budget 1931-1932 des travaux publics souligne
« il reste à achever la construction de la route des Alpes, pour laquelle les lacunes à combler ont une longueur de plus de 100km, et représentent une dépense de 80 millions au moins ».
Iseran, point culminant
Cette inauguration marque pour le tourisme une conquête nouvelle. La Route des Alpes va drainer vers ces régions un grand nombre de voyageurs français et étrangers. Il n’est pas un automobiliste qui ne voudra éprouver à ces altitudes le moteur de sa voiture
Et se passer des 225 kilomètres qu'il fallait auparavant parcourir pour rallier Bonneval et Val d'Isère. Le col de l'Iseran a été emprunté à
7 reprises par le
Tour de France depuis son ouverture. Il le sera une huitième fois, le vendredi 26 juillet 2019 lors de la
19e étape, comme point culminant de cette édition du Tour.
Quant à la route des Alpes, rebaptisée "route des Grandes Alpes" par un comité réuni à Vars en 1950 pour relancer cet itinéraire après-guerre, il faudra attendre le tronçon du
Cormet de Roselend, entre le
Beaufortain et la
Tarentaise, dernier aménagement routier qui donnera à la route son visage actuel.
Laissons le mot de la fin sur la route, à Henri Ferrand qui n'aura pas
ménagé sa plume pour se célébrer l'itinérance à travers les Alpes françaises :
« Liaison de toutes les beautés grandioses de nos Alpes, synthèse des énergies et des élégances, cette heureuse création ne peut que grandir et se développer, en mettant à la portée de tous les merveilles les plus renommées de la terre française ». Eu égard à sa fréquentation aujourd'hui, il avait vu juste.
Bibliographie