Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1907-10-15
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 15 octobre 1907 15 octobre 1907
Description : 1907/10/15 (A1,N15). 1907/10/15 (A1,N15).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76453135
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
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- Yes'
Première Année. — N° 1S (Quotidien). r '- -- £e Numéro : & centimes
Mardi ÏS Octobre Ï90/.
Rédacteur en Chef ; G* de PAWLOWSKI
REDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
-
TÉLÉPHONE ; 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDlA=PARIS
ABONNEMENTS :
UN AN 6 MOIS
^tis et Départements. 24 fr. 12 fr.
tranger. , 40 » 20 »
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UN AN 6 MOIS
Pansât Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 »
Le Succès
C'est tout -à fait par hasard que l'au-
teur a imaginé le sujet de sa pièce. Un
» dit devant lui, a jeté une semence
Meuleuse, et l'Idée a poussé tout à
COUD.
Rien n'égale le charme clair de l'Idée-
Astarté, jaillissant d'une mer obscure.
Pendant quelques jours, l'Ecrivain se
figure avoir trouvé le chef-d'œuvre uni-
que. H a mis la main sur un sujet d'une
actualité éternelle. Il ne s'agit pas de
jouer la pièce cent fois, ou mille fois.
fat' la jouera toujours. Toutes les géné-
rqtions nouvelles alimenteront, à travers
U s siècles, ce théâtre fortuné, qui don-
nera trois représentations par jour.
Puis le poète écrit la pièce, car il faut
tout de même en arriver là. Il l'écrit
'l6 la fièvre, en se hâtant vers la lin.
j la lit ensuite à des amis qui ne
Ut semblent pas assez enthousiastes.
p VOilà qu'ils font des objections, qu'ils
salent de supprimer un personnage,
en développer un autre trop peu ex-
v lque., L'auteur perd sa foi en son œu-
re. Démoli subitement, il donne raison
v tout le monde. Il se remettra à l'ou-
rtge, pas tout de suite, mais demain.
il Le lendemain, avant de rien toucher,
il a l'idée de lire sa pièce à sa vieille
j^d'mère, qui n'arrête pas de - pleurer
i aumiration. Alors, le poète méprise le
ornent de ses amis. Il défend énergi-
auement son œuvre, se refuse à sacri-
fier ce personnage dont ses amis ne vou-
aient pas, mais qui a tant plu à la
° and'mère, et qui portera certainement
Sur le public.
j.^uis, il va parler de sa pièce à un
acteur, qui le connaît et qui l'es-
••• Il a l'imprudence de lui dire que
%or' manuscrit est terminé, et ainsi il
anque de tout compromettre.
à ne faut jamais montrer une pièce
Hn directeur.
ut-eile écrite du premier mot au der-
et 11 faut dire qu'elle n'est pas faite,
PlusaConter simplement le sujet, avec le
fOi" de verve possible. Le directeur une
Zai; emballé, on lui promet, pour la quin-
teille suivante, la pièce complètement
^«ée. , -.. -
On consacre les quinze jours qui sui-
vent au bridge, au billard ou à l'auto.
c laps écoulé, on sort sa pièce de son
tir lr' et on l'apporte au directeur. Il
"Merveille de votre facilité. On lui
le r re le manuscrit, de. loin. Puis on
qUe ernpqrte sous prétexte d'y faire quel-
que menues corrections. Mais surtout
*auf éviter de le lui laisser entre les
nains.
Axiome important : Ne jamais laisser
un dIrecteur seul à seul avec un manus-
crit. Choisissez un directeur intelligent,
compétent, avisé. Apportez-lui un chef-
d'œuvre incontestable. Prenons le Cid
comme exemple. Supposons qu'il l'ad-
mire. Tout - est possible. Mais, s'il
s'abstient de montrer la pièce à des
amis, si son admiration première n'est
pas soutenue par des admirations de
A. Ort, elle ne tiendra pas trois mois.
A notre époque, on n'admire long-
temps qu'avec entraîneurs.
Et l'auteur du Cid, à son retour de
la campagne, arrivant la bouche en
cœur pour s'entendre redire des louan-
l'on et savoir quand la pièce passera, si
l'on a commandé des décors. aura de-
vant lui un directeur complètement
transformé, qui lui fera faire anticham-
bre, lui serrera la main distraitement, et
lra par lui dire :
- Oui, il y a de bonnes choses dans
votre. comment l'appelez-vous. dans
VÇ) itt Cid (quel titre!) Mais que c'est
tre gereux, mon ami! Cette dispute en-
tre ce vieux et ce Gormas, et surtout ce
coup de la gifle!. Là, de deux choses
l'une, ou l'on rira, ou nous serons agra-
res. Quant à votre récit de bataille, ce
paquet énorme que vous m'avez posé au
milieu du « quatre», je n'en parle pas.
Vous le ferez sauter vous-même à la
troisième répétition. L'acteur n'arrivé-
rait pas au bout.
Bref, l'auteur imprudent aura de for-
tes chances de remporter sa pièce, qu'il
aura la ressource de faire jouer en re-
présentation unique, dans une société
littéraire, comme adaptation de Guillem
de astro.
Mais enfin, si le directeur n'a rien à
ouer, s'il n'a pas de reprises possibles,
s'il n'a Q pas un premier acte de pièce
commencée à mettre en répétitions, il se
rèsigne à -faire lire aux artistes cette
pièce achevée.
Le Cid fait, admettons-le toujours,
une énorme impression sur les artistes.
Alor s, le directeur remonte sur sa bête,
et l'auteur en croupe avec lui.
Au bout de huit répétitions, un grand
découragement pèse sur tout le monde,
d'autant plus morne que l'effet de la
lecture a été plus brillant : on ne se
dégoûte vraiment que de ce que l'on a
bien goûté. Les protagonistes, qui
Qva!- t. tlt été étonnants dès la première ré-
pétition, ne font plus d'effet sur le di-
recteur blasé; l'auteur se foi'ce encore à
l'admiration. Mais un doute terrible s'em-
pare de lui. Tout le monde doute et
s'effraie. Seul, l'acteur chargé de repré-
senter don. Alonse, deuxième gentil-
homme Castillan, paraît rassuré et con-
fluant et, très préoccupé de son person-
nage, demande à l'auteur : « Comment
le voyez-vous? »
L'auteur ne donne aucun conseil
utile. Il pense à son texte. Qu'il soit
d't bien ou mal, qu'importe?. Il n'est
pas bon. C'est désespérant.
Puis, un jour, un machiniste qui ne
connaissait pas la pièce, assiste, par ha-
sard, à la répétition, et trouve ça très
costaud. Tout le monde reprend con-
fiance. On vit là-dessus jusqu'à la ré-
pétition dite « des couturiers ». Là, quel-
ques amis sont conviés. Ils arrivent, ar-
més jusqu'aux dents. Ils se chargent
chacun d'un acte. L'un canarde le pre-
mier, l'autre flanque le deux par terre.
Deux autres foncent sur le trois. Seuls,
les couplets de l'infante, à la fin du cinq,
semblent charmants à tout le monde.
Mais arrivera-t-on jusque-là?
Le directeur ne demanderait pn&
mieux que de trouver la pièce mauvaise.
Mais il se met en tête de la défendre,
par haine des amis de fauteur.
Succès énorme à la générale, même
peur les couplets de l'infante. Le direc-
teur embrasse l'auteur, qui pleure,
trouve le succès trop grand, et tremble
pour la première..
La première marche moins bien. Le
directeur n,.est plus si tranquille. » Le
public de la générale est un peu spécial.
Il faudra voir ça samedi soir. »
La presse est délirante. Il y a cer-
taines petites restrictions qui rendent
l'auteur malheureux jusqu'au fond de
l'âme. La location s'annonce bien. Mais,
le lundi, ça baisse subitement, et comme
tout le monde se désespère, ça remonte
ferme le lendemain, et ça ne redescend
plus.
Le directeur triomphe. Il sait mieux
que l'auteur quelles sont les scènes qui
ont fait le succès de la pièce. « L'auteur
ne peut pas s'en douter. Le triomphe
tient à quelque chose de fortuit, en de-
hors de sa volonté. » Il laisse parler le
directeur, et ne chicane pas. - Il est heu-
reux. Il se baigne dans le succès.
.Jusqu'au jour où il a l'idée, à la
cent vingt-deuxième, d'aller dans la
salle, au dernier rang de l'orchestre, Et
il entend une jeune et jolie femme, ins-
tallée dans une baignoire, déclarer que
cette pièce est sans intérêt et tout à fait
enfantine.
Ça n'est jamais fini. Mais aussi il
avait bien besoin daller dans la salle î
Tristan BERNARD.
Nous publierons demain une nouvelle de
E. HALPÉRINE KAMINSKY
ARMOIRES A GLACE
Parmi les fantaisies les plus étour-
dissantes que le modern-style fit naître
en matière d'ameublement, il faut citer
en première ligne les nouvelles armoires
à glace automobiles que la Compagnie
des Omnibus a fait mettre depuis quel-
que temps en circulation dans les rues
de Paris.
Il paraît que ces meubles bruyants et
encombrants sont destinés au transport
des Parisiens.
Cela serait évidemment une excuse
qui nous permettrait d'admettre leur
passage dans nos rues au même titre
que les chiens à qui les gamins atta-
chent une casserole à la queue. A bruit
égal, l'invention serait, en effet, beau-
coup plus utile et pourrait rendre de vé-
ritables services, particulièrement à la
sortie des théâtres.
Seulement, pour atteindre ce but, il
serait indispensable que la Compagnie
organise son service d'une façon un peu
plus convenable. \;
C'est ainsi, entre autres, que, pour
notre Second Théâtre-Français, la situa-
tion est en lotis points déplorable. Les
journaux, eux, ont des moyens spéciaux'
pour avoir des nouvelles de ces régions
lointaines, les pigeons, par exemple,
que nos collaborateurs peuvent nous en-
voyer en temps utile; mais, lorsqu'il s'a-
git de rapatrier les foules d'émigrants
qui furent bénévolement à l'Odéon, il
n'en va pas de même et rien n'est plus
lamentable que le spectacle que présente
l'unique armoire a glace automobile de
la Compagnie, stationnant ironiquement
sur la place et dans laquelle quelques
centaines de spectateurs veulent s'en-
gouffrer.
Lorsqu'il s'agit d'armoires à linge,
on peut encore s'arranger; mais, pour
des voyageurs, étant donné les con-
ditions essentielles de la vie humaine, il
faut un peu plus d'air que pour des piles
de serviettes.
Serait-il donc bien difficile, pour la
Compagnie, de diriger sur la tête de li-
gne, au moment de la sortie, un mobilier
complet de ses belles armoires jaunes ?
Elle en serait quitte pour faire payer un
peu plus cher et chacun y trouverait
ainsi son compte.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Ce soir, à huit heures et demie, au Théâ-
tre Cluny, répétition générale de Papota-
ges Saint-Germain, revue en trois actes et
sept tableaux, de MM. Paul Ardot et Albert
Laroche.
u
a jjojj incident qui s'est produit, il y a
quelques jours, durant les répétitions
du Manteau du Roi. à la orte-,,ïmn-ari.
Quelques-uns des moindres rôles, de ceux
qui ne comportent qu'un petit nombre de
vers, n'étaient pas encore distribués.
M. Péricaud, qui a mis en scène Cyrano
de Bergerac avec la maîtrise que l'on sait,
met en 'scène également, avec toute son
expérience attentive, Le Manteau du Roi.
En l'absence du titulaire d'un des petits
rôles, celui d'un vieillard exilé, Péricaud
donnait la réplique, manuscrit en main et
assis à l'avant-scène, à ses camarades, lors-
que M. de Max lui dit:
— Pourquoi ne jouez-vous pas ce rôle,,
vous le lisez si bien?
— Oui, dit l'auteur, pourquoi?
Sans rien répondre, M. Péricaud se leva
et joua la scène. Il acceptait le rôle.
A la fin de l'acte, l'acteur et l'auteur se
serrèrent la main avec une visible émotion.
Pour bien comprendre cette émotion qui
les avait gagnés tous deux, il faut savoir
que, lorsque M. Péricaud et M. Jean Ai-
card étaient de jeunes hommes, ils se con-
nurent à Marseille. M. Péricaud, à cette
époque, joua, sur la scène du Gymnase de
Marseille, la première pièce de Jean Ai-
card, Au Clair de la Lune, un acte en vers
que Théodore de Banville aimait beau-
coup.
Et, puisque le nom de Théodore de Ban-
ville est prononcé, voici de l'auteur de FIQ-
rise un sixain « inédit ».
Jean Aicard avait écrit un article sur le
traité de prosodie que venait de publier
Banville.
Celui-ci répondit aussitôt par l'envoi d'un
exemplaire qui porte les vers suivants sur
la feuille de garde:
Qui, moi, pédant ? ô mes amis!
Et cependant, pour avoir mis
Dessus mon nez — cette besicle,
J'ai gagné votre bel article,
Et cela seul, mon cher Aicard,
Peut justifier cet écart !
Théodore DE BANVILLE.
L'auteur de Florise serait content sans
doute de voir Jean Aicard, avec Le Man-
teau du Roi, réaliser un de ces rêves dra-
matiques qu'il aimait et qui tiennent de la
féerie.
M
auvaise herbe pousse toujours.
Il s'agit, en f'occurence, de l'herbe
qui tapisse la cour de notre Académie Na-
tionale. Grâce à la pluie bienfaisante qui
tomba, hier, à torrents, c'est presque un
pâturage que le passant, étonné et ravi,
considère à travers les grilles.
Il est question, nous dit-on, d'y mener
paître les quadrupèdes de la figuration che-
valine.
Q
u'un auteur aime et chérisse son œu-
vre, rien de plus naturel et de plus
honorable. Mais, surtout quand il ne s agit
pas d'un ouvrage de génie, où chaque mot
a sa valeur, l'exagération de ce sentiment
peut devenir un tantinet amusante.
Dans un petit mais joli théâtre peu éloi-
gné de l'Opéra, une pièce se joue depuis
six ou sept mois. L'un des deux auteurs
en est tout fier. Il a raison. Il vient chaque
soir s'applaudir et on a pu le voir deux
cents jours de suite, dans la salle.
Aurait-il, à la main, son propre texte?
.Ou bien connaît-il ses trois actes par cœur?
Toujours est-il que, dès qu'un artiste se
permet la plus légère variante, il en prend
note et, le lendemain, le directeur, qui en
est avisé, rédige à l'égard de l'acteur fau-
tif,. une ordonnance.
Tristan Bernard est moins sévère. Par-
fois son Anglais tel qu'on le parle s'orne
de courtes innovations qu'ignore la bro-
chure — et ce aux Français. Tristan Ber-
nard ne dit rien. Et il est Tristan Ber-
nard.
U
n de nos confrères étrangers, parlant
des dédicaces dont les compositeurs
d aujourd nui enrIChIssent volontiers leurs
ouvrages, constate qu'autrefois cet usage
était bien moins répandu qu'aujourd'hui.
C'est ainsi que, parmi les nombreuses
œuvres de Bach, il ne s'en trouve que trois
dédiées à des personnes illustres, entre au-
tres le Sacrées musical à Frédéric le Grand.
Beethoven dédia toutes ses œuvres à des
souverains et des princes, parce qu'il leur
devait beaucoup, tant au point de vue moral
que matériel. Il dédia aussi certaines com-
positions à Gœthe et à Haydn. Brahms dé-
dia peu d'ouvrages à ses collègues en art;
Mascagni dédia ses Masques à lui-même,
« avec sa plus haute estime et son invaria-
ble affection », et enfin Bruckner a dédié sa
dernière symphonie, demeurée inachevée,
à. Dieu!
E
lie a les cheveux courts et gentiment
bouclés.
- Jolie f
— Beaucoup de charme, puisqu'il va l'é-
pouser.
— N'adore-t-elle pas les bêtes?
— On le dit.
— J'ai trouvé. C'est la mère de Kiki et
de Toby-le-Chien.
— Voyons. laissez Colette. Elle vient
de divorcer!
— Alors?
- Ecoutez: la « fiancée » en question
a débuté jadis dans les cafés-concerts, y
fut très adorée, obtint un grand succès.
Maintenant, elle joue la comédie.
— N'a-t-elle pas, comme Sacha Guitry,
un gentil petit singe?
- J'y suis: son valet de chambre est
aussi noir que celui de M. de Fiers?
= Est-elle brune? Est-elle blonde?
— Cherchez. Si je vous dis son nom,
ce n'est plus amusant. Sachez seulement
que la jeune fiancée a l'air très distin.
guett 1 --
D
e son vivant, Rossini ne faisait pas que
de la bonne musique. Il savait mieux
--- (J. - _11_
que le meilleur cuisinier raire un excenem
macaroni, accommodé de sauces savantes.
Il savait aiissi trouver le mot juste,
cruel, spirituel ou brutal.
Un jeune parent de Meyerbeer, convaincu
que cette parenté lui donnait le droit de
composer, vint un jour chez Rossini lui
soumettre auelaues morceaux de musicue.
*
Meyerbeer était mort depuis peu de temps.
Rossini, le binocle sur le nez, regarde la
musique du jeune compositeur ; un silence,
un froid, puis, tout à coup, se retournant
vers le débutant :
- Quel malheur que vous ne soyez pas
mort à la place de Meyerbeer.
L
'engagement que M. Toselli vient de
signer avec M; Kaspar, l'imprésario,
sera pour le jeune pianiste une veruaDie
mine d'or.
La tournée comprendra l'Amérique du
Nord et l'Amérique du Sud. L'époux de
l'ancienne princesse de Saxe recevra la
somme de auinze cent mille francs, mais
son contrat oblige la princesse à se tenir
près du piano pendant qu'il jouera, et a
tourner les pages de la musique.
-On confirme que la tournée ne commen-
cera pas avant le mois de janvier.
M
me Melba est actuellement en Aus-
tralie avec son fils Marie et sa belle-
- _!- u_- =_1:-
fille. Elle a loué pour six mois une junc
maison de campagne près de Ballarat.
La célèbre artiste voyage avec une quan-
tité de bagages prodigieuse. Quand elle ar-
riva à Burrumbeet, la gare la plus proche
de sa résidence, il fallut arrêter le train
pendant plus d'une demi-heure pour per-
mettre le déchargement de tous les colis
qui lui appartenaient. On ajoute que les
employés ne cachaient pas leur méconten-
tement.
L
'autre soir, au troisième acte de La Vi-
vandière, au moment où le marquis
- « 1 - 1- DX
de Kieul, prisonnier des soldats ae la f\c-
publique, passe devant le capitaine Ber-
nard, il élève son chapeau à cocarde blan-
che, avec un geste qui n'est pas sans gran-
deur. « Vive le Rov. monsieur! », dit-il.
Ce cri eut un écho dans la salle.
D'une avant-scène partit un bref et éner-
gique: « Bravo! » -
Mais, aux fauteuils, brusquement se leva
un spectateur, redingote administrative,
chevelure et barbe de vieux républicain,
qui, avec un geste énergique scanda sa
protestation: « Vive la République, N. de
D.! »
E
phémérides.
Rappelons — en passant — que ce
fut le 15 octobre 1812 que Napoléon ¡er
signa, à Moscou, le fameux décret organi-
sant l'administration, la comptabilité et la
discipline du Théâtre-Français. Cette charte
devait rester en vigueur quatre-vingt-neuf
ans moins trois jours, puisqu'un décret de
M. Leygues la modifia le .12 octobre 1901
de la façon que l'on sait.
L
a comédie bien connue de Lavedan, Le
Nouveau Jeu, qui, en allemand, est
devenue Le Lit, a été interdite à Prague
par la police. Cette sévérité est d'autant
plus surprenante que Le Lit avait été re-
présenté cinq cents fois sur des théâtres de
Vienne, et avait été joué à Brünn, Gratz et
autres villes.
c
'est du Nord, aujourd'hui, que nous
vient la consolidation du mur de la vie
privée.
Un brillant chroniqueur danois avait cru
pouvoir avancer qu'une actrice en renom
ne comptait pas uniquement sur ses ap-
pointements pour vivre et pour s'acheter
des diamants brillant de plus de « feux »
qu'elle n'en recevait.
La vertueuse comédienne fit part de son
indignation aux juges de son pays qui en-
voyèrent bel et bien en prison le jeune et
beau Danois.
Et nunc erudimini, journalistes parisiens !.
L
3 Monde Artiste emprunte au célèbre
journal saxon Le « Signale » une ex-
traordinaire annonce demandant un critique
musical.
Cet oiseau rare devra être de confession
chrétienne, âgé de plus de trente et de
moins de quarante ans, et envoyer des cer-
tificats prouvant sa .compétence, des spéci-
mens de son travail et sa photographie aux
bureaux du journal.
Si quelqu'un des collaborateurs de Co-
mœdia désire s'expatrier, il ne trouvera ja-
mais proposition plus tentante.
Ne vendez pas vos bijoux, perles et pier-
res fines, ainsi que vos reconnaissances de
bijoux, sans les montrer au Comptoir Inter-
national, 44, - Chaussée-d'Antin, qui Paie
très cher. Téléphone 269-67.
NOUVELLE A LA MAIN
0
n distribue, dans un théâtricule, les
rôles des saisons à quatre petites fem-
t 1 11 .11.1
mes au corps ae OalleI.
Celle à qui échoit la personnification de
l'hiver fait une moue significative.
— Mais, ma chère enfant, lui dit le li-
brettiste, c'est une occasion unique pour
vous de faire croire à vos rigueurs !
Le Masque de Verre
Les Directeurs
de Théâtres
Une proposition grosse d'impor=
tance. == Directeurs et critiques.
Le bruit est encore discret, mais peu
à peu, cependant, il se confirme et cesse
de revêtir la forme vague d'un ori-dit,
que les directeurs de théâtres vont se
réunir prochainement pour statuer sur
une grave, très grave proposition qui
leur sera soumise par un des leurs.
Celui-ci, directeur notoire, proposera
à ses collègues de prendre l'engagement
rigoureux de ne monter désormais au-
cune pièce signée d'un critique théâtral.
On ajoute qu'il a le ferme espoir de
voir sa proposition ratifiée par une ma-
jorité.
ROUZIER-DORCJÊRFS
NOS ARTISTES
Mlle Marié de Flsle
Mlle Jeanne Marié de l'Isle, la Cly-
temnestre prochaine, la superbe Car-
men d'hier, n'a pas d'histoire et ne de-
mande pas qu'on en fasse une autour
de son nom.
Petite cousine de Galli-Marié, elle a
eu, de bonne heure, par atavisme, le
goût et la passion de la musique d'a-
bord, ensuite du théâtre. Entrée au Con-
servatoire dans la classe de Masson,
elle quitte la célèbre Maison au bout de
six mois de fréquentation. Elle suivit en-
suite l'enseignement de M. et Mme
Maurice Jacquet.
Entrée à l'Opéra-Comique à la fin de
Photo MÂNUEÛ
Mlle MARIÉ DE L'ISLE dans Carmen, à l'Opéra-Comique
la direction Carvalho, elle n'a plus
quitté la scène de la salle Favart, ex-
cepté l'an dernier, parce que les théâtres
de Reims et de Marseille lui avaient of-
fert d'y créer la Marie-Magdeleirte de
Massenet, et que M. Albert Carré, mal-
gré son désir de garder une aussi pré-
cieuse pensionnaire,, n'avait pu s oppo-
ser à un désir si fermement exprime.
Ses débuts se firent sans éclat, mais
ne passèrent pas inaperçus. Déjà, les
amateurs du pur chant vocal - il en
existait encore — avaient remarqué la
pureté de sa voix, la simplicité et la lar-
geur de son style. Propre à tous les em-
plois, elle fut utilisée dans toutes les
œuvres du répertoire.
Bien qu'elle ait été remarquée et vi-
vement applaudie dans ces ouvrages, sa
véritable célébrité date de la reprise de
Mireille (13 mars 1901), où elle joua et
chanta Taven avec une telle supériorité
qu'elle éleva ce second rôle au premier
rang Le bout de rôle de la reine Marie-
Thérèse, dans la Carmélite, ne lui fut
pas moins favorable : par la dignité
qu'elle y montra, elle balança le succès
de Mme Calvé, et la critique se plut à
le reconnaître. Enfin, la reprise de
Werther lui valut un triomphe éclatant,
indiscuté, et Massenet lui-même se plut
à déclarer que si son ouvrage restait
maintenant au répertoire, c'était surtout
grâce au talent de « Charlotte de FIsle.,
comme il aimait à l'appeler. Pour les véj
ritables artistes sonne toujours l'heure
psychologique où le talent s'impose, où
se consacre la réputation.
D'une taille moyenne, harmonieuse-
ment proportionnée, élégante sans ap-
prêts, Mlle Marié de l'Isle rappellerait
l'incessu patuit dea de Virgile, si parfois
la vivacité de la démarche n'indiquait la
Parisienne de Paris.
L'eurythmie du mouvement et dui
geste, la sérénité du regard,' la finesse;
de l'oreille délicatement ourlée, jusqu'à!
la couleur des yeux, qui sont pers, font
penser à la déesse antique, tandis que la
grâce du sourire révèle la femme, étl
même temps que la ligne du front, d
nez et du menton, atteste la fermeté d
caractère d'une artiste volontaire et per
sévérante.
Cette attitude sévère et noble, elle ISS
garde dans le répertoire classique, pourt
lequel elle a une préférence marquée eti
qu'elle est presque seule à chanter so-
brement, en artiste de grand style qui
sait et comprend ce qu'elle interprète. Il
Hier, passionnée Carmen; ce soirJj
tragique Santuzza dans Cavalleria Rus-
ticana ; jeudi, mère grondeuse de
Louise, vous l'applaudirez dans la réa..;
lisation de ces figures de caractères
si différents, comme vous l'avez tant de
fois applaudie dans la piquante soubrette
de la Servante Maîtresse, dans le rôle sfc
franc de Martine, du Médecin malgré
lui, comme aussi, je l'espère, les abon-
nés auront le plaisir de l'applaudir dans
les Dragons de Villars, où elle montre
tant de gaieté et de gaminerie, et aussi
tant d'émotion.
Sa conscience artistique jamais satis-
faite, toujours inquiète, lui commande:
un labeur acharné, et, à force d'étudier,
et de pénétrer ses rôles, elle trouve,
dans son chant et son jeu, des effets-
nouveaux, surprenants d'intelligence et
de justesse, dans lesquels vous ne trou-
veriez pas une seule faute de goût.
JULIEN TORCHET.
LE PROCHAIN SPECTACLE DE GÊMIER
Sept actes ! Cinq auteurs !;
Monsieur Codomat. « Terre d'Epouvante. == L'Homme rougê^
et la Femme Verte.
Gémier jeudi soir, nous fera passer de.
l'épouvante au rire et de la satire funam-
bulesque a l'aimable philosophie. unam-
Sept actes dans la même soirée! Cinq
auteurs a mterVIewer ! Trois blocks-notes à
barbouiller - un Par pièce. Cest de la
joie pure ou entends rien! de la
Je me hâte de mettre au net mes notes
fiévreuses happées au vol dans le brou-
haha des répétitions. rou-
uMonsieur Codomat"
Il existe, pour l'intervieweur, deux Tristan
Bernard essentiellement dissemblables : ie
Tristan mauside, absorbé, méditatif, en
pénitence dans sa barbe d'ébène, et le Tris-
tan espansif, extériorisé, iovial. dont l'œil
assyrien frétille sous la broussaille aimable
des sourcils.. i
Du premier, rien à tirer - si ce n'est
de vagues et imprécises monosyllabes qui
fusent lamentablement comme des pétards
mouillés. Ce Tristan-là a l'esprit en dedan^
et pense visiblement à autre chose.'
L'autre Tristan, au contraire, se répand!
en anecdotes réjouissantes; il est d'une(
gaieté à froid qui vous fait songer irrésis-<
tiblement à un rayon de soleil se jouant
parmi des nénuphars, à la surface d'une(
eau glauque; il vous narre, sur les am-<
biances où s'opéra la genèse de ses pièces.'
des histoires un peu \< faites », un peu dei
circonstance, mais amusantes et très meu-<
blantes dans une colonne de reportage.
J'ai eu affaire hier au Tristan exoansif/
- Yes'
Première Année. — N° 1S (Quotidien). r '- -- £e Numéro : & centimes
Mardi ÏS Octobre Ï90/.
Rédacteur en Chef ; G* de PAWLOWSKI
REDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
-
TÉLÉPHONE ; 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDlA=PARIS
ABONNEMENTS :
UN AN 6 MOIS
^tis et Départements. 24 fr. 12 fr.
tranger. , 40 » 20 »
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARISr
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UN AN 6 MOIS
Pansât Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 »
Le Succès
C'est tout -à fait par hasard que l'au-
teur a imaginé le sujet de sa pièce. Un
» dit devant lui, a jeté une semence
Meuleuse, et l'Idée a poussé tout à
COUD.
Rien n'égale le charme clair de l'Idée-
Astarté, jaillissant d'une mer obscure.
Pendant quelques jours, l'Ecrivain se
figure avoir trouvé le chef-d'œuvre uni-
que. H a mis la main sur un sujet d'une
actualité éternelle. Il ne s'agit pas de
jouer la pièce cent fois, ou mille fois.
fat' la jouera toujours. Toutes les géné-
rqtions nouvelles alimenteront, à travers
U s siècles, ce théâtre fortuné, qui don-
nera trois représentations par jour.
Puis le poète écrit la pièce, car il faut
tout de même en arriver là. Il l'écrit
'l6 la fièvre, en se hâtant vers la lin.
j la lit ensuite à des amis qui ne
Ut semblent pas assez enthousiastes.
p VOilà qu'ils font des objections, qu'ils
salent de supprimer un personnage,
en développer un autre trop peu ex-
v lque., L'auteur perd sa foi en son œu-
re. Démoli subitement, il donne raison
v tout le monde. Il se remettra à l'ou-
rtge, pas tout de suite, mais demain.
il Le lendemain, avant de rien toucher,
il a l'idée de lire sa pièce à sa vieille
j^d'mère, qui n'arrête pas de - pleurer
i aumiration. Alors, le poète méprise le
ornent de ses amis. Il défend énergi-
auement son œuvre, se refuse à sacri-
fier ce personnage dont ses amis ne vou-
aient pas, mais qui a tant plu à la
° and'mère, et qui portera certainement
Sur le public.
j.^uis, il va parler de sa pièce à un
acteur, qui le connaît et qui l'es-
••• Il a l'imprudence de lui dire que
%or' manuscrit est terminé, et ainsi il
anque de tout compromettre.
à ne faut jamais montrer une pièce
Hn directeur.
ut-eile écrite du premier mot au der-
et 11 faut dire qu'elle n'est pas faite,
PlusaConter simplement le sujet, avec le
fOi" de verve possible. Le directeur une
Zai; emballé, on lui promet, pour la quin-
teille suivante, la pièce complètement
^«ée. , -.. -
On consacre les quinze jours qui sui-
vent au bridge, au billard ou à l'auto.
c laps écoulé, on sort sa pièce de son
tir lr' et on l'apporte au directeur. Il
"Merveille de votre facilité. On lui
le r re le manuscrit, de. loin. Puis on
qUe ernpqrte sous prétexte d'y faire quel-
que menues corrections. Mais surtout
*auf éviter de le lui laisser entre les
nains.
Axiome important : Ne jamais laisser
un dIrecteur seul à seul avec un manus-
crit. Choisissez un directeur intelligent,
compétent, avisé. Apportez-lui un chef-
d'œuvre incontestable. Prenons le Cid
comme exemple. Supposons qu'il l'ad-
mire. Tout - est possible. Mais, s'il
s'abstient de montrer la pièce à des
amis, si son admiration première n'est
pas soutenue par des admirations de
A. Ort, elle ne tiendra pas trois mois.
A notre époque, on n'admire long-
temps qu'avec entraîneurs.
Et l'auteur du Cid, à son retour de
la campagne, arrivant la bouche en
cœur pour s'entendre redire des louan-
l'on et savoir quand la pièce passera, si
l'on a commandé des décors. aura de-
vant lui un directeur complètement
transformé, qui lui fera faire anticham-
bre, lui serrera la main distraitement, et
lra par lui dire :
- Oui, il y a de bonnes choses dans
votre. comment l'appelez-vous. dans
VÇ) itt Cid (quel titre!) Mais que c'est
tre gereux, mon ami! Cette dispute en-
tre ce vieux et ce Gormas, et surtout ce
coup de la gifle!. Là, de deux choses
l'une, ou l'on rira, ou nous serons agra-
res. Quant à votre récit de bataille, ce
paquet énorme que vous m'avez posé au
milieu du « quatre», je n'en parle pas.
Vous le ferez sauter vous-même à la
troisième répétition. L'acteur n'arrivé-
rait pas au bout.
Bref, l'auteur imprudent aura de for-
tes chances de remporter sa pièce, qu'il
aura la ressource de faire jouer en re-
présentation unique, dans une société
littéraire, comme adaptation de Guillem
de astro.
Mais enfin, si le directeur n'a rien à
ouer, s'il n'a pas de reprises possibles,
s'il n'a Q pas un premier acte de pièce
commencée à mettre en répétitions, il se
rèsigne à -faire lire aux artistes cette
pièce achevée.
Le Cid fait, admettons-le toujours,
une énorme impression sur les artistes.
Alor s, le directeur remonte sur sa bête,
et l'auteur en croupe avec lui.
Au bout de huit répétitions, un grand
découragement pèse sur tout le monde,
d'autant plus morne que l'effet de la
lecture a été plus brillant : on ne se
dégoûte vraiment que de ce que l'on a
bien goûté. Les protagonistes, qui
Qva!- t. tlt été étonnants dès la première ré-
pétition, ne font plus d'effet sur le di-
recteur blasé; l'auteur se foi'ce encore à
l'admiration. Mais un doute terrible s'em-
pare de lui. Tout le monde doute et
s'effraie. Seul, l'acteur chargé de repré-
senter don. Alonse, deuxième gentil-
homme Castillan, paraît rassuré et con-
fluant et, très préoccupé de son person-
nage, demande à l'auteur : « Comment
le voyez-vous? »
L'auteur ne donne aucun conseil
utile. Il pense à son texte. Qu'il soit
d't bien ou mal, qu'importe?. Il n'est
pas bon. C'est désespérant.
Puis, un jour, un machiniste qui ne
connaissait pas la pièce, assiste, par ha-
sard, à la répétition, et trouve ça très
costaud. Tout le monde reprend con-
fiance. On vit là-dessus jusqu'à la ré-
pétition dite « des couturiers ». Là, quel-
ques amis sont conviés. Ils arrivent, ar-
més jusqu'aux dents. Ils se chargent
chacun d'un acte. L'un canarde le pre-
mier, l'autre flanque le deux par terre.
Deux autres foncent sur le trois. Seuls,
les couplets de l'infante, à la fin du cinq,
semblent charmants à tout le monde.
Mais arrivera-t-on jusque-là?
Le directeur ne demanderait pn&
mieux que de trouver la pièce mauvaise.
Mais il se met en tête de la défendre,
par haine des amis de fauteur.
Succès énorme à la générale, même
peur les couplets de l'infante. Le direc-
teur embrasse l'auteur, qui pleure,
trouve le succès trop grand, et tremble
pour la première..
La première marche moins bien. Le
directeur n,.est plus si tranquille. » Le
public de la générale est un peu spécial.
Il faudra voir ça samedi soir. »
La presse est délirante. Il y a cer-
taines petites restrictions qui rendent
l'auteur malheureux jusqu'au fond de
l'âme. La location s'annonce bien. Mais,
le lundi, ça baisse subitement, et comme
tout le monde se désespère, ça remonte
ferme le lendemain, et ça ne redescend
plus.
Le directeur triomphe. Il sait mieux
que l'auteur quelles sont les scènes qui
ont fait le succès de la pièce. « L'auteur
ne peut pas s'en douter. Le triomphe
tient à quelque chose de fortuit, en de-
hors de sa volonté. » Il laisse parler le
directeur, et ne chicane pas. - Il est heu-
reux. Il se baigne dans le succès.
.Jusqu'au jour où il a l'idée, à la
cent vingt-deuxième, d'aller dans la
salle, au dernier rang de l'orchestre, Et
il entend une jeune et jolie femme, ins-
tallée dans une baignoire, déclarer que
cette pièce est sans intérêt et tout à fait
enfantine.
Ça n'est jamais fini. Mais aussi il
avait bien besoin daller dans la salle î
Tristan BERNARD.
Nous publierons demain une nouvelle de
E. HALPÉRINE KAMINSKY
ARMOIRES A GLACE
Parmi les fantaisies les plus étour-
dissantes que le modern-style fit naître
en matière d'ameublement, il faut citer
en première ligne les nouvelles armoires
à glace automobiles que la Compagnie
des Omnibus a fait mettre depuis quel-
que temps en circulation dans les rues
de Paris.
Il paraît que ces meubles bruyants et
encombrants sont destinés au transport
des Parisiens.
Cela serait évidemment une excuse
qui nous permettrait d'admettre leur
passage dans nos rues au même titre
que les chiens à qui les gamins atta-
chent une casserole à la queue. A bruit
égal, l'invention serait, en effet, beau-
coup plus utile et pourrait rendre de vé-
ritables services, particulièrement à la
sortie des théâtres.
Seulement, pour atteindre ce but, il
serait indispensable que la Compagnie
organise son service d'une façon un peu
plus convenable. \;
C'est ainsi, entre autres, que, pour
notre Second Théâtre-Français, la situa-
tion est en lotis points déplorable. Les
journaux, eux, ont des moyens spéciaux'
pour avoir des nouvelles de ces régions
lointaines, les pigeons, par exemple,
que nos collaborateurs peuvent nous en-
voyer en temps utile; mais, lorsqu'il s'a-
git de rapatrier les foules d'émigrants
qui furent bénévolement à l'Odéon, il
n'en va pas de même et rien n'est plus
lamentable que le spectacle que présente
l'unique armoire a glace automobile de
la Compagnie, stationnant ironiquement
sur la place et dans laquelle quelques
centaines de spectateurs veulent s'en-
gouffrer.
Lorsqu'il s'agit d'armoires à linge,
on peut encore s'arranger; mais, pour
des voyageurs, étant donné les con-
ditions essentielles de la vie humaine, il
faut un peu plus d'air que pour des piles
de serviettes.
Serait-il donc bien difficile, pour la
Compagnie, de diriger sur la tête de li-
gne, au moment de la sortie, un mobilier
complet de ses belles armoires jaunes ?
Elle en serait quitte pour faire payer un
peu plus cher et chacun y trouverait
ainsi son compte.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Ce soir, à huit heures et demie, au Théâ-
tre Cluny, répétition générale de Papota-
ges Saint-Germain, revue en trois actes et
sept tableaux, de MM. Paul Ardot et Albert
Laroche.
u
a jjojj incident qui s'est produit, il y a
quelques jours, durant les répétitions
du Manteau du Roi. à la orte-,,ïmn-ari.
Quelques-uns des moindres rôles, de ceux
qui ne comportent qu'un petit nombre de
vers, n'étaient pas encore distribués.
M. Péricaud, qui a mis en scène Cyrano
de Bergerac avec la maîtrise que l'on sait,
met en 'scène également, avec toute son
expérience attentive, Le Manteau du Roi.
En l'absence du titulaire d'un des petits
rôles, celui d'un vieillard exilé, Péricaud
donnait la réplique, manuscrit en main et
assis à l'avant-scène, à ses camarades, lors-
que M. de Max lui dit:
— Pourquoi ne jouez-vous pas ce rôle,,
vous le lisez si bien?
— Oui, dit l'auteur, pourquoi?
Sans rien répondre, M. Péricaud se leva
et joua la scène. Il acceptait le rôle.
A la fin de l'acte, l'acteur et l'auteur se
serrèrent la main avec une visible émotion.
Pour bien comprendre cette émotion qui
les avait gagnés tous deux, il faut savoir
que, lorsque M. Péricaud et M. Jean Ai-
card étaient de jeunes hommes, ils se con-
nurent à Marseille. M. Péricaud, à cette
époque, joua, sur la scène du Gymnase de
Marseille, la première pièce de Jean Ai-
card, Au Clair de la Lune, un acte en vers
que Théodore de Banville aimait beau-
coup.
Et, puisque le nom de Théodore de Ban-
ville est prononcé, voici de l'auteur de FIQ-
rise un sixain « inédit ».
Jean Aicard avait écrit un article sur le
traité de prosodie que venait de publier
Banville.
Celui-ci répondit aussitôt par l'envoi d'un
exemplaire qui porte les vers suivants sur
la feuille de garde:
Qui, moi, pédant ? ô mes amis!
Et cependant, pour avoir mis
Dessus mon nez — cette besicle,
J'ai gagné votre bel article,
Et cela seul, mon cher Aicard,
Peut justifier cet écart !
Théodore DE BANVILLE.
L'auteur de Florise serait content sans
doute de voir Jean Aicard, avec Le Man-
teau du Roi, réaliser un de ces rêves dra-
matiques qu'il aimait et qui tiennent de la
féerie.
M
auvaise herbe pousse toujours.
Il s'agit, en f'occurence, de l'herbe
qui tapisse la cour de notre Académie Na-
tionale. Grâce à la pluie bienfaisante qui
tomba, hier, à torrents, c'est presque un
pâturage que le passant, étonné et ravi,
considère à travers les grilles.
Il est question, nous dit-on, d'y mener
paître les quadrupèdes de la figuration che-
valine.
Q
u'un auteur aime et chérisse son œu-
vre, rien de plus naturel et de plus
honorable. Mais, surtout quand il ne s agit
pas d'un ouvrage de génie, où chaque mot
a sa valeur, l'exagération de ce sentiment
peut devenir un tantinet amusante.
Dans un petit mais joli théâtre peu éloi-
gné de l'Opéra, une pièce se joue depuis
six ou sept mois. L'un des deux auteurs
en est tout fier. Il a raison. Il vient chaque
soir s'applaudir et on a pu le voir deux
cents jours de suite, dans la salle.
Aurait-il, à la main, son propre texte?
.Ou bien connaît-il ses trois actes par cœur?
Toujours est-il que, dès qu'un artiste se
permet la plus légère variante, il en prend
note et, le lendemain, le directeur, qui en
est avisé, rédige à l'égard de l'acteur fau-
tif,. une ordonnance.
Tristan Bernard est moins sévère. Par-
fois son Anglais tel qu'on le parle s'orne
de courtes innovations qu'ignore la bro-
chure — et ce aux Français. Tristan Ber-
nard ne dit rien. Et il est Tristan Ber-
nard.
U
n de nos confrères étrangers, parlant
des dédicaces dont les compositeurs
d aujourd nui enrIChIssent volontiers leurs
ouvrages, constate qu'autrefois cet usage
était bien moins répandu qu'aujourd'hui.
C'est ainsi que, parmi les nombreuses
œuvres de Bach, il ne s'en trouve que trois
dédiées à des personnes illustres, entre au-
tres le Sacrées musical à Frédéric le Grand.
Beethoven dédia toutes ses œuvres à des
souverains et des princes, parce qu'il leur
devait beaucoup, tant au point de vue moral
que matériel. Il dédia aussi certaines com-
positions à Gœthe et à Haydn. Brahms dé-
dia peu d'ouvrages à ses collègues en art;
Mascagni dédia ses Masques à lui-même,
« avec sa plus haute estime et son invaria-
ble affection », et enfin Bruckner a dédié sa
dernière symphonie, demeurée inachevée,
à. Dieu!
E
lie a les cheveux courts et gentiment
bouclés.
- Jolie f
— Beaucoup de charme, puisqu'il va l'é-
pouser.
— N'adore-t-elle pas les bêtes?
— On le dit.
— J'ai trouvé. C'est la mère de Kiki et
de Toby-le-Chien.
— Voyons. laissez Colette. Elle vient
de divorcer!
— Alors?
- Ecoutez: la « fiancée » en question
a débuté jadis dans les cafés-concerts, y
fut très adorée, obtint un grand succès.
Maintenant, elle joue la comédie.
— N'a-t-elle pas, comme Sacha Guitry,
un gentil petit singe?
- J'y suis: son valet de chambre est
aussi noir que celui de M. de Fiers?
= Est-elle brune? Est-elle blonde?
— Cherchez. Si je vous dis son nom,
ce n'est plus amusant. Sachez seulement
que la jeune fiancée a l'air très distin.
guett 1 --
D
e son vivant, Rossini ne faisait pas que
de la bonne musique. Il savait mieux
--- (J. - _11_
que le meilleur cuisinier raire un excenem
macaroni, accommodé de sauces savantes.
Il savait aiissi trouver le mot juste,
cruel, spirituel ou brutal.
Un jeune parent de Meyerbeer, convaincu
que cette parenté lui donnait le droit de
composer, vint un jour chez Rossini lui
soumettre auelaues morceaux de musicue.
*
Meyerbeer était mort depuis peu de temps.
Rossini, le binocle sur le nez, regarde la
musique du jeune compositeur ; un silence,
un froid, puis, tout à coup, se retournant
vers le débutant :
- Quel malheur que vous ne soyez pas
mort à la place de Meyerbeer.
L
'engagement que M. Toselli vient de
signer avec M; Kaspar, l'imprésario,
sera pour le jeune pianiste une veruaDie
mine d'or.
La tournée comprendra l'Amérique du
Nord et l'Amérique du Sud. L'époux de
l'ancienne princesse de Saxe recevra la
somme de auinze cent mille francs, mais
son contrat oblige la princesse à se tenir
près du piano pendant qu'il jouera, et a
tourner les pages de la musique.
-On confirme que la tournée ne commen-
cera pas avant le mois de janvier.
M
me Melba est actuellement en Aus-
tralie avec son fils Marie et sa belle-
- _!- u_- =_1:-
fille. Elle a loué pour six mois une junc
maison de campagne près de Ballarat.
La célèbre artiste voyage avec une quan-
tité de bagages prodigieuse. Quand elle ar-
riva à Burrumbeet, la gare la plus proche
de sa résidence, il fallut arrêter le train
pendant plus d'une demi-heure pour per-
mettre le déchargement de tous les colis
qui lui appartenaient. On ajoute que les
employés ne cachaient pas leur méconten-
tement.
L
'autre soir, au troisième acte de La Vi-
vandière, au moment où le marquis
- « 1 - 1- DX
de Kieul, prisonnier des soldats ae la f\c-
publique, passe devant le capitaine Ber-
nard, il élève son chapeau à cocarde blan-
che, avec un geste qui n'est pas sans gran-
deur. « Vive le Rov. monsieur! », dit-il.
Ce cri eut un écho dans la salle.
D'une avant-scène partit un bref et éner-
gique: « Bravo! » -
Mais, aux fauteuils, brusquement se leva
un spectateur, redingote administrative,
chevelure et barbe de vieux républicain,
qui, avec un geste énergique scanda sa
protestation: « Vive la République, N. de
D.! »
E
phémérides.
Rappelons — en passant — que ce
fut le 15 octobre 1812 que Napoléon ¡er
signa, à Moscou, le fameux décret organi-
sant l'administration, la comptabilité et la
discipline du Théâtre-Français. Cette charte
devait rester en vigueur quatre-vingt-neuf
ans moins trois jours, puisqu'un décret de
M. Leygues la modifia le .12 octobre 1901
de la façon que l'on sait.
L
a comédie bien connue de Lavedan, Le
Nouveau Jeu, qui, en allemand, est
devenue Le Lit, a été interdite à Prague
par la police. Cette sévérité est d'autant
plus surprenante que Le Lit avait été re-
présenté cinq cents fois sur des théâtres de
Vienne, et avait été joué à Brünn, Gratz et
autres villes.
c
'est du Nord, aujourd'hui, que nous
vient la consolidation du mur de la vie
privée.
Un brillant chroniqueur danois avait cru
pouvoir avancer qu'une actrice en renom
ne comptait pas uniquement sur ses ap-
pointements pour vivre et pour s'acheter
des diamants brillant de plus de « feux »
qu'elle n'en recevait.
La vertueuse comédienne fit part de son
indignation aux juges de son pays qui en-
voyèrent bel et bien en prison le jeune et
beau Danois.
Et nunc erudimini, journalistes parisiens !.
L
3 Monde Artiste emprunte au célèbre
journal saxon Le « Signale » une ex-
traordinaire annonce demandant un critique
musical.
Cet oiseau rare devra être de confession
chrétienne, âgé de plus de trente et de
moins de quarante ans, et envoyer des cer-
tificats prouvant sa .compétence, des spéci-
mens de son travail et sa photographie aux
bureaux du journal.
Si quelqu'un des collaborateurs de Co-
mœdia désire s'expatrier, il ne trouvera ja-
mais proposition plus tentante.
Ne vendez pas vos bijoux, perles et pier-
res fines, ainsi que vos reconnaissances de
bijoux, sans les montrer au Comptoir Inter-
national, 44, - Chaussée-d'Antin, qui Paie
très cher. Téléphone 269-67.
NOUVELLE A LA MAIN
0
n distribue, dans un théâtricule, les
rôles des saisons à quatre petites fem-
t 1 11 .11.1
mes au corps ae OalleI.
Celle à qui échoit la personnification de
l'hiver fait une moue significative.
— Mais, ma chère enfant, lui dit le li-
brettiste, c'est une occasion unique pour
vous de faire croire à vos rigueurs !
Le Masque de Verre
Les Directeurs
de Théâtres
Une proposition grosse d'impor=
tance. == Directeurs et critiques.
Le bruit est encore discret, mais peu
à peu, cependant, il se confirme et cesse
de revêtir la forme vague d'un ori-dit,
que les directeurs de théâtres vont se
réunir prochainement pour statuer sur
une grave, très grave proposition qui
leur sera soumise par un des leurs.
Celui-ci, directeur notoire, proposera
à ses collègues de prendre l'engagement
rigoureux de ne monter désormais au-
cune pièce signée d'un critique théâtral.
On ajoute qu'il a le ferme espoir de
voir sa proposition ratifiée par une ma-
jorité.
ROUZIER-DORCJÊRFS
NOS ARTISTES
Mlle Marié de Flsle
Mlle Jeanne Marié de l'Isle, la Cly-
temnestre prochaine, la superbe Car-
men d'hier, n'a pas d'histoire et ne de-
mande pas qu'on en fasse une autour
de son nom.
Petite cousine de Galli-Marié, elle a
eu, de bonne heure, par atavisme, le
goût et la passion de la musique d'a-
bord, ensuite du théâtre. Entrée au Con-
servatoire dans la classe de Masson,
elle quitte la célèbre Maison au bout de
six mois de fréquentation. Elle suivit en-
suite l'enseignement de M. et Mme
Maurice Jacquet.
Entrée à l'Opéra-Comique à la fin de
Photo MÂNUEÛ
Mlle MARIÉ DE L'ISLE dans Carmen, à l'Opéra-Comique
la direction Carvalho, elle n'a plus
quitté la scène de la salle Favart, ex-
cepté l'an dernier, parce que les théâtres
de Reims et de Marseille lui avaient of-
fert d'y créer la Marie-Magdeleirte de
Massenet, et que M. Albert Carré, mal-
gré son désir de garder une aussi pré-
cieuse pensionnaire,, n'avait pu s oppo-
ser à un désir si fermement exprime.
Ses débuts se firent sans éclat, mais
ne passèrent pas inaperçus. Déjà, les
amateurs du pur chant vocal - il en
existait encore — avaient remarqué la
pureté de sa voix, la simplicité et la lar-
geur de son style. Propre à tous les em-
plois, elle fut utilisée dans toutes les
œuvres du répertoire.
Bien qu'elle ait été remarquée et vi-
vement applaudie dans ces ouvrages, sa
véritable célébrité date de la reprise de
Mireille (13 mars 1901), où elle joua et
chanta Taven avec une telle supériorité
qu'elle éleva ce second rôle au premier
rang Le bout de rôle de la reine Marie-
Thérèse, dans la Carmélite, ne lui fut
pas moins favorable : par la dignité
qu'elle y montra, elle balança le succès
de Mme Calvé, et la critique se plut à
le reconnaître. Enfin, la reprise de
Werther lui valut un triomphe éclatant,
indiscuté, et Massenet lui-même se plut
à déclarer que si son ouvrage restait
maintenant au répertoire, c'était surtout
grâce au talent de « Charlotte de FIsle.,
comme il aimait à l'appeler. Pour les véj
ritables artistes sonne toujours l'heure
psychologique où le talent s'impose, où
se consacre la réputation.
D'une taille moyenne, harmonieuse-
ment proportionnée, élégante sans ap-
prêts, Mlle Marié de l'Isle rappellerait
l'incessu patuit dea de Virgile, si parfois
la vivacité de la démarche n'indiquait la
Parisienne de Paris.
L'eurythmie du mouvement et dui
geste, la sérénité du regard,' la finesse;
de l'oreille délicatement ourlée, jusqu'à!
la couleur des yeux, qui sont pers, font
penser à la déesse antique, tandis que la
grâce du sourire révèle la femme, étl
même temps que la ligne du front, d
nez et du menton, atteste la fermeté d
caractère d'une artiste volontaire et per
sévérante.
Cette attitude sévère et noble, elle ISS
garde dans le répertoire classique, pourt
lequel elle a une préférence marquée eti
qu'elle est presque seule à chanter so-
brement, en artiste de grand style qui
sait et comprend ce qu'elle interprète. Il
Hier, passionnée Carmen; ce soirJj
tragique Santuzza dans Cavalleria Rus-
ticana ; jeudi, mère grondeuse de
Louise, vous l'applaudirez dans la réa..;
lisation de ces figures de caractères
si différents, comme vous l'avez tant de
fois applaudie dans la piquante soubrette
de la Servante Maîtresse, dans le rôle sfc
franc de Martine, du Médecin malgré
lui, comme aussi, je l'espère, les abon-
nés auront le plaisir de l'applaudir dans
les Dragons de Villars, où elle montre
tant de gaieté et de gaminerie, et aussi
tant d'émotion.
Sa conscience artistique jamais satis-
faite, toujours inquiète, lui commande:
un labeur acharné, et, à force d'étudier,
et de pénétrer ses rôles, elle trouve,
dans son chant et son jeu, des effets-
nouveaux, surprenants d'intelligence et
de justesse, dans lesquels vous ne trou-
veriez pas une seule faute de goût.
JULIEN TORCHET.
LE PROCHAIN SPECTACLE DE GÊMIER
Sept actes ! Cinq auteurs !;
Monsieur Codomat. « Terre d'Epouvante. == L'Homme rougê^
et la Femme Verte.
Gémier jeudi soir, nous fera passer de.
l'épouvante au rire et de la satire funam-
bulesque a l'aimable philosophie. unam-
Sept actes dans la même soirée! Cinq
auteurs a mterVIewer ! Trois blocks-notes à
barbouiller - un Par pièce. Cest de la
joie pure ou entends rien! de la
Je me hâte de mettre au net mes notes
fiévreuses happées au vol dans le brou-
haha des répétitions. rou-
uMonsieur Codomat"
Il existe, pour l'intervieweur, deux Tristan
Bernard essentiellement dissemblables : ie
Tristan mauside, absorbé, méditatif, en
pénitence dans sa barbe d'ébène, et le Tris-
tan espansif, extériorisé, iovial. dont l'œil
assyrien frétille sous la broussaille aimable
des sourcils.. i
Du premier, rien à tirer - si ce n'est
de vagues et imprécises monosyllabes qui
fusent lamentablement comme des pétards
mouillés. Ce Tristan-là a l'esprit en dedan^
et pense visiblement à autre chose.'
L'autre Tristan, au contraire, se répand!
en anecdotes réjouissantes; il est d'une(
gaieté à froid qui vous fait songer irrésis-<
tiblement à un rayon de soleil se jouant
parmi des nénuphars, à la surface d'une(
eau glauque; il vous narre, sur les am-<
biances où s'opéra la genèse de ses pièces.'
des histoires un peu \< faites », un peu dei
circonstance, mais amusantes et très meu-<
blantes dans une colonne de reportage.
J'ai eu affaire hier au Tristan exoansif/
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