Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1899-01-28
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 28 janvier 1899 28 janvier 1899
Description : 1899/01/28 (N10550). 1899/01/28 (N10550).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/12/2012
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er-NO CN'rI1\'iEr:;. '!e"Nun3.éro. PARIS À DEPARTEMENTS Le NUMÉRO; orÑo CENTIMES
; fONDATEOR : AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Il mit trois aot Siuoll Si
pétris * 2 fr. 5 fr. 9 fr. 48 fr,
bêpartements.. 2- -f - 11 — 20— i
SMOU Postale. 3 - 9 —• i6 — 3% - I
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FONDATEUR : AUGUSTE VACQUERFf
,'. ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF 80 C* -
kh et AUX BUREAUX du JOUEpîAjbr
RÉDACTIOX î 131,' nie Montmartre, 131 i
De 4 a 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin i I
NM0550. — Samedi 28 Janvier- 1899
!
28 NIVOSE AN 107
- ,
',) ADMINISTRATION : 131, rue Montmartre, 131 1
; Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
'.j= NOS LEADERS
» "* <' - :>Cr -:..
C'est aujourd'hui le 27 janvier. Vous
rappelez-vous: il y a dix ans?. Oh!
souvenirs de tristesse, souvenirs d'hu-
miliation, souvenir de honte!.
Il y a dix ans tout juste aujourd'hui
le général Boulanger fut élu député de
la Seine.
Oui, en l'année du centenaire de la
grande Révolution, Paris, comme ces
filles que met en folie la vue d'un uni-
forme, se donnait au premier soldat
venu; Paris chantait : — C'est. bou-
lange, qu'il nous faut, oh ! oh !.
- et le soir de ce 27 janvier 1889 on a
pu voir Paris écroulé dans le ruisseau
cuvant sa sale ivresse.
Je me rappelle que, ver% neuf heures,
j étais avec beaucoup d'autres au pa-
villon de Flore, où se trouvait alors la
prélecture de la Seine,attendant les pre-
miers résultats.
Nous lts avions entre les mains, nous
nous entre-regardions, tout pâles. ;
Car jusqu'au dernier moment, nous
n'avions point voulu croire. Nous nous
disions : la Dordogne, bon; la Charente-
Inférieure, soit ; le Nord, passe. Mais
Paris !. * Paris, la grande ville révolu-
tionnaire, la cité-lumière dont la clarté
rayonne sur le monde !.
Nous eussions pensé faire injure à
Paris, certes, si nous avionscru possi-
ble de sa part cette abdication, cette dé-
chéance, cette chute.
Nous dis ons : Non ! Paris qui a fait
Juillet 1830, qui a l'ait Février 1848, qui
a écrasé sous ses épiques pavés tant de
trônes, fait fuir tant de rois, ne peut
pas hisser sur ses épaules ce Boulanger-
là. Si cela se faisait, le sol même de
Paris, d'indignation, tremblerait !.
Et cela se faisait. Les résultats étaient
là, écrasants. Les quartiers aristocra-
tiques donnaient la majorité à Boulanger;
les quartiers populaires donnaient la
majorité à. Boulanger. Nous étions, nous
qui avions lutté de toutes nos forces, de
toute notre âme, pour la République et
pour l'honneur, vaincus, battus, en dé-
route.
Tout était perdu.
Quelqu'un, là, précisément, au pavil-
lon de Flore, me dit - il a été ministre
depuis — tout bas, à l'oreille, en me
serrant le poignet : — Si Floquet fait
son devoir, Boulanger sera arrêté cette
nuit. — Car nous étions à ce moment
qui semble précéder la lutte à main ar-
mée ; déjà la vision nous apparaissait
des prétoriens lâchés à travers les rues,
écrasant sous leurs pieds la Loi, la Ré-
publique, la France ; déjà, nous frémis-
sions au plus profond de nous-mêmes
voyant, avec une rage désespérée, cette
France désespérée subissant encore,
après Brumaire et Waterloo, après Dé-
cembre et Sedan, l'opprobre, cette fois
irremédiable, d'un dictateur milila're.
Et nos adversaires, ceux qui ne se
cachent pas de vouloir, par tous les
moyens, la mort de la République,
triomphaient, exultaient, braillaient à
pleine voix : — C'est Boulange ! lange !
lange!. — acclamant le soldat sans
prestige, dont le sabre sans victoire de-
vait, ils l'espéraient, porter le coup
mortel à nos fières libertés.
.e.
Vers vous, au milieu de ces doulou-
reux souvenirs, ma pensée s'élève,
maître regretté dont la pensée est res-
tée vivante dans ce journal :
En ces heures d'épreuves, de trouble,
de découragement, où beaucoup, sans
doute, se disaient : C'est fini ! et éprou-
vaient l'acre désir de jeter l'arme et de
croiser les bras pour attendre, avec mé-
pris, la fin des choses, Auguste Vac-
querie fut un des rares qui demeurèrent
calmes et pleins de sérénité.
Il était au milieu de nous, à la fin de
cette soirée tragique ; il souriait héroï-
quement.
La foi était en lui, robuste, inébran-
lable, en la justice immanente ; il était
lui, de ceux, qui ne désespèrent ja-
mais ; de la race de ce titanique Ajax
qui, cramponné à la pointe d'un récif,
couvert d'écume, pendant la tempête-
criait superbement : J'échapperai mal-
gré les Dieux 1
Sa confiance rentra en nous ; il nous
communiq'iait, par son clair regard pé-
nétrant dans nos consciences, sa force.
Le lendemain il écrivait,dans le Rappel:
— Nous sommes tranquilles. — Nous
étions tranquilles, en effet.
Cette infâme journée du 27 janvier ne
devait pas avoir de lendemain ; elle
n'en aurait pas!. Elle n'en eut point.
Allez dans je ne sais plus quel cime-
tière de la banlieue de Bruxelles, de-
mandez à la tombe, si oubliée aujour-
d'hui, que vos pieds heurteront, où
aboutissent les rêves, les espérances,
les ambitions de ceux qui veulent assas-
siner la République.
.*.
De tels souvenirs nous défendent con-
tre les menees de la situation pré-
sente.
Aujourd'hui, il n'y a plus de Boulan-
ger, mais le boulangisme — et plus que-
jamais — existe.
: De Boulanger, nous avons la mon-
naie. Il était lui, si vous voulez, la pièce
de cent sous, la « thune », qui fait en-
core son ell'et dans le creux de la main
et trébuche : de racon assez so.iore
sur le zinc du mastroquet ; aujourd'hui
c'est^nne poignée de gros et de petits
sous qui le remplace, billon vertdegrisé,
cuivre devenu noir au maniement des
doigts crasseux. -
Cavarignac, Esterhazy, Quesnay de
Beaurepaire, Boisdetfre, Pellieux, Gonse,
c'est Boulanger ém:etté, Boulanger
éparpillé, Boulanger mis à la portée des
plus petitea. bourses, à la hauteur des
ambitions les moins nobles, au niveau
des plus vils appétits.
Au fond, c'est la même chose. Quelle
que soit la valeur de la pièce, l'effigie
est la même. Nous te reconnaissons,
Boulange; sale et puante Boulange qui
n'est pas autre chose que la réaction,
la réaction hypocrite, qui ment, qui se
cache, la réaction sans crànerie, sans
dignité, sans pudeur; nous te recon-
naissons pour t'avoir déjà battue, nous
qui te battrons encore.' -
Nous répétons, nous faisons nôtre, le
mot écrit ici par Vacquerie, il y a dix
ans, au lendemain de l'élection du 27 jan-
vier : — Nous sommes tranquilles !
Oui, si forte que tu sembles être, par
moment, BouJange abominable et exé-
crée, grâce à la faiblesse, à la lâcheté
de tant d'hommes : — Nous sommes
tranquilles ! — nous fécraserons en-
core, comme d'un coup de bâton on abat
un chien enragé, comme du pied on
broie la tête venimeuse d'un serpent!
.*.
Tous ceux qui supportent impatiem-
ment le joug des libertés républicaines,
les bonapartistes qui regrettent le règne
des commissions mixtes, les orléanistes
qui voudraient voir revivre les lois de
Septembre, les cléricaux, irréconcilia-
bles ennemis de la pensée humaine, se
sont bien crus, en ce jour de janvier
1889, à la veille de la victoire; ils di-
saient : - Maintenant ça y est! Nous
avons Paris, plus rien ne nous manque.
Il ne faut plus qu'un petit effort pour
hisser au pouvoir ce Boulanger, ce pan-
t'n dont nous tenons les ficelles; nous
sommes les maîtres ! Enfin ! la « gueuse »
est morte ! ,..,
Ils étaient, en réalité, à la veille de
la défaite. Quelques mois p'us tard Bou-
langer était en fuite et de la Boulange
et de ce qui avait été ses criminelles
espérances plus rien ne restait qu'un
peu de boue, bientôt séchée par le so-
leil, parterre.
-
Qui oserait vouloir nous interdire de
penser, de croire que l'aventure actuelle
se terminera de même ? v5*
On a, il est vrai, à Paris, acclamé
Esterhazy, mais on avait quasiment
porté Boulanger en triomphe ; ce cri de
Vive l'armée ! qui signifie seulement :
vivent les traîtres et les faussaires de
Tétat-major ! n'est pas plus dangereux,
certes, que ne l'était le cri de : Vive
Boulanger ! On complote ; mais ne com-
plotait-on pas alors? On ment; faisait-
on alors autre chose que mentir? tous
les ennemis de la République sont ligués
autour des Cavaignac et des Déroulède;
n'étaient-ils avec le même Déroulède,
du reste, rassemblés autour du cheval
noir ? ,:;.
Depuis cent ans et plus, la terre de
France est champ clos où se livrent
bataille, avec des alternatives diverses,
la Révolutior et la contre-révolution ; la
Révolution qui veut l'homme libre, la
pensée libre, la conscience libre; la
contre-révolution qui veut des citoyens
faire des esclaves et du peuple un trou-
peau.
De ce prodigieux duel qui dure depuis
plus d'un siècle, les deux empires, la
Restauration, la monarchie de Juillet,
1830, 1848,1870, le Seize Mai, le Bou-
langisme, le Panama, l'affaire Dreyfus,
n'ont été, ne sont que des épisodes.
Toujours nous retrouvons en face de
nous les mêmes adversaires; et ils de-
mandent aujourd'hui le désaississement
de la chambre criminelle, comme en
1830 ils violaient la Charte, comme en
48 ils refusaient l'adjonction des capa-
cités, comme en 51 ils rejetaient les
propositions des questeurs, comme en
i 889 ils couvraient d'injures la Haute-
Cour de Justice ; tous moyens leurs
sont bons, toutes armes leur sont
bonnes pour combattre cette Républi-
que qu'ils ont juré de détruire et qui vit
malgré eux.
**.
C'est pourquoi nous ne sommes, à
l'heure présente, ni étonnés, ni effrayés;
nous les avons déjà vus à l'œuvre, nous
savons de quoi ils sont capables ; nous
nous attendons à tout de leur part, et
nous sommes prêts à tout. Nous sommes
tranquilles.
Nous savons qu'ils entasseront les
mensonges, accumuleront les forfaits,
amoncelleront les crimes ; soit.
Ce que nous croyons : c'est que la
République ne peut pas périr, c'est que
la France ne peut pas perir, qu'il y a
une chose que les scélérats ne pourront
assassiner : c'est la conscience, c'est le
droit, c'est. la justice, c'est l'âme.
Le peuple se trompe, mais il. se res-
saisit vite, l'avenir, un prompt avenir
corrige et répare le présent.
,,," Certes - et c'est pourquoi j'ai évoqué
les souvenirs que réveille cette date :
27 janvier - la situation ne saurait être
compàrée à celle d'alors ; alors la
France entière semblait plier devant cet
iiomme vemjor* -ae savait d'où, aventu-
rier quelconque, lui-même, stupéfait de
sa propre fortune, Paris se donnait;
tout: les devoirs, les principès, les an-
cêtres, l'honneur, semblait oublié ; nous
n'étions plus qu'une poignée, nous au-
tres, autour du drapeau, résolus à ven-
dre chèrement notre vie, à brûler notre
dernière cartouche, à donner la der-
nière goutte de notre sang. :.',
Mais ce qui semblait tempête mons -
trueuse capable d'engloutir à jamais dans
le pire des naufrages la République et la
France, n'était qu'orage d'été; nuage
noir, mais ne pouvant que voiler un ins-
tant les ravons du soleil, facilement
écarté, balayé, par le premier soufde,
disparù vite du ciel redevenu bleu.
Nous avons assisté, souriants, comme
Vacquerie souriait, le soir même du 27
janvier, à cette fuite, à cette débandade
éperdue du troupeau haillonneux des
nuées perverses ; elles étaient déjà loin,
et nous pouvions nous remettre au tra-
vail. - -
M. en sera de même aujourd'hui,
croyez-le ;. toutes les menaces, échafau-
dées au-dessus de nos têtes, s'évanoui-
ront, comme brouillard du matin, traînant
un moment, comme loques sales, à la
surface du sol, bientôt bues par le so-
leil.
Ils en seront pour leur haine, pour
leurs colères, pour leurs mensonges,
pour leurs crimes, les scélérats qui
voudraient voler à ce peuple de France,
sa liberté, sa République, son honneur.
- NOlls sommes tranquilles.
LUCrRN V!r,,T'V?-vf«;TTv''»:
Nous publierons demaà-i 7! rucie
, de M. Charles \lCh.
LESON-D!rl\
CHEZ NOUS
- Un décret supprime l'obligation de
Papposition d'une marque distinctive sur
les dos ou tarots des cartes à jouer desti-
nées aux cercles, clubs et casinos.
EN PASSANT
Il est sans doute fort agréable d'être.
fils d'archevêque, surtout dans la marine,
mais dans la médecine, être le docteur du
pape n'a rien de particulièrement tentant.
L'infortuné M. Lapponi, thérapeute du
.Saint-Père, mène en ce moment-ci, pàr
exemple, une existence de galérien, une vie
de chien, à proprement parler. Léon XIII,
en effet, est atteint de l'influença, et le pi-
toyable Lapponi n'a plus, de ce fait, une
heure de tranquillité, son logis étant, tout
le long du jour, assailli de visiteurs venant
aux nouvelles. La .nuit, c'est le téléphone
qui lui assourdit sans répit les oreilles : car
la chrétienté s'émeut, les cardinaux et les
diplomates sont assoiffés d'information. En
outre, il faut, le pauvre 1 qu'il réponde par
des télégrammes aux dépêches qui lui arri-
vent des quatre coins de la terre 1 Au moins,
croyez-vous que pour tout ce tracas, le mé-
decin du Souverain Pontife soit grassement
rétribué. Nullement. En matière de lési-
nerie, Pecct en remontrerait à un d'Or-
léans. M. Lapponi. a tout juste six cents
francs par an, cinquatlte frants par mois.
luste de quoi payer son macaroni. Depuis
1888 qu'il est en Jonctions, il n'a pas dû
mettre beaucou p d'argent de côté. La seule
satisfaction qui lui soit donnée, c'est qu'il
roule carrosse dans une voiture aux armes
du Vatican. Cette voiture a l'air d'un ba-
teau, convenons-en. -
LOULS MARSOLLEAU.
- Pour fêter Courteline. -
A l'occasion de sa nomination dans la
Légion d'honneur, les amis de Courteline
lui offrent à dîner, le jeudi a février, à sept
heures, chez Marguery.
Les dames sont admises.
On souscrit à la librairie Ernest Flam-
marion, rue Racine, 26, ou dans ses suc-
cursales : boulevard des Italiens, 12; ave-
nue de l'Opéra, 36 bis ; rue Auber, 11 ;
boulevard Saint-Martin, 3.
-- M. Pierre-Marie Richard, député
de la Seine, a été renversé, à Nice, par une
voiture automobile et blessé à rœil
gauche.
- On annonce la mort :
De M. Le Dieu, ancien avocat à la Cour
de cassation, décédé à l'âge de quatrevingt-
quatre ans.
Il était l'ancien vice-président de la So-
ciété botanique de France,
A Amélie-les-Bains, de M. Galloy, vice-
résident des colonies.
A Cherbourg, du chef guetteur de la
vigie de l'Onglet, M. Le Jenty, une des
personnalités les plus connues du monde
maritime.
A L'ÉTRANGER
- Le comte de Poulett dont le fils
aîné, joueur d'orgue de barbarie dans les
rues de Londres, réclame l'héritage dans
des circonstances que nous avons fait con-
naître, a été enterré hier.
Aucun membre de la famille n'était en-
core arrivé, dit le Times, à la résidence du
comte, le matin des funérailles.
La résidence domaniale du défunt a été
barricadée et les portes sont closes pour
prévenir toute tentative d'oscupation de
a part du fils aîné.
- Le roi des huiles.
Il ressort * d'une statistique publiée à
New-York que M. John Rockofeller doit
être considéré comme le personnage le
jjlus riche 4u«ioh^ ;
Sa fortune ne. peut pas êtrç. évaluée à
une dizaiae. dç. millions1 .près. Le chiffre
dépasse».Tes fortunes réuniis des Astor, des
Vandçfbilt et des Gould.- -
D'après cette statistique, son revenu dé-
ao mulionsde
dollarsjpar mois, 55,5^5 dollars par jour,
et 2,3 16. dollars par heure. :
.7. M. Rockefeller a débuté comme comp-
table, au traitement de cinquante dollars
par mois. Il mène une vie très retirée, et
pour un motif que l'on conçoit, il est pour
ainsi dire inaccessible.
Un exode en masse d'Indiens peaux-
rouges est signalé de Kansas City. 4,700
Cherokees, 3,900 Creeks et 1,900 De-
lawcres quitteront demain Wichita, dans
le territoire indien, avec tous leurs biens
meubles,«'élevant à deux millions et demi
de francs, pour aller s'établir au Mexique,
où ils ont acheté des terrains.
Ces Indiens sont civiJisés, beaucoup ont
même reçu une certaine éducation et tous
se livrent à l'agriculture.
Pour réaliser leur départ ils ont acquis
2,000 bicyclettes et 250 chariots.
Ils se plaignent d'être maltraités par le
gouvernement américain qui viole cons-
tamment ses engagements envers eux. Ils
préfèrent devenir citoyens mexicains.
,- - Le Passant.
Le Procès Henry-Beinach
Avant l'audience
C'est aujourd'hui que vient, devant la
cour d'assises de la Seine, le procès en
diffamation intenté par Mme veuve Hen-
ry, née Berthe-Amélie Bertincourt, tant
en son nom personnel que comme mère
et tutrice légale de Louis-Paul-François
Henry, son lils mineur, à notre distingué
confrere M. Joseph Reinach et aux di-
recteurs et administrateurs du journal le
Siècle.
Nous avons donné, avec tons les jour-
naux, le texte de l'assignation. On se
souvient * que la veuve du suicidé du
Mont-Valerien relève à la charge de M.
Joseph Reinach plusieurs imputations ré
sultant d'une série d'articles du Siècle,
où l'auteur, exposant les relations d'Es-
terhazy avec lé colonel Schwarzkoppen,
formule l'hypothèse d'un second traître
dans la personne du colonel Henry, com-
plice d'Esterhazy et paitâgeant avec le
uhlan le produit des renseignements li-
vréq à l'Allemagne.
Nous avons également donné la ligte
des témoins cités par M. Joseph Reinach
et la liste des témoins cités par Mme
veuve Henry. Ces deux. listes forment un
total de quatre cents témoins. Cela est
sans. - précédent dans les annales judi
ciaires.
Dans quelles conditions vient ce grand
procès ? Sera-t-il jugé au fond ? Sera-t-il
ajourné ? Ces diverses questions pas-
sionnent depuis plus de quinze jours le
monde judiciaire,et les couloirs du Palais
de Justice ont retenti de discussions vio-
lentes et de nouvelles les plus contradic-
toires. w
- On a d'abord commencé par annoncer
que le président des assises, M. Poupar-
din soulèverait d'office la question d'in-
compétence de la cour d'assises. Puis
quelques jours après, on a démenti cette
information. Il est vrai que ce démenti
est venu au lendemain de l'article d'un
journal antisémite, très menaçant pour
M. Poupardin, qu'on représentait comme
ayant reçu l'ordre du syndicat de trahi-
son de décliner la compétence de la cour
d'assises, pour sauver M. Reinach.
Et cependant tout le monde savait que
M. Reinach ne demandait qu'une chose :
être jugé et faire la preuve de ses alléga-
tions contre le colonel Henry.
Ceux qui ont insinué que le président
Poupardin avait obéi aux injonctions du
journal antisémite ont tout simplement
calomnié l'honorable président des as-
sises, si tant est que M. Poupardin ait ja-
mais eu l'idée de soulever l'incompé-
tence.
Ce qui est hors de doute c'est que le
procès Henry-Reinach vient dans des con-
ditions très anormales, on pourrait même
aire dangereuses, si l'on songe aux me-
naces colportées ces temps derniers un
peu partout, que le procès donnera lieu à
des troubles autrement graves que les in-
cidents scandaleux auxquels on a assisté
pendant le procès Zola.
On nous promet le retour du beau
temps où ceux qui criaient: Vive la Répu-
blique ! étaient assommés et où les as-
sommeurs embrassaient M. Esterhazy.
Ah ! bien non, merci !
De pareilles promesses suffisent pour
motiver l'ajournement du procès.
Mais ces considérations de paix et de
sécurité publique ne sont pas les seules
qu'on peut invoquer. Un fait nouveau s'est
produit hier qui semble devoir modifier
du tout au tout l'attitude de M. Joseph Rei-
nach toujours ferme dans son intention de
faire la preuve devant le jury.
Nous voulons parler de la circulaire
envoyée par le ministre de la guerre aux
commandànts de corps d'aimée, où il est
dit que les officiers cités comme témoins
au procès Henry-Reinaoh ne seront pas
« déliés du secret professionnel », c'est-à-
dire que ces officiers refuseront de ré
pondre aux questions tendant précisé-
ment à faire la preuve exigée par la loi.
C'est odieux tout simplement. Cette
consigne donnée aux témoins militaires
du procès n'est que la répétition, sous
une forme nouvelle, du mot célèbre du
président Delegorgue : - La question ne
sera pas posée 1
Il est clair — comme dit l'autre — que
du moment où le procès est étranglé
d'avance, il ne reste plus à M. Reinach
qu'à protester. Mais de quelle façt,n ?
C'est à ce propos qu'on discourait ferme
hier au Palais, et que les hypothèses
allaient leur train dans l'ignorance où
l'on était des intentions exactes de la dé-
fense.
L'ajournement dur procès peut être ob-
tenu d'abord par dos conclusions de sur-
sis à raison de la connexité existant entre
les faits relevés à la charge de M. Rei-
nach et les faits soumis à rexamen de la
chambre criminelle de la Cour de cassa-
tion. La sagesse même commande de ne
pas aborder un pdreil procès alors que
des révélations très prochaines peuvent
rendre ce procès nul ou motiver une se-
conde revision.
Une autre voie s'offre à M. Reinach,
celle du défaut, mais on ne s'y arrêtait
pas beaucoup, et toutes les probabilités
étaient en faveur de la question de sur-
sis.
Il est effectivement présumable que
c'est sur ce terrain que se produira,avant
la constitution du jury, l'escarmouche
juridique attendue et que l'ajournement
du procès s'en suivra.
Les amateurs de conflits, les pêcheurs
en eau trouble, les spécialistes de la ma-
traque et du gourdin, qui escomptent d'a-
vance les vingt et une audiences pro-
mises gracieusement par le président
Poupardin, son plaindront vraisembla-
blement avec âpreté, mais eux seuls.
AMÉDÉE BLONDEAU.
PAS DE TEMOINS
- -
Avec tous les journaux, nous avons publié
la liste des témoins au moyen des témoignages
desquels M. Joseph Reinach se proposait de
démontrer le bieu fondé de 83S insinuations.
On a pu voir que cette liste comporte un grand
nombre d'officiers de toutes armes et ie tous
grades. Or, une dépêche de Tunis annonçait
déjà avant-hier que le ministre de la guerre ne
délierait pas du secret professionnel les offi-
ciers appelés à déposer.
Hier matin, le Gaulois confirmait cette nou-
velle en donnant le texte de la circulaire sui-
vante envoyée par M. de Freycinet à tous les
commandants de corps :
Par ordre dd ministre, prévenez les officiers de
tous grade? sous vos ordees, cités comme témoins
dans le procès Henry-Reinach, qu'ils sont libres de
se rendre ou de ne pas se rendre à la convocation,
et qu'ils ne sont pas déliés du secret professionnel.
Comme suite au télégramme précédent, par ordre
du ministre, les officiers qui croiront devoir se ren-
dre à la convocation, dans le procès Henry-Reinach,
devront être en tenue civile.
Les officiers non cités comme témoins devront
s'abstenir au Palais de Justice.
Le Gaulois et les autres journaux nationa-
listes prétendent que cette détermination du
gouvernement ferme la bouche aux témoins
de Mme Henry.
Elle la fermera bien davantage, au can-
traire, aux témoins de M. Joseph Reinach qui
va se trouver dans Hmpossibitité matérielle de
poser une seule question aux généraux Billot,
Gonse, de Boisdeffie, de Pellieux, Saussier,
Guerrier, Abriat, au capitaine Cuigoet, au
commandant Lauth, au commandant du Paty
de Clam, au conmiandant Walter, gouverneur
du Mont-Valérien.
Et qu'on n'aille pas croire qne ce sont les
seuls militaires qui auront ainsi la bouchA
close « par ordre ». Il en est de même des té-
moins civils. A l'issue du conseil des ministres
d'hier, l'Agence Havas communiquait, en effet,
aux journaux, la note officieuse ci-jointe :
Divers fonctionnaires des ministères des affaires
étrangères et de la guerre, ayant demandé des ins-
tructions à leurs ministres respectifs en vue des
débats du procès Henry-Reinach, le gouvernement a
été d'avis qu'il n'y avait pas lieu de déroger à la
règle du secret professionnel. Il ne s'agit, en effet, que
d'un différend entre particuliers.
C'est ainsi que M. Paléologue, notamment, a
reçu, dès mercredi, défense de déposer devant
la Cour d'assises sur les faits dont il a déposé
devant la Cour de cassation.
Qonc, pas de témoins!
Sans doute, nous savons bien que quelques
gens se trouveront pour constater que le gou-
vernement « ne veut pas la lumière ». Nous ne
voulous pas nous associer à une pareille accu-
sation. Nous ferons simplement remarquer
que le gouvernement ne veut pas que la lu-
mière se fas&e devant la cour d'assises.
Il eût été plus digne de Je dire nettement
tout de suite.
VERSAC.
UNE ENQUÊTE POUR LA FORME
Comment M. Cavaignac a-t-il eu communica-
tion du rapport du capitaine Erqué ? - *
Voilà une question dont on ne s'occupe plus
guère, et voilà une question qui est pourtant
autrement intéressante que toutes celles
qu'on agite autour des potins et des ragots
de M. Quesnay ae Beaurepaire.
M. de Freycin6t, on le sait, avait pris l'enga
gement d'ouvrir une enquête sur cette grave
indiscréti n. Mais il y a enquête et enquête, et
M. de Freycinet, dans lé cas présent, a tout
fait pour que les recherches n'aboutissent
pas.
Oh 1 sans doute, il a interrogé tous ceux de
ses subordonnés qui ont eu entre leurs mains
le rapport du capitaine Erqué. Oh 1 sans
doute, il leur a demandé à tous des explica-
tions.
Mais que voulez-vous? il paraît que l'un
après l'putre. ces braves soldats lui ont donné
leurpàiole d'honneur qu'ils n avaient ni mon-
tré ni divulgué verbalement le contenu de ce
fameux rapport, et, naturellement, le ministre
a trouvé que cela était tout à fait peremp-
toire. —
Il paraît bien qu'au début, il a manifesté
quelque surprise de cette unanimité.
On dit même qu'il n'a pas caché au général
Zurlinden quil lui paraissait assez difuci.e
qu'un document que personne n'avait com-
muniqué à personne ait été connu de quel-
qu un.
Mais le gouverneur de Paris est homme de
ressource. 1
— Vous oubliez, monsieur le ministre, fit-il,
qu'une copie de ce rapport a été transmise à
la Cour de cassation. Pourquoi ne serait-ce
pas de ce côté que viendrait 1 indiscrétion ?
Et M. de Freycinet, tout à fait rassuré, ra-
conte l'histoire, remercia son « cher gouver-
neur », lui serra la main et décida qu'il était
inutile de poursuivre les recherches.
Reste seulement à savoir si l'on trouvera
très vraisemblable que ce soit la Cour de cas-
sation qui ait fait part à M. Cavaignac du rap-
port rédigé par le capitaine Erqué contre des
magistrats de la Cour. — Novi.
A MADAGASCAR
Voici les plus récentes nouvelles parvenues
de Madagascar ;
La poste
Le nombre des cas de peste constatés à Ta-
matave depuis le 24 novembre jusqu'au 17
décembre dépasserait 125.
La moyenne des décès varie entre 5 à 8 par
jour, - *
- , Les indigènes soulevés
La situation dans le nord de l'île est peu
satisfaisaute, lés' éléments hostiles de cette
région se sont réunis pour soulever partout les
populations. Lo soulèvement est dirigé contré ,
tout ce qui est européen.
Le principal groupe des rebelles serait tou-
jours à Beelanana avec 300 ou 400 fusils.
Le chef de la division otivale a dû aller avec
le Fabert à Antsirana et Vohemar pour exami-
Ber les mesures qu'il y aurait lieu de prendre
pour l'occupation militaire de tout le nord de
lile. -
Lokv a été attaqué le 28 novembre en plein
jour par une bande de 85 rebeller tous sakala-
ves. M. Gaidard, agent des affaires indigènes
et un colon français ont été tués ainsi que le
gouverneur indigène de l'endroit. Les rebelles
se sont empares d'un certain nombre de fusils
Gras etde deux caisses de cartouches.
Tous les fonds que contenait la caisse du
gouvernement ont également passé entre leurs
mains, puis ils ont mis le feu au village et
ont fait route sur Sambava et Antalaha.
Le recensement
Le recensement de la population européenne
i [ et étrangère de Tamatave vient d'être ter-
miné.
Les sujets français sont au nombre de
2,425, dont 326 nés dans la métropole, 1,113
créoles de la Réunion, 918 créoles de la Ste-
Marie, 14 de la Martinique et de la Guadeloupe
et 34 Sénégalais comoriens et anjouanais.
Les sujets anglais sont au nombre de 1,150,
dont 6 nés en Angleterre, 663 créoles de Mau-
rice, 209 Indiens, 185 Chinois et 97 Ara-
bes. ,.
La population étrangère compte en outre
4 originaires des Seychelles, 5 Belges, i2 Suis-
ses, 3 Portugais, 3 Allemands, 2 Américain,
3 Norvégiens et 4 Syriens.
Adolphe d'annery
A la veille de la reprise de. Don César de
Bazan où nous le vîmes si vaillant et si solide
encore porter le poids de ses quatre vingt-six
ans, Aurélien Scholl disait du célèbre auteur
dramatique : 0 -
— D'Ennery est comme ses pièces ! il na
vieillit pas.
Nous avons eu hier la tristesse d'enregistrer
sa mort ; et nous devons modifier la phrase du
chroniqueur sur le fécond écrivain :
— D'Ennery s'en va — mais ses œuvres res-
tent.
L'œuvre immease de l'auteur dramatique
survivra. longtemps en effet, en dépit de la
mode et des évolutions du goût du public.
Elle s'est perpétuée à travers toutes les se-
cousse? def nouvelles écoles, elle a vu naître
et mourir le romantisme, le naturalisme, le
symbolisme,et elle demeure cependant, et elle
a toujours autant d'action sur lajfoule prompte
à s'émouvoir et à ressentir.
C'est que sa conception dramatique fut élé-
mentaire et qu'il s'attacha moins à la perfec-
tion de la forais qu'à l'in-vention, à l'arrange-
ment ingénieux des scènes, au pathétique des
situations. Il dédaigna le style, certes, et c'est
là le reproche le pius grave qu'on puisse lui
faire ; mais il fut un évocateur extraordinaire
dont le langage populaire savait parler à l'âme
des êtres si-mples. il ue s'est pofnt préoccupé,
des problèmes ardus de psychologie où les
auteurs d'aujourd'hui cherchent surtout les
sujets de leurs pièces ; il ne s'est pas inquiété
des cas de oonscience qui plaisent aux lettrés
et aux raffinés ; mais il a dans son labeur
quotidipn réfléchi les passiens et les drames
dont so'iffrent les êtr"!s humains dont la vie
n'est ni compliquée ni factice. &La grande mo-
ralité qui se dégage de son théâtre a été pour
beaucoup aussi dans son succès : dans toutes
ses pièces, Id devoir et la vertu finissent tou-
jours par triompher du vice et du crime, et
ses personnages principaux sont animés des
belles qualités généreuses et bonnes de notre
race.
LA CARRIÈRE DE L'ÉCRIVAIN
Adolphe d'Ennery, de son nom véritable,
Adolphe Philippe, naquit à Paris, le H juin
1811. Il avait donc exactement quatre-vingt-
sept ans et sept mois. Ses parents, d'origine
israélite et alsacienne, tenaient, dans le quar-
tier du Temple, uns modeste boutique où ils
faisaient le commerce des habits.
Placé d'abord dans un magasin de nouveau-
tés qui portait l'enseigne de : A iialvina, le
jeune homme se sentit entraîné par ses fré-
quentations littéraires vers l'art dramatique,
où il fit ses premiers pas en 1831, en écrivant,
en collaboration avec M. Desnoyer, un drame:
Emile ou le fils d'un pair de France ; le succès
médiocre de ce aébut ne découragea pas 1 au-
teut ; il n'en continua pas moins à couvrir de
réplioues et de tirades les feuillets de papier
blanc, hésitant, au commencement, entre fa
frivolité de la comédie légère et le sérieux du
drame, où devait déllnivement s'affirmer son *
talent.
SES PIÈCES
Le nombre approximatif des œuvres que
d'Enoer" fit représenter, dans l'espace de
soixante ans, soit de 1830 à 1890, s'élève à
près de trois cents ; tuntes pour le plus grand
nombre en collaboration.
Voici, à peu près dans l'ordre de leurs re-
présentations les principales de ces pièces,
que l'écrivain signa, Dennery qui était le nom
de ta mèt-e, et que l'empire anoblit par dé-
cret de 1859: ,
1835 L'Honneur de ma Fille.
1836 Le Changement d'Uniforme, Dolorès,
Tiburce, Pierre d'Arezzo.
1838 Femmes et Pirdte, le M-ariage d'orgueilt
Monsieur et Madame Pinchon, la Reine
des Blanchisseuses, le Portefeuille ou
les Deux Familles, Gaspard Hauser.
Jeanne Hachette ou le siège de Beau-
vais.
i839 Le Naufrage de la Méduse.
i840 Le Sylphe d'or, le dernier Oncle d'Amé-
rique, l'Amour en commandite, la
Tremblement de terre de la Martini..
que.
1841 La Oette à la bamboche, Paris sous la
Comète, la Grâcp de Dieu, la Citerne
d'Albi, les Pupilles de la Garde, ie3
? Bains à quatre sous.
i842 La Nuit aux soufflets, Fargeau le Nour-
risseur, Feu Peterscott, Amour et
Amourette, Pauvre Jeanne, la DoC
d'Auvergne, Halifax.
i843 Les Nouvelles à la main, les Mémoires
de deux jeunes mariés, l'Hôtel des
Haricots, les Bohémiens de Paris.
1844 Marjolaine , Paris-Voleur , Pulcinella,
Colin-Tampon, la Dame de Saint-Tro-
pez, les Sept Châteaux du Diable, Don
César de Bazan.
i845 L'Ile du prince Toutou, Parlez au Por-
tier, le Porteur d'Eau, Paris et la Ban-
lieue, la Vie en partie double, Noémie, *
le Bulletin de la Grande Armée, le
Marché de Londres, Un Bal d'enfants,
le JuiC-Errant., Marie-Jeanne, les Com,
jpagnons de la mansarde. 1
er-NO CN'rI1\'iEr:;. '!e"Nun3.éro. PARIS À DEPARTEMENTS Le NUMÉRO; orÑo CENTIMES
; fONDATEOR : AUGUSTE VACQUERIE
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kh et AUX BUREAUX du JOUEpîAjbr
RÉDACTIOX î 131,' nie Montmartre, 131 i
De 4 a 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin i I
NM0550. — Samedi 28 Janvier- 1899
!
28 NIVOSE AN 107
- ,
',) ADMINISTRATION : 131, rue Montmartre, 131 1
; Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
'.j= NOS LEADERS
» "* <' - :>Cr -:..
C'est aujourd'hui le 27 janvier. Vous
rappelez-vous: il y a dix ans?. Oh!
souvenirs de tristesse, souvenirs d'hu-
miliation, souvenir de honte!.
Il y a dix ans tout juste aujourd'hui
le général Boulanger fut élu député de
la Seine.
Oui, en l'année du centenaire de la
grande Révolution, Paris, comme ces
filles que met en folie la vue d'un uni-
forme, se donnait au premier soldat
venu; Paris chantait : — C'est. bou-
lange, qu'il nous faut, oh ! oh !.
- et le soir de ce 27 janvier 1889 on a
pu voir Paris écroulé dans le ruisseau
cuvant sa sale ivresse.
Je me rappelle que, ver% neuf heures,
j étais avec beaucoup d'autres au pa-
villon de Flore, où se trouvait alors la
prélecture de la Seine,attendant les pre-
miers résultats.
Nous lts avions entre les mains, nous
nous entre-regardions, tout pâles. ;
Car jusqu'au dernier moment, nous
n'avions point voulu croire. Nous nous
disions : la Dordogne, bon; la Charente-
Inférieure, soit ; le Nord, passe. Mais
Paris !. * Paris, la grande ville révolu-
tionnaire, la cité-lumière dont la clarté
rayonne sur le monde !.
Nous eussions pensé faire injure à
Paris, certes, si nous avionscru possi-
ble de sa part cette abdication, cette dé-
chéance, cette chute.
Nous dis ons : Non ! Paris qui a fait
Juillet 1830, qui a l'ait Février 1848, qui
a écrasé sous ses épiques pavés tant de
trônes, fait fuir tant de rois, ne peut
pas hisser sur ses épaules ce Boulanger-
là. Si cela se faisait, le sol même de
Paris, d'indignation, tremblerait !.
Et cela se faisait. Les résultats étaient
là, écrasants. Les quartiers aristocra-
tiques donnaient la majorité à Boulanger;
les quartiers populaires donnaient la
majorité à. Boulanger. Nous étions, nous
qui avions lutté de toutes nos forces, de
toute notre âme, pour la République et
pour l'honneur, vaincus, battus, en dé-
route.
Tout était perdu.
Quelqu'un, là, précisément, au pavil-
lon de Flore, me dit - il a été ministre
depuis — tout bas, à l'oreille, en me
serrant le poignet : — Si Floquet fait
son devoir, Boulanger sera arrêté cette
nuit. — Car nous étions à ce moment
qui semble précéder la lutte à main ar-
mée ; déjà la vision nous apparaissait
des prétoriens lâchés à travers les rues,
écrasant sous leurs pieds la Loi, la Ré-
publique, la France ; déjà, nous frémis-
sions au plus profond de nous-mêmes
voyant, avec une rage désespérée, cette
France désespérée subissant encore,
après Brumaire et Waterloo, après Dé-
cembre et Sedan, l'opprobre, cette fois
irremédiable, d'un dictateur milila're.
Et nos adversaires, ceux qui ne se
cachent pas de vouloir, par tous les
moyens, la mort de la République,
triomphaient, exultaient, braillaient à
pleine voix : — C'est Boulange ! lange !
lange!. — acclamant le soldat sans
prestige, dont le sabre sans victoire de-
vait, ils l'espéraient, porter le coup
mortel à nos fières libertés.
.e.
Vers vous, au milieu de ces doulou-
reux souvenirs, ma pensée s'élève,
maître regretté dont la pensée est res-
tée vivante dans ce journal :
En ces heures d'épreuves, de trouble,
de découragement, où beaucoup, sans
doute, se disaient : C'est fini ! et éprou-
vaient l'acre désir de jeter l'arme et de
croiser les bras pour attendre, avec mé-
pris, la fin des choses, Auguste Vac-
querie fut un des rares qui demeurèrent
calmes et pleins de sérénité.
Il était au milieu de nous, à la fin de
cette soirée tragique ; il souriait héroï-
quement.
La foi était en lui, robuste, inébran-
lable, en la justice immanente ; il était
lui, de ceux, qui ne désespèrent ja-
mais ; de la race de ce titanique Ajax
qui, cramponné à la pointe d'un récif,
couvert d'écume, pendant la tempête-
criait superbement : J'échapperai mal-
gré les Dieux 1
Sa confiance rentra en nous ; il nous
communiq'iait, par son clair regard pé-
nétrant dans nos consciences, sa force.
Le lendemain il écrivait,dans le Rappel:
— Nous sommes tranquilles. — Nous
étions tranquilles, en effet.
Cette infâme journée du 27 janvier ne
devait pas avoir de lendemain ; elle
n'en aurait pas!. Elle n'en eut point.
Allez dans je ne sais plus quel cime-
tière de la banlieue de Bruxelles, de-
mandez à la tombe, si oubliée aujour-
d'hui, que vos pieds heurteront, où
aboutissent les rêves, les espérances,
les ambitions de ceux qui veulent assas-
siner la République.
.*.
De tels souvenirs nous défendent con-
tre les menees de la situation pré-
sente.
Aujourd'hui, il n'y a plus de Boulan-
ger, mais le boulangisme — et plus que-
jamais — existe.
: De Boulanger, nous avons la mon-
naie. Il était lui, si vous voulez, la pièce
de cent sous, la « thune », qui fait en-
core son ell'et dans le creux de la main
et trébuche : de racon assez so.iore
sur le zinc du mastroquet ; aujourd'hui
c'est^nne poignée de gros et de petits
sous qui le remplace, billon vertdegrisé,
cuivre devenu noir au maniement des
doigts crasseux. -
Cavarignac, Esterhazy, Quesnay de
Beaurepaire, Boisdetfre, Pellieux, Gonse,
c'est Boulanger ém:etté, Boulanger
éparpillé, Boulanger mis à la portée des
plus petitea. bourses, à la hauteur des
ambitions les moins nobles, au niveau
des plus vils appétits.
Au fond, c'est la même chose. Quelle
que soit la valeur de la pièce, l'effigie
est la même. Nous te reconnaissons,
Boulange; sale et puante Boulange qui
n'est pas autre chose que la réaction,
la réaction hypocrite, qui ment, qui se
cache, la réaction sans crànerie, sans
dignité, sans pudeur; nous te recon-
naissons pour t'avoir déjà battue, nous
qui te battrons encore.' -
Nous répétons, nous faisons nôtre, le
mot écrit ici par Vacquerie, il y a dix
ans, au lendemain de l'élection du 27 jan-
vier : — Nous sommes tranquilles !
Oui, si forte que tu sembles être, par
moment, BouJange abominable et exé-
crée, grâce à la faiblesse, à la lâcheté
de tant d'hommes : — Nous sommes
tranquilles ! — nous fécraserons en-
core, comme d'un coup de bâton on abat
un chien enragé, comme du pied on
broie la tête venimeuse d'un serpent!
.*.
Tous ceux qui supportent impatiem-
ment le joug des libertés républicaines,
les bonapartistes qui regrettent le règne
des commissions mixtes, les orléanistes
qui voudraient voir revivre les lois de
Septembre, les cléricaux, irréconcilia-
bles ennemis de la pensée humaine, se
sont bien crus, en ce jour de janvier
1889, à la veille de la victoire; ils di-
saient : - Maintenant ça y est! Nous
avons Paris, plus rien ne nous manque.
Il ne faut plus qu'un petit effort pour
hisser au pouvoir ce Boulanger, ce pan-
t'n dont nous tenons les ficelles; nous
sommes les maîtres ! Enfin ! la « gueuse »
est morte ! ,..,
Ils étaient, en réalité, à la veille de
la défaite. Quelques mois p'us tard Bou-
langer était en fuite et de la Boulange
et de ce qui avait été ses criminelles
espérances plus rien ne restait qu'un
peu de boue, bientôt séchée par le so-
leil, parterre.
-
Qui oserait vouloir nous interdire de
penser, de croire que l'aventure actuelle
se terminera de même ? v5*
On a, il est vrai, à Paris, acclamé
Esterhazy, mais on avait quasiment
porté Boulanger en triomphe ; ce cri de
Vive l'armée ! qui signifie seulement :
vivent les traîtres et les faussaires de
Tétat-major ! n'est pas plus dangereux,
certes, que ne l'était le cri de : Vive
Boulanger ! On complote ; mais ne com-
plotait-on pas alors? On ment; faisait-
on alors autre chose que mentir? tous
les ennemis de la République sont ligués
autour des Cavaignac et des Déroulède;
n'étaient-ils avec le même Déroulède,
du reste, rassemblés autour du cheval
noir ? ,:;.
Depuis cent ans et plus, la terre de
France est champ clos où se livrent
bataille, avec des alternatives diverses,
la Révolutior et la contre-révolution ; la
Révolution qui veut l'homme libre, la
pensée libre, la conscience libre; la
contre-révolution qui veut des citoyens
faire des esclaves et du peuple un trou-
peau.
De ce prodigieux duel qui dure depuis
plus d'un siècle, les deux empires, la
Restauration, la monarchie de Juillet,
1830, 1848,1870, le Seize Mai, le Bou-
langisme, le Panama, l'affaire Dreyfus,
n'ont été, ne sont que des épisodes.
Toujours nous retrouvons en face de
nous les mêmes adversaires; et ils de-
mandent aujourd'hui le désaississement
de la chambre criminelle, comme en
1830 ils violaient la Charte, comme en
48 ils refusaient l'adjonction des capa-
cités, comme en 51 ils rejetaient les
propositions des questeurs, comme en
i 889 ils couvraient d'injures la Haute-
Cour de Justice ; tous moyens leurs
sont bons, toutes armes leur sont
bonnes pour combattre cette Républi-
que qu'ils ont juré de détruire et qui vit
malgré eux.
**.
C'est pourquoi nous ne sommes, à
l'heure présente, ni étonnés, ni effrayés;
nous les avons déjà vus à l'œuvre, nous
savons de quoi ils sont capables ; nous
nous attendons à tout de leur part, et
nous sommes prêts à tout. Nous sommes
tranquilles.
Nous savons qu'ils entasseront les
mensonges, accumuleront les forfaits,
amoncelleront les crimes ; soit.
Ce que nous croyons : c'est que la
République ne peut pas périr, c'est que
la France ne peut pas perir, qu'il y a
une chose que les scélérats ne pourront
assassiner : c'est la conscience, c'est le
droit, c'est. la justice, c'est l'âme.
Le peuple se trompe, mais il. se res-
saisit vite, l'avenir, un prompt avenir
corrige et répare le présent.
,,," Certes - et c'est pourquoi j'ai évoqué
les souvenirs que réveille cette date :
27 janvier - la situation ne saurait être
compàrée à celle d'alors ; alors la
France entière semblait plier devant cet
iiomme vemjor* -ae savait d'où, aventu-
rier quelconque, lui-même, stupéfait de
sa propre fortune, Paris se donnait;
tout: les devoirs, les principès, les an-
cêtres, l'honneur, semblait oublié ; nous
n'étions plus qu'une poignée, nous au-
tres, autour du drapeau, résolus à ven-
dre chèrement notre vie, à brûler notre
dernière cartouche, à donner la der-
nière goutte de notre sang. :.',
Mais ce qui semblait tempête mons -
trueuse capable d'engloutir à jamais dans
le pire des naufrages la République et la
France, n'était qu'orage d'été; nuage
noir, mais ne pouvant que voiler un ins-
tant les ravons du soleil, facilement
écarté, balayé, par le premier soufde,
disparù vite du ciel redevenu bleu.
Nous avons assisté, souriants, comme
Vacquerie souriait, le soir même du 27
janvier, à cette fuite, à cette débandade
éperdue du troupeau haillonneux des
nuées perverses ; elles étaient déjà loin,
et nous pouvions nous remettre au tra-
vail. - -
M. en sera de même aujourd'hui,
croyez-le ;. toutes les menaces, échafau-
dées au-dessus de nos têtes, s'évanoui-
ront, comme brouillard du matin, traînant
un moment, comme loques sales, à la
surface du sol, bientôt bues par le so-
leil.
Ils en seront pour leur haine, pour
leurs colères, pour leurs mensonges,
pour leurs crimes, les scélérats qui
voudraient voler à ce peuple de France,
sa liberté, sa République, son honneur.
- NOlls sommes tranquilles.
LUCrRN V!r,,T'V?-vf«;TTv''»:
Nous publierons demaà-i 7! rucie
, de M. Charles \lCh.
LESON-D!rl\
CHEZ NOUS
- Un décret supprime l'obligation de
Papposition d'une marque distinctive sur
les dos ou tarots des cartes à jouer desti-
nées aux cercles, clubs et casinos.
EN PASSANT
Il est sans doute fort agréable d'être.
fils d'archevêque, surtout dans la marine,
mais dans la médecine, être le docteur du
pape n'a rien de particulièrement tentant.
L'infortuné M. Lapponi, thérapeute du
.Saint-Père, mène en ce moment-ci, pàr
exemple, une existence de galérien, une vie
de chien, à proprement parler. Léon XIII,
en effet, est atteint de l'influença, et le pi-
toyable Lapponi n'a plus, de ce fait, une
heure de tranquillité, son logis étant, tout
le long du jour, assailli de visiteurs venant
aux nouvelles. La .nuit, c'est le téléphone
qui lui assourdit sans répit les oreilles : car
la chrétienté s'émeut, les cardinaux et les
diplomates sont assoiffés d'information. En
outre, il faut, le pauvre 1 qu'il réponde par
des télégrammes aux dépêches qui lui arri-
vent des quatre coins de la terre 1 Au moins,
croyez-vous que pour tout ce tracas, le mé-
decin du Souverain Pontife soit grassement
rétribué. Nullement. En matière de lési-
nerie, Pecct en remontrerait à un d'Or-
léans. M. Lapponi. a tout juste six cents
francs par an, cinquatlte frants par mois.
luste de quoi payer son macaroni. Depuis
1888 qu'il est en Jonctions, il n'a pas dû
mettre beaucou p d'argent de côté. La seule
satisfaction qui lui soit donnée, c'est qu'il
roule carrosse dans une voiture aux armes
du Vatican. Cette voiture a l'air d'un ba-
teau, convenons-en. -
LOULS MARSOLLEAU.
- Pour fêter Courteline. -
A l'occasion de sa nomination dans la
Légion d'honneur, les amis de Courteline
lui offrent à dîner, le jeudi a février, à sept
heures, chez Marguery.
Les dames sont admises.
On souscrit à la librairie Ernest Flam-
marion, rue Racine, 26, ou dans ses suc-
cursales : boulevard des Italiens, 12; ave-
nue de l'Opéra, 36 bis ; rue Auber, 11 ;
boulevard Saint-Martin, 3.
-- M. Pierre-Marie Richard, député
de la Seine, a été renversé, à Nice, par une
voiture automobile et blessé à rœil
gauche.
- On annonce la mort :
De M. Le Dieu, ancien avocat à la Cour
de cassation, décédé à l'âge de quatrevingt-
quatre ans.
Il était l'ancien vice-président de la So-
ciété botanique de France,
A Amélie-les-Bains, de M. Galloy, vice-
résident des colonies.
A Cherbourg, du chef guetteur de la
vigie de l'Onglet, M. Le Jenty, une des
personnalités les plus connues du monde
maritime.
A L'ÉTRANGER
- Le comte de Poulett dont le fils
aîné, joueur d'orgue de barbarie dans les
rues de Londres, réclame l'héritage dans
des circonstances que nous avons fait con-
naître, a été enterré hier.
Aucun membre de la famille n'était en-
core arrivé, dit le Times, à la résidence du
comte, le matin des funérailles.
La résidence domaniale du défunt a été
barricadée et les portes sont closes pour
prévenir toute tentative d'oscupation de
a part du fils aîné.
- Le roi des huiles.
Il ressort * d'une statistique publiée à
New-York que M. John Rockofeller doit
être considéré comme le personnage le
jjlus riche 4u«ioh^ ;
Sa fortune ne. peut pas êtrç. évaluée à
une dizaiae. dç. millions1 .près. Le chiffre
dépasse».Tes fortunes réuniis des Astor, des
Vandçfbilt et des Gould.- -
D'après cette statistique, son revenu dé-
ao mulionsde
dollarsjpar mois, 55,5^5 dollars par jour,
et 2,3 16. dollars par heure. :
.7. M. Rockefeller a débuté comme comp-
table, au traitement de cinquante dollars
par mois. Il mène une vie très retirée, et
pour un motif que l'on conçoit, il est pour
ainsi dire inaccessible.
Un exode en masse d'Indiens peaux-
rouges est signalé de Kansas City. 4,700
Cherokees, 3,900 Creeks et 1,900 De-
lawcres quitteront demain Wichita, dans
le territoire indien, avec tous leurs biens
meubles,«'élevant à deux millions et demi
de francs, pour aller s'établir au Mexique,
où ils ont acheté des terrains.
Ces Indiens sont civiJisés, beaucoup ont
même reçu une certaine éducation et tous
se livrent à l'agriculture.
Pour réaliser leur départ ils ont acquis
2,000 bicyclettes et 250 chariots.
Ils se plaignent d'être maltraités par le
gouvernement américain qui viole cons-
tamment ses engagements envers eux. Ils
préfèrent devenir citoyens mexicains.
,- - Le Passant.
Le Procès Henry-Beinach
Avant l'audience
C'est aujourd'hui que vient, devant la
cour d'assises de la Seine, le procès en
diffamation intenté par Mme veuve Hen-
ry, née Berthe-Amélie Bertincourt, tant
en son nom personnel que comme mère
et tutrice légale de Louis-Paul-François
Henry, son lils mineur, à notre distingué
confrere M. Joseph Reinach et aux di-
recteurs et administrateurs du journal le
Siècle.
Nous avons donné, avec tons les jour-
naux, le texte de l'assignation. On se
souvient * que la veuve du suicidé du
Mont-Valerien relève à la charge de M.
Joseph Reinach plusieurs imputations ré
sultant d'une série d'articles du Siècle,
où l'auteur, exposant les relations d'Es-
terhazy avec lé colonel Schwarzkoppen,
formule l'hypothèse d'un second traître
dans la personne du colonel Henry, com-
plice d'Esterhazy et paitâgeant avec le
uhlan le produit des renseignements li-
vréq à l'Allemagne.
Nous avons également donné la ligte
des témoins cités par M. Joseph Reinach
et la liste des témoins cités par Mme
veuve Henry. Ces deux. listes forment un
total de quatre cents témoins. Cela est
sans. - précédent dans les annales judi
ciaires.
Dans quelles conditions vient ce grand
procès ? Sera-t-il jugé au fond ? Sera-t-il
ajourné ? Ces diverses questions pas-
sionnent depuis plus de quinze jours le
monde judiciaire,et les couloirs du Palais
de Justice ont retenti de discussions vio-
lentes et de nouvelles les plus contradic-
toires. w
- On a d'abord commencé par annoncer
que le président des assises, M. Poupar-
din soulèverait d'office la question d'in-
compétence de la cour d'assises. Puis
quelques jours après, on a démenti cette
information. Il est vrai que ce démenti
est venu au lendemain de l'article d'un
journal antisémite, très menaçant pour
M. Poupardin, qu'on représentait comme
ayant reçu l'ordre du syndicat de trahi-
son de décliner la compétence de la cour
d'assises, pour sauver M. Reinach.
Et cependant tout le monde savait que
M. Reinach ne demandait qu'une chose :
être jugé et faire la preuve de ses alléga-
tions contre le colonel Henry.
Ceux qui ont insinué que le président
Poupardin avait obéi aux injonctions du
journal antisémite ont tout simplement
calomnié l'honorable président des as-
sises, si tant est que M. Poupardin ait ja-
mais eu l'idée de soulever l'incompé-
tence.
Ce qui est hors de doute c'est que le
procès Henry-Reinach vient dans des con-
ditions très anormales, on pourrait même
aire dangereuses, si l'on songe aux me-
naces colportées ces temps derniers un
peu partout, que le procès donnera lieu à
des troubles autrement graves que les in-
cidents scandaleux auxquels on a assisté
pendant le procès Zola.
On nous promet le retour du beau
temps où ceux qui criaient: Vive la Répu-
blique ! étaient assommés et où les as-
sommeurs embrassaient M. Esterhazy.
Ah ! bien non, merci !
De pareilles promesses suffisent pour
motiver l'ajournement du procès.
Mais ces considérations de paix et de
sécurité publique ne sont pas les seules
qu'on peut invoquer. Un fait nouveau s'est
produit hier qui semble devoir modifier
du tout au tout l'attitude de M. Joseph Rei-
nach toujours ferme dans son intention de
faire la preuve devant le jury.
Nous voulons parler de la circulaire
envoyée par le ministre de la guerre aux
commandànts de corps d'aimée, où il est
dit que les officiers cités comme témoins
au procès Henry-Reinaoh ne seront pas
« déliés du secret professionnel », c'est-à-
dire que ces officiers refuseront de ré
pondre aux questions tendant précisé-
ment à faire la preuve exigée par la loi.
C'est odieux tout simplement. Cette
consigne donnée aux témoins militaires
du procès n'est que la répétition, sous
une forme nouvelle, du mot célèbre du
président Delegorgue : - La question ne
sera pas posée 1
Il est clair — comme dit l'autre — que
du moment où le procès est étranglé
d'avance, il ne reste plus à M. Reinach
qu'à protester. Mais de quelle façt,n ?
C'est à ce propos qu'on discourait ferme
hier au Palais, et que les hypothèses
allaient leur train dans l'ignorance où
l'on était des intentions exactes de la dé-
fense.
L'ajournement dur procès peut être ob-
tenu d'abord par dos conclusions de sur-
sis à raison de la connexité existant entre
les faits relevés à la charge de M. Rei-
nach et les faits soumis à rexamen de la
chambre criminelle de la Cour de cassa-
tion. La sagesse même commande de ne
pas aborder un pdreil procès alors que
des révélations très prochaines peuvent
rendre ce procès nul ou motiver une se-
conde revision.
Une autre voie s'offre à M. Reinach,
celle du défaut, mais on ne s'y arrêtait
pas beaucoup, et toutes les probabilités
étaient en faveur de la question de sur-
sis.
Il est effectivement présumable que
c'est sur ce terrain que se produira,avant
la constitution du jury, l'escarmouche
juridique attendue et que l'ajournement
du procès s'en suivra.
Les amateurs de conflits, les pêcheurs
en eau trouble, les spécialistes de la ma-
traque et du gourdin, qui escomptent d'a-
vance les vingt et une audiences pro-
mises gracieusement par le président
Poupardin, son plaindront vraisembla-
blement avec âpreté, mais eux seuls.
AMÉDÉE BLONDEAU.
PAS DE TEMOINS
- -
Avec tous les journaux, nous avons publié
la liste des témoins au moyen des témoignages
desquels M. Joseph Reinach se proposait de
démontrer le bieu fondé de 83S insinuations.
On a pu voir que cette liste comporte un grand
nombre d'officiers de toutes armes et ie tous
grades. Or, une dépêche de Tunis annonçait
déjà avant-hier que le ministre de la guerre ne
délierait pas du secret professionnel les offi-
ciers appelés à déposer.
Hier matin, le Gaulois confirmait cette nou-
velle en donnant le texte de la circulaire sui-
vante envoyée par M. de Freycinet à tous les
commandants de corps :
Par ordre dd ministre, prévenez les officiers de
tous grade? sous vos ordees, cités comme témoins
dans le procès Henry-Reinach, qu'ils sont libres de
se rendre ou de ne pas se rendre à la convocation,
et qu'ils ne sont pas déliés du secret professionnel.
Comme suite au télégramme précédent, par ordre
du ministre, les officiers qui croiront devoir se ren-
dre à la convocation, dans le procès Henry-Reinach,
devront être en tenue civile.
Les officiers non cités comme témoins devront
s'abstenir au Palais de Justice.
Le Gaulois et les autres journaux nationa-
listes prétendent que cette détermination du
gouvernement ferme la bouche aux témoins
de Mme Henry.
Elle la fermera bien davantage, au can-
traire, aux témoins de M. Joseph Reinach qui
va se trouver dans Hmpossibitité matérielle de
poser une seule question aux généraux Billot,
Gonse, de Boisdeffie, de Pellieux, Saussier,
Guerrier, Abriat, au capitaine Cuigoet, au
commandant Lauth, au commandant du Paty
de Clam, au conmiandant Walter, gouverneur
du Mont-Valérien.
Et qu'on n'aille pas croire qne ce sont les
seuls militaires qui auront ainsi la bouchA
close « par ordre ». Il en est de même des té-
moins civils. A l'issue du conseil des ministres
d'hier, l'Agence Havas communiquait, en effet,
aux journaux, la note officieuse ci-jointe :
Divers fonctionnaires des ministères des affaires
étrangères et de la guerre, ayant demandé des ins-
tructions à leurs ministres respectifs en vue des
débats du procès Henry-Reinach, le gouvernement a
été d'avis qu'il n'y avait pas lieu de déroger à la
règle du secret professionnel. Il ne s'agit, en effet, que
d'un différend entre particuliers.
C'est ainsi que M. Paléologue, notamment, a
reçu, dès mercredi, défense de déposer devant
la Cour d'assises sur les faits dont il a déposé
devant la Cour de cassation.
Qonc, pas de témoins!
Sans doute, nous savons bien que quelques
gens se trouveront pour constater que le gou-
vernement « ne veut pas la lumière ». Nous ne
voulous pas nous associer à une pareille accu-
sation. Nous ferons simplement remarquer
que le gouvernement ne veut pas que la lu-
mière se fas&e devant la cour d'assises.
Il eût été plus digne de Je dire nettement
tout de suite.
VERSAC.
UNE ENQUÊTE POUR LA FORME
Comment M. Cavaignac a-t-il eu communica-
tion du rapport du capitaine Erqué ? - *
Voilà une question dont on ne s'occupe plus
guère, et voilà une question qui est pourtant
autrement intéressante que toutes celles
qu'on agite autour des potins et des ragots
de M. Quesnay ae Beaurepaire.
M. de Freycin6t, on le sait, avait pris l'enga
gement d'ouvrir une enquête sur cette grave
indiscréti n. Mais il y a enquête et enquête, et
M. de Freycinet, dans lé cas présent, a tout
fait pour que les recherches n'aboutissent
pas.
Oh 1 sans doute, il a interrogé tous ceux de
ses subordonnés qui ont eu entre leurs mains
le rapport du capitaine Erqué. Oh 1 sans
doute, il leur a demandé à tous des explica-
tions.
Mais que voulez-vous? il paraît que l'un
après l'putre. ces braves soldats lui ont donné
leurpàiole d'honneur qu'ils n avaient ni mon-
tré ni divulgué verbalement le contenu de ce
fameux rapport, et, naturellement, le ministre
a trouvé que cela était tout à fait peremp-
toire. —
Il paraît bien qu'au début, il a manifesté
quelque surprise de cette unanimité.
On dit même qu'il n'a pas caché au général
Zurlinden quil lui paraissait assez difuci.e
qu'un document que personne n'avait com-
muniqué à personne ait été connu de quel-
qu un.
Mais le gouverneur de Paris est homme de
ressource. 1
— Vous oubliez, monsieur le ministre, fit-il,
qu'une copie de ce rapport a été transmise à
la Cour de cassation. Pourquoi ne serait-ce
pas de ce côté que viendrait 1 indiscrétion ?
Et M. de Freycinet, tout à fait rassuré, ra-
conte l'histoire, remercia son « cher gouver-
neur », lui serra la main et décida qu'il était
inutile de poursuivre les recherches.
Reste seulement à savoir si l'on trouvera
très vraisemblable que ce soit la Cour de cas-
sation qui ait fait part à M. Cavaignac du rap-
port rédigé par le capitaine Erqué contre des
magistrats de la Cour. — Novi.
A MADAGASCAR
Voici les plus récentes nouvelles parvenues
de Madagascar ;
La poste
Le nombre des cas de peste constatés à Ta-
matave depuis le 24 novembre jusqu'au 17
décembre dépasserait 125.
La moyenne des décès varie entre 5 à 8 par
jour, - *
- , Les indigènes soulevés
La situation dans le nord de l'île est peu
satisfaisaute, lés' éléments hostiles de cette
région se sont réunis pour soulever partout les
populations. Lo soulèvement est dirigé contré ,
tout ce qui est européen.
Le principal groupe des rebelles serait tou-
jours à Beelanana avec 300 ou 400 fusils.
Le chef de la division otivale a dû aller avec
le Fabert à Antsirana et Vohemar pour exami-
Ber les mesures qu'il y aurait lieu de prendre
pour l'occupation militaire de tout le nord de
lile. -
Lokv a été attaqué le 28 novembre en plein
jour par une bande de 85 rebeller tous sakala-
ves. M. Gaidard, agent des affaires indigènes
et un colon français ont été tués ainsi que le
gouverneur indigène de l'endroit. Les rebelles
se sont empares d'un certain nombre de fusils
Gras etde deux caisses de cartouches.
Tous les fonds que contenait la caisse du
gouvernement ont également passé entre leurs
mains, puis ils ont mis le feu au village et
ont fait route sur Sambava et Antalaha.
Le recensement
Le recensement de la population européenne
i [ et étrangère de Tamatave vient d'être ter-
miné.
Les sujets français sont au nombre de
2,425, dont 326 nés dans la métropole, 1,113
créoles de la Réunion, 918 créoles de la Ste-
Marie, 14 de la Martinique et de la Guadeloupe
et 34 Sénégalais comoriens et anjouanais.
Les sujets anglais sont au nombre de 1,150,
dont 6 nés en Angleterre, 663 créoles de Mau-
rice, 209 Indiens, 185 Chinois et 97 Ara-
bes. ,.
La population étrangère compte en outre
4 originaires des Seychelles, 5 Belges, i2 Suis-
ses, 3 Portugais, 3 Allemands, 2 Américain,
3 Norvégiens et 4 Syriens.
Adolphe d'annery
A la veille de la reprise de. Don César de
Bazan où nous le vîmes si vaillant et si solide
encore porter le poids de ses quatre vingt-six
ans, Aurélien Scholl disait du célèbre auteur
dramatique : 0 -
— D'Ennery est comme ses pièces ! il na
vieillit pas.
Nous avons eu hier la tristesse d'enregistrer
sa mort ; et nous devons modifier la phrase du
chroniqueur sur le fécond écrivain :
— D'Ennery s'en va — mais ses œuvres res-
tent.
L'œuvre immease de l'auteur dramatique
survivra. longtemps en effet, en dépit de la
mode et des évolutions du goût du public.
Elle s'est perpétuée à travers toutes les se-
cousse? def nouvelles écoles, elle a vu naître
et mourir le romantisme, le naturalisme, le
symbolisme,et elle demeure cependant, et elle
a toujours autant d'action sur lajfoule prompte
à s'émouvoir et à ressentir.
C'est que sa conception dramatique fut élé-
mentaire et qu'il s'attacha moins à la perfec-
tion de la forais qu'à l'in-vention, à l'arrange-
ment ingénieux des scènes, au pathétique des
situations. Il dédaigna le style, certes, et c'est
là le reproche le pius grave qu'on puisse lui
faire ; mais il fut un évocateur extraordinaire
dont le langage populaire savait parler à l'âme
des êtres si-mples. il ue s'est pofnt préoccupé,
des problèmes ardus de psychologie où les
auteurs d'aujourd'hui cherchent surtout les
sujets de leurs pièces ; il ne s'est pas inquiété
des cas de oonscience qui plaisent aux lettrés
et aux raffinés ; mais il a dans son labeur
quotidipn réfléchi les passiens et les drames
dont so'iffrent les êtr"!s humains dont la vie
n'est ni compliquée ni factice. &La grande mo-
ralité qui se dégage de son théâtre a été pour
beaucoup aussi dans son succès : dans toutes
ses pièces, Id devoir et la vertu finissent tou-
jours par triompher du vice et du crime, et
ses personnages principaux sont animés des
belles qualités généreuses et bonnes de notre
race.
LA CARRIÈRE DE L'ÉCRIVAIN
Adolphe d'Ennery, de son nom véritable,
Adolphe Philippe, naquit à Paris, le H juin
1811. Il avait donc exactement quatre-vingt-
sept ans et sept mois. Ses parents, d'origine
israélite et alsacienne, tenaient, dans le quar-
tier du Temple, uns modeste boutique où ils
faisaient le commerce des habits.
Placé d'abord dans un magasin de nouveau-
tés qui portait l'enseigne de : A iialvina, le
jeune homme se sentit entraîné par ses fré-
quentations littéraires vers l'art dramatique,
où il fit ses premiers pas en 1831, en écrivant,
en collaboration avec M. Desnoyer, un drame:
Emile ou le fils d'un pair de France ; le succès
médiocre de ce aébut ne découragea pas 1 au-
teut ; il n'en continua pas moins à couvrir de
réplioues et de tirades les feuillets de papier
blanc, hésitant, au commencement, entre fa
frivolité de la comédie légère et le sérieux du
drame, où devait déllnivement s'affirmer son *
talent.
SES PIÈCES
Le nombre approximatif des œuvres que
d'Enoer" fit représenter, dans l'espace de
soixante ans, soit de 1830 à 1890, s'élève à
près de trois cents ; tuntes pour le plus grand
nombre en collaboration.
Voici, à peu près dans l'ordre de leurs re-
présentations les principales de ces pièces,
que l'écrivain signa, Dennery qui était le nom
de ta mèt-e, et que l'empire anoblit par dé-
cret de 1859: ,
1835 L'Honneur de ma Fille.
1836 Le Changement d'Uniforme, Dolorès,
Tiburce, Pierre d'Arezzo.
1838 Femmes et Pirdte, le M-ariage d'orgueilt
Monsieur et Madame Pinchon, la Reine
des Blanchisseuses, le Portefeuille ou
les Deux Familles, Gaspard Hauser.
Jeanne Hachette ou le siège de Beau-
vais.
i839 Le Naufrage de la Méduse.
i840 Le Sylphe d'or, le dernier Oncle d'Amé-
rique, l'Amour en commandite, la
Tremblement de terre de la Martini..
que.
1841 La Oette à la bamboche, Paris sous la
Comète, la Grâcp de Dieu, la Citerne
d'Albi, les Pupilles de la Garde, ie3
? Bains à quatre sous.
i842 La Nuit aux soufflets, Fargeau le Nour-
risseur, Feu Peterscott, Amour et
Amourette, Pauvre Jeanne, la DoC
d'Auvergne, Halifax.
i843 Les Nouvelles à la main, les Mémoires
de deux jeunes mariés, l'Hôtel des
Haricots, les Bohémiens de Paris.
1844 Marjolaine , Paris-Voleur , Pulcinella,
Colin-Tampon, la Dame de Saint-Tro-
pez, les Sept Châteaux du Diable, Don
César de Bazan.
i845 L'Ile du prince Toutou, Parlez au Por-
tier, le Porteur d'Eau, Paris et la Ban-
lieue, la Vie en partie double, Noémie, *
le Bulletin de la Grande Armée, le
Marché de Londres, Un Bal d'enfants,
le JuiC-Errant., Marie-Jeanne, les Com,
jpagnons de la mansarde. 1
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