Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1917-12-20
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328051026
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 décembre 1917 20 décembre 1917
Description : 1917/12/20 (N14749,A40). 1917/12/20 (N14749,A40).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/07/2012
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g~ Numéro
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24, Boulevard Poissenawli
Directeur-Rédacteur en Chef FÉLIX HAUTFORT.
JEUDI 20 DECEMBRE 1917,
101 Le Numéro
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sajrf frais dans tous les bureau de peste
1 AN 6 MOIS a igoin 1 MOI
Paris
et Départements
18 fr. 9 fr, 4 50 1 50
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Col DO Postale
36fr. 18fr. 8 3 r
Noûos -.
par Georges PONSOT
h».
M. Denys Cochin est l'homme le plus
charmant et le plus intelligent du mon-
de: M. Denys Cochin entend bien que
je veux parler du monde de Paris. M.
Cochin comprend le cubisme. Il con-
vient de le louer, je vous prie de m'ex-
cuser ; je partage ses amitiés artisti-
ques. Et, comme mon illustre collègue
conservateur, je suis partisan des éco-
les picturales d'avant-gardç qu'on nom-
me paradoxales, alors qu'elles sont sim-
plement avant-courières de l'art de de-
main.
Dans le domaine de la politique, M.
Denys Cochin devance aussi son temps,
j'allais écrire son siècle, Il laisse loin
derrière lui les lois, les textes et réunit
ce qu'on sépara. Cependant que l'an-
cien ministre d'Etat bloquait en sous
secrétaire les activités commerciales de
l'ennemi, il débloquait le Vatican.
-, .Veuillez croire que je ne formule con-
tre le plus aimable des lettrés aucun
grief. Je ne remarquerai même point
que, taudis qu'il correspondait avec
son collègue au sous-secrétariat punti-
fical, il faisait peut-être œuvre gouver-
nementale. Loin de moi cette pensée,
M Denys Cochin, maître du Blocus
avait qualité pour converser avec Sa
Sainteté. Les libellés républicaines ont
permis à M. le baron Cochin de don-
ner à ses pensées le développement
qu'il jugeait utile a leur réalisation.
De même, je ne vois nul inconvénient
aux voyages en Espagne, en Hollande
et en Suisse d'évêques français. On af-
- firme que ces messieurs se sont ren-
contrés avec des prélats allemands, et
ont effleuré d'autres sujets que celui de
l'Adoration Perpétuellè, Que la Paix soit.
avec eux ! C'est leur affaire.
Mais, - je ne veux faire aucune assi-
milation entre des cas d'espèce, com-
me on dit à la Commission des Onze —
ne croyez-vous pas que, présentement
il ne soit point de mise de garder le sens
de la mesure dans les emportements de
la passion politique ?
Les conversations avec l'étranger mê-
me neutre ne sont pas précisément re-
commandées en temps de guerre. Pour
ne pas nuire aux intérêts de l'Etat, il
est besoin de toute la prudence du ba-
ron Cochin sous-secrétaire au Blocus
continental et de nos évèques. Quand ils
causent, avec l'étranger neutre ou par-
fois ennemi, nous pouvons demeurer
en paix, dans nos âmes, pendant la
guerre.
Mais si M. Joseph Caillaux, dans un
salon d'hôtel romain, reçoit des jour-
nalistes friands de copie, tout est chan-
gé.
On le lui fit bien voir.
*
* *
A. l'heure de la Patrie assaillie par
une menace nouvelle de l'ennemi, il pa-
raît que des députés veulent discuter
sur les mérites comparés du scrutin de
tiaic et de la représentation proportion-
nelle. C'est la nouvelle.
La Chambre écartera d'un geste ces
vaines disputes. L'objet principal des
préoccupations de tous est la défense
tlu sol. Le grand débat électoral est de
savoir si les électeurs de demain soi ont
libres. Tout le reste n'est que poussière
de partis.
Quand l'angoisse n'étreindra plus nos
âmes, lorsque la Liberté revenue redres-
sera nos volontés dans la vision de tou-
te une France à refaire, alors, nous di-
rons qu'à un monde nouveau, il faut
un Parlement nouveau. La grande guer-
re aura tout bouleversé, tout, même la
procédure secrète. La France se recons-
tituant pour une seconde vie aura droit
à une Constituante. Et il est possible
que la République démocratique soit
fondée.
*
* *
M. Gémier a écrit un article utile
dans le Journal qui nous offre mainte-
nant de séduisantes formules interli-
gnées en manchette. M. Gémier sou-
tient une thèse juste : la nécessité du
théâtre en temps de guerre. Le théâtre
èsl une des formes de la défense natio-
nale. Car nous défendons non seule-
ment notre sol, mais notre art, patri-
moine de la Patrie que nul vandale ne
peut faire sien. Les Allemands ont pu
NOkr les pastels de Quentin-Latour, les
exposer à Maubeuge, piller les musées
du Nord, déclouer les tapisseries, rafler
les trésors des églises, ils n'auront pas,
ils n'auront jamais en leur pouvoir, en
leur possession d'Etat et d'Ame la pen-
sée française immatérielle et charmante
autant que leur pensée est matérielle et
grossière.
1 On fait la conquête précaire de quel-
ques kilomètres carrés de ce pays ; on
e- l ail pesprit
qui n'est pas de prise pour les géné-
raux de l'Empereur. Voilà notre bien
que nous les défions de nous ravir.
C'est pourquoi remercions ceux qui,
comme Firmin Gémier, eurent le cou-
Tage de secouer les inerties pour mon-
trer à tous, amis et ennemis, que l'Art
français pendant la guerre était la su-
prême parure de l'intelligence du
monde.
Georges PONSOT.
-- >-.+8n--« -
TROPTARD !
-et -
Il est presque trop tard, cette fois, pour
bien faire. Ce n'est pas à l'heure même où
les maximalistes sont en train de négocier la
paix qu'il faut leur donner, dans un appel
véhément, un avertissement et une leçon.
L'avertissement est inopérant devant les ac-
tes et la leçon ne peut plus être entendue.
Supposons en effet que Lénine et Trotsky
soient des socialistes sincères, ardemment dé-
sireux de travailler au progrès de l'humanité.
ainsi qu'à l'émancipation politique de leur
malheureuse patrie ; ils' ne peuvent manquer
d'avoir examiné les arguments si puissants
que contient l'appel des socialistes du Par-
lement français. Or, il n'en ont Pas - tenu
compte, et ils ont été poussés par les événe-
ments dans une politique aussi contraire à
l'intérêt du socialisme européen qu'à celui de
la démocratie russe.
Le moment des conseils fraternels est pas-
sé depuis longtemps ; la lettre signée de nos
députés socialistes n'aura plus à Pétrograd
qu'un intérêt rétrospectif. Elle est certaine-
ment à joindre à la collection des épîtres
adressées aux gouvernements qui assumèrent
en France la responsabilité de la guerre. Les
partis bourgeois y verraient une page de plus
à l'alibi socialiste préparé pour les batailles
futures de la politique, qui suivront sans
doute celles où s'entretuent présentement les ,
peuples.
Il y a pourtant dans ce document épisto-
laire quelques vérités profondes que l'on ne
saurait assez redire, et avant toute autre, l'af-
firmation du caractère démocratique de la
lutte entreprise par les Alliés' contre les peu-
ples austro ,allemands encore courbés sous
les sceptres impériaux.
En outre, il faut y voir, en pleine lumière,
l'absurdité des négociations entreprises au
nom de « la Russie libre » avec les gouver-
nements kaiscristes survenant d'ailleurs après
des manifestes qui attestaient la volonté des
bolcheviki, de soulever tous les peuples con-
tre la guerre, et d'obtenir la paix par la ré-
volution mondiale.
Tout cela est bon à dire, mais il eût été
mieux d'agir en temps opportun. Beaucoup
de bons esprits estiment aujourd'hui que la
faute fut grande de renoncer à la conféreace
de Stockholm. On y eut appris à connaître
mieux ceux dont pouvait dépendre le sort de
la Russie. Peut-être en allant à Stockholm
eût-on évité aux Russes, le pénible voyage à
Brest-Litowsk ; mais il est inutile de nous
attarder à des regrets superflus.
Souhaitons aux Alliés — pour l'avenir —
des gouvernements qui sachent, qui prévoient
et qui agissent quand sonne l'heure. Il leur
ont beaucoup manqué dans le passé. — H.
——————— )
BLOC-NOTES
L'EXEMPLE
C'est de Bordeaux que nous vient l'exem-
ple. Bordeaux, l'eùt-on jamais cru sur les
bords de la Seine, est plus raisonnable que
Paris. Bordeaux sait qu'il y a la guerre ;
Bordeaux sait se restreindre alors qlle Pa-
ris ne le sait pas Bordeaux. n'a pas be-
soin de carte, de pain, parce que - c'est
un économiste. distingué qui nous l'apprend
— Bordeaux est arrivé, par le rationnement
volontaire, intelligemment et universelle-
ment pratiqué, à ne pas dépasser la ration
de pain qui va nous être allouée. Si Paris
en avait fait, autant, Paris ne serait pas
mis en carte. Paris se fût épargné toutes
les formalités administratives qu'entraîne
avec lui. le régime des cartes.
Il ful un temps où .Paris daubait sur
Bordeaux. Il est vrai que c'était le temps
ov « Tout-Paris » s'était transporté à Bor-
deaux, devenu capitale de la France. Et
voi/c* comment se fabriquent les légendes :
depuis celte époque, Bordeaux avait pris
comme un vague parfum de dernier salon_
où l'on ignore la guerre et où l'on s'amuse.
Paris, qui conservait son légitime orgueil
de l'héroïque visage que, sous le règne de
Gallieni, il présentait à l'ennemi, Paris. tour
à tour sublime et futile, faisait des mots
sur Bordeaux. Paris se gondolait en évo-
quait l'exclamation ingénue du maître d'hô-
tel girondin, accueillant un de nos spiri-
tuels boutevardiers par le cri révélateur, dI-
sait-on, de toute une psychologie ; « Vous
en faites une, de guerre, là-haut ! »
Doit-on penser à présent qu'il jaillit, ce
cri, non du cœur du maître d'hôtel borde-
lais, mais de l'esprit du boulevardier pari-
sien ? On le doit. Ce n'est pas aujourd'hui,
ni même hier, que l'on s'est aperçu que si
Bordeaux avait, acquis une mauvaise répu-
tation. c'était à la présence du « Tout-Pa-
ris », dans ses murs, qu'il la devait. Paris
n'a-t-il, pas perdu son sublime visage de
guerre le iour où « Tout-Paris » est rentré
chez lui ? Et, quand vous jetez les yeux
autour de vous, Parisiens, n'avez vous pas
le sentiment que, si dans Paris, il n'y avait
pas « Tout-Paris »,' Paris ne serait pas mis
« en carte»
L'AFFAIRE CAILLAUX
s ■>»<■ « ■ -
hes conclusions de la Commission
seront discutées samedi matin
>
Le rapport de M. Paisant. attendu avec
impatience, n'est pas encore distribué. Il le
sera demain. Ce qui intéresse surtout les
parlementaires ce sont les annexes, c'est-
à-dire les dépositions devant la commis-
sion. Leur lecture servira de prologue aux
débats qui se dérouleront samedi 22 décem
bre.
Ils commenceront à 9 heures du matin
pour se poursuivre l'après-midi.
'Les uns assurent qu'ils seront très longs,
d'autres très courts.
En réalité, il est impossible d'établir la
caractéristique de la discussion. Cela dé-
pendra des interventions cfui pourront se
produire.
Quelle sera la juridiction ?
Le conseil de guerre ou la Haute-Cour ?
C'est la Grande question. Les adversaires
de M. CaiHaux se plaisent à déclarer, com
me s'ils en avaient reçu mandat de l'opi-
nion publique, que l'ancien président du
conseil ne saurait être valablement jugé par
une juridiction politique. Dès lors, ils es-
timent que le procès doit se dérouler de-
vant. le conseil de guerre.
Les juristes sont d'un autre avis. Ils in-
voquent. en effet, l'axiome de droit aux ter-
mes duquel le « principal » emporte t* « ac-
cessoire », et ils déclarent que l'accusation
principale étant contre M. Caillaux, les ac.
les et les paroles qui auraient eu pour effet
de favoriser In politique de l'ennemi en nui-
sant à la solidité de nos alliances, ce n'est
pas la juridiction militaire, mais la Haute-
Cour qui doit « connaître » une telle cause.
On annonce déjà qu'au cours du débat de
samedi, la Chambre sera mise en dem~
d'émettre son avis. Par voix de résolution
ou d'amendement, les députés pourront ôliv
appelés à formuler leur volonté.
Il se trouve, il est vrai, un certain nom-
bre d'avocats pour affirmer que la juridic-
lion ne saurait être préjugée et qu'elle doit
résulter d'une instruction dont la conclu-
sion sera le renvoi devant la Haute-Cour ou
devant le conseil de guerre, peut-être même
si deux catégories de charges sont relevées
devant les deux juridictions.
Le débat est fort vif entre quelques dou-
zaines de messieurs qui savent ou croient
savoir le droit.
Une résolution de la Lique des Droits
de l'Homme
La Ligue des Droits de l'Homme nous
communique la note suivante :
Dans sa séance de lundi soir. le Comité
central de la Ligue des Droits de l'Homme a
voté une résolution dont voici les idées es-
sentielles
« Le Comité central a relevé, avec regret..
dans le réquisitoire du général Dubail,
« un ton et des expressions qui conviennent
« mal à la sérénité de la justice ». Il re-
grette notamment que des inculpés, quel-
que graves que soivent les charges qui pè-
sent sur eux, y soient représentés comme
des coupables avant qu'une juridiction de
jugement les ait régulièrement condam-
nés.
Après avoir affirmé que. « dans cette af-
faire, comme dans toutes celles qui. depuis
vingt ans; ont sollicité leur examen », Tes
membres de la Ligue se garderont de toute
passion : qu' cc ils n'appliqueront leur esprit
qu'à la découverte de la vérité sans aucune
prévention de haine ou de complaisance »,
Ir Comité central « proteste d'avance con-
tre toute espèce de secret et de huit clos » :
it demande que toutes les dépositions de-
vant la commission des Il onze », qui tou-
tes teau jugement de l'opinion publique, qui,
dans une démocratie, est le plus haut pou-
voir et !e tuge suprême ».
DANS L'USINE DE GUERRE
♦ —
La main-d'œuvre chinoise
:
Ou la militarisation dépasse le but et peut causer
quelques graves mécomptes
Nous apprenons qu'à la Direction de
l'armée coloniale on a décidé de nom-
mer, à côté des interprètes-recrutés par-
mi les anciens résidents de Chine, des
officiers de carrière qui doivent pren-
dre le commandement des groupements
d'ouvriers chinois.
Jusqu'à présent tout a bien marché,
les détachements d'ouvriers chinois
étaient, commandés par des mobilisés
connaissant la langue et les coutumes
chinoises et tirant ainsi le meilleur par-
ti de cette main-d'œuvre ; mais on
n'avait pas compté avec les besoins
d'embuscage et il se trouve au minis-
tère de la Guerre un certain nombre
d'officiers de l'active qui préfèrent la si-
nécure d'un commandement illusoire
d'ouvriers chinois à la vie des tran-
chées à laquelle leur carrière les avait
pourtant destinés.
Il est vraiment étonnant que le minis-
tre de la Guerre, qui parait résolu à se
préoccuper de la meilleure utilisation
des effectifs et des cadres, permette la
création de nouvelles fonctions dont la
seule utilité consiste à maintenir à l'ar-
rière des officiers dont la place serait
au front.
Cette nouvelle organisation de. la
main-d'œuvre chinoise va d'ailleurs di-
rectement à rencontre des vœux des
employeurs qui se sont déclarés jusque
présent pleinement satisfaits de voir
leurs ouvriers dirigés par des hommes
compétents et avertis. C'est avec une
certaine appréhension que nos indus-
triels verraient l'arrivée d'officiers de
carrière qui, dans leur méconnaissan-
ce complète des choses pratiques, ne
pourront faire que des gaffes et com-
promettre le rendement de la main-
d'œuvrc chinoise pour la formation de
laquelle il a fallu tant de tact et de pa-
tience.
La décision ministerielle est d'autant
plus étrange que les résultats de l'in-
gérance militaire dans certaines indus-
tries aurait déjà dû servir d'averlisse-
ment au ministère de la Guerre sur les
conséquences fâcheuses de telles me-
sures.
Il a èlts décidé que pour pouvoir di-
riger un groupement, d'ouvriers chinois
il fallait être officier. Ainsi les interprè-
les commandants, pour la plupart sim-
ples soldats, qui sont rentrés de Chine
en France lors de la mobilisation et qui
ont occupé pendant des années les
plus hautes fonctions dans les admi-
nistrations chinoises soit comme direc-
teurs des; douanes ou comme directeurs
de poste, se trouveront sous les ordres
d'un officier n'ayant aucune notion des
affaires chinoises.
Si nous comparons la façon intelli-
gente avec laquelle nos alliés Anglais
ont organisé la main-d'œuvre indigène,
nous devons admettre notre infériorité
et constater avec tristesse que nous re-
tombons, toujours dans les mêmes er-
reurs : Pour trouver de la main-d'œu-
vre pour les usines de .guerre, il fallait.
en France des militaires quelle que soit
leur inexpérience ou leur incompéten-
ce. Le gouvernement anglais par con-
tre a fait appel au concours des anciens
résidents de Chine, il a confié la direc-
tion de la main-d'œuvre chinoise à un
ingénieur qui a construit de nombreux
chemins de fer en Chine et qui avait
l'habitude de « manier » les Chinois,
Les détachements sont commandés par
des civils ayant-résidé en Chine.
Du moment qu'on a estimé dans les
bureaux du ministère qu'il est impossi-
ble. de commander-un groupement d'ou-
vriers chinois sans avoir un certain
nombre de galons, ne pourrait-on pas
simplement donner le grade d'officiers
aux commandants aotuels dont la plu-
part peuvent justffier d'un séjour au
front, de citations et d'une compéten-
ce suffisante pour faire honneur à ce
titre ? C'est d'ailleurs ainsi que procè-
dent. nos Alliés, mais alors que fera-t-on
des officiers qu'on a l'intention d'em-
busquer ? Voilà toute la question.
- Pierre DIONNE.
MM JOUR DE LA GUERRE
———— ———
Communiqués Officiels
———— —— ) - -+- - ( ;
Français
19 décembre, 14 heures. — L'artillerie en-
nemie, contrebattue efficacement par la nô-
tre, a bombardé, pendant la nuit, nos pre-
mières lignes au sud de Juvincourt et en Ar-
gonne au Four-de-Paris. Sur ce dernier
point, l'ennemi qui tentait d'aborder nos po-
sition a été repoussé, à deux reprises, avec
des pertes.
En Lorraine, nos patrouilles ont fait des
prisonniers, dont un officier dans les sec-
teurs de Plirey et de Naurey.
Rien à signaler sur le reste du front.
Dans la nuit du 18 décembre, les avions
allemands ont lancé une cinquantaine de
bombes dans la région de Dunkerque. Pas
<\.c victimes jusqu'à présent.
23 heures. — Bombardements réciproques
dans la région de Juvincourt. au nord du
bois des Caurières, ainsi que dans les sec-
teurs de l'Hartmannswillerkopf et du
Schœnholz.
En Woëvre, un coup de main ennemi suj^
nos tranchées devant Réqnéville a échoué
sous nos feux.
Canonnade intermittente sur le reste du
front.
Italien
Rome, 19 décembre. - Hier, du col Ca-
prile au mont Pertica, par une action san.
glante, qui a duré toute la journée, l'ennemi,
faisant alterner des bombardements vio-
lents avet de fortes attaques d'infanterie, a
tenté de pousser au sud sa propre ligne. A
sa gauche seulement, après avoir laissé une
centaine de prisonniers entre nos mains,
l'adversaire a réussi à obtenir et à conser-
ver quelques avantages dans la zone du
mont Assolone. Sur la droite, au contraire,
grâce à la résistance admirable déplovée à
l'oued de Osteria del Lepre, par le 240" ré-
giment d'infanterie (brigade de Resaro), les
efforts ennemis ont échoué.
Des tentatives de passer la Vieille-Piave,
entre Gradeniqo et Cavazuccherina, ont
donné lieu à de vifs combats locaux, aux-
quels ont efficacement concouru les batte-
ries flottantes de la marine royale. Quelques
prisonniers ont été faits - '---:- - ,
POUR ILLUSTRER L'HISTOIRE PAPALINE
ne
La multiple Comédie
- > C"- •
Un bon morceau soudain
vient de s'offrir aux appé-
tits du Va.tican. Le royau-
me de l'Eglise romaine
peut s'étendre par un coup
d'habileté. Les Jésuites s'en
sont trouvés sur l'heure mo-
bilisés et ils machiavélisent leurs plans,
toutes mains rentrées dans leurs manc'hes.
L'orthodoxie a perdu son Pape, le tsar.
Voilà l'aubaine. Des dizaines de millions
dehrebis ont perdu leur pasteur, mieux
vaudrait convenir qu'elles l'ont mis au re-
but. La place est à prendre, te butin a
bonnf mine. L'ingénuité formidable, dont
tant Petits que Grands-Russiens sont ha-
bités, présente une façonnable matière où
le miracle et les apparitions seront de bon
rapport. C'est merveille de songer aux bé-
néfices que tirait un Raspoutine obtus. Là
où la grosse malice de ce quidam obtenait
d'effarants et profitables résultats, que ne
faut-il attendre d'une organisation dont les
moyens prennent source dans de la solide
science moderne ! Le comte Ludochowsky
va pouvoir se livrer à pleine joie aux pe-
tits tours de sa façon et rétablir les beaux
jours de la Vierge noire de Pologne, où par
elle il fut prouvé que ce général des Jésui-
tes avait bien du talent et une savoureuse
rouerie.
Une colonne de bonnes troupes vient d'ê-
tre formée pour la grande razzia. Fondée
par le Vatican, elle s'alppelle « Congréga-
tion pour les rites orientaux ». C'est une es-
pèce de légion qui n'a pas l'air tout à fait
catholique, elle tient davantage du genre
jésuite. On est par là pl-us assud'é de ses
facultés de pénétration. Le Pape espère la
voir accueillie en Russie avec autant d'ef-
fusion qu'une tonne de vodka et que les
moujicks en seront grisés au point de per-
dre toute retenue et de se convertir aux
idées de l'Eglise vaticane. Il fait bon de
songer, entre nonces et camériers, à cette
foule de dômes, coupoles et clochetons qui
sont des couvents par centaines, des lieux
de prière russe où la bourse monacale
n'est pas oubliée et gonfle sous l'offrande
comme la panse d'un frère prêcheur oura-
lien mise en humeur ronde par un quartier
de venaison. Dire que ce trésor sera vôtre
est une suffisante raison. pour que plus
d'une éminence romaine ait l'eau en bou-
che.
Selon la vieille tradition, sitôt arrêté ce
projet de conquête, il est démontré avec
ostentation que le Vatican n'a cure d'atti-
rer dans son orbe les ouailles de l'orlho-
doxie. Il snisit illico la prise de Jérusalem
pour prendre pied dans son système et
montrer même qu'au besoin il fait un of-
ficiel fi de ce dont il grille secrètement.
Alors passe cette note dans l'Osservatore
romano, organe officiel de la papaulé :
« Il faut remercier de cet événement de
façon particulière la Providence, qui n'a
point permis que Jérusalem tombât nu pou-
voir de l'ex-empire des fsars, car l'intem-
pérance religieuse et l'opposition tradition-
nelle des orthodoxes contre l'Eglise catho-
lique, auraient sûrement supplanté et foulé
aux pieds, dans la cité sainte, les droits de
de celle-ci. »
Evidemment, voilà une thèse soutenable,
mais elle a une saveur de jésuite accom-
pli quand on la comipare avec cette autre
face du jeu dont on se garde bien de nous
entretenir, celle-ci :
« Kercnskv a pris de louables disposi-
tions qui, malgré les troubles révolution-
naires de l'heure, n'en constituent pas
moins le statut légal du catholicisme
russe :
« L'Eglise est propriétaire des édifices
religieux et des offrandes des fidèles ; les
nominations épiscopales sont faites par le
Saint-Siège.
« Pleine liberté est reconnue aux sémi-
naires. écoles et congrégations .L'autorité
diocésain* agréera dans les écoles officiel-
les la désignation du maître chargé d'en-
seigncr le catéchisme aux élèves catholi-
ques : les parems ont le droit de demander
l'introduction de l'enseignement du caté-
chisme catholique dans les écoles où il
n'avait pas lieu.
« Enfin, les conversions sont libres, dl,
môme la correspondance du clergé et des
fidèles avec le Saint-Siège, etc. »
Voici un son qui, bien que de même
cloche, est bien différent.
L'organe du Vatican, tout pimpant de se
voir si bien servi par ces coquins de révo-
lutionnaires russes, en profite joyeusement
pour bàtonner d'une vigoureuse preuve ar-
gu-mentative les petits honteux que nous
sommes, grands Français, mal élevés par
la Révolution de 89. Il ajoute :
« On ne voit vraiment pas les libertés
pratiques que l'Eglise pourrait demander
dans un .pays schismatique et qui lui soient
refusées dans cette loi. Bien des pays où.
le catholicisme est reconnu comme religion
d'Etat ne lui en accordent pas autant, et
nous souhaitons tous que l'exemple donné
par les Russes soit suivi sur bien des
points par d'autres gouvernements. »
Que ceci est donc bougonné en termes
gallants. La France est pudiquement in-
vitée à offrir aux chaînes de l'Eglise ro-
maine le sacrifice de ses fils tombés par
cent mille dans leur élan vers la Liberté
et la Vérité.
Il n'y a vraiment que les schismatiques
pour bien faire, ils sont cachottiers, mais,
ce n'est que pour mieux entrer dans le
voie de la repentanee et donner de rim'-
prévu au recrutement de notre Sainte-
Mère l'Eglise vaticane. Et quelle belle le
çon pour la République française ! Le pape
espère qu'elle aussi lui réserve sa petite
surprise. M. Sonnino ne dit pas non.
Dans ce travail machiavélique, ces pi-
rouettes. ces doubles faces selon les geiLs.
que le Pape veut tromper, nous ne voyons
qu'une chose, c'est un beau nez de Tartufe
qui ne peut nier, l'effronté. avoir glissé
sa truculence dans toutes les affaires oà.
it s'agissait de brouiller la vue pour don-
ner quelques vessies en guise de lanternes.
Un certain Basile, cardinal Pompili. se me?
encore 'sérieusement pareil appendice au
milieu du visage, quand il s'écrie à son
tour, à propos de Jérusalem :
« Que voire prière exprime aa Seigneur
que nous sommes prêts à lui offrir toutes
nos douleurs, nos sacrifices et noire vie
même, afin que, autour du chef auguste
qui est le Souverain Pontife, se recompose
une et indivisible la sainte famille chré-
tienne. Dilatez votre cœur et tpriez pour les
vaincus eux-mêmes, afin que tous les in-
fidèles, reniant leurs antiques erreurs. ils
se retrouvent bientôt tous frères en J.-C. »?
Evidemment, nous avons déjà dans cette
chère famille les frères boches et les frè.
res autrichiens.
Basile, dit Pompili, peu regardant, hii aus-
si. sur la qualité des recrues, montre encore
ici toute la politique papale, qui vent se
réserver la puissance du lendemain ec
mettant sa tiare à l'ombre des vainqucurs.
quels qu'en soient l'honneur et la figu-re.
Comediante !
Marc-Edward COLETTE.
A LA CHAMBRE
Le problème
des pensions militaires
l' 1
Les séances exceptionnelles du mercredi
sont propices aux discussions rapides, car
peu de députés siègent ce jour-là en raison
des commissions, et M. Groussier, qui les
préside souvent, s'efforce de hâter les dis-
cussions qui s'éternisent.
On poursuit la discussion des pensions
militaires. M. Léon Bérard défend son
amendement qui est ainsi conçu :
Le principal de la pension ayant {,I.é liquidé,
comme i! vient d'être dit au présent article, y
compris les majorations prévues à l'article G.
ia perte de revenu civil, non compensée par
cette liquidation, donnera lieu à une indem-
r.-il<* eomnlémonKiiro de :
10 0/0 pour la perte de revenu comprise en-
tre le 'nonl-aat de la. pension ainsi liquidée et
3.000 francs :
;j o/fr pour la perte de revenu comprise entre
3.000 francs et 6.000 francs.
M. Léon Bérard soutient que son amen-
dement favorise l'égalité, car elle corrige,
au profit des grades inférieurs, les inégali-
tés résultant de la différence des grades à
partir des grades supérieurs, puisque nul
ne pourra réclamer l'indemnité complémen-
taire si sa pension atteint le taux maximum
du revenu civil qu'il veut indemniser.
Malgré les efforts de M. Bérard, ramen-
dement est repoussé à mains levées.
11 en est de même d'un amendement de
M. Conde, tendant it augmenter le taux de
2 0/0 par an au-dessus de 23 ans.
L'article 5 est adopté. Les arlicles G et 7
sont réservés. On adopte ensuite l'article 8
qui accorde une majoration pour chaque
enfant né ou h naître, majoration payable
jusqu'à l'âge de 16 ans. Divers amende-
ments modifient l'article 9, qui fixe les
droits à pension des veuves des militaires
et marins. La réversibilité de la pension est
accordée aux femmes qui ont épousé des
mutilés dont l'invalidité est nu moins de
80 0/0.
L'article 10. qui fixe à six mois la respon-
sabilité de l'Etat pour blessures, maladie
et mort. est voté sans modification. Varfi..
cle 11, précédemment adopté, vise les droits
des enfants mineurs en cas de mort ou de
déchéance des veuves.
L'article 12 relatif aux veuves remariées
est supprimé sur la demande de M. Pacaud.
et après une lutte assez vive. Un article
destiné à le remplacer. est renvoyé à la
commission.
Séance auiourd'hui matin et soir pour la
discussion dca doux~tu~ promoirc^
IMPOT DANGEREUX
Les nouvelles
ressources pour 1918
La Chambre sanctionnera-t-elle demain
ses décisions de ses 'commissions de lé-
gislation fiscale et du budget en ce qui con-
cerne la nouvelle recette proposée par le
gouvernement et dénommée taxe sur iee
payements ? ,
Il n'y en a pas de plus injuste. C'est le
triomphe de la théorie de l'impôt sur te'
consommateur auquel le Parlement avait
cru. devoir renoncer.
C'est l'impôt préconisé par les économis-
tes rétrogrades et par tous les conserva-
teurs adversaires irréductibles de toute con-
tribution nouvelle sur la richesse.
Le rapporteur de ce nouvel impôt M.
Joseph Denais l'approuve de toutes ses for-
ces, il estime qu'il -ne heurte aucun prin-
cipe de justice fiscale et qu'il permet au
Trésor un appoint considérable de ressour-
ces.
Comme théorie ce n'est pas suffisant
L'impôt sur les payements retombe en en-
tier sur le consommateur. C'est en contra-
diction avec toute la conception fiscale de.
ces vingt dernières années.
Boucler un budget à l'aide d'impôts in-
directs c'est décevoir la démocratie.
Certes il y a des exemptions au principe
général qui frappe d'un décret proportion-
nel de 0 fr. 20 centimes pour 100 tous ICIa
payements ou versements de sommes,
mais ces exemptions sont de peu d'impor-
tance.
Il est vrai que l'application du timbre,
proportionnel ne sera obligatoire que pour
les paiements au-dessus de 150 francs. Il'
sera facultatif pour les payements de 10 fr.
à 150 fr., c'est le principal argument invo-
qué par le rapporteur pour justifier le nou-
vel impôt.
Sa valeur cet médiocre. Ce qu'il faut eif-
visager, c'est le danger de cet impôt. Il n'est
pas douteux, que se servant du premier vo-
te, les ministres des Finances viendront en invoquer le rendement pour;
rendre obligatoire le timbre proportionnel
même pour les payements de 10 à 150 fr.
Il y en a même qui voudront aller plus loin
et porter l'impôt indirect de 0, 20 pour IQ0
à 10 pour 100. ')
Il y a donc intérêt pour le Parlement S
ne pas s'engager dans la voie des impôts,
indirects par le vote de la taxe sur les paye-
ments.
D'autre part : si la taxe sur les objets de
luxe est juste, il importerait de déterminer
dans la loi les marchandises qui v seront,
êoueikcis. Nê jm§ laisser le §m$$fâa
g~ Numéro
RÉDACTION et ADMINISTRATION
24, Boulevard Poissonnière, Paris (9e)
ADRESSE TÉLÉGRAPHIQUE: LANTERNE-PARIS
TÉLÉPHONE : CUTENBERG
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PUBLlCITÉ ANNONCES :
24, Boulevard Poissenawli
Directeur-Rédacteur en Chef FÉLIX HAUTFORT.
JEUDI 20 DECEMBRE 1917,
101 Le Numéro
ABONNEMENTS
sajrf frais dans tous les bureau de peste
1 AN 6 MOIS a igoin 1 MOI
Paris
et Départements
18 fr. 9 fr, 4 50 1 50
Etranger
Col DO Postale
36fr. 18fr. 8 3 r
Noûos -.
par Georges PONSOT
h».
M. Denys Cochin est l'homme le plus
charmant et le plus intelligent du mon-
de: M. Denys Cochin entend bien que
je veux parler du monde de Paris. M.
Cochin comprend le cubisme. Il con-
vient de le louer, je vous prie de m'ex-
cuser ; je partage ses amitiés artisti-
ques. Et, comme mon illustre collègue
conservateur, je suis partisan des éco-
les picturales d'avant-gardç qu'on nom-
me paradoxales, alors qu'elles sont sim-
plement avant-courières de l'art de de-
main.
Dans le domaine de la politique, M.
Denys Cochin devance aussi son temps,
j'allais écrire son siècle, Il laisse loin
derrière lui les lois, les textes et réunit
ce qu'on sépara. Cependant que l'an-
cien ministre d'Etat bloquait en sous
secrétaire les activités commerciales de
l'ennemi, il débloquait le Vatican.
-, .Veuillez croire que je ne formule con-
tre le plus aimable des lettrés aucun
grief. Je ne remarquerai même point
que, taudis qu'il correspondait avec
son collègue au sous-secrétariat punti-
fical, il faisait peut-être œuvre gouver-
nementale. Loin de moi cette pensée,
M Denys Cochin, maître du Blocus
avait qualité pour converser avec Sa
Sainteté. Les libellés républicaines ont
permis à M. le baron Cochin de don-
ner à ses pensées le développement
qu'il jugeait utile a leur réalisation.
De même, je ne vois nul inconvénient
aux voyages en Espagne, en Hollande
et en Suisse d'évêques français. On af-
- firme que ces messieurs se sont ren-
contrés avec des prélats allemands, et
ont effleuré d'autres sujets que celui de
l'Adoration Perpétuellè, Que la Paix soit.
avec eux ! C'est leur affaire.
Mais, - je ne veux faire aucune assi-
milation entre des cas d'espèce, com-
me on dit à la Commission des Onze —
ne croyez-vous pas que, présentement
il ne soit point de mise de garder le sens
de la mesure dans les emportements de
la passion politique ?
Les conversations avec l'étranger mê-
me neutre ne sont pas précisément re-
commandées en temps de guerre. Pour
ne pas nuire aux intérêts de l'Etat, il
est besoin de toute la prudence du ba-
ron Cochin sous-secrétaire au Blocus
continental et de nos évèques. Quand ils
causent, avec l'étranger neutre ou par-
fois ennemi, nous pouvons demeurer
en paix, dans nos âmes, pendant la
guerre.
Mais si M. Joseph Caillaux, dans un
salon d'hôtel romain, reçoit des jour-
nalistes friands de copie, tout est chan-
gé.
On le lui fit bien voir.
*
* *
A. l'heure de la Patrie assaillie par
une menace nouvelle de l'ennemi, il pa-
raît que des députés veulent discuter
sur les mérites comparés du scrutin de
tiaic et de la représentation proportion-
nelle. C'est la nouvelle.
La Chambre écartera d'un geste ces
vaines disputes. L'objet principal des
préoccupations de tous est la défense
tlu sol. Le grand débat électoral est de
savoir si les électeurs de demain soi ont
libres. Tout le reste n'est que poussière
de partis.
Quand l'angoisse n'étreindra plus nos
âmes, lorsque la Liberté revenue redres-
sera nos volontés dans la vision de tou-
te une France à refaire, alors, nous di-
rons qu'à un monde nouveau, il faut
un Parlement nouveau. La grande guer-
re aura tout bouleversé, tout, même la
procédure secrète. La France se recons-
tituant pour une seconde vie aura droit
à une Constituante. Et il est possible
que la République démocratique soit
fondée.
*
* *
M. Gémier a écrit un article utile
dans le Journal qui nous offre mainte-
nant de séduisantes formules interli-
gnées en manchette. M. Gémier sou-
tient une thèse juste : la nécessité du
théâtre en temps de guerre. Le théâtre
èsl une des formes de la défense natio-
nale. Car nous défendons non seule-
ment notre sol, mais notre art, patri-
moine de la Patrie que nul vandale ne
peut faire sien. Les Allemands ont pu
NOkr les pastels de Quentin-Latour, les
exposer à Maubeuge, piller les musées
du Nord, déclouer les tapisseries, rafler
les trésors des églises, ils n'auront pas,
ils n'auront jamais en leur pouvoir, en
leur possession d'Etat et d'Ame la pen-
sée française immatérielle et charmante
autant que leur pensée est matérielle et
grossière.
1 On fait la conquête précaire de quel-
ques kilomètres carrés de ce pays ; on
e- l ail pesprit
qui n'est pas de prise pour les géné-
raux de l'Empereur. Voilà notre bien
que nous les défions de nous ravir.
C'est pourquoi remercions ceux qui,
comme Firmin Gémier, eurent le cou-
Tage de secouer les inerties pour mon-
trer à tous, amis et ennemis, que l'Art
français pendant la guerre était la su-
prême parure de l'intelligence du
monde.
Georges PONSOT.
-- >-.+8n--« -
TROPTARD !
-et -
Il est presque trop tard, cette fois, pour
bien faire. Ce n'est pas à l'heure même où
les maximalistes sont en train de négocier la
paix qu'il faut leur donner, dans un appel
véhément, un avertissement et une leçon.
L'avertissement est inopérant devant les ac-
tes et la leçon ne peut plus être entendue.
Supposons en effet que Lénine et Trotsky
soient des socialistes sincères, ardemment dé-
sireux de travailler au progrès de l'humanité.
ainsi qu'à l'émancipation politique de leur
malheureuse patrie ; ils' ne peuvent manquer
d'avoir examiné les arguments si puissants
que contient l'appel des socialistes du Par-
lement français. Or, il n'en ont Pas - tenu
compte, et ils ont été poussés par les événe-
ments dans une politique aussi contraire à
l'intérêt du socialisme européen qu'à celui de
la démocratie russe.
Le moment des conseils fraternels est pas-
sé depuis longtemps ; la lettre signée de nos
députés socialistes n'aura plus à Pétrograd
qu'un intérêt rétrospectif. Elle est certaine-
ment à joindre à la collection des épîtres
adressées aux gouvernements qui assumèrent
en France la responsabilité de la guerre. Les
partis bourgeois y verraient une page de plus
à l'alibi socialiste préparé pour les batailles
futures de la politique, qui suivront sans
doute celles où s'entretuent présentement les ,
peuples.
Il y a pourtant dans ce document épisto-
laire quelques vérités profondes que l'on ne
saurait assez redire, et avant toute autre, l'af-
firmation du caractère démocratique de la
lutte entreprise par les Alliés' contre les peu-
ples austro ,allemands encore courbés sous
les sceptres impériaux.
En outre, il faut y voir, en pleine lumière,
l'absurdité des négociations entreprises au
nom de « la Russie libre » avec les gouver-
nements kaiscristes survenant d'ailleurs après
des manifestes qui attestaient la volonté des
bolcheviki, de soulever tous les peuples con-
tre la guerre, et d'obtenir la paix par la ré-
volution mondiale.
Tout cela est bon à dire, mais il eût été
mieux d'agir en temps opportun. Beaucoup
de bons esprits estiment aujourd'hui que la
faute fut grande de renoncer à la conféreace
de Stockholm. On y eut appris à connaître
mieux ceux dont pouvait dépendre le sort de
la Russie. Peut-être en allant à Stockholm
eût-on évité aux Russes, le pénible voyage à
Brest-Litowsk ; mais il est inutile de nous
attarder à des regrets superflus.
Souhaitons aux Alliés — pour l'avenir —
des gouvernements qui sachent, qui prévoient
et qui agissent quand sonne l'heure. Il leur
ont beaucoup manqué dans le passé. — H.
——————— )
BLOC-NOTES
L'EXEMPLE
C'est de Bordeaux que nous vient l'exem-
ple. Bordeaux, l'eùt-on jamais cru sur les
bords de la Seine, est plus raisonnable que
Paris. Bordeaux sait qu'il y a la guerre ;
Bordeaux sait se restreindre alors qlle Pa-
ris ne le sait pas Bordeaux. n'a pas be-
soin de carte, de pain, parce que - c'est
un économiste. distingué qui nous l'apprend
— Bordeaux est arrivé, par le rationnement
volontaire, intelligemment et universelle-
ment pratiqué, à ne pas dépasser la ration
de pain qui va nous être allouée. Si Paris
en avait fait, autant, Paris ne serait pas
mis en carte. Paris se fût épargné toutes
les formalités administratives qu'entraîne
avec lui. le régime des cartes.
Il ful un temps où .Paris daubait sur
Bordeaux. Il est vrai que c'était le temps
ov « Tout-Paris » s'était transporté à Bor-
deaux, devenu capitale de la France. Et
voi/c* comment se fabriquent les légendes :
depuis celte époque, Bordeaux avait pris
comme un vague parfum de dernier salon_
où l'on ignore la guerre et où l'on s'amuse.
Paris, qui conservait son légitime orgueil
de l'héroïque visage que, sous le règne de
Gallieni, il présentait à l'ennemi, Paris. tour
à tour sublime et futile, faisait des mots
sur Bordeaux. Paris se gondolait en évo-
quait l'exclamation ingénue du maître d'hô-
tel girondin, accueillant un de nos spiri-
tuels boutevardiers par le cri révélateur, dI-
sait-on, de toute une psychologie ; « Vous
en faites une, de guerre, là-haut ! »
Doit-on penser à présent qu'il jaillit, ce
cri, non du cœur du maître d'hôtel borde-
lais, mais de l'esprit du boulevardier pari-
sien ? On le doit. Ce n'est pas aujourd'hui,
ni même hier, que l'on s'est aperçu que si
Bordeaux avait, acquis une mauvaise répu-
tation. c'était à la présence du « Tout-Pa-
ris », dans ses murs, qu'il la devait. Paris
n'a-t-il, pas perdu son sublime visage de
guerre le iour où « Tout-Paris » est rentré
chez lui ? Et, quand vous jetez les yeux
autour de vous, Parisiens, n'avez vous pas
le sentiment que, si dans Paris, il n'y avait
pas « Tout-Paris »,' Paris ne serait pas mis
« en carte»
L'AFFAIRE CAILLAUX
s ■>»<■ « ■ -
hes conclusions de la Commission
seront discutées samedi matin
>
Le rapport de M. Paisant. attendu avec
impatience, n'est pas encore distribué. Il le
sera demain. Ce qui intéresse surtout les
parlementaires ce sont les annexes, c'est-
à-dire les dépositions devant la commis-
sion. Leur lecture servira de prologue aux
débats qui se dérouleront samedi 22 décem
bre.
Ils commenceront à 9 heures du matin
pour se poursuivre l'après-midi.
'Les uns assurent qu'ils seront très longs,
d'autres très courts.
En réalité, il est impossible d'établir la
caractéristique de la discussion. Cela dé-
pendra des interventions cfui pourront se
produire.
Quelle sera la juridiction ?
Le conseil de guerre ou la Haute-Cour ?
C'est la Grande question. Les adversaires
de M. CaiHaux se plaisent à déclarer, com
me s'ils en avaient reçu mandat de l'opi-
nion publique, que l'ancien président du
conseil ne saurait être valablement jugé par
une juridiction politique. Dès lors, ils es-
timent que le procès doit se dérouler de-
vant. le conseil de guerre.
Les juristes sont d'un autre avis. Ils in-
voquent. en effet, l'axiome de droit aux ter-
mes duquel le « principal » emporte t* « ac-
cessoire », et ils déclarent que l'accusation
principale étant contre M. Caillaux, les ac.
les et les paroles qui auraient eu pour effet
de favoriser In politique de l'ennemi en nui-
sant à la solidité de nos alliances, ce n'est
pas la juridiction militaire, mais la Haute-
Cour qui doit « connaître » une telle cause.
On annonce déjà qu'au cours du débat de
samedi, la Chambre sera mise en dem~
d'émettre son avis. Par voix de résolution
ou d'amendement, les députés pourront ôliv
appelés à formuler leur volonté.
Il se trouve, il est vrai, un certain nom-
bre d'avocats pour affirmer que la juridic-
lion ne saurait être préjugée et qu'elle doit
résulter d'une instruction dont la conclu-
sion sera le renvoi devant la Haute-Cour ou
devant le conseil de guerre, peut-être même
si deux catégories de charges sont relevées
devant les deux juridictions.
Le débat est fort vif entre quelques dou-
zaines de messieurs qui savent ou croient
savoir le droit.
Une résolution de la Lique des Droits
de l'Homme
La Ligue des Droits de l'Homme nous
communique la note suivante :
Dans sa séance de lundi soir. le Comité
central de la Ligue des Droits de l'Homme a
voté une résolution dont voici les idées es-
sentielles
« Le Comité central a relevé, avec regret..
dans le réquisitoire du général Dubail,
« un ton et des expressions qui conviennent
« mal à la sérénité de la justice ». Il re-
grette notamment que des inculpés, quel-
que graves que soivent les charges qui pè-
sent sur eux, y soient représentés comme
des coupables avant qu'une juridiction de
jugement les ait régulièrement condam-
nés.
Après avoir affirmé que. « dans cette af-
faire, comme dans toutes celles qui. depuis
vingt ans; ont sollicité leur examen », Tes
membres de la Ligue se garderont de toute
passion : qu' cc ils n'appliqueront leur esprit
qu'à la découverte de la vérité sans aucune
prévention de haine ou de complaisance »,
Ir Comité central « proteste d'avance con-
tre toute espèce de secret et de huit clos » :
it demande que toutes les dépositions de-
vant la commission des Il onze », qui tou-
tes teau jugement de l'opinion publique, qui,
dans une démocratie, est le plus haut pou-
voir et !e tuge suprême ».
DANS L'USINE DE GUERRE
♦ —
La main-d'œuvre chinoise
:
Ou la militarisation dépasse le but et peut causer
quelques graves mécomptes
Nous apprenons qu'à la Direction de
l'armée coloniale on a décidé de nom-
mer, à côté des interprètes-recrutés par-
mi les anciens résidents de Chine, des
officiers de carrière qui doivent pren-
dre le commandement des groupements
d'ouvriers chinois.
Jusqu'à présent tout a bien marché,
les détachements d'ouvriers chinois
étaient, commandés par des mobilisés
connaissant la langue et les coutumes
chinoises et tirant ainsi le meilleur par-
ti de cette main-d'œuvre ; mais on
n'avait pas compté avec les besoins
d'embuscage et il se trouve au minis-
tère de la Guerre un certain nombre
d'officiers de l'active qui préfèrent la si-
nécure d'un commandement illusoire
d'ouvriers chinois à la vie des tran-
chées à laquelle leur carrière les avait
pourtant destinés.
Il est vraiment étonnant que le minis-
tre de la Guerre, qui parait résolu à se
préoccuper de la meilleure utilisation
des effectifs et des cadres, permette la
création de nouvelles fonctions dont la
seule utilité consiste à maintenir à l'ar-
rière des officiers dont la place serait
au front.
Cette nouvelle organisation de. la
main-d'œuvre chinoise va d'ailleurs di-
rectement à rencontre des vœux des
employeurs qui se sont déclarés jusque
présent pleinement satisfaits de voir
leurs ouvriers dirigés par des hommes
compétents et avertis. C'est avec une
certaine appréhension que nos indus-
triels verraient l'arrivée d'officiers de
carrière qui, dans leur méconnaissan-
ce complète des choses pratiques, ne
pourront faire que des gaffes et com-
promettre le rendement de la main-
d'œuvrc chinoise pour la formation de
laquelle il a fallu tant de tact et de pa-
tience.
La décision ministerielle est d'autant
plus étrange que les résultats de l'in-
gérance militaire dans certaines indus-
tries aurait déjà dû servir d'averlisse-
ment au ministère de la Guerre sur les
conséquences fâcheuses de telles me-
sures.
Il a èlts décidé que pour pouvoir di-
riger un groupement, d'ouvriers chinois
il fallait être officier. Ainsi les interprè-
les commandants, pour la plupart sim-
ples soldats, qui sont rentrés de Chine
en France lors de la mobilisation et qui
ont occupé pendant des années les
plus hautes fonctions dans les admi-
nistrations chinoises soit comme direc-
teurs des; douanes ou comme directeurs
de poste, se trouveront sous les ordres
d'un officier n'ayant aucune notion des
affaires chinoises.
Si nous comparons la façon intelli-
gente avec laquelle nos alliés Anglais
ont organisé la main-d'œuvre indigène,
nous devons admettre notre infériorité
et constater avec tristesse que nous re-
tombons, toujours dans les mêmes er-
reurs : Pour trouver de la main-d'œu-
vre pour les usines de .guerre, il fallait.
en France des militaires quelle que soit
leur inexpérience ou leur incompéten-
ce. Le gouvernement anglais par con-
tre a fait appel au concours des anciens
résidents de Chine, il a confié la direc-
tion de la main-d'œuvre chinoise à un
ingénieur qui a construit de nombreux
chemins de fer en Chine et qui avait
l'habitude de « manier » les Chinois,
Les détachements sont commandés par
des civils ayant-résidé en Chine.
Du moment qu'on a estimé dans les
bureaux du ministère qu'il est impossi-
ble. de commander-un groupement d'ou-
vriers chinois sans avoir un certain
nombre de galons, ne pourrait-on pas
simplement donner le grade d'officiers
aux commandants aotuels dont la plu-
part peuvent justffier d'un séjour au
front, de citations et d'une compéten-
ce suffisante pour faire honneur à ce
titre ? C'est d'ailleurs ainsi que procè-
dent. nos Alliés, mais alors que fera-t-on
des officiers qu'on a l'intention d'em-
busquer ? Voilà toute la question.
- Pierre DIONNE.
MM JOUR DE LA GUERRE
———— ———
Communiqués Officiels
———— —— ) - -+- - ( ;
Français
19 décembre, 14 heures. — L'artillerie en-
nemie, contrebattue efficacement par la nô-
tre, a bombardé, pendant la nuit, nos pre-
mières lignes au sud de Juvincourt et en Ar-
gonne au Four-de-Paris. Sur ce dernier
point, l'ennemi qui tentait d'aborder nos po-
sition a été repoussé, à deux reprises, avec
des pertes.
En Lorraine, nos patrouilles ont fait des
prisonniers, dont un officier dans les sec-
teurs de Plirey et de Naurey.
Rien à signaler sur le reste du front.
Dans la nuit du 18 décembre, les avions
allemands ont lancé une cinquantaine de
bombes dans la région de Dunkerque. Pas
<\.c victimes jusqu'à présent.
23 heures. — Bombardements réciproques
dans la région de Juvincourt. au nord du
bois des Caurières, ainsi que dans les sec-
teurs de l'Hartmannswillerkopf et du
Schœnholz.
En Woëvre, un coup de main ennemi suj^
nos tranchées devant Réqnéville a échoué
sous nos feux.
Canonnade intermittente sur le reste du
front.
Italien
Rome, 19 décembre. - Hier, du col Ca-
prile au mont Pertica, par une action san.
glante, qui a duré toute la journée, l'ennemi,
faisant alterner des bombardements vio-
lents avet de fortes attaques d'infanterie, a
tenté de pousser au sud sa propre ligne. A
sa gauche seulement, après avoir laissé une
centaine de prisonniers entre nos mains,
l'adversaire a réussi à obtenir et à conser-
ver quelques avantages dans la zone du
mont Assolone. Sur la droite, au contraire,
grâce à la résistance admirable déplovée à
l'oued de Osteria del Lepre, par le 240" ré-
giment d'infanterie (brigade de Resaro), les
efforts ennemis ont échoué.
Des tentatives de passer la Vieille-Piave,
entre Gradeniqo et Cavazuccherina, ont
donné lieu à de vifs combats locaux, aux-
quels ont efficacement concouru les batte-
ries flottantes de la marine royale. Quelques
prisonniers ont été faits - '---:- - ,
POUR ILLUSTRER L'HISTOIRE PAPALINE
ne
La multiple Comédie
- > C"- •
Un bon morceau soudain
vient de s'offrir aux appé-
tits du Va.tican. Le royau-
me de l'Eglise romaine
peut s'étendre par un coup
d'habileté. Les Jésuites s'en
sont trouvés sur l'heure mo-
bilisés et ils machiavélisent leurs plans,
toutes mains rentrées dans leurs manc'hes.
L'orthodoxie a perdu son Pape, le tsar.
Voilà l'aubaine. Des dizaines de millions
dehrebis ont perdu leur pasteur, mieux
vaudrait convenir qu'elles l'ont mis au re-
but. La place est à prendre, te butin a
bonnf mine. L'ingénuité formidable, dont
tant Petits que Grands-Russiens sont ha-
bités, présente une façonnable matière où
le miracle et les apparitions seront de bon
rapport. C'est merveille de songer aux bé-
néfices que tirait un Raspoutine obtus. Là
où la grosse malice de ce quidam obtenait
d'effarants et profitables résultats, que ne
faut-il attendre d'une organisation dont les
moyens prennent source dans de la solide
science moderne ! Le comte Ludochowsky
va pouvoir se livrer à pleine joie aux pe-
tits tours de sa façon et rétablir les beaux
jours de la Vierge noire de Pologne, où par
elle il fut prouvé que ce général des Jésui-
tes avait bien du talent et une savoureuse
rouerie.
Une colonne de bonnes troupes vient d'ê-
tre formée pour la grande razzia. Fondée
par le Vatican, elle s'alppelle « Congréga-
tion pour les rites orientaux ». C'est une es-
pèce de légion qui n'a pas l'air tout à fait
catholique, elle tient davantage du genre
jésuite. On est par là pl-us assud'é de ses
facultés de pénétration. Le Pape espère la
voir accueillie en Russie avec autant d'ef-
fusion qu'une tonne de vodka et que les
moujicks en seront grisés au point de per-
dre toute retenue et de se convertir aux
idées de l'Eglise vaticane. Il fait bon de
songer, entre nonces et camériers, à cette
foule de dômes, coupoles et clochetons qui
sont des couvents par centaines, des lieux
de prière russe où la bourse monacale
n'est pas oubliée et gonfle sous l'offrande
comme la panse d'un frère prêcheur oura-
lien mise en humeur ronde par un quartier
de venaison. Dire que ce trésor sera vôtre
est une suffisante raison. pour que plus
d'une éminence romaine ait l'eau en bou-
che.
Selon la vieille tradition, sitôt arrêté ce
projet de conquête, il est démontré avec
ostentation que le Vatican n'a cure d'atti-
rer dans son orbe les ouailles de l'orlho-
doxie. Il snisit illico la prise de Jérusalem
pour prendre pied dans son système et
montrer même qu'au besoin il fait un of-
ficiel fi de ce dont il grille secrètement.
Alors passe cette note dans l'Osservatore
romano, organe officiel de la papaulé :
« Il faut remercier de cet événement de
façon particulière la Providence, qui n'a
point permis que Jérusalem tombât nu pou-
voir de l'ex-empire des fsars, car l'intem-
pérance religieuse et l'opposition tradition-
nelle des orthodoxes contre l'Eglise catho-
lique, auraient sûrement supplanté et foulé
aux pieds, dans la cité sainte, les droits de
de celle-ci. »
Evidemment, voilà une thèse soutenable,
mais elle a une saveur de jésuite accom-
pli quand on la comipare avec cette autre
face du jeu dont on se garde bien de nous
entretenir, celle-ci :
« Kercnskv a pris de louables disposi-
tions qui, malgré les troubles révolution-
naires de l'heure, n'en constituent pas
moins le statut légal du catholicisme
russe :
« L'Eglise est propriétaire des édifices
religieux et des offrandes des fidèles ; les
nominations épiscopales sont faites par le
Saint-Siège.
« Pleine liberté est reconnue aux sémi-
naires. écoles et congrégations .L'autorité
diocésain* agréera dans les écoles officiel-
les la désignation du maître chargé d'en-
seigncr le catéchisme aux élèves catholi-
ques : les parems ont le droit de demander
l'introduction de l'enseignement du caté-
chisme catholique dans les écoles où il
n'avait pas lieu.
« Enfin, les conversions sont libres, dl,
môme la correspondance du clergé et des
fidèles avec le Saint-Siège, etc. »
Voici un son qui, bien que de même
cloche, est bien différent.
L'organe du Vatican, tout pimpant de se
voir si bien servi par ces coquins de révo-
lutionnaires russes, en profite joyeusement
pour bàtonner d'une vigoureuse preuve ar-
gu-mentative les petits honteux que nous
sommes, grands Français, mal élevés par
la Révolution de 89. Il ajoute :
« On ne voit vraiment pas les libertés
pratiques que l'Eglise pourrait demander
dans un .pays schismatique et qui lui soient
refusées dans cette loi. Bien des pays où.
le catholicisme est reconnu comme religion
d'Etat ne lui en accordent pas autant, et
nous souhaitons tous que l'exemple donné
par les Russes soit suivi sur bien des
points par d'autres gouvernements. »
Que ceci est donc bougonné en termes
gallants. La France est pudiquement in-
vitée à offrir aux chaînes de l'Eglise ro-
maine le sacrifice de ses fils tombés par
cent mille dans leur élan vers la Liberté
et la Vérité.
Il n'y a vraiment que les schismatiques
pour bien faire, ils sont cachottiers, mais,
ce n'est que pour mieux entrer dans le
voie de la repentanee et donner de rim'-
prévu au recrutement de notre Sainte-
Mère l'Eglise vaticane. Et quelle belle le
çon pour la République française ! Le pape
espère qu'elle aussi lui réserve sa petite
surprise. M. Sonnino ne dit pas non.
Dans ce travail machiavélique, ces pi-
rouettes. ces doubles faces selon les geiLs.
que le Pape veut tromper, nous ne voyons
qu'une chose, c'est un beau nez de Tartufe
qui ne peut nier, l'effronté. avoir glissé
sa truculence dans toutes les affaires oà.
it s'agissait de brouiller la vue pour don-
ner quelques vessies en guise de lanternes.
Un certain Basile, cardinal Pompili. se me?
encore 'sérieusement pareil appendice au
milieu du visage, quand il s'écrie à son
tour, à propos de Jérusalem :
« Que voire prière exprime aa Seigneur
que nous sommes prêts à lui offrir toutes
nos douleurs, nos sacrifices et noire vie
même, afin que, autour du chef auguste
qui est le Souverain Pontife, se recompose
une et indivisible la sainte famille chré-
tienne. Dilatez votre cœur et tpriez pour les
vaincus eux-mêmes, afin que tous les in-
fidèles, reniant leurs antiques erreurs. ils
se retrouvent bientôt tous frères en J.-C. »?
Evidemment, nous avons déjà dans cette
chère famille les frères boches et les frè.
res autrichiens.
Basile, dit Pompili, peu regardant, hii aus-
si. sur la qualité des recrues, montre encore
ici toute la politique papale, qui vent se
réserver la puissance du lendemain ec
mettant sa tiare à l'ombre des vainqucurs.
quels qu'en soient l'honneur et la figu-re.
Comediante !
Marc-Edward COLETTE.
A LA CHAMBRE
Le problème
des pensions militaires
l' 1
Les séances exceptionnelles du mercredi
sont propices aux discussions rapides, car
peu de députés siègent ce jour-là en raison
des commissions, et M. Groussier, qui les
préside souvent, s'efforce de hâter les dis-
cussions qui s'éternisent.
On poursuit la discussion des pensions
militaires. M. Léon Bérard défend son
amendement qui est ainsi conçu :
Le principal de la pension ayant {,I.é liquidé,
comme i! vient d'être dit au présent article, y
compris les majorations prévues à l'article G.
ia perte de revenu civil, non compensée par
cette liquidation, donnera lieu à une indem-
r.-il<* eomnlémonKiiro de :
10 0/0 pour la perte de revenu comprise en-
tre le 'nonl-aat de la. pension ainsi liquidée et
3.000 francs :
;j o/fr pour la perte de revenu comprise entre
3.000 francs et 6.000 francs.
M. Léon Bérard soutient que son amen-
dement favorise l'égalité, car elle corrige,
au profit des grades inférieurs, les inégali-
tés résultant de la différence des grades à
partir des grades supérieurs, puisque nul
ne pourra réclamer l'indemnité complémen-
taire si sa pension atteint le taux maximum
du revenu civil qu'il veut indemniser.
Malgré les efforts de M. Bérard, ramen-
dement est repoussé à mains levées.
11 en est de même d'un amendement de
M. Conde, tendant it augmenter le taux de
2 0/0 par an au-dessus de 23 ans.
L'article 5 est adopté. Les arlicles G et 7
sont réservés. On adopte ensuite l'article 8
qui accorde une majoration pour chaque
enfant né ou h naître, majoration payable
jusqu'à l'âge de 16 ans. Divers amende-
ments modifient l'article 9, qui fixe les
droits à pension des veuves des militaires
et marins. La réversibilité de la pension est
accordée aux femmes qui ont épousé des
mutilés dont l'invalidité est nu moins de
80 0/0.
L'article 10. qui fixe à six mois la respon-
sabilité de l'Etat pour blessures, maladie
et mort. est voté sans modification. Varfi..
cle 11, précédemment adopté, vise les droits
des enfants mineurs en cas de mort ou de
déchéance des veuves.
L'article 12 relatif aux veuves remariées
est supprimé sur la demande de M. Pacaud.
et après une lutte assez vive. Un article
destiné à le remplacer. est renvoyé à la
commission.
Séance auiourd'hui matin et soir pour la
discussion dca doux~tu~ promoirc^
IMPOT DANGEREUX
Les nouvelles
ressources pour 1918
La Chambre sanctionnera-t-elle demain
ses décisions de ses 'commissions de lé-
gislation fiscale et du budget en ce qui con-
cerne la nouvelle recette proposée par le
gouvernement et dénommée taxe sur iee
payements ? ,
Il n'y en a pas de plus injuste. C'est le
triomphe de la théorie de l'impôt sur te'
consommateur auquel le Parlement avait
cru. devoir renoncer.
C'est l'impôt préconisé par les économis-
tes rétrogrades et par tous les conserva-
teurs adversaires irréductibles de toute con-
tribution nouvelle sur la richesse.
Le rapporteur de ce nouvel impôt M.
Joseph Denais l'approuve de toutes ses for-
ces, il estime qu'il -ne heurte aucun prin-
cipe de justice fiscale et qu'il permet au
Trésor un appoint considérable de ressour-
ces.
Comme théorie ce n'est pas suffisant
L'impôt sur les payements retombe en en-
tier sur le consommateur. C'est en contra-
diction avec toute la conception fiscale de.
ces vingt dernières années.
Boucler un budget à l'aide d'impôts in-
directs c'est décevoir la démocratie.
Certes il y a des exemptions au principe
général qui frappe d'un décret proportion-
nel de 0 fr. 20 centimes pour 100 tous ICIa
payements ou versements de sommes,
mais ces exemptions sont de peu d'impor-
tance.
Il est vrai que l'application du timbre,
proportionnel ne sera obligatoire que pour
les paiements au-dessus de 150 francs. Il'
sera facultatif pour les payements de 10 fr.
à 150 fr., c'est le principal argument invo-
qué par le rapporteur pour justifier le nou-
vel impôt.
Sa valeur cet médiocre. Ce qu'il faut eif-
visager, c'est le danger de cet impôt. Il n'est
pas douteux, que se servant du premier vo-
te, les ministres des Finances
rendre obligatoire le timbre proportionnel
même pour les payements de 10 à 150 fr.
Il y en a même qui voudront aller plus loin
et porter l'impôt indirect de 0, 20 pour IQ0
à 10 pour 100. ')
Il y a donc intérêt pour le Parlement S
ne pas s'engager dans la voie des impôts,
indirects par le vote de la taxe sur les paye-
ments.
D'autre part : si la taxe sur les objets de
luxe est juste, il importerait de déterminer
dans la loi les marchandises qui v seront,
êoueikcis. Nê jm§ laisser le §m$$fâa
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