Presse et revues
16 pages
Titre : Revue contemporaine
Éditeur : [s.n.?] (Saint-Pétersbourg)
Date d'édition : 1913-04-20
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328566919
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 10050 Nombre total de vues : 10050
Description : 20 avril 1913 20 avril 1913
Description : 1913/04/20 (A4,T11,N78). 1913/04/20 (A4,T11,N78).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6248063s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-18251
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/06/2013
2i r,
Chroniques de la Semaine 1
Bibliographie
"Marie de Magdala", par A. Lefranc in 12, Lethielleux
Paris.
Dans les pages de M. A. Lefranc, le charme biblique nous
enveloppe et rien n'est plus saisissant que la rencontre de
Madeleine et de la Mère de Jésus. Le Maître s'en est allé
vers Tyr et Sidon. Madeleine impatiente va vers la Mère du
Prophète: la Mère de Jésus, se disait Magdalena, ressemble
sans doute à son Fils: Elle m'accueillera avec bonté, me par-
lera de lui, me dira où il est. Elle y alla comme vers la joie
certaine et ne fut point trompée. Je vous attendais, lui dit
Marie; Jésus m'a parlé de vous. Nous passerons ensemble
cette journée; nous avions besoin l'une de l'autre. Et, comme
Madeleine étonnée lui réplique: vous pouvez sans doute beau-
coup pour moi; mais moi, en quoi puis-je vous être utile? La
Vierge Mère répond: J'ai besoin d'âmes à instruire et de cœurs
à consoler; si vous n'étiez venue, je serais allée vers vous
Ainsi, pendant de longues heures, assises toutes deux à
l'ombre, près du seuil de la petite maison de Capharnaiim,
Marie, Mère de Jésus, et l'ancienne pécheresse de Magdala
s'entretinrent ensemble de choses que le monde ne peut
comprendre"
Ces faits historiques, les gestes et la parole sont un char-
me réel, dans la mise en scène de M. Lefranc; mais, l'imagi-
nation qui s'efforce de préciser la vie intérieure des person-
nages bibliques et de pénétrer leurs sentiments à la manière
des romanciers, heurte trop souvent la délicatesse. Il en coûte
beaucoup trop de rencontrer une Marthe fiancée à l'apôtre
André et voir un Judas, riche juif d'Alexandrie, devenir apôtre
pour conquérir Marie de Magdala qu'il avait rencontrée in-
quiète, aux mystères d'Alexandrie. Ce n'est plus de l'histoire
évangélique, c'est du roman purement fantaisiste.
Ces réserves faites, il faut rendre hommage au talent de
M. A. Lefranc. Il s'est efforcé—avec succès — de dispo-
ser personnages et scènes évangéliques dans leur cadre réel:
delà, les récits, une exactitude de détails, fruit de voyages
et de patientes études, qui donneront au lecteur l'impression de
vivre à cette époque lointaine, qui a pour jamais fixé sur elle
les regards de l'humanité".
— Jésus selon les Evangiles, par Emile Rochard. Paris —
Alphonse Lemerre.
J'ai connu M. Rochard lorsqu'il était directeur du Théâtre
de l'Ambigu et j'ose dire que ce n'est pas une mince surprise
que de le retrouver aujourd'hui en littérature traducteur en
vers de l'Evangile.
M. Jules Lemaitre qui rédigea la préface de son livre écrit:
"Emile Rochard nous envoie de sa Provence, qui fut pour lui
sa Galilée, un Jésus selon les Evangiles, qui est une Vie de
Jésus d'après les quatre Evangiles canoniques très heureuse-
ment joints et combinés. Son expérience du théâtre l'a cer-
tainement servi dans la conduite et l'ordre de ce vaste récit-
Et dans la souple versification, on reconnaît le disciple de
Théodore de Banville et le grand ami de François Coppée.
Pour ce qui est de la forme, Coppée en eût été presque tou-
jours content et ce "presque toujours "est un magnifique éloge
quand il s'adresse à un poème de dix mille vers.
D'aucuns ont rapproché ce geste moderne de l'histoire des
bonnes gens du XVIIe siècle qui, après avoir passé leur vie en
divertissements profanes, consacraient leur vieillesse à rimer
des psaumes et des hymnes. Ceci est très louable vraiment:
c'est faire preuve de lettré, de bon chrétien, pour obtenir le
pardon des fautes et gagner le Paradis.
M. Rochard a repris cette tradition dans l'âge où l'on ne
fait plus de théâtre mais où l'on rime en attendant le déclin
du jour.
La haute appréciation de M. Jules Lemaître, suffit au ju-
gement des vers: ceux-ci ont une certaine valeur à n'en point
douter et c'est une révélation que de voir un vrai poète en
M. Emile Rochard.—J. de Saint Rustice.
- - "Le Nouveau Servage", par S. Kholchevnikoff.
"Le nouveau servage" par S. Kholchevnikoff est un re-
cueil qui contient trois nouvelles; la première, dont le titre est
pris pour le livre entier, décrit d'une manière très peu enga-
geante l'activité des institutions agricoles et de la banque ru-
rale. L'auteur a une forte tendance à nous la présenter sous
les couleurs les plus sombres et, pourtant, il faut dire que
précisément le personnel du ministère d'agriculture est dé-
pourvu des défauts que lui attribue l'auteur: il n'y a d'exact
que la description de la lutte légitime contre la possession
communale lutte dont la nécessité a été prouvée par beau-
coup d'exemples.
Quant aux qualités purement littéraires, elles ne sont pas
nombreuses; l'auteur se distingue surtout par la monotonie
des couleurs toujours ternes. Il parait que l'écrivain ne s'inté-
resse nullement à la vie qu'il dépeint; les paysans ainsi que
les employés, envoyés pour réorganiser les ménages rusti-
ques, le laissent froid, bien que, à l'entendre parler, il leur
attribue un grand rôle dans l'organisation future de la vie
russe.
Les deux autres nouvelles: "La première rangée" et "Dans
la forêt de Biélovège" nous sont déjà connues; elles ont été
publiées dans nos revues. La première nouvelle est la meil-
leure du petit recueil; en couleurs assez vives, l'auteur y trace
quelques tableaux de notre récent mouvement révolutionnaire
à sa première période, qui a été la plus intense. La scène se
passe en province; l'auteur parvient à nous en faire sentir
avec force les défauts et l'amertume.
En parlant des revues nous avons déjà mentionné "Dans
la forêt de Biélovège"; au point de vue littéraire, c'est la plus
faible des trois pièces, l'auteur y est à un tel point aveuglé
par ses tendances qu'il ne voit plus les hommes avec leur de-
fauts et qualités; il ne distingue que deux camps ennemis, dont
l'un est fait de bêtes féroces et l'autre de brebis hébétées et
persécutées. Il donne à la province qu'il décrit le nom de la
forêt de Biélovège, la plus grande et la plus touffue de la
Russie et attribue à ses habitants-tous des caricatures—le ca-
ractère des bêtes rares et presque légendaires qui épouvan-
tent ceux qui les rencontrent par leur aspect terrifiant.
D. Agoff. '•
Le Mouvement. Economique
Le Marché des Céréales
Au cours de la semaine dernière les dispositions des
marchés intérieurs russes ont accusé des dispositions calmes
et peu actives, d'une part grâce à la veille des fêtes de Pâ-
ques et, d'autre part, par suite de la continuation des travaux
champêtres, de même que du fait que la campagne de navi-
gation du printemps n'est qu'à son éclosion et n'a pas encore
eu le temps d'apporter à l'activité des marchés de blé de la
précision et de l'animation. La question principale, sur la-
quelle doit se concentrer l'intérêt ultérieur du marché de blé,
la détermination des proportions des réserves de marchandi-
ses sur les débarcadères et leur livraison sur les marchés de
répartition, n'est pas encore exactement estimée. Il est cer-
tain que les proportions des réserves seront très limitées:
malgré une bonne récolte dans les régions de l'approvisionne-
ment. Néanmoins, vu la faiblesse générale du marché, de
la demande d'exportation et de consommation, l'attente de ces
approvisionnements doit influer sur les marchés dans le sens
de la retenue.
En général, l'activité courante sur les débarcadères d'ap-
Chroniques de la Semaine 1
Bibliographie
"Marie de Magdala", par A. Lefranc in 12, Lethielleux
Paris.
Dans les pages de M. A. Lefranc, le charme biblique nous
enveloppe et rien n'est plus saisissant que la rencontre de
Madeleine et de la Mère de Jésus. Le Maître s'en est allé
vers Tyr et Sidon. Madeleine impatiente va vers la Mère du
Prophète: la Mère de Jésus, se disait Magdalena, ressemble
sans doute à son Fils: Elle m'accueillera avec bonté, me par-
lera de lui, me dira où il est. Elle y alla comme vers la joie
certaine et ne fut point trompée. Je vous attendais, lui dit
Marie; Jésus m'a parlé de vous. Nous passerons ensemble
cette journée; nous avions besoin l'une de l'autre. Et, comme
Madeleine étonnée lui réplique: vous pouvez sans doute beau-
coup pour moi; mais moi, en quoi puis-je vous être utile? La
Vierge Mère répond: J'ai besoin d'âmes à instruire et de cœurs
à consoler; si vous n'étiez venue, je serais allée vers vous
Ainsi, pendant de longues heures, assises toutes deux à
l'ombre, près du seuil de la petite maison de Capharnaiim,
Marie, Mère de Jésus, et l'ancienne pécheresse de Magdala
s'entretinrent ensemble de choses que le monde ne peut
comprendre"
Ces faits historiques, les gestes et la parole sont un char-
me réel, dans la mise en scène de M. Lefranc; mais, l'imagi-
nation qui s'efforce de préciser la vie intérieure des person-
nages bibliques et de pénétrer leurs sentiments à la manière
des romanciers, heurte trop souvent la délicatesse. Il en coûte
beaucoup trop de rencontrer une Marthe fiancée à l'apôtre
André et voir un Judas, riche juif d'Alexandrie, devenir apôtre
pour conquérir Marie de Magdala qu'il avait rencontrée in-
quiète, aux mystères d'Alexandrie. Ce n'est plus de l'histoire
évangélique, c'est du roman purement fantaisiste.
Ces réserves faites, il faut rendre hommage au talent de
M. A. Lefranc. Il s'est efforcé—avec succès — de dispo-
ser personnages et scènes évangéliques dans leur cadre réel:
delà, les récits, une exactitude de détails, fruit de voyages
et de patientes études, qui donneront au lecteur l'impression de
vivre à cette époque lointaine, qui a pour jamais fixé sur elle
les regards de l'humanité".
— Jésus selon les Evangiles, par Emile Rochard. Paris —
Alphonse Lemerre.
J'ai connu M. Rochard lorsqu'il était directeur du Théâtre
de l'Ambigu et j'ose dire que ce n'est pas une mince surprise
que de le retrouver aujourd'hui en littérature traducteur en
vers de l'Evangile.
M. Jules Lemaitre qui rédigea la préface de son livre écrit:
"Emile Rochard nous envoie de sa Provence, qui fut pour lui
sa Galilée, un Jésus selon les Evangiles, qui est une Vie de
Jésus d'après les quatre Evangiles canoniques très heureuse-
ment joints et combinés. Son expérience du théâtre l'a cer-
tainement servi dans la conduite et l'ordre de ce vaste récit-
Et dans la souple versification, on reconnaît le disciple de
Théodore de Banville et le grand ami de François Coppée.
Pour ce qui est de la forme, Coppée en eût été presque tou-
jours content et ce "presque toujours "est un magnifique éloge
quand il s'adresse à un poème de dix mille vers.
D'aucuns ont rapproché ce geste moderne de l'histoire des
bonnes gens du XVIIe siècle qui, après avoir passé leur vie en
divertissements profanes, consacraient leur vieillesse à rimer
des psaumes et des hymnes. Ceci est très louable vraiment:
c'est faire preuve de lettré, de bon chrétien, pour obtenir le
pardon des fautes et gagner le Paradis.
M. Rochard a repris cette tradition dans l'âge où l'on ne
fait plus de théâtre mais où l'on rime en attendant le déclin
du jour.
La haute appréciation de M. Jules Lemaître, suffit au ju-
gement des vers: ceux-ci ont une certaine valeur à n'en point
douter et c'est une révélation que de voir un vrai poète en
M. Emile Rochard.—J. de Saint Rustice.
- - "Le Nouveau Servage", par S. Kholchevnikoff.
"Le nouveau servage" par S. Kholchevnikoff est un re-
cueil qui contient trois nouvelles; la première, dont le titre est
pris pour le livre entier, décrit d'une manière très peu enga-
geante l'activité des institutions agricoles et de la banque ru-
rale. L'auteur a une forte tendance à nous la présenter sous
les couleurs les plus sombres et, pourtant, il faut dire que
précisément le personnel du ministère d'agriculture est dé-
pourvu des défauts que lui attribue l'auteur: il n'y a d'exact
que la description de la lutte légitime contre la possession
communale lutte dont la nécessité a été prouvée par beau-
coup d'exemples.
Quant aux qualités purement littéraires, elles ne sont pas
nombreuses; l'auteur se distingue surtout par la monotonie
des couleurs toujours ternes. Il parait que l'écrivain ne s'inté-
resse nullement à la vie qu'il dépeint; les paysans ainsi que
les employés, envoyés pour réorganiser les ménages rusti-
ques, le laissent froid, bien que, à l'entendre parler, il leur
attribue un grand rôle dans l'organisation future de la vie
russe.
Les deux autres nouvelles: "La première rangée" et "Dans
la forêt de Biélovège" nous sont déjà connues; elles ont été
publiées dans nos revues. La première nouvelle est la meil-
leure du petit recueil; en couleurs assez vives, l'auteur y trace
quelques tableaux de notre récent mouvement révolutionnaire
à sa première période, qui a été la plus intense. La scène se
passe en province; l'auteur parvient à nous en faire sentir
avec force les défauts et l'amertume.
En parlant des revues nous avons déjà mentionné "Dans
la forêt de Biélovège"; au point de vue littéraire, c'est la plus
faible des trois pièces, l'auteur y est à un tel point aveuglé
par ses tendances qu'il ne voit plus les hommes avec leur de-
fauts et qualités; il ne distingue que deux camps ennemis, dont
l'un est fait de bêtes féroces et l'autre de brebis hébétées et
persécutées. Il donne à la province qu'il décrit le nom de la
forêt de Biélovège, la plus grande et la plus touffue de la
Russie et attribue à ses habitants-tous des caricatures—le ca-
ractère des bêtes rares et presque légendaires qui épouvan-
tent ceux qui les rencontrent par leur aspect terrifiant.
D. Agoff. '•
Le Mouvement. Economique
Le Marché des Céréales
Au cours de la semaine dernière les dispositions des
marchés intérieurs russes ont accusé des dispositions calmes
et peu actives, d'une part grâce à la veille des fêtes de Pâ-
ques et, d'autre part, par suite de la continuation des travaux
champêtres, de même que du fait que la campagne de navi-
gation du printemps n'est qu'à son éclosion et n'a pas encore
eu le temps d'apporter à l'activité des marchés de blé de la
précision et de l'animation. La question principale, sur la-
quelle doit se concentrer l'intérêt ultérieur du marché de blé,
la détermination des proportions des réserves de marchandi-
ses sur les débarcadères et leur livraison sur les marchés de
répartition, n'est pas encore exactement estimée. Il est cer-
tain que les proportions des réserves seront très limitées:
malgré une bonne récolte dans les régions de l'approvisionne-
ment. Néanmoins, vu la faiblesse générale du marché, de
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