Titre : Les Colonies : journal de la Martinique ["puis" organe républicain de la Martinique]
Éditeur : [s.n.] (Saint-Pierre)
Date d'édition : 1881-08-10
Contributeur : Hurard, Marius (1848-1902). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32744363c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 août 1881 10 août 1881
Description : 1881/08/10 (A4,N377). 1881/08/10 (A4,N377).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG972 Collection numérique : BIPFPIG972
Description : Collection numérique : BIPFPIG972 Collection numérique : BIPFPIG972
Description : Collection numérique : Caraïbes, Amazonie, Guyanes Collection numérique : Caraïbes, Amazonie, Guyanes
Description : Collection numérique : Fonds régional : Martinique Collection numérique : Fonds régional : Martinique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k55259665
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-5910
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
N° 377 — flOATRIÊWE ANNÉE . on Mifo : BO emtim« , MERCREDI 16 AOUT 1881
-SMlIT-ïMERRB/lO AOUT
Dépéohes. An CAbl».
Hew-lork, 6. —' ^OiiSitMionce d'Angletert
que le eointoRoseberr^sùccédera à M.eXIourl
ney commeaoûs-setretaire d'Etat» l'-intérieni
LoLoMi^e(< dans un artielesur le traitenien
dû Président Garfleld approuYO lus chirurgien
dei>ulle. Le Président dort sans l'aide d* ln.inoi
phineet stop état s'améliore progressivemen 1
■Lo Timeâ Claris sou article de tond sur 1
) position !ù la .Chambra dos-lords ne durera pai
vîtqyjStagnent le» principes do la loi, — L
ImiMÔme lecture est ûxéo à lundi.
On a repoussé les poursuites de M, Rrad
langh contre la police.
Lés nouvelles de France disaitt que dans ui
ducours prauonsé «"Tours, M. Ganibetta
luit l'apologie du «Cfutiit de liste, a reeom
atandé la réforme du S'énat, l'assuranceconlr
Wvie et Jes récoltes par l'Bliû eila rélbrm
-fridininiStiaUve.
New-'York, 8. —Les dorniers bulletins del:
eanté du président Garfiold disent quo l'excès
aive de samedi a nugraent la lièvre.
A. un-baitquot dorure au Mansion House, M
Gladstone 'a déinoutrô la nècassile de main
tenir l'Empire colonial ; M. Dright parlant d
la loi agraire a dit -qu'il ignorait le» aatende
ménts proposés par la Chambre des lords.
Los bruits alarmants qui circulent sur le 1
tirailleurs ont jeté l'inquiétude en Angleterre
-m'ais M: liante' a euvoye une dépêche rassu
Vante.
Uno dépêche du correspondant du Times s
Berlin remarque que le discours prononcé ré
eemiueT.t par M. Ganibetta à Tours côntredi
le ^'rogrài»u»e développa à Cahors portan
qu'il eôùWnâraîl le Sénat.
«—.r»a3»Q1a a ii
dès le jour (même de. son arres-
tation, non-seulement avec sa
famille, mais avec tous ses
amis (voir les Antilles) alors
que les autres prévenus n'ont
môme pu communiquer avec
le^rs parents ? Alors surtout
que M. Lota était inculpé d'un
crime comme les autres pi é-
venus puisqu'il était poursui-
YÏ, non-seulement pour coups
et blessures avec prémédita-
tion, mais f sassinat ?
2° Gomment se fait-il qu
M, le docteurMorestin ait reçi
une permission permanente
signée du Procureur de la Ré
publique Recoing, pour visite
M. Lota à la prison, quant
M. le docteur ïhaly, médecii
principal de la marine, es
médecin de la prison et qut
cette permission permanent*
ait été donnée, à son insu, à M
Morestin ? Gomment se lait-i
surtoutque le chef du parque
&it pu donner une pareille per
mission, alors que M. le juge
d'instruction Baudin était sais
de l'affaire depuis plusieurs
jours ?
3° Comment s« fait-il que
M. le j uge d'instruction Baudir
I n'ait jamais interrogé M. Lola
au cabinet d'instruction? Pour-
quoi passait-il par un chemin
secret pour aller interroger
ce prévenu à la prison, alors
qu'il faisait arrêter les autres
prévenus avec un luxe de gen-
darmes et un déploiement inu-
sité de force ?
4° Gomment se fait-il que
le sieur Lota ait été mis en
t liberté nrovisoire, alors qu'il
i
h.
en cours u-iïisiruuiiuu i
5° Gomment se fait-il que
le juge d'instruction se refuse
à entendre des citoyens hono-
rables qui sont prêts à déposer
des faits dont ils ont été té-
moins sous prétexte que ces
renseignements viennent du
journal les Colonies 9 Com-
ment expliquer qu'il se refuse
à connaître la vérité ? Les té-
moins indiqués par ce journal
seraient-ils moins véridiques
et plus passionnés que la dame
Lota, le sieur Glandut on h
sieur Lathifordière qui ont été
entendus dans l'information el
dont les seules déclaration?
ont amené l'arrestation de
nombreuses personnes?
6° Gomment se fait-il que
malgré les prescriptions for-
melles de la loi, on ait crû
devoir laisser enpriscn durant
plusieurs jours la pbpart des
inculpés sans être interrogés?
Ce qui fait qu'un innocent
comme Fulgence a pu faire
plusieurs jours de prison pré*
ventive ?
7° Gomment se fait-il qn'uTi
jeune homme infirme, M. Ful-
gence, ait été arrêté par ordre
de ce magistrat et détenu pen-
dant plusieurs jours en prison
puis^ mis immédiatement ei
liberté après son premier in-
terrogatoire qu'il a dû atten-
dre pendant cinq ou six jours,
contrairement aux prescrip-
tions de la loi qui veut que le
prévenu soit^ interrogé dans;
les vingt-quatre heures ?
- 8° Gomment se fait-il que"
le substitut du Procureur de
la République, M. Morati, ait
■ * * • :_j£ '
aient recommencé depuis la
mise en liberté de M. Lota ?
Cette reprise de délation n'a
échappé à personne.
10° Gomment se fait-il que
les rédacteurs du journal les
Antilles soient si bien au cou-
rant de la procédure qu'ils
puissent comme dans le der-
nier numéro du samedi 6 août
donner sur cette procédure
les plus minutieux détails?
L'instruction d'une affaire cri-
minelle ne serait-elle plus se
crête ou ne serait-elle secrètt
que pour les malheureux in
culpés du sac de la maisor
Lota?
Si tous ces faits qui attestenl
au plus haut point, sinon h
connivence, du moins une
bienveillance excessive de la
part du juge d'instruction el
des magistrats du parquet de
Saint-Pierre avec le sieur Lota
ou ses partisans, sont déniés,
nous demandons une enquête
immédiate, enquête qui révé-
lera d'autres faits aussi graves
mr la façon d'agir de ces ma^
'istrats et fera connaître en
nême temps par qui et pour-
pioi ils agissaient de la sorte.
BULLETIN POLITIQUE
Les débats de la Chambre .se sout ra-
entis el n'offrent plus un bien grand
utérêt. On sent, à la lecture des jour-
mux, que la vie est toute au dehors et
[ue les députés ont les yeux tournés
rets leurs circonscriptions.
Pourtant, les poursuites demandées
ontre M. Andrieux par Mme Eyben,
ictime des brutalités de la police des
noeurs et des accusalions d'immoralité
• rtées contre elle en pleine tribune par
s préfet de police, quoique repoussées
. une forte majorité, ont donné lieu à
t
■ "* i „
\JlL »UUUJU\J4jiio s,». - 1!,.* . ,^^
u'il fut poursuivi devant les tribunaux
ommeun simple factionnaire.
Le gouvernement n'a pas hésité à
ouvrir M. Andrieux. C'est M. Gazot
ui a rempli cette mauvaise besogne,
lais, avant lui, M. Andrieux a prononcé
u discours qui a produit un douîou-
fux étonnement, recommençant sans
îtié ;ï jeter l'outrage sur une femme, ,
vouant avec uu sans ge'ne édifiant que
s chef du parquet était venu lui de- ,
lander ce qu'il devait faire au sujet de |
: demande des poursuites. Etait-il pos- i
ble d'en dire plus long et de dévoiler I
'une façon moins inconsciente l'état <
s subordination dans laquelle vivent
irtains magistrats. Mais M. Andrieux
ni était démissionnaire de la veille,
n'a pas voulu quitter le pouvoir sans
commettre ûii dernier acte compromet
tant de maladresse.
Cela n'a pas empêché M. Gaiot d'op-
poser une fin absolue de noù-rficevoii
aux poursuites. Ne pouyant soutenir,
puisque l'article 75 de la Constitution
de l'an VIII est aboli, que Mme Eyben
n'avait pas le droit d'invoquer la res-
ponsabilité du préfet de police, le mi-
nistre a développé cette*^|bfese niou-
velle que le procureur général avait
seul qualité pour exercer des pour-
suites. Et ce qui prouve combien
celte thèse étrange, était absurde, des-
tructive de toute garantie contre les
abus de pouvoir des fonctionnaires,
c'est que M. Jolibois, le bonapartistevest
venu lui prêter l'appui de sa parole. La
Chambre a quand même; repoussé les
poursuites à une forte majorité. Elle a
voulu ménager \L Andrieux;.gui ayàit
donné de lui-même une démission que
lejgouvernementhésitait depuis si long-
temps;al ui demander; malgrô^ses Fautes
nombreuses et les réclamations;de toute
la presse républicaine.
■■'-*•'■
■■/■♦Y»-.
La loi sur la presse amendée, par le Sé-
nat, a été adoptée par la Chambre sans
discussion. Si comme pour la loi sur
l'instruction les monarchistes ne lui ont,
pas fait subir des modifications aussi
graves, il n'en est pas moins vrai qu'elle
comporte encore un grand nombre de.
dispositions illibérales et qu'elle est loin
de sanctionner ce que Ton appelle la
liberté de la presse. Malgré les efforts
et les protestations de M. Clemenceau
étde M. Anatole de la Forge, elle a été
votée sans discussion. Il est probable;
que la prochaine législature, brisant;
enfin toutes les vieilles entraves, don-
nera au pays une loi plus large, plus
démocratique, véritablementdigne d'un
ruptîon peuvent se produire avec le
Éode de scrutin cher au Sénat. Ainsi,
Ma pbi-t^ de îasalle du vote, des agent»
îlèGtoraux distribuaient aux électeurs
les bons d'argent et de3 bous de viu.
Ses poursuites ont jeté exercées et ont
imené 98 condamnations;pour corrup-f -■
iiori électorale i Mais il parait que c'es^,
'habitude à ôûihgamp,; cqtnine Pont
ivoué M. Olliviër MUniêrne, -MMvJoii-
>ois et Paul -de Gassagnàc qui sont
renus défendre leur coreligionnaire
politique. M. Joitbôis eut même la frauV :
ïliise dévouer que l'invatidatiou était
névitàble.- Telle a été aussi l'opinion
le laChamljre. ; > „ ■,:;;;; j-
À Marvejoîes, les choBesse sont passées
lutremént; mais l'élu, M. 'Pelisse avilit(
été sous-préfet dans ce département e1
iln'y avait pas six mois qu'il avait re-
noncé à ses fonctions.
La loi sur l'obligation de rinstructîoii
primaire amendée de la façon que l'on
sait est revenue devant la Chambré M.
Paul Bért adonné lecture de son rap-
port. Il conclut au maintien dti texte
primitif. Plusieurs passages ont été 1
accueillis par de chaleureux applau-
dissement», surtout celui dans lequel
le rapporteur fait allusion aux respon-
sabilités du Sénat devant l'opinion. If.
Jules Ferry retenu au Sénat, avait fait
demander le renvoi de la discussion.
Mais on peut dire dores et déjà que lo
projet, tel qu'il a été amendé, ne sera
point accepté par la Chambre.
» » .
Nous publions plus loin des fensei-
guemeuts sur la Tunisie et sur le sou-
lèvement d'un grand nombre ide tribus
arabes de l'Algérie. Ou craint pouf
notre belle colonie africaine déjà si
éprouvée, une des plus terribles insur-
rections q u'elle ait jamais eu à redouter.
lie', général Saussier a été nommé com-
mandant général aveG plein pouvoir
et s'est aussitôt embarqué pour l'A-
frique. Nous saurons bientôt si cet
afïicier, un des hommesles plus renom-
més de l'armée, est parvenu à rendre.la
sécurité à. notre colonie et à soumettre
es tribus révoltées.
On lit dans la Justice :
Nous recevons là communication sùi-
rante, qui vient confirmer nos té-
lexions: .. ...;-;;;■ .;; ;
« Les troubles ont éclaté aujourd'hui
ISaint-Pietre.» ■ ■ ^ ..... ,
« Le véritable texte m'a été commu-
niqué par le ministère de la marine ; »
« TrûubleadSaint-PierreU48<éïràn-
(iftrs à toute aiLestiûndeTatià* t:nr/1**
: t Viputtd»; io <^M. le Ministre de; la. marine.j a raçu
ier du Gouverneur de la Martinique,
i dépêche suivante : '■ :^-/-,li^u
< Les troubles ont recp^ninençé ce
soir 19i sous prétexte dat meajaoeaj à
Hu rard. — L'intervention des troupei
a été nécessaire, et le rétablisse'ment
immédiat de l'ordre a été jeffecM
tans effusion du sang. Je maintiens les
troupes à Saint-Pierreet jerestepour
apprécier la situation, qui nç rù'&u*
pire plus de craintes^ malgré ùi alar-
mes exagérées d-unepartiede la popu-
lation. * ' ■■;::^:=.M .^,A
Ou le voit, M. le Gonverneûr ne s'est
as fait d'illusion.
i ■' ' i,—>^——Il FEU1LLETÔM
181 GlIlMlllil
IMES Q.RPHELIN»
Oti Plaute Plantain reçoit les renseigne-
ments attendus.
— Monsiemv reprit Plaute, vous avezdé-
olaré; ainsi que madrtnoiseiHe votie soeur,
quo lo nom de votre jtfre était Morisset.
— Certainement, répondirent les deux jeu-
nes gens.
— Que votre mère était née à Angers, pour-
suivit le juge d'instruction. Que vous y étiez
'^îéa vous-mêmes..,
— Àol, lo 18 avril 4850, et ma soeur le 9
janvier 1852.
'— Que votre more s'était mariée, 4 Angers
ioujouru, «u 1849.
— Ouï.
— ,Qûe votre père, Louis-Roné Morisset,
était lieutenant dans le 21° légiinent d'infan-
terie.
— G'etil exact, '
— Qu'il avait fait la campagne de Crimée,
et qu'il avait été tué à l'assaut de la ville de
Sebailopol.
— Oui, monsieur,
— Eh bien, tout cela ebt faux !
— Faux 1 répétèrent les deux orphelins,
— Autant d'aÛTrmatious, autant de men-
ison^eB !
— Monsiour, monsieur ! balbutia René, blê-
missant, que dites-vous là?
Claire &e rapprochait de lui, se serrait con-
tre lui, eomine si elle s>o sentait menacoe de
quoique djtij;grand* yeux lu vidage oidui urGincut peu sym-
pathique «le fUiiLu-iMnitUni, d<)nt elle eût ri,
jtiiiuo iillc liuinvtix' ui inoqiiHiibO, ct'dunl ht
laidi'in .'1 prôs'îul ciugiuenUit ion insllitctivu
Iwienr.
— Joilis quo vous ne vous appelez pas Mo-
nssul, que volie moto n'osl pa«> née a Angers,
qu'elle ne s'y est pas uiarioo, que vous n'y êtes
pak nés voiti.-uiènios, que votre père n'etuil
])umt lifUloiianl dans t'atmeo iranç.iise, et
qu'il n'est pas mort au siège de Sebat,jtopoi ?
René, restait muet de surprise, ne sachant
si le juge se moquait de lui, ou si lui-môme
ne rêvait pas.
Ce lut Glaire qui reprit la parole.
— Mai3 alors, comment nous appelons-
nous? et qui sommes-nous? dit-elle en fai-
sant un violent effort pour reconquérir quelque
présence d'esprit^ et presque machinalement.
— C'est ce que je vous demanderai, made-
moiselle, répliqua Plaute avec une ironie san-
glante,
— Voyons, monsieur, s'écria René retrou-
vant enfin la parole, «'^st 'une plaisanterie,
n'est-ce pas 1.,, Je ne comprends ,pas. 1
— Vous faites l'ignorant? Très bienJ Voici
la lettre du maire d'Angers à gui j'avais Jait
écrire pour vérifier vos assertions :
Et Plantain lut, en appuyant fortement sur
les mots, en soulignant chaque phrase :
« Des recherches ordonnées par moi, il ré-
sulte que, sur les registres de l'état civil de la
commune d'Angers, il n'existe, en l'apnée
484&, aucune mention du mariage d'un nom-
raé Louis-René Morisset avec une personne
quelconque. Ce nom ne se trouve .nulle part,
ni en, 1849, m dans les registres de l'année
précédante, ni dans ceux de l'année suivante.
* Pour la naissance du nommé René-Fre-
dério et de la nommée Frédéncque-Glaire Mo-
risset, elle ne se trouve inscrite ni à la date
du t8 avril 1850, ni A cr»II» du 9 janvier 485Î,
ni à aucuno date de l'uno ou iU» l'autre ^e et3
| deux aimées "»
— Voilà, conclut leju^fl, qm ust asser. net
(,l décisif, ut Jfl peii'»vl-)Urt voiii ne songerez
pas amerpliib longtemps coude l-evidencu.
Glaire et René, comme p>-tiiii >s, >e regar-
daient en silence, pui^ regardaient le juge.
On eut dit que l.i icuiire vouait de tomber
à leur» pied^.
Plaute Plantain jouit un ins-taut de leur
stupeur qu'il iulurpiétait a sa laçon, y voyant
un-aveu el l'embarras que leur «ausait la
découverte de leurs motîsongos, puis il prit
une autre pièee.
— Voici maintenant la réponse du ministère
de la guerre, ^
Les deux jeunes gens relevèrent la tête a7ec
une dernière lueur d'espoir.
« Il n'existe, lut le juge, aucune trace dsïa
présence sous les drapeaux, à titre d'officier -
ou même de simple soldat, d'un individu
nommé Louis-René Morisset, A l'époque dont
il s'agit, il y eut un volontaire du nom de.
JaGques-Louis Maurisseau. Il s'était engagé à
Tours, et cet individu, qui vit encore, est au-
jourd'hui sergèm-major dans la garde de
Paris à pied.
* Au siège de Sébastopol, il n'a été tuéaû-
cun soldat ni officier d'infanterie portant le
nom de Morisset, et il n'existe au ministère
de la guerre aucune trace de la présente de
cet homme sous les drapeaux, à une époque
antérieure ou postérieure. »
— Je pense, reprit le jug% d'instruction,
après un temps de silence destiné à bien gra-
ver les ternies de la réponse dans l'esprit dos
deux jeunes gens, je pense que la démoas-'
tration est complète.
Claire et René se taisaient.
La nuit se faisait dans leur cerveau.
Ils se voyaient victimes d'une aûVouso-fata-
lité, pris, broyés dans un engrenage, dont ils
sentaient les morsures sans en connaître la
cause.
On ne doit j an souffrir davantage pour
mourh 1
— Ma mère nous a menu, nous a trom-
pes»? pensaient-ils, mais pourquoi?
Et cette pensée leur déchirait lo coeur.
— Eli bien, reprit M. Plantain, vous vous
taisez? Qu'aver-\ous à répondre î
— Rien! murmura René, nous' sommes
perdus 1
— Prane* garde ! c'est un aveu !
— N«w», monsieur, répondit E?né froide-
ment, avec la somhre résignation éa déses-
poir, c'est une constatation,
— Nous verrons cela plus tard. Maintenant
que nous savons qui YCÛS n'êtes pas et com-
ment vous no vous appelez pas, dites-moi
jui vous êtes et quel est votre nom.
— Je l'ignoré !
— Vous ignorez comment s'appelait votre
mère, comment s'appelait votre père, ce qu'il
était, ce qu'il faisait, où et quand vous êtes
•nés?
— 3e l'ignore I Je vous al dit e« que je
'«avais, ce que je croyais !
— C'est insensé 1 «'est impossible I cela ne
s'est jamais vu.
— Cela est.
— Et vous, mademoiselle, serez-vous plus
franuhe? Je dois vous prévenir qu'il pèse des
soupçons terribles sur vous "doux, que votre
silence aggrave votre position, qu'avec da la
sincérité, griàce à voire jeunesse, vous pour-
ries obtenir quelque intérêt, quelque indul-
gence...
■ — Nous avons dit, mon frère et moi, ce que
nous savions, répondit lejitement Glaire.
Le juge eut. un geste de colère.
— Seulement...
.;;-r- Seutement^quoiîûtiàaùte Plantain. ;
1-^—■- Je contprcntla. pourquoi .-P5Laassassin»
notre nier*. Il'fallait prendre, il iallait dé'
traire.Ici papier* qui nous auraient appris e<
que nous élion»,. puisque nous ne soinmes pai
:ce,que îious croyons être, ajouta la.jeune-fl.il*
d^uvoixlent«. .;;::.; ; . :--;::: À', -
: ; -^- Ukinèii v- s'écria le, .■ jngev. la ; dispatitior
de ce coffret vous condamné encore. Vous : 1»
lerea ci-ôirtrois jours, après, la mort de. votre mèra.saiM
avoir eu ia curiosité de visiter ces papiers:
vous no ferez jamais croire que, vous igiioriei
leur disparition quand le commissaire^ dt
police a fait son enquête.,.; ;Vous; ue ferez
jamais croire que quelqu'un a pu pénètre»
dans votre domicile, la nuit, sans forcer la
porte, empoisonner votre, mère d|une façon si
étrange,: et se retirer; sans être entendu pat
l'un de vousi Vous ne ferez jamais croire a. ce
narcotique que vousauriezbu^ à votre propre
tiblé> sans vous en douter, sans ppuypbr indi-
quer la personne qui vous l'a versé, .puisque
yous étiez seuls avec votre mère, qui, certes,
ne se serait pas amusée à vous endormir, pour
qu'oniput ^assassiner plus facilement 1
■Oaireécoutait, froide et blanche comme une
statue de cire*
René, les yeiii baissés, la bouehè eéritractée,
livide, gardait le silence.
— Tous''ne répondez; rienl C'est bièni le
dois vous déclàrerque je suis obligé de trans-
former votre mandat de comparution en maii-
dat d'arfèstatïou.
Le frère et la soeur frémirent des pieds à la
tète. ' .;' "_/"'' , [
Lejuge sonna, et quatre gardés de Paris
entrèrent. .-,;;.-. ...
.À cette vue, Glaire poussa un cri d'angoisse
horrible, et se jetant dans les bras de R*né:
— Sauve-moil défends^atoi t s'ècria-t-elle.
René I oh ! ne m'abandonne pas l René.,,
Le jeune homme serra sa soeur ëbntw sa
poitrine, en regardant les gardes $u'nali «I
. farouene et al toUemint résolu,.qu'U y «ffttj>a
instant d'hésitation, et que ces homoMW, plus
insensibles et plus Indifférents qTue des ina-
cbines, reculèrent presque. ..?.,. ..-;.
•ri Monsieur, reprit, le juge^ jei vous préviens
que toute résistance serait inut-Ue. Elle aggra-
verait seuhment votre jpsitio.n-ettcelle. d«
votre soeur. Evitez uno scène pénible,^et "qui
ne peut produire que du mal pour ynnj»v^ :
René restaqiielquesiecondesiounobiU,pui»
ses bras 8e desserrèrent. . :.,..: .-.,
— Claire, dit-il avec des larmes danslavoix,
sois courageuse. On ne peut rien contre la
force. Adieu I
Il la couvrit de baisers et là repoussa
doucement. '.'.'■-'..';' ■ ' ;
Elle était presque évanouie, et ses yeux éga-
rés roulaient sous ses longues paupières.
Deux gardes la saisirent aussitôt.
En sentant leurs mains, elle tressaillit, se
redressa, voulut fuir.
- Ils l'emportèrent. ^ ;■ ,~
Eh la voyant dens leurs mains, René s'était
élancé, comme pour la leur reprendre, mais
deux larges atvvigourèuses" poignes/ eh Va-
bàttant sur ses épaules, 1B maintinrent sur
place et, qiîànd Claire eut disparu, H se laissa
emmener sans "résistance.''
— Allons I s'écria Plaute Plantali», jei^.jn'al
pas perdu ma. journée, je tiens les coupables.
Quand ils seront au secret, îàTàaçttQrjiiè "fera.
Ils. parleront, ils avoueront I On ésra «onteat
de moi. Je débute bien.
A.ARSOULD,
(A continuer.)
-SMlIT-ïMERRB/lO AOUT
Dépéohes. An CAbl».
Hew-lork, 6. —' ^OiiSitMionce d'Angletert
que le eointoRoseberr^sùccédera à M.eXIourl
ney commeaoûs-setretaire d'Etat» l'-intérieni
LoLoMi^e(< dans un artielesur le traitenien
dû Président Garfleld approuYO lus chirurgien
de
phineet stop état s'améliore progressivemen 1
■Lo Timeâ Claris sou article de tond sur 1
)
vît
ImiMÔme lecture est ûxéo à lundi.
On a repoussé les poursuites de M, Rrad
langh contre la police.
Lés nouvelles de France disaitt que dans ui
ducours prauonsé «"Tours, M. Ganibetta
luit l'apologie du «Cfutiit de liste, a reeom
atandé la réforme du S'énat, l'assuranceconlr
Wvie et Jes récoltes par l'Bliû eila rélbrm
-fridininiStiaUve.
New-'York, 8. —Les dorniers bulletins del:
eanté du président Garfiold disent quo l'excès
aive de samedi a nugraent la lièvre.
A. un-baitquot dorure au Mansion House, M
Gladstone 'a déinoutrô la nècassile de main
tenir l'Empire colonial ; M. Dright parlant d
la loi agraire a dit -qu'il ignorait le» aatende
ménts proposés par la Chambre des lords.
Los bruits alarmants qui circulent sur le 1
tirailleurs ont jeté l'inquiétude en Angleterre
-m'ais M: liante' a euvoye une dépêche rassu
Vante.
Uno dépêche du correspondant du Times s
Berlin remarque que le discours prononcé ré
eemiueT.t par M. Ganibetta à Tours côntredi
le ^'rogrài»u»e développa à Cahors portan
qu'il eôùWnâraîl le Sénat.
«—.r»a3»Q1a a ii
dès le jour (même de. son arres-
tation, non-seulement avec sa
famille, mais avec tous ses
amis (voir les Antilles) alors
que les autres prévenus n'ont
môme pu communiquer avec
le^rs parents ? Alors surtout
que M. Lota était inculpé d'un
crime comme les autres pi é-
venus puisqu'il était poursui-
YÏ, non-seulement pour coups
et blessures avec prémédita-
tion, mais f
2° Gomment se fait-il qu
M, le docteurMorestin ait reçi
une permission permanente
signée du Procureur de la Ré
publique Recoing, pour visite
M. Lota à la prison, quant
M. le docteur ïhaly, médecii
principal de la marine, es
médecin de la prison et qut
cette permission permanent*
ait été donnée, à son insu, à M
Morestin ? Gomment se lait-i
surtoutque le chef du parque
&it pu donner une pareille per
mission, alors que M. le juge
d'instruction Baudin était sais
de l'affaire depuis plusieurs
jours ?
3° Comment s« fait-il que
M. le j uge d'instruction Baudir
I n'ait jamais interrogé M. Lola
au cabinet d'instruction? Pour-
quoi passait-il par un chemin
secret pour aller interroger
ce prévenu à la prison, alors
qu'il faisait arrêter les autres
prévenus avec un luxe de gen-
darmes et un déploiement inu-
sité de force ?
4° Gomment se fait-il que
le sieur Lota ait été mis en
t liberté nrovisoire, alors qu'il
i
h.
en cours u-iïisiruuiiuu i
5° Gomment se fait-il que
le juge d'instruction se refuse
à entendre des citoyens hono-
rables qui sont prêts à déposer
des faits dont ils ont été té-
moins sous prétexte que ces
renseignements viennent du
journal les Colonies 9 Com-
ment expliquer qu'il se refuse
à connaître la vérité ? Les té-
moins indiqués par ce journal
seraient-ils moins véridiques
et plus passionnés que la dame
Lota, le sieur Glandut on h
sieur Lathifordière qui ont été
entendus dans l'information el
dont les seules déclaration?
ont amené l'arrestation de
nombreuses personnes?
6° Gomment se fait-il que
malgré les prescriptions for-
melles de la loi, on ait crû
devoir laisser enpriscn durant
plusieurs jours la pbpart des
inculpés sans être interrogés?
Ce qui fait qu'un innocent
comme Fulgence a pu faire
plusieurs jours de prison pré*
ventive ?
7° Gomment se fait-il qn'uTi
jeune homme infirme, M. Ful-
gence, ait été arrêté par ordre
de ce magistrat et détenu pen-
dant plusieurs jours en prison
puis^ mis immédiatement ei
liberté après son premier in-
terrogatoire qu'il a dû atten-
dre pendant cinq ou six jours,
contrairement aux prescrip-
tions de la loi qui veut que le
prévenu soit^ interrogé dans;
les vingt-quatre heures ?
- 8° Gomment se fait-il que"
le substitut du Procureur de
la République, M. Morati, ait
■ * * • :_j£ '
aient recommencé depuis la
mise en liberté de M. Lota ?
Cette reprise de délation n'a
échappé à personne.
10° Gomment se fait-il que
les rédacteurs du journal les
Antilles soient si bien au cou-
rant de la procédure qu'ils
puissent comme dans le der-
nier numéro du samedi 6 août
donner sur cette procédure
les plus minutieux détails?
L'instruction d'une affaire cri-
minelle ne serait-elle plus se
crête ou ne serait-elle secrètt
que pour les malheureux in
culpés du sac de la maisor
Lota?
Si tous ces faits qui attestenl
au plus haut point, sinon h
connivence, du moins une
bienveillance excessive de la
part du juge d'instruction el
des magistrats du parquet de
Saint-Pierre avec le sieur Lota
ou ses partisans, sont déniés,
nous demandons une enquête
immédiate, enquête qui révé-
lera d'autres faits aussi graves
mr la façon d'agir de ces ma^
'istrats et fera connaître en
nême temps par qui et pour-
pioi ils agissaient de la sorte.
BULLETIN POLITIQUE
Les débats de la Chambre .se sout ra-
entis el n'offrent plus un bien grand
utérêt. On sent, à la lecture des jour-
mux, que la vie est toute au dehors et
[ue les députés ont les yeux tournés
rets leurs circonscriptions.
Pourtant, les poursuites demandées
ontre M. Andrieux par Mme Eyben,
ictime des brutalités de la police des
noeurs et des accusalions d'immoralité
• rtées contre elle en pleine tribune par
s préfet de police, quoique repoussées
. une forte majorité, ont donné lieu à
t
■ "* i „
\JlL »UUUJU\J4jiio s,». - 1!,.* . ,^^
u'il fut poursuivi devant les tribunaux
ommeun simple factionnaire.
Le gouvernement n'a pas hésité à
ouvrir M. Andrieux. C'est M. Gazot
ui a rempli cette mauvaise besogne,
lais, avant lui, M. Andrieux a prononcé
u discours qui a produit un douîou-
fux étonnement, recommençant sans
îtié ;ï jeter l'outrage sur une femme, ,
vouant avec uu sans ge'ne édifiant que
s chef du parquet était venu lui de- ,
lander ce qu'il devait faire au sujet de |
: demande des poursuites. Etait-il pos- i
ble d'en dire plus long et de dévoiler I
'une façon moins inconsciente l'état <
s subordination dans laquelle vivent
irtains magistrats. Mais M. Andrieux
ni était démissionnaire de la veille,
n'a pas voulu quitter le pouvoir sans
commettre ûii dernier acte compromet
tant de maladresse.
Cela n'a pas empêché M. Gaiot d'op-
poser une fin absolue de noù-rficevoii
aux poursuites. Ne pouyant soutenir,
puisque l'article 75 de la Constitution
de l'an VIII est aboli, que Mme Eyben
n'avait pas le droit d'invoquer la res-
ponsabilité du préfet de police, le mi-
nistre a développé cette*^|bfese niou-
velle que le procureur général avait
seul qualité pour exercer des pour-
suites. Et ce qui prouve combien
celte thèse étrange, était absurde, des-
tructive de toute garantie contre les
abus de pouvoir des fonctionnaires,
c'est que M. Jolibois, le bonapartistevest
venu lui prêter l'appui de sa parole. La
Chambre a quand même; repoussé les
poursuites à une forte majorité. Elle a
voulu ménager \L Andrieux;.gui ayàit
donné de lui-même une démission que
lejgouvernementhésitait depuis si long-
temps;al ui demander; malgrô^ses Fautes
nombreuses et les réclamations;de toute
la presse républicaine.
■■'-*•'■
■■/■♦Y»-.
La loi sur la presse amendée, par le Sé-
nat, a été adoptée par la Chambre sans
discussion. Si comme pour la loi sur
l'instruction les monarchistes ne lui ont,
pas fait subir des modifications aussi
graves, il n'en est pas moins vrai qu'elle
comporte encore un grand nombre de.
dispositions illibérales et qu'elle est loin
de sanctionner ce que Ton appelle la
liberté de la presse. Malgré les efforts
et les protestations de M. Clemenceau
étde M. Anatole de la Forge, elle a été
votée sans discussion. Il est probable;
que la prochaine législature, brisant;
enfin toutes les vieilles entraves, don-
nera au pays une loi plus large, plus
démocratique, véritablementdigne d'un
ruptîon peuvent se produire avec le
Éode de scrutin cher au Sénat. Ainsi,
Ma pbi-t^ de îasalle du vote, des agent»
îlèGtoraux distribuaient aux électeurs
les bons d'argent et de3 bous de viu.
Ses poursuites ont jeté exercées et ont
imené 98 condamnations;pour corrup-f -■
iiori électorale i Mais il parait que c'es^,
'habitude à ôûihgamp,; cqtnine Pont
ivoué M. Olliviër MUniêrne, -MMvJoii-
>ois et Paul -de Gassagnàc qui sont
renus défendre leur coreligionnaire
politique. M. Joitbôis eut même la frauV :
ïliise dévouer que l'invatidatiou était
névitàble.- Telle a été aussi l'opinion
le laChamljre. ; > „ ■,:;;;; j-
À Marvejoîes, les choBesse sont passées
lutremént; mais l'élu, M. 'Pelisse avilit(
été sous-préfet dans ce département e1
iln'y avait pas six mois qu'il avait re-
noncé à ses fonctions.
La loi sur l'obligation de rinstructîoii
primaire amendée de la façon que l'on
sait est revenue devant la Chambré M.
Paul Bért adonné lecture de son rap-
port. Il conclut au maintien dti texte
primitif. Plusieurs passages ont été 1
accueillis par de chaleureux applau-
dissement», surtout celui dans lequel
le rapporteur fait allusion aux respon-
sabilités du Sénat devant l'opinion. If.
Jules Ferry retenu au Sénat, avait fait
demander le renvoi de la discussion.
Mais on peut dire dores et déjà que lo
projet, tel qu'il a été amendé, ne sera
point accepté par la Chambre.
» » .
Nous publions plus loin des fensei-
guemeuts sur la Tunisie et sur le sou-
lèvement d'un grand nombre ide tribus
arabes de l'Algérie. Ou craint pouf
notre belle colonie africaine déjà si
éprouvée, une des plus terribles insur-
rections q u'elle ait jamais eu à redouter.
lie', général Saussier a été nommé com-
mandant général aveG plein pouvoir
et s'est aussitôt embarqué pour l'A-
frique. Nous saurons bientôt si cet
afïicier, un des hommesles plus renom-
més de l'armée, est parvenu à rendre.la
sécurité à. notre colonie et à soumettre
es tribus révoltées.
On lit dans la Justice :
Nous recevons là communication sùi-
rante, qui vient confirmer nos té-
lexions: .. ...;-;;;■ .;; ;
« Les troubles ont éclaté aujourd'hui
ISaint-Pietre.» ■ ■ ^ ..... ,
« Le véritable texte m'a été commu-
niqué par le ministère de la marine ; »
« TrûubleadSaint-PierreU48<éïràn-
(iftrs à toute aiLestiûndeTatià* t:nr/1**
: t Viputtd»; io <^
ier du Gouverneur de la Martinique,
i dépêche suivante : '■ :^-/-,li^u
< Les troubles ont recp^ninençé ce
soir 19i sous prétexte dat meajaoeaj à
Hu rard. — L'intervention des troupei
a été nécessaire, et le rétablisse'ment
immédiat de l'ordre a été jeffecM
tans effusion du sang. Je maintiens les
troupes à Saint-Pierreet jerestepour
apprécier la situation, qui nç rù'&u*
pire plus de craintes^ malgré ùi alar-
mes exagérées d-unepartiede la popu-
lation. * ' ■■;::^:=.M .^,A
Ou le voit, M. le Gonverneûr ne s'est
as fait d'illusion.
i ■' ' i,—>^——Il FEU1LLETÔM
181 GlIlMlllil
IMES Q.RPHELIN»
Oti Plaute Plantain reçoit les renseigne-
ments attendus.
— Monsiemv reprit Plaute, vous avezdé-
olaré; ainsi que madrtnoiseiHe votie soeur,
quo lo nom de votre jtfre était Morisset.
— Certainement, répondirent les deux jeu-
nes gens.
— Que votre mère était née à Angers, pour-
suivit le juge d'instruction. Que vous y étiez
'^îéa vous-mêmes..,
— Àol, lo 18 avril 4850, et ma soeur le 9
janvier 1852.
'— Que votre more s'était mariée, 4 Angers
ioujouru, «u 1849.
— Ouï.
— ,Qûe votre père, Louis-Roné Morisset,
était lieutenant dans le 21° légiinent d'infan-
terie.
— G'etil exact, '
— Qu'il avait fait la campagne de Crimée,
et qu'il avait été tué à l'assaut de la ville de
Sebailopol.
— Oui, monsieur,
— Eh bien, tout cela ebt faux !
— Faux 1 répétèrent les deux orphelins,
— Autant d'aÛTrmatious, autant de men-
ison^eB !
— Monsiour, monsieur ! balbutia René, blê-
missant, que dites-vous là?
Claire &e rapprochait de lui, se serrait con-
tre lui, eomine si elle s>o sentait menacoe de
quoique djtij;
pathique «le fUiiLu-iMnitUni, d<)nt elle eût ri,
jtiiiuo iillc liuinvtix' ui inoqiiHiibO, ct'dunl ht
laidi'in .'1 prôs'îul ciugiuenUit ion insllitctivu
Iwienr.
— Joilis quo vous ne vous appelez pas Mo-
nssul, que volie moto n'osl pa«> née a Angers,
qu'elle ne s'y est pas uiarioo, que vous n'y êtes
pak nés voiti.-uiènios, que votre père n'etuil
])umt lifUloiianl dans t'atmeo iranç.iise, et
qu'il n'est pas mort au siège de Sebat,jtopoi ?
René, restait muet de surprise, ne sachant
si le juge se moquait de lui, ou si lui-môme
ne rêvait pas.
Ce lut Glaire qui reprit la parole.
— Mai3 alors, comment nous appelons-
nous? et qui sommes-nous? dit-elle en fai-
sant un violent effort pour reconquérir quelque
présence d'esprit^ et presque machinalement.
— C'est ce que je vous demanderai, made-
moiselle, répliqua Plaute avec une ironie san-
glante,
— Voyons, monsieur, s'écria René retrou-
vant enfin la parole, «'^st 'une plaisanterie,
n'est-ce pas 1.,, Je ne comprends ,pas. 1
— Vous faites l'ignorant? Très bienJ Voici
la lettre du maire d'Angers à gui j'avais Jait
écrire pour vérifier vos assertions :
Et Plantain lut, en appuyant fortement sur
les mots, en soulignant chaque phrase :
« Des recherches ordonnées par moi, il ré-
sulte que, sur les registres de l'état civil de la
commune d'Angers, il n'existe, en l'apnée
484&, aucune mention du mariage d'un nom-
raé Louis-René Morisset avec une personne
quelconque. Ce nom ne se trouve .nulle part,
ni en, 1849, m dans les registres de l'année
précédante, ni dans ceux de l'année suivante.
* Pour la naissance du nommé René-Fre-
dério et de la nommée Frédéncque-Glaire Mo-
risset, elle ne se trouve inscrite ni à la date
du t8 avril 1850, ni A cr»II» du 9 janvier 485Î,
ni à aucuno date de l'uno ou iU» l'autre ^e et3
| deux aimées "»
— Voilà, conclut leju^fl, qm ust asser. net
(,l décisif, ut Jfl peii'»vl-)Urt voiii ne songerez
pas amerpliib longtemps coude l-evidencu.
Glaire et René, comme p>-tiiii >s, >e regar-
daient en silence, pui^ regardaient le juge.
On eut dit que l.i icuiire vouait de tomber
à leur» pied^.
Plaute Plantain jouit un ins-taut de leur
stupeur qu'il iulurpiétait a sa laçon, y voyant
un-aveu el l'embarras que leur «ausait la
découverte de leurs motîsongos, puis il prit
une autre pièee.
— Voici maintenant la réponse du ministère
de la guerre, ^
Les deux jeunes gens relevèrent la tête a7ec
une dernière lueur d'espoir.
« Il n'existe, lut le juge, aucune trace dsïa
présence sous les drapeaux, à titre d'officier -
ou même de simple soldat, d'un individu
nommé Louis-René Morisset, A l'époque dont
il s'agit, il y eut un volontaire du nom de.
JaGques-Louis Maurisseau. Il s'était engagé à
Tours, et cet individu, qui vit encore, est au-
jourd'hui sergèm-major dans la garde de
Paris à pied.
* Au siège de Sébastopol, il n'a été tuéaû-
cun soldat ni officier d'infanterie portant le
nom de Morisset, et il n'existe au ministère
de la guerre aucune trace de la présente de
cet homme sous les drapeaux, à une époque
antérieure ou postérieure. »
— Je pense, reprit le jug% d'instruction,
après un temps de silence destiné à bien gra-
ver les ternies de la réponse dans l'esprit dos
deux jeunes gens, je pense que la démoas-'
tration est complète.
Claire et René se taisaient.
La nuit se faisait dans leur cerveau.
Ils se voyaient victimes d'une aûVouso-fata-
lité, pris, broyés dans un engrenage, dont ils
sentaient les morsures sans en connaître la
cause.
On ne doit j an souffrir davantage pour
mourh 1
— Ma mère nous a menu, nous a trom-
pes»? pensaient-ils, mais pourquoi?
Et cette pensée leur déchirait lo coeur.
— Eli bien, reprit M. Plantain, vous vous
taisez? Qu'aver-\ous à répondre î
— Rien! murmura René, nous' sommes
perdus 1
— Prane* garde ! c'est un aveu !
— N«w», monsieur, répondit E?né froide-
ment, avec la somhre résignation éa déses-
poir, c'est une constatation,
— Nous verrons cela plus tard. Maintenant
que nous savons qui YCÛS n'êtes pas et com-
ment vous no vous appelez pas, dites-moi
jui vous êtes et quel est votre nom.
— Je l'ignoré !
— Vous ignorez comment s'appelait votre
mère, comment s'appelait votre père, ce qu'il
était, ce qu'il faisait, où et quand vous êtes
•nés?
— 3e l'ignore I Je vous al dit e« que je
'«avais, ce que je croyais !
— C'est insensé 1 «'est impossible I cela ne
s'est jamais vu.
— Cela est.
— Et vous, mademoiselle, serez-vous plus
franuhe? Je dois vous prévenir qu'il pèse des
soupçons terribles sur vous "doux, que votre
silence aggrave votre position, qu'avec da la
sincérité, griàce à voire jeunesse, vous pour-
ries obtenir quelque intérêt, quelque indul-
gence...
■ — Nous avons dit, mon frère et moi, ce que
nous savions, répondit lejitement Glaire.
Le juge eut. un geste de colère.
— Seulement...
.;;-r- Seutement^quoiîûtiàaùte Plantain. ;
1-^—■- Je contprcntla. pourquoi .-P5Laassassin»
notre nier*. Il'fallait prendre, il iallait dé'
traire.Ici papier* qui nous auraient appris e<
que nous élion»,. puisque nous ne soinmes pai
:ce,que îious croyons être, ajouta la.jeune-fl.il*
d^u
: ; -^- Ukinèii v- s'écria le, .■ jngev. la ; dispatitior
de ce coffret vous condamné encore. Vous : 1»
lerea ci-ôirtrois jours, après, la mort de. votre mèra.saiM
avoir eu ia curiosité de visiter ces papiers:
vous no ferez jamais croire que, vous igiioriei
leur disparition quand le commissaire^ dt
police a fait son enquête.,.; ;Vous; ue ferez
jamais croire que quelqu'un a pu pénètre»
dans votre domicile, la nuit, sans forcer la
porte, empoisonner votre, mère d|une façon si
étrange,: et se retirer; sans être entendu pat
l'un de vousi Vous ne ferez jamais croire a. ce
narcotique que vousauriezbu^ à votre propre
tiblé> sans vous en douter, sans ppuypbr indi-
quer la personne qui vous l'a versé, .puisque
yous étiez seuls avec votre mère, qui, certes,
ne se serait pas amusée à vous endormir, pour
qu'oniput ^assassiner plus facilement 1
■Oaireécoutait, froide et blanche comme une
statue de cire*
René, les yeiii baissés, la bouehè eéritractée,
livide, gardait le silence.
— Tous''ne répondez; rienl C'est bièni le
dois vous déclàrerque je suis obligé de trans-
former votre mandat de comparution en maii-
dat d'arfèstatïou.
Le frère et la soeur frémirent des pieds à la
tète. ' .;' "_/"'' , [
Lejuge sonna, et quatre gardés de Paris
entrèrent. .-,;;.-. ...
.À cette vue, Glaire poussa un cri d'angoisse
horrible, et se jetant dans les bras de R*né:
— Sauve-moil défends^atoi t s'ècria-t-elle.
René I oh ! ne m'abandonne pas l René.,,
Le jeune homme serra sa soeur ëbntw sa
poitrine, en regardant les gardes $u'nali «I
. farouene et al toUemint résolu,.qu'U y «ffttj>a
instant d'hésitation, et que ces homoMW, plus
insensibles et plus Indifférents qTue des ina-
cbines, reculèrent presque. ..?.,. ..-;.
•ri Monsieur, reprit, le juge^ jei vous préviens
que toute résistance serait inut-Ue. Elle aggra-
verait seuhment votre jpsitio.n-ettcelle. d«
votre soeur. Evitez uno scène pénible,^et "qui
ne peut produire que du mal pour ynnj»v^ :
René restaqiielquesiecondesiounobiU,pui»
ses bras 8e desserrèrent. . :.,..: .-.,
— Claire, dit-il avec des larmes danslavoix,
sois courageuse. On ne peut rien contre la
force. Adieu I
Il la couvrit de baisers et là repoussa
doucement. '.'.'■-'..';' ■ ' ;
Elle était presque évanouie, et ses yeux éga-
rés roulaient sous ses longues paupières.
Deux gardes la saisirent aussitôt.
En sentant leurs mains, elle tressaillit, se
redressa, voulut fuir.
- Ils l'emportèrent. ^ ;■ ,~
Eh la voyant dens leurs mains, René s'était
élancé, comme pour la leur reprendre, mais
deux larges atvvigourèuses" poignes/ eh Va-
bàttant sur ses épaules, 1B maintinrent sur
place et, qiîànd Claire eut disparu, H se laissa
emmener sans "résistance.''
— Allons I s'écria Plaute Plantali», jei^.jn'al
pas perdu ma. journée, je tiens les coupables.
Quand ils seront au secret, îàTàaçttQrjiiè "fera.
Ils. parleront, ils avoueront I On ésra «onteat
de moi. Je débute bien.
A.ARSOULD,
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