Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1910-01-10
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 164718 Nombre total de vues : 164718
Description : 10 janvier 1910 10 janvier 1910
Description : 1910/01/10 (Numéro 10). 1910/01/10 (Numéro 10).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k288702f
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
# Année –3e Série N° 10
le. Numéro quotidien = SEINE & SEINE-Et-OISE: 15 centimes = DEPARTEMENTS 20 centimes
H. DE VÏLLEMESSANT
Fondateur » ̃
Gaston CALMETTE
Directeur-Gérant
HÉDACTION ADMINISTRATION
26, rue Drouot, Paris (9e Arr1)
ÀÉD&CTIOKr ADMINISTRATIQli
26, rue Drouot, Paris (9« Arrl>
TÉLEP1I0HE, Trois Jignss Kos 102.46 102.47 102,49
1 ABONNEMENT
Trois mois Fis mois Uo aa
Seine et Selne.ot-oise. 15 »30 » 60 »
Départements. i8T5 37 50 75 »
Union postale. 21 50 43 » 86 »
On s'abonna dans tous les Bureaux ae roue,
de France et d'Algérie.
POUR LA PUBLICITÉ
S'ADRESSER, 26, RUE DROUOT °'
iL'HOTELDU « FIGARO»
ET POOK LES ANNONCES ET RÉCLAMES
$hez MM. LAGRANGE, CERF & Cl*
• 8, place de la Bourse
« Loué par ceux-ci, blâmé par^eux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me hâte
de rire de tout. de peur d'être obligé d'en pleurer. » (BEAUMARCHAIS.)
S O ^C3S^ AIBB
L'Art de Vivre ABEL Bonnabd.
La Vie de Paris L'Ecole des candidats ••André
Beaunier.
Le prisonnier franco-anglais Louis La.tza.kus.
Côte d'Azur: COMTESSE E. APRAXINE.
Les Croix du 1" janvier.
Journaux et Revues A. B.
Le Monde religieux JULIEN DE NARFON:
Dessin Propos de chambrée FORAIN.
La Véridique histoire de « Chantec/er » Geor-
GES BOURDON.
Les Concerts Intérim.
Les Théâtres Monte-Carlo « An tar » J. DAR-
THENAY.
La Vie littéraire MARCEL BALLOT.
L'Art de Vivre
Dans la fuite d,e nos jours un chan-
gement d'année nous secoue et nous
éveille un peu, comme un pahot lorsque
l'on est en voiture. Bientôt le train ordi-
naire nous rendormira. Mais nous som-
mes encore assez près du début de l'an
pour faire quelques réflexions sur nous
et sur notre vie. Nous contemplons un
instant notre caractère; ce qu'alors nous
̃en découvrons nous surprend presque j
toujours; car, le plus souvent, il est j
pour nous comme un continent inex-
ploré et nous sommes à peu près, à son 1
sujet, tels qu'un monarque qui régnerait j
sur un. pays dont il n'aurait pas lacarte;
seules les résistances qu'on nous oppose
nous instruisent sur nos limites et notre
dessin ou bien, parfois, une émotion
plus intime éclate en nous, et nous aper-
cevons, à cette lueur, un de nos rivages.
.Nous n'en demandons pas plus; et sans
connaître vraiment ce que nous valons,
nous nous reposons sur ce sentiment,
que nous valons plus que les autres.
Mais c'est trop peu dire; non seule-
ment nous ne savons pas ce que nous
sommes, mais nous ne savons pas ce
qui nous fait. Nous nous figurons que
notre nature est quelque chose de donne
̃une fois- pour toutes, qui s'impose or-
gueilleusement à l'univers; fiers du
pouvoir qu'elle exerce, nous ne voulons
pas songer qu'elle subisse des influen-
ces nous sentons, que nous sommes des
causes, sans distinguer que nous som-
mes aussi des résultats; ou, tout au
plus, nous discernons l'effet qu'ont eu j
sur nous tels événements insignes, une
douleur, une maladie, un amour. Mais
-noosTO-rraûs défions pas de la. vie ordi-
^nairo. Nous croyons que là plupart des
minutes passent vainement; nous igno-
rons qu'il n'en est pas une qui, avant de i
s'enfuir, ne nous ait donné son atteinte. |
Nous nous croyons comme une statue
de marbre nous ressemblons, au con- |
traire, à ces molles ébauches jamais fi-
nies, sans cesse reprises, qu'on modifie
avec des boulettes de glaise. Ainsi les
petites sensations, les pensées minus-
.cules travaillent incessamment surnous, j
et chacune nous retouche ou nous dé-
grade; de sorte qu'à la fin il se trouve j
que nous sommes faits par tous les mo-
ments que nous avons oubliés.
L
Tout ce qui nous entoure est donc im-
'portant, puisque tout agit sur nous.
Seuls ceux dont l'âme est étroite et pau-
vre peuvent se vanter d'échapper à ces
influences; mais plus notre sensibilité
est étendue, plus est grande la place où
Ion peut nous atteindre, plus nous dé-
pendons de tout. Il n'y a rien dans le
monde de séparé et de découpé; tout
rayonne. Ce ne sont pas seulement les
saints qui ont une auréole; mais il en
émane une de chacun de nous, et il
n'est pas jusqu'aux choses qui ne déga- -|
gent aussi un nimbe modeste. L'objet
que nous touchons souvent finit par
modeler notre main. Ce que nous con-
templons assidûment se transporte en
nous l'âme refait tout ce qu'on lui mon-
tre. Celui qui vit en face d'un grand pay-
sage finit par avoir en soi les mêmes
sspaces calmes, les mêmes horizons
étendus et, à la ville, l'homme dont la
fenêtre s'ouvre sur le ciel aura plus de
rêveries. et se rattachera davantage au
temps qu'il fait que le malheureux qui
reste prisonnier dans un noir logis,
sans même avoir l'azur comme un jar-
din pour ses regards. Et l'homme qui
possède des chefs-d'œuvre serait moins
à envier, si ceux-ci n'étaient pas des
conseillers incessants, toujours bien-
faisants et toujours actifs, de manière
qu'au bout d'un temps, pour peu qu'elle
soit sensible, c'est notre âme qui est
peinte par les tableaux et sculptée par
les statués.
•̃ ;̃ ̃̃
Mais cette influence des choses sur
nous n'est rien auprès de celle qu'exer-
cent les gens qui nous entourent. Notre
caractère n'est que la réaction qu'ils pro-
voquent en nous et qui varie selon ce
qu'ils, sont eux-mêmes. Cela est si vrai
que la plupart d'entre nous n'ont pas un
caractère, mais plusieurs; ils en ont un
dans chacun des compartiments de leur
vie avec les indifférents, avec leurs in-
férieurs, avec leurs amis. Le plus souvent
nous ne saisissons qu'une de leurs faces
et c'est à tort que nous croyons qu'ils y
tiennent tout entiers. Que de femmes
avenantes et prévenantes révèlent sou-
dain, avec ceux qui dépendent d'elles,
une dureté et un égoïsme qu'on n'eût pu
prévoir; que d'hommes gracieux, affa-
.bles, dans la société, réservent à leur
ménage une brutalité que nul ne soup-
çonne. Mais, de ces caractères différents
que nous avons tous, le plus sincère est
assurément celui que nous avons chez
nous comme aussi; c'est de nos com-
pagnons. d'existence que dépend le
plus notre nature. Ceux qui nous en-
tourent font à notre âme- un véritable
climat, lui donnent une Sicile ou une
Sibérie, une patrie ou un exil; et, selon
ce qu'ils sont, cette âme prospérera dans
la joie et portera tous ses fruits, ou bien,
au contraire, contrariée, maudite et sté-
rile, souffrira sans qu'aucune de ses qua-
lités arrive à maturité. Et le plus nota-
ble, c'est que cet effet, propice ou fu-
neste, que les autres ont sur nous,, ne
dépend pas de leur intention des gens
qui nous aiment gênent et irritent notre
nature d'autres qui se soucient de nous
beaucoup moins nous sont bienfaisants
par leur seule présence, et, par leur
seule manière d'être, aident et secon-
dent la nôtre. Certains font de la caco-
phonie avec nous,.et d'autres de la mu-
sique certains nous flétrissent et nous
rabougrissent; d'autres, au contraire,
font briller en nous des qualités qui y
étaient latentes, mais qui ne s'y seraient
point révélées sans eux de sorte qu'on
peut dire qu'ils nous les donnent. De tels
sentiments d'antagonisme ou d'entente
n'ont rien à voir avec les mots que nous
échangeons; les grandes forces ner-
veuses se rencontrent en dehors et au-
dessous des paroles et savent bien traiter
entre elles sans leur entremise. Des
gens peuvent nous approuver sans cesse
qui ne nous auront jamais compris. Et
nous pouvons, au contraire, avoir des
amis avec qui nous nous disputons tout
le temps et que nous aimons, pour ainsi
dire, dans un combat; car même en
s'opposant à nous ils nous soutiennent,
et nos disputes sont pleines d'accord.
L'amour lui-même n'est que la rencontre
fortunée de deux êtres qui se complètent
si parfaitement qu'ils peuvent dire à la
lettre qu'ils n'existeraient pas l'un sans
l'autre. Il y a entre, les- humains des affi-
nités toutes pareilles à celles qu'on re-
marque entre les fleurs; certaines s'exal- ̃
tent et s'avivent mystérieusement d'àu-
tres, si on les rapproche, s'empoison-
nent l'une l'autre, et leurs parfums cor-
rompus ne sont plus que deux souffles
amers et décomposés.
#*#
Mais, à moins d'une grâce bien spé-
ciale, nous ne pouvons être entoures de
gens dont la nature coïncide si bien avec
la nôtre. C'est pourquoi la vie de tous les
jours est, pour la plupart d'entre nous,
une occasion d'amoindrissement. Il se
produit entre les êtres qui vivent en-
semble une sorte d'incompréhension
particulière; il se forme entre eux comme
un malaise électrique,- comme un orage
gênant; ils se froissent et se mécoii-
iiaissent; à force de se voir de trop près,
ils ne voient plus que ce qu'ils ont de
plus petit leurs défauts et leurs ri-
dicules la majesté de- leurs ânïes I-
leur échappe. Ils n'ont plus, les uns
pour les autres, que des présences
pauvres et fausses, où ils n'apportent
rien de ce qui fait leur valeur, ils devien-
nent plus susceptibles et moins sensi-
bles. lis se dégradent dans les querelles
et l'aigreur de tous les jours d'une façon
d'autant plus dangereuse qu'elle est
moins sensible; et leur caractère, jadis
net et beau, mais que chaque année nous
montre plus piètre, nous fait songer à
ces cuivres fatigués dont les graveurs
ne tirent que des épreuves toujours plus
viles et plus confuses.
C'est contre un tel péril que nous de-
vons être en garde. Nous devons empê-
cher notre caractère d'enlaidir et de gri-
macer nous ne devons pas permettre
aux tics des nerfs de remplacer les ex-
pressions de l'âme; à travers tous les
petits agacements quotidiens, nous de-
vons sauver notre sourire. Nous devons
nous défier de la vie de tous les jours,
nous surveiller et nous maintenir. Sans
doute, il est misérable de penser à soi
comme l'égoïste, obsédé de lui-même,
ou encore comme le vaniteux qui croit
| se cultiver ainsi qu'une plante rare. On
ne s'agrandit qu'en. s'oubliant; mais on
doit s'abandonner de grandes passions
et non à de petites manies. Et il est bon de
penser à soi, autant qu<«;'est pour respec-
ter'en soi ce qu'on y porte de plus honora-
ble et de plus humain. Nous devons em-
j pêcher desdéfauts fortuits de griffonner et
de raturer, jusqu'à le rendre illisible, le
beau texte sacré de notre cœur. Il nous
faut veiller à être bons, sereins, géné-
reux, dans les occasions infimes, et à
payer pour ainsi dire toutes les petites
dépenses de la vie avec de l'or il ne faut
pas donner de congé ni de dispense à
nos plus grandes qualités, il faut les faire
apparaître dans la vie ordinaire, dans la
1 vie mesquine car, en croyant les réser-
i ver, nous finirions, par les perdre, et il
nous faut les employer tout le temps, si
nous voulons les garder toujours.
Abel Bonnard.
LA VIE DE PARIS
L'ÉCOLE DES CflflDlDRTS
Faut-il l'avouer, je ne songeais pas trop à
devenir candidat, pour ces élections législa-
tives qui se préparent et qui vont répandre à
| flots terribles une éloquence qu'on devine
avec chagrin. Mais j'ai reçu un prospectus
bien engageant et le voici en sa teneur
i exacte, je n'y change pas un mot, c'est
trop beau ainsi
Monsieur, ̃'̃
A la veille de la grande consultation natio-
nale.
Aussitôt vibrent nos âmes citoyennes l.
nous avons l'honneur d'attirer tout particuliè-
rement votre attention sur une organisation nou-
I velle à l'usage des candidats.
Assurés du concours de vieux parlementaires
exercés et éprouvés, nous sommes à même de
vous mettre en état de pouvoir affronter le scrutin
sans crainte d'échec.
Oh! oh sans crainte d'échec ?. Voilà pré-
juger un peu de la libre et capricieuse fan-
taisie du monde électoral. Mais je les vois,
ces vieux parlementaires si exercés, retraités
sans doute,et qui brûlent de former une.jeu-
nesse politicienne pareille' à eux. • Vitçti lam-
pada. tradunt, comme disait ce Romain ïfs
passent, à leurs cadets le flambeau de la vie
parlementaire. Un mot seulement m'effraye
« éprouvés ». Je le redoutais et je ne ,veux
rien connaître des épreuves qu'ils ont subies.
Du reste, le prospectus ne dit pas. les noms
de ces députés émérites restez anonymes, ô
vieux parlementaires éprouvés vous vous
appelez, il me semble, légion, cela suffit.
Entièrement à vos ordres pour vous donner
verbalement tous les renseignements complémen-
taires, veuillez, etc.
Et puis, la signature. ̃
A côté de cette complaisante lettre, il y.- a
le programme de cette « école du député et
du conseiller municipal ». Il s'agit d'une
« nouvelle méthode pour exercer les>.candi-'
dats ». Et les rubriques sont jolies-: <
ART pratoire. Facilité d'élocution, correc-
tion résistance, sang-froid.
Tribune. Maintien, geste,. mnémotechnie.
PROPAGANDE klbctobale. Mécanisme géné-
ral, rédaction des programmes, organiss§tioa des
comités1.
C'est à merveille Il y a là de bonnes j
choses; il y en a même d'inutiles. La « cor-
rection » du langage oratoire n'est pas ce que
la démocratie montante recherche avec le
plus de curiosité dans les discours de ses en-
fants chéris. Et même, il est à craindre qu'un
langage trop correct ne déconcerte un peu
l'auditoire- si l'orateur emploie les mots selon
leur signification véritable, on ne le comprend'
dra pas et l'on dira qu'il est prétentieux!
Mais j'approuve qu'on enseigne au jeune eau-
didat la « résistance » et le « sang-froid » j
ces leçons ne lui serviront pas uniquement
durant la période électorale; il en. aura be- j
soin plus tard encore, s'il veut acquérir le re-
nom d'un vieux lutteur.
Les leçons seront données « au cachet ou â j
forfait », la circulaire ajoute poliment
« suivant capacités ». Ce n'est que justice. Il
y a de tout petits garçons qui font le déses-
poir de leurs parents et l'on remarque déjà
qu'ils ne pourront jamais être que députés.
Ceux-là sont doués; et, en peu de leçons, on
les aura mis au point. Et il y a des rêveurs,
'des poètes, des gens qui ne réussissent à
parler que de ce qu'ils savent, des esprits
zélés, scrupuleux, attentifs, discrets, judi-
cieux on aura de la peine à les préparer
pour le Parlement. ).
La circulaire ajoute encore ¡
Discrétion absolue.
Payement après réussite.
Et puis i
Choix considérable da littérature parlement j
taire. ̃̃
Littérature parlementaire, voilà une réu-
nion de mots bien étrange n'importe! ,j
-.littérature 'parlementaire de toutes nuances fj
harangues, improvisations, discours pour toutes
circonstances, inaugurations, comices, banquetSj
obsèques, etc., etc.
Quel scepticisme Mais enfin, la vie parle-
mentaire est ainsi faite. Il convient que le
professeur de candidature ne soit pas un
homme de parti et qu'il hésite nonchalam-
ment parmi les « nuances » de la polititique
contemporaine. Autrement, il faudrait qu'il y
eût un professeur pour chaque nuance; et
nulle école n'y suffirait, car notre époque si
prodigue a multiplié les couleurs d'abord et
puis les nuances de l'opinion républicaine.
Mais, comme on a raison de fournir à ce
jeune homme qui brigue nos suffrages les
«improvisations» » requises ainsi nous n'en-
tendrons pas un gaillard qui ânonne et qui
s'embrouille dans ses métaphores. Mais,
i quoi ? pour les banquets, ne compte-t-on plus
sur la chaleur communicative qui suffisait
1jadis à rudement animer M. Camille Pei-
le tan ? Et, quant aux « comices », n'y a-t-il
I pas un modèle du genre dans Madame Bo-
vary ?. Que leur faut-il, mon Dieu
Le directeur de cette école des candidats
m'excusera peut-être, si je lui signale, dans
| l'organisation de ses cours, deux lacunes, as-
sez importantes, ma foi, et qui risquent de
compromettre le succès de son œuvre, si at-
| trayante par ailleurs. Il manque à son école
une classe qu'on pourrait appeler « classe
du choix d'une opinion ». Ce n'est pas une
petite chose Et plus d'un candidat a échoué,
depuis que le suffrage universel fonctionne,
pour avoir mal choisi ses convictions. Il est
vrai qu'on peut en changer mais quelle fâ-
cheuse perte d'un temps précieux 1. In-
dispensable aussi, une « classe de pardon
des injures s. Le candidat n'a pas besoin
de posséder une quantité de vertus, non;
| mais la mansuétude-ilui est nécessaire man-
I suétude et longanimité, ce sera son exer-
cice spirituel de tous les jours. On le trainera
dans la boue, on l'accusera d'avoir tué son
père et sa mère, enivré son fils: on lui repro-
chera même d'avoir été à la messe du temps
que florissait soni;âge puéril. Et il devra sup-
porter ces outrages d'un cœur clément. Il faut
qu'on le prépare à ces travaux.
Or, les «vieux parlementaires éprouvés* en
savent là-dessus autant que possible!
André Beaunier.
Échos
1
La Température
Sous un ciel encore très couvert, il est tombé
hier sur Paris, aux premières heures de la ma-
tinée, une petite pluie fine, intermittente et
de courte durée. La température n'en a pas
été refroidie, mais l'atmosphère en a gardé
une fort désagréable humidité. Néanmoins, le
temps est très doux et le thermomètre qui,
vers sept heures du matin, marquait 5° au-
dessus de zéro, restait à 8° à cinq heures du
soir. La pression barométrique, peu variable,
accusait, à midi, -]-]omm2.
Les fortes pressions couvrent la moitié sud
et l'est du continent, avec des maxima, vers
Clermont-Ferrand, de 775mm.
Des pluies sont tombées dans le nord-
ouest de l'Europe;.en France, il a.plu à Cher-
bourg,, à Brest et à Nantes. Quant à la mer,
elle est très houleuse à la pointe de Bretagne.,
La température a monté dans l'ouest de
l'Europe; elle devient très basse dans le sud-
est. Hier matin, on notait au-dessous de zéro,
14° à Bucarest, 25° à Kiei en France, 20 éga-
lement au-dessous de zéro à Clermont-Fer-
rand, 5° au-dessus à Toulouse, 10° à Brest, à
Biarritz et à Alger.
Le temps va rester pluvieux et doux dans
le nord et l'ouest de la France.
(La température du 9 janvier 1909 était, à
Paris 4° au-dessus de zéro le matin et 6°
l'après-midi. Baromètre 758" temps cou-
vert.)
Monte-Carlo (terrasse du Casino). Tem-
pérature à dix heures du matin, 20°;.à midi,
̃220..
Nice. -A midi, 14° à trois heures, 14°;
Du New York Herald
A New-York Temps couvert. Tempéra-
ture maxima, 2° minima, 40. Vent ouest.
A Londres Temps couvert, rafales. Tem-
pérature maxima, 12°; minima, 7°. Baromè-
tre, 760?"°.
1LA LIBERTE DU REVOLVER
^>^ Un agent tué; trois blessés. Et à
peine l'assassin de la rue Aubry-le-
Boucher a-t-il achevé de décharger les
balles de son revolver sur les malheu-
reux agents qui lui donnaient la chasse
| au péril de leur vie, qu'ailleurs un vo-
leur de dix-sept ans est arrêté, porteur j
d'un revolver encore, et de balles blin-
s dées. Le même soir, bagarre à La Cha-
pelle. Des souteneurs sont aux prises, j
Coups de feu. Des balles viennent trouer, j
à vingt mètres de là, les vitres d'un bu-
reaù d'omnibus semant l'épouvante
parmi les voyageurs qu'aucun projectile,
par miracle, n'atteint.
Est-ceque ce sinistre jeu va continuer
j longtemps, et ne se trouvera-t-il pas,
à la Chambre, un député assez libéré
du souci des « grandes réformes » pour j
i penser à cette réforme toute petite, qu'à;
plusieurs reprises déjà nous avons ré- j
i clamée ici, et qui aurait l'avantage de
i satisfaire tout le monde. les malfai-
teurs exceptés la suppression de la
liberté du revolver?
Cela est vraiment incroyable. Dans j
l'intérêt de la santé publique, ou dans j
j celui de nos finances, toutes sortes d'in- j
dustries et de commerces ou sont inter-
dits ou sont soumis chez nous à l'étroite
surveillance des pouvoirs publics. 11
i faut s'adresser à l'Etat si l'on a besoin
d'allumettes, de tabac, de cartes à jouer;
on ne peut perdre aux courses son ar-
gent, voyager, boire certaines eaux mi-
nérales, exploiter une mine, exercer telle
j industrie, employer telle catégorie ;de
travailleurs que sous l'attentif contrôle
de l'Etat; un pharmacien commet un
délit s'il vend, sans ordonnance du
médecin, certains médicaments jugés
dangereux; mais n'importe qui peut
tenir boutique d'armes à feu; n'importe
qui peut acquérir, moyennant quelques
francs, le revolver dont il a besoin pour
:i se faire sauter la cervelle, ou pour tuer.
| Ce commerce-là est libre; libre à ce
point qu'il n'est pas un apache, à
Paris, qui ne soit pourvu de cet instru-
ment de travail, et qu'il est devenu très
rare que nos agents n'aient point à es-
suyer le feu du malfaiteur qu'ils pour-
suivent. Cela est passé dans nos mœurs,
et l'on ne s'en étonne même plus.
Nous réclamons, une fois de plus? la
fin d'un tel abus, qui est pour la sécurité
publique un péril de tous les jours, et
de toutes les nuits. Nous réclamons la
réglementation sévère de la vente des
armes à feu. Le pharmacien qui vend du
poison doit savoir à qui il le vend, et
pourquoi. L'armurier ne devrait, de
même, pouvoir vendre un revolver que
sur « ordonnance ». ou d'un magistrat
municipal ou d'un officier de police attes-
tant l'identité de l'acquéreur.
Nous avons créé le permis de chasse.
[ II serait grand temps qu'on s'occupât de
réglementer le permis de meurtre.
A Travers Paris
Un des vieux amis de M. de Selves, un
de ses électeurs de l'Académie des beaux-
arts, nous racontait hier ce trait piquant,
qui ne figure naturellementdans aucune
des graves biographies du nouvel im-
mortel, mais qui n'en mérite pas moins
d'être noté, pour l'histoire de la troi-
sième République.
Il y eut un jour. vers 1860, au lycée
d'Agen, une bataille mémorable entre
deux élèves de sixième, un petit, trapu
et rageur, et un blondin élancé, froid et
doux, mais énergique.
Les coups pleuvaient dru. Vainement
le surveillant avait déjà essayé d'arrêter 1
la lutte, lorsqu'un grand diable de rhé-
toricien, réputé pour sa force autant que
pour sa belle humeur, intervint.
Il sépara vigoureusement ses deux ca- j
marades et, les ayant campés à dix pas
l'un de l'autre, il leur fit, avec une verve
très applaudie de tous les assistants, un
délicieux petit discours en trois points
sur les bienfaits de « l'entente cordiale ».
Ce fut la première fois qu'on prononça
ce mot aujourd'hui historique.
Le petit potache rageur était Jean-Ju-
les Brun, aujourd'hui ministre de la
guerre; le blondin doux,- Justin de Sel-
ves, et le rhétoricien bon garçon, Ar-
mand Fallières.
Le monument Verlaine.
Paul Verlaine aurason monument cette
année. Si incroyable que soit cette nou-
velle, depuis quatorze années qu'il y a
un comité et qui se réunit, nous devons
y croire, parce que Mlle Marguerite
Gillot en fut témoin. On n'a pas oublié
que la jeune et gracieuse poétesse offrit
à la souscription pour le monument de
Verlaine les mille francs du prix de
poésie qu'elle obtint cet été au concours
de l'Odeon.
Donc, sa pieuse générosité aura eu
raison de la malchance du pauvre Lé-
lian « né sous le signe S aturne ». Voilà
bien en effet dix ans que le sculpteur
Niederhausern-Rodo a fait connaître la
maquette de son monument. Et jamais
il ne put l'exécuter sur le marbre, à cause
des empêchements matériels les plus.
extraordinaires.
l La f;clé.lité'' de M. Alfred Valette, en-
couragée par l'exemple de Mlle Margue-
rite Gillotr a, fini par remporter sur trop.
de collaborations inutiles. Les amis et
les admirateurs de Paul Verlaine qui
s'étaient réunis hier autour de sa tombe
dans le discret cimetière des Batignolles
ont tous été soulagés d'une tristesse an-
cienne en apprenant qu'ils pourraient
s'associer prochainement à la glorifica-
tion de leur grand et malheureux poète.
Pour les héros de .l'aviation.
Depuis que nous avons publié l'é-
mouvant appel de M. d'Estournelles de
Constant, président du groupe parle-
mentaire de l'aviation, pour élever dans
Paris un monument à la mémoire des
héros de la locomotion aérienne avec
l'inscription du nom de ces glorieuses
victimes, nous avons reçu de nos géné-
reux lecteurs plusieurs sommes destinées
à ce monument.
Nous en publierons demain la liste.
DE QUOI PARLER CETTE SEMAINE ?
Plus de baraques sur les boulevards plus
de reliures éclatantes aux devantures des li-
braires plus de cohue chez les confiseurs.
Paris a repris tout doucement sa vie de tous
les jours, en face d'un calendrier neuf, et l'on
recommence à parier d'autre chose que des
étrennes.
On parlera demain, pour commencer, de la
Chambre qui revient de vacances. On parlera
d'elle, en pensant que les vacances de Pâques
à l'occasion desquelles elle prendra défi-
nitivement congé' de nous ne sont plus,
Dieu merci, très loin
Et l'on parlera théâtre, beaucoup. Les ama-
teurs du vieux Palais-Royal évoqueront La-
biche, à propos de cette reprise de la Ca-
gnotte, qui les ravit. Les musiciens discute-
ront autour de Paillasse, que va nous donner
l'Opéra-Comique, et la reprise de Phrynè j
amènera les conversations sur Saint-Saëns,
ses projets, son séjour au Caire.
Les moliéristes fêteront à la Comédie-Fran-
çaise l'anniversaire de leur dieu; et, à propos
du Mariage d'Angélique, on parlera de Pon
sard.
Mais on parlera surtout de Chantecler, des
« générales », commencées aujourd'hui, et du i
prochain « grand soir », où tout Paris, en ré-
volution, ira faire le siège de la Porte-Saint-
Martin
-o~-o-
Les dons magnifiques.
Mme la princesse de Polignac vient de
donner une nouvelle preuve de l'intérêt
qu'elle porte si intelligemment et si gé-
néreusement aux œuvres d'assistance
sociale, en offrant un terrain de quatre
mille mètres dans le treizième arrondis-
sement et une somme d'un demi-million,
pour la construction d'un groupe d'im-
meubles et l'aménagement de jardins,
réservés aux familles d'ouvriers.
Elle s'est adressée à M. Georges Vau-
doyer, l'architecte qui vient de bâtir à
Paris, rue Laplace, près du Panthéon,
pour l'œuvre du « Foyer » que préside
M. Fouret, une maison aux logements
du type à la fois confortable et coquet
que réclame Mme de Polignac, et à
Epinay-sur-Seine, pour la coopérative
« Chacun chez soi », fondée et patronnée
par M. Willy Blumenthal, quarante
villas entourées de jolis jardins.
Il s'agit de combiner tout cela dans la
pittoresque cité du treizième arrondisse-
ment, dont tous les plans ont été arrêtés
hier et dont on va commencer les tra-
vaux.
Le terrain en question est situé rue de
I la Colonie, à proximité de l'hôpital de la
Société de Secours aux blessés.
L'immeuble comprendra deux corps
de bâtiments, séparés par une grande
cour plantée d'arbres. Cet ensemble cou-
vrira deux mille mètres carrés.
C'est sur les deux mille mètres restant
que seront dessinés les jardins, enclos de
grilles, individuels et disposés au gré
des locataires.
Il y aura dix jardins et, dans le groupe
d'immeubles, quatre-vingts logements
composés chacun d'une entrée, d'une
salle à manger, d'une cuisine, de une,
deux ou trois chambres, de cabinet de
| débai'ras, etc., puis un lavoir, des bains,
une salle de conférences. Et le logeinent
le plus cher sera de 450 francs.
ICDOC~
INSTANTANÉ
Max DEARLY
Son nom le définit à merveille. Max, syllabe
nette, coupante, métallique, indique la fan-
taisie, l'autorité Dearly, au contraire, avec
ses deux syllabes pleines, larges et adoucies,
résume le charme, l'élégance et l'émotion.
Max Dearly a donc cette originalité de s'a-
I nalyscr lui-même, en trois temps. Et rien ne
flotte, rien ne tombe. C'est de l'acier.
On le connait, preste ou flegmatique, em-
pesé ou disloqué, les traits en triple airain
ou en caoutchouc. Sa fantaisie n'a pas de li-
I mites et son tact et sa discrétion ne sont pas
i moins précieux que sa fantaisie.
Pour tout cela, il est l'artiste le plus origi-
nal et le plus sûr. Il crée le Saint Guillaume
de Chonchette et le,.jockey de la Revue des
Variétés. Et quelles transformations dans
l'opérette et puis le fameux Blond, Sherlock
à rebours, et maintenant l'huissier Lebelloy.
Dans Un Ange, la délicieuse comédie de Capus,
vous le voyez chaque soir « instrumenter ».
Un homme orchestre et qui à lui seul pourrait
faire tout le succès.
Avec cela, the smarttst gentleman, à ce
point qu'il a un peu abandonné l'automobile
pour le cheval. Et il est propriétaire d'une
écurie de courses, fort bien cotée sur le
betting. «^
Max Dearly ne fait rien à moitié, et quand
il lui plaira de monter ses pur sang.
Les frères quelquefois ennemis.
M. Eugène Descaves, le sympathique
officiel- de paix décoré hier, et que con-
L naissent bien les Parisiens qui fréquen-
tent les champs de courses, est aussi,
L comme son frère, le littérateur, un bi-
i bliophile diligent. Etroitement unis par
3 une inaltérable affection, il leur arrive
3. fréquemment de se rencontrer chez' le
libraire, après la lecture d'un catalogue
dont quelques numéros., ont excité leurs
convoitises..
3. Dernièrement,. M. Lucien, Descaves
confiait à l'un de ses amis sa plus ré
cente déconvenue.
Figurez-vous queje recherchais de-
puis longtemps cette édition. Je croyais
la tenir. Mais un animal s'était levé
plus tôt que moi et me l'avait ravie.
Vous- le connaissez? `'
Si je le connais? Je crois bien
c'est mon l'rère
La protection des voyageurs.
Nous recevons la lettre suivante
Ce n'est pas sans une légitime émotion que
fai lu le Figaro du 8 janvier et que je
le vois approuver la thèse soutenue par une
« Fidèle Abonnée » ennemie de la libre com-
munication entre les voitures des différentes
classes. Rendue horriblement peureuse par
l'affreux crime do Brunoy, je suis de celles
qui désirent pouvoir circuler dans tous les
wagons d'un train. J'aime mieux parfois me
réfugier en seconde ou en troisième classe
que de rester isolée dans la voiture de pre-
mière où j'ai pris place alors que les voya-
geurs y étaient nombreux, tout me semble pré-
férable à la solitude, même les insupporta-
bles fumeurs ou les enfants bruyants el re-
muants.
Les trains anglais où je suis enfermée me
causent une pénible angoisse, tandis que je
voyage avec confiance dans nos grands rapi-
des français où la circulation est facile d'un
bout à l'autre et la surveillance constante.
Je prie donc le Figaro de ne pas faire cam-
pagne contre « le soufilot », de ne pas de-
mander que nous soyons parqués dans des
wagons dont nous ne pourrons sortir pen-
dant la marche du train. Il serait plus utile
de réclamer l'établissement dans tous les
compartiments d'une sonnette d'alarme dont
sont trop souvent privés ceux des voitures à
couloir.
UNE ABONNÉE « ASSIDUE ».
Nous ne pouvons que transmettre aux
administrations compétentes cette opi-
nion qui nous semble profondément
juste..
Chantecler en volume.
Chantecler ne paraîtra pas in extenso
en une brochure de la collection tluVi-
traie de l'Illustration. Il a été, en eiïet,
convenu d'un commun accord entre MM.
Edmond Rostand, Eugène Fasquelle et
René Baschet, que cette publication au-
rait lieu à raison d'un acte par semaine
dans le corps même du journal et dans
son grand format, en quatre numéros
d'un prix exceptionnel. De cette façon,
la pièce sera donnée aux abonnés de
V Illustration sans nuire à l'édition de
Chantecler en volume, dont plus de de ix
cent mille exemplaires sont déjà retenus
chez l'éditeur Fasquelle.
L,e concours de beauté, de l'Olympia.
Leigrand succès du nouveau spectacle
de l'Olympia tient certainement a la
ferveur des Parisiens pour la beauté.
L'idéal .féminin s'y incarne en quatre
artistes, de types bien différents et cha-
cun d'une extrême pureté 1° La belle
Léonora, qui est Psyché elle-même,
dans le délicieux ballet de Gurti 2°Théo-
dora Girard, cette si voluptueuse Vénus
3° la Cornilla. un Cupidon descendu d'un li
médaillon de Boucher; 4° cette fine et
jolie Ludmila Schollar, qui ne se con-
tente pas d'être la première danseuse
du Théâtre impérial de Saint-Péters-
bourg, mais qui est aussi la plus ado-
rable danseuse du monde. Si, dans les
salles bondées chaque soir, on consti-
tuait un jury, il se mettrait difficilement
d'accord pour l'attribution du premier
prix à décerner entre ces quatre artis-
tes. Il ne pourrait que les mettre hors
concours, toutes les quatre.
--oo~
Nouvelles à la Main
Le procès du vieux ramasseur de bouts
de cigare.
Les agents vous ont vu passer et
repasser devant les cafés.
Le passage à tabac.
x
L'accusation est formelle.
Elle est fausse, fausse, de bouts en
bouts.
?*
Le président. Vous ne pouviez pas
ramasser seul autant de tabac?
J'avais des aides, des aller-mégots.
Le Masque de Fer.
V.
~1/2 ~r
LE
| PRISDHNIER -FRAHG0-AH6LAIS
Ernest Acquarone, ayant été condamné
à deux ans de prison, fut envoyé à la
maison centrale de Glairvaux, où il vé-
cut paisiblement jusqu'au G décembre
dernier. Ce jour-là, le directeur le tit ap-
peler et lui dit
Prisonnier Acquarone, nous allons
nous séparer. C'est dans huit jou«s, le
14 décembre exactement, que vous aarez
achevé votre peine. Mais vous partirez
1 aCdeve vo peine. d vous p~11-tirc~z
dès aujourd'hui. En effet, il faut que
vous vous rendiez à la prison de Bou-
logne-sur-Mer. La justice anglaise vous
réclame. Il parait, prisonnier Acqua-
rone, que vous vous appclez'Holt, et que
vous avez abusé de la couliar.ee -d'un ci-
toyen anglais. Vous serez donc extradé.
De Boulogne vous n'aurez qu'à traverser
la Manche pour vous trouver en terre
britannique. Avez-vou& de l'argent, pri-
sonnier Acquarone?
Le prisonnier Acquarone n'avait pas
d'argent. Il le confessa sans embarras.
Alors, dit le directeur, vous serez
conduit à pied dans votre nouvelle pri-
son. Les gendarmes vous mèneront de
brigade en brigade jusqu'à Boulogne-
sur-Mer. Adieu, prisonnier Acquarone.
Et le prisonnier Acquarone, qui s'ap-
pelle peut-être Holt, s'en alla sur les
routes, entre deux soldats de la maré-
chaussée. Le ^4 décembre, le gardien-
chef de la prison de Boulogne le reçut
et l'enferma incontinent.
.Lés détectives an glaisviendront de-
le. Numéro quotidien = SEINE & SEINE-Et-OISE: 15 centimes = DEPARTEMENTS 20 centimes
H. DE VÏLLEMESSANT
Fondateur » ̃
Gaston CALMETTE
Directeur-Gérant
HÉDACTION ADMINISTRATION
26, rue Drouot, Paris (9e Arr1)
ÀÉD&CTIOKr ADMINISTRATIQli
26, rue Drouot, Paris (9« Arrl>
TÉLEP1I0HE, Trois Jignss Kos 102.46 102.47 102,49
1 ABONNEMENT
Trois mois Fis mois Uo aa
Seine et Selne.ot-oise. 15 »30 » 60 »
Départements. i8T5 37 50 75 »
Union postale. 21 50 43 » 86 »
On s'abonna dans tous les Bureaux ae roue,
de France et d'Algérie.
POUR LA PUBLICITÉ
S'ADRESSER, 26, RUE DROUOT °'
iL'HOTELDU « FIGARO»
ET POOK LES ANNONCES ET RÉCLAMES
$hez MM. LAGRANGE, CERF & Cl*
• 8, place de la Bourse
« Loué par ceux-ci, blâmé par^eux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me hâte
de rire de tout. de peur d'être obligé d'en pleurer. » (BEAUMARCHAIS.)
S O ^C3S^ AIBB
L'Art de Vivre ABEL Bonnabd.
La Vie de Paris L'Ecole des candidats ••André
Beaunier.
Le prisonnier franco-anglais Louis La.tza.kus.
Côte d'Azur: COMTESSE E. APRAXINE.
Les Croix du 1" janvier.
Journaux et Revues A. B.
Le Monde religieux JULIEN DE NARFON:
Dessin Propos de chambrée FORAIN.
La Véridique histoire de « Chantec/er » Geor-
GES BOURDON.
Les Concerts Intérim.
Les Théâtres Monte-Carlo « An tar » J. DAR-
THENAY.
La Vie littéraire MARCEL BALLOT.
L'Art de Vivre
Dans la fuite d,e nos jours un chan-
gement d'année nous secoue et nous
éveille un peu, comme un pahot lorsque
l'on est en voiture. Bientôt le train ordi-
naire nous rendormira. Mais nous som-
mes encore assez près du début de l'an
pour faire quelques réflexions sur nous
et sur notre vie. Nous contemplons un
instant notre caractère; ce qu'alors nous
̃en découvrons nous surprend presque j
toujours; car, le plus souvent, il est j
pour nous comme un continent inex-
ploré et nous sommes à peu près, à son 1
sujet, tels qu'un monarque qui régnerait j
sur un. pays dont il n'aurait pas lacarte;
seules les résistances qu'on nous oppose
nous instruisent sur nos limites et notre
dessin ou bien, parfois, une émotion
plus intime éclate en nous, et nous aper-
cevons, à cette lueur, un de nos rivages.
.Nous n'en demandons pas plus; et sans
connaître vraiment ce que nous valons,
nous nous reposons sur ce sentiment,
que nous valons plus que les autres.
Mais c'est trop peu dire; non seule-
ment nous ne savons pas ce que nous
sommes, mais nous ne savons pas ce
qui nous fait. Nous nous figurons que
notre nature est quelque chose de donne
̃une fois- pour toutes, qui s'impose or-
gueilleusement à l'univers; fiers du
pouvoir qu'elle exerce, nous ne voulons
pas songer qu'elle subisse des influen-
ces nous sentons, que nous sommes des
causes, sans distinguer que nous som-
mes aussi des résultats; ou, tout au
plus, nous discernons l'effet qu'ont eu j
sur nous tels événements insignes, une
douleur, une maladie, un amour. Mais
-noosTO-rraûs défions pas de la. vie ordi-
^nairo. Nous croyons que là plupart des
minutes passent vainement; nous igno-
rons qu'il n'en est pas une qui, avant de i
s'enfuir, ne nous ait donné son atteinte. |
Nous nous croyons comme une statue
de marbre nous ressemblons, au con- |
traire, à ces molles ébauches jamais fi-
nies, sans cesse reprises, qu'on modifie
avec des boulettes de glaise. Ainsi les
petites sensations, les pensées minus-
.cules travaillent incessamment surnous, j
et chacune nous retouche ou nous dé-
grade; de sorte qu'à la fin il se trouve j
que nous sommes faits par tous les mo-
ments que nous avons oubliés.
L
Tout ce qui nous entoure est donc im-
'portant, puisque tout agit sur nous.
Seuls ceux dont l'âme est étroite et pau-
vre peuvent se vanter d'échapper à ces
influences; mais plus notre sensibilité
est étendue, plus est grande la place où
Ion peut nous atteindre, plus nous dé-
pendons de tout. Il n'y a rien dans le
monde de séparé et de découpé; tout
rayonne. Ce ne sont pas seulement les
saints qui ont une auréole; mais il en
émane une de chacun de nous, et il
n'est pas jusqu'aux choses qui ne déga- -|
gent aussi un nimbe modeste. L'objet
que nous touchons souvent finit par
modeler notre main. Ce que nous con-
templons assidûment se transporte en
nous l'âme refait tout ce qu'on lui mon-
tre. Celui qui vit en face d'un grand pay-
sage finit par avoir en soi les mêmes
sspaces calmes, les mêmes horizons
étendus et, à la ville, l'homme dont la
fenêtre s'ouvre sur le ciel aura plus de
rêveries. et se rattachera davantage au
temps qu'il fait que le malheureux qui
reste prisonnier dans un noir logis,
sans même avoir l'azur comme un jar-
din pour ses regards. Et l'homme qui
possède des chefs-d'œuvre serait moins
à envier, si ceux-ci n'étaient pas des
conseillers incessants, toujours bien-
faisants et toujours actifs, de manière
qu'au bout d'un temps, pour peu qu'elle
soit sensible, c'est notre âme qui est
peinte par les tableaux et sculptée par
les statués.
•̃ ;̃ ̃̃
Mais cette influence des choses sur
nous n'est rien auprès de celle qu'exer-
cent les gens qui nous entourent. Notre
caractère n'est que la réaction qu'ils pro-
voquent en nous et qui varie selon ce
qu'ils, sont eux-mêmes. Cela est si vrai
que la plupart d'entre nous n'ont pas un
caractère, mais plusieurs; ils en ont un
dans chacun des compartiments de leur
vie avec les indifférents, avec leurs in-
férieurs, avec leurs amis. Le plus souvent
nous ne saisissons qu'une de leurs faces
et c'est à tort que nous croyons qu'ils y
tiennent tout entiers. Que de femmes
avenantes et prévenantes révèlent sou-
dain, avec ceux qui dépendent d'elles,
une dureté et un égoïsme qu'on n'eût pu
prévoir; que d'hommes gracieux, affa-
.bles, dans la société, réservent à leur
ménage une brutalité que nul ne soup-
çonne. Mais, de ces caractères différents
que nous avons tous, le plus sincère est
assurément celui que nous avons chez
nous comme aussi; c'est de nos com-
pagnons. d'existence que dépend le
plus notre nature. Ceux qui nous en-
tourent font à notre âme- un véritable
climat, lui donnent une Sicile ou une
Sibérie, une patrie ou un exil; et, selon
ce qu'ils sont, cette âme prospérera dans
la joie et portera tous ses fruits, ou bien,
au contraire, contrariée, maudite et sté-
rile, souffrira sans qu'aucune de ses qua-
lités arrive à maturité. Et le plus nota-
ble, c'est que cet effet, propice ou fu-
neste, que les autres ont sur nous,, ne
dépend pas de leur intention des gens
qui nous aiment gênent et irritent notre
nature d'autres qui se soucient de nous
beaucoup moins nous sont bienfaisants
par leur seule présence, et, par leur
seule manière d'être, aident et secon-
dent la nôtre. Certains font de la caco-
phonie avec nous,.et d'autres de la mu-
sique certains nous flétrissent et nous
rabougrissent; d'autres, au contraire,
font briller en nous des qualités qui y
étaient latentes, mais qui ne s'y seraient
point révélées sans eux de sorte qu'on
peut dire qu'ils nous les donnent. De tels
sentiments d'antagonisme ou d'entente
n'ont rien à voir avec les mots que nous
échangeons; les grandes forces ner-
veuses se rencontrent en dehors et au-
dessous des paroles et savent bien traiter
entre elles sans leur entremise. Des
gens peuvent nous approuver sans cesse
qui ne nous auront jamais compris. Et
nous pouvons, au contraire, avoir des
amis avec qui nous nous disputons tout
le temps et que nous aimons, pour ainsi
dire, dans un combat; car même en
s'opposant à nous ils nous soutiennent,
et nos disputes sont pleines d'accord.
L'amour lui-même n'est que la rencontre
fortunée de deux êtres qui se complètent
si parfaitement qu'ils peuvent dire à la
lettre qu'ils n'existeraient pas l'un sans
l'autre. Il y a entre, les- humains des affi-
nités toutes pareilles à celles qu'on re-
marque entre les fleurs; certaines s'exal- ̃
tent et s'avivent mystérieusement d'àu-
tres, si on les rapproche, s'empoison-
nent l'une l'autre, et leurs parfums cor-
rompus ne sont plus que deux souffles
amers et décomposés.
#*#
Mais, à moins d'une grâce bien spé-
ciale, nous ne pouvons être entoures de
gens dont la nature coïncide si bien avec
la nôtre. C'est pourquoi la vie de tous les
jours est, pour la plupart d'entre nous,
une occasion d'amoindrissement. Il se
produit entre les êtres qui vivent en-
semble une sorte d'incompréhension
particulière; il se forme entre eux comme
un malaise électrique,- comme un orage
gênant; ils se froissent et se mécoii-
iiaissent; à force de se voir de trop près,
ils ne voient plus que ce qu'ils ont de
plus petit leurs défauts et leurs ri-
dicules la majesté de- leurs ânïes I-
leur échappe. Ils n'ont plus, les uns
pour les autres, que des présences
pauvres et fausses, où ils n'apportent
rien de ce qui fait leur valeur, ils devien-
nent plus susceptibles et moins sensi-
bles. lis se dégradent dans les querelles
et l'aigreur de tous les jours d'une façon
d'autant plus dangereuse qu'elle est
moins sensible; et leur caractère, jadis
net et beau, mais que chaque année nous
montre plus piètre, nous fait songer à
ces cuivres fatigués dont les graveurs
ne tirent que des épreuves toujours plus
viles et plus confuses.
C'est contre un tel péril que nous de-
vons être en garde. Nous devons empê-
cher notre caractère d'enlaidir et de gri-
macer nous ne devons pas permettre
aux tics des nerfs de remplacer les ex-
pressions de l'âme; à travers tous les
petits agacements quotidiens, nous de-
vons sauver notre sourire. Nous devons
nous défier de la vie de tous les jours,
nous surveiller et nous maintenir. Sans
doute, il est misérable de penser à soi
comme l'égoïste, obsédé de lui-même,
ou encore comme le vaniteux qui croit
| se cultiver ainsi qu'une plante rare. On
ne s'agrandit qu'en. s'oubliant; mais on
doit s'abandonner de grandes passions
et non à de petites manies. Et il est bon de
penser à soi, autant qu<«;'est pour respec-
ter'en soi ce qu'on y porte de plus honora-
ble et de plus humain. Nous devons em-
j pêcher desdéfauts fortuits de griffonner et
de raturer, jusqu'à le rendre illisible, le
beau texte sacré de notre cœur. Il nous
faut veiller à être bons, sereins, géné-
reux, dans les occasions infimes, et à
payer pour ainsi dire toutes les petites
dépenses de la vie avec de l'or il ne faut
pas donner de congé ni de dispense à
nos plus grandes qualités, il faut les faire
apparaître dans la vie ordinaire, dans la
1 vie mesquine car, en croyant les réser-
i ver, nous finirions, par les perdre, et il
nous faut les employer tout le temps, si
nous voulons les garder toujours.
Abel Bonnard.
LA VIE DE PARIS
L'ÉCOLE DES CflflDlDRTS
Faut-il l'avouer, je ne songeais pas trop à
devenir candidat, pour ces élections législa-
tives qui se préparent et qui vont répandre à
| flots terribles une éloquence qu'on devine
avec chagrin. Mais j'ai reçu un prospectus
bien engageant et le voici en sa teneur
i exacte, je n'y change pas un mot, c'est
trop beau ainsi
Monsieur, ̃'̃
A la veille de la grande consultation natio-
nale.
Aussitôt vibrent nos âmes citoyennes l.
nous avons l'honneur d'attirer tout particuliè-
rement votre attention sur une organisation nou-
I velle à l'usage des candidats.
Assurés du concours de vieux parlementaires
exercés et éprouvés, nous sommes à même de
vous mettre en état de pouvoir affronter le scrutin
sans crainte d'échec.
Oh! oh sans crainte d'échec ?. Voilà pré-
juger un peu de la libre et capricieuse fan-
taisie du monde électoral. Mais je les vois,
ces vieux parlementaires si exercés, retraités
sans doute,et qui brûlent de former une.jeu-
nesse politicienne pareille' à eux. • Vitçti lam-
pada. tradunt, comme disait ce Romain ïfs
passent, à leurs cadets le flambeau de la vie
parlementaire. Un mot seulement m'effraye
« éprouvés ». Je le redoutais et je ne ,veux
rien connaître des épreuves qu'ils ont subies.
Du reste, le prospectus ne dit pas. les noms
de ces députés émérites restez anonymes, ô
vieux parlementaires éprouvés vous vous
appelez, il me semble, légion, cela suffit.
Entièrement à vos ordres pour vous donner
verbalement tous les renseignements complémen-
taires, veuillez, etc.
Et puis, la signature. ̃
A côté de cette complaisante lettre, il y.- a
le programme de cette « école du député et
du conseiller municipal ». Il s'agit d'une
« nouvelle méthode pour exercer les>.candi-'
dats ». Et les rubriques sont jolies-: <
ART pratoire. Facilité d'élocution, correc-
tion résistance, sang-froid.
Tribune. Maintien, geste,. mnémotechnie.
PROPAGANDE klbctobale. Mécanisme géné-
ral, rédaction des programmes, organiss§tioa des
comités1.
C'est à merveille Il y a là de bonnes j
choses; il y en a même d'inutiles. La « cor-
rection » du langage oratoire n'est pas ce que
la démocratie montante recherche avec le
plus de curiosité dans les discours de ses en-
fants chéris. Et même, il est à craindre qu'un
langage trop correct ne déconcerte un peu
l'auditoire- si l'orateur emploie les mots selon
leur signification véritable, on ne le comprend'
dra pas et l'on dira qu'il est prétentieux!
Mais j'approuve qu'on enseigne au jeune eau-
didat la « résistance » et le « sang-froid » j
ces leçons ne lui serviront pas uniquement
durant la période électorale; il en. aura be- j
soin plus tard encore, s'il veut acquérir le re-
nom d'un vieux lutteur.
Les leçons seront données « au cachet ou â j
forfait », la circulaire ajoute poliment
« suivant capacités ». Ce n'est que justice. Il
y a de tout petits garçons qui font le déses-
poir de leurs parents et l'on remarque déjà
qu'ils ne pourront jamais être que députés.
Ceux-là sont doués; et, en peu de leçons, on
les aura mis au point. Et il y a des rêveurs,
'des poètes, des gens qui ne réussissent à
parler que de ce qu'ils savent, des esprits
zélés, scrupuleux, attentifs, discrets, judi-
cieux on aura de la peine à les préparer
pour le Parlement. ).
La circulaire ajoute encore ¡
Discrétion absolue.
Payement après réussite.
Et puis i
Choix considérable da littérature parlement j
taire. ̃̃
Littérature parlementaire, voilà une réu-
nion de mots bien étrange n'importe! ,j
-.littérature 'parlementaire de toutes nuances fj
harangues, improvisations, discours pour toutes
circonstances, inaugurations, comices, banquetSj
obsèques, etc., etc.
Quel scepticisme Mais enfin, la vie parle-
mentaire est ainsi faite. Il convient que le
professeur de candidature ne soit pas un
homme de parti et qu'il hésite nonchalam-
ment parmi les « nuances » de la polititique
contemporaine. Autrement, il faudrait qu'il y
eût un professeur pour chaque nuance; et
nulle école n'y suffirait, car notre époque si
prodigue a multiplié les couleurs d'abord et
puis les nuances de l'opinion républicaine.
Mais, comme on a raison de fournir à ce
jeune homme qui brigue nos suffrages les
«improvisations» » requises ainsi nous n'en-
tendrons pas un gaillard qui ânonne et qui
s'embrouille dans ses métaphores. Mais,
i quoi ? pour les banquets, ne compte-t-on plus
sur la chaleur communicative qui suffisait
1jadis à rudement animer M. Camille Pei-
le tan ? Et, quant aux « comices », n'y a-t-il
I pas un modèle du genre dans Madame Bo-
vary ?. Que leur faut-il, mon Dieu
Le directeur de cette école des candidats
m'excusera peut-être, si je lui signale, dans
| l'organisation de ses cours, deux lacunes, as-
sez importantes, ma foi, et qui risquent de
compromettre le succès de son œuvre, si at-
| trayante par ailleurs. Il manque à son école
une classe qu'on pourrait appeler « classe
du choix d'une opinion ». Ce n'est pas une
petite chose Et plus d'un candidat a échoué,
depuis que le suffrage universel fonctionne,
pour avoir mal choisi ses convictions. Il est
vrai qu'on peut en changer mais quelle fâ-
cheuse perte d'un temps précieux 1. In-
dispensable aussi, une « classe de pardon
des injures s. Le candidat n'a pas besoin
de posséder une quantité de vertus, non;
| mais la mansuétude-ilui est nécessaire man-
I suétude et longanimité, ce sera son exer-
cice spirituel de tous les jours. On le trainera
dans la boue, on l'accusera d'avoir tué son
père et sa mère, enivré son fils: on lui repro-
chera même d'avoir été à la messe du temps
que florissait soni;âge puéril. Et il devra sup-
porter ces outrages d'un cœur clément. Il faut
qu'on le prépare à ces travaux.
Or, les «vieux parlementaires éprouvés* en
savent là-dessus autant que possible!
André Beaunier.
Échos
1
La Température
Sous un ciel encore très couvert, il est tombé
hier sur Paris, aux premières heures de la ma-
tinée, une petite pluie fine, intermittente et
de courte durée. La température n'en a pas
été refroidie, mais l'atmosphère en a gardé
une fort désagréable humidité. Néanmoins, le
temps est très doux et le thermomètre qui,
vers sept heures du matin, marquait 5° au-
dessus de zéro, restait à 8° à cinq heures du
soir. La pression barométrique, peu variable,
accusait, à midi, -]-]omm2.
Les fortes pressions couvrent la moitié sud
et l'est du continent, avec des maxima, vers
Clermont-Ferrand, de 775mm.
Des pluies sont tombées dans le nord-
ouest de l'Europe;.en France, il a.plu à Cher-
bourg,, à Brest et à Nantes. Quant à la mer,
elle est très houleuse à la pointe de Bretagne.,
La température a monté dans l'ouest de
l'Europe; elle devient très basse dans le sud-
est. Hier matin, on notait au-dessous de zéro,
14° à Bucarest, 25° à Kiei en France, 20 éga-
lement au-dessous de zéro à Clermont-Fer-
rand, 5° au-dessus à Toulouse, 10° à Brest, à
Biarritz et à Alger.
Le temps va rester pluvieux et doux dans
le nord et l'ouest de la France.
(La température du 9 janvier 1909 était, à
Paris 4° au-dessus de zéro le matin et 6°
l'après-midi. Baromètre 758" temps cou-
vert.)
Monte-Carlo (terrasse du Casino). Tem-
pérature à dix heures du matin, 20°;.à midi,
̃220..
Nice. -A midi, 14° à trois heures, 14°;
Du New York Herald
A New-York Temps couvert. Tempéra-
ture maxima, 2° minima, 40. Vent ouest.
A Londres Temps couvert, rafales. Tem-
pérature maxima, 12°; minima, 7°. Baromè-
tre, 760?"°.
1LA LIBERTE DU REVOLVER
^>^ Un agent tué; trois blessés. Et à
peine l'assassin de la rue Aubry-le-
Boucher a-t-il achevé de décharger les
balles de son revolver sur les malheu-
reux agents qui lui donnaient la chasse
| au péril de leur vie, qu'ailleurs un vo-
leur de dix-sept ans est arrêté, porteur j
d'un revolver encore, et de balles blin-
s dées. Le même soir, bagarre à La Cha-
pelle. Des souteneurs sont aux prises, j
Coups de feu. Des balles viennent trouer, j
à vingt mètres de là, les vitres d'un bu-
reaù d'omnibus semant l'épouvante
parmi les voyageurs qu'aucun projectile,
par miracle, n'atteint.
Est-ceque ce sinistre jeu va continuer
j longtemps, et ne se trouvera-t-il pas,
à la Chambre, un député assez libéré
du souci des « grandes réformes » pour j
i penser à cette réforme toute petite, qu'à;
plusieurs reprises déjà nous avons ré- j
i clamée ici, et qui aurait l'avantage de
i satisfaire tout le monde. les malfai-
teurs exceptés la suppression de la
liberté du revolver?
Cela est vraiment incroyable. Dans j
l'intérêt de la santé publique, ou dans j
j celui de nos finances, toutes sortes d'in- j
dustries et de commerces ou sont inter-
dits ou sont soumis chez nous à l'étroite
surveillance des pouvoirs publics. 11
i faut s'adresser à l'Etat si l'on a besoin
d'allumettes, de tabac, de cartes à jouer;
on ne peut perdre aux courses son ar-
gent, voyager, boire certaines eaux mi-
nérales, exploiter une mine, exercer telle
j industrie, employer telle catégorie ;de
travailleurs que sous l'attentif contrôle
de l'Etat; un pharmacien commet un
délit s'il vend, sans ordonnance du
médecin, certains médicaments jugés
dangereux; mais n'importe qui peut
tenir boutique d'armes à feu; n'importe
qui peut acquérir, moyennant quelques
francs, le revolver dont il a besoin pour
:i se faire sauter la cervelle, ou pour tuer.
| Ce commerce-là est libre; libre à ce
point qu'il n'est pas un apache, à
Paris, qui ne soit pourvu de cet instru-
ment de travail, et qu'il est devenu très
rare que nos agents n'aient point à es-
suyer le feu du malfaiteur qu'ils pour-
suivent. Cela est passé dans nos mœurs,
et l'on ne s'en étonne même plus.
Nous réclamons, une fois de plus? la
fin d'un tel abus, qui est pour la sécurité
publique un péril de tous les jours, et
de toutes les nuits. Nous réclamons la
réglementation sévère de la vente des
armes à feu. Le pharmacien qui vend du
poison doit savoir à qui il le vend, et
pourquoi. L'armurier ne devrait, de
même, pouvoir vendre un revolver que
sur « ordonnance ». ou d'un magistrat
municipal ou d'un officier de police attes-
tant l'identité de l'acquéreur.
Nous avons créé le permis de chasse.
[ II serait grand temps qu'on s'occupât de
réglementer le permis de meurtre.
A Travers Paris
Un des vieux amis de M. de Selves, un
de ses électeurs de l'Académie des beaux-
arts, nous racontait hier ce trait piquant,
qui ne figure naturellementdans aucune
des graves biographies du nouvel im-
mortel, mais qui n'en mérite pas moins
d'être noté, pour l'histoire de la troi-
sième République.
Il y eut un jour. vers 1860, au lycée
d'Agen, une bataille mémorable entre
deux élèves de sixième, un petit, trapu
et rageur, et un blondin élancé, froid et
doux, mais énergique.
Les coups pleuvaient dru. Vainement
le surveillant avait déjà essayé d'arrêter 1
la lutte, lorsqu'un grand diable de rhé-
toricien, réputé pour sa force autant que
pour sa belle humeur, intervint.
Il sépara vigoureusement ses deux ca- j
marades et, les ayant campés à dix pas
l'un de l'autre, il leur fit, avec une verve
très applaudie de tous les assistants, un
délicieux petit discours en trois points
sur les bienfaits de « l'entente cordiale ».
Ce fut la première fois qu'on prononça
ce mot aujourd'hui historique.
Le petit potache rageur était Jean-Ju-
les Brun, aujourd'hui ministre de la
guerre; le blondin doux,- Justin de Sel-
ves, et le rhétoricien bon garçon, Ar-
mand Fallières.
Le monument Verlaine.
Paul Verlaine aurason monument cette
année. Si incroyable que soit cette nou-
velle, depuis quatorze années qu'il y a
un comité et qui se réunit, nous devons
y croire, parce que Mlle Marguerite
Gillot en fut témoin. On n'a pas oublié
que la jeune et gracieuse poétesse offrit
à la souscription pour le monument de
Verlaine les mille francs du prix de
poésie qu'elle obtint cet été au concours
de l'Odeon.
Donc, sa pieuse générosité aura eu
raison de la malchance du pauvre Lé-
lian « né sous le signe S aturne ». Voilà
bien en effet dix ans que le sculpteur
Niederhausern-Rodo a fait connaître la
maquette de son monument. Et jamais
il ne put l'exécuter sur le marbre, à cause
des empêchements matériels les plus.
extraordinaires.
l La f;clé.lité'' de M. Alfred Valette, en-
couragée par l'exemple de Mlle Margue-
rite Gillotr a, fini par remporter sur trop.
de collaborations inutiles. Les amis et
les admirateurs de Paul Verlaine qui
s'étaient réunis hier autour de sa tombe
dans le discret cimetière des Batignolles
ont tous été soulagés d'une tristesse an-
cienne en apprenant qu'ils pourraient
s'associer prochainement à la glorifica-
tion de leur grand et malheureux poète.
Pour les héros de .l'aviation.
Depuis que nous avons publié l'é-
mouvant appel de M. d'Estournelles de
Constant, président du groupe parle-
mentaire de l'aviation, pour élever dans
Paris un monument à la mémoire des
héros de la locomotion aérienne avec
l'inscription du nom de ces glorieuses
victimes, nous avons reçu de nos géné-
reux lecteurs plusieurs sommes destinées
à ce monument.
Nous en publierons demain la liste.
DE QUOI PARLER CETTE SEMAINE ?
Plus de baraques sur les boulevards plus
de reliures éclatantes aux devantures des li-
braires plus de cohue chez les confiseurs.
Paris a repris tout doucement sa vie de tous
les jours, en face d'un calendrier neuf, et l'on
recommence à parier d'autre chose que des
étrennes.
On parlera demain, pour commencer, de la
Chambre qui revient de vacances. On parlera
d'elle, en pensant que les vacances de Pâques
à l'occasion desquelles elle prendra défi-
nitivement congé' de nous ne sont plus,
Dieu merci, très loin
Et l'on parlera théâtre, beaucoup. Les ama-
teurs du vieux Palais-Royal évoqueront La-
biche, à propos de cette reprise de la Ca-
gnotte, qui les ravit. Les musiciens discute-
ront autour de Paillasse, que va nous donner
l'Opéra-Comique, et la reprise de Phrynè j
amènera les conversations sur Saint-Saëns,
ses projets, son séjour au Caire.
Les moliéristes fêteront à la Comédie-Fran-
çaise l'anniversaire de leur dieu; et, à propos
du Mariage d'Angélique, on parlera de Pon
sard.
Mais on parlera surtout de Chantecler, des
« générales », commencées aujourd'hui, et du i
prochain « grand soir », où tout Paris, en ré-
volution, ira faire le siège de la Porte-Saint-
Martin
-o~-o-
Les dons magnifiques.
Mme la princesse de Polignac vient de
donner une nouvelle preuve de l'intérêt
qu'elle porte si intelligemment et si gé-
néreusement aux œuvres d'assistance
sociale, en offrant un terrain de quatre
mille mètres dans le treizième arrondis-
sement et une somme d'un demi-million,
pour la construction d'un groupe d'im-
meubles et l'aménagement de jardins,
réservés aux familles d'ouvriers.
Elle s'est adressée à M. Georges Vau-
doyer, l'architecte qui vient de bâtir à
Paris, rue Laplace, près du Panthéon,
pour l'œuvre du « Foyer » que préside
M. Fouret, une maison aux logements
du type à la fois confortable et coquet
que réclame Mme de Polignac, et à
Epinay-sur-Seine, pour la coopérative
« Chacun chez soi », fondée et patronnée
par M. Willy Blumenthal, quarante
villas entourées de jolis jardins.
Il s'agit de combiner tout cela dans la
pittoresque cité du treizième arrondisse-
ment, dont tous les plans ont été arrêtés
hier et dont on va commencer les tra-
vaux.
Le terrain en question est situé rue de
I la Colonie, à proximité de l'hôpital de la
Société de Secours aux blessés.
L'immeuble comprendra deux corps
de bâtiments, séparés par une grande
cour plantée d'arbres. Cet ensemble cou-
vrira deux mille mètres carrés.
C'est sur les deux mille mètres restant
que seront dessinés les jardins, enclos de
grilles, individuels et disposés au gré
des locataires.
Il y aura dix jardins et, dans le groupe
d'immeubles, quatre-vingts logements
composés chacun d'une entrée, d'une
salle à manger, d'une cuisine, de une,
deux ou trois chambres, de cabinet de
| débai'ras, etc., puis un lavoir, des bains,
une salle de conférences. Et le logeinent
le plus cher sera de 450 francs.
ICDOC~
INSTANTANÉ
Max DEARLY
Son nom le définit à merveille. Max, syllabe
nette, coupante, métallique, indique la fan-
taisie, l'autorité Dearly, au contraire, avec
ses deux syllabes pleines, larges et adoucies,
résume le charme, l'élégance et l'émotion.
Max Dearly a donc cette originalité de s'a-
I nalyscr lui-même, en trois temps. Et rien ne
flotte, rien ne tombe. C'est de l'acier.
On le connait, preste ou flegmatique, em-
pesé ou disloqué, les traits en triple airain
ou en caoutchouc. Sa fantaisie n'a pas de li-
I mites et son tact et sa discrétion ne sont pas
i moins précieux que sa fantaisie.
Pour tout cela, il est l'artiste le plus origi-
nal et le plus sûr. Il crée le Saint Guillaume
de Chonchette et le,.jockey de la Revue des
Variétés. Et quelles transformations dans
l'opérette et puis le fameux Blond, Sherlock
à rebours, et maintenant l'huissier Lebelloy.
Dans Un Ange, la délicieuse comédie de Capus,
vous le voyez chaque soir « instrumenter ».
Un homme orchestre et qui à lui seul pourrait
faire tout le succès.
Avec cela, the smarttst gentleman, à ce
point qu'il a un peu abandonné l'automobile
pour le cheval. Et il est propriétaire d'une
écurie de courses, fort bien cotée sur le
betting. «^
Max Dearly ne fait rien à moitié, et quand
il lui plaira de monter ses pur sang.
Les frères quelquefois ennemis.
M. Eugène Descaves, le sympathique
officiel- de paix décoré hier, et que con-
L naissent bien les Parisiens qui fréquen-
tent les champs de courses, est aussi,
L comme son frère, le littérateur, un bi-
i bliophile diligent. Etroitement unis par
3 une inaltérable affection, il leur arrive
3. fréquemment de se rencontrer chez' le
libraire, après la lecture d'un catalogue
dont quelques numéros., ont excité leurs
convoitises..
3. Dernièrement,. M. Lucien, Descaves
confiait à l'un de ses amis sa plus ré
cente déconvenue.
Figurez-vous queje recherchais de-
puis longtemps cette édition. Je croyais
la tenir. Mais un animal s'était levé
plus tôt que moi et me l'avait ravie.
Vous- le connaissez? `'
Si je le connais? Je crois bien
c'est mon l'rère
La protection des voyageurs.
Nous recevons la lettre suivante
Ce n'est pas sans une légitime émotion que
fai lu le Figaro du 8 janvier et que je
le vois approuver la thèse soutenue par une
« Fidèle Abonnée » ennemie de la libre com-
munication entre les voitures des différentes
classes. Rendue horriblement peureuse par
l'affreux crime do Brunoy, je suis de celles
qui désirent pouvoir circuler dans tous les
wagons d'un train. J'aime mieux parfois me
réfugier en seconde ou en troisième classe
que de rester isolée dans la voiture de pre-
mière où j'ai pris place alors que les voya-
geurs y étaient nombreux, tout me semble pré-
férable à la solitude, même les insupporta-
bles fumeurs ou les enfants bruyants el re-
muants.
Les trains anglais où je suis enfermée me
causent une pénible angoisse, tandis que je
voyage avec confiance dans nos grands rapi-
des français où la circulation est facile d'un
bout à l'autre et la surveillance constante.
Je prie donc le Figaro de ne pas faire cam-
pagne contre « le soufilot », de ne pas de-
mander que nous soyons parqués dans des
wagons dont nous ne pourrons sortir pen-
dant la marche du train. Il serait plus utile
de réclamer l'établissement dans tous les
compartiments d'une sonnette d'alarme dont
sont trop souvent privés ceux des voitures à
couloir.
UNE ABONNÉE « ASSIDUE ».
Nous ne pouvons que transmettre aux
administrations compétentes cette opi-
nion qui nous semble profondément
juste..
Chantecler en volume.
Chantecler ne paraîtra pas in extenso
en une brochure de la collection tluVi-
traie de l'Illustration. Il a été, en eiïet,
convenu d'un commun accord entre MM.
Edmond Rostand, Eugène Fasquelle et
René Baschet, que cette publication au-
rait lieu à raison d'un acte par semaine
dans le corps même du journal et dans
son grand format, en quatre numéros
d'un prix exceptionnel. De cette façon,
la pièce sera donnée aux abonnés de
V Illustration sans nuire à l'édition de
Chantecler en volume, dont plus de de ix
cent mille exemplaires sont déjà retenus
chez l'éditeur Fasquelle.
L,e concours de beauté, de l'Olympia.
Leigrand succès du nouveau spectacle
de l'Olympia tient certainement a la
ferveur des Parisiens pour la beauté.
L'idéal .féminin s'y incarne en quatre
artistes, de types bien différents et cha-
cun d'une extrême pureté 1° La belle
Léonora, qui est Psyché elle-même,
dans le délicieux ballet de Gurti 2°Théo-
dora Girard, cette si voluptueuse Vénus
3° la Cornilla. un Cupidon descendu d'un li
médaillon de Boucher; 4° cette fine et
jolie Ludmila Schollar, qui ne se con-
tente pas d'être la première danseuse
du Théâtre impérial de Saint-Péters-
bourg, mais qui est aussi la plus ado-
rable danseuse du monde. Si, dans les
salles bondées chaque soir, on consti-
tuait un jury, il se mettrait difficilement
d'accord pour l'attribution du premier
prix à décerner entre ces quatre artis-
tes. Il ne pourrait que les mettre hors
concours, toutes les quatre.
--oo~
Nouvelles à la Main
Le procès du vieux ramasseur de bouts
de cigare.
Les agents vous ont vu passer et
repasser devant les cafés.
Le passage à tabac.
x
L'accusation est formelle.
Elle est fausse, fausse, de bouts en
bouts.
?*
Le président. Vous ne pouviez pas
ramasser seul autant de tabac?
J'avais des aides, des aller-mégots.
Le Masque de Fer.
V.
~1/2 ~r
LE
| PRISDHNIER -FRAHG0-AH6LAIS
Ernest Acquarone, ayant été condamné
à deux ans de prison, fut envoyé à la
maison centrale de Glairvaux, où il vé-
cut paisiblement jusqu'au G décembre
dernier. Ce jour-là, le directeur le tit ap-
peler et lui dit
Prisonnier Acquarone, nous allons
nous séparer. C'est dans huit jou«s, le
14 décembre exactement, que vous aarez
achevé votre peine. Mais vous partirez
1 aCdeve vo peine. d vous p~11-tirc~z
dès aujourd'hui. En effet, il faut que
vous vous rendiez à la prison de Bou-
logne-sur-Mer. La justice anglaise vous
réclame. Il parait, prisonnier Acqua-
rone, que vous vous appclez'Holt, et que
vous avez abusé de la couliar.ee -d'un ci-
toyen anglais. Vous serez donc extradé.
De Boulogne vous n'aurez qu'à traverser
la Manche pour vous trouver en terre
britannique. Avez-vou& de l'argent, pri-
sonnier Acquarone?
Le prisonnier Acquarone n'avait pas
d'argent. Il le confessa sans embarras.
Alors, dit le directeur, vous serez
conduit à pied dans votre nouvelle pri-
son. Les gendarmes vous mèneront de
brigade en brigade jusqu'à Boulogne-
sur-Mer. Adieu, prisonnier Acquarone.
Et le prisonnier Acquarone, qui s'ap-
pelle peut-être Holt, s'en alla sur les
routes, entre deux soldats de la maré-
chaussée. Le ^4 décembre, le gardien-
chef de la prison de Boulogne le reçut
et l'enferma incontinent.
.Lés détectives an glaisviendront de-
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 75.45%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 75.45%.
- Collections numériques similaires Collections de l’École nationale des ponts et chaussées Collections de l’École nationale des ponts et chaussées /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPC000"
- Auteurs similaires Collections de l’École nationale des ponts et chaussées Collections de l’École nationale des ponts et chaussées /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPC000"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/6
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k288702f/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k288702f/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k288702f/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k288702f/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k288702f
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k288702f
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k288702f/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest