Titre : L'Écho du Nord : journal politique, administratif, commercial et littéraire ["puis" journal constitutionnel, politique et littéraire "puis" politique, littéraire, industriel et commercial "puis" le plus fort tirage de la région]
Éditeur : [s.n.] (Lille)
Date d'édition : 1905-12-05
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32762304s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 05 décembre 1905 05 décembre 1905
Description : 1905/12/05 (A87,N339). 1905/12/05 (A87,N339).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG59 Collection numérique : BIPFPIG59
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t5471153x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, NUM Jx.347
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/08/2021
MARDI 5 DECEMBRE 1905
LE NUMERO : 8% CENTIMES
ZDIIOIT TUT SOEE
N° 339 - 37° ANNÉE
Lille, le 4 (décembre 1905.
NOS ENFANTS
Il y a encore 'des enfants, quoi qu’on
dise, puisqu’il y a encore des parents
pour les observer, noter leurs mots,
épier l’éveil de leurs petites intelligen
ces. Et je n’assurerai point que ces en
fants, non plus que ces parents, se ren
contrent à la douzaine dans le monde
outrancier et frivole que vient de nous
dépeindre, en traits inoubliables, M.
Georges Lecomte. Chez ces Hannetons
de Paris, comme il appelle les figurants
de la grande mascarade parisienne,
l’enfant n’est qu’un accident et dont on
prend garde d’éviter la répétition. Les
père et mère du pauvre être ont bien
autre chose à faire qu’à s’ocuper de lui.
De fait, il ne tient guère de place dans
leur vie. Le père a son bureau, la bour
se, l’écurie, les coulisses, la politique.-*
La mère, c’est pis encore.
« Qu’est l’enfant dans le vertige quo-
ddien d’une mondaine? dit M. Georges
Lecomte. Une chose remuante que, le
matin, on lui apporte un instant dans
son lit, à son réveil tardif, une jolie pe
tite chose dont elle se divertit comme
d’un souple animal aux gestes gauches,
au gazouillis joyeux, dont elle embrasse
les gracieuses fossettes et les chairs do
dues, aux rires duquel elle fait risette.
Deux, ou trois fois encore dans la jour
née, si le perpétuel coup de vent de sa
vie lui laisse de tels loisirs, on recom
mencera cette formalité (que, empana
chée maintenant et fiévreuse, elle écour
te d’ailleurs),afin que son amour mater
nel soit comblé et à l’abri de tout repro
che...
» Confié à des soins mercenaires, bal
lotté de la nursery àl’office, c’est mer
veille que le petit être reconnaisse ce
père et cette mère intermittents. Ils ne
sont, dans sa vie, que de brèves et fu
gaces apparitions. Ils installent à domi
cile une succursale privée de l’Assistan
ce publique. »
Mais, enfin, ces parents-là, hannetons
et hannetonnettes du noble faubourg ou
du quartier de l’Etoile, M. Lecomte ne
dit point que ce sont tous les parents.
Il en est d’autres — même à Paris. J’en
connais quelques-uns, quand ce ne se-
'aient que les parents du petit Trott et
Je cette délicieuse Line, la dernière née
intellectuelle de M. André Lichtenber-
ger.
M. Lichtenberger, qui excella en plus
d’un genre, s’est conquis une place à
part dans le monde littéraire, avec ses
études d’âmes enfantines. Mon Petit
Trott, la petite sœur de Trott, Line, en
fin, sont des chefs-d’œuvre de pénétra
tion d’analyse ténue et subtile. Et ils
sont quelque chose de plus‘encore, car
M. Lichtenberger ne se borne pas à nous
faire voir et à nous faire entendre les
petits personnages qu’il met en scène :
il cherche à retrouver, et il retrouve, en
effet, dans l’enfant, tes linéaments de
l’homme ou de la femme qu’il sera plus
tard. Ce qui pourrait n’être qu’un re
cueil d’anecdotes enfantines, devient
ainsi comme le prologue de la grande et
triste comédie humaine.
Certains mots de Line font trembler,
quand on a fini d’en rire. Elle a cinq ou
six ans; elle joue avec un petit cousin
qui en a neuf et qui s’appelle Jack, et
elle lui demande, se sentant de propen- |
sion sentimentale, ce matin-là :
— Jack, m’aimes-tu ?
— Naturellement, que je t’aime, ré- j
pond Jack.
— Est-ce que tu m’aimes jusqu’à l’ado
ration ?
Et sans doute, M. Lichtenberger nous
avertit que Line n’est pas une enfant
comme les autres. Elle a une facilité d’é-
locution étourdissante, une incroyable
promptitude de jugement, une rare net
teté de décision; elle a des attaques ra
pides, des ripostes qui le sont davanta
ge..’. Mais,’ ici, tout de même, est-elle sa
propre voix ou l’écho de paroles enten
dues ? Mlle Line offre encore cette sin
gularité que la maladie qui rend insup
portable et grincheux le commun des
mortels, fait d’elle un vrai petit ange.
D’où il résulte que sa mère,chaque fois
qu’elle est sage, lui demande avec in
quiétude :
— Tu es malade ?
D’intelligence si aiguë et si preste,
Line est enfant , malgré tout, par la
spontanéité, la vivacité d’impression, la
naïveté même et la sainte ignorance de
son âge. Une des plus jolies scènes du
livre nous la montre dans le salon de
sa mère, un jour de réception. Il y a
céans Mme de Trys, Mme Germain,
Mme Sarpont, le colonel M.' Dumours,
le brave général de Saint-Mercuit. On
cause des amies de ces dames,des amies
absentes, et la conclusion semble être
que ce sont toutes de bien tristes créa
tures.
«Seul, dit M. Lichtenberger, le brave
général essaie de les défendre. Mais
Mme de Trys lui tape sur les doigts et
lui dit : « Général, vous, vous aimez
toutes les femmes. » Tout le monde rit
et le général fait une si drôle de figure,
comme un gros chat qui boit du lait,
que, précisément, au moment où les
dames recouvrent leur sérieux, voilà
Line qui pouffe à son tour. Alors tout le
monde reprend de plus belle. Enhardie
par son succès, Line hasarde la question
qui lui brûle la langue et, tâchant de re
produire l’intonation de Mme de Trys,
sans pourtant oser comme elle taper
sur les doigts du général, elle l’inter-
roge :
, — Mais j’espère que vous aimez aussi
les petites filles ?
Cette fois, il paraît que ce fut du dé
lire. On le conçoit sans peine. Line est
une enfant terrible à l’occasion; mais
son genre habituel est autre; les mots
qu’elle, fait sont surtout révélateurs des
qualités et des défauts qu’elle aura un
jour. Et ces .mots, je le répète, restent
.bien des mots d’enfants. On croit aper
cevoir que M. Lichtenberger ne les a
pas inventés, mais recueillis.
J’ai eu un ami, mort il y a quelques
années, qui en agissait de même avec
les mots de sa petite fille. Il les a publiés
sous le titre : Les « dits » de Jeanne.
Le livre est signé des initiales P. H. D.
Ce P. H. D., c’était Diard, un professeur
de l’Université, qui fut mon colègue au
lycée du Havre, d’où il fut nommé à Mi
chelet, puis à Janson-de-Sailly. Les.
« Dits » de Jeanne sont un recueil char
mant et que je voudrais voir, comme
Mon petit Trott et Line, entre les mains
de tous les papas et de toutes les ma
mans de France ; ils y retrouveraient
souvent, comme en un miroir, leurs
propres enfants. Jeanne et Line sont un
peu cousines à lai mode de Bretagne.
Jeanne raconte à son père le Petit Cha-
peron Rouge. Arrivée à la rencontre
avec le loup, elle s’arrête et dit : « As-tu
un petit peu peur, papa? — Non.» Elle
continue : « Le loup mange la grand’
mère. » Commences-tu à avoir peur,
papa ?» — Assez! » A la catastrophe fi
nale : « Hein ! tu as peur, maintenant? »
Et, comme le papa ne semble pas très
ému, elle ajoute : « Voyons, papa, ef
fraie-toi !»
Une autre fois, le papa de la petite
Jeanne la trouve un matin, assise dans
son lit et qui promène silencieusement |
son 'doigt autour de ses lèvres, de son
nez, ,de ses yeux, de ses joues et de ses
oreilles : « Qu’est-ce que tu fais donc,
Jeanne ? — Je me dessine, papa. »
Ce pourrait être aussi bien un mot de
Line. Encore celui-là n’est-il que joli ;
mais en voici un qui est presque pro
fond. Les parents de Jeanne sont allés
passer l’après-midi, avec elle à la cam
pagne. Rencontre d’un aveugle, à qui la
maman donne un sou : « Dieu vous bé-
nisse ! » dit l’aveugle. Et Jeanne, très
étonnée t « Mais nous n’avons pas éter
nué ! »
Je ne prétends point que tout soit de
même qualité dans les mots de Jeanne.
Mais tous les mots de Line, non plus,
ne sont pas transcendants. C’est par le
contexte qu’ils valent, par l’élégance de
la mise en scène et les réflexions spiri
tuelles ou délicates, profondes souvent,
dont les a encadrés M.. Lichtenberger.
Tels quels, ils feront la joie de tous les
parents, j’entends de ces parents « pour
de bon », comme il en existe encore
quelques-uns dans notre vieille France,
et non de ces Hannetons de Paris qu’a
stigmatisés l’âpre et incisif talent de
M. Georges Lecomte.
CHARLES LE GOFFIC.
(Reproduction interdite.)
Ochos de partout
M isères de Contribuable.
Qui ne se souvient du jour où M.Rouvier
alors ministre des finances, fit, au sujet de
l’impôt sur le revenu, toute une manière de
petit sermon sur l’éminente dignité du con
tribuable ? Elle est, en effet, coquette et bien
servie la dignité du contribuable ! Jugez-en
par cette histoire que rapporte un de nos
confrères et qui certes mérite d’être répan
due pour la plus grande gloire de l’Ad-
mi-nis-tra-tion:
Il s’agit d’un pêcheur parisien qui possè
de une part de droit de pêche dans le dé
partement de l’Eure. Il vous faut savoir, en
outre, que les frais de garde des conces
sions relatives au domaine fluvial de
l’État sont à la charge des concessionnaires
C’est à ce titre que notre pêcheur a reçu,
l’autre jour, du percepteur local, avis «de
payer tout de suite, en un seul versement,
la somme de deux centimes, montant de sa
quote-part, faute de quoi les poursuites or
données par la loi seraient faites contre
lui. » En bon contribuable, le pêcheur pa
risien s’est disposé à envoyer d’un coup les
deux centimes réclamés. Mais on l’a préve
nu que les percepteurs n’acceptaient aucun
versement par la poste. Il a donc attendu
une occasion d’aller dans l’Eure.
Cette occasion ne s’étant pas présentée,
il vient de recevoir une «sommation avec
frais». Une «contrainte» l’attend dans huit
jours. Après quoi c’est la « saisie » et d’au
tres horreurs encore. Et s’il veut éviter tou
tes ces catastrophes, force lui sera de dé
bourser le prix d’un voyage de Paris dans
l'Eure, pour aller verser là-bas deux cen
times.
C’est la persécution organisée.
—o—•
O n a déposé à diverses reprises, à la
Chambre, des projets de loi pour limi
ter les dépenses électorales.
Et pourtant nous sommes, sous ce rap
port, encore inférieurs à l’Amérique : les
«douloureuses» atteignent là des totaux en
core ignorés de notre doux pays.
Sait-on ce qu’ont coûté les élections muni
cipales qui ont eu lieu à New-York il y aura
bientôt trois semaines ? La bagatelle de
12.750.000 francs. Sur cette somme, la ville
de New-York compte pour 5.250.000 francs.
Le nombre des personnes employées pour
les élections par la ville et les partis dé-
passe la population de villes importantes.
L’impression des bulletins coûte à elle seule
250.000 francs. O beauté des chiffres !,
—o—-
V oulez-vous savoir dans quelle proportion
Y l'habitude de fumer se répartit entre les
différents pays ? Une statistique du dépar
tement du commerce aux Etats-Unis va
nous l’apprendre ; elle donne la consom
mation de tabac, par tête d’habitant, en
ces dernières années, dans tous les pays
de race européenne. On y relève les chiffres
suivants :
Belgique
Etats-Unis
Allemagne
• Autriche
Canada
Australie
Hongrie
France
Royaume-Uni ......w
Russie
Italie
Il est à remarquer que
2.817 grammes
2,389 —
1.560 —
1,370 —
1,243 —
1.175 —
1.098 —
■ 980 —
885 —
499 —
476 —
la consommation
dans les différents pays est à peu près in
verse du montant des taxes qui frappent le
produit. Les taxes les plus faibles sont cel
les de la Belgique et les plus élevées celles
de l’Italie. D’autre part, on a constaté que
dans des pays où les consommations sont
bien différentes, les Etats-Unis et l’Angle
terre, par exemple, le revenu pour le fisc
est à peu près’ le même par suite des diffé
rences de taxe.
—o—-
P aradoxes et vérités :
C’est au contact des femmes que l’hom
me le plus fin acquiert encore plus de fi
nesse.
(A. Tournier.)
Après votre propre estime, c’est une ver
tu que de désirer celle des autres.
(Cicéron.)
LiS CONCOURS DES JOURNAUX
Paris, 3. — Le comité de la presse pari
sienne, réuni samedi auprès-midi, a pris à
l’unanimité la délibération suivante :
« Considérant qu’il y a environ deux
ans, à la suite de divers concours organi
sés par plusieurs journaux, la question
s’est posée de savoir si ces concours tom
baient ou non sous l’application de la loi
de 1836 sur les loteries ; .
« Qu’à cette époque il a été entendu entre
le syndicat de la presse, la chancellerie et
le parquet général de Paris que les opéra
tions en cours, dont le caractère pouvait
être douteux, ne seraient pas l’objet de
poursuites, mais que dans un intérêt supé
rieur, si une nouvelle opération de ce gen
re se produisait, elle serait déférée aux tri
bunaux ;
« Considérant que plusieurs journaux
ont lancé ou se proposent de lancer des
opérations de cette nature en offrant au
public des prix considérables en argent ;
« Le comité du syndicat de la presse pa
risienne a décidé à l’unanimité de deman
der au. garde des sceaux si le régime d'in
terdiction absolue, sous peine de poursui
tes, établi par son prédécesseur d’accord
avec le syndicat de la presse, est maintenu
ou aboli. »
Les employés des postes
Le mouvement syndical
Paris, 3. — Dimanche soir, à 5 heures, a
eu lieu, au Cirque d’Hiver, la réunion des
sous-agents des postes, télégraphes et télé
phones.
1.600 d’entre eux étaient présents. Après
une allocution de M. Jacques Dhurr, pro
testant contre l’exclusion des sous-agents
des postes, télégraphes et téléphones du
bénéfice de la loi de 1884, les délégués des
divers groupements représentés sont ve
nus apporter au nouveau syndicat l’appui
moral et financier de leurs associations et
revendiquer le droit de se syndiquer.
La réunion a pris fin à 7'heures par le
vote d’un ordre du jour invitant le parle
ment à voter, avant les élections, le rap
port de la commission du travail, présen
té par M. Barthou, qui permettra aux
sous-azents de bénéficier de la loi de 1884.
ACTUAIITE
La Saint-Nicolas
Des traditions de fêtes beaucoup s’effa
cent et disparaissent ou tombent dans la
banalité ; mais, loin de perdre Ta vogue,
toutes celles qui intéressent les enfants, les
jeunes garçons et les jeunes filles se déve
loppent, au contraire, et se propagent com
me à l’envi. Tout le monde se fait complice
des charmants tyrans et désormais, en at
tendant mieux, c’est une prodigalité et un
luxe de jouets, de bonbons, de surprises et
de gâteries sous toutes les formes qui com
mencent à se répandre à la Sainte-Cathe
rine pour se poursuivre à la Saint-Nicolas,
à la Noël, au Premier de l’An et ne finir
qu’avec l’Œuf de Pâques.
La Saint-Nicolas, qui autrefois, ne se cé
lébrait guère que dans les pays du Nord et
dê l’Est, s’est généralisée et, le 5 décembre,
à la veillée qui précède sa fête, le saint évê
que, quelque temps qu’il fasse, en aube bro
dée, en chasuble d’or, mitre en tête, crosse
en main, avec sa longue barbe blanche et
fleurie, fait, de porte en porte, tout le tour |
de France, escorté de son vilain laquais, le |
père Fouettard, et suivi de son âne accablé
sous le poids.de ses deux hottes : celle.de
droite pleine de tous les trésors du Paradis
pour les enfants sages, celle de gauche de
petits fagots d’épines pour les méchants
garçons.
Saint Nicolas, avant de devenir le patron
de l’enfance, fut lui-même un merveilleux
enfant. Un messager du Ciel, raconte De-
nys-le- Chartreux, était venu faire part à
ses parents de la volonté du Très-Haut que
le fils qui allait leur naître reçût le nom de
Nicolas, — «Victoire du Peuple» en grec.
Et lorsque l’enfant miraculeux eut été
plongé dans la piscine baptismale, on le vit
se dresser tout droit sur ses petits pieds,
joindre les mains et rester deux heures
debout en prières et les yeux en extase
fixés vers le ciel.
Mais le miracle qui le désigna surtout
comme patron de l’enfance, fut celui des
trois petits enfants ressucités. « Devenu
évêque de Myre, en Lydie, saint Nicolas,
rapporte un autre de -ses historiographes,
ressuscita trois jeunes écoliers de qualité
qu’un hôtelier avare et cruel avait égorgés
et découpés dans un saloir.» Aussi est-il re
présenté le plus souvent bénissant trois
petits garçons agenouillés dans un cuveau.
Le chant .populaire a aussi .perpétué la
légende dans une ballade que Gérard de
Nerval a heureusement recueillie dans ses
voyages de touriste bohème et chercheur à
travers l’Ile de France. Ce bijou d’art naïf
n'est pas assez connu pour que nous hé
sitions à lui donner place ici :
Il était trois petits enfants
Qui s’en allaient glaner aux champs,
S’en vont un soir chez un boucher :
« Boucher, voudrais-tu nous loger 7
— Entrez entrez, petits enfants,
Y a d’ia place assurément. »
Ils n’étaient pas sitôt rentrés
Que le boucher les a tués.
Les a coupés en p’tits morceaux,
, Mis au saloir comme pourceaux.
Saint Nicolas, au bout d’sept ans,
Saint Nicolas vint dans. ce champ;
Il s’en alla chez le boucher :
« Boucher, voudrais-tu me loger ?
— Entrez, entrez, saint Nicolas,
Y a d’la place, il n’en manqu’pas. »
•Il n’était pas sitôt entré
Qu’il a demandé à souper.
« Voulez-vous un morceau d’jambon ?
— Je n’en veux pas, il n’est pas bon.
— Voulez-vous un morceau de veau ?
— Je n’en veux pas, il n’est pas beau.
— Du petit salé, je veux avoir
• Qu’y a sept ans qu’est dans le saloir. 3
Quand le boucher entendit ç’Ia,
Hors de sa porte il s’enfuya.
« Boucher, boucher, ne t’enfuis pas,
Repens-toi, Dieu t’pardonn’ra. »
Saint Nicolas posa trois doigts
Dessus le bord de ce saloi :
Le premier dit : « J’ai bien dormi ! 3
Le second dit : « Et moi aussi ! »,
Et le troisième répondit :
s Je croyais être en Paradis ! «
Saint Nicolas est un des saints les plus
populaires du calendrier. Il n’est pas seu
lement le patron des petits garçons, mais
encore celui des mariniers, des fleuristes,
tonneliers et des emballeurs.
Il fut aussi, jusqu’à la fin du XVIII e siè
cle,. celui des avocats, en concurrence avec
saint Yves.
Le nom de « bâtonnier » qui est resté aux
chefs des divers barreaux, vient de ce que
l’avocat élu par ses confrères pour les re
présenter portait, dans les grands jours,
la crosse ou bâton de saint Nicolas, patron
de la confrérie des compagnons clercs et
procureurs. En 1782, le barreau cessa de
participer à c etteconfrérie, mais il a rete
nu le titre de «bâtonnier».
GEORGES ROCHER.
-- — - - ----- ----- -e- .
LES TROUBLES
d® Eussie
LA SITUATION
Au Conseil des ministres» — Le
gâchis partout. — Les ministres
ne s'entendent pas. — Hésita
tions sur hésitations.
La dernière réunion du conseil des mi
nistres qui a eu lieu à Tsarskoïé-Sélo,
sous la présidence de l’empereur, a été très
agitée, dit le correspondant de«l’Echo de
Paris». M. Dournovo, ministre de l’inté
rieur, a déclaré à l’empereur qu’il fallait
au plus tôt mettre fin à l’anarchie. Il se
fait fort, en arrêtant 2 ou 3,000 intellec
tuels qui sont à la tête du mouvement, et
en expulsant deux cents ouvriers de Pé-
tersbourg et de Moscou, de rétablir l’or
dre. Voyant que Nicolas II paraissait prê
ter une oreille favorable à cette proposi
tion, le comte Witte déclara à son tour que
que si les idées exposées par M. Dournovo
étaient celles de Sa Majesté, il était prêt à
recourir à la répression dans le sens que
l’on venait d’indiquer. Mais il ajouta
qu’aussitôt après il donnerait sa démission
parce qu’il ne se croirait plus à même,dans
ces conditions, d’assurer l’ordre. L’empe
reur, qui hésite à se séparer du comte
Witte, a laissé les choses en suspens. On
a beaucoup remarqué que, pendant toute
cette discussion, les ministres connus pour
être le plus dévoués au comte Witte, com
me MM. Chipoff, Timiriatzeff et Kutler, ont
gardé le plus profond silence.
Aussitôt après, le ministre examina la loi
électorale nouvelle. Le comte Witte s’était
rallié au projet de loi de M. D.-N. Chipoff,
membre des zemtsvos de Moscou, accordant
le suffrage universel à plusieurs degrés. Le
ministre de l’intérieur avait été chargé d’é
laborer les détails de la future loi.
A la très grande surprise du comte Wit
te, M. Dournovo présenta, non point le pro
jet Chipoff, ainsi que cela avait été con
venu, mais un autre projet élaboré par M.
Kriganowsky, directeur du département au
ministère de l’intérieur, et rejetant complè
tement le suffrage universel. Dournovo au
rait déclaré aussitôt qu’on ne pouvait ad
mettre que de « simples sans-culottes » —
je vous garantis l’exactitude de cette ex
pression — votassent uniquement parce
qu’ils avaient atteint l’âge de vingt-cinq
ans.
On voit par là à quel point la situation
est devenue précaire. En sortant de ce con
seil, le comte Witte aurait déclaré qu’il
était impossible de prévoir ce qui survien
drait dans les vingt-quatre heures. En di
sant cela, pensait-il à sa prochaine démis-
sion ?
Dans tous les milieux, on est désillusion-
né de l’action du comte Witte.Généralement
on le trouve trop hésitant entre les différen
tes fractions politiques, depuis les libéraux
modérés jusqu’aux socialistes démocrates.
On estime que les troubles, loin de dimi-
nuer, empirent visiblement. On a l’impres-
sion que la faiblesse du gouvernement ac-
REL
moot- .
te Miles (te Russie
/ Une journée critique
• Saint-Pétersbourg, 4. — On s’accorde à
considérer que la crise russe atteindra son
point critique mardi, jour où les employés
du gouvernement, d’un bout à l’autre de
lempire, reçoivent leurs salaires. Si les
grévistes reçoivent de l’argent, ils conti
nueront la lutte, encouragés par les partis
révolutionnaires.
En vue de cet événement, de nombreux
régiments ont été appelés dans la capitale.
Les révolutionnaires menacent le gou
vernement d’une révolte s’il n’a pas cédé
avant mardi. Ils ont réussi à faire délivrer
les 140 soldats télégraphistes du corps du
génie impérial, emprisonnés dans la forte
resse de Petropavlosk ,pour avoir refusé de
travailler parce qu’ils n’avaient pas reçu
les suppléments de salaire que le service
spécial accompli par eux, il y a six mois,
au cours de la première grève, leur avait
valu.
Les troupes tenant garnison dans la for
teresse envoyèrent au ministre de la guerre
un message où elles disaient qu’elles ne
considéraient pas les soldats du génie pri
sonniers comme coupables et qu’ils de
vaient être, par conséquent, délivrés ; cela
se passait vendredi dernier.
On espère que le gouvernement arrivera
à traverser heureusement cette crise.
La situation à Saint-Pétersbourg est cri
tique. Les vagabonds errant dans les rues
se livrent à d’audacieux excès, poursuivant
les passants de leurs demandes d’aumône,
.faites d’un ton menaçant et suivies d’in-
(suites en cas de refus et même de voies
de fait et de coups de couteau.
Après la tombée de la nuit, certaines
rues, même au centre de la ville, y compris
la perspective Newsky, sont devenues dan
gereuses pour la circulation. Après dix heu
res du soir, les quartiers excentriques sont
absolument inaccessibles et l’on y court
: le danger d’être blessé ou tué par des vaga-
’ bonds dont le progrès des grèves multiplie
! chaque jour davantage le nombre.
, En prévision de la continuation et de
l’extension de la grève et même de la grève
générale et de la probabilité que des dé»
sordres publics en résulteront, l’autorité
militaire de Saint-Pétersbourg prépare
des mesures répressives et fait venir de
lai tille rie dans la capitale. La panique de
la population augmente graduellement et
provoque le départ toujours croissant des
habitants pour la province ou l’étranger..
LE PAPE ET LA SÉPARATION
Prochain discours
Rome, 4. — On annonce que le discours
que le Pape prononcera au prochain Consis
toire est à peu près terminé. Ce sera une pro
testation très énergique contre la séparation.
Le Pape affirmera une fois de plus que le
Vatican ne peut être rendu responsable de
la dénonciation du Concordat.
Faux billets de banque belges
Bruxelles, 4. — La Banque Nationale de
Bruxelles a découvert que des faux billets
de banque avaient été mis en circulation
au mois de février dernier, et les premiers
résultats de l’enquête du parquet bruxellois
ont abouti à cette constatation que le chif
fre total des billets fabriqués s’élève à plus
de 10,000, c’est-à-dire à plus de quatre mil
lions de francs.
Les magistrats instructeurs sauraient dès
à présent que la fabrique de faux billets
était installée à Monte-Carlo, où elle fonc
tionnait encore il y a quelques mois à
peine.
CHAMBRE DES DÉPUTÉS
Séance de lundi matin
La séance est ouverte à 9 h., 20 sous la
présidence de M. Doumer.
La fraude des beurres
On discute le projet sur la répression de la
fraude des beurres.
L’article 4 modifié par la .commission est
adopté.
On repousse deux amendements de M.
Thierry, tendant à la suppression de l’ar
ticle 5, afin qu’on exempte de l’exercice de la
régie, le beurre de cacao*, l’huile de cacao et
les substances susceptibles de servir à falsi
fier le beurre.
L’article 5 eat a donte avec la. texte de la
commission. • 000
La suite de la discussion est renvoyée à
lundi et la séance, levée à midi.
Nouvefles locales et regronales
US EXPLOSION
à la Citadelle de Lille
Une caisse de cartouches qui
saute.—Sept soldats blessés.
— Deux blessés grièvement.
- Accident inexpliqué.
Un grave accident, sur lequel on ne pos
sède pas encore de détails bien précis, s’est
produit lundi après-midi à la Citadelle de
Lille.
Des soldats du 1 er bataillon d’artillerie à
pied manipulaient des caisses de cartou
ches dans un petit bâtiment situé à l’entrée
de la citadelle, à droite.
A trois heures vingt, pendant cette ma
nipulation, une caisse de cartouches fit
soudainement explosion.. On ne sait pour
quelle cause.
L’explosion fut si violente qu’on en en
tendit le bruit jusqu’à la place de la Ré
publique.
Elle mit ën émoi toute la citadelle et tout
le quartier Saint-André. On accourut de
toutes parts porter les premiers secours.
Le petit batiment servant de cartoucherie
était entièrement détruit.
Sur dix soldats occupés à la manipulation
des cartouches, sept étaient blessés, dont
deux très grièvement.
Ils furent, après un premier pansement som
maire, transportés d’urgence à l’hôpital mi
litaire, où leur état parut très grave' aux mé
decins.
Les autres blessés ont été soignés d’abord
à l’infirmerie de la Citadelle.
Un maréchal de logis artificier est égale
ment blessé.
Les pompiers de la caserne Malus, pré
venus, accoururent en hâte et noyèrent les
décombres.
M. Delesalle, maire de Lille, avisé, s’est
rendu aussitôt à la Citadelle, ainsi que tou-
tes les autorités militaires. P z A
La Citadelle a été immédiatement con
signée, nul n’y peut pénétrer.
On ignore encore comment l’accident s’est
produit. .
Suivant les uns, les soldats transportaient
les caisses de cartouches comme nous l’avons
dit.
Suivant d’autres, au contraire, ce qui ren
drait l’accident plus explicable, ils char
geaient des cartouches.
Les blessés
Sur les deux blessés atteints le plus griè
vement, on' dit que l’un aurait une partie
du côté brûlé et emporté, et serait à la mort.
Une foule considérable se presse aux
abords de la Citadelle, dont l’accès, comme
nous le disons plus haut, est interdit au
public, qui assiste simplement au passage
des voitures d’ambulance ;
LA HAUSSE DU JUTE
Une réunion à Amiens
Dernièrement, la Chambre syndicale des
tisseurs de jute nous communiquait la note
suivante :
« La situation devient de plus en plus
critique pour le tissage, non seulement du
fait des prix excessifs de la matière première,
mais encore et surtout à cause de l’extrême
difficulté où il se trouve de s’alimenter en
fils de jute, surtout en moyens et en gros
numéros.
» La filature n’arrivant plus, malgré tous
ses efforts, à suivre le tissage dans un mo
ment où la demande est relativement peu ac
tive, la fabrique se demande avec inquiétude
ce oui adviendrait si notre marché reprenait
quelque animation. »
* Lundi, les syndicats du jute et des tisseurs
du jute de France se sont réunis en assem
blée à Amiens pour délibérer sur la si
tuation critique créée à leur industrie par
la hausse des jutes bruts qui ont atteint
progressivement des augmentations s’éle
vant à 80 0/0 durant les cinq dernières an
nées. Plusieurs des industriels qui ont pris
la parole ont estimé que rien ne peut faire
prévoir une atténuation à cette situation
qui s’affirme définitive' et qui prend un ca
ractère de permanence.
Une série de mesures ont été proposées
dans cette réunion, parmi lesquelles l’ar
rêt partiel des usines, jusqu’à ce que l’é
quilibre soit rétabli entre le prix de vente
et le prix de revient. En définitif, la matiè ¬
re première est absorbée par le tissage des
Indes et il devient de plus en plus intéres
sant que nos colonies s’occupent de la cul
ture d’un textile si nécessaire à l’industrie
nationale.
ROLBAIX
Chute mortelle d’un télégraphiste
Un terrible accident s’est produit lundi matin,
vers 11 heures,, rue dTsIy.On ouvrier télégraphiste,
appartenant à une équipe lilloise, est tombé d’une
toiture sur laquelle il était monté, haute de huit
mètres.
Le malheureux, qui se nomme H. Charlet, a été
relevé dans un état désespéré. On. craint une frac
ture de l’épine dorsale ; il a été transporté sans
connaissance à l’Hôtel-Dieu.
M. Maquinghem. receveur des postes, a aussitôt
informé ‘administration départementale de ce pé
nible événement.
Coup de couteau. — Dimanche soir, vers 11
heures, un peigneur, Victor Barbe. 24 ans. demeu-
rant a l’angle des rues d’Alger et du Congo, et qui
avait rencontré une ménagère. Sophie Verbecke, 41
ans, rue de la Balance, 3, suivit cette femme jus
que chez elle.
Là il se trouva en présence du mari qui se jeta !
sur lui et lui porta un coup de couteau.. L’arme lit 1
une entaille profonde mais peu grave à l’auricu
laire de la main gauche. La femme Verbecke ayant
prétendu que Barbe avait exercé des violences sur
elle, ce dernier est tenu à la disposition de la
justice en même temps que le mari.
Vol de 200 francs.— Dans la soirée de diman
che, des malfaiteurs se sont introduits chez Mme
C.... rue de Maubeuge, et ont dérobé une somme
de 200 francs.
Accident d’automobile. — Dimanche matin,
vers onze heures, l’automobile deM. Pollet-Masurel,
rue du Manège, remontait la rue Inkermann, lors-
qu’arriva en sens inverse, venant de la rue de Lille,
l’automobile de M. Prouvost-Devemy. Il y avait du
monde dans les deux voitures.
Le choc fut si violent que l’auto de M. Pollet-
Masurel fut projetée dans la vitrine de la boulan
gerie de M. Nauwynck-Desmet. La porte vola en
éclats, les vitres furent brisées et les roues de fa
voiture furent mises en pièces. Aucune des person
nes qui se trouvaient dans les automobiles n’a été
blessée.
Un noyé. — On a retiré du canal, dimanche,
vers midi, quai du Sartel. le cadavre d’un jeune
homme de 22 ans, Victor Heffinck, rue d’Alger, 65,
qui était sujet à des crises épileptiques.
Série de vols. — Dans la soirée de samedi,des
malfaiteurs inconnus se sont introduits chez M.
Emile Verstéghe, forgeron, rue Daubenton. cour
Desmet, 7-; toutes les chambres ont été visitées de
fond en comble et dans un meuble une bague en
or et une somme de 41 francs ont été dérobés.
.. Une marchande de bonbons de Croix, José-
phine Léonard, a été arrelé. pour vol de boites de
chocolat dans le magasin de M. Louis Delannoy,
confiseur, rue de la Redoute, 21.
.•. Des voleurs ont pénétré avec effraction dans
un estaminet inhabité rue de Tourcoing. 119, et y
ont commis des déprédations. Ils ont emporté quel
ques objets de peu de valeur.
.. Dimanche, vers trois heures du matin. M.
Alfred Cornille, trieur, rue de la Chaussée, 10, a
surpris en flagrant délit d’effraction, un voleur au
quel. de sa fenêtre du premier étage, il a lancé une
brique qui a du l’atteindre. Le cambrioleur s’est
enfui en poussant un cri.
— ' —= - ’ 1 —
Un coup de couteau. — Dans la nuit ue
samedi a dimanche, un ouvrier teinturier. Oscar
Chantry. 22 ans. demeurant rue Fontenoy. 40, a eu,
rue del’Avocat. une discussion avec une fille sou
mise, dont il est l’ami.
Cette femme, Marie Debucquoy, 22 ans, demeu
rant rue Jacquard, a reçu dans le bras gauche un
couo de couteau qui lui aurait traversé les chairs.
L’agresseur a été arrêté, dimanche matin, au douât- 1
cile de la fille publique, rue Jacquard.
TOURCOING
u NOUVELLE GARE OUVERTE
L’ancienne gare a Vécu. Le premier train
de voyageurs, celui qui quitte Lille à 3 heures
20 du matin, a accosté lundi à 3 heures 42 le
quai d’arrivée de la nouvelle gare et le service
des trains français et belges s'est effectué,
dans le courant de la journée, sans qu’il se
soit produit le moindre retard.
Vers minuit, M. Dron, maire, à qui s’é
taient joints M. Emile Lecomte, premier ad
joint et plusieurs autres personnalités locales,
s’est rendu à la gare. Quelques ingénieurs de
l’inspection principale de Lille et des chefs
de travaux étaient présents. La nouvelle gare
était brillament éclairée et les rares person
nes qui étaient présentes ont pu établir un
parallèle entre l’édifice nouveau, étincelant
de lumières, dont la Compagnie du Nord vient
de doter la ville de Tourcoing et la construc
tion ancienne, obscure et incommode, que la
pioche des démolisseurs va entamer d’ici
quelques heures.
Une équipe de 250 à 300 ouvriers était venue
pour faire le raccord des aiguiles. L’opération'
du changement des rails a été effectuée dès
। que le dernier train de voyageurs venant de
’ Lille et qui arrive à Tourcoing à 1 heure 10
du matin eut gagné l’ancienne gare. A deux
heures et demie ce travail si difficile .était;
terminé.
M. Dron a eu avec les ingénieurs du Nord;
et M. Marquant, chef de gare un long entre-
tien qui s’est terminé par la visite de la nou- t
velle gare. • "
Nous devons dire que certains locaux, prin-
cipalement Içs bureaux affectés au personnel
de la" gare et au service de la douane ont été
trouvés beaucoup trop petits et on peut s’at
tendre, après les observations qui ont été.
faites à l’issue de l’examen minutieux des
diverses salles, à ce que des modifications
soient à brève échéance apportées .dans cer-
1 taines parties-de la gare. , .0,
LE NUMERO : 8% CENTIMES
ZDIIOIT TUT SOEE
N° 339 - 37° ANNÉE
Lille, le 4 (décembre 1905.
NOS ENFANTS
Il y a encore 'des enfants, quoi qu’on
dise, puisqu’il y a encore des parents
pour les observer, noter leurs mots,
épier l’éveil de leurs petites intelligen
ces. Et je n’assurerai point que ces en
fants, non plus que ces parents, se ren
contrent à la douzaine dans le monde
outrancier et frivole que vient de nous
dépeindre, en traits inoubliables, M.
Georges Lecomte. Chez ces Hannetons
de Paris, comme il appelle les figurants
de la grande mascarade parisienne,
l’enfant n’est qu’un accident et dont on
prend garde d’éviter la répétition. Les
père et mère du pauvre être ont bien
autre chose à faire qu’à s’ocuper de lui.
De fait, il ne tient guère de place dans
leur vie. Le père a son bureau, la bour
se, l’écurie, les coulisses, la politique.-*
La mère, c’est pis encore.
« Qu’est l’enfant dans le vertige quo-
ddien d’une mondaine? dit M. Georges
Lecomte. Une chose remuante que, le
matin, on lui apporte un instant dans
son lit, à son réveil tardif, une jolie pe
tite chose dont elle se divertit comme
d’un souple animal aux gestes gauches,
au gazouillis joyeux, dont elle embrasse
les gracieuses fossettes et les chairs do
dues, aux rires duquel elle fait risette.
Deux, ou trois fois encore dans la jour
née, si le perpétuel coup de vent de sa
vie lui laisse de tels loisirs, on recom
mencera cette formalité (que, empana
chée maintenant et fiévreuse, elle écour
te d’ailleurs),afin que son amour mater
nel soit comblé et à l’abri de tout repro
che...
» Confié à des soins mercenaires, bal
lotté de la nursery àl’office, c’est mer
veille que le petit être reconnaisse ce
père et cette mère intermittents. Ils ne
sont, dans sa vie, que de brèves et fu
gaces apparitions. Ils installent à domi
cile une succursale privée de l’Assistan
ce publique. »
Mais, enfin, ces parents-là, hannetons
et hannetonnettes du noble faubourg ou
du quartier de l’Etoile, M. Lecomte ne
dit point que ce sont tous les parents.
Il en est d’autres — même à Paris. J’en
connais quelques-uns, quand ce ne se-
'aient que les parents du petit Trott et
Je cette délicieuse Line, la dernière née
intellectuelle de M. André Lichtenber-
ger.
M. Lichtenberger, qui excella en plus
d’un genre, s’est conquis une place à
part dans le monde littéraire, avec ses
études d’âmes enfantines. Mon Petit
Trott, la petite sœur de Trott, Line, en
fin, sont des chefs-d’œuvre de pénétra
tion d’analyse ténue et subtile. Et ils
sont quelque chose de plus‘encore, car
M. Lichtenberger ne se borne pas à nous
faire voir et à nous faire entendre les
petits personnages qu’il met en scène :
il cherche à retrouver, et il retrouve, en
effet, dans l’enfant, tes linéaments de
l’homme ou de la femme qu’il sera plus
tard. Ce qui pourrait n’être qu’un re
cueil d’anecdotes enfantines, devient
ainsi comme le prologue de la grande et
triste comédie humaine.
Certains mots de Line font trembler,
quand on a fini d’en rire. Elle a cinq ou
six ans; elle joue avec un petit cousin
qui en a neuf et qui s’appelle Jack, et
elle lui demande, se sentant de propen- |
sion sentimentale, ce matin-là :
— Jack, m’aimes-tu ?
— Naturellement, que je t’aime, ré- j
pond Jack.
— Est-ce que tu m’aimes jusqu’à l’ado
ration ?
Et sans doute, M. Lichtenberger nous
avertit que Line n’est pas une enfant
comme les autres. Elle a une facilité d’é-
locution étourdissante, une incroyable
promptitude de jugement, une rare net
teté de décision; elle a des attaques ra
pides, des ripostes qui le sont davanta
ge..’. Mais,’ ici, tout de même, est-elle sa
propre voix ou l’écho de paroles enten
dues ? Mlle Line offre encore cette sin
gularité que la maladie qui rend insup
portable et grincheux le commun des
mortels, fait d’elle un vrai petit ange.
D’où il résulte que sa mère,chaque fois
qu’elle est sage, lui demande avec in
quiétude :
— Tu es malade ?
D’intelligence si aiguë et si preste,
Line est enfant , malgré tout, par la
spontanéité, la vivacité d’impression, la
naïveté même et la sainte ignorance de
son âge. Une des plus jolies scènes du
livre nous la montre dans le salon de
sa mère, un jour de réception. Il y a
céans Mme de Trys, Mme Germain,
Mme Sarpont, le colonel M.' Dumours,
le brave général de Saint-Mercuit. On
cause des amies de ces dames,des amies
absentes, et la conclusion semble être
que ce sont toutes de bien tristes créa
tures.
«Seul, dit M. Lichtenberger, le brave
général essaie de les défendre. Mais
Mme de Trys lui tape sur les doigts et
lui dit : « Général, vous, vous aimez
toutes les femmes. » Tout le monde rit
et le général fait une si drôle de figure,
comme un gros chat qui boit du lait,
que, précisément, au moment où les
dames recouvrent leur sérieux, voilà
Line qui pouffe à son tour. Alors tout le
monde reprend de plus belle. Enhardie
par son succès, Line hasarde la question
qui lui brûle la langue et, tâchant de re
produire l’intonation de Mme de Trys,
sans pourtant oser comme elle taper
sur les doigts du général, elle l’inter-
roge :
, — Mais j’espère que vous aimez aussi
les petites filles ?
Cette fois, il paraît que ce fut du dé
lire. On le conçoit sans peine. Line est
une enfant terrible à l’occasion; mais
son genre habituel est autre; les mots
qu’elle, fait sont surtout révélateurs des
qualités et des défauts qu’elle aura un
jour. Et ces .mots, je le répète, restent
.bien des mots d’enfants. On croit aper
cevoir que M. Lichtenberger ne les a
pas inventés, mais recueillis.
J’ai eu un ami, mort il y a quelques
années, qui en agissait de même avec
les mots de sa petite fille. Il les a publiés
sous le titre : Les « dits » de Jeanne.
Le livre est signé des initiales P. H. D.
Ce P. H. D., c’était Diard, un professeur
de l’Université, qui fut mon colègue au
lycée du Havre, d’où il fut nommé à Mi
chelet, puis à Janson-de-Sailly. Les.
« Dits » de Jeanne sont un recueil char
mant et que je voudrais voir, comme
Mon petit Trott et Line, entre les mains
de tous les papas et de toutes les ma
mans de France ; ils y retrouveraient
souvent, comme en un miroir, leurs
propres enfants. Jeanne et Line sont un
peu cousines à lai mode de Bretagne.
Jeanne raconte à son père le Petit Cha-
peron Rouge. Arrivée à la rencontre
avec le loup, elle s’arrête et dit : « As-tu
un petit peu peur, papa? — Non.» Elle
continue : « Le loup mange la grand’
mère. » Commences-tu à avoir peur,
papa ?» — Assez! » A la catastrophe fi
nale : « Hein ! tu as peur, maintenant? »
Et, comme le papa ne semble pas très
ému, elle ajoute : « Voyons, papa, ef
fraie-toi !»
Une autre fois, le papa de la petite
Jeanne la trouve un matin, assise dans
son lit et qui promène silencieusement |
son 'doigt autour de ses lèvres, de son
nez, ,de ses yeux, de ses joues et de ses
oreilles : « Qu’est-ce que tu fais donc,
Jeanne ? — Je me dessine, papa. »
Ce pourrait être aussi bien un mot de
Line. Encore celui-là n’est-il que joli ;
mais en voici un qui est presque pro
fond. Les parents de Jeanne sont allés
passer l’après-midi, avec elle à la cam
pagne. Rencontre d’un aveugle, à qui la
maman donne un sou : « Dieu vous bé-
nisse ! » dit l’aveugle. Et Jeanne, très
étonnée t « Mais nous n’avons pas éter
nué ! »
Je ne prétends point que tout soit de
même qualité dans les mots de Jeanne.
Mais tous les mots de Line, non plus,
ne sont pas transcendants. C’est par le
contexte qu’ils valent, par l’élégance de
la mise en scène et les réflexions spiri
tuelles ou délicates, profondes souvent,
dont les a encadrés M.. Lichtenberger.
Tels quels, ils feront la joie de tous les
parents, j’entends de ces parents « pour
de bon », comme il en existe encore
quelques-uns dans notre vieille France,
et non de ces Hannetons de Paris qu’a
stigmatisés l’âpre et incisif talent de
M. Georges Lecomte.
CHARLES LE GOFFIC.
(Reproduction interdite.)
Ochos de partout
M isères de Contribuable.
Qui ne se souvient du jour où M.Rouvier
alors ministre des finances, fit, au sujet de
l’impôt sur le revenu, toute une manière de
petit sermon sur l’éminente dignité du con
tribuable ? Elle est, en effet, coquette et bien
servie la dignité du contribuable ! Jugez-en
par cette histoire que rapporte un de nos
confrères et qui certes mérite d’être répan
due pour la plus grande gloire de l’Ad-
mi-nis-tra-tion:
Il s’agit d’un pêcheur parisien qui possè
de une part de droit de pêche dans le dé
partement de l’Eure. Il vous faut savoir, en
outre, que les frais de garde des conces
sions relatives au domaine fluvial de
l’État sont à la charge des concessionnaires
C’est à ce titre que notre pêcheur a reçu,
l’autre jour, du percepteur local, avis «de
payer tout de suite, en un seul versement,
la somme de deux centimes, montant de sa
quote-part, faute de quoi les poursuites or
données par la loi seraient faites contre
lui. » En bon contribuable, le pêcheur pa
risien s’est disposé à envoyer d’un coup les
deux centimes réclamés. Mais on l’a préve
nu que les percepteurs n’acceptaient aucun
versement par la poste. Il a donc attendu
une occasion d’aller dans l’Eure.
Cette occasion ne s’étant pas présentée,
il vient de recevoir une «sommation avec
frais». Une «contrainte» l’attend dans huit
jours. Après quoi c’est la « saisie » et d’au
tres horreurs encore. Et s’il veut éviter tou
tes ces catastrophes, force lui sera de dé
bourser le prix d’un voyage de Paris dans
l'Eure, pour aller verser là-bas deux cen
times.
C’est la persécution organisée.
—o—•
O n a déposé à diverses reprises, à la
Chambre, des projets de loi pour limi
ter les dépenses électorales.
Et pourtant nous sommes, sous ce rap
port, encore inférieurs à l’Amérique : les
«douloureuses» atteignent là des totaux en
core ignorés de notre doux pays.
Sait-on ce qu’ont coûté les élections muni
cipales qui ont eu lieu à New-York il y aura
bientôt trois semaines ? La bagatelle de
12.750.000 francs. Sur cette somme, la ville
de New-York compte pour 5.250.000 francs.
Le nombre des personnes employées pour
les élections par la ville et les partis dé-
passe la population de villes importantes.
L’impression des bulletins coûte à elle seule
250.000 francs. O beauté des chiffres !,
—o—-
V oulez-vous savoir dans quelle proportion
Y l'habitude de fumer se répartit entre les
différents pays ? Une statistique du dépar
tement du commerce aux Etats-Unis va
nous l’apprendre ; elle donne la consom
mation de tabac, par tête d’habitant, en
ces dernières années, dans tous les pays
de race européenne. On y relève les chiffres
suivants :
Belgique
Etats-Unis
Allemagne
• Autriche
Canada
Australie
Hongrie
France
Royaume-Uni ......w
Russie
Italie
Il est à remarquer que
2.817 grammes
2,389 —
1.560 —
1,370 —
1,243 —
1.175 —
1.098 —
■ 980 —
885 —
499 —
476 —
la consommation
dans les différents pays est à peu près in
verse du montant des taxes qui frappent le
produit. Les taxes les plus faibles sont cel
les de la Belgique et les plus élevées celles
de l’Italie. D’autre part, on a constaté que
dans des pays où les consommations sont
bien différentes, les Etats-Unis et l’Angle
terre, par exemple, le revenu pour le fisc
est à peu près’ le même par suite des diffé
rences de taxe.
—o—-
P aradoxes et vérités :
C’est au contact des femmes que l’hom
me le plus fin acquiert encore plus de fi
nesse.
(A. Tournier.)
Après votre propre estime, c’est une ver
tu que de désirer celle des autres.
(Cicéron.)
LiS CONCOURS DES JOURNAUX
Paris, 3. — Le comité de la presse pari
sienne, réuni samedi auprès-midi, a pris à
l’unanimité la délibération suivante :
« Considérant qu’il y a environ deux
ans, à la suite de divers concours organi
sés par plusieurs journaux, la question
s’est posée de savoir si ces concours tom
baient ou non sous l’application de la loi
de 1836 sur les loteries ; .
« Qu’à cette époque il a été entendu entre
le syndicat de la presse, la chancellerie et
le parquet général de Paris que les opéra
tions en cours, dont le caractère pouvait
être douteux, ne seraient pas l’objet de
poursuites, mais que dans un intérêt supé
rieur, si une nouvelle opération de ce gen
re se produisait, elle serait déférée aux tri
bunaux ;
« Considérant que plusieurs journaux
ont lancé ou se proposent de lancer des
opérations de cette nature en offrant au
public des prix considérables en argent ;
« Le comité du syndicat de la presse pa
risienne a décidé à l’unanimité de deman
der au. garde des sceaux si le régime d'in
terdiction absolue, sous peine de poursui
tes, établi par son prédécesseur d’accord
avec le syndicat de la presse, est maintenu
ou aboli. »
Les employés des postes
Le mouvement syndical
Paris, 3. — Dimanche soir, à 5 heures, a
eu lieu, au Cirque d’Hiver, la réunion des
sous-agents des postes, télégraphes et télé
phones.
1.600 d’entre eux étaient présents. Après
une allocution de M. Jacques Dhurr, pro
testant contre l’exclusion des sous-agents
des postes, télégraphes et téléphones du
bénéfice de la loi de 1884, les délégués des
divers groupements représentés sont ve
nus apporter au nouveau syndicat l’appui
moral et financier de leurs associations et
revendiquer le droit de se syndiquer.
La réunion a pris fin à 7'heures par le
vote d’un ordre du jour invitant le parle
ment à voter, avant les élections, le rap
port de la commission du travail, présen
té par M. Barthou, qui permettra aux
sous-azents de bénéficier de la loi de 1884.
ACTUAIITE
La Saint-Nicolas
Des traditions de fêtes beaucoup s’effa
cent et disparaissent ou tombent dans la
banalité ; mais, loin de perdre Ta vogue,
toutes celles qui intéressent les enfants, les
jeunes garçons et les jeunes filles se déve
loppent, au contraire, et se propagent com
me à l’envi. Tout le monde se fait complice
des charmants tyrans et désormais, en at
tendant mieux, c’est une prodigalité et un
luxe de jouets, de bonbons, de surprises et
de gâteries sous toutes les formes qui com
mencent à se répandre à la Sainte-Cathe
rine pour se poursuivre à la Saint-Nicolas,
à la Noël, au Premier de l’An et ne finir
qu’avec l’Œuf de Pâques.
La Saint-Nicolas, qui autrefois, ne se cé
lébrait guère que dans les pays du Nord et
dê l’Est, s’est généralisée et, le 5 décembre,
à la veillée qui précède sa fête, le saint évê
que, quelque temps qu’il fasse, en aube bro
dée, en chasuble d’or, mitre en tête, crosse
en main, avec sa longue barbe blanche et
fleurie, fait, de porte en porte, tout le tour |
de France, escorté de son vilain laquais, le |
père Fouettard, et suivi de son âne accablé
sous le poids.de ses deux hottes : celle.de
droite pleine de tous les trésors du Paradis
pour les enfants sages, celle de gauche de
petits fagots d’épines pour les méchants
garçons.
Saint Nicolas, avant de devenir le patron
de l’enfance, fut lui-même un merveilleux
enfant. Un messager du Ciel, raconte De-
nys-le- Chartreux, était venu faire part à
ses parents de la volonté du Très-Haut que
le fils qui allait leur naître reçût le nom de
Nicolas, — «Victoire du Peuple» en grec.
Et lorsque l’enfant miraculeux eut été
plongé dans la piscine baptismale, on le vit
se dresser tout droit sur ses petits pieds,
joindre les mains et rester deux heures
debout en prières et les yeux en extase
fixés vers le ciel.
Mais le miracle qui le désigna surtout
comme patron de l’enfance, fut celui des
trois petits enfants ressucités. « Devenu
évêque de Myre, en Lydie, saint Nicolas,
rapporte un autre de -ses historiographes,
ressuscita trois jeunes écoliers de qualité
qu’un hôtelier avare et cruel avait égorgés
et découpés dans un saloir.» Aussi est-il re
présenté le plus souvent bénissant trois
petits garçons agenouillés dans un cuveau.
Le chant .populaire a aussi .perpétué la
légende dans une ballade que Gérard de
Nerval a heureusement recueillie dans ses
voyages de touriste bohème et chercheur à
travers l’Ile de France. Ce bijou d’art naïf
n'est pas assez connu pour que nous hé
sitions à lui donner place ici :
Il était trois petits enfants
Qui s’en allaient glaner aux champs,
S’en vont un soir chez un boucher :
« Boucher, voudrais-tu nous loger 7
— Entrez entrez, petits enfants,
Y a d’ia place assurément. »
Ils n’étaient pas sitôt rentrés
Que le boucher les a tués.
Les a coupés en p’tits morceaux,
, Mis au saloir comme pourceaux.
Saint Nicolas, au bout d’sept ans,
Saint Nicolas vint dans. ce champ;
Il s’en alla chez le boucher :
« Boucher, voudrais-tu me loger ?
— Entrez, entrez, saint Nicolas,
Y a d’la place, il n’en manqu’pas. »
•Il n’était pas sitôt entré
Qu’il a demandé à souper.
« Voulez-vous un morceau d’jambon ?
— Je n’en veux pas, il n’est pas bon.
— Voulez-vous un morceau de veau ?
— Je n’en veux pas, il n’est pas beau.
— Du petit salé, je veux avoir
• Qu’y a sept ans qu’est dans le saloir. 3
Quand le boucher entendit ç’Ia,
Hors de sa porte il s’enfuya.
« Boucher, boucher, ne t’enfuis pas,
Repens-toi, Dieu t’pardonn’ra. »
Saint Nicolas posa trois doigts
Dessus le bord de ce saloi :
Le premier dit : « J’ai bien dormi ! 3
Le second dit : « Et moi aussi ! »,
Et le troisième répondit :
s Je croyais être en Paradis ! «
Saint Nicolas est un des saints les plus
populaires du calendrier. Il n’est pas seu
lement le patron des petits garçons, mais
encore celui des mariniers, des fleuristes,
tonneliers et des emballeurs.
Il fut aussi, jusqu’à la fin du XVIII e siè
cle,. celui des avocats, en concurrence avec
saint Yves.
Le nom de « bâtonnier » qui est resté aux
chefs des divers barreaux, vient de ce que
l’avocat élu par ses confrères pour les re
présenter portait, dans les grands jours,
la crosse ou bâton de saint Nicolas, patron
de la confrérie des compagnons clercs et
procureurs. En 1782, le barreau cessa de
participer à c etteconfrérie, mais il a rete
nu le titre de «bâtonnier».
GEORGES ROCHER.
-- — - - ----- ----- -e- .
LES TROUBLES
d® Eussie
LA SITUATION
Au Conseil des ministres» — Le
gâchis partout. — Les ministres
ne s'entendent pas. — Hésita
tions sur hésitations.
La dernière réunion du conseil des mi
nistres qui a eu lieu à Tsarskoïé-Sélo,
sous la présidence de l’empereur, a été très
agitée, dit le correspondant de«l’Echo de
Paris». M. Dournovo, ministre de l’inté
rieur, a déclaré à l’empereur qu’il fallait
au plus tôt mettre fin à l’anarchie. Il se
fait fort, en arrêtant 2 ou 3,000 intellec
tuels qui sont à la tête du mouvement, et
en expulsant deux cents ouvriers de Pé-
tersbourg et de Moscou, de rétablir l’or
dre. Voyant que Nicolas II paraissait prê
ter une oreille favorable à cette proposi
tion, le comte Witte déclara à son tour que
que si les idées exposées par M. Dournovo
étaient celles de Sa Majesté, il était prêt à
recourir à la répression dans le sens que
l’on venait d’indiquer. Mais il ajouta
qu’aussitôt après il donnerait sa démission
parce qu’il ne se croirait plus à même,dans
ces conditions, d’assurer l’ordre. L’empe
reur, qui hésite à se séparer du comte
Witte, a laissé les choses en suspens. On
a beaucoup remarqué que, pendant toute
cette discussion, les ministres connus pour
être le plus dévoués au comte Witte, com
me MM. Chipoff, Timiriatzeff et Kutler, ont
gardé le plus profond silence.
Aussitôt après, le ministre examina la loi
électorale nouvelle. Le comte Witte s’était
rallié au projet de loi de M. D.-N. Chipoff,
membre des zemtsvos de Moscou, accordant
le suffrage universel à plusieurs degrés. Le
ministre de l’intérieur avait été chargé d’é
laborer les détails de la future loi.
A la très grande surprise du comte Wit
te, M. Dournovo présenta, non point le pro
jet Chipoff, ainsi que cela avait été con
venu, mais un autre projet élaboré par M.
Kriganowsky, directeur du département au
ministère de l’intérieur, et rejetant complè
tement le suffrage universel. Dournovo au
rait déclaré aussitôt qu’on ne pouvait ad
mettre que de « simples sans-culottes » —
je vous garantis l’exactitude de cette ex
pression — votassent uniquement parce
qu’ils avaient atteint l’âge de vingt-cinq
ans.
On voit par là à quel point la situation
est devenue précaire. En sortant de ce con
seil, le comte Witte aurait déclaré qu’il
était impossible de prévoir ce qui survien
drait dans les vingt-quatre heures. En di
sant cela, pensait-il à sa prochaine démis-
sion ?
Dans tous les milieux, on est désillusion-
né de l’action du comte Witte.Généralement
on le trouve trop hésitant entre les différen
tes fractions politiques, depuis les libéraux
modérés jusqu’aux socialistes démocrates.
On estime que les troubles, loin de dimi-
nuer, empirent visiblement. On a l’impres-
sion que la faiblesse du gouvernement ac-
REL
moot- .
te Miles (te Russie
/ Une journée critique
• Saint-Pétersbourg, 4. — On s’accorde à
considérer que la crise russe atteindra son
point critique mardi, jour où les employés
du gouvernement, d’un bout à l’autre de
lempire, reçoivent leurs salaires. Si les
grévistes reçoivent de l’argent, ils conti
nueront la lutte, encouragés par les partis
révolutionnaires.
En vue de cet événement, de nombreux
régiments ont été appelés dans la capitale.
Les révolutionnaires menacent le gou
vernement d’une révolte s’il n’a pas cédé
avant mardi. Ils ont réussi à faire délivrer
les 140 soldats télégraphistes du corps du
génie impérial, emprisonnés dans la forte
resse de Petropavlosk ,pour avoir refusé de
travailler parce qu’ils n’avaient pas reçu
les suppléments de salaire que le service
spécial accompli par eux, il y a six mois,
au cours de la première grève, leur avait
valu.
Les troupes tenant garnison dans la for
teresse envoyèrent au ministre de la guerre
un message où elles disaient qu’elles ne
considéraient pas les soldats du génie pri
sonniers comme coupables et qu’ils de
vaient être, par conséquent, délivrés ; cela
se passait vendredi dernier.
On espère que le gouvernement arrivera
à traverser heureusement cette crise.
La situation à Saint-Pétersbourg est cri
tique. Les vagabonds errant dans les rues
se livrent à d’audacieux excès, poursuivant
les passants de leurs demandes d’aumône,
.faites d’un ton menaçant et suivies d’in-
(suites en cas de refus et même de voies
de fait et de coups de couteau.
Après la tombée de la nuit, certaines
rues, même au centre de la ville, y compris
la perspective Newsky, sont devenues dan
gereuses pour la circulation. Après dix heu
res du soir, les quartiers excentriques sont
absolument inaccessibles et l’on y court
: le danger d’être blessé ou tué par des vaga-
’ bonds dont le progrès des grèves multiplie
! chaque jour davantage le nombre.
, En prévision de la continuation et de
l’extension de la grève et même de la grève
générale et de la probabilité que des dé»
sordres publics en résulteront, l’autorité
militaire de Saint-Pétersbourg prépare
des mesures répressives et fait venir de
lai tille rie dans la capitale. La panique de
la population augmente graduellement et
provoque le départ toujours croissant des
habitants pour la province ou l’étranger..
LE PAPE ET LA SÉPARATION
Prochain discours
Rome, 4. — On annonce que le discours
que le Pape prononcera au prochain Consis
toire est à peu près terminé. Ce sera une pro
testation très énergique contre la séparation.
Le Pape affirmera une fois de plus que le
Vatican ne peut être rendu responsable de
la dénonciation du Concordat.
Faux billets de banque belges
Bruxelles, 4. — La Banque Nationale de
Bruxelles a découvert que des faux billets
de banque avaient été mis en circulation
au mois de février dernier, et les premiers
résultats de l’enquête du parquet bruxellois
ont abouti à cette constatation que le chif
fre total des billets fabriqués s’élève à plus
de 10,000, c’est-à-dire à plus de quatre mil
lions de francs.
Les magistrats instructeurs sauraient dès
à présent que la fabrique de faux billets
était installée à Monte-Carlo, où elle fonc
tionnait encore il y a quelques mois à
peine.
CHAMBRE DES DÉPUTÉS
Séance de lundi matin
La séance est ouverte à 9 h., 20 sous la
présidence de M. Doumer.
La fraude des beurres
On discute le projet sur la répression de la
fraude des beurres.
L’article 4 modifié par la .commission est
adopté.
On repousse deux amendements de M.
Thierry, tendant à la suppression de l’ar
ticle 5, afin qu’on exempte de l’exercice de la
régie, le beurre de cacao*, l’huile de cacao et
les substances susceptibles de servir à falsi
fier le beurre.
L’article 5 eat a donte avec la. texte de la
commission. • 000
La suite de la discussion est renvoyée à
lundi et la séance, levée à midi.
Nouvefles locales et regronales
US EXPLOSION
à la Citadelle de Lille
Une caisse de cartouches qui
saute.—Sept soldats blessés.
— Deux blessés grièvement.
- Accident inexpliqué.
Un grave accident, sur lequel on ne pos
sède pas encore de détails bien précis, s’est
produit lundi après-midi à la Citadelle de
Lille.
Des soldats du 1 er bataillon d’artillerie à
pied manipulaient des caisses de cartou
ches dans un petit bâtiment situé à l’entrée
de la citadelle, à droite.
A trois heures vingt, pendant cette ma
nipulation, une caisse de cartouches fit
soudainement explosion.. On ne sait pour
quelle cause.
L’explosion fut si violente qu’on en en
tendit le bruit jusqu’à la place de la Ré
publique.
Elle mit ën émoi toute la citadelle et tout
le quartier Saint-André. On accourut de
toutes parts porter les premiers secours.
Le petit batiment servant de cartoucherie
était entièrement détruit.
Sur dix soldats occupés à la manipulation
des cartouches, sept étaient blessés, dont
deux très grièvement.
Ils furent, après un premier pansement som
maire, transportés d’urgence à l’hôpital mi
litaire, où leur état parut très grave' aux mé
decins.
Les autres blessés ont été soignés d’abord
à l’infirmerie de la Citadelle.
Un maréchal de logis artificier est égale
ment blessé.
Les pompiers de la caserne Malus, pré
venus, accoururent en hâte et noyèrent les
décombres.
M. Delesalle, maire de Lille, avisé, s’est
rendu aussitôt à la Citadelle, ainsi que tou-
tes les autorités militaires. P z A
La Citadelle a été immédiatement con
signée, nul n’y peut pénétrer.
On ignore encore comment l’accident s’est
produit. .
Suivant les uns, les soldats transportaient
les caisses de cartouches comme nous l’avons
dit.
Suivant d’autres, au contraire, ce qui ren
drait l’accident plus explicable, ils char
geaient des cartouches.
Les blessés
Sur les deux blessés atteints le plus griè
vement, on' dit que l’un aurait une partie
du côté brûlé et emporté, et serait à la mort.
Une foule considérable se presse aux
abords de la Citadelle, dont l’accès, comme
nous le disons plus haut, est interdit au
public, qui assiste simplement au passage
des voitures d’ambulance ;
LA HAUSSE DU JUTE
Une réunion à Amiens
Dernièrement, la Chambre syndicale des
tisseurs de jute nous communiquait la note
suivante :
« La situation devient de plus en plus
critique pour le tissage, non seulement du
fait des prix excessifs de la matière première,
mais encore et surtout à cause de l’extrême
difficulté où il se trouve de s’alimenter en
fils de jute, surtout en moyens et en gros
numéros.
» La filature n’arrivant plus, malgré tous
ses efforts, à suivre le tissage dans un mo
ment où la demande est relativement peu ac
tive, la fabrique se demande avec inquiétude
ce oui adviendrait si notre marché reprenait
quelque animation. »
* Lundi, les syndicats du jute et des tisseurs
du jute de France se sont réunis en assem
blée à Amiens pour délibérer sur la si
tuation critique créée à leur industrie par
la hausse des jutes bruts qui ont atteint
progressivement des augmentations s’éle
vant à 80 0/0 durant les cinq dernières an
nées. Plusieurs des industriels qui ont pris
la parole ont estimé que rien ne peut faire
prévoir une atténuation à cette situation
qui s’affirme définitive' et qui prend un ca
ractère de permanence.
Une série de mesures ont été proposées
dans cette réunion, parmi lesquelles l’ar
rêt partiel des usines, jusqu’à ce que l’é
quilibre soit rétabli entre le prix de vente
et le prix de revient. En définitif, la matiè ¬
re première est absorbée par le tissage des
Indes et il devient de plus en plus intéres
sant que nos colonies s’occupent de la cul
ture d’un textile si nécessaire à l’industrie
nationale.
ROLBAIX
Chute mortelle d’un télégraphiste
Un terrible accident s’est produit lundi matin,
vers 11 heures,, rue dTsIy.On ouvrier télégraphiste,
appartenant à une équipe lilloise, est tombé d’une
toiture sur laquelle il était monté, haute de huit
mètres.
Le malheureux, qui se nomme H. Charlet, a été
relevé dans un état désespéré. On. craint une frac
ture de l’épine dorsale ; il a été transporté sans
connaissance à l’Hôtel-Dieu.
M. Maquinghem. receveur des postes, a aussitôt
informé ‘administration départementale de ce pé
nible événement.
Coup de couteau. — Dimanche soir, vers 11
heures, un peigneur, Victor Barbe. 24 ans. demeu-
rant a l’angle des rues d’Alger et du Congo, et qui
avait rencontré une ménagère. Sophie Verbecke, 41
ans, rue de la Balance, 3, suivit cette femme jus
que chez elle.
Là il se trouva en présence du mari qui se jeta !
sur lui et lui porta un coup de couteau.. L’arme lit 1
une entaille profonde mais peu grave à l’auricu
laire de la main gauche. La femme Verbecke ayant
prétendu que Barbe avait exercé des violences sur
elle, ce dernier est tenu à la disposition de la
justice en même temps que le mari.
Vol de 200 francs.— Dans la soirée de diman
che, des malfaiteurs se sont introduits chez Mme
C.... rue de Maubeuge, et ont dérobé une somme
de 200 francs.
Accident d’automobile. — Dimanche matin,
vers onze heures, l’automobile deM. Pollet-Masurel,
rue du Manège, remontait la rue Inkermann, lors-
qu’arriva en sens inverse, venant de la rue de Lille,
l’automobile de M. Prouvost-Devemy. Il y avait du
monde dans les deux voitures.
Le choc fut si violent que l’auto de M. Pollet-
Masurel fut projetée dans la vitrine de la boulan
gerie de M. Nauwynck-Desmet. La porte vola en
éclats, les vitres furent brisées et les roues de fa
voiture furent mises en pièces. Aucune des person
nes qui se trouvaient dans les automobiles n’a été
blessée.
Un noyé. — On a retiré du canal, dimanche,
vers midi, quai du Sartel. le cadavre d’un jeune
homme de 22 ans, Victor Heffinck, rue d’Alger, 65,
qui était sujet à des crises épileptiques.
Série de vols. — Dans la soirée de samedi,des
malfaiteurs inconnus se sont introduits chez M.
Emile Verstéghe, forgeron, rue Daubenton. cour
Desmet, 7-; toutes les chambres ont été visitées de
fond en comble et dans un meuble une bague en
or et une somme de 41 francs ont été dérobés.
.. Une marchande de bonbons de Croix, José-
phine Léonard, a été arrelé. pour vol de boites de
chocolat dans le magasin de M. Louis Delannoy,
confiseur, rue de la Redoute, 21.
.•. Des voleurs ont pénétré avec effraction dans
un estaminet inhabité rue de Tourcoing. 119, et y
ont commis des déprédations. Ils ont emporté quel
ques objets de peu de valeur.
.. Dimanche, vers trois heures du matin. M.
Alfred Cornille, trieur, rue de la Chaussée, 10, a
surpris en flagrant délit d’effraction, un voleur au
quel. de sa fenêtre du premier étage, il a lancé une
brique qui a du l’atteindre. Le cambrioleur s’est
enfui en poussant un cri.
— ' —= - ’ 1 —
Un coup de couteau. — Dans la nuit ue
samedi a dimanche, un ouvrier teinturier. Oscar
Chantry. 22 ans. demeurant rue Fontenoy. 40, a eu,
rue del’Avocat. une discussion avec une fille sou
mise, dont il est l’ami.
Cette femme, Marie Debucquoy, 22 ans, demeu
rant rue Jacquard, a reçu dans le bras gauche un
couo de couteau qui lui aurait traversé les chairs.
L’agresseur a été arrêté, dimanche matin, au douât- 1
cile de la fille publique, rue Jacquard.
TOURCOING
u NOUVELLE GARE OUVERTE
L’ancienne gare a Vécu. Le premier train
de voyageurs, celui qui quitte Lille à 3 heures
20 du matin, a accosté lundi à 3 heures 42 le
quai d’arrivée de la nouvelle gare et le service
des trains français et belges s'est effectué,
dans le courant de la journée, sans qu’il se
soit produit le moindre retard.
Vers minuit, M. Dron, maire, à qui s’é
taient joints M. Emile Lecomte, premier ad
joint et plusieurs autres personnalités locales,
s’est rendu à la gare. Quelques ingénieurs de
l’inspection principale de Lille et des chefs
de travaux étaient présents. La nouvelle gare
était brillament éclairée et les rares person
nes qui étaient présentes ont pu établir un
parallèle entre l’édifice nouveau, étincelant
de lumières, dont la Compagnie du Nord vient
de doter la ville de Tourcoing et la construc
tion ancienne, obscure et incommode, que la
pioche des démolisseurs va entamer d’ici
quelques heures.
Une équipe de 250 à 300 ouvriers était venue
pour faire le raccord des aiguiles. L’opération'
du changement des rails a été effectuée dès
। que le dernier train de voyageurs venant de
’ Lille et qui arrive à Tourcoing à 1 heure 10
du matin eut gagné l’ancienne gare. A deux
heures et demie ce travail si difficile .était;
terminé.
M. Dron a eu avec les ingénieurs du Nord;
et M. Marquant, chef de gare un long entre-
tien qui s’est terminé par la visite de la nou- t
velle gare. • "
Nous devons dire que certains locaux, prin-
cipalement Içs bureaux affectés au personnel
de la" gare et au service de la douane ont été
trouvés beaucoup trop petits et on peut s’at
tendre, après les observations qui ont été.
faites à l’issue de l’examen minutieux des
diverses salles, à ce que des modifications
soient à brève échéance apportées .dans cer-
1 taines parties-de la gare. , .0,
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 87.65%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 87.65%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/6
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bd6t5471153x/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bd6t5471153x/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bd6t5471153x/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bd6t5471153x/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bd6t5471153x
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bd6t5471153x
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bd6t5471153x/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest