Titre : Le Journal du Midi
Éditeur : [s.n.] (Avignon)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Nîmes)
Date d'édition : 1899-07-06
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32800997q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 06 juillet 1899 06 juillet 1899
Description : 1899/07/06 (A25). 1899/07/06 (A25).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG30 Collection numérique : BIPFPIG30
Description : Collection numérique : BIPFPIG84 Collection numérique : BIPFPIG84
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t51002968g
Source : Bibliothèque Carré d'art / Nîmes, 33330
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/09/2022
M» 1
bre, la campagne va durer encore lcng'emps, à
moins que l'opinion aux Etats-Unis ne force le
gouvernement à un compromis avec les Philip-
pins.
LE REJET DTDESARMEMENT
Paris, 5 juillet.
On sait qu'à la suite de l'opposition brutale du
colonel Schwartzhoff, représentant l'Allemagne, la
conférence de La Haye n'a ptl se mettre unani-
ment d'accord sur la nécessité qu'il y avait d'ar-
rêter les armements. Le colonel Schwartzhoff
avait dit notamment :
— Le peuple allemand n'est pas écrasé sous le
poids des charges et des impôts; il n'est pas en-
traîné sur la pente de l'abîme; il ne court pas à
l'épuisement et à la ruine. Bien au contraire, la
richesse publique et privée augmente le bien-être
commun. Le standard oflife s'élève d'une année à
l'autre.
» Quant au service obligatoire, qui est intime-
ment lié à ces questions, l'Allemand ne le regarde
pas comme un fardeau pesant, mais comme un
devoir sacré et patriotique, à l'accomplissement
duquel il doit son existence, sa prospérité, son
avenir.»
Discours de M. Léon Bourgeois
En réponse à cette déclaration. M. Léon Bour-
geois, délégué de la France, a prononcé le dis-
cours suivant qui a obtenu gain de cause :
« — J'ai été très heureux, a-t-il dit, d'entendre
les paroles éloquentes que vient de prononcer M.
le baron de Bilot. Elles répondent non seulement
à mon sentiment personnel et au sentiment de
mes collègues de la délégation française, mais,
j'en suis sûr, au sentiment unanime des membres
de la conférence.
» Je m'associe donc à l'appel que M. le délégué
de Suède et de Norvège, vient de vous adresser.
Je crois même que, pour manifester plus complè-
tement encore la pensée qui l'a inspiré, la com-
mission a quelque chose de plus à faire. J'ai lu
attentivement le texte des conclusions adoptées
par le comité technique.
» Ce texte indique avec beaucoup de précision
et de force les difficultés qui s'opposent actuelle-
ment à la conclusion d'une convention interna-
tionale pour la limitation des effectifs. L'examen
de ces difficultés pratiques étaient bien exacte-
ment l'objet du mandat du comité technique, et
nul ne songe à critiquer les termes dans lesquels
il s'est aequitté de ce mandat déterminé.
» Mais la commission a le devoir de considérer
d'un point de vue plus général et plus élevé le
problème posé par le paragraphe premier de la
circulaire du comte Mouravieff Elle ne veut cer-
tainemeat pas se désintéresser de la question de
principe posée devant le monde civilisé par l'ini-
tiative généreuse de Sa Majesté l'empereur de
Russie. Et il me paraît nécessaire qu'une résolu-
tion compétence soit adoptée par nous, pour
manifester plus nettement le sentiment qui aai-
mait le précédent orateur et qui doit ncus faire
souhaiter, à tous, que l'œuvre entreprise ne soit
pas abandonnée. Cette question de p-incipe se
résume en termes fort simples : la limitation des
charges militaires qui pèsent sur le monde, est-
elle désirable ?
» J'ai écouté avec soin, dans la séance derniè-
re, le remarquable discours de M. le colonel
Schwartzhoff. Il a présenté avec la plus grande
force les objections techniques, qui, selon lui,
devaient empêcher la commission d'adopter les
propositions de M. le colonel Gilinskj. Il ne m'a
pas semblé toutefois qu'il contestât, en elles-mê-
mes, les idées générales au nom desquelles nous
sommes réunis ici. Il a montré que l'Allemagne
supportait facilement les charges de son organi-
sation militaire et rappelé qu'elle avait pu pour-
suivre néanmoins un développement économique
considérable.
» J'appartiens à un pays qui supporte aussi al-
lègrement les obligations personnelles et finan-
cières que le service de la défense nationale im-
pose à ses eitoyens, et nous avons l'espoir de
mont er l'an prochain au monde qu'elles n'ont
point ralenti l'activité de notre production, ni
entravé l'accroissement de notre prospérité éco-
nomique.
» Mais M. le colonel Schwartzhoff reconnaîtra
certainement avee moi, que pour son pays com-
me pour le mien, si les ressources considérables
qui sont consacrées à l'organisation militaire
étaient en partie mises au service de l'activité
pacifique et productrice, l'ensemble de la prospé-
rite de chaque nation ne cesserait de s'accroître
suivant un mouvement beaucoup plus rapide.
» C'est cette idée qu'il importe non seulement
68 F30ILLETON DU JOURNAL DU MIDI
LE DU1IE DE ■IEE1SE
Par Louis LÉTANG
D'un effort en sens contraire du mouvement il
immobilisa la barque.
Puis se levant à demi, il regarda à son tour.
— Tu as raison, ce sont des hommes. Vingt
ou trente au moins. Sont-ils assemblés par ha-
sard V
Après quelques minutes d'observation :
Leur nombre diminue sans que personne
s'éearte du groupe, donc ils ont trouvé le secret
et descendent dans les cavernes...
— C'est vrai, fit Sorel avec découragement,
que va-t-il arriver à ce malheureux Koli-Noor ?
lia ne le tiennent^ pas encore. Une armée
se perdrait dans le dédale des excavations ro-
cheuses.
— Rétrogradons et observons.
— C'est prudent.
— Nous avons passé tout à l'heure près d'une
touffe de roseaux et de saules argentés. Rangeons
la barque dans son ombre.
Ils exécutèrent la manœuvre et se glissèrent
sous la protection des rameaux légers et mobi-
les comme une chevelure.
Et, anxieux, ils attendirent.
Lord Randolph Holley, suivi de Pilter, s'était
rendu sur le bord du lac.
A un signal convenu il fut entouré d'hommes
appartenant à la police de sûreté du gouverne-
ment impérial des Indes, postés en observation
depuis la nuit tombante.
— Vous m'avez téléphoné, dit-il à celui qui les
commandait, que MM. Sorei et Thiercelin accom-
pagnes par Koli-Noor, étaient sortis de leur de-
d'exprimer ici entre nous, mais, s'il est possible,
manifester devant l'opinion. C'est pourquoi, si
j'avais à exprimer un vote sur la question posée
par le paragraphe premier de la proposition du
colonel Gilinski, je n'hésiterais pas à me pronon-
cer dans le sens de l'affirmative.
» Au reste, nous n'avons peut-être pas ici le
droit de considérer seulement comment notre
pays en particulier supporte les charges de la paix
armée. Notre tâche est plus haute; c'est Pensent-
ble de la situation des nations que nous sommes
appelés à examiner. En d'autres termes, nous
n'avons pas seulement à émettre des votes par-
ticuliers, répondant à notre situation spéciale.
S'il est une idée générale qui puisse servir au
bien commun, nous devons essayer de la déga-
ger. Notre but n'est pas de nous former en majo-
rité et en minorité ; il faut non mettre en lu-
mière ce qui peut nous séparer, mais nous atta-
cher à ce qui peut nous réunir.
» Si nous délibérons dans cet esprit, nous trou-
verons, je l'espère, une formule d'ensemble qui,
réservant des difficultés que nous connaissons,
exprime du moins cette pensée que la limitation
des armements serait un bienfait pour l'humani-
té et donne aux gouvernements l'appui moral
nécessaire pour leur permettre de poursuivre ce
noble objet.
s Messieurs, le but de la civilisation nous pa-
raît être de mettre de plus en plus au-dessus de
la lutte pour la vie entre hommes l'accord entre
eux pour la lutte contre les cruelles servitudes de
la matière. C'est la même pensée que l'initiative
du tzar nous propose d'affirmer pour les rapports
entre les nations. Si c'est une nécessité doulou-
reuse d'être obligés de renoncer actuellement à
une entente positive et immédiate sur cette oppo-
sition, noms devons essayer de prouver à l'opi-
nion publique que nous avons du moins sincère-
ment examiné le problème posé devant nous.
Nous n'aurons pas travaillé en vain, si, enfin for-
mulant les termes généraux, nous indiquons le
but vers lequel nous désirons, unaniment je l'es-
père, voir marcher l'ensemble des peuples civili-
sés. (Applaudissements). »
Pour conclure, car il faut conclure, même en
diplomatie, M. Bourgeois a prononcé la rédac-
tion suivante :
a La commission estime que la limitation des
charges militaires qui pèse actuellement sur l'Eu-
rope serait heureuse pour le bien-être matériel et
moral de l'humanité. »
Cette rédaction a été adoptée.
LES AFFAIRES, D'ESPAGNE
Madrid, 5 juillet.
A Barcelonne, pendant les premières heures de
la nuit, des groupes de manifestants ont continué
à lapider des boutiques ; deux curés ont été in-
sultés. La gendarmerie a pu rétablir l'ordre.
A Alicante, des groupes de manifestants ont
fait fermer les boutiques et lapidé les devantures
des commerçants qui se sont refusés à fermer ;
les manifestants ont de plus incendié des bureaux
d'octroi ; quelques arrestations ont été opérées.
Le bruit court qu'un manifeste révolutionnaire
aurait été imprimé à Valence
Valence, 5 juillet.
Des désordres peu graves se sont produits ; ils
ont été immédiatement réprimés par la cavalerie.
Pendant une charge rue Sagunto, un Français a
été contusionné ; le Français avait arboré" à sa
fenêtre un drapeau français, le consul est inter-
venu. La tranquillité a été absolue la nuit der-
nière.
Pampelune, 5 juillet.
Le commaudant en chef du 6' corps a ordonné
le déplacement de différents régiments en garai-
son à la frontière.
Les nouvelles de Saragosse continuent à signa-
1er une certaine agitation.
Association de malfaiteurs
Paris, 5 juillet.
M. Rouffaud, commissaire de police du quar-
tier des Epinettes, procédait, il y a cinq jours, a
l'arrestation de trois malandrins, Lucien Jacque-
line, Auguste Mercadier et Romain Jesbert, dits
a le beau Marius t, t Ange Pitou », « Pompon-
nette », demeurant tous impasse de la Jonquière,
n° 1, et qui avait dévalisé l'appartement de M.
Constant D..., habitant également à cette adres-.
se. L'affaire serait banale en elle-même, le vol
n'étant pas très considérable si elle se bornait à
cela. Mais, en procédant à une perquisition au do-
micile de Jesbert, le magistrat découvrit, sous
une lame du parquet, toute une correspondance
des plus édifiantes.
meure et se dirigeaient vers le lac. Que s'est-0
passé depuis ?
— Les deux Français se sont embarqués et se
dirigent prudemment vers la colonnade. L'Indou
a pris la route de terre.
— Ah ! ah ! cet emploi d'une barque nous indi-
que qu'il y a des choses que nous ignorons en-
core. Il faudra veiller avec soin sur les rives.
— Nous n'avons pas assez de monde, Votre
Grâce.
— Je vais transmettre l'ordre au chef des mi-
lices d'envoyer deux cents hommes. On bordera
les rives du lac à droite et à gauche. Pilter, allez
porter ceci.
A la lueur é.une lanterne aour&e, il. écrivit olafeL-
ques mots sur un feuillet de block-notes, l'arra-
cha et le tendit au détective.
Pilter salua et retourna en hâte vers la ville.
Teut en marchant il se disait :
— Je ne suis pas fou des expéditions noctur-
nés, moi. Et puis, le petit Brod me manque. Je
n'aime pas à opérer seul. On ne m'a pas dit de
revenir. Je ne reviendrai pas
Randolph Holley poursuivait sa route, le long
du lac, suivi de son escorte D'autres guetteurs
se trouvaient postés aux environs de 1» colon-
nade ; ils vinrent se joindre au groupe.
Et Kunn a-t-il réussi ? demanda le lord.
Nous pensons que oui, répondit un des nou-
veaux venus, — un homme très important, pour-
vu d un haut grade dans la police générale de la
presqu'île cisgantégique.
— Ah ! e'est vous, Guytton ?
Oui, milord. L'agent Kiinn s'est tenu, sui-
\ant les ordres donnés, au fond du souterrain
q.ue nous avons vainement exploré depuis ce ma-
tin. Dissimulé dans une anfractuosité de la ro •
ehe, il a patiemment attendu les étrangers au
passage. Koli-Noor, ce soir, est seul descendu.
— Oui, je sais. Les Français sont en barque
dans le lac.
— Néanmoins, Kiinn, dont l'habileté et la légè-
rete sont incomparables, à pu accrocher au bas-
Jesbert est tout simplement le principal cour-
tier, à Paris, d'une association de malfaiteurs
rayonnant sur toute la France. Si le chef d'une
bande de gredins ayant son centre à Lyon, Bor-
deanx, Lille ou Toulouse, manquait d'objets de
vente facile, il écrivait immédiatement à Jesbert
et lui disait :
— Mettez vos hommes en campagne. Il nous
faut dans le délai de trois ou quatre jours, deux
bicyclettes de l.OuO francs, nous en avons le pla-
cernent ; ou bien encore : la femme d'un employé
de la mairie veut acheter une garniture de che-
minée. Tâchez d'en chaparder une très batli (sic),
elle y mettra le prix. »
Une troisième lettre est plus suggestible. Elle
vient de Grenoble :
« Nous avons un vieux rentier très riche, qui
possède nne villa gardée seulement par deux
vieuxdomestiques.il cherche une petite bonne.
Dégotez-moi cela illico, qu'elle soit intelligente,
de décision prompte et capable de nous obéir en
tout. Il nous faut nos grandes entrées chez le
vieux pante ! Si la mômeX... est toujours à Pa-
ris, expédiez-la vite ! »
Les principaux membres de cette association
de brigands sont déjà sous les verrous.
LA CHASSE
Paris, 4 juillet.
Deux mois encore nous séparent du moment
où les chasseurs pourront sortir leur fusil de son
étui, et déjà — c'est premier acte administratif
du nsuveau ministre de l'agriculture, M. Jean
Dupuy — les dates de l'ouverture, dans les dé-
partements situés en dehors de la première zone
viennent d'être arrêtées.
On sait que c'est sur la proposition des préfets
après avis des sociétés d'agriculture et des so-
ciétés de ehasseurs, que le ministre de l'agrieul-
culture fixe les dates de l'ouverture.
Aux termes de l'arrêté ministériel, les dépar-
tements du Cher, de l'Indre, d'Indre-et-Loire, de
Loir-et-Cher, de la Haute-Saône, des Deux Sèvres,
de la Vendée et de la Vienne et le territoire de
Belfort, sont ajoutés aux départements de la deu-
xième zone : Ain, Allier, Basses et Hautes Al-
pes, Aveyron, Cantal, Charente, Charente-Infé-
rieure, Corrèze, Creuse, Dordogne, Doubs, Drô-
me, Isère, Jura, Loire, Haute-Loire, Lot, Lozère,
Puy-de-Dôme, Rhône, Saône-rt-Loire, Savoie,
Haute-Savoie, Tarn et Haute-Vienne, pour les-
quels l'ouverture aura lieu le 27 août.
Dans la troisième zone, l'ouverture est fixée au
3 septembre. Cette zone comprend les départe-
ments suivants : Aisne, Ardennes, Aube, Calva-
dos (partie) — on revient encore à l'ancien erre-
ment de diviser le même département pour la
plus grande satisfaction de MM. les braconniers
— Côte-d'Or, Eure, Eure-et-Loir, Loire-Inférieure,
Loiret, Maine-et-Loire, Marne, Meuse, Nièvre,
Nord, Oise, Orne (partie), Pas-de-Calais, Sarthe,
Seine-Inférieure, Seine-et-Marne, Seine-et-Oise,
Somme, Vosges, Yonne.
Comme on le voit, dans un grand nombre de
départements, l'ouverture de la chasse est avan-
cée ; l'état actuel des récoltes le permet.
Aurons-mus du gibier cette année ? Telle est la
question que se posent les chasseurs. Jusqu'à
présent les nouvelles sont très bonnes, le temps
a été favorable aux couvées, les éclosions se sont
bien faites, et déjà, au milieu de juin, on commen-
çait à voir de jolies compagnies de perdreaux (15
à 16 en moyenne).
L'EXPOSITION UNIVERSELLE
Les palais étrangers
Paris, 5 juillet.
C'est sur la rive gauche de la Seine que s'élè-
veront, ainsi que nous l'avons dit, les pavillons
des puissances étrangères.
L'emplacement qui leur est destiné s'étend
depuis le pont des Invalidas jusqu'au pont de
l'Aima.
Cette partie des berges offre depuis deux mois
le «pectacle d'une incessante aativité.
Partout se dressent des pilotis destinés à sup-
porter les futures constructions. A certains en-
droits, les pieux sont enfoncés dans le lit du
fleuve ; ailleurs, lis sont établis sur lesi berges
mêmes, et leurs sommets sont arasés au niveau
du quai, de sorte que le plancher supportant les
pavillons se trouvera sur le même plan que la
chaussée.
En certains endroits, les ouvriers enlèvent le
pavage des berges pour creuser les fondations des
pieux. Et de tous côtés les charpentes se dres-
sage un hameçon dans le vêtement de Koli-Noor
sans qu'il s'en aperçût, ce qui était le point dé-
licat. A cet hameçon était accroché un fil de
soie d'une ténuité extrême, de couleur neutre
comme la roche. Ce fil se dévidait sur un mouli-
net d'une sensibilité parfaite.
» Lorsque Koli-Noor fut à une grande distance,
Kunn marcha sur ses traces, guidé par le fil ser-
pentant sur le sol. Au fur et à mesure il déroulait
un cordage de grosseur appréciable et peint en
rouge vif. Kunn n'est pas encore revenu et nous
avons tout lieu de supposer qu'il a pleinement
réussi dans cette délicate entreprise.
— Nous allons le savoir avant peu. Suivez-
moi....
— Comment ! vous voulez, milord, descen-
dre ?
— Oui, oui. C'est une vieille partie qui se dé-
cide en ce moment, elle m'a beaucoup passionné
et je veux jeter moi-même le dernier coup de dé.
Descendons, messieurs.
Quelques minutes après, ils étaient réunis au
nombre d'une trentaine dans la première salle
du souterrain.
Kunn, un petit homme souple et félin, revenait
à ce moment, un air de triomphe sur sa figure
fine et rusée.
— La route est sillonnée jusqu'au bout par le
cordeau rouge, annonça-t-il.
— Très bien, mon ami s'écria joyeusement Ran-
dolph Holley, je vous promets une magnifique
récompense. Montrez-nous cette route, je vous
suis directement. Venez, messieurs ! Ah 1 e'est
une belle et victorieuse soirée ! En avant !
Koli-Noor l'avait dit : un séjour trop prolonge
en Europe avait diminué l'acuité de seB sens. 11
n'avait rien démêlé parmi les bruits vagues,
suspects cependant, qui avaient frappé ses oreil-
les.
Ayant parfaitement retrouvé sa route, il se
croyait en sûreté dans la salle où les tonnelets
précieux étaient empilés.
sent, dessinant déjà vaguement les silhouettes
des palais projetés.
Pour le pavillon de l'Italie, les charpentes sont
assez montées déjà pour que l'on ait pu poser le
plachcr du premier étage. On s'occupe à présent
de poser les solivos du deuxième étage.
On a commencé les fouilles du pavillon des
Etats-Unis. La charpente du pavillon de Hongrie
est installé au-dessus de la tranchée des Mouli-
neaux.
Les fondations du pavillon de la Grande-Breta-
gne sont terminées. On attend l'arrivée des ba-
teaux chargés de matériaux pour reprendre le
travail.
Pour la pavillon de Monaco, on a commencé
le battage des pieux sur la berge de la Seine et
terminé les murs de soubassement du côté du
quai d'Orsay.
Il en est de même pour le pavillon de Rouma-
nie, dont on a monte la charpente.
Les travaux de montage se poursuivent acti-
veinent pour le pavillon de l'Allemagne Les fon-
dations du pavillon du Pérou sont achevées. On
pose la clôture du pavilldn de l'Espagne et l'on
approvisionne la brique et les moellons pour le
pavillon de Belgique.
Les travaux du pavillon de la Serbie ont com-
mencé le 3 juillet L'envoi en possession définitive
des pavillons de Turquie et de Grèce aura lieu
aujourd'hui 6 juillet.
Quant à la Norvège et à la Suède, leurs pavil-
Ions seront préparés a Stockholm et à Christiana,
puis les pièces expédiées à Par i s. q y 'pu s
qu'à les monter sur les emp'ïacemèniii re'Sfervés
ces puissances
Une partie des jardins du Trocadéro est égale-
ment affectée aux puissances étrangères.
On y verra le grand palais de la Chine, dont on
monte actuellement les murs de façade. La char-
pente du pavillon de la Russie est" très avancée.
Le Transvaal sera représenté au Trocadéro par
une maison de ferme et par une usine. On a re-
couvert le pavillon principal et terminé le rava-
lement des murs de façade.
Les pavillons des Indes anglaises, du Japon et
de l'Egypte ne tarderont pas à ériger, sur les pen-
tes du Trocadéro, leurs curieuses façades. Le plus
avancé est le palais du Japon, dont on a terminé
les murs de soubassement.
INFORMATIONS
Les incidents de Terrc-Seove
Londres, 5 juillet. — A la Chambre des Com-
munes, M. Brodrick, secrétaire parlementaire pour
les affaires étrangères, dit qu'on a reçu le 21 juin
un télégramme du gouverneur de Terre-Neuve
annonçant que le commandant naval français
avait fait enlever du French-Shore des filets pour
la pêche du saumoa « Nous n'avons pas reçu
de détails, ajoute-t-il, mais le commandant naval
anglais prendra sans doute les mesures néces-
saires pour régler la difficulté.»
La (grève de Tours
Tours, S juillet. — Dans une nouvelle réunion,
les charpentiers, au nombre de 500 environ, ont
voté hier soir la grève générale. Aujourd'hui, les
couvreurs suivront cet exemple. La grève est
motivée, comme on le sait, par la loi sur les ac-
cidents du travail.
Le commencement !
Paris, S juillet. — La session à peine close, le
gouvernement s'occupe déjà de, donner , ma
listes un commeneementde*'83618140.1100. ÂT. VTa.1-
deck-Rousseau aurait, assure-t-on, promis tout à
l'heure à ses amis les révolutionnaires de dis-
gracier immédiatement le général Zurlinden.
UOf/lciel de vendredi contiendrait la nomination
du successeur du gouverneur de Paris. D'autres
mesures seraient prises au Conseil des ministres
qui aura lieu ce jour-là.
l'n discours aie $9. Blél'ws
Paris, S juillet. — Un banquet aura lieu à l'hô-
tel Continental jeudi, à sept heures, sous la pré-
sidence de M. Méline, qui y prononcera un dis-
cours politique. Ce banquet est organisé par des
notabilités du commerce de Paris et par les répu-
blicains progressistes.
UN CANON AUTOMOBILE
Cette curiosité figure à l'Exposition des auto-
mobiles qui s'est ouverte dernièrement à ïtich-
«rond, non loin de Londres. Elle y est fort re-
marqu-e, et plusieurs délégués du War Office sont
venus, ces jours-ci, voir fonctionner la nouvelle
arme, construite par l'ingénieur électricien Simaos
pour la maison Vickers et Maxim.
11 avait débouché la gaine qui communiquait
avec l'air libre au-dessus du lac, et attendait en
toute sécurité le signal qui devait lui venir de la
barque montée par Sorel et Thiercelin.
Voilà qu'un bruit sourd parvient jusqu'à lui. On
marche dans les galeries proches.
Il s'élance vers l'entrée de la salle et recule aus-
sitôt.
Des hommes sont là... une troupe... à vingt
pas...
Et derrière l'indigène qui marche le premier,
il a reconnu la hautaine figure de celui qui
fut longtemps sen maître, lord Randolph Hol-
ley !
Pris ! il est pris !
Il recule jusqu'à la pile des tonnelets, un souri-
re étrange sur ses lèvres minces.
Puis, rapidement, sans une hésitation, sans
qu'un muscle de son visage fermé eût tressailli,
il met le feu à la mèche soufrée qui pend de la
bende d'un des barils, cette mèche que Thiercelinc
avait remarquée la veille.
Puis, les bras croisés, il attend, debout, fai-
eant face.
Derrière lui la mèche grésille et la flamme
monte.
— Ah I te voilà donc, traître ! a dit Randolph
Holley en pénétrant dans la salle.
— Je ne euis pas un traître, repondit haute-
ment Koli-Noor, mais un homme qui accomplit
son devoir. J'avais juré de venger la mort de l é-
poux bien-aimé de ma maîtresse, la princesse
Batsylé, dont tous les malheurs viennent de vous
de celui donc vous avez cravaché la bouche et
piétiné le cadavre; j'avais juré de venger le meur-
tre de mon père et de mes frères. Je suis con-
tent. C'est fait.
(A suivre.)
k
-J «r s» Mffii. ^ OTtTffîTi. os; ■
cIoCOLATlïlAVEyR^S^
bre, la campagne va durer encore lcng'emps, à
moins que l'opinion aux Etats-Unis ne force le
gouvernement à un compromis avec les Philip-
pins.
LE REJET DTDESARMEMENT
Paris, 5 juillet.
On sait qu'à la suite de l'opposition brutale du
colonel Schwartzhoff, représentant l'Allemagne, la
conférence de La Haye n'a ptl se mettre unani-
ment d'accord sur la nécessité qu'il y avait d'ar-
rêter les armements. Le colonel Schwartzhoff
avait dit notamment :
— Le peuple allemand n'est pas écrasé sous le
poids des charges et des impôts; il n'est pas en-
traîné sur la pente de l'abîme; il ne court pas à
l'épuisement et à la ruine. Bien au contraire, la
richesse publique et privée augmente le bien-être
commun. Le standard oflife s'élève d'une année à
l'autre.
» Quant au service obligatoire, qui est intime-
ment lié à ces questions, l'Allemand ne le regarde
pas comme un fardeau pesant, mais comme un
devoir sacré et patriotique, à l'accomplissement
duquel il doit son existence, sa prospérité, son
avenir.»
Discours de M. Léon Bourgeois
En réponse à cette déclaration. M. Léon Bour-
geois, délégué de la France, a prononcé le dis-
cours suivant qui a obtenu gain de cause :
« — J'ai été très heureux, a-t-il dit, d'entendre
les paroles éloquentes que vient de prononcer M.
le baron de Bilot. Elles répondent non seulement
à mon sentiment personnel et au sentiment de
mes collègues de la délégation française, mais,
j'en suis sûr, au sentiment unanime des membres
de la conférence.
» Je m'associe donc à l'appel que M. le délégué
de Suède et de Norvège, vient de vous adresser.
Je crois même que, pour manifester plus complè-
tement encore la pensée qui l'a inspiré, la com-
mission a quelque chose de plus à faire. J'ai lu
attentivement le texte des conclusions adoptées
par le comité technique.
» Ce texte indique avec beaucoup de précision
et de force les difficultés qui s'opposent actuelle-
ment à la conclusion d'une convention interna-
tionale pour la limitation des effectifs. L'examen
de ces difficultés pratiques étaient bien exacte-
ment l'objet du mandat du comité technique, et
nul ne songe à critiquer les termes dans lesquels
il s'est aequitté de ce mandat déterminé.
» Mais la commission a le devoir de considérer
d'un point de vue plus général et plus élevé le
problème posé par le paragraphe premier de la
circulaire du comte Mouravieff Elle ne veut cer-
tainemeat pas se désintéresser de la question de
principe posée devant le monde civilisé par l'ini-
tiative généreuse de Sa Majesté l'empereur de
Russie. Et il me paraît nécessaire qu'une résolu-
tion compétence soit adoptée par nous, pour
manifester plus nettement le sentiment qui aai-
mait le précédent orateur et qui doit ncus faire
souhaiter, à tous, que l'œuvre entreprise ne soit
pas abandonnée. Cette question de p-incipe se
résume en termes fort simples : la limitation des
charges militaires qui pèsent sur le monde, est-
elle désirable ?
» J'ai écouté avec soin, dans la séance derniè-
re, le remarquable discours de M. le colonel
Schwartzhoff. Il a présenté avec la plus grande
force les objections techniques, qui, selon lui,
devaient empêcher la commission d'adopter les
propositions de M. le colonel Gilinskj. Il ne m'a
pas semblé toutefois qu'il contestât, en elles-mê-
mes, les idées générales au nom desquelles nous
sommes réunis ici. Il a montré que l'Allemagne
supportait facilement les charges de son organi-
sation militaire et rappelé qu'elle avait pu pour-
suivre néanmoins un développement économique
considérable.
» J'appartiens à un pays qui supporte aussi al-
lègrement les obligations personnelles et finan-
cières que le service de la défense nationale im-
pose à ses eitoyens, et nous avons l'espoir de
mont er l'an prochain au monde qu'elles n'ont
point ralenti l'activité de notre production, ni
entravé l'accroissement de notre prospérité éco-
nomique.
» Mais M. le colonel Schwartzhoff reconnaîtra
certainement avee moi, que pour son pays com-
me pour le mien, si les ressources considérables
qui sont consacrées à l'organisation militaire
étaient en partie mises au service de l'activité
pacifique et productrice, l'ensemble de la prospé-
rite de chaque nation ne cesserait de s'accroître
suivant un mouvement beaucoup plus rapide.
» C'est cette idée qu'il importe non seulement
68 F30ILLETON DU JOURNAL DU MIDI
LE DU1IE DE ■IEE1SE
Par Louis LÉTANG
D'un effort en sens contraire du mouvement il
immobilisa la barque.
Puis se levant à demi, il regarda à son tour.
— Tu as raison, ce sont des hommes. Vingt
ou trente au moins. Sont-ils assemblés par ha-
sard V
Après quelques minutes d'observation :
Leur nombre diminue sans que personne
s'éearte du groupe, donc ils ont trouvé le secret
et descendent dans les cavernes...
— C'est vrai, fit Sorel avec découragement,
que va-t-il arriver à ce malheureux Koli-Noor ?
lia ne le tiennent^ pas encore. Une armée
se perdrait dans le dédale des excavations ro-
cheuses.
— Rétrogradons et observons.
— C'est prudent.
— Nous avons passé tout à l'heure près d'une
touffe de roseaux et de saules argentés. Rangeons
la barque dans son ombre.
Ils exécutèrent la manœuvre et se glissèrent
sous la protection des rameaux légers et mobi-
les comme une chevelure.
Et, anxieux, ils attendirent.
Lord Randolph Holley, suivi de Pilter, s'était
rendu sur le bord du lac.
A un signal convenu il fut entouré d'hommes
appartenant à la police de sûreté du gouverne-
ment impérial des Indes, postés en observation
depuis la nuit tombante.
— Vous m'avez téléphoné, dit-il à celui qui les
commandait, que MM. Sorei et Thiercelin accom-
pagnes par Koli-Noor, étaient sortis de leur de-
d'exprimer ici entre nous, mais, s'il est possible,
manifester devant l'opinion. C'est pourquoi, si
j'avais à exprimer un vote sur la question posée
par le paragraphe premier de la proposition du
colonel Gilinski, je n'hésiterais pas à me pronon-
cer dans le sens de l'affirmative.
» Au reste, nous n'avons peut-être pas ici le
droit de considérer seulement comment notre
pays en particulier supporte les charges de la paix
armée. Notre tâche est plus haute; c'est Pensent-
ble de la situation des nations que nous sommes
appelés à examiner. En d'autres termes, nous
n'avons pas seulement à émettre des votes par-
ticuliers, répondant à notre situation spéciale.
S'il est une idée générale qui puisse servir au
bien commun, nous devons essayer de la déga-
ger. Notre but n'est pas de nous former en majo-
rité et en minorité ; il faut non mettre en lu-
mière ce qui peut nous séparer, mais nous atta-
cher à ce qui peut nous réunir.
» Si nous délibérons dans cet esprit, nous trou-
verons, je l'espère, une formule d'ensemble qui,
réservant des difficultés que nous connaissons,
exprime du moins cette pensée que la limitation
des armements serait un bienfait pour l'humani-
té et donne aux gouvernements l'appui moral
nécessaire pour leur permettre de poursuivre ce
noble objet.
s Messieurs, le but de la civilisation nous pa-
raît être de mettre de plus en plus au-dessus de
la lutte pour la vie entre hommes l'accord entre
eux pour la lutte contre les cruelles servitudes de
la matière. C'est la même pensée que l'initiative
du tzar nous propose d'affirmer pour les rapports
entre les nations. Si c'est une nécessité doulou-
reuse d'être obligés de renoncer actuellement à
une entente positive et immédiate sur cette oppo-
sition, noms devons essayer de prouver à l'opi-
nion publique que nous avons du moins sincère-
ment examiné le problème posé devant nous.
Nous n'aurons pas travaillé en vain, si, enfin for-
mulant les termes généraux, nous indiquons le
but vers lequel nous désirons, unaniment je l'es-
père, voir marcher l'ensemble des peuples civili-
sés. (Applaudissements). »
Pour conclure, car il faut conclure, même en
diplomatie, M. Bourgeois a prononcé la rédac-
tion suivante :
a La commission estime que la limitation des
charges militaires qui pèse actuellement sur l'Eu-
rope serait heureuse pour le bien-être matériel et
moral de l'humanité. »
Cette rédaction a été adoptée.
LES AFFAIRES, D'ESPAGNE
Madrid, 5 juillet.
A Barcelonne, pendant les premières heures de
la nuit, des groupes de manifestants ont continué
à lapider des boutiques ; deux curés ont été in-
sultés. La gendarmerie a pu rétablir l'ordre.
A Alicante, des groupes de manifestants ont
fait fermer les boutiques et lapidé les devantures
des commerçants qui se sont refusés à fermer ;
les manifestants ont de plus incendié des bureaux
d'octroi ; quelques arrestations ont été opérées.
Le bruit court qu'un manifeste révolutionnaire
aurait été imprimé à Valence
Valence, 5 juillet.
Des désordres peu graves se sont produits ; ils
ont été immédiatement réprimés par la cavalerie.
Pendant une charge rue Sagunto, un Français a
été contusionné ; le Français avait arboré" à sa
fenêtre un drapeau français, le consul est inter-
venu. La tranquillité a été absolue la nuit der-
nière.
Pampelune, 5 juillet.
Le commaudant en chef du 6' corps a ordonné
le déplacement de différents régiments en garai-
son à la frontière.
Les nouvelles de Saragosse continuent à signa-
1er une certaine agitation.
Association de malfaiteurs
Paris, 5 juillet.
M. Rouffaud, commissaire de police du quar-
tier des Epinettes, procédait, il y a cinq jours, a
l'arrestation de trois malandrins, Lucien Jacque-
line, Auguste Mercadier et Romain Jesbert, dits
a le beau Marius t, t Ange Pitou », « Pompon-
nette », demeurant tous impasse de la Jonquière,
n° 1, et qui avait dévalisé l'appartement de M.
Constant D..., habitant également à cette adres-.
se. L'affaire serait banale en elle-même, le vol
n'étant pas très considérable si elle se bornait à
cela. Mais, en procédant à une perquisition au do-
micile de Jesbert, le magistrat découvrit, sous
une lame du parquet, toute une correspondance
des plus édifiantes.
meure et se dirigeaient vers le lac. Que s'est-0
passé depuis ?
— Les deux Français se sont embarqués et se
dirigent prudemment vers la colonnade. L'Indou
a pris la route de terre.
— Ah ! ah ! cet emploi d'une barque nous indi-
que qu'il y a des choses que nous ignorons en-
core. Il faudra veiller avec soin sur les rives.
— Nous n'avons pas assez de monde, Votre
Grâce.
— Je vais transmettre l'ordre au chef des mi-
lices d'envoyer deux cents hommes. On bordera
les rives du lac à droite et à gauche. Pilter, allez
porter ceci.
A la lueur é.une lanterne aour&e, il. écrivit olafeL-
ques mots sur un feuillet de block-notes, l'arra-
cha et le tendit au détective.
Pilter salua et retourna en hâte vers la ville.
Teut en marchant il se disait :
— Je ne suis pas fou des expéditions noctur-
nés, moi. Et puis, le petit Brod me manque. Je
n'aime pas à opérer seul. On ne m'a pas dit de
revenir. Je ne reviendrai pas
Randolph Holley poursuivait sa route, le long
du lac, suivi de son escorte D'autres guetteurs
se trouvaient postés aux environs de 1» colon-
nade ; ils vinrent se joindre au groupe.
Et Kunn a-t-il réussi ? demanda le lord.
Nous pensons que oui, répondit un des nou-
veaux venus, — un homme très important, pour-
vu d un haut grade dans la police générale de la
presqu'île cisgantégique.
— Ah ! e'est vous, Guytton ?
Oui, milord. L'agent Kiinn s'est tenu, sui-
\ant les ordres donnés, au fond du souterrain
q.ue nous avons vainement exploré depuis ce ma-
tin. Dissimulé dans une anfractuosité de la ro •
ehe, il a patiemment attendu les étrangers au
passage. Koli-Noor, ce soir, est seul descendu.
— Oui, je sais. Les Français sont en barque
dans le lac.
— Néanmoins, Kiinn, dont l'habileté et la légè-
rete sont incomparables, à pu accrocher au bas-
Jesbert est tout simplement le principal cour-
tier, à Paris, d'une association de malfaiteurs
rayonnant sur toute la France. Si le chef d'une
bande de gredins ayant son centre à Lyon, Bor-
deanx, Lille ou Toulouse, manquait d'objets de
vente facile, il écrivait immédiatement à Jesbert
et lui disait :
— Mettez vos hommes en campagne. Il nous
faut dans le délai de trois ou quatre jours, deux
bicyclettes de l.OuO francs, nous en avons le pla-
cernent ; ou bien encore : la femme d'un employé
de la mairie veut acheter une garniture de che-
minée. Tâchez d'en chaparder une très batli (sic),
elle y mettra le prix. »
Une troisième lettre est plus suggestible. Elle
vient de Grenoble :
« Nous avons un vieux rentier très riche, qui
possède nne villa gardée seulement par deux
vieuxdomestiques.il cherche une petite bonne.
Dégotez-moi cela illico, qu'elle soit intelligente,
de décision prompte et capable de nous obéir en
tout. Il nous faut nos grandes entrées chez le
vieux pante ! Si la mômeX... est toujours à Pa-
ris, expédiez-la vite ! »
Les principaux membres de cette association
de brigands sont déjà sous les verrous.
LA CHASSE
Paris, 4 juillet.
Deux mois encore nous séparent du moment
où les chasseurs pourront sortir leur fusil de son
étui, et déjà — c'est premier acte administratif
du nsuveau ministre de l'agriculture, M. Jean
Dupuy — les dates de l'ouverture, dans les dé-
partements situés en dehors de la première zone
viennent d'être arrêtées.
On sait que c'est sur la proposition des préfets
après avis des sociétés d'agriculture et des so-
ciétés de ehasseurs, que le ministre de l'agrieul-
culture fixe les dates de l'ouverture.
Aux termes de l'arrêté ministériel, les dépar-
tements du Cher, de l'Indre, d'Indre-et-Loire, de
Loir-et-Cher, de la Haute-Saône, des Deux Sèvres,
de la Vendée et de la Vienne et le territoire de
Belfort, sont ajoutés aux départements de la deu-
xième zone : Ain, Allier, Basses et Hautes Al-
pes, Aveyron, Cantal, Charente, Charente-Infé-
rieure, Corrèze, Creuse, Dordogne, Doubs, Drô-
me, Isère, Jura, Loire, Haute-Loire, Lot, Lozère,
Puy-de-Dôme, Rhône, Saône-rt-Loire, Savoie,
Haute-Savoie, Tarn et Haute-Vienne, pour les-
quels l'ouverture aura lieu le 27 août.
Dans la troisième zone, l'ouverture est fixée au
3 septembre. Cette zone comprend les départe-
ments suivants : Aisne, Ardennes, Aube, Calva-
dos (partie) — on revient encore à l'ancien erre-
ment de diviser le même département pour la
plus grande satisfaction de MM. les braconniers
— Côte-d'Or, Eure, Eure-et-Loir, Loire-Inférieure,
Loiret, Maine-et-Loire, Marne, Meuse, Nièvre,
Nord, Oise, Orne (partie), Pas-de-Calais, Sarthe,
Seine-Inférieure, Seine-et-Marne, Seine-et-Oise,
Somme, Vosges, Yonne.
Comme on le voit, dans un grand nombre de
départements, l'ouverture de la chasse est avan-
cée ; l'état actuel des récoltes le permet.
Aurons-mus du gibier cette année ? Telle est la
question que se posent les chasseurs. Jusqu'à
présent les nouvelles sont très bonnes, le temps
a été favorable aux couvées, les éclosions se sont
bien faites, et déjà, au milieu de juin, on commen-
çait à voir de jolies compagnies de perdreaux (15
à 16 en moyenne).
L'EXPOSITION UNIVERSELLE
Les palais étrangers
Paris, 5 juillet.
C'est sur la rive gauche de la Seine que s'élè-
veront, ainsi que nous l'avons dit, les pavillons
des puissances étrangères.
L'emplacement qui leur est destiné s'étend
depuis le pont des Invalidas jusqu'au pont de
l'Aima.
Cette partie des berges offre depuis deux mois
le «pectacle d'une incessante aativité.
Partout se dressent des pilotis destinés à sup-
porter les futures constructions. A certains en-
droits, les pieux sont enfoncés dans le lit du
fleuve ; ailleurs, lis sont établis sur lesi berges
mêmes, et leurs sommets sont arasés au niveau
du quai, de sorte que le plancher supportant les
pavillons se trouvera sur le même plan que la
chaussée.
En certains endroits, les ouvriers enlèvent le
pavage des berges pour creuser les fondations des
pieux. Et de tous côtés les charpentes se dres-
sage un hameçon dans le vêtement de Koli-Noor
sans qu'il s'en aperçût, ce qui était le point dé-
licat. A cet hameçon était accroché un fil de
soie d'une ténuité extrême, de couleur neutre
comme la roche. Ce fil se dévidait sur un mouli-
net d'une sensibilité parfaite.
» Lorsque Koli-Noor fut à une grande distance,
Kunn marcha sur ses traces, guidé par le fil ser-
pentant sur le sol. Au fur et à mesure il déroulait
un cordage de grosseur appréciable et peint en
rouge vif. Kunn n'est pas encore revenu et nous
avons tout lieu de supposer qu'il a pleinement
réussi dans cette délicate entreprise.
— Nous allons le savoir avant peu. Suivez-
moi....
— Comment ! vous voulez, milord, descen-
dre ?
— Oui, oui. C'est une vieille partie qui se dé-
cide en ce moment, elle m'a beaucoup passionné
et je veux jeter moi-même le dernier coup de dé.
Descendons, messieurs.
Quelques minutes après, ils étaient réunis au
nombre d'une trentaine dans la première salle
du souterrain.
Kunn, un petit homme souple et félin, revenait
à ce moment, un air de triomphe sur sa figure
fine et rusée.
— La route est sillonnée jusqu'au bout par le
cordeau rouge, annonça-t-il.
— Très bien, mon ami s'écria joyeusement Ran-
dolph Holley, je vous promets une magnifique
récompense. Montrez-nous cette route, je vous
suis directement. Venez, messieurs ! Ah 1 e'est
une belle et victorieuse soirée ! En avant !
Koli-Noor l'avait dit : un séjour trop prolonge
en Europe avait diminué l'acuité de seB sens. 11
n'avait rien démêlé parmi les bruits vagues,
suspects cependant, qui avaient frappé ses oreil-
les.
Ayant parfaitement retrouvé sa route, il se
croyait en sûreté dans la salle où les tonnelets
précieux étaient empilés.
sent, dessinant déjà vaguement les silhouettes
des palais projetés.
Pour le pavillon de l'Italie, les charpentes sont
assez montées déjà pour que l'on ait pu poser le
plachcr du premier étage. On s'occupe à présent
de poser les solivos du deuxième étage.
On a commencé les fouilles du pavillon des
Etats-Unis. La charpente du pavillon de Hongrie
est installé au-dessus de la tranchée des Mouli-
neaux.
Les fondations du pavillon de la Grande-Breta-
gne sont terminées. On attend l'arrivée des ba-
teaux chargés de matériaux pour reprendre le
travail.
Pour la pavillon de Monaco, on a commencé
le battage des pieux sur la berge de la Seine et
terminé les murs de soubassement du côté du
quai d'Orsay.
Il en est de même pour le pavillon de Rouma-
nie, dont on a monte la charpente.
Les travaux de montage se poursuivent acti-
veinent pour le pavillon de l'Allemagne Les fon-
dations du pavillon du Pérou sont achevées. On
pose la clôture du pavilldn de l'Espagne et l'on
approvisionne la brique et les moellons pour le
pavillon de Belgique.
Les travaux du pavillon de la Serbie ont com-
mencé le 3 juillet L'envoi en possession définitive
des pavillons de Turquie et de Grèce aura lieu
aujourd'hui 6 juillet.
Quant à la Norvège et à la Suède, leurs pavil-
Ions seront préparés a Stockholm et à Christiana,
puis les pièces expédiées à Par i s. q y 'pu s
qu'à les monter sur les emp'ïacemèniii re'Sfervés
ces puissances
Une partie des jardins du Trocadéro est égale-
ment affectée aux puissances étrangères.
On y verra le grand palais de la Chine, dont on
monte actuellement les murs de façade. La char-
pente du pavillon de la Russie est" très avancée.
Le Transvaal sera représenté au Trocadéro par
une maison de ferme et par une usine. On a re-
couvert le pavillon principal et terminé le rava-
lement des murs de façade.
Les pavillons des Indes anglaises, du Japon et
de l'Egypte ne tarderont pas à ériger, sur les pen-
tes du Trocadéro, leurs curieuses façades. Le plus
avancé est le palais du Japon, dont on a terminé
les murs de soubassement.
INFORMATIONS
Les incidents de Terrc-Seove
Londres, 5 juillet. — A la Chambre des Com-
munes, M. Brodrick, secrétaire parlementaire pour
les affaires étrangères, dit qu'on a reçu le 21 juin
un télégramme du gouverneur de Terre-Neuve
annonçant que le commandant naval français
avait fait enlever du French-Shore des filets pour
la pêche du saumoa « Nous n'avons pas reçu
de détails, ajoute-t-il, mais le commandant naval
anglais prendra sans doute les mesures néces-
saires pour régler la difficulté.»
La (grève de Tours
Tours, S juillet. — Dans une nouvelle réunion,
les charpentiers, au nombre de 500 environ, ont
voté hier soir la grève générale. Aujourd'hui, les
couvreurs suivront cet exemple. La grève est
motivée, comme on le sait, par la loi sur les ac-
cidents du travail.
Le commencement !
Paris, S juillet. — La session à peine close, le
gouvernement s'occupe déjà de, donner , ma
listes un commeneementde*'83618140.1100. ÂT. VTa.1-
deck-Rousseau aurait, assure-t-on, promis tout à
l'heure à ses amis les révolutionnaires de dis-
gracier immédiatement le général Zurlinden.
UOf/lciel de vendredi contiendrait la nomination
du successeur du gouverneur de Paris. D'autres
mesures seraient prises au Conseil des ministres
qui aura lieu ce jour-là.
l'n discours aie $9. Blél'ws
Paris, S juillet. — Un banquet aura lieu à l'hô-
tel Continental jeudi, à sept heures, sous la pré-
sidence de M. Méline, qui y prononcera un dis-
cours politique. Ce banquet est organisé par des
notabilités du commerce de Paris et par les répu-
blicains progressistes.
UN CANON AUTOMOBILE
Cette curiosité figure à l'Exposition des auto-
mobiles qui s'est ouverte dernièrement à ïtich-
«rond, non loin de Londres. Elle y est fort re-
marqu-e, et plusieurs délégués du War Office sont
venus, ces jours-ci, voir fonctionner la nouvelle
arme, construite par l'ingénieur électricien Simaos
pour la maison Vickers et Maxim.
11 avait débouché la gaine qui communiquait
avec l'air libre au-dessus du lac, et attendait en
toute sécurité le signal qui devait lui venir de la
barque montée par Sorel et Thiercelin.
Voilà qu'un bruit sourd parvient jusqu'à lui. On
marche dans les galeries proches.
Il s'élance vers l'entrée de la salle et recule aus-
sitôt.
Des hommes sont là... une troupe... à vingt
pas...
Et derrière l'indigène qui marche le premier,
il a reconnu la hautaine figure de celui qui
fut longtemps sen maître, lord Randolph Hol-
ley !
Pris ! il est pris !
Il recule jusqu'à la pile des tonnelets, un souri-
re étrange sur ses lèvres minces.
Puis, rapidement, sans une hésitation, sans
qu'un muscle de son visage fermé eût tressailli,
il met le feu à la mèche soufrée qui pend de la
bende d'un des barils, cette mèche que Thiercelinc
avait remarquée la veille.
Puis, les bras croisés, il attend, debout, fai-
eant face.
Derrière lui la mèche grésille et la flamme
monte.
— Ah I te voilà donc, traître ! a dit Randolph
Holley en pénétrant dans la salle.
— Je ne euis pas un traître, repondit haute-
ment Koli-Noor, mais un homme qui accomplit
son devoir. J'avais juré de venger la mort de l é-
poux bien-aimé de ma maîtresse, la princesse
Batsylé, dont tous les malheurs viennent de vous
de celui donc vous avez cravaché la bouche et
piétiné le cadavre; j'avais juré de venger le meur-
tre de mon père et de mes frères. Je suis con-
tent. C'est fait.
(A suivre.)
k
-J «r s» Mffii. ^ OTtTffîTi. os; ■
cIoCOLATlïlAVEyR^S^
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.44%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.44%.
- Collections numériques similaires Bibliographie de la presse française politique et d'information générale Bibliographie de la presse française politique et d'information générale /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BIPFPIG00"L'Écho de Vésone : bulletin de la Dordogne /ark:/12148/bd6t550152097.highres Le Nontronnais : journal de la Dordogne paraissant le samedi : littéraire, administratif, commercial et d'annonces ["puis" journal républicain du dimanche "puis" organe hebdomadaire du Parti radical et radical-socialiste de l'arrondissement] /ark:/12148/bd6t55035813r.highres
-
-
Page
chiffre de pagination vue 2/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bd6t51002968g/f2.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bd6t51002968g/f2.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bd6t51002968g/f2.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bd6t51002968g/f2.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bd6t51002968g
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bd6t51002968g
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bd6t51002968g/f2.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest